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samedi 29 février 2020

France2022 : En route vers le prix Nobel d'économie ? En route vers le prix Nobel de la paix ?



1. En creusant davantage l'intuition à l'origine de la tribune "Création d'une monnaie de SERVICE et d'ABONDANCE", les experts d'une économie authentique s'apercevront qu'il y a matière à l'obtention du "Prix de la banque de Suède en sciences économique en mémoire d'Alfred Nobel". C'est ce que nous allons étayer ici. Ce travail nous permettra de répondre, en parallèle, aux objections avancées par les uns et les autres.

2. La création d'une monnaie de service et d'abondance n'a pas été pensée dans un esprit guerrier qui verrait partout des forteresses à combattre, des institutions ou des groupes à faire tomber, des coupables à dénoncer et même trucider, des crimes à élucider ... comme si l'état actuel du monde dépendait d'une caste de malfaisants. Qu'il y ait des personnes malhonnêtes, des personnages peu recommandables animés de mauvaises intentions, des tentatives de complot, ... soit. De là à croire ou à laisser penser que la marche des affaires terrestres soit entièrement sous la coupe de quelques-uns, il y a un pas que nous ne franchirons pas pour deux raisons essentielles. La première raison : les désordres terrestres résultent des actions conjuguées de milliards d'individus qui - chacun à son échelle - contribuent à perpétuer ou à développer le pire ou le mauvais comme le bien et le meilleur. La seconde : ce n'est pas en désignant des fautifs à la vindicte du plus grand nombre que nous parviendrons à sortir des ornières en chemin.

3. Il convient au contraire d'essayer d'éclairer toute personne de bonne volonté afin qu'elle trouve en elle-même, autour d'elle, les ressources spirituelles, mentales, émotionnelles et physiques susceptibles de l'aider à convertir en elle tout ce qui ne concourt pas au bien d'autrui comme au sien propre. La nature principale du travail à faire est donc d'ordre pédagogique et didactique. C'est pourquoi le projet de création d'une monnaie de service et d'abondance a des chances sérieuses d'être primé par le Nobel d'économie et/ou celui de la Paix : il fait une très grande part à ces deux volets capitaux pour mettre en oeuvre des réformes de grande ampleur, dans la paix, la concorde et la joie. Non pas en détruisant tel ou tel adversaire supposé mais en invitant chacun, des plus enthousiastes aux plus récalcitrants, à se pencher sérieusement sur les tenants et les aboutissants d'une monnaie nationale de service (et par répercussion : d'abondance).

4. Quelle est en effet aujourd'hui (et depuis toujours sans que les hommes aient pu s'en apercevoir nettement autrefois) la valeur la plus inestimable après la vie ? La réponse est de plus en plus évidente pour les hommes et les femmes de l'époque contemporaine soumis à des contraintes temporelles exigeantes : le temps dont nous disposons, ces 24 heures qui nous sont accordées, jour après jour, jusqu'au terme de notre existence visible et terrestre. Voilà le don le plus précieux qui soit. Celui pour lequel nous avons le plus grand intérêt à rendre grâce chaque jour. Celui sans lequel rien ne peut advenir. La composante indispensable et incontournable. Composante majeure que le Moyen-Age, qu'un regard superficiel tend à mépriser ou à caricaturer, avait parfaitement saisi aux dires de Boris Cyrulnik et de bons historiens de cette période : les jours chômés et de fête étaient plus nombreux dans une année que les jours de travail ! 

5. Ces 24 heures rendent possibles tous les échanges qui tissent la multitude des liens par lesquels nous formons un corps où l'interdépendance ne cesse de monter en puissance (*) comme Saint Paul, il y deux mille ans, nous le rappelait déjà. Economistes et sociologues traduisent cela à leur manière quand ils parlent de "village planétaire". Désormais, nous savons heureusement que ce ne sont pas que des mots, une figure de style élégante. C'est une réalité perceptible, tangible, prégnante qu'il vaut mieux toujours avoir à l'esprit pour éviter des catastrophes lointaines et l'effet de boomerang.

(*) Même pour ceux qui tentent de se replier sur eux-mêmes en feignant d'ignorer qu'ils sont solidaires du reste de l'humanité, que cela leur chante ou pas.

6. Voici à présent le principe directeur qui motive la création d'une monnaie de service : quand j'analyse la moindre consommation, je me rends compte que qu'elle que soit sa nature, elle porte, in fine, sur une donnée temporelle. Quoique je consomme, je consomme du temps. Et plus nos sociétés progressent vers la miniaturisation, la polyvalence, les automatismes et les strates logicielles, plus cette consommation de temps devient prépondérante (*). Reste bien sûr la part matérielle au sens large (matière et énergie) issue du trésor gratuit mis à la disposition de tous sur Terre, en mer et dans les airs. 

(*) Prépondérante, c'est-à-dire plus importante en part relative mais pas nécessairement en valeur absolue du fait des possibilités d'automatisation qui offrent de surcroît un formidable levier pour les parts de temps vouées aux systèmes productifs.

7. Tout lecteur impatient pourra connaître les principaux éléments à venir dans cette tribune en consultant nos réponses à l'article de Marc Dugois : "La monnaie est une énergie, n'en déplaise aux grincheux".

8. Commençons par l'un des drames de l'époque contemporaine : le chômage ou le désoeuvrement de millions de personnes. Voilà un temps disponible en jachère et même perdu, jour après jour. Tandis que les personnes en activité subissent des pressions de plus en plus fortes et sont laminées, d'autres ont le sentiment d'être inutiles, de trop et il arrive même qu'on les accuse d'abuser de leur situation. Ceux qui ont un emploi ont l'impression de surcroît de travailler pour d'autres, au détriment de leur santé et de leur équilibre.

9. Cette situation du travail est encore aggravée par les nouvelles répartitions de chaîne de valeur industrielle : beaucoup d'activités déplaçables vont en des lieux où le coût de l'énergie humaine est le plus faible, là où des populations n'ont pas d'autre choix, apparent ou réel, que d'être en esclavage. Comment inverser cette tendance ? Suffirait-il de fermer nos frontières ? N'y aurait-il pas d'autres solutions ?

10. Remarquons d'abord que le déplacement des chaînes de valeur industrielle concernent principalement la production de biens à matérialité élevée : ceux dont la fabrication nécessite de puiser dans les ressources non renouvelables de la planète et donc ceux qui engendrent aussi le plus de dégâts environnementaux. Remarquons aussi qu'une autre tendance se dessine : le déplacement d'activités tertiaires. Phénomène dont nous devons nous inquiéter.

11. A ce qui précède s'ajoute une couverture défaillante de besoins élémentaires : habitat, sécurité, soin, éducation et formation. Comment sortir de cette impasse, autrement qu'en accusant tel ou tel de la situation présente ?

12. Il ne fait aucun doute qu'il est urgent de revaloriser toutes les professions dont le socle principal est constitué d'un temps de service. Bien rémunérer ce temps est à notre portée à condition de ne pas nous laisser contraindre par une monnaie qui quantifie la valeur des biens issus d'une ressource limitée ; à condition, autrement dit, de ne pas être tenus par la rareté sans quoi, il est inéluctable de manquer de moyens pour se former, se soigner, se cultiver, s'épanouir. 

13. En toute rigueur, la quantité de monnaie en circulation, pour une valeur de référence donnée, doit être en effet en étroite relation avec la quantité des biens disponibles (*). Cette quantité doit donc être contenue, maîtrisée, à moins qu'il soit possible d'accroître indéfiniment la quantité de biens en circulation, ce que nous savons heureusement de plus en plus utopique sur certains plans. Les seuls moyens de la faire varier sont : soit de modifier la quantité des biens disponibles, soit de modifier la valeur de référence.

(*) Seule, en définitive, cette contrainte d'adéquation garantit la valeur d'une monnaie (et non pas un stock d'or ou autre réserve de sécurité).

14. Pour encourager l'offre de biens, on peut décider d'émettre davantage de monnaie. Tant que l'offre peut suivre, tout va bien mais que surgissent des accidents de production, des incidents géopolitiques ou d'autres catastrophes et l'on aura simplement diminué la valeur de référence, c'est-à-dire généré de l'inflation (plus ou moins évidente, plus ou moins cachée).

15. En Europe où la demande stagne par diminution des capacités d'achat en raison de prélèvements étatiques trop élevés, nous sommes sous le coup de la tentation de vivre à crédit, incités en cela par des taux d'intérêt faibles. Encore faudrait-il se souvenir que dans les années 70, la situation en France était beaucoup plus mirobolante : les taux d'inflation étant à certains moments jusqu'à deux fois plus élevés que ceux d'un emprunt ! Rien de nouveau sous le soleil ... Si ce n'est qu'entre-temps, l'immobilier est devenu inabordable pour le plus grand nombre en région parisienne et dans les métropoles.

16. Grave erreur depuis les années 70 et encore aujourd'hui : ces mécanismes d'encouragement de la demande creusent les dettes publiques et privées, renchérissent les coûts et diminuent nos marges de manoeuvre quand ils ne tuent pas nos industries car c'est bien beau d'encourager les consommateurs mais s'ils disposent de moyens insuffisants, ils vont se tourner le plus souvent vers des produits à bas prix en provenance de l'extérieur, là où l'esclavage se cache à peine, là où des personnes n'ont pas vraiment d'autres choix que de se laisser exploiter.

17. Alors, continuer à encourager la demande ? Certains, au nom d'une écologie malthusienne, crient au loup et réclament des politiques de sobriété mais surtout pas de coupes budgétaires. En avant la dépense publique ! Ce qui a le don d'enrager les libéraux en économie. Comment réconcilier tout ce beau monde ?

18. Avant même de proposer des solutions, encourager les uns et les autres à s'écouter au lieu de s'invectiver comme si chacun détenait, à lui tout seul, l'entière vérité. Il y a du vrai et du faux dans chaque camp. Ce qui les empêche d'être d'accord ? Essentiellement le manque de distinction ... à tous points de vue : dans l'attitude mais aussi intellectuellement. Le manque de nuance aussi. Un goût trop prononcé pour l'exercice du pouvoir en solitaire également. Bref, un amalgame de défauts à polir sans tarder.

19. La création d'une monnaie de service et d'abondance met en lumière la principale distinction à faire : il y a d'une part des biens qui nécessitent un effort individuel et collectif de sobriété et, d'autre part, des biens à consommer sans excessive modération.

20. L'effort de sobriété concerne tous les biens issus de ressources non renouvelables et, a fortiori, peu disponibles mais aussi tous les biens qui proviennent de l'extérieur quand leur importation tue nos propres capacités de conception, de fabrication, ... et met en péril notre autonomie comme nos possibilités de nous opposer à des exactions que nous réprouvons mais que nous sommes devenus incapables de contester par peur de représailles commerciales (entre autres). Nous n'accomplirons cet effort qu'en ayant le courage de contenir nos capacités d'achat de ces biens-là. Soit, au bout du compte, en refusant de continuer à émettre des euros dont le remboursement pèse déjà lourdement sur certains retraités, sur les générations actives comme sur les générations futures, non seulement sur le strict plan comptable mais encore, plus gravement, sur leur vie même. La politique abortive scandaleuse en vigueur depuis 1975 en est l'une des illustrations les plus emblématiques.

21. D'autres biens n'appellent pas d'emblée un effort de sobriété dès lors que leur production et leur consommation mettent en oeuvre des ressources abondantes voire renouvelables. C'est notamment le cas du secteur tertiaire où le déploiement de la plupart des services engendre principalement la consommation d'une denrée abondante ou potentiellement telle (via des efforts d'orientation et de formation) : le temps humain, éventuellement secondé par des automates experts, économes en matière et en énergie. Ce peut être aussi le cas des secteurs primaire et secondaire, chaque fois qu'une activité fait appel à des processus économes et à des matériaux renouvelables. Soit, au bout du compte, une palette potentiellement très large de biens et de services, en France et en Europe.

22. Pour bien comprendre l'intérêt d'une création de monnaie nationale de service et d'abondance, plusieurs points de vue sont intéressants à considérer : social, sanitaire, agricole, industriel, éthique ... Ces différentes approches seront développées dans des tribunes spécifiques comme : "Energie, éthique et création de monnaie".

A suivre ...

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