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dimanche 22 décembre 2019

France2022 : Lettre ouverte aux maires en exercice et aux futurs maires de France



  Il me faut un sauveur qui fasse honte aux superbes, 
qui fasse peur aux délicats de la terre, 
que le monde ne puisse goûter, 
que la sagesse humaine ne puisse comprendre, 
qui ne puisse être connu que des humbles de cœur. 
Il me faut un sauveur qui brave, 
pour ainsi dire, 
par sa généreuse pauvreté 
nos vanités ridicules, extravagantes. 
Le voilà, je l’ai rencontré, je le reconnais à ces signes.

Sermon sur la Nativité
Bossuet



Quel est le secret de l'île de Kitava où l'acné n'existe pas ?

Source

Projet France 2022

Lettre ouverte aux maires de France


Mes chers compatriotes, chers élus de la Nation,

1. A l'aube d'un Noël une nouvelle fois perturbé par de multiples revendications, il est plus que temps de vous écrire comme nous en formions le projet dans une tribune antérieure. Pour qui d'entre vous désirerait mieux connaître l'atmosphère nimbant cette lettre, il suffirait de se rendre  afin d'entendre l'une des versions du choral "Viens maintenant Sauveur des païens", "Nun komm, der Heiden Heiland" de Jean-Sébastien Bach, ici magnifiquement interprété à l'orgue par Ton Koopman qui ajoute à la partition plusieurs ornements du plus bel effet. 

2. C'est en effet le moment de préparer la prochaine échéance électorale : les élections municipales du printemps 2020 et, au-delà, de songer à l'élection présidentielle de 2022. A qui trouverait cela quelque peu prématuré, disons simplement que nous nous y employons depuis le 1er mars 2010 tant nous a semblé urgent et vital pour la France et tous nos compatriotes de ne pas laisser gâcher une nouvelle occasion d'apporter un souffle nouveau au coeur d'une vie politique atone faute de préparation suffisante.

3. Ouvrir d'emblée cette lettre sur le thème de l'Avent et de Noël surfe sur la toile en filigrane d'une laïcité à la française qui ne sait plus comment se tenir, qui ne sait plus à quel saint se vouer. Vous êtes aux avant-postes des questions qui tourmentent aujourd'hui tant d'esprits affaiblis par une guerre sans nom menée contre l'Eglise catholique romaine et contre l'héritage chrétien de la France comme de l'Europe. Combat perdu d'avance, s'il en est, tant est solide cette institution puisqu'elle a traversé deux millénaires de persécution sans rien perdre de sa jeunesse, de sa force et de son rayonnement, en dépit des apparences contraires que ses ennemis se plaisent à brandir ; tant l'héritage chrétien, par toutes ses composantes néguentropiques, bien loin de s'atrophier, de s'appauvrir ou de dépérir, se montre capable d'étendre ses bienfaits jusque dans les recoins les plus laïcards d'une France oublieuse de son passé.

4. Avec intelligence, lucidité et même pragmatisme, sinon avec dévotion, vous ne serez pas de cette clique qui brocarde l'Eglise comme moult personnes s'ingénient à se plaindre de leur mère, de leur père ou de leurs deux parents. Beaucoup, en effet, qui ont emprunté des chemins de traverse et se retrouvent dans la panade ne trouvent pas mieux que d'accuser leurs ascendants, proches ou lointains, de les avoir conduits dans une impasse. Et quand ils sont las de ce jeu obscène, fatigués de se poser en victimes, conscients qu'ils font fausse route en s'étant établis juges impitoyables, ils trouvent encore en votre personne un bouc émissaire idéal : si leur vie n'a pas pris le tour auquel ils aspiraient, c'est censément de la faute du maire !

5. Eh bien non, tout n'est pas de votre faute ! Vous le savez mais il est bon, de temps en temps, de le répéter et de se l'entendre dire. Des hommes et des femmes ont en effet beaucoup souffert de leurs ascendants et s'ils se tournent maintenant vers vous en ultime recours, c'est qu'ils pensent, à juste raison ou à tort, que vous êtes détenteurs de pouvoirs extraordinaires. 

6. Hélas, vous savez aussi que la réalité est souvent tout autre : si quelques maires de grandes métropoles disposent de moyens non négligeables pour exercer leur mandat, la grande majorité d'entre vous manque de temps, de bras, d'aides, de subsides, d'appuis, ... pour gouverner et développer les territoires qui relèvent de sa compétence.

7. Le fond gaulois de la France, les péripéties de son histoire, les fiertés locales, ... ont engendré un si grand nombre de communes que la France compte, à elle seule, plus de communes que tout le reste de l'Europe. C'est une chance mais aussi un grave handicap à l'heure où les territoires sont secoués dans leur fondement et où ils sont amenés à relever de multiples défis. Si vous avez eu la curiosité de lire les tribunes du projet France 2022 consacrées à ce thème, vous savez que l'un des piliers de ce projet est de prévoir une nouvelle organisation de la France en cinq provinces comptant chacune environ deux cents municipalités. Au premier abord, c'est complètement dingue. Et pour les plus critiques, cela reste fou, même après réflexion ...

8. Alors, avant d'y revenir pour les pionniers qui n'ont pas froid aux yeux, nous allons nous pencher sur un autre pilier du projet France 2022 : la création d'une monnaie de service et d'abondance. Bien qu'il s'agisse d'une tribune récente (elle date du 22 octobre 2017), c'est celle qui a été le plus souvent consultée. Si vous hésitez à vous représenter tant la situation actuelle de la France vous paraît désespérante et/ou la gestion de votre commune vous semble de plus en plus pénible, prenez un moment pour lire cette tribune. Elle vous redonnera le moral. Là aussi, l'idée a quelque chose de surréaliste. Tout bien réfléchi, vous vous apercevrez qu'elle se défend avec le plus grand calme tant elle est solide ! Elle est fondée sur une distinction subtile entre "argent" et "monnaie".

9. Tandis que l'argent permet d'acquérir des biens rares ou en voie d'extinction ou encore provenant d'autres pays, la monnaie de service et d'abondance est cette huile de bonne composition qui donne aux rouages d'une économie nationale de ne pas tourner à vide et qui permet à chacun de trouver sa juste place, à un moment donné, dans une société où quantité de besoins élémentaires ne sont pas satisfaits en raison d'une organisation déficiente dont les plus habiles arrivent à tirer parti pour se couvrir d'or au détriment du plus grand nombre.

10. Belle utopie, certes, que de vouloir une société où les plus vulnérables ne sont pas la proie de prédateurs en quête d'une fortune toujours plus indécente. Belle utopie que d'espérer qu'une nation tout entière sorte de l'appât du gain dérisoire mais qu'est-ce qu'un pays qui ne sait plus rêver, qui ne sait plus se donner des buts élevés et quasi hors d'atteinte ? 


Intermède : 


11. Bien entendu, vous ne vous laisserez pas abuser par l'argument invoqué au n°8 de cette lettre : ce n'est pas parce qu'un document est souvent consulté par les internautes que nous allons, a priori, lui attribuer quelques mérites ou quelque valeur. L'intermède proposé ci-avant est une bonne illustration de son contraire : voilà un document exceptionnel qui, un an après sa mise en ligne, ne recueillait encore qu'un nombre infime de suffrages ! A votre poste de maire, vous pouvez légitimement avoir perdu toute once de douce rêverie et de naïveté enfantine ! Que de doux rêveurs se laissent prendre au mirage d'une monnaie qui coulerait à flot pour satisfaire les besoins les plus élémentaires de chacun, soit ! Que vous-mêmes vous laissiez prendre au jeu, c'est une autre affaire !

12. Nous n'essayerons pas ici de vous convaincre en déballant une multitude d'arguments favorables à la création d'une monnaie de service et d'abondance, ce serait fastidieux et même contre-productif : l'essentiel se trouve dans la tribune signalée au n°8 de cette lettre. Qu'il suffise de dire ici que les adversaires du projet France 2022 pourront s'amuser à pilonner son volet monétaire : sans lui, c'est tout l'édifice qui s'écroule. C'est vous dire son importance et, n'en déplaise à ses détracteurs, sa robustesse ! Le jour où vous n'avez pas le moral, où vous cherchez un punching ball capable d'encaisser votre rage la plus virulente, venez donner quelques coups dans le volet monétaire du projet France 2022, vous en sortirez apaisés, emplis d'un calme olympien. 

13. Pour les plus critiques et les plus ignorants, le volet monétaire du projet France 2022 fait figure de Deus ex machina, de hochet pour enfants gâtés ou pour adolescents attardés, d'attrape-nigaud ... Laissons à ce groupe d'opposants le plaisir de se rassurer à bon compte : s'ils pensent qu'il suffit de disqualifier cette proposition majeure par quelques quolibets ou formules amusantes, pourquoi chercher à les contredire ? Ils se gaussent et ne s'en porteront pas plus mal. Quand ils sauront enfin reconnaître son grand intérêt, il ne sera pas trop tard. Ils en profiteront comme les autres car le volet monétaire défie les logiques habituelles, du moins celles qui raisonnent à périmètre constant, en parts de gâteau limité à distribuer. Il défie l'intelligence bornée par la fâcheuse tendance qui s'empare de tout possédant frileux : amasser par peur, thésauriser pour se protéger, s'entourer de biens pour se donner de l'importance ... Tendance contre laquelle l'Evangile nous met en garde de façon lapidaire mais qu'une organisation économique qui ne repose que sur une monnaie-argent entretient lamentablement chez bon nombre d'entre nous. Tendance qui s'est fortement accrue avec l'avènement de l'Euro, ce super Mark, encore plus intéressant pour l'économie allemande que le Mark lui-même et désastreux pour les économies nationales qui n'étaient pas prêtes à fonctionner sur le modèle allemand. 

14. En un mot par trop caricatural qu'il faudrait évidemment nuancer, le Mark puis l'Euro sont faits pour que s'accroisse le confort de ceux qui possèdent assez de richesses pour n'avoir d'autre souci que d'en accroître le volume, en assurer la sécurité, en garantir la prospérité. Ce sont deux monnaies pour rentiers actifs. Pour des personnes ou des clans déjà bien installés. Pour des corps intermédiaires qui cherchent à limiter la prise de risque. Pour des familles qui préfèrent une vie d'aisance à l'inconfort d'un lendemain incertain. Ce sont deux monnaies pour des peuples traumatisés par deux guerres mondiales et qui gardent encore à l'esprit comme au creux de leurs entrailles les innombrables séquelles d'un désastre sans précédent. Le mark et l'euro fonctionnent comme une assurance : si tout devait s'écrouler, il nous resterait encore le pouvoir d'acheter ce que plus personne ne serait en mesure de s'offrir.

15. Terrible illusion, certes, mais qui perdure tant que subsistent des richesses à convoiter, des places à prendre, des terrains à occuper, des parts de marché à conquérir dans l'ordre des biens marchands et tangibles : énergies fossiles, terres arables, réserves d'eau douce, mines de métaux précieux, bassins de consommation solvables, ... 

16. Tandis que chaque année, la date de l'épuisement des ressources non renouvelables avance dans le calendrier, qu'attendons-nous pour changer de logique et pour passer d'une consommation par trop matérielle à des consommations plus immatérielles ? Sans doute l'avènement d'une monnaie, entre autres changements, qui détourne notre esprit de l'appât du gain et qui nous recentre sur l'essentiel : la sanctification du temps que chacun de nous reçoit, jour après jour, non pour l'accroissement de nos richesses extérieures mais pour le déploiement de nos talents au service de nos proches et du plus grand nombre.

17. En maints lieux de France et peut-être sur le territoire de la commune dont vous êtes maire, des hommes et des femmes essaient d'être de plus en plus les témoins d'une vie où la sanctification du temps devient le principal objet de toute leur attention. Plusieurs fois par jour, ils suspendent leur activité extérieure pour se recentrer sur l'essentiel : prier, louer Dieu. Au lieu de monnayer leur temps comme des marchands qui ne seraient animés que par l'avidité, ils offrent en retour celui qu'ils savent avoir reçu gratuitement et qu'ils n'ont donc pas d'abord à vendre mais à donner, à consacrer.

18. Si vous avez le bonheur d'abriter sur la commune dont vous êtes maire un tel lieu de prière, allez-y sans vous soucier du qu'en dira-t-on. Sentez-vous libre de manifester par votre présence que d'autres réalités occupent votre esprit et votre coeur ; que la transcendance ne vous fera jamais oublier l'incarnation de votre mission ; qu'au contraire, elle la rendra plus féconde. Vous aurez l'intelligence et l'aplomb de faire savoir à qui vous demandera des comptes qu'assister pour vous à un office monastique n'est pas une forme d'allégeance à un pouvoir qui serait supérieur au vôtre mais bien plutôt la reconnaissance d'une réalité complémentaire et même indispensable au bon exercice de vos propres responsabilités. Il existe bien un pouvoir supérieur au vôtre mais celui-là ne demande pas autre chose que de se retirer dans un lieu secret où le coeur peut adorer en esprit et en vérité.

19. Une saine démocratie n'est pas seulement une organisation où les trois pouvoirs (judiciaire, législatif et exécutif) s'articulent sans confusion mais un espace où le temporel et le spirituel se fécondent mutuellement, où pouvoir séculier et pouvoir régulier savent respecter leurs prérogatives respectives, où ils font en sorte que l'autre puisse aisément déployer ses ailes pour offrir des attaches fortes à tout citoyen désireux d'oeuvrer au bien commun de ses compatriotes et, plus largement, de toute personne.

20. Où que nous tournions nos regards, nous voyons la montée inexorable de l'Esprit et tendre encore avec frénésie vers les réalités terrestres paraîtra de plus en plus grotesque aux yeux grands ouverts sur un monde en pleine effervescence. Pour autant, les êtres humains se meuvent dans un monde matériel dont vous avez chaque jour à vous préoccuper, les pieds bien ancrés sur le sol ferme et la tête au Ciel.  Que ce ne soit jamais dans la crispation, l'agitation ou l'agacement, aussi légitime fût-il : vous êtes les témoins d'une force tranquille dont nos contemporains ont si grand besoin. Soyez ces remparts contre lesquels les marées les plus furieuses ne peuvent rien. Vous saurez ne jamais prendre de décision importante pour vos administrés sous le coup d'une colère, d'une fatigue, d'un ennui ou d'une peur. Que le temps soit de plus en plus votre ami le plus fidèle. Pensez à long terme et les urgences du moment trouveront naturellement la place qui leur revient.


Intermède



21. Avant d'être "citoyen du monde", voyageant avec un minimum d'affaires et se laissant guider par des rencontres providentielles, chacun est originaire d'un quartier et, après d'éventuels déménagements, réside désormais et encore dans un quartier. Même pas une commune dans sa totalité mais quelques rues qui lui sont familières et où il passe le plus clair de son temps. S'il doit se déplacer pour son travail et rejoindre un lieu précis, il sera à cheval sur deux quartiers : le résidentiel et le professionnel.

22. Vous voici donc à la tête de divers quartiers. Chacun a sa personnalité, son histoire, ses histoires, ses atouts et ses faiblesses, ses emplois et ses misères, ... Tous ensemble, ils constituent une commune sur laquelle vous veillez en espérant que rien ne vienne troubler vos nuits, n'empoisonne votre existence et ne se révèle insoluble.

23. Ce bout de territoire s'inscrit dans un réseau d'intercommunalité qui ôte déjà du champ de vos compétences quelques éléments du puzzle de plus en plus complexe par lequel l'ensemble des actions nécessaires à la vie de votre commune irrigue, nourrit, entretient, développe ... ce qui doit l'être.

24. Que de plus en plus de choses vous échappent est dans l'ordre d'un développement protéiforme qui enrichit sans cesse l'éventail des possibilités offertes à chaque citoyen, du moins ceux qui ont les moyens d'atteindre les points de délivrance des services et des biens qu'ils recherchent. Pour le vivre au quotidien, vous savez que bon nombre de nos compatriotes n'ont pas ou même plus accès à ces points par manque de moyens, en raison d'un trop grand éloignement et par disparition progressive voire brutale du tissu qui permettait à chacun de n'avoir pas le sentiment d'être isolé.

25. Aux adresses et lieux physiques se substituent de plus en plus des relais immatériels qui ne sont accessibles confortablement au plus grand nombre qu'à la condition d'avoir équipé vos territoires des réseaux nécessaires. Vastes chantiers qu'un Etat en ruine, que des régions ou des départements endettés préfèrent confier à des intérêts privés qui, ne raisonnant pas en termes de service public, cherchent d'abord à rentabiliser au plus vite leurs investissements. Sur la diagonale du vide et en beaucoup d'autres lieux de France, vous voilà en charge de territoires qui non seulement se dépeuplent mais se retrouvent largués, abandonnés, ignorés.

26. Sentiments d'abandon, d'isolement voire de trahison seront-ils le fin mot d'une histoire de France à la ramasse ? Allez-vous renoncer après un mandat difficile ou même de nombreuses années sur la ligne de front ? Comment espérer encore tandis que montent de toutes parts les insatisfactions, les rancoeurs, les inquiétudes ? Où trouverez-vous l'énergie, le courage et l'audace de tenir, de rester à bord tandis que le navire est secoué, prend l'eau et semble perdu ? Capitaine récent ou de longue date, vous saurez garder la tête haute puisque se posent aujourd'hui plusieurs questions de vie ou de mort.

27. Beaucoup de nos compatriotes assistent, médusés, à la disparition d'une France qu'ils aimaient de leurs fibres les plus intimes. Ils se demandent comment un tel naufrage a été rendu possible et nombreux sont ceux qui tentent d'identifier un coupable. Les plus lucides d'entre eux se sentent responsables et ne perdent pas de temps à chercher un bouc émissaire parmi leurs proches ou les personnes aux affaires. Ils savent que chacun d'entre nous est capable, dans le champ de ses compétences, de provoquer un retournement de situation improbable à trop courte vue.

28. Vous êtes les gardiens d'un ordre où le long terme doit toujours primer sur les calculs à la petite semaine. Par expérience, vous avez acquis la conviction que chacune de vos décisions engagent l'avenir immédiat mais aussi un terme beaucoup plus lointain que nul, en vérité, ne peut connaître dans ses moindres détails. Quand on se souvient que la moindre virgule, la moindre omission, la moindre erreur peut avoir des conséquences incalculables et parfois très douloureuses, on ne se perd pas en conjectures douteuses : ce qui adviendra dans votre commune n'est plus inscrit dans le marbre comme aux temps des prophéties.

29. Une chose est sûre pourtant : de même que le prophète Malachie annonce la naissance du Messie à Bethléem, nous savons que toute naissance sur votre commune est à l'image de la Nativité que nous venons de célébrer. Pour qui sait prendre le temps de regarder et de contempler, pour qui ne se laisse pas abuser par les sirènes d'un malthusianisme effarant, celui ou celle qui voit le jour chez vous est le signe d'un renouveau qu'il faut prendre le temps d'accueillir comme il se doit. Non pas un événement banal et ordinaire mais la grâce d'un commencement capable d'éclairer les ténèbres d'un monde en perdition.

30. Dès que vous avez l'image, la photographie d'un nouveau-né, d'un tout petit enfant sur votre bureau, vous faites l'expérience d'une joie et d'un regain à nul autre pareil. Vous savez que chaque heure, chaque minute passée à résoudre les problèmes du quotidien, aussi morose soit-il d'apparence, aussi pénible soit-il, a un sens caché qui ne se dévoilera qu'au terme d'un combat de tous les instants. Ce que vous faites aujourd'hui touche, d'une façon ou d'une autre, la vie de ceux qui, comme cet enfant, attendent une terre généreuse et fertile où déployer tous leurs talents.

Intermède 



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A suivre ...



mardi 17 décembre 2019

France2022 : Impôts, taxes et cotisations ou l'affrontement de deux logiques (2 ème édition)


Impôts, taxes et cotisations, sujet qui fâche s'il en est. Voilà un thème qui mérite la plus grande attention. Son traitement par un projet présidentiel révèle sa marque de fabrique.

Le simple bon sens ou la démagogie conduisent les concurrents d'une élection à promettre qu'ils ne prévoient aucune augmentation des impôts, des taxes et des cotisations. S'ils parviennent à accroître la richesse du plus grand nombre, ils provoqueront la hausse de la manne prélevée ... en tenant leurs promesses. On ne saurait alors leur en vouloir.

Le projet France 2022 part du principe que les impôts, les taxes et les cotisations ne sont pas des maux en eux-mêmes. Si nous voulons agir ensemble et dépasser nos capacités individuelles, nous n'avons pas d'autres choix que de faire caisse commune. Si les parents, seuls, contribuaient au financement de notre système scolaire, beaucoup de jeunes devraient se contenter d'apprendre dans la rue.

La question du niveau des prélèvements domine les débats. Comme l'arbre qui cacherait la forêt ? La forêt des niches fiscales ?

Il est temps de se souvenir que les impôts, les taxes et les cotisations ne sont pas seulement des leviers destinés à alimenter les caisses communes mais qu'ils sont aussi des outils de régulation : une niche a pour but officiel de faciliter une action bénéfique, favoriser un secteur clef, générer un type de situation éminemment souhaitable, ... ; une taxe, une cotisation et un impôt sont levés en principe pour atteindre des objectifs connus. Nous constatons malheureusement que ce rôle de régulateur est parfois négligé quand un agent politique émet trop vite l'idée d'une suppression puis la met en oeuvre dans la précipitation. Avant de supprimer une ponction ou un allègement, il vaudrait mieux s'assurer que le malade ou le patient ne va pas en souffrir davantage.

Nous avons dit à propos du travail humain qu'un seuil de rémunération maximale en euro sera fixé mais pas nécessairement en couronne française, nouvelle monnaie créée dans le cadre du projet France 2022. Précisons ici que l'impôt n'a pas vocation à être le seul garant du non dépassement d'un tel seuil : la réduction des inégalités de revenu résultera de l'impossibilité de verser en France une rémunération au-delà du plafond légal. 

En raison de la progressivité de l'impôt sur le revenu, la limitation des hauts salaires n'a pas pour but de renflouer les caisses publiques mais d'entraîner une répartition plus juste des profits. Obtenir cette justice par des impôt élevés (choix typiquement français) sur les hauts revenus est contre-productif : les grandes fortunes trouvent toujours les moyens de contourner l'imposition sous le prétexte que son taux élevé est confiscatoire. Les plus fortunés ont assez d'influence sur les politiques pour exercer une pression qui soit favorable à leurs comptes : telle niche fiscale censée assurer une action bénéfique sur une branche d'activité sera aussi votée pour exempter quelques privilégiés d'un prélèvement qu'ils jugent d'un mauvais oeil.

Pour réduire le niveau des prélèvements qui entravent l'économie française - il reste à préciser pourquoi et comment -, une première solution consiste à accélérer le désengagement de l'Etat en privatisant des activités (même sensibles ?) ou en diminuant les dotations aux collectivités locales. Choisir cette voie n'est pas sans risque et il faut n'avoir jamais travaillé avec des agents de l'Etat pour s'imaginer qu'ils sont incompétents : les fonctionnaires qui ne sont pas à leur place ne sont ni plus ni moins nombreux en proportion que les grand patrons ou les salariés les plus modestes du privé. Là où le secteur privé a tendance à raisonner de plus en plus à court terme, l'Etat maintient vaille que vaille des perspectives plus lointaines. Ce souci du long terme engendre des attitudes et comportements professionnels que le secteur privé gagnerait à imiter.

L'Etat a des possibilités de désengagement qui ne sont pas à rejeter d'emblée comme si elles étaient marquées d'un sceau diabolique. En augmentant la part défiscalisable des dons aux oeuvres et à toutes les associations d'utilité publique, l'Etat français a ouvert plus largement le champ de l'action sociale à des organismes privés qui, s'ils sont bien gérés et s'ils sont dûment contrôlés, agissent au profit du plus grand nombre et spécialement de ceux qui sont en difficulté. Ces corps intermédiaires ont le grand avantage de mettre à contribution des bénévoles qui, en donnant de leur temps, manifestent que tout ne s'achète pas et portent secours là où nul intérêt marchand n'a l'audace ou les reins assez solides pour venir en aide, remédier, guérir, ... . Quelques militants féroces de l'athéisme le plus radical ou, ce qui revient au même, d'un Etat omnipotent dominé par un groupuscule, s'insurgeront toujours contre cette ouverture. Un projet politique n'a pas pour ambition de convertir une poignée d'irréductibles qu'un aveuglement et une surdité, endurcis par quelques raisonnements absurdes, poussent à voir le mal où il n'est pas et le bien en des lieux qu'il a désertés depuis belle lurette.

Dans une toute petite incise, et juste pour le plaisir, faisons remarquer que l'Etat a aussi recours à des bénévoles mais sans le dire. Nous laissons aux lecteurs curieux le soin de découvrir comment.

Le désengagement de l'Etat devient palpable dans le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Avant de hurler à mort contre ce type de mesures, ceux qui aboient feraient bien de mettre leurs économies en lieu sûr : à force de brailler vient toujours un temps où l'on n'a plus d'os à ronger. Nous devrions pourtant tous savoir que l'engagement de l'Etat, même quand il est fort - et cela paraît souhaitable en maints domaines - ne rime pas nécessairement avec une fonction publique pléthorique. En réalité nous le savons tous et ceux qui feignent de l'ignorer sont débordés par l'aggravation des difficultés et englués sur une piste souvent fausse : l'attribution automatique ou exclusive de cet état à "un défaut de moyens" alors qu'il faudrait mettre en cause "un défaut de gestion des moyens alloués" et même un "gaspillage de ces moyens". Ainsi en est-il d'un système scolaire en France qui, à coup de réformes inconséquentes, utilise des locaux disponibles de manière fort dispendieuse : grosso modo, 50% de sa capacité d'accueil dans l'année. Quelle entreprise soucieuse de réduire ses charges pourrait se permettre une telle gabegie ?

Pour alléger le poids des prélèvements, la réduction du train de vie de l'Etat et des collectivités locales est à poursuivre et à intensifier sans retard. Des réformes sont en cours qui font bondir les services concernés mais ceux qui rouspètent ont-ils pris conscience de la situation financière de la France ? Celle-ci menace directement le pouvoir politique entendu comme capacité d'influer sur le cours des événements. Là encore, la chance que nous avons d'être libres de choisir nos représentants court le risque de se transformer en illusion si ces derniers n'ont plus aucune marge de manoeuvre et se retrouvent dans un état de servilité à l'égard d'intérêts puissants aux yeux desquels le bien commun des citoyens compte pour moins que rien. 

La réduction du déficit public et de la dette relève d'un combat qu'il serait naïf de considérer comme une simple preuve de bonne conduite. Sans verser dans la paranoïa, qu'attendons-nous pour traiter cette question : à qui profite l'endettement de la nation française ? Nul besoin d'aller imaginer un crime, des intentions malveillantes ou une prédation savamment organisée pour s'interroger. Inutile et nuisible d'aller chercher des coupables. Réfléchissons et agissons dans le calme. 

Sommes-nous prêts, quand cela nous est possible, à renoncer à une part d'égoïsme pour redresser une situation alarmante ? Beaucoup d'entre nous, la plupart même, profitent de cet endettement tout en le payant de plus en plus cher : le seul poste du budget de la nation consacré au remboursement de la dette a de quoi nous inquiéter. Nous bénéficions aujourd'hui d'un confort énergétique qui pèse trop lourd sur les comptes de la nation : le coût d'obtention d'un KWh devrait normalement intégrer tous les frais. Opération difficile mais indispensable si nous voulons y voir plus clair. En l'occurrence, deux logiques s'opposent : une logique marchande et une logique d'économie. 

La logique marchande s'épanouit dans une production toujours plus abondante et soutient son expansion par une politique de prix qui encourage le client à consommer toujours plus. 

La logique d'économie, elle, dépasse l'intérêt particulier de chaque agent économique producteur : elle introduit la nécessité de prendre en compte l'extinction des réserves et les dégâts collatéraux. 

Contrairement à la conclusion hâtive qui affirme : privé = logique marchande et public = logique d'économie, la situation réelle n'est pas aussi tranchée. De puissants intérêts privés sont en mesure d'influer sur les politiques publiques pour les faire basculer dans une logique essentiellement marchande. Certains intérêts privés sont capables d'agir de manière responsable en prenant en compte les limites de l'environnement et des hommes. 

La logique d'économie qui s'impose d'elle-même en période de pénurie a tendance à céder du terrain à la logique marchande quand l'abondance semble prévaloir. L'effort à déployer pour renverser la dérive actuelle ne va pas de soi et les considérations sur les risques climatiques ou les menaces imminentes ne suffisent pas : la peur entretenue finit par rendre vaine toute tentative d'amélioration. Perdus pour perdus, les consommateurs préfèrent cueillir les restes plutôt que d'économiser pour un avenir qui leur est annoncé sous les auspices les plus noirs. Nous avons non seulement à changer de comportement mais aussi à développer une pensée qui soit stimulante pour toutes les bonnes volontés. 

L'honnêteté commande d'affirmer que la situation financière de notre pays est si grave que les efforts que nous accepterons de faire n'auront pas d'abord pour but d'alléger directement le poids de nos impôts mais pour premier objectif de sortir d'un endettement qui réduit la puissance publique à l'état de marionnette. Que cela amuse la galerie, que cela plaise à tous les contempteurs de l'Etat considéré comme un gêneur, que cela nous indiffère profondément, le résultat est tangible pour tous : chaque citoyen français est embarqué sur un paquebot qui prend l'eau de toutes parts. 

Au lieu de céder à la panique qui étreint les passagers sans coeur, nous pouvons simplement consentir à nous alléger. La responsabilité de l'Etat, entendu comme serviteur de l'intérêt général et du bien commun , est ici engagée : dans tous les secteurs où une consommation excessive met en péril l'équilibre de nos comptes ou de nos échanges, la puissance publique a le devoir de mettre en place des freins à la consommation. 

Une telle politique ne tend pas vers la simplification. Il faudrait n'avoir rien compris à la marche de l'histoire ou confondre "complication" et "complexité" pour s'imaginer que la régulation de nos sociétés va s'affranchir d'un surcroît de complexité. Ce surcroît n'est pas le produit d'une administration fière d'exercer ses prérogatives mais résulte de l'enchevêtrement des progrès qui traversent nos sociétés. 

La logique marchande propose à ses clients des tarifs unitaires qui décroissent quand les quantités consommées augmentent. 

La logique d'économie à mettre en place procède à l'inverse : elle assure à chacun un confort minimal mais satisfaisant quand l'abondance est là en garantissant des prix abordables pour les premières quantités consommées. En revanche, elle surtaxe les dépassements.

jeudi 12 décembre 2019

France2022 : Les nouveaux rentiers et mercenaires de tout poil


« Des personnes peuvent s’en prendre à vous
sans même savoir pourquoi,
et vous aussi vous pouvez ignorer
pourquoi vous vous en prenez à elles.
Cela s’explique par le fait
que les humains sont souvent
les instruments inconscients de forces obscures
qui se sont emparées d’eux.
Pour se protéger des humains,
il faut donc d’abord apprendre
à se protéger des esprits malfaisants
qui viennent s’installer en eux,
car derrière un ennemi physique,
c’est toujours une entité obscure qui est à l’œuvre.

Les combats que nous devons mener
pour nous défendre
sont donc d’une nature très subtile.
Nous devons laisser les ennemis tranquilles,
ne pas chercher à leur nuire
mais seulement nous exercer intérieurement,
nous renforcer,
cultiver des qualités de pureté,
de bonté, de patience,
afin d’attirer l’aide des entités lumineuses.
Quand elles viendront,
elles chasseront les entités ténébreuses
qui se servent de nos ennemis pour nous nuire
et elles s’installeront à leur place.
Alors, un jour les mêmes personnes
qui s’étaient manifestées comme des adversaires
se conduiront comme des amies. »




Descendre dans l'arène politique c'est aussi en montrer les dessous contemporains. D'apparence nouvelle, ils empruntent leurs modèles aux formes les plus anciennes : exploitations, esclavages, illusions,  jeux du cirque, idoles et mirages. La Toile, espace ouvert au pire et au meilleur, leur donne aujourd'hui une visibilité et une audience quasi indécente. Parmi ces dessous trônent avec insolence ceux que nous pouvons simplement désigner par l'expression : "Les nouveaux rentiers". S'appuyant sur les merveilles qu'offrent en abondance les progrès techniques, ils déploient sans vergogne une panoplie saisissante de miroirs aux alouettes. Ils vous promettent la lune. Ils étalent leurs plaisirs. Ils sont très contents d'eux-mêmes. Seuls ou en couples complices et prenant soin de se soutenir mutuellement, ils font feu de tout bois ...

Leur idole préférée : le profit mais non pas celui dont parle l'Evangile, celui qu'engendre une activité naturelle, saine, fondée sur les lois du vivant. Non, un profit en espèces sonnantes et ... trébuchantes, en argent massif. Celui-là même qui donne l'illusion du pouvoir et qui, en réalité, ne sert qu'à corrompre, abîmer, détruire ou éliminer plus petit que soi.

Ces nouveaux rentiers sévissent à ciel ouvert. Ils ressemblent à s'y méprendre à ceux qui grenouillaient à Londres, à Turin et en maints endroits de notre planète au XIXème siècle. En Italie du nord, il fallut le courage, l'audace et le génie d'un Don Bosco pour arracher de leurs griffes une enfance saccagée et plongée dans une misère si noire qu'à vue humaine il n'y avait plus rien à tenter. 

Aujourd'hui, le décor a changé mais c'est la même pièce qui se joue. Aux vedettes on donnerait presque le Bon Dieu sans confession tant elles ont la mine réjouie, le teint frais et l'air sympathique. Elles prennent la pose en des lieux paradisiaques, vous abreuvent de leur réussite et cherchent à vous entraîner dans leur sillage pour amasser toujours plus, si possible en moins de temps qu'il ne faut pour le dire et, cela va de soi, en travaillant 4h par semaine. Au bout du compte, quelle promesse ? Des euros et encore des euros ... alors que les ressources non renouvelables de la planète Terre vont en s'épuisant, que certaines d'entre elles comme l'eau, bien qu'en principe renouvelables, viennent également à manquer. Qui ne voit que ces monnaies "anciennes" : dollar, euro, mark, yen ...  fondées sur la rareté, conçues pour conforter des positions dominantes sur les marchés des biens menacés de pénurie ... qui ne voit que ces monnaies sont vouées elles-mêmes à se raréfier et qu'en conséquence la question cruciale des temps "modernes" qui se pose et va se poser de plus en plus : " Par quoi remplacer ou, plus exactement, épauler voire supplanter ces monnaies elles-mêmes touchées par le déclin ou la disparition du non renouvelable ? " ?

En réalité, ceux qui voient cette menace pesant sur les monnaies "anciennes", de l'âge d'or du matériel, ne sont pas encore très nombreux puisque beaucoup de nos contemporains s'imaginent que la seule réponse possible aux crises actuelles réside dans une extension quasi illimitée de la gratuité. Les mercenaires et nouveaux rentiers de l'époque contemporaine ricanent quand les échos d'une telle naïveté parviennent à leurs oreilles toujours tendues vers le doux bruit des filons les plus juteux ! Pour eux, la gratuité est un gros mot, une arme ou un tremplin pour attirer les gogos dans les filets de leurs recettes à deux balles qu'ils ont pourtant le culot de vendre à prix d'or tout en faisant croire à leur audience qu'ils sont fort généreux puisqu'ils "offrent" des bonus, des ristournes et des avantages d'allure mirobolante.

Tandis que le monde est en feu, fleurissent sur la Toile d'innombrables propositions d'allure alléchante : travailler moins, gagner plus, quitter la "rat race", sortir du lot, tirer son épingle du jeu, vivre de ses placements, ... C'est à qui sauvera sa peau, ses billes, son temps, ... d'un cataclysme quasi généralisé et inéluctable. Aux bouleversements qui s'annoncent, il faudrait répondre par un changement radical de vie professionnelle pour échapper au naufrage.

L'hameçonnage commence par faire miroiter un avenir mirobolant tout à fait différent de la morosité ambiante et promet une porte de sortie vers un monde où l'ennui a disparu pour faire place à une vie palpitante où la passion règne en maîtresse absolue, le désir en guide suprême, la rentabilité en calife omnipotent ... Le nouveau rentier omet toujours de préciser à ses proies qu'elles ne toucheront pas un centime de bénéfice après que celui-ci aura pris sa part du lion.

Le nouveau rentier mise sur des valeurs indétrônables. En ces temps pour le moins incertains, la pierre fait figure de reine : elle n'a pas son pareil pour alimenter les caisses du prédateur. La recette paraît toute simple : acheter à prix cassé un bien sous évalué dans un environnement dynamique et à l'abri des aléas prévisibles que l'investisseur découpera en tranches afin de multiplier les possibilités de gain après un rafraîchissement à coûts serrés au plus juste de telle sorte que les locataires, plus ou moins temporaires, financeront non seulement le prêt d'acquisition et les travaux mais encore la possibilité d'acheter un autre bien !

Sur le papier, la manip a tout pour plaire aux yeux des plus avides. En partant d'un petit capital et même de rien, les plus habiles arrivent à se constituer une rente à faire pâlir de jalousie tous les travailleurs qui triment à longueur de journée en se demandant, le 15 du mois et même avant, comment ils vont bien pouvoir le boucler et, d'autant plus, lorsqu'ils sont eux-mêmes prisonniers de la combine : le loyer qu'ils paient à prix exorbitant sert à engraisser les rentiers des temps "modernes". Et, pourtant c'est évident, rien de nouveau sous le soleil : de tous temps, ceux qui peinent et ploient sous le fardeau trouvent sur leur route de faux Simon de Cyrène qui, loin d'alléger leur croix, les accablent davantage.

Le jeu de Monopoly est d'autant plus lucratif de nos jours qu'on ne compte plus les foyers divisés en lesquels papa et maman, vivant sous deux toits différents, accueillent tour à tour les enfants issus d'un même lit. Et ce jeu amusant quand il est pratiqué gamin comme divertissement tourne au crime organisé quand il se déploie sur un terrain miné par un chômage sans précédent : la population active aux abois, au lieu de se répartir de manière homogène sur un territoire comme celui de la France capable d'accueillir plusieurs centaines de millions d'habitants, finit par s'agglutiner dans les grandes métropoles - où les prix de l'immobilier flambent - avec le secret espoir de retrouver rapidement un emploi en cas de licenciement ou d'accident de la vie. Une mécanique bien huilée est en marche pour broyer les corps intermédiaires et les personnes. Les nouveaux rentiers n'ont plus qu'à se placer aux lieux stratégiques en vue de se nourrir, de s'engraisser et de se gaver. Souvent nomades et sans responsabilités familiales, ils ne connaissent pas l'angoisse de ceux qui, loin de songer à se déplacer au gré du vent, pensent d'abord à s'enraciner pour que leurs enfants trouvent encore quelques repères stables dans un monde où certains voudraient tout chambouler d'un clic, d'une lubie, d'une mode, d'une idée ...

(à suivre)