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mercredi 24 avril 2019

France2022 : La France et l'Europe (4ème partie)


A l'approche des élections européennes du mois de mai de l'an 2019, il était temps de ressaisir les éléments épars publiés dans les tribunes antérieures sur le thème européen, de les compléter ou de les développer au besoin et de trouver un juste milieu (Aristote) entre les inconditionnels de la construction européenne en cours et ceux qui rêvent de la mettre à bas ou de s'en extraire. Juste milieu qui ne soit pas une position statique mais un point d'équilibre dynamique tenant compte du déroulement d'une histoire censément complexe.

Au crédit de la construction européenne, il ne fait aucun doute que nous pouvons porter cette paix qui se traduit depuis plus de sept décennies par l'absence de guerre entre les principaux acteurs européens mais il nous faut aussitôt ajouter, hélas, une contrepartie terrifiante : la multiplication des avortements, tout particulièrement en France. 

Si les hommes, les femmes et les enfants qui ont vu le jour ne souffrent plus des conflits abominables qui ont ensanglanté et ravagé l'Europe, ceux qui paient désormais le prix du confort instauré sont devenus les grand oubliés d'une histoire tragique. Alors que le continent européen peut accueillir d'innombrables personnes, comment se fait-il que nous n'ayons plus l'audace et le courage d'accorder la vie, l'existence et l'être à une foule d'enfants en puissance ? Il y a là un drame d'une ampleur telle que l'ignorer, le sous-estimer ou tenter de le justifier risque de nous réserver des réveils extrêmement douloureux. Il semble que nous ne mesurions pas encore l'étendue réelle du désastre en cours.

L'Europe par l'effet conjugué d'une dépression démographique endogène et d'une pression migratoire exogène ne sait plus vraiment à quels saints se vouer. Il suffirait pourtant de prendre en compte le poids des avortements pour comprendre ce qui est en jeu. Une terre incroyablement bien placée sur le globe terrestre n'a d'autre destin que d'abriter une multitude d'hommes et de femmes, que ceux-ci soient le fruit d'amours autochtones ou d'ailleurs. La pression abortive ne fait que renforcer le mouvement migratoire résultant par ailleurs d'innombrables facteurs. Surtout et de façon beaucoup plus problématique, cette pression abortive complique l'accueil de ceux qui ont compris que l'Europe offrait, malgré des apparences trompeuses, un formidable potentiel de développement et des perspectives trop souvent gâchées sur des continents dans lesquels une évangélisation tardive n'a pas encore contrecarré les forces centrifuges qui tendent à disperser les efforts, à dilapider les ressources, à retarder l'avènement de sociétés et de nations prospères.

Terre bénie par une Providence perspicace (les peuples barbares habitant autrefois l'Europe étaient ceux qui avaient le plus besoin d'être évangélisés), l'Europe et la France en particulier sont nécessairement un Eldorado pour tous ceux qui résident dans des contrées où le poids simultané de traditions inopérantes et de remises en cause trop brutales pèse lourdement sur le destin des générations montantes. Du moins paraissent-elles pouvoir répondre à leur soif d'émancipation mais nous savons d'expérience que toute sortie de l'esclavage tourne au cauchemar dès lors qu'elle ne se fonde pas sur la libération proposée par l'Evangile. Les Européens, nos ancêtres, n'ont pu sortir de l'esclavage de la violence que par l'accueil en profondeur d'une révolution mentale qui balayait d'un revers de main leurs prétentions conquérantes.

En dépit des analyses qui circulent ici et là à propos de la construction européenne et qui en réduisent considérablement la portée, disons d'emblée qu'elle est une manifestation remarquable d'une compréhension de l'Evangile enfin parvenue à maturité : pendant très longtemps, les peuples d'Europe sont restés sur le seuil de la Révélation. Leur intelligence opérative s'est décuplée à son contact mais leur coeur profond était resté sourd aux appels d'une grâce et d'une Miséricorde exigeant beaucoup plus : le pardon accordé aux ennemis. Il a fallu l'anéantissement des deux guerres mondiales pour qu'ils comprennent enfin qu'ils faisaient fausse route en s'entre-tuant.

Il a fallu cet anéantissement pour que les peuples d'Europe comprennent enfin tout ce que la chrétienté devait au judaïsme mais il faut aussitôt ajouter qu'une telle compréhension n'est pas seulement collective :  elle concerne chacun d'entre nous, à titre personnel. C'est un chemin de foi sur lequel aucun d'entre nous ne peut marcher à la place d'un autre : tant que je ne comprends pas, en mon for interne, les racines sémitiques de la foi et de la liturgie chrétiennes, je reste sur le seuil, empêtré, mal dégourdi, aveugle et ignorant tels les disciples d'Emmaüs qui s'éloignent de Jérusalem, abattus par ce qui vient de se passer.

Il a fallu tous ces crimes, toutes ces horreurs pour que les peuples d'Europe comprennent enfin qu'ils faisaient fausse route en accordant une confiance démesurée à la raison raisonnante, celle qui exclut de ses catégories bien pensantes le principe d'incertitude pour garder entre ses doigts crispés quelques certitudes mortes, vecteurs des barbaries les plus sanglantes. Si je perds de vue que, dans toute existence, l'inimaginable peut survenir, mettre à bas tous mes plans, bouleverser mes prévisions et chambouler mes projets, je suis comme la paille en plein vent ou au coeur d'un brasier : j'ignore que dans quelques instants je partirai en fumée ou perdrai ma place, ce lieu où je pensais bien à tort m'être installé pour longtemps.

L'Europe et la France souffrent maintenant d'innombrables crispations par exclusion de la foi ardente, celle qui ne se contente pas de croire à des vérités vraisemblables mais celle qui ose affirmer l'impensable : un homme crucifié et mis à mort s'est relevé et s'est manifesté pour que nous quittions le rivage d'un confort intellectuel qui prétend exclure l'inattendu du champ de ses possessions quitte à massacrer, pour des raisons soi-disant bien fondées, tout ce qui pourrait venir déranger ce confort et ce qui lui fait cortège : des biens périssables auxquels s'attache si fort le coeur égaré qu'il serait prêt à tuer père et mère, frères et soeurs, pour les défendre bec et ongle ; qu'il serait prêt à mettre à mort une vie naissante en son sein pour ne rien perdre de ses positions pourtant si fragiles.

Dans une Europe et une France malades, c'est-à-dire sans cesse tentées par un retour en arrière vers les barbaries les plus sombres, l'inattendu a deux visages : celui de l'enfant à naître trop souvent considéré comme un gêneur potentiel et celui du nomade en quête d'une terre promise dont l'entrée sur notre territoire nous paraît une menace. Dans l'un et l'autre cas, nous perdons de vue que nous avons plus à craindre de nos propres comportements et de nos propres égarements que d'événements millénaires : la venue d'un enfant et le déplacement de populations à la recherche d'une terre plus hospitalière.

Dès sa naissance, le Christ porte la Croix d'une existence placée sous le sceau du service d'une humanité en proie à ses démons jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir : Hérode se croyant menacé dans ses prérogatives fait assassiner tous les enfants en bas âge à la portée de ses sbires. Les avortements d'aujourd'hui sont dans la droite ligne de cette aberration : s'imaginer que la venue d'un enfant peut mettre en péril nos positions alors que son rôle est d'élaguer en nous tout le fatras des superstitions et tout le superflu qui nous encombrent. A la mise en déroute de notre moi le plus vil et de nos replis égoïstes, nous préférons trop souvent la mort réelle ou symbolique d'un innocent, qu'il soit cet enfant non prévu ; ce collègue qui risque de gêner notre carrière ou qui n'a pas la même vision que nous du métier, d'une situation ou d'un problème ; cette personne qui n'entre pas dans nos vues, nos catégories, nos schémas étroits de pensée ; cet étranger qui n'avait qu'à rester chez lui ...

Nos refus d'accueil de l'étranger ressemble à s'y méprendre à l'accouchement sur la paille en la nuit de Noël : dans nos maisons saturées d'objets inutiles et encombrants, ne reste plus la moindre place pour celui qui n'a plus de toit, de maison, de  foyer et qui doit se coucher dans la crasse, sous les néons d'un urbanisme galopant, bourré d'artifices et déshumanisant ou s'entasser avec les siens dans des quartiers devenus sordides à force d'abandon de pouvoirs, locaux ou plus lointains, vautrés dans leurs loisirs dispendieux et complètement oublieux des nécessités primaires voire vitales qui sont le quotidien de la plupart de nos concitoyens.

Tandis que le bois vert des jeunes pousses est traité selon la plus grande lâcheté, point à l'horizon une réalité des plus sordides : le sort réservé aux personnes âgées. Quoi d'étonnant à cela : si nous ne sommes plus capables d'accueillir des promesses de vie au potentiel incommensurable, comment pourrions-nous ménager le bois qui s'apprête à mourir ? Si les générations montantes sont sacrifiées sur les autels d'un consumérisme dégradant et d'un confort de repus, quoi d'étonnant à la maltraitance en maisons de retraite ou en EHPAD ? L'avortement puis l'IVG conduisent inévitablement à l'euthanasie et au cortège funèbre qui accompagne la démission du politique quand il renonce à défendre les plus fragiles contre les intérêts marchands, les spéculateurs et tous ceux qui propagent l'illusion mortelle d'un progrès illimité de la performance à tout crin, quitte à se doper et à se détruire pour atteindre des objectifs stupides et farfelus : à cette aune-là, peu de personnes peuvent résister au rouleau compresseur d'une machine à sélectionner les plus aptes et à détruire ceux qui ne répondent pas à des critères de "bienséance".

Une construction européenne qui ne nous ferait pas sortir du cycle infernal de la violence à l'égard des plus fragiles et des plus vulnérables est bel et bien morte, vouée à s'enliser et à voler en éclats. 

Ne nous y trompons pas : le dépassement des nations n'est pas un mal en soi. Bien au contraire : la résolution des deux conflits mondiaux qui ont mis l'Europe à genou en témoigne. Tandis qu'une nation s'enfonçait dans la barbarie la plus noire, d'autres surent faire front commun et dépasser leurs divergences pour stopper une folie d'essence nationaliste. Quand un peuple s'égare, l'union de plusieurs est nécessaire pour le ramener sur le droit chemin.

La construction européenne et ses inévitables faiblesses ou ratés a également cette vertu d'être en mesure de faire entendre raison aux velléités d'inspiration catastrophique. Encore faut-il qu'elle le fasse sur un mode qui respecte la souveraineté intérieure de chacune de ses composantes et qu'elle évite de s'immiscer dans des affaires qui ne la regarde pas. En un mot, qu'elle n'essaie pas de réduire les prérogatives de chacun des Etats européens  mais qu'elle favorise au contraire l'émergence de pouvoirs locaux tenant compte, de plus en plus, du monde qui les environne et, plus encore, de lois fondamentales dont le non respect engendre misère et mort.

Quand un peuple souverain décide de ne plus attenter à la vie des tout petits en gestation, une construction européenne authentique prend acte de cette volonté sans chercher à la vilipender, à la ridiculiser ou à la défaire. En l'occurrence, c'est un peuple raisonnable qui a raison contre une majorité de déprimés, de meurtriers et d'assassins !

"De par le monde, plus de 90% des bébés porteurs de la trisomie 21 sont avortés - et cela jusqu'à la veille de leur naissance. Le ventre d'une mère est devenu l'endroit le plus dangereux pour un bébé porteur de la trisomie 21". Ainsi s'exprimait Charlotte Fien lors d'une conférence internationale sur le thème de la lutte contre les discriminations, prénatales comme post-natales, dont les personnes porteuses de la trisomie 21 sont victimes ainsi que sur les moyens de favoriser leur véritable inclusion de la société. Source : "Lettre de la Fondation Jérôme Lejeune" de mai 2018.

L'avenir de la construction européenne est là. Elle ne dépend pas au premier chef d'ingrédients institutionnels : plus ou moins de fédéralisme ; plus ou moins d'intégration politique ; ... mais elle dépend de la capacité commune de ses Etats membres à faire front contre une barbarie déjà présente et fort active durant la période nazie. Période durant laquelle les "non-conformes", les handicapés et les personnes osant braver les folies d'une dictature démente ont fait les frais d'une politique criminelle et payé le prix fort pour en sortir : internements, tortures et tentatives d'éradication.

En s'organisant pour répondre de manière prépondérante aux intérêts allemands, la construction européenne suit un chemin périlleux : les autres Etats membres de l'Union ne sauraient se contenter d'un rôle de figurant ou de vassal. Ici et là, nous voyons surgir des vagues de mécontentement et de ras-le-bol : certains n'en peuvent plus d'être considérés comme des membres subalternes au service d'une puissance économique qui garde pour elle le principal et les intérêts d'une manne non pas tombée d'un ciel clément mais résultant de la mise au pas de la composante industrieuse et laborieuse. En comprimant la rémunération des travailleurs, en cherchant à maximiser les profits par déplacement des facteurs de production, en concentrant de manière excessive les foyers de production, en relançant les mines de charbon ..., les conquêtes de l'industrie allemande finissent par mettre en péril des pans entiers d'une Europe mal préparée aux jeux d'une globalisation sans foi ni loi.

Embarquée dans une guerre commerciale absurde et indigne puisqu'elle matraque un très grands nombres de pays, l'Europe se doit de réagir en proposant une autre façon de produire, de commercer et de vivre car, aujourd'hui, le plus grand nombre fait les frais de la guerre sans merci imposée par des puissances dévastatrices : les touts-petits en gestation, les corps intermédiaires et notamment les foyers, les sans grades, les handicapés, les personnes âgées, les territoires éloignés des métropoles ...

A tous les systèmes concentrationnaires, à toutes les dérives monopolistiques, à toutes les tentatives de main mise sur des éléments de rareté, l'Europe doit opposer un refus très net et une fin de non recevoir en développant des politiques de service et d'abondance où l'humain prime sur tout le reste dans le respect scrupuleux des trésors qui lui permettent d'exister.

Ainsi devons-nous revoir de fond en comble la politique agricole commune : ne plus l'envisager et ne plus la placer à la remorque d'industries nuisibles voire criminelles ; lui redonner ses lettres de noblesse en l'installant durablement selon des perspectives où domine la collaboration intelligente avec la nature et non une lutte incessante contre le vivant. Par essence, par principe et par une organisation millimétrée, la nature est généreuse. Dès lors qu'apparaissent des phénomènes de rareté sur un territoire, inutile d'aller accuser des facteurs externes à l'action de l'homme : il lui faut être assez courageux et lucide pour examiner avec soin ce qui a conduit à tel ou tel manque inédit et pour réviser ses modes d'intervention.

Il nous faut également sortir d'urgence d'une monnaie unique qui met en péril toutes les économies qui ne fonctionnent pas sur le modèle allemand de la standardisation et de très grande efficacité en instaurant des monnaies nationales de service et d'abondance qui favorisent le libre jeu d'une diversité de situations, diversité vue comme un handicap pour ceux qui ne rêvent que de normes et d'uniformité mais un atout indéniable de l'Europe dans un monde globalisé où de multiples forces tendent à raboter les singularités pour mieux imposer le rouleau compresseur de leurs standards (souvent mortifères).

Que subsiste une monnaie commune (l'euro) n'est pas mauvais en soi du moment qu'elle coexiste avec des monnaies nationales et locales abondantes. La monnaie commune assure la stabilité des taux de change avec le reste du monde pour tous les échanges commerciaux portant sur des biens rares ou peu courants mais de nombreux échanges - de service notamment - souffrent de l'absence de monnaies locales beaucoup plus souples c'est-à-dire dont l'émission s'ajuste non pas à l'émergence de telle ou telle pénurie ou à la survenue d'une crise internationale mais à l'abondance d'une main d'oeuvre et d'un cerveau d'oeuvre européens de plus en plus disponibles et qualifiés.

Aux économistes les plus fins, les plus audacieux et les moins engoncés dans le vêtement des certitudes étroites paraîtra de plus en plus probante l'émission de monnaies nationales dont les spécificités sont décrites dans la tribune : "création d'une monnaie de service et d'abondance" du projet France 2022. Monnaie qui ressemble à la livre Sterling mais entièrement dématérialisée et à l'usage strictement interne du pays émetteur. Monnaie sans valeur pour les échanges commerciaux avec l'extérieur de sorte que nul ne peut accuser l'émetteur de faire fonctionner sa planche à "billets" (plus de coupures désormais ... !) pour les besoins de son économie. Cette création de monnaie est donc particulièrement vertueuse : elle ne permet pas à l'émetteur de s'emparer indûment  de richesses extérieures et elle le contraint à développer des échanges commerciaux équilibrés avec l'extérieur s'il veut pouvoir disposer des moyens d'acquérir les biens ou les services qui lui font défaut. Cette émission de nouvelle monnaie requiert évidemment une série de garde-fous que les experts en économie se plairont à imaginer et à construire.

Ces mêmes économistes (ou d'autres : la révolution monétaire proposée demande beaucoup de matière grise !) auront également la joie de  concevoir une gamme de méthodes et donc d'algorithmes permettant d'analyser les flux de monnaie locale en vue de proposer les ajustements les plus sains, les plus judicieux et les plus intéressants pour rendre les économies européennes florissantes tout en respectant leurs caractères propres : ici, une industrie très performante ; là, des activités touristiques de premier plan ; ailleurs encore, des services à la personne de grande qualité. Partout, cela va de soi, un éventail de ces trois branches - déployées à des degrés divers selon chaque Etat membre - sans oublier des agricultures enfin rentables et non destructrices des écosystèmes ainsi que des fonctions publiques fort appréciées par des citoyens enfin conscients qu'un pays se porte bien quand il est savamment administré et non pas mis en coupe réglée par quelques intérêts privés sans Dieu ni maître aidés en cela par une oligarchie corrompue jusqu'à la moelle ...

Pour qui voudrait se détendre, s'instruire, se muscler avant de repartir de plus belle, voici un intermède bienvenu : "Utiliser le jeûne pour construire du muscle ? ? ", excellente vidéo de Thierry Casasnovas.

Il en faudra du muscle ... et du courage pour assiéger, dévisser, déboulonner et renverser, sans effets secondaires désastreux, les pouvoirs qui ne servent plus que leurs propres intérêts au mépris des conséquences néfastes qu'entraînent la sauvegarde de leurs privilèges, l'accroissement de leur fortune et le maintien de leurs positions. Mieux : celui ou celle qui désire participer à cette tâche de renversement doit s'armer de patience et ne pas compter seulement sur ses propres forces ou même sur l'union de volontés convergentes. Il suffit pour cela de se souvenir du Magnificat : "Il renverse les puissants de leur trône. Il élève les humbles". Le renversement attendu est déjà à l'oeuvre. Il est voulu par Dieu lui-même. Reste à chacun la tâche de progresser dans la connaissance de cette Volonté pour éviter les contresens et ne pas s'embarquer dans des entreprises calamiteuses dont les résultats sont finalement pires que les maux combattus.

Une piste heureusement explorée par des pionniers : se laisser instruire par les merveilles de la nature et, pour mieux dire, d'une Création pensée et voulue pour le bien des hommes en dépit de tous les courants qui prétendent prouver le contraire et qui n'envisagent la vie qu'en termes de lutte, d'élimination, d'éradication ... en oubliant les coopérations et les symbioses. Sur cette heureuse piste d'exploration, chaque pays européen est engagée selon sa propre histoire, selon les défis qu'il lui a fallu relever, sa géographie, ses traditions ... Aucun d'entre eux ne domine tous les sujets. Chacun doit faire l'effort d'apprendre de ses voisins, de s'inspirer des modèles les plus aboutis et des pratiques les plus pertinentes.

Les merveilles de la nature sont distribuées de telle sorte que chacun d'entre nous peut en prendre connaissance par une expérience personnelle, censément incomplète et donc entachée d'erreurs. L'observateur le plus attentif et le plus instruit filtre ce qu'il perçoit et son esprit lui-même dirige ses sens dans certaines directions. L'ensemble fort limité des informations qu'il collecte est ensuite interprété selon des grilles de lecture que seul un travail incessant parvient à assouplir, affiner, ajuster ... (Platon).  Chaque peuple, selon les langues dont il use, dresse d'emblée un filtre particulier et ne saurait, à lui seul, épuiser les multiples possibilités de comprendre les réalités qui l'entourent. S'il ne fait l'effort de se nourrir d'autres approches du réel, il s'enferme dans des visions partielles et donc erronées. La construction européenne (qui ne date pas de la fin de la seconde guerre mondiale ! ) n'offre donc pas seulement un espace apaisé mais des lieux de tensions, de frottements, de confrontations inévitables. Sans leur concours, nous restons emmurés croyant détenir la vérité tout entière, elle qui, pourtant, échappe à toutes nos tentatives de contrôle et de main mise.

Aurons-nous l'humilité des artistes européens de génie qui ont su voyager, mettre à l'épreuve leurs acquis et leur existence, étudier, analyser, admirer ... pour nourrir leur inspiration ? Saluons au passage le travail d'érudition d'artistes contemporains qui consacrent des années à exhumer des trésors enfouis, à  nous faire découvrir des artistes injustement oubliés. Ils le font sans aucune considération chauvine et sont prêts à s'intéresser à une mémoire qui mettra en valeur le génie d'une nation qui n'est pas la leur, certains que nous appartenons tous à des mondes qui transcendent nos patries d'origine, à des mondes qui bien loin d'anéantir nos attaches en révèlent au contraire le prix, la valeur et l'intérêt. Ainsi en va-t-il par exemple des travaux de Marie-Ange Leurent et d'Eric Lebrun, organistes français, à propos de l'oeuvre du compositeur allemand Dietrich Buxtehude.

En éclairant telle ou telle parcelle du génie européen, les uns et les autres mettent en lumière un continent aux multiples facettes, diamant précieux dont la construction en cours de l'Union européenne n'est qu'une facette parmi tant d'autres ! Il est regrettable que les difficultés rencontrées par cette construction tendent à voiler les splendeurs d'un tissu beaucoup plus riche que ne l'imagine les esprits trop superficiels : les brins qui le composent s'entremêlent d'une façon si savante que le profane en matière d'art, de sciences et de toutes cultures n'entrevoit qu'une part infime du travail accompli jusqu'ici par les générations qui nous ont précédés.

Il reste beaucoup à faire pour exposer les trésors d'une Europe de peintres, de musiciens, d'écrivains, de savants, ... et les rassembler en un tout multiforme - multilingue notamment - car il s'agit non pas seulement de dresser un inventaire mais de le rendre intelligible pour chaque génération montante afin que le plus grand nombre prenne conscience du legs reçu, y compris les ennemis irréductibles (?) d'une Europe si mal perçue par ceux qui ne comprennent pas grand-chose à la marche de l'histoire des hommes : si tant de merveilles sont nées dans le creuset européen, c'est pour illuminer toutes les âmes de bonne volonté. Un regard sain porté sur l'héritage européen permet aussi de mieux saisir l'ampleur du drame des deux guerres mondiales : un esprit manifestement démoniaque a tenté de priver l'humanité tout entière de cet héritage en dressant des nations les unes contre les autres.

Rendre intelligible l'héritage européen passe par une meilleure exposition des procédés, des tours de main, des méthodes, des inventions, des idées, des défis relevés ... qui ont rendu possible son édification sans quoi l'observateur extérieur reste à la porte, sur le seuil d'un monde de travail, de labeur et d'efforts tellement étranger à la culture de la facilité, de l'immédiateté et du caprice. Au lieu de se nourrir pleinement des oeuvres et d'entrer dans le temple d'une contemplation de grand profit, l'observateur contemporain, trop pressé, risque sans cesse de glisser bêtement et de perdre la substantifique moelle d'un travail accompli avec ce mélange de hardiesse, de sagesse et de culture qui caractérise les productions d'innombrables génies européens.

Il faut reconnaître qu'il est difficile, pour qui n'a pas vraiment dansé, dessiné, peint, joué, interprété ou composé, façonné, construit, écrit ... - en un mot, pratiqué un art assez longtemps - d'apprécier à sa juste valeur le travail accompli par un autre. Alors que se multiplient les facilités techniques et les auxiliaires permettant d'accomplir des prodiges et des prouesses, les éducateurs et les enseignants, ceux qui sont plus généralement responsables de la formation des générations montantes en Europe et ailleurs doivent faire un effort pour leur proposer des activités formatrices dans lesquelles la réduction des moyens mis en oeuvre provoque le sursaut d'intelligence qui fut l'aiguillon des générations précédentes : passer trop vite à l'usage des outils modernes sans la moindre expérience de plus anciens provoque de multiples déficits qui se répercutent ensuite dans les productions, qu'elles émanent d'amateurs ou de professionnels. On peut donner ici l'exemple manifeste de l'écriture manuscrite : beaucoup de jeunes élèves ayant appris à écrire sans la contrainte de l'encrier et de la plume deviennent incapables d'utiliser l'écrit pour apprendre. Cette invention merveilleuse de l'écriture au lieu de leur venir en aide est pour eux un calvaire : mal maîtrisée, elle ne leur est d'aucun secours pour intérioriser, comprendre, mémoriser, réfléchir ou imaginer (cinq gestes mentaux fondamentaux identifiés par Antoine de la Garanderie).

En explorant de bonne foi le patrimoine européen, toute personne de bonne volonté s'aperçoit qu'il repose essentiellement sur la propagation de l'Evangile sur un sol jonché de cadavres, victimes des barbaries les plus noires. Au lieu de chercher à minimiser les apports évangéliques, nous ferions bien d'en tirer les conséquences les plus heureuses et nous comprendrions que l'état actuel du christianisme en Europe (pour peu que l'un d'entre nous soit vraiment capable d'en connaître et d'en apprécier toutes les composantes) ne reflète pas tant les faiblesses inévitables d'une Eglise tissée d'argile grossière que le profond respect de la liberté humaine par un Dieu qui ne cherche jamais à s'imposer mais qui, tout au long de l'histoire des hommes, dispose ses bienfaits à la guise et au bon vouloir de l'humanité tout entière et de chacun. Si tant de baptisés se sont éloignés, pour diverses raisons, des dons reçus et de la grâce qui les sous-tendait, ce n'est pas d'abord en raison du manque de zèle, de vertu et de sainteté de pasteurs humains trop humains et censément pécheurs mais, surtout et avant tout, parce que chacun est rendu à sa propre liberté quand il reçoit l'Evangile. Il appartient à chacun de se prononcer en faveur du Christ et de le suivre ou bien de prendre des chemins de traverse.

Si l'Europe est à ce point jalousée et décriée, c'est aussi parce qu'elle est dépositaire (avec d'autres) de ce trésor de la liberté individuelle tellement contesté ailleurs quand il n'est pas purement et simplement bafoué. A chacun de se prononcer, en son âme et conscience, pour la personne blessée, humiliée, abandonnée, trahie ou rejetée alors qu'une majorité s'acharne contre elle. Quand la foule en délire casse, saccage, démolit, lapide, ... l'esprit européen authentique se dresse contre elle et fait front. Quand un système politique anéantit, muselle, bafoue, ... les droits des personnes, l'Europe doit rester unie et soudée, attachée aux principes évangéliques qui lui ont permis d'aller si loin dans le labyrinthe d'un univers spirituel où s'égare toute personne livrée à ses seules forces car le respect des libertés personnelles ne se fonde, en dernière instance, que sur une mise en commun de principes suffisamment robustes pour résister à toutes les tentatives de dislocation et pour dérouter les sophistes de tout poil.


Evangile de St Jean au chapitre 6


54 Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
55 En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.
56 Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui.
57 De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi.
58 Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »
59 Voilà ce que Jésus a dit, alors qu’il enseignait à la synagogue de Capharnaüm.
60 Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? »
61 Jésus savait en lui-même que ses disciples récriminaient à son sujet. Il leur dit : « Cela vous scandalise ?
62 Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant !...
63 C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie.
64 Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait.
65 Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. »
66 À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner.
67 Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »
68 Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.
69 Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »
70 Jésus leur dit : « N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous, les Douze ? Et l’un de vous est un diable ! »
71 Il parlait de Judas, fils de Simon Iscariote ; celui-ci, en effet, l’un des Douze, allait le livrer.




A la foule en délire qui s'en prend à quelque bouc émissaire facile, à la meute des enragés, aux préparatifs des malfaisants ..., l'esprit européen authentique, c'est-à-dire viscéralement, foncièrement et fondamentalement attaché au Christ, oppose un front serein, sans ombre ni trouble au visage. Aucune menace, aucun mauvais coup ne saurait lui faire perdre le cap ou le décourager d'agir en ce monde. C'est pourquoi l'Europe ne peut jamais verser tout entière dans un système qui empêcherait l'Evangile de poursuivre sa course, de rayonner et de porter les fruits de paix et de joie qui sont en germe partout où Il est semé. Cette certitude fait aujourd'hui trop souvent défaut et nous voyons d'innombrables analyses de la situation actuelle s'alarmer de périls qui ont pour nom : "le grand remplacement" ; "l'islamisation de l'Europe" ; "la fin des clercs" ; "le manque de vocation" ... Il est fort possible en effet qu'une partie de l'Europe cède du terrain aux entreprises d'occupation de son sol mais nous savons qu'elles sont vouées à l'échec. Elles l'ont été par le passé tandis que les moyens de se défendre étaient rudimentaires. Elles le seront plus encore à l'avenir dans des sociétés où la parole devient de plus en plus libre : aucune disposition coercitive ne pourra désormais empêcher chacun de s'exprimer comme bon lui semble et ce d'autant plus que ses paroles seront en accord avec le message évangélique (de nouvelles dispositions juridiques viendront sans doute enrichir l'arsenal de lutte contre les propos haineux. Aucune n'est en mesure d'endiguer la manifestation des perles de vérité). Ce qu'est venu semer le Christ se propage selon un processus néguentropique dont la force vitale s'accroît au fil du temps et toute persécution ne fait qu'accroître sa vigueur.

Certains se moquent de la vieille Europe et lui prédisent un sombre avenir. S'il est vrai qu'elle traverse une crise majeure, elle n'a pas dit son dernier mot puisque là où le péché se multiplie, la grâce surabonde. Là où tant de jeunes pousses ont été fauchées avant même de voir le jour, un réveil brutal est en train de se préparer qui surprendra les sceptiques et ceux qui ne pensent qu'au seul ressort démocratique comme s'il fallait nécessairement qu'une majorité s'entende pour que les choses bougent ! alors que toute l'histoire de l'humanité démontre que le cours des événements dépend largement de la manifestation de volontés singulières assez fortes pour ouvrir de nouveaux horizons. L'avenir de la France et de l'Europe dépend de chacun d'entre nous et non pas seulement d'orientations et de décisions gouvernementales ou parlementaires. Il nous appartient de collaborer, chacun à notre place, au travail incessant d'une grâce d'autant plus féconde que je sais la reconnaître et l'accueillir.

Dès lors que je prends conscience que la construction européenne déborde de toutes parts l'infime part des jeux de pouvoir pour s'étendre à de multiples niveaux souvent invisibles qui ne datent pas d'hier, je passe le plus clair de mon temps à incarner au quotidien ce qui fait la plus grande force de l'esprit européen : son inspiration évangélique. L'Europe n'a pas seulement des racines chrétiennes ! Elle porte au creux de ses entrailles, sur l'ensemble de son territoire et dans ses plis les plus secrets des semences impérissables. Il suffit que de nouvelles conditions favorables se présentent pour que, soudain, fleurissent ici et là les inattendus de la Providence divine, toutes ces plantes bio-indicatrices d'une configuration que l'oeil naturel ne soupçonnait pas.

L'Europe avance en effet selon deux voies dont le seul couple "foi et raison" ne rend ni l'étendue ni la portée. Mieux vaudrait distinguer la voie naturelle et la voie surnaturelle. La sauvage et la domestique. L'insoumise et l'obéissante (*). Le christianisme greffé sur la barbarie européenne est d'une puissance phénoménale en raison même de la sauvagerie des lointains habitants d'une terre bénie des dieux : l'Europe. 

(*) Liste indéfinie : la galopante et la trottante ; l'inapprivoisée et l'éduquée ; la brillante et la ravissante ; la parlante et l'écoutante ; l'incorrigible et la perfectible ; la négligeante et l'insouciante ; ...

Dans le domaine profane ou dans le domaine religieux, l'être humain chemine au gré de son imagination créatrice, en usant de facultés naturelles et surnaturelles. Sans la triple greffe des vertus théologales qui s'opère dans l'acte baptismal, ses facultés ne parviennent pas à déployer tout leur potentiel. Sans la foi, son intelligence reste sauvage. Capable naturellement d'une extrême vivacité et de prouesses, elle s'arrête au seuil du mystère si elle manque de surnaturel. Sans la lumière de la foi, la raison humaine se perd en conjectures ... Sans la vertu théologale de l'espérance, la mémoire de l'homme défaille. Elle ne sait plus que réactiver du passé pour mieux se projeter dans l'avenir. Sans la charité, son courage s'émousse. 

Perdue dans un océan matérialiste, foncièrement égoïste et mercantile, la charité européenne fait figure d'ingénue. Son souci du bien être de toute personne passe pour une fantaisie dérisoire aux yeux des peuples et des continents qui ne raisonnent qu'en termes de puissance collective. Pour ces derniers, l'individu ne compte pas. C'est un pion, une unité parmi d'autres. Remplaçable et interchangeable à souhait comme à l'envi. Il doit se soumettre, marcher ou crever. Qu'il se plaigne, conteste ou s'insurge et le voilà enfermé, fusillé, assigné à résidence.

Prenant le contre-pied de cette dictature du groupe, l'Europe verse dans d'autres excès ou ... les mêmes. Des minorités actives et dérangées y peuvent imposer leur dérèglement au plus grand nombre. Quelques individualités en position de force y sont en mesure de faire la pluie et le beau temps. Trop nombreux y sont les sujets qui n'ont pour maîtres qu'eux-mêmes et qui sombrent ainsi dans l'idiotie la plus vile. Pire : l'Europe mal assurée, se laissant vertement accusée par toutes sortes d'imprécateurs mal lunés, ne sachant plus trop comment se défendre, ... finit par adopter les comportements suicidaires des peuples qui font peu de cas de la personne humaine, de sa destinée spirituelle, de ses droits imprescriptibles. Ne faisant pas les choses à moitié, l'Europe se trouve alors percluse de contradictions et fait montre d'une faiblesse coupable sur tous les théâtres où les intérêts vitaux de ses habitants sont mis en péril par des combattants qui n'ont que faire de nos sécurités, de nos pusillanimités, de nos beaux discours et de nos préventions de vierges effarouchées. Ces adorateurs de la force brute n'ont qu'une idée en tête : faire main basse sur l'Europe et ses trésors. Pour eux, pour leurs conquêtes, tous les moyens sont bons et se valent.

Qu'attendent les pays d'Europe pour ne plus se laisser piétiner ? Qu'attendent-ils pour défendre leurs intérêts, pour sortir des politiques malthusiennes qui les conduisent à imiter les régimes les moins recommandables ? Sous couvert de démocratie, les pays d'Europe n'ont-ils pas en effet céder à la dictature des profits à court terme qui font peu de cas des personnes et qui se construisent sur le dos des plus vulnérables ?

Certains pays d'Europe vont même jusqu'à se croire en avance en permettant que la dite euthanasie, la soi-disant bonne mort, s'immisce partout où les coeurs desséchés, sous couvert de charité, expédient dans l'autre monde des personnes qui n'en demandaient pas tant. Que voulez-vous ? Ces êtres ne sont plus dans la course. Ils ne produisent rien. Ne consomment pas grand chose. Sont une charge ... Et c'est ainsi que le sens des mots finit par se corrompre. On parlera, pour Vincent Lambert, d'acharnement thérapeutique alors que le dispositif qui le maintient en vie n'a rien de curatif mais lui permet simplement de ne pas mourir de faim et de soif. Pour qu'il disparaisse, n'en déplaise aux sophistes, il "faut" donc le tuer en l'affamant comme cela a déjà été tenté mais sans succès. Et puis quoi encore  ? Que vont inventer ces nouveaux bienfaiteurs du genre humain ? N'en déplaise aux cuistres, Vincent fut capable de survivre à une tentative d'assassinat. "A quoi bon ?", disent certains. Ce n'est plus une vie que d'être alimenté de la sorte, condamné à rester allongé, ... Manque d'imagination ? Qui ne voit que le calvaire enduré par Vincent et ses proches apporte la contradiction à un monde qui court à sa perte ? Que Vincent, cloué sur son lit, participe de façon inouïe à la rédemption d'un monde qui, sans le témoignage de vie de cet homme, aurait tôt fait d'envoyer à la tombe tous ceux qui n'entrent plus dans les canons étroits, étriqués et meurtriers qui confondent l'être humain avec une machine dont on mesure les performances pour l'améliorer sans cesse et que l'on jette dès lors que changer une pièce n'est pas rentable ou dès lors qu'un modèle dernier cri la rend obsolète.

Et que dire d'un Gouvernement français qui se pourvoit en cassation, recours très rare de la part d'une telle "autorité" ?

Voir à ce sujet l'analyse remarquable de Bertrand Vergely.

A ce stade de l'analyse, il n'est pas interdit de penser et d'écrire que le ministre de la santé, Agnès Buzyn, risque de chuter lourdement pour avoir négligé l'avis du comité onusien et pour avoir tenté de le contourner. Il est possible même que l'ensemble du gouvernement soit emporté par une vague sans précédent, une lame de fond, venue des profondeurs d'une situation où le plus faible finit par renverser ceux qui se croyaient en position de force.

Le martyre de Vincent vient redire à qui veut bien l'entendre et même aux sourds que le fantasme d'une humanité améliorée n'est qu'un leurre : l'être humain a été conçu, dès l'origine, comme une entité douée de perfections suffisantes pour chaque époque. Capable de s'adapter et de se transformer, l'être humain n'a pas à viser un surcroît de perfection généralisée. Nous savons depuis le XXème siècle à quelles abominations conduit le rêve d'une humanité pure, exempte de défauts : il engendre l'élimination des personnes qui ne répondent pas à certains critères. La perfection de l'être humain réside au contraire en ceci : même blessé, mutilé, privé de plusieurs facultés, il demeure objet et sujet d'un amour qui dépasse tous les manques éventuels et qui ne s'attache qu'à la part d'humanité qui subsiste en lui, aussi infime soit-elle.

Folle Europe qui ne sait plus à quel saint se vouer, qui a perdu le sens de l'honneur et de la dignité et qui modèle son comportement sur les plus folles avancées d'apprentis sorciers, ces démiurges qui s'arrogent le pouvoir de vie et de mort pour décider du sort des sans voix : les personnes dites incurables et les innombrables jeunes pousses des générations montantes envoyées à l'échafaud pour s'être annoncées en des temps peu favorables à leur naissance. Et l'on est atterré de voir toutes ces revendications pour un monde plus écologique qui ne prennent plus la peine de défendre l'espèce humaine puisqu'elles la considèrent comme la plus nuisible !

Si la France ou tout autre pays courageux ne montre pas le chemin d'une autre Europe que celle qui est en train de se suicider, nous n'aurons bientôt plus à nous demander s'il faut rester dans l'Union Européenne ou pas : elle sera devenue un vague souvenir. Ne subsistera qu'une mosaïque de territoires traversée par des séries de crises sans remèdes. Dans l'impossibilité de résoudre des problèmes de plus en plus complexes, se trouvera toujours des personnes pour accuser tel ou tel groupe des malheurs du moment et pour inventer des dispositions calamiteuses qui ne feront qu'aggraver les tensions.

(A suivre ...)

(A venir : Europe des arts, Europe des arts de la table, Europe des arts martiaux, Europe des arts décoratifs, Europe des arts picturaux, Europe des arts musicaux, Europe des écrivains, Europe des peintres, Europe de savants, Europe des lettres, Europe des cathédrales, Europe des abbayes, Europe des sanctuaires, Europe des apparitions, Europe religieuse, Europe monacale, Europe médicale et médiévale, .... Figure du moine bâtisseur, du moine thérapeute, du moine prédicateur, du moine artisan, du moine inventeur, du moine lettré, du moine enseignant, du moine soldat, du moine législateur ... moine promoteur, inventeur, acteur de la mise en place des pouvoirs régaliens de tout Etat.)

[Lettre ouverte aux moines et moniales de France, d'Europe et d'ailleurs en projet]



samedi 20 avril 2019

France2022 : Lettre ouverte aux jeunes (réédition)

 



Open Letter to the youth of France, European youth, young African American youth, youth of Asia and Oceania young

Carta abierta a los jóvenes de Francia, la juventud europea, joven jóvenes afroamericanos, los jóvenes de Asia y Oceanía jóvenes

Открытое письмо к молодежи Франции, европейская молодежь, молодой афро-американская молодежь, молодежь Азии и Океании молодых



Pour la restauration de Notre-Dame et beaucoup plus encore !


«Au lieu d'aller dehors, rentre en toi-même: 
c'est au cœur de l'homme qu'habite la vérité» :
c'est du saint Augustin, qui s'était lui aussi pas mal cherché.

Trouve-toi d'abord, 
avant de vouloir exister par le regard des autres, le succès…. Travaille.

N'aie pas peur de mettre vingt ans 
pour apprendre et cultiver ton talent.

La vie n'est pas une expérience,
c'est un appel.

Le mariage n'est pas une expérience,
c'est une promesse éternelle.

Avoir des enfants, 
ce n'est pas une expérience,
c'est répondre au mystère d'incarnation de la vie,
ce pour quoi on est fait.

Construis-toi d'abord par ce mystère qui est en toi : la vie, la vraie.




"La jeunesse n'est pas une période de la vie, 
elle est un état d'esprit."

Général MacArthur



Chers jeunes,



1. Héritiers d'un monde ancien, il vous revient de le transformer pour le conduire, dans l'ordre de l'amour, à une perfection plus haute. Ne soyez jamais surpris de le trouver imparfait. Le monde que vous laisserez à ceux qui vous succéderont le sera encore et il en sera ainsi jusqu'à la fin des temps.

2. Les générations qui nous ont précédés ne se sont pas découragées devant ce constat d'imperfection : elles ont essayé d'améliorer ce qu'elles ont jugé à portée de leurs efforts et nous sommes aujourd'hui redevables de tous les progrès accomplis. Ces progrès rendent beaucoup plus simples certains aspects de notre vie quotidienne. Ils nous offrent une grande variété de solutions pour résoudre les problèmes de plus en plus complexes de notre temps. L'homme contemporain en arrive parfois à se perdre dans le dédale de la multimodalité, cette multiplicité d'options possibles pour aller d'un point à un autre, d'un conflit à sa résolution, d'une difficulté à sa levée, ... multimodalité si prégnante autour de nous au travers des objets multifonctionnels ou de la foison des méthodes proposées ici et là. Ces progrès ont aussi engendré de nouveaux défis qu'il vous appartient de relever sans vous laisser impressionner ni par leur ampleur ni par la somme des connaissances requise pour cela : plus que jamais, notre monde invite l'humanité à la coopération, à l'entraide, à l'humilité car si l'ensemble des connaissances humaines s'est considérablement accru au fil des siècles, chacun de nous se trouve de plus en plus dépassé par son immensité. Même en étant génial dans un domaine, je ne peux espérer tout maîtriser. Plus que jamais, il me faut m'en remettre à autrui pour tout ce qui m'échappe. Au bout du compte, me voici rendu à mon état fondamental de croyant, non pas seulement dans le champ religieux mais dans les domaines profanes. Chacun de nous, faute de temps et de connaissances théoriques ou pratiques est bien incapable de tout vérifier. Chacun de nous est dans l'obligation d'accepter l'incertitude générée par tout acte de confiance (ou de défiance) quasi incontournable et que, par essence, nulle preuve irréfutable n'est en mesure de réduire.

3. Les hommes et les femmes qui nous ont devancés ont fait preuve non seulement de génie inventif mais encore d'un courage extrême dans des situations périlleuses ou accablantes. Les progrès matériels, structurels et fonctionnels dont nous profitons, nous les devons au labeur d'innombrables personnes qui ont connu la misère dans des quartiers sordides ou des campagnes ravagées par des périodes de guerres absurdes ou d'industrialisation frénétique ou encore de désindustrialisation et de désertification irresponsables qui ont fait peu de cas des enfants, de leur famille et de la santé des hommes.

4. Nous serions des héritiers d'une ingratitude calamiteuse si nous passions notre temps à nous plaindre de tel ou tel défaut alors que notre vie entière ne suffirait pas pour connaître tous les biens qui nous ont été légués et prendre le temps d'exprimer notre reconnaissance. Si nous savions le poids de souffrance enduré par nos prédécesseurs et la somme de leurs efforts patients pour nous offrir ce dont nous bénéficions à l'heure actuelle, nous serions submergés par l'émotion et la gratitude, terrifiés par l'insignifiance de nos récriminations.

5. Une plainte stérile détourne de la louange juste et féconde. Elle consomme l'énergie dont j'ai besoin pour découvrir les trésors qui sont au-delà des barrières dressées par la paresse, l'égoïsme ou l'égocentrisme, le découragement ou l'ignorance en lesquels maintient la méconnaissance de l'histoire des hommes, l'histoire de ma famille, de mon quartier, de mon village, de ma province, de mon pays comme de celui des autres et la méconnaissance de ma propre histoire, de ce passé enfoui au fond de ma mémoire auquel seul un effort délibéré de gratitude me donnera accès.

6. Aujourd'hui, chaque citoyen qui ne vit pas dans la misère dispose de moyens qui dépassent de très loin ceux dont disposaient autrefois les plus grands et les plus célèbres personnages de l'histoire. En vous préparant sérieusement au cours de vos études à tenir votre rang dans le monde en vue d'une missionoble et singulière, vous pourrez accomplir des merveilles inouïes et des prodiges dont personne aujourd'hui ne peut avoir la moindre idée même s'il est possible, d'ores et déjà, d'esquisser et de présenter les tendances qui seront à l'oeuvre dans l'avenir (extraites du livre de Gunter Pauli : "Soyons aussi intelligents que la nature"). 

7. En vous attelant à une tâche digne d'intérêt, vous parviendrez, grâce à votre ténacité et à votre intelligence, en des lieux encore inexplorés. Vous franchirez des obstacles réputés insurmontables. Vous obtiendrez des résultats inespérés. Vous finirez par dépasser vos aînés mais soyez audacieux et patients : il vous faudra persévérer après des échecs cuisants, ne pas renoncer trop vite, bien vous entourer, accepter de recevoir des conseils de plus anciens ou de plus expérimentés que vous ; vous lancer dans des aventures audacieuses en veillant à ne pas vous laisser abuser par des mirages à la mode. Cf. par exemple l'illusion courante de la start-up qui serait nécessairement florissante.

8. Dans un monde où les connexions se multiplient de manière exponentielle, ne restez pas dans un isolement morbide, celui qui conduit à dénigrer tout ce qui ne fait pas partie de son propre cercle et qui va même jusqu'à critiquer les personnes auxquelles nous devons le plus : des parents ou des éducateurs, certes imparfaits, mais pas plus que nous ne le serons un jour quand viendra notre tour d'exercer de telles responsabilités ; des amis fidèles qui savent nous alerter quand nous sommes aveugles et nous aider avec discrétion en nous prêtant main forte quand nous perdons pied. 

9. Ne prêtez pas l'oreille à ceux qui nous les rebattent par l'exaltation d'un passé soit disant glorieux en toutes choses et bien meilleur que le présent comme si la pente naturelle de l'odyssée humaine nous poussait vers un désastre annoncé. Non, aujourd'hui n'est pas pire qu'autrefois en de nombreux domaines (voir à ce sujet par exemple le paradoxe de la violence, étude statistique qui montre la réduction de la violence MANIFESTE dans le monde, c'est-à-dire sans tenir compte de la violence de l'avortement, violence dissimulée). Plus vous connaîtrez l'histoire des structures et des phénomènes qui nous entourent, plus vous serez libérés des préjugés mortifères qui paralysent l'esprit d'entreprise et tuent dans l'oeuf toute volonté d'affranchissement joyeux. Vous serez plus justes aussi à l'égard des personnes et des institutions qui ont oeuvré jusqu'ici car, au lieu de ne vous attacher qu'aux défauts, vous serez de plus en plus sensibles aux qualités du legs reçu. 

10. C'est en développant votre faculté d'admiration pour tout ce qui est digne d'être contemplé que vous éliminerez la tentation de vous attarder en vaines querelles, ces disputes qui démontrent plus d'ignorance qu'une réelle capacité de jugement ou de maîtrise de soi. Il faut du temps pour saisir les tenants et les aboutissants d'une situation et pour l'améliorer. Les gens pressés ne songent qu'à déceler des coupables et à leur faire rendre gorge. A force de dénoncer, ils sont devenus incapables de faire preuve de gratitude, de rendre grâce.

11. Admiratifs jour après jour, vous ne vous perdrez pas en vaines conquêtes, en courses aux profits à court terme au détriment des autres, en recherches effrénées de possessions nouvelles, en courses incessantes vers des buts sans aucun intérêt vital. Vous aurez la certitude tranquille que tout vous appartient, que tout s'offre à vous pourvu que votre désir soit assez grand pour accueillir les dons de chaque jour. En vérité, et ce n'est pas une simple figure de style, tout vous appartient, non pas en tant que propriétaires mais en tant que serviteurs, intendants de biens innombrables. Ouvrez les yeux, ouvrez grand vos oreilles, soyez curieux et vous découvrirez que chacun d'entre nous peut devenir riche de vrais trésors en se dépouillant de tout ce qui l'aveugle et l'empêche de voir où se trouvent les perles fines, toutes ces merveilles disposées à portée de main sur nos routes quotidiennes. Vous observerez même que nous vivons une époque éblouissante à certains égards tant elle multiplie les possibilités d'accéder à des biens immatériels de toute beauté, non seulement en facilitant l'accès direct aux merveilles accumulées par l'humanité au fil du temps mais encore en les rendant plus intelligibles et en nous permettant d'apporter, à notre tour, une contribution décisive à leur connaissance, à leur reconnaissance, à leur interprétation, à leur diffusion, à leur épanouissement et à leur croissance. En voici une magistrale illustration : la présentation par Daniel Barenboim de sa façon d'interpréter voire d'orchestrer les variations Goldberg de Jean-Sébatien Bach (vidéo de 90 minutes avec l'interprétation de l'oeuvre dans son intégralité, répétitions comprises).

12. Quand notre corps est gravement handicapé, nous pouvons dépasser cette situation et même en venir à faire, comme Alexandre Jollien, "l'éloge de la faiblesse". Que dire alors des possibilités offertes par un corps qui ne souffre pas d'atteintes invalidantes ? Elles sont à découvrir sans relâche puis à porter vers des sommets de simplicité, d'incandescence et d'unité où le moindre geste, la moindre parole témoigne de notre amour pour tous ceux que nous rencontrons au quotidien. En cherchant la perfection de la charité dans nos plus petites actions, nous sommes emportés dans un élan qui exclut tout recours à la violence. Devenus patients à l'égard de nous-même, nous le serons envers tous ceux qui ont besoin de temps pour atteindre un but que l'homme superficiel trouve ridicule.

13. S'il subsiste encore sur terre et en mer, au fond des océans et au milieu des déserts, de nombreux lieux encore inexplorés, la multitude des aventuriers qui ont sillonné notre planète et raconté leurs périples témoignent de l'intérêt de se mettre en marche pour passer d'un point à un autre ou bien pour demeurer loin des constructions humaines et de l'illusion d'une sécurité pourtant fragile. Rien de tel que de quitter quelques habitudes confortables pour s'ouvrir à l'inconnu et remettre en cause des schémas de pensée qui portent à l'inaction ou à l'agitation stérile alors que nos contemporains ont un besoin urgent de nos forces, de notre écoute, de notre compassion, de notre présence bienveillante et de notre curiosité intelligente. Rien de tel pour découvrir ce que la nature nous propose comme modèles high tech fascinants. Voir à ce propos :

Idriss Aberkane au sujet du biomémitisme.


14. Pour l'homme contemporain de bonne volonté, le passé est une source inépuisable d'inspirations et le souci de l'avenir le porte à ne jamais se laisser accabler par les défaites inévitables du court terme : il sait qu'en agissant avec droiture, il bâtit les fondations de nouvelles constructions et qu'il participe aussi à l'entretien des chefs d'oeuvre d'autrefois, que rien de ce qui est accompli avec amour ne se perd. Tôt ou tard, quelqu'un saura tirer profit de ses efforts les plus secrets pour avancer à son tour. Tout geste pensé et posé en vue de participer à l'oeuvre commune de l'humanité profite non seulement à ceux qui nous succèdent mais encore à ceux qui nous ont précédés : ceux-ci ne peuvent plus agir, sauf exceptions, de manière visible mais apprennent à travailler spirituellement selon la perfection de la charité c'est-à-dire par inspiration et non plus par contrainte forcée ; ceux-là auront ou ont encore la faculté d'oeuvrer de façon visible mais aussi invisible par la prière et ils disposent de plus en plus de moyens de communication pour connaître les voies les plus parfaites.

15. Libérés du souci de paraître, vous serez en mesure de poursuivre votre ascension vers les sommets sur lesquels une vue imprenable donne au regard d'embrasser la totalité du paysage, d'un problème à résoudre ou d'une situation à connaître sans qu'il s'égare dans les détails accessoires qui lui font perdre le tracé des grandes lignes. Le moindre zéphir ne déviera plus votre course et ne cassera plus votre élan. 

16. Soyez toujours assurés qu'en de nombreux lieux de la planète Terre d'autres jeunes aspirent comme vous à un monde meilleur et si vos proches vous déçoivent par leur attitude nihiliste, nombriliste et défaitiste, matérialiste, mercantile ou infantile, mettez vous en marche pour rencontrer ceux qui ont retroussé leurs manches, qu'ils aient votre âge ou qu'ils soient d'une autre génération : le coeur a ses raisons que la raison vieillissante ou maladive ne connaît pas. 

17. Jamais notre monde n'a offert autant de possibilités de venir en aide à ceux qui, laissés à eux-mêmes, ne pourraient s'en sortir seuls. Dès que vous prendrez part à une action collective qui oeuvre avec amour pour les plus pauvres, vous serez étonnés des trésors d'inventivité, de patience et d'abnégation qui se déploient jour après jour, de manière si discrète et si humble que le monde des paillettes et des illusions n'en a pas la moindre idée. 

18. Ceux d'entre vous qui sont déjà engagés auprès des laissés pour compte d'une course folle aux profits malhonnêtes ont découvert le "deux poids, deux mesures" que l'injustice des hommes entretient avec malice au bénéfice de quelques personnes juchées sur des hauteurs factices qui les hissent artificiellement au-dessus des autres hommes jusqu'au jour où elles chutent lourdement. 

19. Que le vice paraisse récompensé ou protégé en ce monde ne doit jamais vous détourner d'oeuvrer en secret pour un bien invisible mais bien réel. N'attendez pas d'être récompensés pour continuer à vous donner là où votre coeur profond vous appelle, là où votre conscience devient de plus en plus claire, là où le moindre sourire vous donne une joie sans partage, là où le sens de votre mission devient de plus en plus net même s'il vous faudra, un jour ou l'autre, traverser des zones de turbulences, des passages obscurs, des moments où tout vous semblera perdu ou à refaire.

20. Voyez grands, soyez magnanimes, soyez ambitieux mais sans prétentions excessives. Tenez compte de vos limites physiques en particulier. Votre corps a ses propres lois. Il est toujours risqué voire dangereux de les enfreindre. N'ayez jamais recours à des substances qui modifient sensiblement votre comportement, qu'il s'agisse d'alcools trop forts pour vous, de psychotropes ou de médicaments trop puissants pour la physiologie de votre corps. Beaucoup de jeunes se laissent entraîner dans des labyrinthes infernaux. Ils y perdent la maîtrise de leurs plus belles facultés et même des fonctions les plus élémentaires de leur organisme. Vous rencontrerez des personnes ravagées dès le plus jeune âge et handicapées par des dommages irréversibles en raison d'excès précoces, notamment avant la fin de leur croissance corporelle et avant le terme du processus majeur d'organisation neuronale (25 ans). Si vous avez l'impression d'avoir atteint un palier dans quelque performance que ce soit, interrogez-vous d'abord et longuement sur les causes de cet obstacle. Ne songez pas trop vite à l'anéantir et à le dépasser. Sans doute s'agit-il pour vous d'une alerte salutaire. Peut-être vous protège-t-il d'un accident ou d'un malheur irréversible. Sachez donc vous reposer. N'ayez pas honte de vous arrêter, de dire que vous ne pouvez pas dépasser telle ou telle limite dans l'immédiat. Apprenez à vous détendre. Les records obtenus par l'absorption d'adjuvants dangereux pour la santé ne valent rien. Ils sont plus que délictueux lorsqu'ils incitent d'autres personnes à les égaler ou même à les dépasser. Ce sont de véritables crimes car les défis qu'ils proposent sont contraires aux limites naturelles de tout corps fini.

21. Résistez aux messages qui vous font miroiter des succès faciles après vous avoir fait désirer des choses misérables, sans le moindre intérêt voire tout à fait nocives pour vous. Si le succès est bien d'obtenir ce que l'on désire, il n'y a aucune gloire véritable à obtenir ce qui n'exige aucun effort, aucune conquête, aucune ascèse. Distinguer bien succès et bonheur, ce bonheur qui est de me réjouir de ce que j'ai déjà avant même de penser obtenir autre chose. Une fois que je suis capable d'exprimer de la gratitude pour ce que j'ai, ce que j'ai reçu, ce que je reçois sans cesse, je peux commencer à éliminer le superflu, tout ce qui m'encombre, tout ce qui m'empêche d'avancer pas à pas, jour après jour. Une fois que j'aurai éliminé le superflu, il me faudra encore m'exercer à demeurer immobile, heureux d'être qui je suis même si, évidemment, je ne suis pas parfait ! Au lieu de perdre un temps fou à m'examiner sous toutes les coutures, à dénicher les défauts de la cuirasse, je penserai qu'il n'y a aucune honte à être vulnérable et imparfait. Nul n'est un surhomme invincible en dépit de ce qu'affirment tant de modèles illusoires. Plus j'essaierai de me blinder, plus je deviendrai fragile et manipulable. Il me faut, au contraire, prendre le temps de cultiver ma sensibilité. C'est elle qui m'alertera dans les situations où l'essentiel est en jeu. C'est grâce à ma sensibilité que je pourrai être réceptif aux signaux faibles de mon environnement, à tout ce bien d'origine divine qui ne fait pas de bruit mais qui m'alerte à toute heure pour m'aider à prendre de justes décisions, à m'engager sur un chemin qui en vaut la peine et à tenir avec courage dans les épreuves. C'est grâce à ta sensibilité que tu pourras entendre et vraiment écouter les appels de détresse d'autrui même lorsque celui-ci n'aura plus la force d'exprimer ses peines et ses besoins. Demeure fidèle dans tes engagements magnanimes, ceux qui dépassent la raison raisonnante par l'élan de leur ambition et, alors, tu verras des merveilles

Pour aller plus loin :  entretien de Thierry Casasnovas et de Mickaël Vendetta.

23. Au fil des jours, tu découvriras des savoirs élémentaires que l'on oublie si souvent d'enseigner : bien respirer, bien marcher, bien boire, bien se nourrir matériellement et spirituellement, bien mastiquer et bien assimiler ! (voir : gestes politiques à la portée de chacun d'entre nous sur : france2022.blogspot.fr/). Sans ces connaissances pratiques de base, nous percevons l'existence quotidienne comme un fardeau et la vieillesse comme un naufrage alors qu'avancer en âge peut être tout à fait réjouissant : bien des choses qui paraissaient effrayantes perdent leur pouvoir d'intimidation quand nous avons appris à les considérer avec assez de recul ; bien des choses qui nous paraissaient insignifiantes dans notre jeunesse auront fini par se révéler et auront réussi à nous sortir de nos aveuglements coupables. Ces "petites" choses auront même le pouvoir de nous émerveiller dans la mesure où nous aurons pris soin d'en apprendre le langage.

24. Ne vous laissez jamais impressionner par ceux qui doivent leur succès à des manigances et à des mensonges. Etre mondialement connu n'est pas un gage d'honnêteté, de beauté intérieure, de fiabilité ! Considérez avec beaucoup d'attention et de sympathie ceux qui ont dû affronter de grands obstacles, qui ont été pourchassés, combattus et torturés parce qu'ils avaient osé dire une vérité dérangeante pour leurs contemporains ou leurs bourreaux. Leurs exemples nous aident à ne pas perdre courage dans les épreuves. Vous en trouverez des exemples édifiants dans le livre : "Le leadership vertueux" d'Alexandre Dianine-Havard.

25. Depuis quarante ans, nous sommes, en France et dans bien d'autres pays, les rescapés d'un immense génocide qui a fauché un quart des générations montantes. Songer au suicide, à s'abrutir ou à se détruire, c'est prolonger ce gâchis abominable, c'est donner raison à tous ceux qui pensent que nous sommes déjà trop nombreux sur terre or toutes les pénuries que nous pouvons constater aujourd'hui ne tiennent pas au manque de produits ou de ressources mais à leur répartition injuste, à des conflits qui entravent la libre circulation des biens et des personnes, à des modes de production ou de consommation aberrants ou encore à des gaspillages multiples.

26. Renoncer à trouver sa place en ce monde, à chercher dans quelle mission je vais pouvoir épanouir mes talents et servir tous ceux qui attendent le déploiement de mon imagination et de mon énergie, c'est donner raison à tous ceux qui pensent que le monde serait voué à une inexorable décadence, à tous ceux qui ne raisonnent qu'en terme d'entropie parce qu'ils oublient que le vivant échappe en partie à la montée du désordre et à la destruction. Pour tout homme, la dégradation progressive de son corps physique n'est pas le dernier mot de son histoire. Même pour celui qui n'ose pas croire en un au-delà pour lui-même, subsistera l'empreinte de son passage sur terre, non seulement par le témoignage de ses oeuvres aussi modestes soient-elles mais encore par le retentissement de ses actes et de ses pensées à travers les générations qui lui furent contemporaines.

27. Chaque fois que je m'enferme dans des visions à court terme, j'ai intérêt à porter mon regard plus loin et à penser en terme d'immortalité : même si je ne devais pas ressusciter un jour, tout ce que j'entreprends en résistant à l'air du temps maussade, tout ce que je fais avec amour a une valeur d'éternité et pourra nourrir des générations d'hommes et de femmes (voir à ce propos : "réfléchir c'est résister à soi-même" - Entretien avec Olivier Houdé). Il suffit de songer aux répercussions toujours actuelles des travaux, des découvertes, des écrits, des réalisations de la Préhistoire, de l'Antiquité ou du Moyen-Agen pour mesurer à quel point chacun d'entre nous fait partie d'une longue chaîne de vivants qui oeuvrent les uns pour les autres. En se découvrant chaque jour davantage héritiers d'un monde ancien, nous prenons conscience de notre rôle de témoin, de trait d'union entre un passé et un avenir reliés par d'innombrables fils, les fils et les filles du Très-Haut qui ne redoutent pas d'être un parmi des myriades d'êtres humains, chacun à sa juste place, même quand toutes les apparences semblent anéantir tout espoir de trouver un jour où se situer : rivés à nos tâches quotidiennes, il nous est impossible d'avoir une connaissance parfaite de l'harmonie de l'ensemble, de cette mosaïque humaine dont la splendeur intégrale échappe à notre regard purement terrestre.

28. Ce regard capable de prendre du recul, de changer de point de vue, de prendre assez de hauteur est pourtant encouragé par les progrès techniques qui modifient en profondeur notre environnement. La Toile, par exemple, n'est pas seulement un monde virtuel. Elle est le témoin vivant de l'incessante activité des hommes. Pour qui veut bien prendre le temps d'explorer ses ressources captivantes, la Toile offre un panorama saisissant d'un monde en effervescence où s'entrechoquent les idées et les points de vue, non pas seulement en vain comme le croient les esprits sceptiques mais afin que chacun trouve un jour un chemin qui le conduira en des lieux inattendus et l'entraînera dans une aventure qui le transformera à tel point que ses proches seront étonnés de le voir passer du statut de vieil homme à celui d'homme neuf. La Toile est neutre. Elle peut enfermer l'un dans des pièges redoutables et libérer un autre des entraves qui l'immobilisaient. S'y côtoient le pire et le meilleur puisqu'elle résulte des activités humaines. A chacun de se tenir à la distance qui lui permettra d'aller plus loin, de rester libre de toute idolâtrie. Voir en particulier : "Pourquoi deviennent-ils djihadistes ?" sur le blog : france2022.blogspot.fr/

29. Les possibilités croissantes du virtuel risquent cependant de nous éloigner dramatiquement du réel, des choses, des corps en chair et en os, du vivant et de ses aléas, de l'incertitude stimulante. Le risque est grand de s'enfermer dans des routines rassurantes, dans des schémas addictifs qui nous abstraient d'une réalité rugueuse. On commence certes par se droguer en groupe quand on n'ose pas se lancer seul ou par effet d'entraînement mais on finit tôt ou tard dans l'isolement le plus complet, rejeté d'abord par un entourage qui n'en peut plus de notre apathie ou de nos troubles du comportement, puis marginalisé par tout un chacun, des voisins, des collègues de travail, des camarades et même des amis, des passants ... qui ont d'autres chats à fouetter que de nous tendre la main. Dans un monde en quête de performances individuelles excessives, les "bien-portants" se délestent vite de tous ceux qu'ils perçoivent comme des boulets : ils leur préfèrent quelques soumis de bonne composition et capables de bosser pour eux. Caricature, certes, mais esquisse d'un monde où l'homme devient un loup pour l'homme dès lors que chacun s'enferme dans une bulle protectrice pour ne pas voir, ne pas entendre, ne pas sentir et ne pas toucher ce qui se passe à deux pas de lui-même.

30. Héritiers d'un monde en gestation, qui souffre des douleurs de l'enfantement, vous pouvez apporter cette puissance qui fait défaut à tous ceux qui s'endorment et se résignent à la casse des plus faibles, des hors compétition, des perdants et des laissés pour compte. Il ne s'agit pas seulement de s'indigner ou de se révolter en paroles mais de retrousser vos manches et de vous mettre en marche pour venir en aide, porter secours là où vous transportera l'accomplissement de votre "légende personnelle" (cf. "L'Alchimistede Paulo Coelho) sans fard et sans tricherie. Chacun d'entre vous est porteur d'un message d'Espérance tout au fond de son coeur. Il lui appartient d'en décoder les secrets les plus intimes pour révéler au monde un visage inattendu de l'Amour en actes. Chacun a le pouvoir de transformer le plomb d'une existence morne et insipide en l'or d'une vie exaltante et intrépide, parfois sous des dehors bien ordinaires, mais cela ne se fait pas en un seul jour même si une seule décision prise au bon moment y contribuera grandement. Le surgissement d'un choix radical et salutaire adviendra subitement dès lors qu'il aura mûri longuement dans les profondeurs d'une âme en quête de lumière, de vérité, de beauté et de fraternité.

31. Dépositaires des trésors d'un monde ancien, vous avez subi, vous subissez et vous subirez les conséquences des erreurs de vos prédécesseurs. L'admiration pour les merveilles du passé n'exclut pas de critiquer à bon escient tout ce qui exerce encore son pouvoir de nuisance. Le combat que vous mènerez pour réduire l'influence des positions  ou des choix nuisibles et leurs méfaits sera d'autant plus sain et juste, efficace et fructueux, efficient et fertile que vous éviterez de chercher des coupables faciles, ceux que les foules en colère et que les vautours organisés en bande se plaisent à désigner à la vindicte populaire. Prenez le temps d'analyser ce qui vous paraît néfaste. Vous découvrirez des causes profondes et cachées. Cela vous évitera de n'agir qu'en surface sur de simples symptômes ou pour ne contrer que des risques imaginaires. Voir par exemple à ce sujet : "La fabrique de malades" du docteur Sauveur Boukris ou "Alertes grippales" du docteur Marc Girard.

32. Par votre dynamisme et par votre goût de vivre, par votre esprit d'entreprise et votre insouciance, par votre audace et votre générosité, par votre Foi, votre Espérance et votre Charité, vous parviendrez à renverser la tendance mortifère qui s'est installée en de nombreux endroits de la planète, en Europe et notamment en France, tendance qui conduit aujourd'hui beaucoup d'hommes et de femmes à choisir la mort d'un tout petit avant sa naissance sous prétexte que son existence entière serait menacée par des conditions initiales trop incertaines, sous prétexte que sa venue au monde mettrait en péril ce qui existe déjà, comme si toute nouvelle naissance ne portait en elle des trésors insoupçonnés qui sont capables de prodiges, lorsqu'ils sont acceptés avec gratitude. Raisonner sans en tenir compte, c'est se tromper immanquablement sur le génie de la Providence : là où la désespérance paraît l'emporter, la Providence parvient à retourner les situations pourvu qu'Elle soit invoquée et suivie à travers les signes qu'Elle ne manque jamais d'offrir à qui les Lui demande. L'enfant à naître, comme la graine en train de germer, apporte toujours des provisions utiles à son développement et à sa sauvegarde, à moins que nous choisissions de contrer violemment le cours de son existence.

33. Rappelez-vous sans cesse qu'il n'y a pas d'avortement heureux et que la souffrance arrive tôt ou tard, parfois des dizaines d'années après. Ne vous fiez jamais à ceux qui prétendent qu'un tel acte est anodin car s'il peut passer inaperçu, ce qu'il engendre de douleurs et de souffrances ne reste jamais contenu : plus ses conséquences tardent à se manifester, plus elles risquent de surgir là où on ne les attendait pas du tout et quand elles n'arrivent pas à s'exprimer en paroles, elles le font en maux corporels et spirituels. Mère Teresa disait justement que l'IVG ne détruit pas une seule vie mais deux : celle de la mère et celle de l'enfant. Seul l'Amour incarné arrive alors à redonner vie à l'un et à l'autre, au prix d'un travail considérable. Voir à ce propos l'Encyclique de Jean-Paul II : "Evangelium vitae".

34. Où que vous soyez, vos pensées, vos paroles, vos attitudes et vos actions en faveur d'une vie menacée par de nombreux intérêts bassement utilitaristes et mercantiles ou par des visées malthusiennes porteront remède à des situations d'apparence désespérée. Elles éviteront aussi la mort d'une personne sans défense, d'un petit que même sa "mère" était prête à supprimer tel un simple gêneur.

35. Aujourd'hui comme hier, d'innombrables défis vous attendent. Ils solliciteront toutes vos facultés et mobiliseront toutes vos énergies dès lors que vous aurez l'audace et le courage de les relever. Certains défis sont bien connus : respect de l'environnement, des sols, de l'air, de la biodiversité, ... ; gestion de l'eau et des ressources terrestres ; dépollution ; production et distribution d'une nourriture saine ; développement de l'accès à des soins intelligents ; passage d'une économie matérielle à une économie de plus en plus immatérielle ; innovation technique ; ... Cependant bien d'autres défis majeurs vous attendent pour devenir d'authentiques témoins entre deux mondes, celui qui vous a précédés et celui qui vous succédera. Comment discerner ce qui vaut la peine d'être gardé, ce qu'il vaut mieux abandonner et ce qui doit être préparé ? Vaste question qui demande à chacun d'entre nous de savoir faire le tri jour après jour, de savoir se renouveler sans pour autant rejeter tout l'acquis. Chantier exigeant et immense du discernement personnel qui demande d'aller au-delà des apparences et de chercher au fond de soi-même les raisons ultimes de tel ou tel choix. Nous pouvons certes tourner autour du pot pendant un long moment mais vient toujours l'instant d'une décision radicale qui engage l'avenir de manière irréversible. Suis-je prêt à m'engager sans espoir de retour ? Suis-je en mesure d'assumer les conséquences de mes choix sans aller accuser tel ou tel de m'avoir fourvoyé, de m'avoir trompé, de ne pas m'avoir averti ... ?

36. Quand je "choisis" de prendre une substance qui modifie mon comportement, je dois savoir qu'elle a d'autres effets fonctionnels et structurels : elle atteint la physiologie de mon corps et le transforme même dans son organisation de sorte qu'il peut arriver un jour où je perdrai les commandes, où je ne serai plus maître de mes décisions, où des automatismes me feront agir contre ma propre volonté, contre ma propre intégrité, contre des proches, contre des personnes complètement innocentes de mes malheurs. Ce jour-là, si je ne rencontre personne en chemin pour m'aider en véritable ami, je serai à la merci de n'importe quelle petite frappe mal intentionnée qui aura tôt fait d'abuser de ma faiblesse et de me plonger dans une détresse bien pire que celle qui m'avait conduit(e) à sortir des sentiers battus juste pour voir, juste pour essayer, juste pour m'évader d'un quotidien trop morne ou d'un passé accablant.

37. Nos prédécesseurs nous ont laissé des signes manifestes de la hardiesse des hommes capables de se lancer dans des chantiers titanesques. Ainsi en témoigne l'ouvrage paru en 1973 à Milan, en Italie sous le titre : "Grandi lavori dell'uomo", et en France chez Casterman sous le titre : "Les grands travaux de l'humanité". 


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Y sont exposés et illustrés les récits époustouflants de la construction des Pyramides d'Egypte, de la Grande Muraille de Chine, des Voies romaines, du Transcontinental, du Canal de Suez, du Tunnel du Simplon ainsi que la pose du Câble transatlantique et que l'assèchement du Zuidersee, autant de témoignages qui nous invitent à ne pas baisser les bras puisque d'autres chantiers encore plus vastes nous attendent.

38. Alors que s'ouvrent aujourd'hui, 26 juillet 2016, en la fête de Ste Anne, les JMJ de Cracovie en Pologne, cette lettre se poursuit pour vous inviter à considérer de nouveau et sans vous lasser, sans vous décourager, les nombreux défis qui vous attendent. Une seule image, celle des bidonvilles du Caire et de tant d'autres mégalopoles, suffira pour en donner l'ampleur. 

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Il reste encore beaucoup de travail à accomplir pour que des millions d'êtres humains vivent dans des conditions au moins décentes. Ce travail a déjà été accompli dans certains pays comme la France après la seconde guerre mondiale. Ce qui a été possible autrefois ne l'est pas moins aujourd'hui. C'est une question de volonté et de perception : ne pas considérer l'état de délabrement des habitats comme une fatalité, cesser de considérer les hommes comme des êtres de trop sur une planète qui serait soit disant trop petite et agir pour donner à chacun une part vraiment digne d'une terre capable d'accueillir des dizaines de milliards d'êtres humains à la condition qu'un petit nombre ne confisque pas les ressources destinées à tous.

39. Tandis que d'immenses défis scientifiques vous attendent, gardez comme un trésor et un avertissement précieux ces mots d'un grand savant : 

"Défie-toi de ton esprit ; il t'a si souvent trompé ! Comment pourrais-tu encore compter sur lui ? Quand tu t'efforçais de devenir philosophe, tu sentais déjà combien est vain cet esprit qui consiste en une certaine facilité à produire des pensées brillantes. Aujourd'hui que tu aspires à devenir chrétien, ne sens-tu pas qu'il n'y a de bon esprit que celui qui vient de Dieu ? L'esprit qui nous éloigne de Dieu, l'esprit qui nous détourne du vrai bien, quelque pénétrant, quelque agréable, quelque habile qu'il soit pour nous procurer des bien corruptibles, n'est qu'un esprit d'illusion et d'égarement. L'esprit n'est fait que pour nous conduire à la vérité et au souverain bien. Heureux l'homme qui se dépouille pour en être revêtu ! Qui foule aux pieds la vaine sagesse pour posséder celle de Dieu. Méprise l'esprit autant que le monde l'estime ; ne conforme pas tes idées à celles du monde, si tu veux qu'elles soient conformes à la vérité. La doctrine du monde est une doctrine de perdition. Il faut devenir simple, humble, et entièrement détaché avec les hommes ; il faut devenir calme, recueilli et point raisonneur avec Dieu. La figure de ce monde passe ! Si tu te nourris de ses vanités, tu passeras comme elle. Mais la vérité de Dieu demeure éternellement ; si tu t'en nourris, tu seras permanent comme elle. Mon Dieu ! que sont toutes ces sciences, tous ces raisonnements, toutes ces découvertes du génie, toutes ces vastes conceptions que le monde admire et dont la curiosité se repaît si avidement ? En vérité rien que de pures vanités. Etudie cependant, mais sans aucun empressement. Que la chaleur déjà à demi éteinte de ton âme te serve à des objets moins frivoles. Ne la consume pas à de semblables vanités. Prends garde de ne pas te laisser préoccuper par  les sciences comme ces jours passés. Travaille en esprit d'oraison. Etudie les choses de ce monde, c'est le devoir de ton état, mais ne les regarde que d'un oeil ; que ton autre oeil soit constamment fixé vers la lumière éternelle. Ecoute les savants, mais ne les écoute que d'une oreille. Que l'autre soit toujours prête à recevoir les doux accents de la voix de ton ami céleste. Ne te sers que d'une main. De  l'autre tiens-toi au vêtement de Dieu comme un enfant se tient attaché au vêtement de son père. Sans cette précaution, tu te briserais infailliblement la tête contre quelque pierre. Que je me souvienne toujours de ce que dit saint Paul : "Usez de ce monde comme n'en usant pas." Que mon âme, à partir d'aujourd'hui, reste ainsi unie à Dieu et à Jésus-Christ. Bénissez-moi mon Dieu !" 

Ampère, "La Science et la Foi", Librairie Grasset, 1936, p.134.


40. L'ampleur des nombreux défis qui vous attendent risque de vous décourager lorsque vos faiblesses se manifestent et vous font éprouver votre petitesse et même votre nullité voire votre néant. Arrêtez-vous un instant pour ne pas en rester à un constat d'échec, aussi patent soit-il. "Je suis nul", "je ne vaux rien", "jamais je n'y arriverai", ... autant de raisons d'écrire une longue suite de zéros : 0000 ... Que manque-t-il ? Un chose toute simple : l'unité. Celle que je peux acquérir en demeurant en communion avec Dieu (et toute l'humanité, sans exclure quiconque, même mon pire ennemi). J'écrirai alors le chiffre "1" devant cette suite de nullités et, plus je serai nul, faible, ..., plus je serai humble, plus j'obtiendrai un grand nombre : 1000000 ... Plus aucun défi ne me rebutera ni ne me découragera : avec Dieu, avec tous les hommes considérés comme des frères (fils d'un même Père), comme des alliés, je sais que nous vaincrons ensemble tous les obstacles qui nous empêchent encore de vivre en paix, dans le droit et la justice, en pardonnant et en osant demander pardon.


41. Parmi les défis les plus redoutables, il en est un dont se gaussent quelques esprits "supérieurs" : apprendre à me connaître et accepter de voir ce que j'entrevois de moi-même et de mes relations avec les autres à un instant donné (A ce propos : voir la fenêtre de Johari). Demain je verrai autre chose et chaque jour qui passe m'apportera un nouvel éclairage. Si je n'en reste pas à mes petites vues, si je consens à me laisser regarder par d'autres, si je me laisse éclairer de l'intérieur par l'Insaisissable, le Tout Autre, je découvrirai que tout regard vrai ne m'enferme pas dans telle ou telle catégorie mais m'invite à sortir de l'immobilisme et de la mise en boîte pour entrer dans un profond mouvement de conversion afin de trouver peu à peu l'attitude juste en toutes circonstances, celle qui s'accorde à la volonté divine, celle qui révèle le visage de l'Amour et l'étendue de toutes ses perfections. Je ferai enfin l'expérience d'un retournement jubilatoire : la joie n'est pas illusion et la vérité n'est pas triste. C'est l'inverse ! La vérité est source de joie et l'illusion rend triste. 

(cf. à ce sujet les écrits d'André Comte Sponville. En particulier son "Petit traité des grandes vertus".)


42La connaissance vraie, authentique, féconde suppose d'être attentif à ce qui ne saute pas aux yeux, à la part invisible qui constitue toute chose, toute réalité, en veillant à ne pas séparer de manière artificielle et finalement stérile la part visible de celle qui ne le serait pas. Georges Bernanos exprime cela de façon saisissante à propos de l'Eglise : "On a tort de raisonner comme si l’Eglise visible et l’Eglise invisible étaient en réalité deux Eglises, alors que l’Eglise visible est ce que nous pouvons voir de l’Eglise invisible, et cette part visible de l’Eglise invisible varie avec chacun de nous.