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samedi 23 mars 2019

France2022 : Lettre ouverte aux agents de la fonction publique (réédition)


Pour un délinquant, 
les premiers témoins d'humanité 
sont souvent les flics, 
les gendarmes, les juges, les éducateurs.
Ces métiers sont ingrats et difficiles, c'est vrai. 
Ils sont aussi primordiaux.
Un flic qui propose gentiment un sandwich, 
qui offre une boisson 
et qui ne traite pas un suspect comme un chien, 
on s'en souvient.
Dans un interrogatoire, 
une véritable affinité peut surgir. 
J'en ai été témoin. 
Les punisseurs peuvent être 
des semeurs de prévention. 

Lettre ouverte à mon père, 
Président de la France






Voir aussi cette excellente vidéo de Thierry Casasnovas 
sur le thème de la semence : "Sème la vie".



Chers compatriotes,


1. Cette lettre fait suite à la tribune : Eloge de la fonction publique du projet France 2022. Dans les temps que nous allons vivre, chaque citoyen français aura besoin d'un surcroît de vigilance de votre part. Vous pouvez devenir des remparts contre les déferlantes qui s'abattent sur notre pays et menacent, de toutes parts, ce qui est fragile, ce qui paraît négligeable, ce qui n'a aucun prix aux yeux d'un monde en perdition mais qu'un monde qui souffre dans les douleurs de l'enfantement est capable d'apprécier à sa juste valeur.

2. Voilà plus de quarante ans, une loi scélérate, la dépénalisation de l'AVG (arrêt volontaire de grossesse), a rendu vos missions de plus en plus difficiles à exercer. En apporter la preuve complète ici serait trop long mais, en deux mots, nous pouvons affirmer ceci : à partir du moment où les plus faibles d'entre nous ne sont plus protégés par la loi, tout l'édifice juridique menace ruine puisque toute disposition protectrice prescrivant ce qui est légal est censée protéger ceux qui n'ont pas les moyens de se défendre contre de plus forts qu'eux. Pour vous qui êtes aux avant-postes des crises majeures que traverse notre pays, les preuves accablantes des ravages de l'IVG sont votre lot quotidien. Nul besoin de s'y attarder ici. Vous en êtes les témoins chaque jour.

3. Cette loi inique a engendré la plus grande confusion, notamment entre le légitime et le légal. A partir du moment où l'illégitime - le meurtre d'un être humain dans le sein de sa mère - est rendu légal, toute action illégitime s'engouffre dans la brèche ouverte pour réclamer son dû, ses dérogations, ses passe-droits, ses privilèges : des arguments qui la justifient, des dispositions juridiques qui l'entérinent, des mensonges qui la revêtent de légitimité factice. Et ce, au nom de principes généraux tournés en dérision : la liberté, l'égalité, la fraternité, ... Au nom de la liberté pour une femme de disposer de son corps, lui est accordée la liberté de faire exécuter celui qu'elle porte. Le comble de l'horreur quand on prend le temps d'y réfléchir et une forme de suicide pour elle qui se prive ainsi d'un trésor, en dépit des apparences immédiates car l'enfant, même non désiré ou inattendu, même gravement handicapé et a fortiori en bonne santé, n'est pas seulement un poids, une charge, un souci, une contrainte, ... mais il porte un message d'une importance capitale pour qui veut bien l'accueillir et l'entendre.

4. Quand l'illégitime devient légal, on peut s'attendre à ce que le légitime devienne illégal ou que le légal perde sa légitimité et son autorité. Par exemple, s'opposer à la culture de mort qui a envahi la France depuis 1975 (voir à ce sujet la tribune : "Abolition de la mort des tout petits en gestation"). Opposition qu'un Etat dévoyé cherche de plus en plus à sanctionner et même à rendre passible de condamnation pénale. Autre exemple d'une brûlante actualité : la multiplication des propositions pornographiques dont la loi est censée protéger les mineurs mais que nul rempart sérieux ne préserve désormais.

5. Pourquoi est-il devenu si difficile en France d'enseigner, de secourir, d'arrêter les actes de violence, de protéger les hommes, les femmes ou les enfants maltraités, de défendre les sans grades et les exclus, de faire respecter de simples règles de civilité ou de politesse usuelle, de sanctionner les actes délictueux ... ? Serait-ce parce que le monde tendrait inéluctablement vers un état de délabrement ? Serait-ce en raison de l'entropie de tout système physique fermé ? La vie n'est-elle pas cependant, par essence, néguentropique ? Notre monde, à l'échelle humaine, n'est-il pas ouvert ? Serait-ce parce que les hommes et les femmes de ce temps seraient pires qu'autrefois ? Parce que tout fout le camp ? Parce que les fonctionnaires et autres agents de la fonction publique ne travailleraient pas assez ? Parce que nos sociétés tendraient vers toujours plus de violence manifeste ? (ce qu'une étude statistique dément formellement sous le titre "paradoxe de la violence" dès lors que l'on ne tient pas compte de la violence la plus cachée ou tout simplement niée comme l'avortement ou le trafic d'organes ou l'esclavage).

6. A la réflexion, on s'aperçoit que les réponses à courte vue ne rendent pas compte du phénomène engendré par la libéralisation de l'avortement : lorsque les personnes sans défense ne sont plus protégés par la loi, chacun d'entre nous risque, un jour ou l'autre, de tomber sous le coup d'une condamnation imbécile, d'une action meurtrière, d'une basse manoeuvre et tout délinquant potentiel ou actif aura beau jeu ensuite de comparer ses méfaits à ceux de médecins criminels. Quand il aura brûlé des voitures, braqué une banque, détroussé de riches marchands ou de pauvres vieillards ; quand il aura violé, ... il pourra toujours se placer au-dessus de ces bourreaux des temps modernes et faire valoir qu'il n'a pas été jusqu'à tuer un sans défense dans le sein de sa mère. Comparaison orgueilleuse et scandaleuse, évidemment, mais qui ouvre la porte d'une rédemption possible : quand des professionnels de santé sans âme ou épris de fausse générosité s'en prennent sans remord à des vies pleines de promesses, même celui qui a du sang sur les mains par égarement, vanité ou violence trop ordinaire, peut espérer sortir un jour d'un cycle infernal à condition de trouver sur son chemin un visage d'humanité et d'entendre enfin une parole qui lui montre une direction salutaire : le meurtre n'est jamais la fin d'une histoire dès lors que le pardon parvient à frayer son chemin au milieu des embûches que dressent sur son passage l'ignorance, l'orgueil, le ressentiment, l'amertume ou l'arrogance. 



7. Comment pouvez-vous, dans l'exercice de vos fonctions publiques enrayer l'hémorragie qui entraîne la France et l'Europe dans une impasse et les conduit au suicide tout en les incitant à se replier ? Chacun d'entre vous trouvera les moyens qui conviennent le mieux aux contraintes et aux latitudes de sa situation. Soyez "prudents comme des serpents et simples comme des colombes" (Mt 10, 16). Ne prenez pas le risque de vous exposer en solitaire et dangereusement même pour une cause aussi noble que de défendre tous ceux qu'un monde devenu fou élimine ou tente d'éliminer. N'agissez pas seul, non seulement pour vous soutenir mutuellement mais encore pour déterminer ce qu'il convient de faire au cas par cas.

8. Votre champ d'action est beaucoup plus vaste qu'il n'y paraît au premier abord. Vous pouvez donc agir en faveur de la vie de tous sans mettre en péril votre carrière et ceux qui dépendent de votre travail car il ne s'agit pas d'abord de contester des dispositions légales mortifères mais de faire en sorte qu'elles ne trouvent plus d'écho dans la société civile et tout fin connaisseur de la fonction publique sait que le soi-disant impossible pour ces haut-gradés (qui se réservent les coups de maître, les interventions d'éclat à fort retour d'investissement ou les manoeuvres subtiles qui étoffent le réseau des bons copains ...) devient possible pour un agent lambda de la fonction publique qui ne se laisse pas arrêter par des freins imaginaires et n'a cure de sa renommée : un texte de loi mauvais, un règlement administratif médiocre, ... n'empêche pas un fonctionnaire intelligent et déterminé d'agir dans le sens d'un bien supérieur et ne lui interdit pas de "semer la vie" jour après jour. En l'occurrence : choisir la vie d'un être en gestation plutôt que de se rendre complice de son élimination et de sa destruction.

9. Voici l'un des points de vigilance qu'il vous faudra tenir, contre vents et marées : vous "battre" sans relâche pour que le gouvernement français ne réduise pas le nombre des agents de la fonction publique à la portion congrue. Une conception erronée de l'organisation des sociétés dites avancées tend en effet à vouloir réduire de plus en plus la fonction publique en usant de mille prétextes aussi fallacieux les uns que les autres : possibilités nouvelles d'automatiser certaines tâches, manque d'argent public, amélioration de la qualité des services par mise en concurrence, ... Chacun de ces arguments peut être valable dans un contexte donné et peut être contesté dans d'autres situations. Vous "battre" intelligemment, bien sûr, c'est-à-dire en veillant toujours à ne pas braquer contre vous les bénéficiaires de vos services. Vous "battre" avec honnêteté c'est-à-dire en justifiant vos actions par des raisons solides qui se fondent non pas seulement sur la défense de vos propres intérêts mais aussi sur la sauvegarde de l'intérêt général, du bien commun et toujours en vue d'un bien supérieur ou d'un moindre mal. Cette approche permet d'échapper au manichéisme qui prétend tout régler par l'opposition entre le bien et le mal car, si cette séparation est essentielle pour le discernement et pour le jugement, toute conduite effective et affective honnête trace le plus souvent son chemin dans un maquis où se mêlent le bon grain et l'ivraie, un maquis où il faudra choisir entre deux maux le moindre, entre deux biens, le meilleur.

10. Dans votre défense d'effectifs et de moyens bien calibrés, ne vous laissez jamais intimider par les tenants d'une dérégulation touts azimuts qui estiment que tous les autres sont de trop sur cette planète sauf ... eux-mêmes ! Ne vous laissez jamais impressionner par tous ces indispensables qui ne voient dans les autres que des pions interchangeables, des coûts soi-disant insupportables et qui oublient de mettre en balance les dépenses et les recettes. S'ils savaient compter, il y a longtemps qu'ils auraient mis fin au massacre des saints innocents ... Si leurs raisons étaient vraiment valables, ils auraient, depuis belle lurette, fait en sorte que la dette publique ne s'envole pas ; ils ne dépenseraient pas sans compter les deniers publics pour leurs petites affaires personnelles ; ils n'auraient pas, dans certaines circonstances scandaleuses, brader le patrimoine public au bénéfice de quelques intérêts privés tout heureux de mettre la main sur des pépites de grande valeur ou des poules aux oeufs d'or de la France.

11. Deuxième point de vigilance : résistez sans crainte et farouchement à toute tentative de prédation de l'espace public et de ses trésors par des acteurs qui vont profiter de la faillite imminente de l'Etat français pour s'emparer des "joyaux de la couronne". Comme en 1940, lors de l'évasion de l'or de la Banque de France, vous aurez à faire preuve de beaucoup d'ingéniosité et de sang froid pour mettre à l'abri du vol ce qui peut être encore sauvegardé. Des missions exaltantes vous attendent : veiller sans cesse sur un patrimoine français exceptionnel, accumulé par des générations d'hommes et de femmes prévoyants qui pensaient à long terme et ne raisonnaient pas seulement en terme de rentabilité maximale à très court terme.

12. Méfiez-vous comme de la peste de ces prestataires externes sans scrupules, de ces consultants malhonnêtes (il en existe d'honnêtes, bien sûr) qui fourbissent des formules magiques et prétendent connaître mieux que vous le fonctionnement d'une administration et qui ne pensent, au fond, qu'à plaquer leurs recettes peut-être excellentes pour une organisation soumise à une concurrence internationale mais sans intérêt pour un service public de qualité qui n'a pas pour point de mire un profit juteux au détriment des plus pauvres mais qui est d'abord animé par le souci de répondre aux plus nécessiteux comme à ceux qui ne manquent de rien en respectant un principe élémentaire d'équité et selon des procédures dont les contraintes manifestent de nobles exigences. S'il est certes possible aujourd'hui de bâtir des systèmes d'information performants, rien ne remplacera jamais le sens de l'écoute, la capacité de voir d'un coup d'oeil exercé ou d'entendre d'une oreille attentive le besoin primordial d'une personne sollicitant vos services ou livrée à votre pouvoir régalien.

13. Dans toutes vos missions, pensez à redécouvrir ce que l'on appelle "la grâce d'état", ce supplément d'âme, d'esprit et de vigilance qui permet à toute personne missionnée par une autorité, digne de l'être, d'accomplir des merveilles dans l'exercice de ses fonctions. Cette grâce d'état communique à qui veut bien la connaître, la recevoir et s'en saisir, des "pouvoirs" qu'il n'aurait pas autrement. En un mot, d'exercer les sept dons de l'Esprit Saint : don de conseil, d'intelligence, de science, de sagesse, de crainte, de force et de piété, dons qui ne sont pas réservés aux seuls baptisés (puisque l'Esprit souffle où Il veut) même si les sacrements du Baptême et de la Confirmation permettent d'en accueillir toute la plénitude et de leur faire porter beaucoup de fruits de paix, de justice, de joie.

14. En découvrant toujours plus ce qui fonde votre rôle et ce qui peut soutenir votre action, vous pourrez rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est en Dieu sans vous laisser brider par des dispositions hasardeuses et même nuisibles. Rien ne doit vous empêcher d'exprimer vos convictions profondes, que vous soyez avec un patient, un élève, un contribuable, un contrevenant, un quidam ... car sinon s'établit une frontière artificielle entre les croyances qui seraient tolérables dans l'espace public et celles qui ne le seraient pas ! comme s'il était plus dangereux d'annoncer la Résurrection du Christ que de prôner un régime alimentaire, une ablation d'organe ou une contraception chimique finalement nuisibles, de se dire musulman que de croire qu'un élève est un cancre, qu'il le restera et de lui asséner cette "vérité" qui démontre simplement l'incapacité de l'enseignant à porter un regard d'espérance sur un sujet encore jeune ; comme s'il était plus répréhensible de vous affirmer juif pratiquant ou membre de toute autre religion que de mettre en oeuvre une méthode de soin, d'éducation, de contrôle ... aux fondements incertains comme le sont la plupart des méthodes profanes d'origine humaine : excellentes dans certains champ d'application, elles peuvent s'avérer inopérantes et même désastreuses en dehors de ces champs. Une simple croyance aura pu vous faire passer d'un champ d'application valable à un autre, totalement incongru et ce, sans crier gare. 

15. Ainsi, prenez le temps d'approfondir ce qui vous anime au tréfonds de vous même. Vous rencontrerez, en vous et autour de vous, une multitude de croyances de tous ordres que nombre de citoyens seraient bien en peine de valider ou d'invalider. Ainsi, croire en ce début de XXIème siècle que les croyances dites religieuses seraient les moins aptes à occuper l'espace public est bien une croyance et une idée fantaisistes ! Les croyances religieuses sont de celles qui ont été le plus éprouvées au cours des siècles et bien davantage qu'une ribambelle de croyances païennes et profanes qui plastronnent dans le domaine public en se targuant d'être indubitables ou en se présentant comme remèdes quasi universels quand elles n'ont pas le toupet de prétendre balayer des vérités d'une très grande solidité et admises par les générations antérieures, depuis la nuit des temps.

16. L'année 1975 a inauguré pour la France et l'Europe une nouvelle ère glaciaire : le droit et la justice ont été fort mis à mal sous les coups de butoir de fanatiques qui, sous couvert de bons sentiments, ont abattu un sanctuaire qui aurait dû demeurer inviolable. En détruisant le rempart de la loi contre les fossoyeurs de la vie naissante et marchands de fausse monnaie, l'Etat français a livré les tout petits aux turpitudes des hommes et des femmes, les a offerts en pâture à une médecine devenu folle. En instaurant le recours légal à l'IVG, il transformait des tueurs de facto en bourreaux de jure. Ce coup fatal porté à l'édifice du droit positif français fut rendu possible par l'entremise d'une juriste de talent qui défendit avec bravoure et panache ses options mais qui "réussit" en agissant par incompétence : alors qu'il aurait fallu confié la défense des femmes et des enfants à une avocate de métier, celle-ci fut prise en main par une magistrate qui n'avait pas toutes les clefs nécessaires et qui ne possédait pas toutes les armes requises pour ce combat.

17. Les partisans de la dépénalisation de l'avortement ont crié victoire mais, depuis des années et de plus en plus aujourd'hui, les fonctionnaires et agents de la fonction publique en France paient un très lourd tribut à ce qu'il faut bien reconnaître maintenant comme une défaite de la pensée, une démission de l'Etat français, une reddition de la nation française, une capitulation honteuse. Tandis que quelques-uns d'entre eux se trouvent désormais aux avant-postes d'une guerre titanesque livrée contre les jeunes générations par les tenants d'un ordre mortifère et contre les personnes hors course d'une mondialisation échevelée, prônée par ceux qui trouvent quelques avantages à voir détruit tout ce qui est faible à leurs yeux et ne mérite aucune place dans leurs jeux de brutes épaisses, d'autres agents de la fonction publique - la très grande majorité - sont tous les jours sur la brèche pour colmater les dégâts sans nom que provoque en cascade le droit de tuer un être humain en gestation : jeunesse déboussolée, désoeuvrée, défoncée ou démolie (quand d'autres jeunes, heureusement épargnés, brillent de mille feux) ; femmes, hommes et territoires à l'abandon ; personnes isolées ; parents désorientés, familles détruites ; entreprises coulées (y compris par des instances censées les protéger ... ), corps intermédiaires à la dérive, nation en ruine. Une multitude d'agents de la fonction publique se retrouvent confrontés à des situations qui dépassent leur champ de compétence naturel et les sollicite de plus en plus sur le plan surnaturel : les souffrances sont si grandes et parfois si cachées, les violences si graves, qu'ils leur faut agir avec des moyens qui ne relèvent plus seulement de l'art maîtrisé et de méthodes professionnelles en adéquation avec leurs missions premières mais plus encore d'une grâce (heureusement surabondante) capable de défaire des noeuds ou de résoudre des situations inextricables à vue humaine.

18. Oui,  vous êtes appelés à livrer bataille et à résister alors que s'étendent à perte de vue les champs de ruine laissés par la guerre sans nom menée contre les personnes sans défense et les tout-petits et même une grande partie de la jeunesse de notre pays car, à bien y regarder, les visages les plus sordides de la mondialisation déloyale sont les masques d'un crime répandu à la surface du globe terrestre dans tous les pays où la peur de l'avenir, de la surpopulation et de la misère a choisi de se dissoudre dans l'avortement. Si la France et l'Europe doivent aujourd'hui faire face à une concurrence sauvage et déloyale c'est aussi parce qu'en maints endroits l'enfant à naître, le nourrisson, les enfants, les écoliers, les adolescents ne sont plus considérés comme un trésor inestimable mais comme des boulets. Ici et là, et de plus en plus, le meurtre sélectif élimine de préférence les enfants porteurs d'un trouble génétique ou, tout simplement, d'une paire de chromosome X puisqu'au XXIème siècle l'humanité n'est pas encore sortie de la barbarie et préfère la venue au monde d'un garçon à celle d'une fille de sorte que non seulement la population de certains continents vieillit mais se déséquilibre dangereusement, en Chine et en Inde notamment.

19. Derrière les biens et services frelatés, les marchands de sommeil, les vols de matériau et d'armes, les mutilations des corps, les trafics en tout genre, la diffusion massive de contenus pornographiques ... se cachent ceux qui voient l'être humain comme un pion sur l'échiquier d'un marché gigantesque où tout se vend et tout s'achète, où n'ont droit de cité que les valeurs au fort potentiel rémunérateur à la minute et, si possible, de manière automatique via des algorithmes sophistiqués au service d'une finance qui n'a cure du vivant et ne travaille qu'à l'extension de son règne abominable. Tout ce qui demande du temps pour pousser, grandir, se développer ... est rejeté comme appartenant à un passé révolu, celui de la patience nécessaire, de l'intelligence lente, de l'économie de bon père de famille ou de moine priant et laborieux. A ce train-là, tout ce qui exige plus d'une demi-minute de réflexion, d'écoute, d'attention ... un tant soit peu d'humilité, tout cela est voué aux gémonies puisqu'il serait démontré (?) qu'il faut désormais aller vite, courir, foncer, arriver le premier quitte à se doper ou à tricher pour parvenir à cette seule fin : gagner à tout prix, satisfaire les appétits les plus vils.

20. Vous pouvez rester et devenir toujours davantage des remparts contre l'oppression d'un monde de fureur qui ne manque pas de vous reprocher vos lenteurs, vos pesanteurs, vos sécurités et vos garde-fous. Ce monde-là essaiera de vous détruire par tous les moyens mais n'écoutez que votre conscience : elle vous dira dans le secret de votre coeur que si vous ne résistez pas à la tornade arnacho-libérale-libertaire et à l'ouragan liberticide, vous serez engloutis à votre tour comme ces vieux chênes auxquels on préfère des essences à pousse rapide, quitte à détruire des écosystèmes multiséculaires. Résistez avec l'humilité du roseau. Vous pouvez plier en apparence mais tenir bon et ferme chaque fois qu'une vie humaine est en jeu, qu'un être vivant est en danger, méprisé ou massacré et que vous savez qu'un plus fort est en train de vouloir se débarrasser d'un plus petit que lui en ces temps de crasse ignorance où les hommes et les femmes ont perdu le chemin de la fontaine de jouvence, à Saint Malon-sur-Mel en Brocéliande ou ailleurs.

21. Prenez le temps de vous former de manière approfondie et continue : les temps de formation sont des moments précieux pour prendre du recul, sortir d'un quotidien devenu harassant ou angoissant. Rejoignez des femmes et des hommes capables de comprendre les difficultés que vous affrontez parce qu'ils évitent de parler de vous comme des profiteurs d'un système : les missions que vous exercez demandent une stabilité, une régularité que le monde échevelé des affaires et des normes fluctuantes, voire aberrantes, ne veut plus défendre pour laisser libre cours aux dérèglements qui font le miel du petit nombre tirant son épingle du jeu, tous ces hors la loi qui contournent astucieusement les dispositions légales ou en promeuvent de favorables à leurs trafics pour parvenir aisément à leurs fins : enrichissement personnel sur le dos de la collectivité et des plus démunis, ascension sociale fulgurante, accumulation de privilèges exorbitants, ... L'actualité récente, en 2017 comme en 2018, ne manque pas d'illustrer ce phénomène ... et ce ne sont pas les prescriptions légales qui suffiront, seules, à dédouaner ceux qui ont commis des forfaits scandaleux ... Un détournement de fond ou un abus de bien social, qu'il soit prescrit ou pas, demeure délictueux même s'il échappe à toute sanction judiciaire. Celui qui a ainsi semé la mort trouvera un jour sur son chemin la récolte qui s'y rattache à moins qu'il ne se repente.

22. Vous êtes l'incarnation de la loi : sans votre présence, la loi est lettre morte. Il vous appartient de l'interpréter et de la rendre vivante. Qu'un vent de liberté vous pousse sans cesse à tendre vers l'esprit de la loi juste qui dépasse largement sa mise en mots. Ne vous croyez ou ne vous sentez jamais dans l'obligation d'aller contre votre conscience : si une disposition vous paraît mettre à mal la dignité ou l'honneur d'une personne, bafouer ses droits légitimes, enfreindre une loi supérieure, sentez-vous libre de ne pas l'appliquer et de la récuser en dépit d'un raccourci malheureux (qui oubli le rôle de l'interprétation dans toute application d'une loi). Il ne s'agit pas, en l'occurrence, de transgresser une loi de la République française mais de faire en sorte qu'aucun texte, que nulle interprétation ne vienne piétiner et ravager la vie d'un homme ou d'un corps intermédiaire, fût-il encore en gestation ou moribond, sous prétexte d'appliquer une règle à la lettre. Rien ne doit vous contraindre à préparer ou à commettre un mal que votre conscience éclairée a réprouvé, ce mal fût-il autorisé par une loi. Voyez toujours plus loin que les esprits bornés qui raisonnent seulement en espèces sonnantes et trébuchantes, qui n'envisagent l'avenir qu'avec désespoir, qui ne savent pas être magnanimes, qui ne résolvent les problèmes qu'en désignant des boucs émissaires faciles puis en les éliminant. 

23. En dépit des apparences, vous êtes détenteurs d'un pouvoir indispensable et d'une rare puissance : le pouvoir de dire NON, de vous opposer à ce qui enfreint la règle juste. Tout en restant en poste, vous avez la faculté de désobéir à un ordre inique, de refuser de participer à une action qui ne respecte pas un principe qui vous tient à coeur alors que tant de personnes se taisent et se couchent, craignant pour leur emploi ou pour leur réputation.

24. Certains présentent la mise en cause des protections dont vous bénéficié comme une oeuvre de justice : pour eux, il faudrait que vous soyez soumis aux mêmes risques que tous les autres professionnels. Méfiez-vous de leurs raisonnements et sachez mettre en pleine lumière ce qu'ils cachent : la volonté folle de transformer chaque être humain (hormis eux-mêmes) en monnaie de singe, en esclave aux ordres d'une machine qui tourne à vide ou ne produit plus que des "biens" frelatés, des poisons qui détruisent brutalement notre jeunesse (boissons alcoolisées déguisées en jus anodins par exemple) ou les patients à petit feu (médicaments aux effets secondaires redoutables, entre autres).

25. Restez cependant très vigilants : vos protections n'ont de sens et d'avenir que dans la mesure où elles demeurent au service de tous, de l'enfant dans le sein de sa mère au vieillard grabataire en passant par l'infirme, le malade, le pécheur condamné par de fausses philanthropies ou des jugements mal étayés. Si vous n'y prenez garde, vos protections seront balayées par ceux qui s'abreuvent au même marigot : celui des eaux usées. Des errements de ce monde, ils n'ont pas une vision claire et s'imaginent y remédier par des actions coupées de la vérité tout entière. De leurs propres turpitudes, ils déduisent des systèmes de pensée et des modèles d'action qui ne tiennent pas compte à la fois des limites du génie humain et de ses capacités inventives. Soit ils développent des utopies dévastatrices, soit ils réduisent de manière aberrante le champ des possibles. Ils diront : chacun est libre de choisir son sexe ou de préférer la mort de l'être en gestation sans voir qu'aller à l'encontre d'un donné génétique risque de générer d'immenses souffrances tandis que choisir la mort c'est ne laisser aucune chance à l'inattendu et c'est ajouter un fardeau sur les épaules de qui a besoin, d'abord, d'être aidé et soutenu en situation de détresse. Voir à ce sujet la tribune : "Création d'une monnaie de service et d'abondancee" du projet France2022.

26. Méfiez-vous, en particulier, de ceux qui ont une vision erronée de la souffrance humaine. La percevant comme un mal absolu, ils pensent qu'elle doit être éradiquée par n'importe quel moyen, même le pire. Ils refusent de s'interroger d'abord sur sa signification ou même de rechercher ses vraies causes. Il leur faut un bouc émissaire immédiat, un ennemi à éliminer : l'enfant à naître, un microbe, un voisin, un pays, une ethnie, un type d'homme ou de femme, un signe astrologique, une relation, un système, ..., une religion, Dieu. Ils en viennent à poursuivre tout ce qui est cause, à leurs yeux, de cette souffrance sans penser qu'elle peut résulter d'un enchevêtrement difficile à démêler et que cela vaut toujours la peine de prendre le temps d'écouter le fond de la détresse humaine quand l'urgence ne commande pas d'agir dans l'instant. Dès que l'on accepte de travailler ainsi, il n'y a jamais d'urgence à tuer un enfant dans le sein de sa mère et l'on prend conscience qu'il vaut mieux un délai dépassé ouvrant le risque noble de lui avoir laissé la vie. Vision certes idéale mais incomplète puisque cela ouvre aussi le risque d'un meurtre encore plus dangereux pour la femme et illégal sur un territoire mais peut-on, en vertu de ce versant si sombre de la (fausse) liberté humaine, autoriser un médecin français à mettre en oeuvre ce que des personnes peu scrupuleuses accomplissaient avant la dépénalisation de l'avortement ?

27. Agissant au coeur de la pâte humaine, vos missions réclament une très grande intelligence des situations (*). Chaque personne qui s'adresse à vous ou que vous devez prendre en charge a sa propre histoire, son propre tempérament, ses limites, ses vulnérabilités ... Tandis qu'un rappel ferme à la loi sera nécessaire pour celui dont l'assertivité est bancale, un autre aura besoin de toute votre patience pour sortir d'une impasse qu'une multitude de raisons aura générée.

(*) Intelligence des situations qui évite l'absurdité d'un comportement simplement dicté par le respect scrupuleux d'une procédure jusqu'à l'aberration de l'arrestation au Taser d'une octogénaire ... (Article du Parisien le 17 août 2018).

28. Ne vous laissez jamais abattre par le sentiment d'être dépassé par certaines situations : le monde contemporain a hérité d'une multitude d'approches qui permettent, un jour ou l'autre, de débloquer les plus inextricables au premier abord. Vous trouverez autour de vous des intervenants remarquables, qu'ils soient dans le public ou le privé, salariés ou bénévoles. Ils ont à coeur de venir en aide aux plus démunis comme aux plus nantis, sans considération de religion, de race, de choix politique, de fortune, de position sociale ... Pour eux, seul compte le souci d'accompagner avec intelligence, respect, délicatesse, discernement ... celui qui n'en peut plus, que cela soit manifestement le résultat de ses propres égarements ou que cela résulte d'une histoire douloureuse dont il est principalement la victime.

29. La crise dite des "gilets jaunes" montre à quel point la France a besoin d'une fonction publique très solide alors que plusieurs voix entonnent le refrain d'un libéralisme destructeur : celles-ci voudraient que notre pays soit livré à tous les vents d'un commerce international qui se moque de tout patrimoine comme de l'an quarante. Il ne jure qu'en terme de flux, d'échange, de mouvement. Tout ce qui a quelques racines, qui est immobile, silencieux, ... lui fait horreur. Il lui faut du bruit, de la fureur, des imprécations, des vociférations. Du Jardin des plantes à l'Arc de Triomphe, des colonnes de marbre aux grilles en fer forgé, il lui faut tout démolir. Ce commerce-là ne jure que par les courants d'air. Il ne supporte pas qu'un homme lui résiste en restant debout. Il lui faut des hommes et des femmes, couchés, vautrés, rampant ; des loques qui s'empiffrent. Caricature, certes !

30. Au milieu de ce capharnaüm, d'un déluge de consommations qui épuise à grande vitesse les ressources rares de la planète, vous voici placés comme vigies, sentinelles et phares. Que les flots déments s'acharnent contre vous, vos fonctions et vos rôles, quoi d'étonnant ? mais le bateau en détresse, la maison ou la voiture en feu, la route encombrée, l'accidenté, l'ignorant, le malade, le désorienté, la victime, le commerçant dont la boutique a été dévastée par des sauvages ... sont tout heureux de vous rencontrer en chemin quand tant d'hommes affairés n'ont plus le temps de rien, sinon d'accroître leur fortune, en passant le plus vite possible à côté, le plus loin possible, de celui qui n'en peut plus, qui a besoin d'aide, qui n'y arrive pas tout seul.

Et l'un de ces buts les plus vains sinon le plus vil et le plus sot est d'essayer de démontrer par A + B que les religions n'ont plus rien à proposer aux hommes et aux femmes de notre temps alors que le plus grand génie est incapable d'élaborer seul une quelconque théorie profane ou religieuse qui tienne la route si bien que prétendre être en mesure d'abattre des siècles d'élaboration théologique relève ou bien de la pure folie ou bien de la plus extrême prétention. Il suffit de se pencher quelques instants sur les écrits de ceux qui se sont fourvoyés dans une telle impasse pour constater de ses yeux le degré d'absurdité où les a conduits leur incapacité à faire confiance et à se reposer sur le génie de ceux qui ont, bien avant leur naissance, explorer des voies mystiques dont ils ne soupçonnent pas la hardiesse, la fécondité et l'intérêt pour tous les temps comme pour tous les hommes.

Aucune élaboration théologique digne de ce nom ne peut a priori faire l'économie d'un crédit : celui que j'accorde, d'emblée et de bonne foi, à des esprits qui ont par leur vie, par leurs actes et par leurs paroles, témoigné qu'il est possible à toute personne de bonne volonté de tendre vers une cohérence et même une très grande unité de vie qui laisse peu de place à la tentation du soupçon ou de la défiance érigée en système. L'idéal de sainteté ne saurait s'arrêter à la porte du lieu où la personne se recueille pour rassembler, en une suite de paroles censément indigentes, ce qu'elle a découvert de l'invisible. Que son discours n'épuise pas le mystère n'autorise pas le premier venu ou le plus docte d'entre nous à déclarer que ces efforts de mise en mots n'apporte aucune lumière à l'esprit assez docile pour mettre ses pas sur le sentier déjà tracé par ses aînés dans la foi.

Les barbares et les dictatures ne s'y trompent pas qui brûlent, dès que l'occasion leur en est donnée, tout ce qui ressemble à une bibliothèque, à un lieu de culture lente et patiente : pour eux, le passé humblement revisité ou conservé n'a aucun intérêt, toutes les traditions sont un obstacle à leurs conquêtes et à l'instauration d'une tyrannie ordinaire qui prétend réinventer le passé comme l'avenir et faire le bonheur d'une humanité enfin libérée d'un héritage sans valeur. Les mêmes ne songent qu'à persécuter les moines et les moniales, à tuer les religieux, à détruire les temples et à faire disparaître toute possibilité de célébrer un culte tandis qu'ils s'emploient à ériger, en tous lieux, le plus grand nombre d'idoles propres à flatter les plus bas instincts.

31. Nous en arrivons ainsi à un troisième point de vigilance : la sauvegarde du patrimoine chrétien en France et en Europe. Ce patrimoine est en effet menacé par la conjonction de plusieurs facteurs : l'indifférence des libertins, la fureur des islamistes et des ennemis de l'occident, les modes passagères, la faillite des Etats et son cortège d'abandons.




mardi 19 mars 2019

France2022 : Politiques et religions


Solennité de Saint Joseph


Pour la restauration de Notre-Dame de Paris dévastée par le feu


Dans un monde où les religions sont devenues le bouc émissaire facile des analystes superficiels de nos errances, n'est-ce pas une provocation de bâtir un projet présidentiel qui tienne davantage compte des religions et qui aille jusqu'à intégrer leurs enseignements dans un programme politique ?

Première réponse : l'exclusion des religions du champ politique conduit à rompre les ponts qu'elles établissent entre le passé et l'avenir. Cette attitude nous expose à ne rien comprendre des événements actuels et à produire des "solutions" inopérantes.

Prenons un exemple emblématique : les émeutes et le mouvement des gilets jaunes.

Sans le secours d'une approche intégrale incluant les religions, nous ne comprenons rien à ce qui est en train de se passer. Nous ne voyons pas qu'un déficit religieux a engendré des exactions et des postures que la raison, livrée à ses seules forces, est incapable d'expliquer, d'éviter, d'anticiper ou d'arrêter.

Nourri correctement par une religion mère digne d'intérêt, aucun homme ne saurait tomber dans une violence qui va jusqu'à frapper des personnes innocentes, sans défense, handicapées ou même jugées coupables : l'homme religieux n'impute jamais les dérèglements du monde, d'une société à d'autres personnes qu'à lui-même. Il connaît sa part de responsabilité. Du moins ne la sous estime-t-il pas au point d'en rendre d'autres davantage comptables que lui-même. Il sait qu'il doit d'abord combattre en lui-même tout ce qui mène au désordre, à la faute et au péché. 

Les casseurs et les personnes complices de leurs lâchetés sont coupés de leur religion mère, de la matrice qui façonne en tout esprit intelligent la stature de l'homme intérieur, celui qui ne cède jamais au mouvement de foule, celui qui est assez libre pour ne pas "entrer au conseil des méchants", ce conseil dût-il rassembler ses amis ou ses relations habituelles. Il trouve dans les fondations d'une foi authentique les ressources, la force et le courage de quitter des proches qui déconnent. Il sait le prix des heures passées à bâtir et ne se livre pas aux destructions qui engendrent pauvretés et désespoirs, haines et colères, ressentiment et vengeance.

L'homme religieux ne cherche pas d'abord à faire entendre sa voix, à revendiquer, à réclamer son dû : il a conscience que rien d'essentiel ne se conquiert par la seule recherche ou acquisition de nouveaux droits mais par l'accueil d'un don qui dépasse largement ses capacités. Ce qui me fait grandir et qui me nourrit ne vient pas de mes efforts héroïques ou misérables parce qu'alors je m'imagine facilement en être le seul artisan. Ce qui me mène au-delà d'une médiocrité routinière ne peut surgir que d'un repos dans l'Esprit, d'une ouverture du coeur qui fait droit à l'inattendu, à l'inconnu, à l'insaisissable.

Ceux qui cassent, ceux qui les soutiennent, facilitent leurs débordements, les excusent ou les justifient ignorent tout du lent travail de la grâce : ils s'imaginent révolutionner un monde qui ne les a pas attendus pour se déchaîner. Ils ne sont que le pâle reflet d'un orgueil qui s'est dressé dès l'origine de la Création contre la surabondance de la grâce, la  miséricorde, la paix et la joie, le projet bienveillant de la divine Miséricorde. Ils sont mus par une volonté satanique d'en découdre avec la force tranquille, la résistance pacifique ou la non violence délibérée. Ils ont horreur du calme et du silence. Ils leur faut du bruit, de la fureur, de la peur, de la dégradation, des larmes, de l'horreur. Ils veulent vous pousser à la faute, vous faire tomber, vous entraîner sur leurs chemins de mort. Ils se réjouissent des massacres, du vacarme, des destructions, de la discorde. Ils sont devenus sourds à toute détresse. Toute faiblesse les excite et ils finissent souvent par s'autodétruire.

Aucun dispositif raisonnable ne peut endiguer cette fureur-là. Les démons ne prennent la fuite qu'au terme d'une lutte ascétique qui a pour seules armes : la prière, le jeûne, l'aumône et la connaissance amoureuse. Sans elles, nous ne pourrons sortir d'une situation chaotique dont l'écume nous détourne des véritables enjeux de l'heure : sauver tous les êtres en gestation d'un massacre sans précédent dans toute l'histoire humaine.

Sans le secours des religions mères de l'humanité, nous n'arriverons jamais à percevoir que ce qui se joue en France et ailleurs ne dépend pas d'une organisation policière aussi géniale soit-elle ou de savantes procédures judiciaires ou encore d'un arsenal de textes normatifs : tant que les plus vulnérables d'entre nous ne seront plus protégés d'une folie meurtrière au sein d'un habitacle fragile, n'espérons pas que soient épargnés tous ceux d'entre nous qui se trouvent au mauvais endroit au mauvais moment.

La tentation est grande alors d'organiser ses propres défenses pour essayer d'échapper aux vagues d'un océan qui voudrait engloutir tout ce qui bouge, vit ou respire. Nous savons que la fureur diabolique n'attend que cela : que chacun prenne les armes pour entrer en guerre, se venger, attaquer le premier pour ne pas être victime. Au quotidien et dans un registre moins sanglant, l'autodéfense revêt les sombres oripeaux de l'accusation. Celui ou celle qui s'y adonne s'imagine, à tort, gagner en innocence.

Si nous cédons à la provocation, les forces sataniques à l'oeuvre en ce moment applaudiront des deux mains et de leurs pieds fourchus : elles ne s'abreuvent que de sang et de larmes. Il semble que les victimes des avortements massifs ne leur suffisent plus : il leur faut un dérèglement général, une tuerie en série et en cascade, un anéantissement complet, un cataclysme sans remède. Pourquoi ? Parce qu'elles veulent prouver que la Rédemption du genre humain est une chimère.

Ne nous trompons pas d'ennemis : nous n'avons pas à combattre des êtres faits d'argile comme nous, aussi grandes soient leurs fêlures, nous avons à lutter contre des puissances dévastatrices qui utilisent n'importe quel prétexte pour mettre le monde à feu et à sang. Ces puissances ne supportent pas le calme intérieur, la paix du coeur. Elles s'écroulent ou s'enfuient dès qu'elle rencontre une âme confiante qui s'en remet, quoiqu'il advienne, aux mains de la Providence.

Toute religion digne de ce nom le rappelle à temps et à contre temps : sans la foi, ma vie tombe en ruine puisqu'elle prétend asseoir ses moments décisifs sur une certitude quasi mathématique or l'histoire humaine atteste que tout choix raisonnable ne peut faire l'économie d'une prise de risque, d'une prise en compte d'un fond permanent d'incertitude. Quand survient l'orage, le cyclone, la tempête ou l'incendie ravageant Notre-Dame ... arrive l'heure où je n'aurai d'autres appuis qu'une confiance éperdue en un salut dépassant tous les calculs, toutes les précautions, tous les appuis terrestres : mes amis m'auront lâché ou trahi, mes proches m'auront oublié, mes ennemis chercheront à profiter de mes ennuis ...

Le déchaînement de haine sur les Champs Elysées, la place du Capitole à Bordeaux et ailleurs cherche à entamer notre foi, à laminer tout espoir d'une sortie de crise, à nous faire douter qu'existe une puissance d'amour capable de surmonter les épreuves de ce temps et de nous orienter vers une heureuse issue. Quand le désespoir étreint une personne, celle-ci se retourne contre elle-même et elle se cache. Elle ne fanfaronne pas. Au contraire, ceux qui détruisent à plaisir mettent leur gloire dans une volonté de puissance qui se croit intouchable, invulnérable ou invincible. Dès que cette volonté rencontre la moindre opposition, elle bascule dans le non sens et l'absurdité la plus totale. Ce qui lui résiste doit être abattu. Cela dure jusqu'au jour où la mort inéluctable lui coupe le sifflet et la renvoie à son néant.

Les Pères du désert aimaient à rappeler que : "celui qui connaît son péché est plus grand que celui qui ressuscite les morts" mais comment le voyou de bas étage peut-il connaître son péché dans une société qui considère que l'assassinat d'un être en gestation serait un moindre mal ? Comment prendra-t-il conscience que le mal qu'il commet n'est imputable à aucun autre qu'à lui-même ? Le jour où il comprendra qu'il participe lui aussi à la plus grande tuerie de tous les temps en augmentant le climat de désespoir qui, partout, pousse tant de femmes à l'avortement. Si je ne sais pas que mes fautes d'apparence vénielle finissent par avoir des conséquences tragiques, je deviens inapte au repentir et à la conversion. Je continue à penser que je suis un glorieux combattant qui ose prendre des risques alors que je ne suis au fond qu'un assassin en puissance et même déjà en acte, par ricochet. 


Deuxième réponse : exclure les religions du champ politique c'est ouvrir la boîte de Pandore. Les besoins religieux des personnes se projettent alors dans des formes dégradées où règnent en maîtres des gourous autoproclamés dont l'habileté consiste essentiellement à exploiter les souffrances du temps présent pour asseoir leur leadership.

Cette exclusion du religieux d'un champ politique ouvert à tous les vents est l'une des clefs de compréhension du phénomène islamiste, autre exemple emblématique d'une dérive contemporaine que les seuls arguments rationnels n'arrivent plus à cerner.

Quand des esprits, plutôt jeunes et immatures, ne trouvent plus à s'exprimer sur le terrain d'une politique intelligente, active, efficace et transformante, ils se précipitent dans l'action violente, la destruction massive et l'anéantissement de leur propre existence.

Les laïcards de tout poil feraient bien de réfléchir à deux fois avant d'essayer, par tous les moyens, d'ôter toute visibilité à l'expression d'une appartenance religieuse, qu'elle soit vestimentaire, architecturale ou comportementale. Au lieu d'apaiser le climat social, ces contempteurs ne font qu'exciter ceux qui ne trouvent plus aujourd'hui de repères sains dans un environnement livré à tous les excès et à toutes les supercheries.

Eradiquer la présence religieuse de l'espace public, la reléguer au rang d'accessoire très privé, c'est commettre l'irréparable : priver l'homme et la femme d'un accès quasi immédiat aux richesses d'une mémoire collective bien plus subtile et nourrissante que ne l'imaginent les petits esprits qui ne jurent que par le progrès, le provisoire et la raison raisonneuse ou raisonnante. Ils confondent deux plans distincts : celui de la pratique religieuse et le chemin d'une spiritualité dépouillée, c'est-à-dire affranchie des pièges de l'apparence, de l'hypocrisie, de l'apparat et du fatras des pratiques de morte tradition. Ils ne connaissent pas, au fond, l'une des règles d'or de la croissance spirituelle : passer d'une vie cénobitique à une existence érémitique sans jamais sombrer dans la misanthropie.

Nos enfants, nos jeunes et toutes les personnes qui n'ont pas encore trouvé une voie de salut qui se traduise, dans la vie ordinaire, par des gestes concrets et désintéressés en faveur de plus petit que soi, ont besoin d'être plongés dans un espace public qui leur offre une palette, aussi large que possible, des quêtes spirituelles de tous ceux qui les ont précédés. Les priver de cette visibilité c'est les condamner à errer sans fin, à ne jamais s'engager pour une noble cause, à se fracasser corps et âme contre les murs dressés par l'Adversaire du genre humain. C'est croire aussi qu'il soit possible de façonner un objet de quelque intérêt sans avoir jamais vu de ses yeux un artisan ou un artiste expérimenté à l'oeuvre : pour tracer ma propre voie dans le dédale des options possibles, j'ai besoin de connaître ce que d'autres ont pu expérimenter et de savoir comment ils sont sortis vivants des pièges tendus par toutes les forces de dispersion et de désagrégation qui se régalent de voir chuter, de voir sombrer et se perdre une âme livrée à ses seules forces.

Le temps du dépouillement et de l'ascèse volontaires ne doit jamais précéder le temps de l'exploration intelligente des trésors légués par une humanité tissée d'êtres fragiles et fautifs quand ils demeurent isolés mais d'une force extraordinaire dès lors qu'ils consentent à mettre en commun ce qu'ils ont de meilleur. C'est l'un des rôles clef de toute religion utile au genre humain : rassembler en un corpus protéiforme et cohérent les manifestations discrètes de l'excellence humaine sans jamais les couper et les séparer d'un secours qui nous donne de dépasser nos turpitudes, nos errances, notre volonté maladive d'autosuffisance orgueilleuse et censément belliqueuse.

Au fond de la jarre de Pandore gît l'espérance que de lâches trublions n'ont cessé depuis des semaines de vouloir anéantir comme nous l'avions évoqué dans le développement de la première réponse : chasser le religieux du champ politique donne à ce dernier une fonction qu'il est toujours incapable de tenir. A lui seul, il ne saurait combler l'attente de ceux qui subissent, dans leur chair et plus souvent qu'à leur tour, les dérèglements d'une société inhumaine dans laquelle les profiteurs de systèmes iniques s'engraissent sur le dos des laissés pour compte d'une redistribution malhonnête des richesses produites.

Les casseurs et les voyous paraissent s'en prendre aux délinquants en col blanc et semblent remettre en cause tous les fossoyeurs de la vie des humbles. En réalité, ils ne font que renforcer la machine qui écrase, divise et saccage les corps intermédiaires de la nation afin que ne subsiste qu'un petit groupe de pouvoirs occultes tout heureux de tirer les ficelles d'un théâtre de marionnettes. Parmi ces planqués, on trouvera des illuminés qui prétendent sauver le monde en imitant quelques rituels religieux, en mettant un point d'honneur à ne fréquenter que les frères et soeurs de la même obédience, en s'imaginant détenir quelques secrets qu'il faudrait jalousement garder et ne transmettre qu'à des initiés.

Où l'on peut constater sans peine à quelles foutaises conduit l'éradication volontaire du religieux de la sphère ouverte du public : il finit par se recroqueviller, rabougri, défiguré et dénaturé, au fin fond d'espaces clos en lesquels la raison finit aussi par s'assécher en se coupant des secours d'une grâce authentique, celle-là même qui n'est jamais avare de ses dons et qui se donne à tous, quelle que soit sa condition. En des lieux à l'abri des regards où le secret se taille la part du lion, où le grotesque le dispute à l'inanité, bourdonnent des frelons qui cherchent comment défaire, par des moyens plus ou moins honnêtes, les constructions multiséculaires qui n'ont pas l'heur de leur plaire, qui ne sont pas assez dans le vent, qui osent braver leur suffisance et contrecarrer le cours de leurs actions souterraines. A ces insectes malfaisants, il faut des rites pour cultiver l'entre soi, s'imaginer détenir des pouvoirs grandioses, s'ingénier à singer ce qu'ils abominent et passent leur temps à salir ou à vouloir remplacer.

A l'enfumage de tant de simagrées que pouvons nous opposer de sain, d'honnête et de vivifiant sinon des religions de plein champ qui cultivent l'accueil sans réserve et qui se laissent découvrir à ciel ouvert sans craindre les curieux, les égarés, les faibles et le tout venant ? Des religions que la paresse ne manquera jamais de méconnaître, d'accuser et de rendre responsables des maux anciens comme des plus actuels puisqu'il faut une pâture facile à ceux qui préfèrent l'immobilité intellectuelle à l'aventure spirituelle et puisque les religions ont cette vertu de faire les choux gras des feuilles blasphématoires : aux accusateurs professionnels ou d'occasion, elles offrent une vitrine fort alléchante. Ils peuvent passer des heures, et des jours, et des mois et des années à relever ce qui cloche ici ou là dans l'univers religieux : tissé de pâte humaine, comment pourrait-il être indemne des taches que génèrent les chocs des egos ; les petitesses en tout genre qui jalonnent notre vie ; les bouffées d'orgueil, les jalousies, les peurs ... dont nul, en vérité, ne sait trop comment se débarrasser.

Au rebours de toutes les tentatives qui voudraient confiner le religieux et l'assigner à résidence, ayons l'audace de répondre par un surcroît de visibilité. Dès que vous tiendrez entre vos mains l'une des clefs de compréhension des multiples désordres qui agitent le monde contemporain : d'un côté ceux qui penchent vers l'affirmation frontale, provocante et conquérante, ceux qui prétendent raisonner le genre humain et lui apprendre à se conduire en public ; de l'autre, l'immense océan de ceux qui cherchent simplement à se fondre dans leur environnement et ne songent à se faire remarquer qu'à certains moments pour des raisons qui leur appartiennent et ne sont pas nécessairement intelligibles au premier abord, vous n'aurez plus peur des signes religieux, des signes authentiques. Non pas telle ou telle parure, tel ou tel accoutrement, tel vêtement mais le regard limpide de celui ou de celle qui est devenu(e) capable de se nourrir, à chaque instant, du spectacle des mouvements incessants de ses frères humains et qui sait qu'un visage, même meurtri ou défiguré, mérite un regard d'admiration, de compassion et de reconnaissance puisque l'esprit religieux ne se manifeste pas d'abord par une appartenance particulière mais par une communion universelle, une ouverture du coeur capable de recevoir les peines et les joies puis de laisser vibrer en lui ses fibres les plus intimes pour accueillir au plus profond de lui-même ce qu'elles signifient et ce qu'elles cherchent à faire entendre. Lien supprimé à la demande des parties prenantes.

Au fond, les religions dignes de ce nom, ont cette vertu insigne d'aiguiser notre sensibilité et de nous faire comprendre qu'aucun artifice ne saurait cacher les incohérences de comportement, celles qui révèlent un fossé entre le paraître et l'être, entre les intentions et les dires, entre les paroles et les actes. Le plus bel habit de cérémonie ne saurait camoufler les turpitudes d'un coeur mauvais, les discours les plus généreux ne peuvent empêcher de découvrir l'étroitesse qu'ils tentent vainement de dissimuler, aucune pensée hostile ne peut, en dernier ressort, rester cachée : ce qui suinte du coeur humain, ce qui mijote en son sein, ce qui se prépare dans le plus grand secret finit toujours par se révéler et tout regard pénétrant est capable d'en lire à l'avance les manifestations à venir.

Cette puissance de discernement et cette connaissance des tours et détours du coeur humain n'empêchent pas de souffrir de la brûlure d'une trahison, d'un abandon, d'une lâcheté ou d'un coup bas. Il faut encore le don de la miséricorde et si les religions authentiques ne nous avaient transmis que le seul secret du pardon, il suffirait que nous prenions conscience de sa valeur inestimable pour cesser nos jérémiades et tarir le flot de nos critiques imbéciles : si des hommes et des femmes avaient omis de pardonner, en tous temps, où en serait notre monde aujourd'hui ? Serions-nous même là pour en parler ?

Troisième réponse : reléguer les religions au rang d'accessoire privé, c'est perdre de vue leur rôle éminent dans la guérison d'un tissu social sans cesse déchiré par nos infidélités, nos bassesses quotidiennes et nos refus de pardonner.

Ce serait comme supprimer des points d'eau et des puits dans une zone désertique ; prétendre cacher des oasis en disant : "les caravaniers n'ont qu'à se munir de cartes" alors que celui qui peine en ce monde - chacun et chacune d'entre nous à certains moments de sa vie - a besoin de lieux sûrs, clairement identifiés, stables, visibles et grands ouverts. 

Le religieux authentique n'est pas un élément de décor. Il est la source même d'une renaissance. Il est promesse d'une résurrection. Il est le rocher qui abrite le marcheur le plus pauvre comme le plus fortuné. En lui, point de ténèbres. Tout est clarté, lumière et chaleur. Au coeur assez humble pour en franchir le seuil, il donne un vêtement nouveau.

L'homme religieux est un thérapeute en puissance et en acte : à son contact, l'âme flétrie par le péché reprend vie. Une société bien organisée et saine accorde une place éminente aux maisons religieuses : l'égaré doit savoir où se ressourcer avant même de s'être perdu en chemin. Le lieu saint, le sanctuaire, joue ce rôle de port d'attache que la théorie de l'attachement a si bien mis en lumière : si je ne sais où revenir en cas de chute, de trouble ou de tout autre accident de parcours, il m'est impossible de partir à l'aventure, d'oser explorer les voies qui s'offrent à la curiosité humaine, à la soif de connaissance, au désir de sortir des sentiers battus et d'aller vers l'inconnu.

Bien loin de limiter le désir de l'homme et de la femme, de les enfermer dans des carcans étroits, toute religion authentique les invite à quitter le rivage, à partir au large, à se risquer en eau profonde puisqu'elle lui garantit de pouvoir retourner en lieu sûr, le cas échéant. C'est d'ailleurs l'expérience vécue par toute personne attachée à sa religion mère, par la gratitude et par l'intelligence des préceptes reçus : non pas un repli frileux sur des acquis mais une appropriation si personnelle du legs qu'elle s'achève en dépassements, en découvertes et en surprises que rien n'aurait pu présager. A celui qui pensait connaître et savoir, toute religion authentique montre que l'espace du divin déborde de toutes parts ses petites certitudes et ne se laisse jamais circonscrire.

C'est méconnaître la richesse des religions et leur pouvoir d'enfantement que de les taxer de passéisme, que d'essayer de les confondre en erreur, que de croire qu'elles appartiennent à l'enfance de l'humanité, à un âge que nous aurions désormais largement dépassé. Il y a là une attitude puérile ou adolescente : s'imaginer que sa propre mère n'aurait plus rien à dire sous prétexte qu'elle serait illettrée ou qu'elle n'aurait pas ces diplômes dont mon petit moi s'enorgueillit bien à tort. Si la fonction maternelle de toute religion authentique doit être d'évidence située à sa juste place, elle n'en demeure pas moins d'une importance capitale pour l'édification de l'homme intérieur : sans elle, l'âme humaine  ne sait sur quel pied danser, ne sait contre quoi se rebeller au juste, ne sait où fonder de solides espérances. Elle risque, à tout moment, de perdre un temps fou à courir après des chimères, de poursuivre des buts vains et stupides.

Dans un sanctuaire digne de ce nom, hommes et femmes de toute condition sont admis et nul ne peut se prévaloir d'un rang qui le mettrait au-dessus des autres. Sous les voûtes d'un temple, d'une église, d'une synagogue, d'une mosquée ou d'une cathédrale, chacun est rendu à sa condition première : un, parmi une multitude, que rien ne distingue des autres, pauvre pécheur pardonné qui n'aura plus le toupet de se glorifier de quoi que ce soit sinon d'un secours offert à tous, sans considération de fortune, de renommée ou de mérites acquis.

L'espace religieux s'ouvre afin de dissoudre tout esprit mondain : là, tu n'as plus à paraître, à parader ou à fanfaronner. Il te suffit d'être tel qu'en toi-même. Il suffit de te laisser regarder, dépouillé de tout ce qui te pose en société, de tout ce qui fabrique de toi une image trompeuse. Tous tes masques, tous les personnages que tu joues à longueur de journée sont restés sur le seuil : ici, ils n'ont pas droit de cité. Ici, ils sont mis en déroute.

Contrairement aux dires de quelques penseurs trop pressés d'en finir avec le phénomène religieux, nos temps modernes ont plus que jamais besoin de ces espaces où chacun a la possibilité de se défaire des enveloppes qui lui cachent la vérité profonde de son être et qui le maintiennent dans l'illusion d'être arrivé au faîte d'une gloire immortelle. Combien, parmi ceux qui avaient déserté les lieux d'une présence transcendante, n'ont pas succombé aux mirages d'une notoriété factice ? Combien, parmi ceux qui auront négligé de se rendre dans le  temple d'une conscience affranchie de la volonté de paraître, ne chuteront pas gravement si l'occasion d'être l'objet d'un compliment ou d'être adulé se présente ?

Alors que de nouveaux moyens de communication permettent à chacun de se forger une réputation théâtrale par la mise en scène de ses faits et gestes, par l'exposition de ses exploits, par la diffusion de ses pensées, conseils, découvertes ... que restera-t-il de secret et d'intime, de discret et de silencieux sinon ces moments passés en tête à tête avec la source intarissable de tout amour, dans le lieu d'une demeure le moins exposé à tous les vents et à toutes les curiosités malsaines ?

Quatrième réponse : placer les religions hors du champ politique c'est se priver de l'un de leur rôle essentiel : rappeler, à temps et à contre temps, à qui veut bien l'entendre, que l'exercice de la prière nous prépare à cet état où nous ne pourrons agir efficacement qu'en renonçant à toute forme de violence, à tout recours aux armes de contrainte.

Si je ne vois que je me prépare, jour après jour, à agir en ce monde à l'image de Dieu, j'aurai beau m'engager dans mille et une directions, m'activer en tous sens, me démener pour transformer le monde, ... je passerai à côté de l'essentiel : vouloir ce que Dieu veut et m'accorder sans relâche à ce vouloir divin, dans mes actions les plus quotidiennes comme dans mes hauts faits les plus exceptionnels.

Toute religion, un tant soit peu informée des projets divins, ne cesse de le redire à ses fidèles : votre vie terrestre est un passage éphémère qui ne s'achève pas ici-bas mais qui se prolonge dans un monde pour l'instant invisible au sein duquel chacun a son rôle à jouer pourvu qu'il comprenne que l'attitude la plus féconde est d'être à l'écoute et de se  nourrir d'une parole apte à rassasier ses plus grandes soifs. Encore faut-il comprendre aussi que ce prolongement débute dès aujourd'hui : la vie concrète de chaque jour est plongée tout entière dans l'espace invisible aux yeux de chair, celui que seule une foi ardente se donne les moyens d'entrevoir.

Il s'agit donc de penser l'action politique, non comme une activité autonome, libre de toute attache, indépendante de toute contrainte mais comme une participation à une oeuvre de salut qui précède largement les modalités de son accomplissement. C'est le meilleur moyen de ne pas la transformer en croisade et en religion de substitution. Le meilleur moyen de ne pas idolâtrer tel ou tel système, telle ou telle théorie économique ou politique, tel ou tel régime. C'est le plus sûr moyen également de soustraire la politique aux influences théocratiques : si la politique est participation à une oeuvre de salut, elle n'est qu'un média parmi beaucoup d'autres. Elle ne suffit pas. Comme média humain, elle est censément imparfaite et nous ne saurions lui reprocher des manquements qui ne tiennent qu'à l'indigence de ceux qui prennent part aux jeux politiques, notamment ceux qui ne savent plus situer leurs pensées et leurs actes dans un ensemble qui les dépasse de toutes parts ou ceux qui s'imaginent que seule une politique fondée sur des données scientifiques est capable de mettre tout le monde d'accord et de faire le bonheur du plus grand nombre : les chiffres les plus exacts ne donnent jamais qu'une infime partie de la vérité. Leur interprétation juste nécessite en effet la convocation d'innombrables données toujours incomplètes de sorte que la vérité est comme en suspens : au moment de trancher et d'agir, il nous faudra encore accepter une part d'inconnu et d'incertitude.

Toute religion équilibrée ne verse pas non plus dans l'excès du surinvestissement politique où règnent trop souvent l'esprit partisan et l'entre soi. Ses fidèles doivent pouvoir se retrouver et communier même s'ils ne partagent pas les mêmes options politiques. C'est ainsi que le projet France 2022 ne prévoit pas une majorité parlementaire monolithique, unicolore, ... défendant bec et ongles ses orientations dans un combat sans merci livré contre une opposition réduite à piaffer et à espérer que son tour advienne. Chaque nouvelle orientation : création d'une nouvelle monnaie, réorganisation des pouvoirs en France, restructuration des enseignements scolaires, ... n'a de sens, d'intérêt et d'avenir que si elle est soutenue par une très large majorité constituée de personnes ayant des opinions diverses mais convaincues qu'en adoptant une ligne de force commune nous parviendrons à sortir de décennies d'errance politique.

La religion, opium du peuple ? Quelle drôle d'idée ! Il faut n'avoir jamais prié avec quelque intensité pour penser une chose pareille. La prière est au contraire le plus sûr antidote à toute forme d'addiction puisque prier est la manifestation la plus subtile et la plus exigeante de la liberté humaine : par elle, je ne puis qu'espérer être exaucé. Je ne réclame aucune garantie et m'en remets totalement au bon vouloir d'un autre. Nul ne peut tenir dans la prière par accoutumance : le combat de la foi reprend chaque matin et je ne peux jamais estimer être arrivé au terme de la lutte en ce monde. Chaque jour, c'est comme si je repartais de zéro : en pensant m'appuyer sur quelque expérience passée, je quitte le domaine de la foi pour m'attacher à des certitudes qui m'éloignent de l'esprit d'abandon.

Envisager l'action politique en dehors de cet état d'esprit c'est courir le plus grand risque : s'imaginer que je pourrais transformer durablement le monde alentour par la mise en oeuvre de moyens naturels alors que rien ne bouge en profondeur sans le secours d'une grâce surnaturelle. Combien de décisions, de mesures, de projets ... ont tourné court parce que leurs motifs ne s'enracinaient pas dans une terre irriguée par la prière ? 

Les pouvoirs qui persécutent les ordres religieux ne tardent pas à fabriquer des cultes indigents. Ils s'imaginaient capables de révolutionner les choses. Ils ne font qu'établir une tyrannie sans foi ni loi. Toute contestation leur paraît suspecte. Ils prétendaient instaurer un régime de liberté. Ils finissent par en museler la moindre expression.

Cinquième réponse : négliger le rôle des religions en politique c'est encore se priver de l'une de leur fonction capitale : ouvrir des espaces de liberté inviolable.

De  nombreux contempteurs des religions ignorent l'étendue des libertés dont dispose tout croyant : à chacun est donnée l'occasion d'adhérer selon des degrés très divers aux dogmes, aux pratiques, aux obligations et même aux preuves quasi irréfutables ! (vidéo sur le linceul de Turin)  ... Fondée sur un socle qui n'abuse pas du recours aux démonstrations implacables, toute religion sensée offre de multiples degrés de liberté à ses fidèles. Elle sait ne rien devoir imposer d'inaccessible à des êtres qui sont en chemin et qui risquent de chuter lourdement s'ils s'enferment dans des voies de stricte observance sans aucune intelligence des mystères.

L'homme religieux en politique ne réduit pas celle-ci à l'affrontement de courants de pensée, à des rivalités d'appareil ou à des combats idéologiques. Il sait la part d'irrationnel, le poids des croyances que chacun porte en lui. Il mesure combien tout cela influence les partis pris, les postures et les comportements. Il comprend l'infortune de tous ceux qui se sont coupés d'une religion mère ou qui ont été privés d'une structuration religieuse : l'édifice de leurs croyances menace ruine à tout instant puisque nos constructions personnelles sont toujours fragiles dès lors qu'elles ne partagent pas avec d'autres l'assise reçue d'une tradition qui ne véhicule pas seulement des informations mais toute une gamme d'attitudes salutaires : se déprendre de soi-même, compter sur autrui pour discerner ou pour entrer dans une compréhension plus fine du monde visible et invisible qui nous entoure, chercher sans cesse, bénir, louer et pardonner ...

L'homme religieux en politique considère d'abord chacun comme une personne à part entière et ne perd pas de temps à la cataloguer, à la réduire à ses appartenances. Instruit des controverses innombrables qui ont jalonné l'histoire religieuse des hommes, il est capable d'entendre sans sourciller tout contradicteur et il prend plaisir au jeu d'une saine dispute puisqu'il sait que l'autre n'appauvrit jamais ses propres convictions mais qu'il les enrichit de points de vue qu'il vaut la peine d'essayer d'intégrer. Les objections ne ses adversaires ne peuvent qu'infléchir ses idées les moins assurées et renforcer celles qui méritent d'être conservées ou développées.


   






mardi 12 mars 2019

France2022 : Vers un Etat stratège


Des deux volets principaux du projet France 2022 : création d'une nouvelle monnaie de service et d'abondance et réorganisation des pouvoirs en France, il nous faut développer ici le second. L'un et l'autre sont d'une très haute technicité. Ils demandent aussi de renoncer à des schémas mentaux qui empêchent de bien comprendre ce qui est en jeu. Ils réclament donc un effort de pédagogie : ne pas se contenter d'énoncer les modalités de mise en oeuvre ; exposer aussi clairement que possible les tenants et les aboutissants de chacun de ces volets, leurs raisons d'être, les principes qui les fondent et le souffle qui les anime ...

Pour le second volet - réorganisation des pouvoirs politiques en France -, la raison d'être peut paraître évidente : n'avons-nous pas, chaque jour sous les yeux, le triste spectacle d'une mauvaise organisation de ces pouvoirs politiques ? Gardons-nous cependant d'attribuer trop vite ce théâtre pitoyable à la seule organisation des pouvoirs : bien d'autres raisons expliquent que la situation de la France soit à ce point détériorée. Plusieurs tribunes du projet France 2022 ont déjà tenté d'apporter quelques lumières à ce sujet.

Gardons-nous aussi d'oublier que l'Etat français a déjà su se montrer stratège sous la Vème république. Elément à tempérer toutefois par l'évolution de l'Union européenne : à ce stade de l'analyse, nous pourrions être tentés de faire remarquer qu'il y a un moment que nous ne sommes plus vraiment dans le moule de cette république tant le sommet de l'Etat français paraît de plus en plus dépossédé des marges de manoeuvre qui prévalaient au début de la Vème république !

Le premier volet du projet France 2022 - création d'une monnaie de service et d'abondance - répond en partie aux préoccupations de tous ceux qui ont conscience de la perte progressive de souveraineté française, qui s'en inquiètent et qui ne voient plus comment sortir d'une impasse manifeste. Ce premier volet est une réponse qui vise à rétablir et même à augmenter le pouvoir économique de la France mais sans idolâtrer ce pouvoir-là : privé d'une assise politique solide, il ne rime à rien.

Le second volet se préoccupe davantage d'un rayonnement global de la France, rayonnement incluant tout ce qui n'est pas strictement d'ordre économique mais qui s'appuie sur une puissance suffisante pour éviter le ridicule tout en ne comptant pas seulement sur cette puissance-là. Sans un supplément d'âme, la puissance économique est un leurre. Il lui arrive d'être au service d'une domination destructrice.

Inversement, il est illusoire d'espérer construire une puissance économique suffisante sans réviser l'organisation des pouvoirs politiques en France : notre pays souffre d'un dérèglement de ses systèmes décisionnels qui ne se résume pas seulement à un défaut démocratique car, un jour ou l'autre, nous devrons prendre des décisions qui ne plairont pas nécessairement à une majorité de citoyens, dans un premier temps, mais qui s'avéreront, à la longue, profitables au plus grand nombre. Encore faut-il bien les présenter, faire en sorte qu'elles ne nuisent pas à ceux qui sont les plus vulnérables et les mettre en oeuvre de telle sorte qu'elles soient comprises, bien reçues et approuvées selon un processus général qui évite le coup de force, la brutalité et le désespoir. Processus qui ne saurait cependant éviter de rudes combats puisque les décisions à prendre et les mesures à mettre en oeuvre seront vivement contestées par des intérêts privés voire occultes qui se moquent de la France comme de l'an quarante et qui s'activent en coulisse pour affaiblir notre pays, ses voisins, l'Europe tout entière et, plus généralement encore, un Occident à la fois jalousé, envié, vilipendé par ses détracteurs et voué aux gémonies par ses ennemis ...

Pour conclure cette brève introduction, nous devons accorder une grande importance à la chronologie des événements : d'abord restaurer une part de la souveraineté française et de notre puissance économique ; réformer ensuite l'organisation des pouvoirs politiques en France, dans un climat enfin apaisé et après avoir démontré notre capacité à faire reculer les fléaux du temps actuel (*)  : avortements, chômages, pauvretés, déroutes industrielles, dilapidations des biens publics, affaiblissements des services publics, saccages environnementaux ... par la création d'une nouvelle monnaie nationale et par la mise en place de tout ce qui accompagnera cette création.

(*) Notons à ce propos que ces fléaux sont justement entretenus par tous les adversaires (internes et externes) de la France et de l'Europe. Ils savent pertinemment qu'elles constitueront des proies faciles dès lors qu'elles auront été "soigneusement" et méthodiquement affaiblies.

La connaissance et la prise en compte de l'adversité ne saurait cependant nous obnubiler au point de nous décourager de penser et d'agir : les trésors que nous ont légués les générations antérieures ne sont pas seulement matériels et destructibles ; ils sont plus encore immatériels et impérissables. Leur principale vertu : nous inviter à nous relier sans cesse aux sources intarissables d'une Providence qui intervient à chaque instant et à tout moment pour nous tirer du gouffre où nous ont plongés nos erreurs et nos égarements. Si nous savons compter sur Elle, nous ne craindrons jamais aucun ennemi, aucun envahisseur, aucune attaque.

Réorganiser les pouvoirs politiques (notamment), en France, ce n'est donc pas se livrer à des acrobaties intellectuelles, à des calculs savants ou s'acharner à bâtir des architectures alambiquées. C'est, bien plus, faire en sorte que ces pouvoirs évitent de se couper de la source vivifiante de la grâce et finissent par s'adorer eux-mêmes au point de se rendre aveugles et d'être incapables d'entendre le murmure d'une voix qui jamais ne s'impose par la virulence car elle ne s'adresse qu'aux intelligences en état de recherche et ouvertes aux appels de la grâce. 

C'est pourquoi le projet France 2022 n'envisage pas des bouleversements institutionnels majeurs mais des ajustements originaux qui nous sortent de plus de deux siècles d'errance politique en France, depuis que notre pays a perdu son chef en coupant la tête du roi Louis XVI. Ce thème ne sera pas ici développé puisque d'autres tribunes du projet France 2022 l'ont déjà fait. Il s'agit pour nous d'en tirer maintenant les conséquences en répondant à cette première question : "Quel chef digne de ce nom pour la France ?".

Question éminemment délicate pour laquelle nous ne sommes pas du tout certains de trouver une réponse adéquate dans l'immédiat. Sans doute faudra-t-il encore des années pour que se lève un chef dûment préparé à tenir un flambeau qui dépasse largement les capacités de la nature humaine comme, dans un autre registre, la fonction épiscopale est toujours trop large pour les épaules d'un simple mortel. C'est dire, en d'autres termes, que la fonction présidentielle, en France (et en bien d'autres pays) ne peut être valablement assumée par une personne coupée de la source vivifiante d'une grâce surnaturelle, au demeurant abondante pour celui ou celle qui est assez humble pour implorer son secours, à temps et à contre temps.

D'emblée, il apparaît clairement que l'élection d'un tel chef par un peuple n'est possible que si le peuple lui-même ne se coupe pas de la source de la grâce : un peuple égaré est toujours incapable de choisir un chef qui le remettra sur le bon chemin et qui lui redonnera donc d'écouter une voix l'invitant à la conversion du coeur. Où l'on voit que "le bon chemin" n'est pas un système politique plutôt qu'un autre, une option économique plutôt qu'une autre mais une disposition d'esprit permanente qui donne à chacun d'entendre sa conscience aux moments où la raison s'achève, où s'épuise toute possibilité de calcul.

Où nous voyons aussi que l'ampleur de la tâche est colossale : comment fortifier chaque citoyen français pour qu'il devienne capable de bien choisir la personne qui assumera la fonction présidentielle à partir de l'an 2022 ?

La fortification et l'édification de chaque citoyen d'un pays est une oeuvre de longue haleine. Elle est le fruit de multiples intervenants. Les uns sont encore en vie et très actifs. D'autres sont morts. Beaucoup sont invisibles, qu'ils soient encore "de ce monde" ou qu'ils soient déjà dans "l'au-delà". Chacun accomplit son travail et nul ne peut se prévaloir d'un rôle plus important que celui des autres.

Il est grand temps que tous ces acteurs s'accordent pour provoquer le sursaut spirituel, moral, politique, économique, artistique ... dont la France a tant besoin. Non pas qu'ils s'entendent à la manière trop humaine, tels des comploteurs persuadés de détenir seuls la vérité mais qu'ils se relient de plus en plus à la source unique de toutes grâces : le Christ Rédempteur du genre humain et qu'ainsi chacun soit animé par l'Esprit de Vérité.

La qualité de ce lien au Christ rédempteur résulte d'un travail qu'il faut avoir le courage de remettre sans cesse en chantier : ne pas se targuer de certitudes absolues mais apprendre à cheminer, jour après jour, sans s'imaginer détenir, seul ou même à plusieurs, des informations que d'autres, imbéciles ou ignorants, ne détiendraient pas. C'est dire ici que tout ésotérisme, en Christ, a fait long feu. Si Jésus a demandé à ses apôtres de garder secrètes certaines révélations ce n'était pas pour qu'elles le demeurent jusqu'à la fin des temps mais pour que sa mission terrestre, le temps de son incarnation, se déroule comme les Ecritures le prévoyaient, en temps et en heure. Aucun groupe de disciples chrétiens, désormais, ne peut se prévaloir d'être en possession d'informations que les Eglises dites officielles ne connaîtraient pas. Ce point est capital, fondamental. Combien voyons-nous en effet de personnes persuadées d'être dans le vrai au sujet de la Bible, de l'Eglise, du Christ et de toutes les données qui s'y rattachent tandis qu'elles affirment que telle ou telle Eglise particulière serait dans le faux ! Et l'on entend ainsi bon nombre de baptisés prétendre que l'Eglise de Rome, notamment, aurait perdu la clef de l'interprétation des Ecritures, qu'elle serait dans l'erreur depuis des siècles. A l'appui de ces allégations, ses détracteurs ne manquent pas, évidemment, d'invoquer les vicissitudes d'une Eglise humaine, trop humaine. C'est oublier que chacun de nous est un vase fragile, porteur d'un trésor menacé de ruine et de péril dès lors que ce vase ne se laisse pas modeler et réparer par la grâce sanctifiante.