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lundi 23 novembre 2015

France2022 : Pourquoi deviennent-ils djihadistes ?



"Il y a ceux qui, 
lassés de la fadeur de leur existence,
excédés par la médiocrité 
du monde qui les entoure,
aspirent à plus de piquant, 
de grandeur, de pureté - 
et qui confondent le sel et le sang,
la grandeur avec l'orgueil et la puissance,
la pureté avec un fanatisme assassin.
Cette confusion s'est toujours produite,
mais son actualité 
est d'une particulière acuité
comme le montrent les agissements
des intégristes assassins
qui saccagent lieux et mémoire des lieux,
supplicient et massacrent
tous ceux qui ne partagent pas 
leur conception de la grandeur, 
de la pureté,
tous ceux qui ne leur sont pas 
absolument inféodés.
Croient-ils s'inscrire dans la lignée d'Abraham
parti radicalement de l'avant,
vers lui-même comme un autre ?
Impossible -
ils ont la haine de toute altérité,
de toute diversité,
la haine et le mépris des autres
justes bons à être soumis, exploités, humiliés,
et une délectation à tuer."

"Quatre actes de présence.
Vivre ici et maintenant."

Sylvie Germain



"Le danger n’est pas 
dans ce que l’on ignore 
mais dans ce que l’on croit certain 
et qui justement ne l’est pas."

Mark Twain 



"La devise républicaine : Liberté, égalité, fraternité 
proclame la liberté, réclame l'égalité 
et réconcilie ces soeurs ennemies 
en leur rappelant qu'elles sont soeurs, 
en mettant au-dessus de tout la fraternité. 
Qu'on prenne de ce biais la devise républicaine, 
on trouvera que le troisième terme 
lève la contradiction si souvent signalée 
entre les deux autres 
et que la fraternité est l'essentiel."

Henri Bergson


"Les idolâtres te paraissent plus vivants que les chrétiens.
Quoi d'étonnant ?

Les idoles tirent à elles
ce qu'il y a de meilleur dans l'homme :
elles ont besoin de notre ardeur,
elles qui, par essence, sont froides et mortes.
Elles ne sont pas Dieu 
pour s'accommoder de misères et de déchets !

Cette voracité des idoles -
leur besoin perpétuel de grasses proies -
éclaire le cycle de certains retours à Dieu.
Après avoir tari l'homme jusqu'aux moelles,
l'idole l'abandonne sur le chemin.
- Qu'ai-je à faire de toi maintenant ?
Il faudrait être Dieu pour trouver encore
quelque chose à ronger en toi !"

"L'échelle de Jacob"
Gustave Thibon, 1942




Résumé : tribune qui analyse l'échec de tout djihad intérieur qui ne repose pas sur le secours de la grâce mais qui s'appuie uniquement sur les efforts d'un orgueil mis en déroute et finalement meurtrier : ce que je n'arrive pas à réformer en mon for intérieur par mes seules forces me conduit à vouloir changer l'extérieur en cherchant quelques sujets coupables et en usant, hélas, d'une violence maladive.


L'élaboration du projet France2022 repose sur le constat de dysfonctionnements et de carences sans négliger la vision à long terme, c'est-à-dire la prospective qui cherche à anticiper les transitions ou les mutations à venir, lesquelles se produiront :

* pour remédier aux maux de la France et des sociétés actuelles  ;
* en raison de progrès résultant d'inventions prévisibles ou tout à         fait surprenantes ;
* en raison de l'accroissement de la population mondiale ;
* par effondrement des ressources d'origine fossile ;
* par le jeu des antagonismes et des alliances géostratégiques.

L'analyse fine des progrès techniques de l'humanité permet de découvrir des mouvements de fond qui affectent tous les secteurs, toutes les strates, tous les savoirs-faire, tous les outils, tous les métiers, toutes les relations ... et certaines inventions ont le don de remettre en cause beaucoup de choses à la fois. 

Il suffit de songer à l'utilisation d'un outil scripteur pour dessiner ou écrire puis à l'imprimerie et maintenant à l'informatique pour mesurer à quel point des sauts techniques sont capables de bouleverser l'histoire des hommes. Sans compter le perfectionnement des armes de chasse ou de guerre ... le premier engin automobile ou volant ... la mise en oeuvre de l'électricité ... la découverte puis la maîtrise des procédés de culture, d'élevage ou de fermentation ... 

Afin de ne pas se perdre dans l'immensité des progrès accomplis depuis la nuit des temps et jusqu'à ce jour,  il suffit de prendre de la hauteur et de constater que l'humanité fait en sorte de seconder les fonctions de l'homme à l'état de nature dans le but d'en augmenter la portée ou de remédier à certaines de leurs déficiences. Revers de la médaille : le risque de perturber gravement l'homéostasie d'un organisme vivant (être humain, plante ou animal mais aussi entreprise, corps intermédiaire, société, nation, continent ou planète) en recherche perpétuelle de l'équilibre dynamique lui assurant de pouvoir rester en vie, de se développer et de fructifier. Toutes les "prothèses" qu'inventent les hommes leur font courir des risques d'accident, de mésusage, de nuisance volontaire ou involontaire. 

En 2015 puis dans les années à venir, tout être humain a la faculté de se tenir dans une position, source d'euphorie et de responsabilités nouvelles : jamais auparavant, ne lui avait été donné de pouvoir discerner, avec autant de facilité et de bonheur, les grandes directions du progrès technique. Pour qui veut bien faire l'effort de prendre connaissance des trajectoires déjà suivies par l'humanité, l'avenir, bien loin d'être menaçant et inquiétant, apparaît au contraire tout à fait lumineux. 

Si de nombreuses incertitudes subsistent, jamais ne fut donné à l'observateur attentif autant de moyens qu'aujourd'hui pour tenter de prédire ce qui va se passer. D'où l'intérêt grandissant que peut avoir désormais la prospective ... menée de manière intelligente, magnanime, lucide et très humble voire très locale : scruter son propre avenir par l'identification des invariants et des variables de son existence actuelle. Voir à ce propos le livre récent de Jacques Attali : "Peut-on prévoir l'avenir ? Le sien, celui des autres" chez Fayard.

La vision à long terme du projet France2022 s'appuie sur l'actualité et le passé de la France sans se laisser contraindre, soit par des habitudes de pensée ou par des affirmations erronées, soit par des limitations d'espérance ou par des arguments frileux ou pusillanimes qui enferment l'esprit et le corps dans des enceintes sclérosées, des sépulcres blanchis. 

Cette approche de long terme ne se laisse détourner de son but - un projet magnanime, solide et viable pour que la France relève la tête, rayonne davantage et respecte profondément chacun, quelle que soit sa condition ... en toute humilité et pour le bien du plus grand nombre - ni par les faux-semblants mis en lumière par Michel Volle, ni par de faux-problèmes mis en avant pour dissimuler les véritables enjeux cruciaux de l'époque contemporaine. 

L'idolâtrie du confort, pour un petit nombre sur Terre, conduit bien souvent à prôner des solutions d'inspiration malthusienne qui ne tiennent aucun compte des possibilités de réduction des gaspillages et du formidable potentiel d'inventivité de l'intelligence humaine comme des trésors de bonté que peuvent susciter, dans le coeur d'un homme, la détresse et les souffrances d'autrui, si bien que dans toute situation désespérante au premier abord, l'esprit d'audace et la diligence de la charité active décèlent toujours des indices pour tracer avec courage, suivre avec ténacité et parcourir jusqu'au bout un chemin de remédiation et de salut.

A la suite de Josef  Pieper (lien vers un texte de référence sur ce philosophe donné en anglais, le texte français étant trop lapidaire dans Wikipedia) qui dénonçait l'abus d'un langage mensonger s'éloignant de plus en plus de la réalité des faits ou déformant subtilement leur récit, les tribunes du projet France2022 n'hésitent pas à entrer dans le vif du sujet selon des angles de vue trop souvent oubliés parce qu'ils révèlent les carences de l'analyse partielle voire partiale : nombreux sont les commentateurs de l'actualité qui passent sous silence des données pourtant bien attestées et pèchent alors non pas seulement par inexactitudes mais plus encore par incomplétudes, tordant de la sorte la vérité selon l'un ou l'autre de ces deux axes majeurs. 

Prendre en compte des données tues, voilées ou camouflées change radicalement les perspectives : ce qui paraissait désespérant ne l'est pas autant qu'on l'affirmait et ce qui était perçu comme intangible, comme un progrès, ... perd soudain son lustre de pacotille. Il suffit d'intégrer le nombre annuel d'avortements connus en France, au moins 220.000 par an, pour faire chuter l'espérance de vie d'une vingtaine d'années en France, la faisant passer de 80 ans à moins de 60 ans.

Pourquoi certains jeunes, élevés en France (et ailleurs), partent-ils s'entraîner pour revenir ensuite assassiner le premier venu, avec la plus grande lâcheté, tout en se prenant pour des martyrs ou en étant déclarés comme tels par ceux qui les recrutent, les excitent et les préparent à exécuter des actes de barbarie sans aucune hésitation et avec un sang froid qui parvient à glacer le coeur le plus fermé à la détresse d'autrui ? Sont-ils seulement animés par le nihilisme le plus abject ? Sont-ils mûs par la seule volonté de puissance d'un ego surdimensionné et totalement déséquilibré ? De quelles maladies spirituelles et corporelles sont-ils atteints ?

Pourquoi des jeunes qui devraient se mettre au service d'oeuvres de vie avec enthousiasme et pleins de générosité choisissent-ils, au contraire, de participer à des massacres et de se livrer, corps et âme, à la remorque d'une destruction systématique de constructions anciennes, de structures vitales pour des centaines de milliers d'habitants ? Pourquoi agissent-ils en fanatiques ? De quelles idolâtries sont-ils les esclaves ? Par qui, pourquoi et dans quels buts sont-ils armés ?

Pourquoi (et pour quoi) cette folie morbide et destructrice, organisée avec autant de soin et de génie maléfique que celle qui broya des millions d'êtres humains en Europe, en Chine et ailleurs en Asie, en URSS ... ?  Moins figée au XXIème siècle qu'au siècle précédent en raison de la mobilité grandissante de l'existence humaine, elle lui emprunte l'absurdité de tout combat déséquilibré : il ne s'agit pas d'une guerre à proprement parler où les belligérants s'affrontent à armes quasi égales mais d'une violence d'un soi-disant fort contre beaucoup plus faible que lui. Celui qui attaque ne laisse aucune chance à sa victime, ne lui offre aucune possibilité de fuite, de défense ou de reddition. (Fait qui n'est pas nouveau, loin s'en faut, et qui eut largement cours au XXème pendant la seconde guerre mondiale ainsi que le décrit August von Kageneck dans son livre "Examen de conscience - Nous étions vaincus mais nous nous croyions innocents").

Ainsi en va-t-il, non pas seulement de terroristes minables mais bien davantage de médecins pour ainsi dire réquisitionnés par un pouvoir, lâche et veule, qui les a si bien conditionnés qu'ils peuvent participer, à toute heure, sans trop de scrupules (?), à la mise à mort de millions d'enfants qui ne demandaient qu'à voir le jour.

Plusieurs dysfonctionnements concourent à cette situation dramatique : méconnaissances ou ignorances spirituelles, éthiques, juridiques, morales, déontologiques, théologiques, métaphysiques, philosophiques, scientifiques, artistiques, religieuses, ... ; absence de magnanimité et d'humilité, perte du sens des vertus humaines, jeunesse désoeuvrée, mollesse, corruption et gabegie politiques, obscurcissement des consciences par l'empoisonnement d'un langage trompeur qui s'accommode trop souvent de demi-vérités et qui fait donc le lit des mensonges. 

Depuis des années, nos gouvernements successifs ont pris l'habitude en France de rendre notre pays de plus en plus vulnérable par la promotion et la mise en oeuvre de projets sans la moindre grandeur. Cela commence dès 1975 avec la loi dépénalisant l'avortement qui, sous couvert d'un droit, a instauré le crime d'Etat organisé contre ceux qui sont sans la moindre défense. 

Situation d'autant plus paradoxale et malsaine qu'il fut décidé quelques années plus tard de renoncer à la peine de mort pour des criminels, comme si le tout petit en gestation n'avait pas autant le droit de vivre qu'une personne potentiellement dangereuse. Situation absurde où l'on postule que le tueur s'amendera et deviendra fréquentable après des années de prison tandis que l'enfant à naître n'aurait pas sa place parmi nous. 

Si l'on estime, selon une perspective qui ne peut-être que surnaturelle, que le violeur et le tueur auront leur place en société, qu'est-ce qui empêche, d'un point de vue simplement naturel, et a fortiori surnaturel, de penser que celui qui va naître n'aurait pas la sienne ? Si l'on pense qu'une prise en charge, un accompagnement ... bien menés arriveront à permettre la réinsertion d'un criminel, pourquoi s'imaginer qu'une éducation de qualité, même moyenne, ne parviendrait pas à favoriser l'insertion de toute personne en gestation ? A moins d'invoquer l'argument du nombre : quelques centaines de grands criminels contre des millions d'enfants, on ne voit pas pourquoi une action très improbable - obtenir la rédemption d'un condamné pour crime(s) - aurait plus de chance d'aboutir qu'une tâche habituelle : élever un enfant, même inattendu ou non souhaité. 

Il ne faut, certes pas, méconnaître le risque du handicap grave résultant d'un désamour maternel et/ou paternel a priori ou d'une situation morale voire matérielle aggravante mais, plutôt que de financer de plus en plus largement le meurtre de l'enfant à naître, il conviendrait de soutenir, matériellement et spirituellement, toutes les femmes qui hésitent encore à garder leur enfant ou qui subissent des pressions insoutenables pour les pousser à l'avortement. Voir par exemple ce reportage qui montre comment l'omerta sur l'IVG entretient des souffrances qui auraient pu être évitées par davantage de courage, de maîtrise de soi, de prudence et de justice, de magnanimité et d'humilité.

L'argument de la souffrance à venir d'un enfant a priori rejeté et quand même accepté, contre fortune bon coeur, ne tient pas non plus car cette souffrance hypothétique (mais aussi constatée) est finalement remplacée par celle d'une femme qui regrette son acte jusqu'à la fin de ses jours ou qui si elle paraît s'en être sortie indemne, développe des maladies ou des comportements qui manifestent autrement que quelque-chose en elle ne va pas. A cette souffrance de la mère, il faut ajouter, dans une perspective qui dépasse le plan visible, la souffrance de l'enfant éliminé et toutes les répercussions traumatiques que peuvent avoir sa disparition.

N'envisager que le pire pour l'enfant c'est oublier que sa venue est capable de transformer en profondeur le coeur d'une femme et/ou d'un homme, de chambouler son existence et ses croyances comme de lui donner des ailes alors qu'il ou elle pense n'avoir que des pieds de plomb parce qu'il ou elle redoute d'être incapable de faire face, d'être submergé(e) par les difficultés, les obstacles qui, pourtant, s'aplaniront souvent par miracle. Refuser l'existence terrestre au tout petit en gestation c'est prendre le risque de choisir le misérabilisme, la pusillanimité et la douleur incessante.

Tant que la société française, tout entière, ne sera pas revenue à l'esprit de gratitude qui s'émerveille de toute naissance, il est clair que bien des femmes et bien des hommes ne pourront pas accueillir le bonheur d'être parents. Les pressions intérieures que les hommes et les femmes s'infligent sont si fortes, les pressions extérieures qu'ils subissent sont si redoutables que c'est le corps intégral de la société qui doit résister sinon les femmes sont les premières victimes  et cela va jusqu'au meurtre qui risque de hanter leur conscience pendant des années.

Chaque jour, combien de médecins tuent et blessent encore plus de personnes que le 13 novembre dernier ? 

L'acte de l'avortement est si répugnant, si contraire à l'exercice de la médecine, si choquant pour toute conscience un tant soit peu éclairée, que nombre de médecins en France choisissent de ne plus prêter leur concours à l'une des plus tragiques barbaries de l'histoire des hommes : ils savent que pour faucher une vie à son commencement, il faut déployer un arsenal puissant, médicamenteux ou physique, qui atteint de plein fouet une dynamique prodigieuse. Cela ne se fait pas sans moyens redoutables. 

Nul doute qu'ils seront encore plus nombreux au fil du temps : un homme ou une femme ne passe pas un concours difficile et ne consacre pas de longues années de sa jeunesse à devenir capable de soigner et de guérir pour se transformer finalement en bourreau de service à la solde d'un pouvoir corrompu jusqu'à la moelle et même jusqu'au sommet de l'Etat puisque les anciens locataires de l'Elysée perçoivent jusqu'à leur décès des subsides qui dépassent le million d'Euros par an en cumulant toutes leurs retraites et indemnités, sans compter quelques avantages en nature ! Un véritable scandale quand on sait que certains sont  grassement rémunérés de surcroît pour la moindre de leur prestation en public. Les sommes perçues sur le dos des contribuables seraient bien utiles pour venir en aide à ceux qui manquent du nécessaire et notamment aux femmes qui hésitent à garder leur enfant pour des questions d'argent. Le projet France2022 prévoit de faire cesser cette confiscation par quelques-uns de sommes qui reviennent de droit à des personnes beaucoup plus nécessiteuses.

Ceux qui défendent l'IVG prétendent, pour se disculper, qu'il ne s'agit que de foetus et pas encore de personne. En sommes-nous si sûrs ? L'horreur vécue en plein Paris se renouvelle chaque jour dans les coulisses de nos hôpitaux et de nos cliniques, évidemment sans le moindre écho dans certains médias inféodés aux pouvoirs mortifères mais le silence des agneaux qu'on abat ainsi finira bien un jour par faire un bruit assourdissant car deux vies ont été fauchées, celle de l'enfant et celle de la mère. Si lui n'a plus la possibilité de parler directement, il lui reste le moyen de se faire entendre par la voix de sa mère qui, prenant son courage à deux mains et sans fausse honte, osera un jour témoigner en sa faveur. Ce faisant, elle retrouvera la joie d'être mère et par son audace, évitera beaucoup de drames.

Que l'on admette ou non la légitimité de cette tuerie, elle fait de notre pays, comme tant d'autres, la cible de choix de tous ceux qui estiment que l'occident (mais pas seulement lui !) mérite un châtiment pour son inconduite. Ceux qui administrent les coups de la revanche n'ont aucune leçon à donner en matière de bienséance, de morale ou d'éthique. Cela ne les empêche pas de s'arroger le droit de punir notre pays puisqu'ils le jugent infidèle. Criante stupidité, bien sûr. Dieu ne veut pas la mort du pécheur mais qu'il se repente et qu'il change de voie. 

Dieu ne demande pas à d'anciens ou perpétuels délinquants de faire régner la terreur pour que d'autres se convertissent. Le spectacle d'une confusion totale et d'un apparent non sens absolu n'a jamais permis à quiconque de revenir à davantage de justice, plus de compassion ou de compréhension durables ; d'abandonner ses folies pour choisir de se comporter plus sainement et plus saintement. 

L'absurdité des massacres du 13 novembre fera dire à certains que l'homme est décidément un loup pour les autres, que le monde est bien pourri, que les musulmans sont ceci, la France cela, les services de renseignement ceci, la diplomatie française cela ... 

Combien seront-ils ceux qui s'interrogeront sans se laisser décourager par l'horreur ; se mettront en marche pour lutter avec patience, non d'abord contre des dysfonctionnements externes mais contre ce qui, en eux, fait obstacle à l'avènement d'un monde pacifié et capable d'accueillir tout être humain comme une bénédiction ?

Le mariage pour tous est venu bêtement ajouter une couche au constat de décadence que les adversaires de la France, de l'Europe et d'ailleurs se plaisent à dresser pour légitimer leurs exactions.
Si nos parlementaires avaient pris à coeur la défense du peuple français, ils auraient évité une telle idiotie. Certains en sont au contraire tout à fait fiers car ils en font un acte de résistance contre la barbarie des pourfendeurs de la relation homosexuelle. Ils oublient qu'il existe des moyens autrement plus intelligents d'obtenir le respect des personnes, quels que soient leurs agissements et leurs choix de vie. 
Davantage de fermeté diplomatique voire économique à l'égard des pays qui laissent libre cours aux vengeances, aux moqueries, aux tortures et aux exécutions sommaires des personnes jugées "non conformes" ou "anormales" aurait beaucoup plus d'effet que cette espèce de provocation imbécile consistant à instaurer un mariage, soi-disant "pour tous", ce qui s'appelle se foutre de la gueule du monde et tend à faire miroiter un faux espoir à tous ceux qui ne rencontrent jamais l'âme soeur ou pensent ne pas la rencontrer. C'est aussi contribuer à diminuer encore le crédit d'un pays qui n'aura finalement plus grand chose d'intéressant à apporter dans le monde s'il continue à pratiquer le ski hors piste. Cela ne fait qu'engendrer des avalanches meurtrières. Que peut en effet défendre un pays qui se prétend "normal" jusqu'au plus haut niveau mais qui n'hésite pas à multiplier les actes médicaux prénataux pour éliminer le plus possible toute déficience jugée anormale ? Ainsi en va-t-il de la trisomie 21. Les Etats qui pratiquent l'élimination ou qui mettent au banc de la société les "anormaux" pour leurs comportement jugés "déviants" auront beau jeu de rétorquer à la France qu'elle est la première à pratiquer largement l'élimination de l'innocent soit pour des raisons médicales aberrantes soit pour assurer le confort de tous ceux qui redoutent l'arrivée d'une nouvelle vie jugée problématique, emportés qu'ils sont par des pensées délétères. Parmi les 8 à 10 millions de victimes de l'avortement en France depuis 1975, combien seraient devenus délinquants ? Une infime poignée ! A chaque génération, naissent et/ou grandissent des "monstres", des "barbares", des "cinglés" ... ainsi dénommés par ceux qui sont le plus durs envers l'anormalité. Penser que des conditions initiales déplorables, difficiles ou non idéales déterminent automatiquement une existence pitoyable  c'est se tromper lourdement sur les immenses capacités de rebond, de résilience, d'entraide qui se mettent en oeuvre autour des personnes en difficulté et, contrairement à ce que l'on entend dire et répéter, l'humanité progresse chaque jour dans le sens d'une prise de conscience et d'une prise en charge de plus en plus fines, efficaces et chaleureuses de la détresse d'autrui. A l'inverse, penser que des conditions initiales en apparence favorables (ou qui le sont réellement) suffisent à engendrer des personnes saines d'esprit et de comportement, c'est oublier la responsabilité personnelle et la (fausse) liberté individuelle qui peut conduire quiconque à devenir délinquant et criminel.
Les combats, les attentats, les guerres, les crimes ... même répandus sur la planète représentent une minuscule part de la réalité terrestre car, si le mal dispose maintenant de moyens très puissants, le bien en dispose également. A chacun de nous de savoir en user dans le sens d'un bien véritable et non pas en faveur de maux présentés comme des biens par des artifices de langage, des raisonnements foireux ou des mensonges grotesques. 
Ce qui précède semble contredire ce qui était dit au paragraphe précédent : ne pas chercher en dehors de soi ce qui fait obstacle à la paix mais chercher d'abord en soi. Contradiction apparente qui se résout bien simplement : à trop détériorer les conditions ou l'environnement de l'existence humaine, une politique imbécile en vient à rendre très difficile voire quasi impossible le seul djihad légitime, celui qui consiste à se réformer d'abord soi-même. En effet, quand de très graves exactions comme le meurtre de l'enfant dans le sein de sa mère sont présentées comme des actes banals voire faussement légitimes (puisque légaux), les consciences finissent par ne plus avoir de repères solides. C'est alors qu'une société dans son ensemble, un pays tout entier et même tout un continent se trouvent embarqués dans une course folle que des esprits fatigués, échauffés ou déréglés, pensent pouvoir arrêter par d'autres meurtres. Peine infernale : demain d'autres enfants seront encore tués par de pauvres femmes qui se diront : "Dans ce monde de fous (??), je préfère "assassiner" mon enfant plutôt que de le voir un jour tomber sous les balles d'un tueur embusqué ou devenir criminel faute d'avoir pu l'élever décemment." Raisonnement, pourtant bancal ou incomplet, qui ne tient pas compte de la réalité et de la vérité : votre enfant, Madame, Mademoiselle, Monsieur, a autant de chances de tomber ainsi que de gagner un jour le gros lot à un jeu d'argent ... Beaucoup d'autres enfants ne verront pas le jour à cause de raisonnements analogues alors qu'il aurait suffi que leur mère et leur père entendent et comprennent que le malheur n'est jamais sûr puisqu'il représente, à l'échelle de la planète, une part infime de la réalité humaine comme le rappelle justement Matthieu Ricard et que ce malheur est voué au néant dans une perspective eschatologique : à la fin des temps, seul le bien véritable subsistera pour le bonheur des bienheureux tandis que le mal sera jeté en pâture à ceux qui auront choisi de s'en nourrir de manière exclusive. 

Il en est, hélas, qui ont des nausées à la seule idée que l'on puisse distinguer le bien du mal mais qui, à la première injustice selon leur point de vue, se réveillent soudain pour dénoncer le mal qu'elle signifie ou révèle. Cette incohérence ne peut empêcher de considérer que l'un et l'autre ne se valent pas ; de dire à temps et à contre-temps que la situation du pécheur - notre condition commune - est redoutable : celui ou celle qui commet un mal objectif risque de prendre la fâcheuse habitude d'aller de plus en plus loin dans le vice et dans la torture d'autrui.

De nombreux commentateurs ont affirmé que le commando contre Charlie Hebdo en janvier 2015 s'en était pris à la "liberté d'expression". C'était aller un peu vite en besogne. Certes, il a tenté de faire taire les artisans d'un hebdomadaire qui s'exprimaient sans aucune retenue mais ceux-là oublient que, malheureusement, les assassins se sont mobilisés pour une guerre "sainte" (faussement sainte évidemment : seule est sainte la Paix) pour défendre leur citadelle contre les assauts des moqueurs et de la dérision à bon compte. Qu'ils aient usé de ce prétexte de l'attaque en abusant de qualificatifs caricaturaux (blasphèmes, crimes, ...) ou en grossissant l'offense pour exprimer leur volonté de toute puissance et alimenter le moulin de la terreur ne doit pas nous dispenser de réfléchir sur nos propres comportements de soi-disant "civilisés". 

Ce n'est pas en tournant en dérision un prophète, un religieux, une religion, une autorité morale, un pouvoir quelconque ... que l'on fait avancer d'un pouce la civilisation. On obtient, en revanche, une excitation qui tourne parfois au drame quand l'offensé se sert du prétexte de l'offense pour alimenter sa propagande ou pour exécuter ses plans maléfiques, pour asseoir son pouvoir policier ou dictatorial. Ainsi, parler de radicalisation de l'islam revient à méconnaître sa transposée : islamisation de la radicalité dans laquelle, les offenses supposées ou réelles contre l'islam, deviennent du pain béni pour tous les révolutionnaires en mal de terrain de jeu. Ils auront tôt fait de prendre le prétexte de la soi-disant défense de l'islam, d'une religion soit-disant offensée, d'un Coran soi-disant non respecté, d'une charia mal appliquée, ... pour instaurer leur loi sanglante partout où ils rencontreront, soit une résistance molle, soit une configuration rêvée pour la justification de leurs exactions. 

Au fond, non seulement notre législation devient de plus en plus permissive faisant de la France la risée de ceux qui cherchent le plus petit argument pour s'en prendre à elle mais, de surcroît, certains se croient autorisés en France à tourner en dérision un adversaire qui n'en demande pas tant pour se déchaîner. Jeu absurde qui conduit à une escalade de la violence, des deux côtés, et provoque des catastrophes sanglantes. N'importe quel adversaire assez rusé n'hésitera pas une seconde à s'auto-justifier, à sanctifier au besoin les pourfendeurs de la France et ceux qui commettent l'irréparable au nom d'Allah ou d'un autre. 

Nous parlons de "terroristes" pour désigner ceux qui commettent des atrocités sur notre sol alors qu'eux-mêmes se prennent pour des héros. Sont-ils donc si fous que cela ? Ne le sommes-nous pas à leurs yeux ? Ne se considèrent-ils pas plutôt comme des résistants en lutte contre des Etats qu'ils jugent sataniques, mécréants et barbares ? Ne veulent-ils pas simplement abattre des sociétés qu'ils trouvent perverties jusqu'à la moelle, qui n'hésitent pas à se déclarer massivement athées (ce qui revient tout simplement à dire soit que l'univers est éternel soit que Dieu s'en est retiré) et qui manifestent leur athéisme par le sort qu'elles réservent à beaucoup de leurs enfants sans même essayer de les sauver, par l'établissement de lois qui leur paraissent tout à fait contraires à l'ordre divin tel qu'ils le conçoivent ? 

Sourire d'une telle hypothèse risquerait de nous faire passer à coté d'un levier d'action puissant : comprendre enfin qu'une partie de notre jeunesse en a assez de l'hypocrisie d'une société qui affirme, haut et fort, vouloir le bien de tous, sans aucune discrimination, sans la moindre intolérance, ... mais qui, en sous main, par des manipulations grossières, odieuses et scandaleuses, organise minutieusement les circonstances favorables à la perpétuation de crimes quotidiens contre les membres les plus fragiles en son sein et, comble de l'ironie, contre ceux qui ont le plus grand potentiel de vie ; une société devenue aussi incapable d'entendre la rancoeur de tous ces jeunes laissés pour compte parce que broyés par une machine économique qui tourne à vide au seul profit de quelques "élites" confortablement assises aux manettes d'un colosse aux pieds d'argile ou de quelques réseaux fort actifs pour ôter à la France toute dignité. 

En dernière analyse, avortements et chômage de masse sont intimement liés. Ils expriment à la face des générations montantes une haine sordide : celle que vouent des rentiers ou leurs comparses à l'égard de toute jeune pousse, elle qui prendra un jour la place d'une plante devenue bien grasse à force de faire de l'ombre à celle qui voudrait voir la lumière. 

Dans un pays où l'obscurcissement des consciences est devenu monnaie courante, les pseudos martyrs de la guerre "sainte" se font exploser comme des sentinelles désespérées (et encore plus désespérantes) en s'imaginant que quelques étincelles vont suffire à nous réveiller de notre torpeur et à jeter une lumière bienfaisante sur nos égarements. 

Il est urgent de dire haut et fort à cette jeunesse désoeuvrée et complètement perdue qu'il existe bien d'autres moyens de lutter à armes égales, sans aucune barbarie, par des actions magnanimes et généreuses, par le souci des pauvres, par une parole de vérité, ... afin qu'advienne un monde plus juste mais demeurant imparfait jusqu'à la fin des temps. 

Il est urgent aussi d'apprendre à tous ces jeunes en manque de terrain de combats judicieux que le premier vrai combat commence par la réforme de soi, jour après jour, éminemment patiente et humble, par un djihad de chaque instant qui vise, non pas à détruire les "mauvais" qui m'entourent, mais à chasser sans relâche du temple intérieur de ma conscience les démons de la bêtise, de l'ignorance, de la luxure, de la gourmandise, de la suffisance, de l'ingratitude, de l'orgueil, de la jalousie, de l'envie, de la paresse ou de l'acédie ...

La prudence la plus élémentaire devrait nous inciter à mieux comprendre les ressorts du déferlement de haine réciproque qui jette l'un contre l'autre des Etats armés jusqu'aux dents et des bandes d'égorgeurs que d'autres Etats alimentent en matériel de guerre. L'un de ces ressorts tient à de très graves méconnaissances du rôle majeur des religions et de la nécessité pour les membres de chacune d'elles de s'exprimer vigoureusement dans toutes les circonstances où des hommes perdent de vue l'essentiel et se fabriquent des idoles très dangereuses.

Ainsi en est-il de l'idôlatrie du confort et son corollaire boursouflé en France : l'idôlatrie de la rente de situation où les plaisirs d'état dominent tous les autres plaisirs. Ordre abominable dans lequel chacun essaie d'obtenir un poste ou une position qui le mette à l'abri des vicissitudes du temps et des aléas de l'existence. Une fois obtenue, la situation de rente sera défendue bec et ongles, jusqu'à l'aberration la plus totale.

Ainsi en est-il de l'idolâtrie du sacrifice sanglant comme si un sacrifice d'êtres humains ou d'animaux pouvait plaire à Dieu et nous obtenir des faveurs qui ne nous seraient pas déjà offertes à profusion. Faucher tant de vies humaines avant la naissance peut-il donc apporter un mieux être à tous ceux qui souffrent la faim et le dénuement, sont victimes d'atrocités, sont déportés, massacrés ou torturés ? Ne s'agit-il pas plutôt d'assurer notre confort en évitant d'être dérangés par la venue de gêneurs potentiels, de rivaux, de contradicteurs ... ? 

Tirer sur des passants, des personnes attablées ou présentes à un spectacle apporte-t-il une once de mieux être au reste du monde ? Par un curieux renversement de perspective, on dira : "Oui ! Voyez la solidarité qui s'est manifestée dans l'épreuve !". Encore un jugement hâtif  et même pervers ou dangereux qui oublie que cette générosité est capable de se mobiliser sans qu'il soit "nécessaire" de s'enfoncer dans la barbarie. Les miracles qui se sont produits dans les camps de concentration durant la seconde guerre mondiale et bien des années plus tard sont là pour témoigner des trésors d'imagination et des ressources admirables du coeur humain. Reproduire encore et encore des sacrifices sanglants en s'en prenant au hasard à n'importe lequel d'entre nous, à des cibles humaines bien choisies, à des objectifs civils ou militaires, aux plus fragiles et à des êtres sans défense, c'est piétiner, mépriser l'intelligence humaine et la bonté foncière d'un être créé à l'image et à la ressemblance d'un Dieu Miséricordieux par excellence. C'est aussi désespérer des autres en se plaçant au-dessus du commun des mortels dans un élan d'orgueil infernal. 

Ainsi en est-il de l'idolâtrie d'un ordre politique qui serait idéal, où les rouages de l'Etat seraient si bien huilés et les différents pouvoirs si bien régis qu'aucun homme n'aurait plus le loisir de se fourvoyer, de se tromper, de fauter, de mal faire, de spolier un plus faible que lui ... Il manque aux adorateurs d'un tel système la connaissance d'une parole lumineuse du Christ au sujet du bien et du mal quand Il recommande de ne pas arracher l'ivraie de peur de porter atteinte au bon grain. 

Vouloir à toute force que la cité, une région, un pays soit gouvernés sans ratés, sans aucune corruption et dans le respect absolu des préceptes divins c'est méconnaître la pâte humaine, la faiblesse de la chair entendue dans un sens très large (non pas seulement la peau, les viscères, les sens, les tendances nuisibles, les crispations sur un avoir toujours en péril, l'éducation reçue, les expériences vécues, ses pouvoirs, ses positions, ses sécurités, ... mais tout ce qui fait l'homme actuel, en particulier tout ce qu'il a reçu en héritage en l'acceptant plus ou moins bien - ce que St Paul qualifie justement de "vieil homme" en chacun de nous - par opposition à l'homme en devenir, l'homme spirituel, vivant ... qui se renouvelle sans cesse), c'est se leurrer profondément sur la tentation récurrente de tout homme et pas seulement de telle ou telle catégorie, de tirer quelque avantage de sa position au sein d'une organisation aussi parfaite soit-elle sur le papier. Non, il n'existe pas un système politique idéal. Aucune solution miracle ne parviendra jamais à instaurer sur terre un régime exempt de défauts.

Un tel constat n'invite pas à se résigner et à passer sur toutes les malversations dont nous sommes aujourd'hui les témoins au sein des dictatures comme de nos démocraties. Au contraire. Chacun de nous a la faculté d'agir à son échelle en réformant sa façon de vivre pour ne pas être complice d'un ordre crapuleux et en se donnant les moyens de bousculer cet ordre sans pour autant aller s'en prendre au premier venu ou tirer au hasard sur des personnes rassemblées. Ajouter ses propres exactions à celles d'un pouvoir corrompu ne fait que renforcer le dit pouvoir et le rendre encore plus odieux.

Notons enfin qu'en démocratie, il existe toujours des moyens de s'exprimer et de révéler la corruption ou l'indigence d'un pouvoir en place. Nous en avons eu récemment la preuve à propos du projet d'inscription dans la Constitution de ladite "déchéance de nationalité". Voir par exemple à ce sujet l'article : "La déchéance de nationalité, une aberration aux antipodes du droit français traditionnel" publié par le Rougeetlenoir.

Pour aller plus loin : P. Frédéric Louzeau intervenant au Collège des Bernardins le 4 février 2016 à propos des libertés menacées.






jeudi 8 octobre 2015

France2022 : Brève analyse du marasme économique en France et ailleurs









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L'une des grandes causes du marasme actuel en France est la prolongation de dispositions qui furent valables en leur temps mais qui sont devenues obsolètes voire néfastes aujourd'hui. 

En faisant en sorte que le prix des denrées alimentaires baisse fortement dans les années d'après guerre, on a permis aux autres pôles économiques de la nation française de se développer, notamment l'industrie : disposant d'un revenu supplémentaire allouable à d'autres achats que la seule nourriture, les Français ont pu améliorer le confort des habitations et acquérir des biens d'équipement dont ils manquaient parfois cruellement. 

Il serait stupide de s'en plaindre maintenant. Ces acquisitions ont libéré l'activité humaine de contraintes pénibles. Prôner un retour à un âge préindustriel serait faire fi des progrès formidables obtenus et des libérations de temps générées.

Aujourd'hui, malheureusement, cette politique de baisse des prix agricoles provoque des catastrophes en série. Le chômage dont les causes sont évidemment multifactorielles en est l'un des symptômes les plus visibles.

Pour être précis et juste, il faudrait ici développer longuement l'argument. Disons en quelques mots que nous avons fini par nous habituer à des PRIX de BIENS MATERIELS qui n'intègrent pas de façon optimale tous les coûts de production, qu'il s'agisse de la fabrication elle-même mais, aussi, de tout ce qui la rend possible : terres défendues, routes, infrastructures, financements, machines, automates, ... et encore de tout ce qui la précède : approvisionnement, savoir-faire, recherche, ... ou de tout ce qui permet d'acheminer les produits vers les lieux de consommation : infrastructures toujours ! , protégées, entretenues, améliorées, ... ; stockage sûr et suivi ;  transports multiples, rapides et garantis ; commercialisation à différentes échelles ; ajustement des prix optimal ; conditionnement ; conserverie ; chaîne du froid ; lieux multiples de vente ... Prix de biens matériels qui n'intègrent pas les coûts induits par de mauvaises pratiques : surproduction de mauvaise qualité, pollutions diverses, problèmes de santé résultant d'une consommation de biens nocifs pour le corps ou l'esprit humain. (Voir la fin de cette tribune)

D'un côté, chaque consommateur constate que les prix d'achat, notamment des denrées alimentaires, sont à la fois très variables et trop élevés au détail tandis que, de l'autre côté, à l'autre bout de la chaîne, les producteurs de biens, notamment les produits agricoles, sont mal rémunérés quand ils ne sont pas poussés à la faillite par une course en avant des normes, des règles sanitaires et même de quelques pratiques bancaires douteuses, ce dont le monde paysan a particulièrement souffert à partir des années 70.  

On pourrait dénoncer, comme on l'entend dire, non sans raisons, le poids des intermédiaires. Ce serait oublier que dans une société qui se complexifie au fil du temps, le nombre d'intermédiaires a tendance à augmenter. Les mouvements qui essaient aujourd'hui de réduire ce nombre d'intermédiaires, s'ils sont sympathiques et parfois tout à fait justifiés, ne parviendront pas à inverser la tendance de fond. Tout juste peut-on espérer que l'informatisation réussisse à diminuer les coûts des activités des intermédiaires entre le consommateur (foyers ou entreprises de transformation) et les producteurs de matières premières dont les denrées alimentaires.

Le comble est atteint quand on s'aperçoit qu'en réalité nous vivons sur l'illusion de coûts de production globaux de MATIERES (donc non seulement à la source mais tout au long de la chaîne d'approvisionnement) qui sont plus élevés que ceux que nous sommes prêts à supporter. Habitués à des prix dont l'AFFICHAGE est artificiellement maintenu assez bas pour être supportables et pour libérer des possibilités de consommation variées, le consommateur ne se rend plus compte du coût réel des biens matériels qu'il achète.

Ainsi en est-il de postes aussi sensibles pour le budget des ménages que l'alimentation, l'habillement ... mais aussi celui de l'instruction et de l'éducation (ce deuxième poste mériterait à lui seul une analyse détaillée). Si nous en restons à la seule alimentation, nous avons bien du mal à mesurer aujourd'hui que le coût global de la production de nourriture est beaucoup plus important qu'il n'y paraît.

Une politique courageuse de vérité qu'un chef de l'Etat, digne de ce nom, doit soutenir consiste à rétablir chaque fois que c'est possible la vérité des coûts et par répercussion celle des prix. De le faire, non pas ponctuellement en se contentant d'effets d'annonce sans suite mais d'y veiller tout au long de sa mandature et bien au-delà.

Sinon, nous serons témoins d'une aggravation de plus en plus alarmante de la situation économique et sociale en France selon le mécanisme suivant : le consommateur achète une denrée alimentaire en râlant - il veut se nourrir pour moins cher afin de dépenser son argent à d'autres fins - , à un prix qui lui semble trop élevé mais qui, en réalité, est inférieur ou à peine supérieur aux coûts totaux de production. La marge étant trop faible, ce sont les acteurs les plus vulnérables de la chaîne de production qui en souffrent, notamment chez nous, les agriculteurs et les éleveurs mais davantage encore, ailleurs dans le monde entier

Autre effet nuisible, le consommateur qui dispose d'un pouvoir d'achat supérieur à la moyenne a tendance à gaspiller ces denrées acquises à un prix trop faible. Habitué à se nourrir pour le moins cher possible, le consommateur croît pouvoir dépenser dans d'autres domaines et ne s'en prive pas. Y prenant goût, il se rue sur toutes les promotions qui tirent le prix de la nourriture vers le bas, qu'elle soit d'une qualité nutritive douteuse ou qu'elle ne le soit pas, espérant ainsi libérer une part de son budget pour d'autres postes de dépenses. Comme d'autres postes de dépense EN FRANCE sont élevés (énergie, logement, éducation, taxes et impôts, ...), son insatisfaction redouble : il pensait pouvoir disposer de revenus suffisants en économisant sur la nourriture mais, non, il lui reste finalement assez peu pour se divertir ou même subvenir à d'autres besoins élémentaires : se chauffer, se déplacer, se vêtir ...

Comment résoudre ces conflits ? Pourquoi ne pas tendre vers une plus grande vérité des coûts et des prix qui nous sortent d'une illusion redoutable ? 

Se nourrir comme nous le faisons coûte cher et s'il est certainement possible de se nourrir plus sainement pour un coût économique moindre (intégrant les problèmes de santé, de pollution, ...), il est dangereux de croire que l'acquisition de BIENS MATERIELS aurait un coût toujours moindre. Au contraire, se nourrir occupera toujours une place importante dans la somme des efforts que doit consentir un homme. Croire que l'on peut se nourrir ou s'habiller "pour rien" et maintenir cette illusion engendre beaucoup d'amertume et finalement de pauvretés.

Pour conclure, mieux vaudrait que le coût de l'alimentation en France soit pleinement répercuté sur UN SEUL PRIX et non pas dispersé : d'une part un prix affiché maintenu le plus bas possible en amont pour les producteurs (et si possible pour le consommateur) ; d'autre part des subventions prélevées sur les impôts ... pour maintenir un système de production agricole soit disant performant mais qui ne l'est que d'un point de vue partiel : s'il faut en effet de moins en moins d'hommes pour produire toujours davantage, les coûts annexes ont explosé : énergie, eau, engrais, pesticides, foncier, matériels agricoles, frais divers, financement, immatériel (logiciel, savoir-faire, services de fournisseurs ...) ... 

Mieux vaudrait se rendre à l'évidence : se nourrir bien coûte un travail colossal (et qui peut être passionnant pour l'homme, tant pour le producteur que pour le consommateur, quand il est perçu non comme une corvée voire une malédiction mais comme une chance et même un honneur ainsi que l'indique la Genèse) ... qu'il ne convient pas de sous estimer. Ce coût étant perçu à sa juste valeur, l'homme comprend dès lors qu'il n'a pas à espérer des revenus hors normes pour se situer au-dessus d'une troupe de gueux qui tirent le diable par la queue mais qu'il lui faut au contraire travailler intelligemment pour gagner son pain comme tout un chacun sans léser autrui et que LE RESTE de ses gains n'étant pas suffisant, par essence, pour acquérir toujours plus de biens matériels, il convient pour lui d'orienter sagement ses capacités vers l'acquisition de BIENS IMMATERIELS qui ne coûte que du temps, soit ... très peu d'argent dans une société où tout métier est considéré à sa juste valeur ! Ici se glisse aussi la nécessité d'une sagesse donnant à l'homme de comprendre que le bonheur ne résulte pas de l'accumulation de biens matériels ou immatériels mais qu'il grandit dès lors que j'ai appris à savourer ce que je possède déjà, ce qui m'est offert chaque jour.

Autrement dit : l'équation est simple. Tout homme devant travailler beaucoup pour se nourrir, nul ne peut espérer se nourrir à peu de frais et consacrer une grande part du reste de ses revenus à la consommation de biens matériels. Reste à chacun une marge de revenus (en vérité confortable dans une société bien organisée où les questions d'aménagement du territoire et donc de logements sont bien pensées) pour s'adonner à des loisirs peu coûteux mais passionnants : la lecture profonde et bien d'autres choses tout à fait stimulantes comme les échanges équilibrés et sains entre des êtres qui se respectent, savent apprécier la présence de l'autre, connaissent la joie d'être ensemble pour un partage fraternel, un travail commun, une oeuvre essentielle, une activité de détente ...

Pour aller plus loin, voir : prix du marché et juste prix.

Voir aussi (ajout de février 2016) le livre coécrit par Matthieu Ricard, Christophe André et Alexandre Jollien :

"Trois amis en quête de sagesse"



Cf. http://matthieuricard.org/books/trois-amis-en-quete-de-sagesse

Voir aussi : "Mal de dos, mal de bouffe" de Gilles Bacigalupo dont voici un extrait qui souligne avec pertinence l'inadéquation de  nos pratiques actuelles en matière de nutrition et de santé :

"En France nous sommes suralimentés mais dénutris !"

"La dégradation de la qualité de nos aliments serait compréhensible et tolérable si notre civilisation occidentale connaissait la disette et la famine ! Il n'en est rien et nous sommes presque tous suralimentés. Mais nous sommes en revanche très souvent dénutris par la pauvreté de nos aliments en micro-nutriments. Le problème alimentaire principal de nos sociétés occidentales n'est pas d'augmenter la quantité de produits mais d'améliorer la qualité. 

Confiants, nous croyons faire une bonne affaire lors de nos achats alimentaires à bon marché, pour payer ensuite les dégradations qu'entraîne notre malnutrition. Ce que nous ne payons pas en dépenses alimentaires, nous le dépensons, en double ou triple, en cotisations d'assurance maladie pour le traitement des pathologies induites par notre malbouffe. Ces dépenses de santé, tempérées par les remboursements des organismes d'assurance maladie (et des mutuelles) et la pratique de plus en plus fréquente du tiers payant, ne sont pas autant ressenties que les dépenses alimentaires que nous sortons directement chaque jour de notre porte-monnaie." (p. 26-27 Editions du Rocher 2015).

mardi 15 septembre 2015

France2022 : Apprendre à COMPARER ou bien ... à ORDONNER


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Tout lecteur intéressé par le sujet de la comparaison pourra consulter une tribune antérieure du projet France 2022 qui fournit un exemple de comparaison : le moine et le politique.

Dans un pays comme la France où l'enseignement des mathématiques en primaire et dans le secondaire occupe une place si grande pour un bénéfice en trompe-l'oeil, un grave défaut a fini par s'installer dans l'esprit du plus grand nombre - enfants et adultes - celui de confondre ORDONNER et COMPARER. D'où cela vient-il ? Pourquoi et comment y remédier ?

Si pour obtenir : "2 est inférieur à 3", on demande à des élèves de : "comparer 2 et 3", s'installe alors peu à peu dans leur esprit le réflexe de réduire la comparaison à une mise en ordre. Prenant peur, certains réagissent en refusant toute idée de comparaison tandis que d'autres, séduits par l'apparente facilité d'un tel processus, se croient autorisés à tout mettre en ordre. 

Ces trois erreurs :

           - réduire la comparaison à une mise en ordre ;
           - refuser de comparer ;
           - vouloir tout ordonner,

sont assez fréquentes pour que nous prenions la peine de les traiter dans le cadre d'un projet politique. 

Le mot "peine", en l'occurrence, ne convient pas car c'est une joie de proposer un chemin de libération fort utile au quotidien, dans les moments les plus ordinaires comme dans ceux qui le sont moins.

A la demande de "comparer 2 et 3", nous pouvons certes répondre : "2 est inférieur à 3" mais cela est pauvre puisque "comparer" ainsi que le rappelle le Littré, c'est "examiner simultanément les ressemblances et les différences". C'est donc établir un catalogue détaillé de ce qui rapproche et de ce qui distingue deux choses, deux êtres, deux situations, deux projets, deux produits, deux services, deux méthodes ... Envisager de ce point de vue large, la comparaison est un exercice passionnant qui renvoie l'esprit humain aux tout premiers jours de son développement : passer du singulier au général et inversement ; former des concepts et des mots pour les exprimer ; définir, classifier, classer, ...

Ainsi, comparer 2 et 3 révèle une multitude de ressemblances et de différences stimulantes pour l'esprit, non seulement durant leur mise à jour mais encore, in fine, à la lecture du catalogue obtenu. Nous pourrions dire que 2 et 3 se ressemblent : ce sont deux écritures de nombre, deux chiffres, deux codes, deux symboles, deux entiers naturels et relatifs, deux rationnels ... ; qu'ils s'écrivent avec un seul chiffre indien ou arabe dans le système décimal ou avec deux chiffres dans le système binaire ; qu'ils sont tous deux positifs, supérieurs à 1 et inférieurs à 10 ; qu'ils sont premiers ; avec 1 et 4, 2 et 3 sont les seuls nombres perceptibles par tout cerveau humain, non entraîné à voir davantage, en un laps de temps très court (inférieur à la seconde) lors de la projection d'un groupe de points non ordonnés (voir le livre très instructif de Pierre-Marie Portejoie nouvellement édité par SOS Education : "Fâché avec les nombres" ) ;  ... 

Toutes ces ressemblances n'empêchent pas les nombres 2 et 3 d'être différents : l'un est pair, l'autre impair ; l'un est diviseur de 8 tandis que l'autre ne l'est pas ; utilisés en tant que dénominateur de fraction, l'un ne produit que des décimaux tandis que l'autre produit aussi des rationnels qui ne sont pas décimaux ; le double de l'un est égal à son carré, cela est faux pour l'autre ; ...

Si, comparer produit autant de ressemblances et de différences pour des objets aussi simples que 2 et 3, une abondance déroutante  et stimulante résultera de la comparaison d'objets complexes, par exemple deux êtres vivants. On évitera, dès lors, la tentation de réduire cette comparaison à une querelle de quantités et de nombres. On s'abstiendra aussi de son corollaire : la tentation de vouloir obtenir à toute force une mise en ordre, but pour le moins hasardeux et source d'ennui ou de faux problèmes dès que la tentative de mise en ordre porte sur des objets à plusieurs dimensions. 

Remarquons au passage que toute comparaison qui s'en tient aux seules données chiffrées s'appuie sur une caractéristique fondamentale des nombres : quand je dois comparer deux collections distinctes d'objets en tous points semblables,  le nombre demeure un recours pour trouver au moins une différence entre ces deux collections tandis qu'à l'autre extrême, le nombre pourra constituer la seule ressemblance identifiable entre deux collections d'objets en tous points dissemblables mais qui comportent, l'une et l'autre, le même nombre d'objets. Cette puissance du concept de nombre est à manier avec prudence et avec reconnaissance : il peut rendre d'éminents services ou devenir la source de réductions stériles sinon la cause d'oublis préjudiciables à la bonne intelligence des choses, des êtres et des situations.



vendredi 22 mai 2015

France 2022 : Billet d'humeur à propos de la réforme des programmes de collège en France


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Une fois n'est pas coutume, 

le projet France2022 intègre ici une tribune de circonstance au sujet de l'éducation et de l'instruction dans les collèges de France. 

Cette incise est l'occasion de mettre en lumière des phénomènes qui dépassent largement le cadre du propos immédiat.


Il ne s'agit pas ici : 

de défendre ou d'attaquer des personnes nommément - ce qui est en cause n'est pas le fait d'une seule personne et verser dans l'accusation nominative serait céder à cet air du temps qui, faute de recul, s'en prend au premier venu, oublie le devoir de miséricorde et n'accomplit pas le travail élémentaire de réflexion consistant à rechercher les causes réelles de tel ou tel dysfonctionnement - ; 

de soutenir ou de combattre des intentions, des idées, des projets personnels, ... 

mais de souligner les travers d'une façon pitoyable de gouverner ou d'administrer la France et de proposer une réponse solide : une autre manière d'observer, de réfléchir, de concevoir, de décider et d'agir en politique.


Premier travers et non des moindres : proposer une réforme des collèges qui ne pourra être mise en oeuvre qu'au terme d'un mandat législatif et gouvernemental sans que les politiques responsables de la réforme soient au pouvoir au moment de sa mise en oeuvre.

Un sujet d'une telle envergure mérite mieux : un traitement de fond dès le début d'une législature et une mise en oeuvre précoce sous la tutelle d'un Ministre de l'Education Nationale qui reste en poste au moins pendant cinq ans.

Le projet France2022 prévoit de faire en sorte que la valse incessante des ministres de l'Education Nationale soit enfin régulée par un dispositif qui permette des actions cohérentes à long terme. Luc Ferry, ancien Ministre de l'Education nationale, témoignait en 2015 de l'échec d'une réforme pourtant essentielle à l'école primaire - celle d'un renforcement de l'apprentissage de la lecture en primaire - faute de continuité dans l'action gouvernementale alors même qu'aucun changement de majorité ne fût en cause en l'occurrence ! Voir entre autres à ce propos : un article de la Revue Civique.

Voir aussi la question des méthodes de lecture, toujours d'actualité, alors même que Gilles de Robien avait tenté de libérer un champ idéologique phagocyté par quelques illuminés ou incapables qui confondent aptitudes premières et aptitudes secondes, imposant à de tout jeunes enfants des techniques de déchiffrage bons pour des lecteurs déjà aguerris.



Deuxième travers : tenter de passer en force en moquant ou en négligeant ceux qui ne sont pas d'accord avec le contenu d'un projet hasardeux. Ce fut déjà le cas lors de l'imposition du soit disant "mariage pour tous", avec tromperie de langage comme de règle en pareille circonstance. En 1974, Michel Debré avait déjà mis en lumière le mensonge constitué par le terme "interruption" à propos de l'IVG.

Le thème crucial de la formation (et de l'orientation professionnelle) des jeunes devrait être abordé, au contraire, en veillant toujours à rassembler la nation autour des jeunes qui ont un grand besoin d'être protégés, aguerris, préparés soigneusement, formés intelligemment,  ... comme autour de tous ceux - les parents et grands-parents, les enseignants et tant d'autres - , qui participent à ce travail depuis des générations. 

Comment ne pas noter au passage la tromperie récurrente de ces générations de politiques qui s'engraissent sur le dos d'une jeunesse sacrifiée au pied de l'autel du consumérisme, du confort des repus, des manies de rentiers : quelques anciens repliés sur des acquis de fortune ont une peur bleue, une crainte viscérale de ce qui monte, de ces jeunes qui se lèvent et se tiennent debout afin de protester contre un (dés)ordre établi où l'avènement miraculeux d'une jeune pousse, d'un bébé, d'un enfant n'est plus perçu comme une chance mais comme un fardeau insupportable ? D'un côté on ouvre largement les vannes de l'assassinat de l'enfant à naître, de l'autre, on prétend faire le maximum pour les rescapés d'un génocide (1 enfant sur 4 tué avant terme, chaque année en France). La réalité est beaucoup plus sombre : quelques élites autoproclamées ne redoutent qu'une chose, que plus compétent qu'elles ne revendique un pouvoir usurpé, un service confisqué.

Le projet France2022 prévoit qu'il ne soit plus possible désormais de réformer les champs politiques sensibles par des votes au fil du rasoir, des votes obtenus par des minorités influentes, redoutablement organisées pour qu'aboutissent les projets destructeurs qu'elles fomentent et ruminent pendant des lustres. Le projet France2022 propose d'instaurer l'obligation d'une majorité parlementaire aux 3/5 voire aux 2/3 pour tout changement notable dans les domaines où le pays a intérêt à faire corps, à faire preuve d'unité afin d'éviter des divisions ou des guerres fratricides.

Quelques esprits fatigués, grincheux ou vieillissants, sectaires ou bornés, contesteront le principe d'une majorité large en invoquant l'argument d'un risque de blocage. Celui-ci ne résiste pas à l'analyse car il est tout à fait possible d'appliquer, simplement et au moins, le principe de majorité large à l'inscription des réformes dans un calendrier parlementaire. 

Depuis 2012, les politiques au pouvoir ont fait perdre un temps précieux à toute la nation en décidant de mettre en chantier des réformes inutiles, malsaines, nuisibles et même dangereuses, au grand dam de nombreux élus locaux (en particulier des partis au pouvoir. Un comble !) et en dépit d'une protestation d'envergure d'innombrables citoyens qui n'en reviennent pas de ce gâchis alors que certains d'entre eux se démènent de façon admirable afin de sauver les meubles et, bien davantage, sur les territoires dont ils assument au quotidien les grandes difficultés, qu'il s'agisse de territoires publics ou de territoires privés. Les élus de proximité constatent, effarés, qu'au niveau de responsabilité politique le plus élevé, s'accumulent depuis trois ans, des ratés et des conneries sans nom par l'incurie de quelques édiles en situation manifeste d'incompétence (cf. principe de Peter) voire d'idolâtrie.

Troisième travers : penser de manière étroite, étriquée, partielle, superficielle, ... en saucissonnant les problèmes de telle sorte que les solutions proposées négligent des aspects fondamentaux de l'équation complexe à résoudre.

Ainsi, proposer une réforme des programmes de collège sans avoir résolu les défauts criants d'une école primaire martyrisée par les destructeurs des apprentissages fondamentaux est peine perdue d'avance : les faux plis acquis dès l'enfance sont très difficiles à corriger par la suite et c'est même mission quasi impossible au sein de collèges d'enseignement général qui n'ont pas une large autonomie de recrutement des enseignants et des élèves.


Quatrième travers : raisonner en négligeant les motifs historiques d'échec et de dysfonctionnement or l'une des raisons majeures des défauts de l'enseignement général en France est liée aux prétentions récurrentes d'un pouvoir étatique qui tend à s'occuper de tout en court-circuitant les corps intermédiaires de la nation. Pour un Etat au bord de la faillite, c'est même une folle ambition.


Cinquième travers : prétendre améliorer un système complexe comme l'enseignement scolaire et la formation continue par des réformettes consistant à démolir l'ancien pour le remplacer par du nouveau sans consistance voire hasardeux, c'est-à-dire, en somme, prendre en otage les élèves et leur famille pour en faire les cobayes d'expérimentations mal pensées et mal conduites. Corollaire : le Ministère de l'Education Nationale en France se contente trop souvent de modifier les programmes scolaires de manière marginale mais coûteuse au lieu de mener un travail de fond visant à parfaire un système qui a besoin d'une révision de grande ampleur, non pas élaborée par quelques têtes mal pensantes mais construite par un groupe de travail réunissant les représentants des principaux corps intermédiaires de la nation qui sont parties prenantes de l'éducation et de l'instruction des jeunes générations comme de celles qui ont besoin d'être formées au fil de l'eau.


Sixième travers : isoler l'enseignement du reste. Par suite, interpréter les ratés de l'Education nationale comme le produit des seuls dysfonctionnements internes d'une machine vieillissante alors que nos écoles pâtissent beaucoup des erreurs de gouvernement et d'administration de toute la société : les violences, les mauvaises orientations, les échecs scolaires ... tiennent pour une large part aux dérives et aux errances d'un paquebot France dont le capitaine est ivre, le commandement erratique, l'équipage incompétent et les passagers affolés.




mercredi 8 avril 2015

Politique, un dur métier pour qui l'accomplit dans un esprit de service




Anne Hidalgo



Les Français, comme d'autres peuples, ont les politiques qu'ils méritent. Ils ont les hommes et les femmes politiques qu'ils ont choisis parmi une multitude de candidats, les uns soutenus par un parti et d'autres qui se sont affranchis d'une quelconque tutelle.

Se défausser de sa responsabilité de citoyen en pariant sur l'abstention ou en usant de l'argument des "promesses non tenues" ne trompe personne : nous sommes collectivement responsables de ce qu'il advient de notre pays. L'indigence de certains politiques ne suffit pas à expliquer les très grandes menaces qui pèsent aujourd'hui sur l'avenir de la France. Chacun de nous peut, à son échelle, contribuer à éviter un désastre.

Certes, nous confions nos intérêts à des personnes faillibles. Exposé à toutes sortes de tentations, le personnel politique risque à tout moment de faillir à ses missions. Exposé médiatiquement, il subit la pression grandissante des pouvoirs qui lui contestent sa place. Cette pression est de plus en plus forte aujourd'hui puisqu'un vent violent souffle contre toute position dominante, toute autorité, tout représentant d'un ordre aussi légitime soit-il. 

Du point de vue étroit où chacun de nous se place, certaines options politiques peuvent nous paraître médiocres et même nuisibles tandis que d'autres les qualifient d'excellentes. Sommes-nous toujours en mesure de juger ? Sur quelles données nous appuyons-nous pour apprécier telle décision, telle loi, telle disposition ? Sommes-nous sûrs d'être assez compétents pour discerner les causes, les possibles et les conséquences ? Vastes questions que tout citoyen raisonnable n'élude pas afin de ne pas s'emporter à tort. Et d'ailleurs, à quoi bon vitupérer contre tel ou tel pouvoir ? A quoi bon accuser l'un ou l'autre d'avoir failli ? Qui de nous ne s'est jamais trompé, n'a jamais fauté ?

Il est probable que tout parti au pouvoir qui se donnerait la peine de présenter un bilan honnête et non mensonger de l'action du gouvernement qu'il aurait soutenu emporterait assez aisément de nouvelles élections contre un parti d'opposition qui ne saurait rien faire d'autre que d'émettre des critiques sans présenter un projet solide et bien ajusté aux nécessités du temps présent. 

Toute l'énergie dépensée à maudire l'action d'un autre est perdue pour bâtir une réponse digne d'intérêt. Céder à l'air du temps qui prône la critique virulente, la calomnie ou la médisance, la caricature grotesque ou la dérision c'est perdre beaucoup de temps et passer à côté de propositions constructives d'autant qu'il devient de plus en plus délicat de remédier aux dysfonctionnements d'une société qui ne cesse de gagner en complexité. 





En ayant le souci de nous simplifier, de nous unifier et de nous "cultiver en complexité" comme nous y invite Gérard Gigand (voir aussi l'enregistrement "la compréhension trialectique comme géométrie de la systémique"), nous deviendrons capables de choisir des élus dont nous serons fiers et que nous aurons à coeur de soutenir dans l'exercice d'un métier pour le moins difficile quand celui qui est en charge des intérêts collectifs accomplit ses missions dans un véritable esprit de service et avec beaucoup d'humilité.

Le nombre de candidats aux élections fait parfois illusion. Il semble que beaucoup se pressent encore pour obtenir des sièges en or mais si nous laissons s'installer une pression grandissante sur nos élus, il y a fort à parier que le nombre de vocations ne cessera pas de décroître. Pire : il n'est pas certain que ceux qui braveront encore le suffrage populaire soient les hommes et les femmes dont l'espace public et le bien commun aient le plus à gagner. 

L'élection présidentielle en France concentre à elle seule de tels enjeux de pouvoir qu'au lieu d'élire des personnes vraiment aptes à présider aux destinées de la France, nous n'élisons bien souvent qu'un chef de parti qui a su défendre habilement sa place contre ses principaux rivaux et s'imposer en face d'autres chefs de parti. Cela ne donne pas hélas les qualités essentielles permettant de veiller au bien commun d'une nation.

Le projet France2022 prévoit de modifier les pouvoirs du Chef de l'Etat, des Ministres et des représentants de la nation afin que la France sorte des impasses actuelles et développe un potentiel malheureusement laissé en jachère par des pouvoirs exécutifs et législatif devenus impuissants dans un monde qui a profondément changé depuis 1958. Des pouvoirs nationaux qui, faute de courage, laissent les élus locaux gérer des situations de plus en plus inextricables.

L'une des grandes évolutions défendue par le projet France2022 consiste à donner aux maires (de municipalités plus étendues et moins nombreuses) des pouvoirs plus larges sur la conduite des affaires de la nation tout entière, non plus confondue avec un Etat stérile comme aujourd'hui dans de nombreux domaines mais subdivisée en cinq provinces ayant chacune une forte autonomie de gouvernement. 

Grosso modo mais à bien préciser, cela revient à faire de la France une fédération de cinq Etats. Le niveau national joue alors beaucoup mieux son rôle : il ne s'occupe pas de gouverner en détail mais tient lieu d'articulation aujourd'hui manquante entre le niveau de gouvernement européen et le niveau de gouvernement étatique (requalifié en gouvernement provincial). Gouvernement étatique qui englobe tous les domaines non régaliens, laissant au niveau national le soin d'organiser les pouvoirs régaliens en étroite concertation avec ses voisins, l'Europe tout entière et le reste du monde, soit déjà fort à faire ! 

Dans cette nouvelle organisation, chaque pouvoir provincial a les coudées franches pour organiser et mettre en oeuvre les pouvoirs non régaliens en tenant compte des réalités de terrain qui ne sont pas les mêmes partout et, plus encore, en respectant davantage les prérogatives des élus locaux et donc le principe fondamental de la subsidiarité défendu par le projet France2022.