En prélude : Michaël Lonsdale lisant, sur un fond musical,
"Ma vie n'est qu'un instant ..."
inspiré des poèmes de Thérèse de Lisieux
En préambule : "L'éveil, graduel ou explosif ?"
Enseignement de Sadhguru. Vidéo de 9 minutes environ.
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"Plus je m'exerce, plus j'ai de la chance."
Champion de golf
"Que ton idéal soit le reflet de ton âme,
l'émanation de ton être intérieur, ton témoignage.
Et non pas ton alibi."
(L'Échelle de Jacob, 1942)
Gustave Thibon
"Que ton idéal soit le reflet de ton âme,
l'émanation de ton être intérieur, ton témoignage.
Et non pas ton alibi."
(L'Échelle de Jacob, 1942)
Gustave Thibon
[...] le vote et le militantisme ne peuvent
faire l'économie d'un travail sur nos propres existences,
sur la manière dont nous les menons, les gouvernons...
J'allais ajouter: les présidons!»
« Seigneur, aide-moi à faire de ma vie un espace illimité
où le monde entier puisse être accueilli,
où toute créature se sente ennoblie et où ta Présence enfin respire. »
Maurice Zundel
Une pincée de sel suffit à imprégner de son goût un verre d'eau,
mais ne saurait changer le goût d'un grand fleuve comme le Gange.
De même, une action négative, même infime,
affectera celui dont les mérites sont faibles
mais aura peu d'effet sur celui qui fait souvent le bien.
Efforce-toi donc de faire beaucoup de bien.
Commentaire du verset 44 de la Lettre à un ami de Nagarjuna, par Kangyour Rinpoché. Pour une version complète de ce texte et du commentaire, voir Editions Padmakara, 2007.
KANGYUR RINPOCHE (1897-1975)
in "Pensée de la semaine" envoyée le 24 avril 2017 par Matthieu Ricard
Et en venir à bout jamais ne se pourra.
Celui qui a raison de sa seule colère
A également raison de tous ses ennemis.
Bodhicaryavatara, La Marche vers l'Éveil, Chap. 5, versets 12-13, et Chap. 6, versets 1-2, 10, 22, 41, 107-8
SHANTIDEVA (685-763)
in "Pensée de la semaine" envoyée le 15 janvier 2018 par Matthieu Ricard
Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 3,18-23.
Que personne ne s’y trompe :
si quelqu’un parmi vous
pense être un sage à la manière d’ici-bas,
qu’il devienne fou pour devenir sage.
Car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu.
Il est écrit en effet :
C’est Lui qui prend les sages
au piège de leur propre habileté.
Il est écrit encore :
Le Seigneur le sait :
les raisonnements des sages n’ont aucune valeur !
Ainsi, il ne faut pas mettre sa fierté en tel ou tel homme.
Car tout vous appartient,
que ce soit Paul, Apollos, Pierre, le monde,
la vie, la mort, le présent, l’avenir :
tout est à vous,
mais vous, vous êtes au Christ,
et le Christ est à Dieu.
Liminaire
"Qui n'a pour maître que lui-même
est le disciple d'un sot."
St Bernard
Ainsi à la question : " Qu'est-ce qui devrait changer politiquement en France ? ", pourrions-nous répondre : " Vous et moi ! ", en transposant la réponse de Mère Teresa à un journaliste qui lui demandait ce qui, selon elle, devait changer dans l'Eglise.
Transformer ce qui est à sa portée, oser se convertir et marcher dans une nouvelle direction, abandonner des pratiques douteuses et même nuisibles, changer de vie, ... autant de décisions et de mises en oeuvre qui demandent du courage, de l'intelligence et de l'abnégation ainsi qu'un très solide sens de l'humour autant que d'amour de soi, non pour flatter son ego mais pour rayonner davantage d'une lumière bienfaisante pour autrui et offrir, par sa seule présence, le réconfort, l'élan, l'apaisement, ... dont ceux qui m'approchent pourront bénéficier. Devenir cet être de lumière qui embellit ce qui l'entoure et redonne courage aux affligés qui désespèrent de l'époque contemporaine et de leurs capacités à oeuvrer saintement en ce (bas ?) monde.
Cette tribune est aussi écrite dans une autre perspective : tandis que le politique en France (et en maints endroits) paraît en panne et même à la dérive, fleurissent de toutes parts en France d'excellentes initiatives citoyennes émanant de la société civile qui démontrent, s'il en était besoin, que notre pays recèle des trésors d'inventivité et de courage pour surmonter la crise profonde qu'un pouvoir central indigent a laissé s'aggraver et a même suscité depuis des dizaines d'années.
La société civile, chacun de ses membres, chacun d'entre nous, a la possibilité de reprendre la main et de coopérer au redressement d'une France abandonnée par quelques politiques sans scrupules, pusillanimes et corrompus.
Un telle coopération peut aller jusqu'à des actions communes en lesquelles de multiples citoyens joignent leur force pour faire céder des "grands" acteurs de l'économie contemporaine, les enjoindre par exemple, de cesser de prendre les consommateurs pour des gogos ou de simples centres de profit à court terme sans tenir le moindre compte des conséquences néfastes de jeux internationaux qui mettent en péril terres arables, eau potable, ressources rares, économies locales ou à petites échelles ... et, finalement, des personnes vulnérables qui se retrouvent prises en étau. Ainsi a-t-on vu récemment (mai 2018) l'effet puissant d'un boycott au Maroc, sans qu'il soit besoin ici, évidemment, de porter un jugement sur le fond de l'affaire : que l'action commune soit justifiée ou pas, qu'elle apporte ou non une amélioration, ..., le rassemblement, par réseaux sociaux interposés, d'acteurs isolés est capable d'avoir un impact non négligeable, et sans doute, des conséquences à anticiper de plus en plus soigneusement.
Pour chacun d'entre nous, il est plus que temps de contribuer aux initiatives citoyennes les plus heureuses sans trop se préoccuper d'un pouvoir central à l'agonie : quand un nouveau pouvoir digne de ce nom prendra la relève, il trouvera un terrain bien préparé et s'il sait se comporter comme il convient de le faire, il n'aura pas trop de mal à encourager le meilleur pour éviter le pire. En bien des cas, il lui suffira d'accompagner intelligemment tout ce qui déjà est en germe. Voir à ce propos un exemple remarquable d'initiative citoyenne qui mêle sérieux des informations et humour de la présentation tout en sachant faire le tri entre le vrai et le faux : mouton lucide (vidéos), par exemple sur le cannabis (vidéo).
Dès l'abord, il nous faut encore tenir compte d'une donnée essentielle, tout à fait originale en France bien qu'elle soit également présente dans d'autres pays, telle la Russie : la dimension mystique. Cette part insondable se révèle dans le champ immense de la culture et, notamment, par le biais des arts, en particulier la littérature, forme artistique qui unit étroitement la France et la Russie mais aussi la France et ses voisins immédiats (voir à ce propos : Lettre ouverte aux artistes et aux artisans francophones et francophiles).
En tenant compte de cette dimension mystique dans le cadre d'une réflexion et d'une action politique, nous devons nous souvenir sans cesse qu'au beau milieu du 20ème siècle, entre deux périodes suicidaires de l'histoire de l'Europe, une très humble paysanne a voué son existence terrestre et même l'un de ses sens au salut intégral de la France, c'est-à-dire à la fois corporel et spirituel, naturel et surnaturel. Alors que nous approchons à grands pas du centenaire de sa consécration totale au salut des âmes, de France, de Navarre et d'ailleurs, penser la politique en France (et même ailleurs), sans elle, devient un exercice purement formel, vide de sens et générateur de réformes indigentes, de mesurettes sans âme et de conflits sans fin.
Méconnaître le sacrifice de Marthe Robin pour la France, c'est passer à côté d'un levier indispensable au redressement d'une France en état de mort clinique puisque sa tête est dans un état de décomposition avancée. (Vidéo à propos de la béatification de Marthe en cours - Père Bernard Peyrous, postulateur après sa déclaration de vénérabilité par le pape François en 2014). Le martyre de Marthe prolonge celui d'innombrables saints et saintes de France qui par le témoignage de leur vie nous offrent un socle à toute épreuve : rien ne pourra désormais empêcher l'Evangile de rayonner sur tout le territoire de la France en dépit des moments critiques qu'elle a déjà traversés et qu'elle vit encore.
Notons à ce propos que les persécutions d'un islam dévoyé ne mettent pas en péril le christianisme mais les fondements fragiles d'une république qui a tenté de se construire en évacuant la meilleure part de son héritage. L'islam a déjà essayé de s'imposer en terre chrétienne mais, chaque fois, il a dû finir par rebrousser chemin. Seuls les idolâtres se laissent intimider par un courant religieux qui a pour vocation de pourchasser toute idolâtrie jusqu'au risque de transformer ce combat en une idole de plus.
Accomplir chaque jour les gestes politiques qui me semblent essentiels c'est préparer l'avènement d'une société sur laquelle le pouvoir politique central exerce une autorité de plus en plus fragile, dans un monde en mutation profonde (cf. "Le choc du futur" d'Alvin Toffler publié en 1970). Fragilité accrue par l'accumulation sans précédent d'une multitude d'erreurs : le pouvoir central en France a beau dire, gesticuler, mentir et tenter de se maintenir, il sera tôt ou tard balayé par le vent d'une histoire qui ne retient, en dépit d'apparences provisoires, que les leçons de vérité. Fragilité entretenue par une série de décisions ubuesques dont la dernière en date : essayer de museler ceux qui contestent le bien fondé de l'IVG en les menaçant d'une amende très lourde (30.000 euros) et de deux années d'emprisonnement. Pas moins. Délire total de politiques en fin de règne qui s'imaginent que la dictature de la bien-pensance fera taire les adversaires d'un mensonge d'Etat.
Tout ce qui est foireux, tordu, sans consistance ... finit par être renversé. Tout ce qui promeut un délitement des corps intermédiaires se retrouve à son tour menacé. Tout ce qui s'en prend aux plus faibles, aux sans défense finit, tôt ou tard, par être lui-même victime d'une attaque mortelle. Ainsi le pouvoir central en France qui n'a cessé depuis quarante ans pour la cinquième république (et au-delà pour les précédentes république) de combler bien maladroitement une place laissée vacante par le départ du Général de Gaulle et, plus lointainement, par la mise à mort de Louis XVI, risque-t-il de connaître des heures très pénibles dans un avenir proche : depuis la décapitation de Louis XVI, le pouvoir central de la France se trouve souvent en porte-à-faux et ne réussit à tenir sa position d'équilibriste que dans la mesure où il est confronté à des situations d'une gravité exceptionnelle tout en parvenant à se montrer à la hauteur des enjeux qui en découlent. Qu'il se révèle indigent ou qu'il s'amollisse dans la tiédeur d'une situation morose et le voilà soudain renvoyé à son état d'imposture : ayant usurpé la place du père de la nation, le président de la république fait pâle figure. Censément incapable de tenir ses promesses, il apparaît dans toute sa nudité de roitelet.
Choisir d'accomplir des gestes politiques simples, au jour le jour, c'est décider de ne pas participer à la curée qui brocardera et renversera un jour le pouvoir central en lui imputant grossièrement tous les torts, le jour où la situation politique en France sera devenue intenable comme elle l'est déjà dans d'autres pays européens.
Anticipant un vote ou le prolongeant, ces gestes politiques à la portée de chacun d'entre nous lui donnent toute son épaisseur : voter aujourd'hui (comme hier et sans doute davantage au XXIème siècle) ne suffit pas pour affirmer et voir mis en oeuvre les principes auxquels chacun tient viscéralement (Voir à ce propos la "démocratie continue" de Dominique Rousseau). Même après avoir bien cherché, chacun d'entre nous peut affirmer : " Je ne trouverai jamais un candidat ou un parti politique qui partage intégralement ma vision du monde, qui soit prêt à travailler selon mes vues et conceptions personnelles."
J'aurai beau avoir choisi le président de la république le moins pire de tous, le député le plus soucieux des intérêts bien compris de sa circonscription, le maire le plus équilibré qui soit, le plus entreprenant et le moins dispendieux, ... il me restera encore à travailler sans relâche, jour après jour, pour que les principes auxquels je suis le plus attaché ne restent pas lettres mortes. Il m'appartient de les incarner au quotidien par des pensées, des attitudes, des choix, des décisions et des actions qui manifestent, contre vents et marées, mes convictions les plus intimes et les plus justes, dût-il beaucoup m'en coûter, soit qu'il faille affronter les contradictions d'un voisinage immédiat (famille, entreprise, clients, fournisseurs, association, club, voisins de pallier, internautes en furie ...) qui ne laisse personne indemne, soit qu'il faille en découdre avec un régime politique qui ne correspond pas du tout à mes attentes et cherche même à me réduire au silence, tel le gouvernement de cette fin 2016 qui cherche par tous les moyens à faire taire les opposants à l'IVG.
Voter n'est pas négligeable mais n'est, en dernier ressort, que la partie visible d'un continuum sous-jacent sur lequel j'ai d'autant plus de prise que je décide sciemment de le prendre en main : en trouvant la direction et la voilure adaptées à ma propre traversée, je ne chercherai pas d'abord à modifier les conditions climatiques mais à fixer un cap qui donne l'exemple d'une trajectoire possible. Je n'aurai pas perdu mon temps si cet exemple donne à d'autres le courage de surmonter les épreuves qui les attendent et l'audace d'inventer de nouvelles routes, des moyens de locomotion ingénieux, des aventures profitables ... Je n'aurai pas perdu mon temps si cette traversée devient pour moi l'occasion d'apprendre, d'aimer et d'apprendre à aimer. Voir à ce propos "Le Sel de la vie" de Maud Fontenoy, préfacé par Nicolas Hulot.
Dans un monde en marche vers une individuation de plus en plus capitale (mais pas automatique) où chacun peut trouver d'innombrables occasions et moyens de développer son caractère propre et de suivre l'élan créateur qui l'anime intérieurement (voir à ce propos "L'évangélisation des profondeurs" de Simone Pacot), à condition de ne pas en être empêché par des circonstances lamentables et intangibles, il est devenu urgent d'offrir des conditions qui favorisent cette individuation tout en ne mettant pas en péril la personne humaine : capable d'un épanouissement éblouissant de ses dons, toute personne demeure vulnérable et risque de choisir, à son corps défendant, des chemins qui la mettent en péril et la mènent vers les pires aliénations selon des schémas bien connus aujourd'hui en psychologie et en psychiatrie : mauvaise estime de soi ; perte de confiance ; excès de pression et de stress dangereux, qu'il soit occasionnel ou chronique ; poursuite d'objectifs hors d'atteinte ; conformité excessive à des modes ; idolâtrie ; comportements addictifs, ... entraînant des processus de dégradation qui n'épargnent aucun milieu social et qui peuvent atteindre n'importe lequel d'entre nous, celui qui se sent menacé comme celui qui se croît à l'abri.
Aucune politique globale n'est en mesure d'assurer l'idéal pour chaque citoyen et chaque corps intermédiaire, même si elle peut, en revanche, induire le pire en moyenne ou, heureusement, favoriser le meilleur, toujours en moyenne. En l'occurrence, il s'agit bien de moyenne et non de majorité : dans de mauvaises circonstances politiques, comme en ce moment en France et ailleurs, une minorité étroite arrive, matériellement, à tirer son épingle du jeu jusqu'à l'indécence tandis qu'une majorité de personnes peine de plus en plus à trouver son compte dans une vie fortement secouée par de multiples dérégulations assorties d'innombrables contraintes calamiteuses et non de contraintes vivifiantes.
Comment retrouver alors un espace de vraie liberté, assez vaste pour être pleinement soi-même tout en étant de plus en communion avec ses contemporains et, au-delà, avec l'humanité tout entière ? Comment vivre selon un rythme bénéfique pour soi sans se laisser entraîner par l'arythmie environnante ?
Comment exprimer la meilleure part de soi-même tout en protégeant la source secrète qui l'anime ? Source qui lui donne de se rétablir sans cesse, à condition que de saines habitudes aient été soigneusement établies ou qui lui donne encore de prendre le recul nécessaire quand surviennent des signes alarmant de fatigues, de dérèglements, d'anomalies ... ; des douleurs soudaines ou lancinantes, quand apparaissent des symptômes qu'une fâcheuse tendance contemporaine entraîne à vouloir faire disparaître sans avoir pris la peine de comprendre leurs causes ? En témoignent ces nombreuses interventions chirurgicales en France qui ne sont pas justifiées et qui entraînent ensuite des maux plus graves que ceux qu'elles étaient censées dissiper.
Accomplir les gestes politiques à la portée de chacun d'entre nous, c'est affirmer son pouvoir de penser et d'agir, que le contexte soit favorable ou ne le soit pas. C'est vivre sans attendre des circonstances idéales qui peuvent ne jamais advenir. C'est accroître ses marges de manoeuvre et (re)trouver des degrés de liberté oubliés, perdus, ignorés. C'est établir un domaine qui s'affranchit en grande partie des conditions extérieures, un royaume si bien fondé qu'il n'a pas à redouter les tempêtes, les revirements, les coups du sort, l'usure d'un quotidien où domineraient l'ennui, des divertissements ou des diversions laissant l'âme, l'esprit, le corps et le coeur insatisfaits. Un socle de saines habitudes si robustes qu'il reste stable quand tout s'écroule alentour puisqu'il est en mesure, aussi, de se montrer souple et de tenir compte des mouvements de son environnement. Une demeure si bien construite qu'elle n'a pas à redouter les tremblements de terre.
Chacun dispose d'un trésor inestimable pour y parvenir : le temps ordinaire dont il hérite chaque jour, ces 24 heures qu'il m'appartient d'employer à bon escient selon une direction bien choisie et pérenne dans la ligne de cet élan créateur cher à Madeleine Daniélou. Axe majeur d'un sillon unique où viendront germer et croître les semences d'une vie qui ne demande qu'à faire preuve de son extrême prodigalité puisque ce qui caractérise notre univers, c'est avant tout son incroyable générosité au sein d'une économie prodigieuse où domine la loi du moindre effort : tout est offert à qui veut bien demeurer assez pauvre pour garder les mains libres et ouvertes, en situation d'accueillir ce qui est sur le point de se manifester à toute heure du jour et de la nuit, en état de vigilance permanente pour que ses mains ne se referment pas sur un bien au détriment d'un plus mal loti que soi ou d'un bien pris à tort pour une fin voire idolâtré alors qu'il n'est qu'un moyen: "L’esprit s’enrichit de ce qu’il reçoit, le coeur de ce qu’il donne." (Victor Hugo)
A partir du moment où j'accepte de ne rien accaparer au seul bénéfice de mes petits intérêts, je reçois déjà bien plus que le nécessaire pour avancer et progresser. Il m'est donné dès lors de pouvoir largement redistribuer tout ce que j'ai reçu. A une condition primordiale : que je me garde de la tentation d'utiliser ce juste lâcher prise comme moyen de domination, de séduction, d'excitation, d'asservissement ou de manipulation. Ce que j'ai reçu gratuitement doit être offert dans le même esprit et ne pas devenir l'occasion d'un commerce de contre bande.
Plus j'ouvre les yeux, plus je sors de mon aveuglement, plus je découvre que je suis sans cesse l'objet d'une sollicitude admirable, inimaginable et insensée : même dans l'enfer de l'épreuve la plus insoutenable, surgit tôt ou tard le porteur d'une bonne nouvelle et d'un salut inespéré que je l'aie ou non mérité, que je l'aie ou non espéré. Que dire alors d'une période sans drame, de cet ordinaire sans histoire que la surdité rend banal tandis qu'il offre, à celui qui tend l'oreille et ouvre les yeux, d'innombrables sources de ravissement ?
En m'exerçant jour après jour pour que l'ordinaire devienne exaltant, en dépit de tout ce qui tente de me contrarier et de m'écarter de mon sillon d'élection comme de mes devoirs, de mes engagements ou de mes responsabilités, je développerai ces habitudes souveraines que rien ne peut plus altérer ou faire dévier, cette gestuelle physique et mentale (voire à ce propos les travaux remarquables de Jean Itard, Edouard Séguin, Maria Montessori, Marcel Jousse, François Malkovsky, Moshe Feldenkrais et Antoine de la Garanderie) qui impose sa noblesse, son efficacité et son efficience, non par la force ou l'apparat mais par sa seule présence bienveillante à l'égard de tous, êtres vivants et inertes. Cet art de vivre où s'expriment avec simplicité les qualités d'être qui rendent des services d'autant plus sûrs qu'ils s'accomplissent avec discrétion, tact, intelligence, souplesse, inventivité, humilité et magnanimité.
Gestes politiques, simples ou complexes, tels que bien respirer, bien (se) nourrir corporellement et spirituellement, prier, penser, imaginer, cultiver mon attention, m'informer, me laisser informer, choisir, décider, agir, bien ranger, bien dépenser et me dépenser, apprendre, écouter, regarder, sentir, toucher, goûter, respirer, chanter, danser, aimer, porter ma croix ... en de multiples circonstances et jusqu'au point où je parviens à m'exclamer ou à murmurer : "Prenez-moi tout mais laissez-moi l'extase" selon le titre d'une méditation sur la prière de Christiane Rancé aux éditions du Seuil, jusqu'au point où j'arrive à prendre la place d'un condamné à mort, tel Saint Maximilien Kolbe ou Arnaud Beltrame.
Gestes physiques ou mentaux qui supposent de distinguer le bien et le mal, le bien-être et le mal-être, le bien-faire et le mal-faire, le bien sentir et le mal sentir, la petitesse et la grandeur, la pusillanimité et l'humilité, ... nonobstant les tentatives proches ou lointaines de réduire toute différence entre le blanc et le noir ou encore d'effacer tout ordre et donc toute hiérarchie dans nos pensées et dans nos actes ! Nous reviendrons sur ce thème fondamental en fin de tribune pour traiter deux sujets où règne aujourd'hui la plus grande confusion : bien subjectif et bien objectif d'une part ; diagnostic de position d'autre part.
Il suffit de conclure ce liminaire par une remarque de fond : certains actes ont une telle portée qu'il vaut mieux se mettre en chemin plutôt que d'attendre d'être toujours en bonne voie et vraiment sûr d'avoir pris la bonne direction et, pire encore, d'attendre d'avoir la certitude de bien faire car si la question du bien se pose de manière cruciale pour des gestes tellement répétitifs qu'ils en deviennent automatiques (manger ou boire par exemple) ou le sont par nature (respirer et penser entre autres) ou encore comportent un risque de violence, se tourmenter outre mesure sur nos façons de faire nous paralyse et nous empêche finalement de faire le bien.
Ainsi en est-il pour "aimer", "apprendre" ou "prier". Ces actes requièrent une telle liberté d'être que s'en priver au prétexte que nous serions pauvres en ces domaines - qui ne l'est pas au demeurant ? - ou pour tout autre motif, se révèle contre productif dès lors que je prends au sérieux ce qu'ils supposent d'emblée d'humilité, de patience, de ténacité, de tâtonnements et de courage dans leur exercice quotidien ; ce qu'ils réclament de pratique pour s'incarner au plus profond de l'être tels des exercices de méditation d'une simplicité déconcertante ainsi que l'enseigne Fabrice Midal ou Christophe André et parvenir peu à peu, sans crispation sur le but ou les moyens, sans précipitation comme sans retard excessif, à intégrer des principes de vie qui en colorent chaque instant de mille teintes et nuances toujours surprenantes, nourrissantes et vivifiantes pour l'âme, le coeur profond et l'esprit :
- La confiance d’être — cesser d’être intimidé et de vous excuser
- Savoir dire oui à la vie — le pouvoir de commencer à neuf
- Vous n’avez pas besoin de tout contrôler — mettre l’esprit perfectionniste en veilleuse
- Faire de l’incertitude, une force — avoir confiance dans le présent vivant
- Se sentir relié aux autres et au monde
- Sentir la justesse de ce que vous voulez vraiment — le génie de l’aspiration
- Renouer avec l’ami secret en vous
Pour la prière où le risque de découragement est si grand, le Christ ne nous recommande pas de "bien prier" mais de "prier sans cesse".
La fidélité de chaque jour qui engendre l'amour devient alors un critère essentiel : chaque matin est un recommencement qui vient mettre à l'épreuve notre foi et vérifier sa qualité. Voir à ce propos le livre exceptionnel de Bertrand Vergely : "La foi ou la nostalgie de l'admirable". Chaque soir marque le terme d'une journée et offre la possibilité d'un examen de conscience en toute simplicité pour rendre grâce, pour demander pardon et pour désirer avec ardeur ce que demain ne manquera pas d'apporter de nouveau, de régénérant et de libérateur. Et même le milieu du jour, et même la nuit nous offrent aussi de repartir de l'avant quand notre journée a mal commencé ou lorsque le poids du passé semble vouloir nous anéantir.
Deux gestes primordiaux :
apprendre à rendre grâce et à bien respirer
Avant d'énumérer plusieurs gestes essentiels et d'argumenter en leur faveur, arrêtons-nous un instant sur le geste par excellence qui est capable d'assurer à chacun une paix intérieure si forte que rien ne peut ensuite l'ébranler ou lui faire perdre courage : rendre grâce chaque jour pour tous les dons que j'ai reçus et qui ne cessent d'affluer. Savoir reconnaître qu'au-delà de mes combats et de mes conquêtes, tout m'a été offert par grâce selon une mesure qui dépasse de toutes parts mes efforts les plus méritoires. Cette profusion fait de chacun d'entre nous un débiteur par essence : il reçoit bien plus qu'il ne pourra jamais donner, pourvu qu'il sache ouvrir ses mains et ne rien retenir puis accaparer pour lui-même.apprendre à rendre grâce et à bien respirer
Dès que j'apprends la vraie mesure de ce que j'ai reçu, je perds le goût des comptes mesquins, des comparaisons idiotes, des rancoeurs interminables. Je comprends alors que je dispose en réalité d'une très grande quantité de ressources qui n'attendent qu'une chose : que je sorte de mon aveuglement et que j'ouvre les yeux pour saisir la prodigalité d'un univers ordonné à la satisfaction de mes attentes les plus profondes. En cherchant sans me lasser, je trouverai toujours de quoi combler mes soifs les plus intenses, quelle que soit l'organisation actuelle de la société dans laquelle je vis.
Si je m'engage pourtant dans le combat politique en vue d'obtenir une nouvelle organisation des pouvoirs en France, ce n'est pas que je doute de ce qui précède mais je saurai que le seul fait d'en découdre en vérité et en respectant mes adversaires doit me tenir lieu de satisfaction car si je choisis d'influer sur l'environnement de mes contemporains, ce n'est pas pour en tirer un avantage personnel que je pourrais obtenir autrement mais afin que d'autres en tirent un bénéfice qu'ils n'aurait pu atteindre sans cela.
En effet, certains types d'organisation politique et celui de la France notamment, en 2017, finissent par décourager les plus entreprenants : ils pourraient étancher leur soif de mille manières mais ils trouvent chaque matin une route jonchée d'obstacles qui obstruent l'horizon et font douter de la générosité d'une planète que les plus sombres calculs n'arriveront jamais à démentir.
Ne pas se contenter d'accomplir ces gestes politiques essentiels et lutter pour établir une nouvelle organisation politique plus juste, c'est aussi faire droit à tous ceux qui sont empêchés de jouir des biens de leur environnement parce que d'autres en ont jugé autrement afin de préserver leurs intérêts égoïstes.
Ne pas se contenter d'accomplir ces gestes politiques essentiels et lutter pour établir une nouvelle organisation politique plus juste, c'est aussi faire droit à tous ceux qui sont empêchés de jouir des biens de leur environnement parce que d'autres en ont jugé autrement afin de préserver leurs intérêts égoïstes.
Pourquoi de tels gestes ?
Tout projet politique qui ne tient pas compte de cette limite et qui n'offre pas assez de latitude risque de se heurter à une opposition de plus en plus farouche de la part de personnes qui ont la faculté de s'organiser rapidement pour contester des dispositions hasardeuses, des propositions malencontreuses, des mesures de salut public ... en usant d'arguments valables et de bonne foi mais aussi de stratagèmes odieux et de manipulations savamment orchestrées. Tout projet politique qui néglige ou attaque un corps intermédiaire de la nation se heurte bientôt à des obstacles qui encombrent l'horizon et à des problèmes nouveaux que son incurie a générés.
Nos "démocraties" ne sont pas seulement menacées de l'extérieur mais elles le sont de l'intérieur par tous ceux qui sont prêts à user des libertés qu'elles ont construites au fil du temps pour asservir de plus faibles qu'eux-mêmes et les soumettre à leur pouvoir désordonné, cette force brute qui défend un point de vue étroit pour être sûr d'obtenir gain de cause, qui manipule les faits ou leur interprétation pour exhiber une part de vérité capable de faire mouche au moment opportun. Lorsque les victimes de la supercherie prennent conscience d'avoir été trompées, il est déjà trop tard. Il eut mieux valu qu'elles connaissent cet avertissement de maître, ce passage de l'Echelle de Jacob (éd. Larchandet, 9ème édition, p. 114) de Gustave Thibon :
"Tu détiens une vérité : tu ne veux connaître qu'elle, tu tires sur elle de toutes tes forces. Attention ! La vérité est un organisme et ta vérité fait corps avec l'ensemble des vérités. Un membre coupé est un membre mort et si, pour mieux adorer ta petite vérité, tu t'isoles, tu ne tiendras plus qu'un mensonge entre tes doigts."
Etablir des limites (multiplication de contrôles tatillons par exemple) ou les briser (IVG, "mariage pour tous", GPA, transhumanisme ...) ; édicter toutes sortes de prescriptions normatives ..., pour une société tout entière, finit par étouffer la meilleure part en chaque citoyen : celle qui est capable de se déterminer librement pour un bien supérieur (ne pas tuer son enfant, choisir une sexualité potentiellement féconde, ...) et son complément idéal qui consiste à ne pas enfermer autrui dans ses fautes (aussi avérées soient-elles) ou dans des règles si dépourvues d'esprit qu'elles sont déjà lettres mortes au moment d'être promulguées.
En ces temps nouveaux où les nations et les Etats isolés semblent perdus et dépassés par les événements contemporains, chaque citoyen gagne à se prémunir contre au moins deux écueils qui pointent : d'une part, repli frileux jusqu'à l'absurde sur des appuis que l'époque actuelle est en train de balayer ou de laminer ; d'autre part, accélération de la décomposition au profit d'un mondialisme uniforme et misérabiliste qui prétend éradiquer toute spécificité, tout particularisme et répandre en tout lieu de la planète les mêmes règlements, les mêmes "vérités" soi-disant universelles. En réalité des mensonges propagés pour couvrir la prédation généralisée qui s'est organisée au bénéfice des plus nantis. Prédation qui pille les ressources inertes de certains territoires et qui s'attaque même au vivant en le soumettant aux divers jougs de tous les esclavages, les plus anciens comme les plus récents.
Chaque citoyen aura grand intérêt à développer son leadership vertueux et son leadership authentique pour lui-même, pour ses propres affaires ... afin de faire grandir en son for intérieur ce royaume imprenable que constitue une conscience droite et d'autant plus forte qu'elle se connaît défaillante, qu'elle se sait vulnérable, qu'elle n'oublie jamais ses besoins de protection, de nourriture et de guérison, qu'elle évite comme la peste d'accuser autrui de ses propres manquements ou de lui imputer des torts qu'il n'a pas. Ce royaume que les quolibets, les crachats et les outrages défigurent tandis qu'il subsiste si fermement que rien ne le détruira.
Devenu davantage maître de soi, beaucoup plus miséricordieux, et plus généreusement disponible aux appels de la Providence, chaque citoyen en vient à mieux comprendre les égarements, les atermoiements ou les faiblesses d'autrui, les défaillances d'un groupe tout entier : il sait par expérience qu'il est difficile d'adopter une attitude juste et irréprochable dès qu'une situation complexe défie nos capacités de jugement, nos moyens d'action et notre force d'âme. Si bien que l'accroissement de la maîtrise de soi bien mené engendre une plus grande humilité et donne à celui qui est bien entraîné ce supplément de miséricorde sans lequel se produit une immense déperdition d'énergie : se venger, prendre sa revanche, faire payer, désigner comme bouc émissaire ... s'enorgueillir de ses réussites ou de ses mérites ... méconnaître ses propres erreurs ... retardent l'avènement des situations propices à l'épanouissement de toutes les beautés en germe dans l'univers et dans le coeur de chacun.
Nul projet démocratique national, fondé par essence sur la loi d'une majorité dominante (mais pas nécessairement représentative de l'ensemble) au sein d'une nation, ne saurait répondre parfaitement aux demandes des minorités ignorées, négligées, écrasées, ridiculisées, bafouées, en cours d'élimination ... et seul l'exemple de quelques personnes audacieuses et courageuses, témoins authentiques d'autres voies salutaires, est capable d'enrayer le nivellement par le bas qu'entraîne la soumission de fausses élites à l'air d'une époque destructrice pour tous ceux qui n'entrent pas dans les canons d'une performance excessive, aberrante ou malhonnête voire très bas de gamme ; qui n'entrent pas dans les codes d'une normalité d'origine statistique en laquelle les "anormaux", les extrêmes, les originaux, les dits "marginaux", les faibles, les contradicteurs et même les repentis n'ont plus leur place.
L'histoire récente de l'humanité nous a montré qu'une majorité dominante se fourvoie et s'enfonce dans l'erreur dès l'instant où elle néglige d'entendre les plaintes ou les alarmes des minorités, dès l'instant où elle saccage l'avenir pour préserver son confort actuel (cf. François de Closets : "Toujours plus" et "Plus encore" (en dépit de ses erreurs et de ses approximations) chez Fayard / Plon). Plus montent les tensions mondiales ou nationales, plus cette "majorité" dominante court le risque de s'égarer par surdité, par aveuglement et par son installation dans le confort des repus ou des hypocrites.
Ces gestes politiques ne sont pas de simples formalités ou des actes optionnels. Ils tendent à répondre à des enjeux majeurs tels ceux qui relèvent de l'écologie (vraiment) humaine ainsi que la présente Tugdual Derville en couverture de son livre "Le temps de l'Homme" :
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Geste n° 1 : bien nourrir, bien se nourrir, bien se laisser nourrir
Pour qui douterait de l'importance de ces gestes, nous recommandons la lecture de : "Votre corps abrite un passager clandestin" publié par Santé Nature Innovation.
L'un des gestes politiques fondamentaux concerne la NUTRITION. Nous le citons en première approche selon le précepte bien connu d'Hippocrate : "Que ton aliment soit ta première médecine" et pour répondre aux attentes d'une multitude d'hommes et de femmes que les questions de santé et d'hygiène corporelles préoccupent chaque jour à tel point qu'elles en viennent à éclipser d'autres interrogations pourtant primordiales.
Geste simple d'apparence, comme marcher, qui demandera cependant un long apprentissage à partir d'un embryon d'automatismes présent dès la première heure suivant la naissance : réflexe de succion ou savoir mettre un pied devant l'autre.
Geste qui risque de se mettre en place de travers et qu'il faudra prendre la peine de réajuster : (ré)apprendre à bien mastiquer comme le rappelle France Guillain par exemple ou à bien marcher comme l'enseigne Jacques-Alain Lachant dans une série de vidéos sur la Toile ou dans ses consultations sur la marche à la clinique du Montlouis à Paris afin de retrouver les bénéfices d'une marche vraiment portante, c'est-à-dire pourvoyeuse d'énergie et non pas éreintante ou même épuisante ; afin, s'agissant de nutrition, de parvenir à une assimilation optimale des denrées que nous pouvons absorber sans conscience en provoquant une dégradation de nos tissus graisseux ou bien en toute pleine conscience, engendrant alors la profonde libération d'un corps où circulent sans entrave des graisses (brunes).
Geste de se nourrir, complexe en réalité, car il implique de veiller sur la qualité d'une longue chaîne d'actions : élaboration et choix des matières premières puis stockage, conservation, transformation et consommation ; car il engendre aussi de nombreuses interactions avec l'environnement ; car il nécessite enfin une kyrielle d'ajustements tandis que trop de négligence entraîne une série de maux dont les causes multiples finissent par être difficiles à démêler.
Le choix, pour ne traiter que l'un des thèmes évoqués ci-dessus, conduira les uns à privilégier des aliments issus d'une agriculture respectueuse des sols, de la faune, ..., des écosystèmes et, bien entendu, des personnes qui les produisent ; il en conduira d'autres à privilégier des variétés anciennes (par exemple de blé panifiable (vidéo) pour éviter les intolérances au gluten et retrouver le brillant et les saveurs d'antant (vidéo)) et même oubliés ou délaissés telles que le blé noir (sarrasin par exemple dont on redécouvre aujourd'hui les vertus alimentaires mais aussi environnementales majeures) ou ces légumes que des passionnés remettent au goût du jour.
Nutrition et donc aussi jeûne ... y compris avant le sport. Voir par exemple : "Faire du sport à jeûn" de Franck Ropers.
(Ici quelques recommandations et là ce qu'en dit Saint Athanase au IVème siècle : « Voici ce qu’opère le jeûne : il guérit les malades, dessèche les écoulements d’humeurs corporelles, repousse les démons, expulse les mauvaises pensées, rend l’esprit plus clair, purifie le cœur, sanctifie le corps, place l’homme sur le trône de Dieu. Le jeûne est une grande force et procure de grands succès. Le jeûne est la vie des anges, qui place celui qui s’y adonne dans l’ordre angélique… Bienheureux celui qui jeûne pendant tout ce temps, car il habitera la céleste Jérusalem, il chantera avec les anges, il se reposera avec les prophètes et les apôtres. » (réf.)
ou Saint Pierre Chrysologue, évêque de Ravenne de 433 à 450 : « Il y a trois activités grâce auxquelles est ferme la foi, se confirme la dévotion, se maintient la vertu : la prière, le jeûne et la miséricorde… Prière, miséricorde jeûne, ces trois ne font qu’un, ils se donnent vie l’un à l’autre. Car l’âme de la prière est le jeûne, du jeûne la miséricorde est la vie. Que personne ne mette entre eux de déchirure, ils ne sauraient être séparés. Si l’on a que l’une de ces choses, ou si on ne les pratique ensemble, on a rien. Donc que celui qui prie jeûne, que celui qui jeûne fasse miséricorde : celui qui souhaite que sa demande soit entendue doit entendre celui qui lui demande : il ouvre à son appel les oreilles de Dieu celui qui ne ferme pas les siennes à qui le supplie. Que le jeûneur comprenne le jeûne : qu’il ait le sens de celui qui a faim, lui qui veut que Dieu ait le sens de sa propre faim. Qu’il soit miséricordieux, lui qui espère miséricorde » (réf.).)
[Ce qui précède développe un enseignement ancien déjà contenu au chapitre 58 d'Isaïe :
Le jeûne qui me plaît, n’est-ce pas ceci :
faire tomber les chaînes injustes,
délier les attaches du joug,
rendre la liberté aux opprimés,
briser tous les jougs ?
N’est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim,
accueillir chez toi les pauvres sans abri,
couvrir celui que tu verras sans vêtement,
ne pas te dérober à ton semblable ?
Alors ta lumière jaillira comme l’aurore,
et tes forces reviendront vite.
Devant toi marchera ta justice,
et la gloire du Seigneur fermera la marche.
Alors, si tu appelles, le Seigneur répondra ;
si tu cries, il dira : « Me voici. » (Isaïe, chapitre 58)]
Nutrition et donc encore : satisfaction et manque, partage et sacrifice, maladie, soin et guérison, diététique, (phyto)thérapie, spiritualité ...
Manger et boire de telle sorte que le corps humain de chacun, perçu à sa juste valeur, comme don et trésor inestimables, non comme un fardeau ou un boulet mais comme un capital capable d'un travail prodigieux, comme une entité douée d'une intelligence propre dont il convient de respecter la sagesse ancestrale tout en sachant s'abandonner aux mains d'un expert quand vient le moment inéluctable de réparer les traumatismes irréversibles, grâce aux avancées scientifiques et techniques inimaginables pour l'homme des cavernes, du Moyen-Age, de la Renaissance ou d'époques pourtant récentes.
Manger et boire de telle sorte que le corps humain de chacun ne devienne pas occasion de lucre, de chute pour autrui ou instrument d'un commerce qui, s'appuyant sur des qualités extérieures et des réserves mentales, finit par miner de l'intérieur celui ou celle qui s'y adonne jusqu'au jour où le corps porte de façon visible les marques de transactions destructrices. Ainsi en va-t-il de toute forme de prostitution comme de toute pratique sportive où le corps humain se trouve soumis à des tensions extravagantes.
Evoquer la nutrition dès l'abord dans cette tribune ne signifie pas que le projet France2022 se focalise à l'extrême sur cette question au risque d'en oublier d'autres plus essentielles puisque cette mise en relief dans le cadre des gestes politiques à la portée de tout un chacun intervient après six ans de réflexion dans de multiples directions.
L'Evangile, par la voix du Christ, nous avertit plusieurs fois à ce sujet en nous invitant à ne pas nous tromper de hiérarchie dans les priorités. Ainsi lorsque Jésus résiste aux tentations du diable, après quarante jours de jeûne (voir ci-après) en lui répondant par une parole de l'Ecriture (Matth, chap. 4) : "Ce n'est pas de pain seulement que vit l'homme, mais de toute parole de Dieu." ou encore lorsque Jésus envoie ses disciples en mission deux par deux et leur recommande de manger et de boire ce qui leur sera servi. Deux avertissements très clairs, l'un qui replace l'alimentation dans un cadre beaucoup plus large où l'écoute joue un rôle fondateur (voir notamment : Tomatis et le Chema Israël) ; l'autre qui nous met en garde contre toute focalisation excessive et contre ces extrêmes alimentaires justement dénoncées avec force par Robert Masson.
Voici un autre enseignement qui nous invite à ne pas nous faire un sang d'encre à propos de la nourriture et du vêtement mais, au contraire, à laisser grandir en nous la dimension prophétique de l'abandon à la Providence divine :
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 6,24-34.
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Nul ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent.
C’est pourquoi je vous dis : Ne vous souciez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez, ni, pour votre corps, de quoi vous le vêtirez. La vie ne vaut-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que les vêtements ?
Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson, ils n’amassent pas dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Vous-mêmes, ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ?
Qui d’entre vous, en se faisant du souci, peut ajouter une coudée à la longueur de sa vie ?
Et au sujet des vêtements, pourquoi se faire tant de souci ? Observez comment poussent les lis des champs : ils ne travaillent pas, ils ne filent pas.
Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’était pas habillé comme l’un d’entre eux.
Si Dieu donne un tel vêtement à l’herbe des champs, qui est là aujourd’hui, et qui demain sera jetée au feu, ne fera-t-il pas bien davantage pour vous, hommes de peu de foi ?
Ne vous faites donc pas tant de souci ; ne dites pas : “Qu’allons-nous manger ?” ou bien : “Qu’allons-nous boire ?” ou encore : “Avec quoi nous habiller ?”
Tout cela, les païens le recherchent. Mais votre Père céleste sait que vous en avez besoin.
Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît.
Ne vous faites pas de souci pour demain : demain aura souci de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine. »
Saint Paul synthétisera ces enseignements du Christ en nous enjoignant de ne pas mettre les questions de nourriture corporelle au premier plan de nos préoccupations : « Le Royaume de Dieu, en effet, ne consiste pas en des questions de nourriture ou de boisson ; il est justice, paix et joie dans l'Esprit Saint » (Rm 14, 17) afin que cela ne nous détourne pas de questions spirituelles, de vie ou de mort, beaucoup plus graves (questions abordées dans une autre tribune du projet France2022 : "Prospective" ) ; afin de sortir des peurs, innombrables, associées à l'acte de manger et générées par une flopée d'informations contradictoires ; afin que le souci légitime d'obtenir une nourriture matérielle de qualité ne m'éloigne pas des exigences d'une charité active au service d'autrui : si je prends soin de bien me nourrir, ce n'est pas seulement ou exclusivement en vue d'être en pleine forme pour me divertir et répondre à tous mes caprices mais c'est aussi et avant tout pour mettre en oeuvre une belle énergie, source de beautés qui accroissent l'amour de soi et celui des autres, qui rendent gloire à qui de droit, c'est-à-dire à Dieu en toute priorité.
Si je prends soin de bien me nourrir, c'est pour que cette question n'occupe plus la première place de mes préoccupations, pour qu'elle en devienne si naturelle que je n'aurai plus à m'en soucier outre mesure et que j'éviterai toute position catégorique sur le sujet, tout jugement hâtif à l'égard des autres et de leurs façons de se nourrir : bien se nourrir, c'est aussi laisser les autres se nourrir comme bon leur semble sans se croire autoriser à condamner, cataloguer, dénigrer ...
J'aurai franchi un grand pas dès lors que je m'abstiendrai de tout sectarisme en matière de nutrition et ne chercherai pas à imposer mes vues ou mes pratiques aux autres même si les leur sont critiquables et réformables. En adoptant une attitude équilibrée et vraiment détendue, je deviendrai nourrissant et ma façon de (bien) me nourrir fera école sans qu'il soit besoin de livrer ces combats où l'on s'échauffe en pure perte pour des effets contre productifs. Ce ne sont pas mes arguments, aussi judicieux seront-ils et à moins d'être expert de ce domaine, qui amèneront des personnes dans l'erreur manifeste à revoir leur façon de se nourrir mais la joie de vivre dont je témoignerai en toutes occasions, l'énergie que je déploierai pour mettre en oeuvre de beaux projets et pour être au service d'autrui.
Bien ou mal se nourrir ont certes de multiples conséquences sur le corps de chacun et ce qui s'y rapporte : image de soi, aisance du mouvement, agilité de la pensée, dynamisme, économie de la santé ... mais aussi sur notre environnement, la terre qui nous abrite et tous les êtres qui la peuplent. Prendre conscience du champ très large concerné par les questions de nourriture peut conduire à désespérer de la situation présente et à se crisper sur des questions au risque d'adopter un comportement violent par ulcération, inquiétude, jugement hâtif, révolte ... L'un des critères majeurs de réussite d'une nutrition adéquate pour une personne donnée est bien la disparition de toute violence et de toute peur en matière de nutrition et, par extension, dans toute situation polémique : celui ou celle qui se nourrit avec justesse ne se laisse plus emporter et ne s'emporte plus sans raison majeure de se mettre dans une sainte colère ; ne se laisse plus vaincre ou paralyser par la peur.
Ne vous faites pas de souci pour demain : demain aura souci de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine. »
Saint Paul synthétisera ces enseignements du Christ en nous enjoignant de ne pas mettre les questions de nourriture corporelle au premier plan de nos préoccupations : « Le Royaume de Dieu, en effet, ne consiste pas en des questions de nourriture ou de boisson ; il est justice, paix et joie dans l'Esprit Saint » (Rm 14, 17) afin que cela ne nous détourne pas de questions spirituelles, de vie ou de mort, beaucoup plus graves (questions abordées dans une autre tribune du projet France2022 : "Prospective" ) ; afin de sortir des peurs, innombrables, associées à l'acte de manger et générées par une flopée d'informations contradictoires ; afin que le souci légitime d'obtenir une nourriture matérielle de qualité ne m'éloigne pas des exigences d'une charité active au service d'autrui : si je prends soin de bien me nourrir, ce n'est pas seulement ou exclusivement en vue d'être en pleine forme pour me divertir et répondre à tous mes caprices mais c'est aussi et avant tout pour mettre en oeuvre une belle énergie, source de beautés qui accroissent l'amour de soi et celui des autres, qui rendent gloire à qui de droit, c'est-à-dire à Dieu en toute priorité.
Si je prends soin de bien me nourrir, c'est pour que cette question n'occupe plus la première place de mes préoccupations, pour qu'elle en devienne si naturelle que je n'aurai plus à m'en soucier outre mesure et que j'éviterai toute position catégorique sur le sujet, tout jugement hâtif à l'égard des autres et de leurs façons de se nourrir : bien se nourrir, c'est aussi laisser les autres se nourrir comme bon leur semble sans se croire autoriser à condamner, cataloguer, dénigrer ...
J'aurai franchi un grand pas dès lors que je m'abstiendrai de tout sectarisme en matière de nutrition et ne chercherai pas à imposer mes vues ou mes pratiques aux autres même si les leur sont critiquables et réformables. En adoptant une attitude équilibrée et vraiment détendue, je deviendrai nourrissant et ma façon de (bien) me nourrir fera école sans qu'il soit besoin de livrer ces combats où l'on s'échauffe en pure perte pour des effets contre productifs. Ce ne sont pas mes arguments, aussi judicieux seront-ils et à moins d'être expert de ce domaine, qui amèneront des personnes dans l'erreur manifeste à revoir leur façon de se nourrir mais la joie de vivre dont je témoignerai en toutes occasions, l'énergie que je déploierai pour mettre en oeuvre de beaux projets et pour être au service d'autrui.
Bien ou mal se nourrir ont certes de multiples conséquences sur le corps de chacun et ce qui s'y rapporte : image de soi, aisance du mouvement, agilité de la pensée, dynamisme, économie de la santé ... mais aussi sur notre environnement, la terre qui nous abrite et tous les êtres qui la peuplent. Prendre conscience du champ très large concerné par les questions de nourriture peut conduire à désespérer de la situation présente et à se crisper sur des questions au risque d'adopter un comportement violent par ulcération, inquiétude, jugement hâtif, révolte ... L'un des critères majeurs de réussite d'une nutrition adéquate pour une personne donnée est bien la disparition de toute violence et de toute peur en matière de nutrition et, par extension, dans toute situation polémique : celui ou celle qui se nourrit avec justesse ne se laisse plus emporter et ne s'emporte plus sans raison majeure de se mettre dans une sainte colère ; ne se laisse plus vaincre ou paralyser par la peur.
Les gestes politiques relatifs à la nutrition, ici corporelle, font suite à la tribune ouverte récemment sur nos agricultures françaises où figure l'un des remèdes puissants au désastre qui touche le patrimoine agricole de la Gaule ancienne et de la France actuelle : rappeler à chaque citoyen qu'il peut influencer le cours des choses par ses choix d'alimentation, par sa façon d'acheter et de consommer des nourritures terrestres. Ces gestes sont hérités d'une longue tradition dont les secrets et les découvertes n'ont jamais été tout à fait perdus même s'il fallut et s'il faut encore le courage de quelques esprits indépendants des modes pour maintenir leur diffusion auprès d'un public étendu (voir à ce propos le travail remarquable de Jean-François Berthelot).
Parmi ces esprits forts ou en alerte, disparus ou encore visibles en ce monde, nous pourrions citer : Maria Treben, (exemple d'article à propos de prostate), le docteur Alfred Vogel, l'abbé Sebastian Kneipp, Norman Walker, Romolo Mantovani, Raymond Dextreit, Andreas Moritz, le docteur Andrew Weil, Daniel Kieffer, France Guillain, Désiré Mérien, François Couplan, Dominique Guyaux (voir en particulier son mémoire à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes), Grégoire Jauvais, Bernard Clavière, Henri Montfort, Jérôme Ravenet, Gabriel Lesquoy, Alyna Rouelle, Marie-Sophie L (L'instant cru), Robert Morse, Gwenola Le Dref et tant d'autres.
Chacun d'entre eux a mis l'accent sur des points fondamentaux, selon ses talents et son propre charisme, tantôt pour résoudre d'abord des problèmes personnels, parfois d'une extrême gravité, tantôt afin de venir en aide à d'autres jusqu'au développement, pour certains, d'un commerce plus ou moins fructueux. Cette dimension marchande et, surtout, le souci des affaires de ce monde expliquent, pour plusieurs d'entre eux, des partis pris douteux et même des erreurs possibles.
Il convient d'accueillir ces imperfections sans tomber soi-même dans l'excès inverse consistant à dénigrer (*), a priori, sans avoir fait l'effort de bien comprendre ce qui était en jeu ; sans avoir aussi pris le temps de s'informer davantage ; sans s'être dépouillé d'une tendance fort répandue en France : accabler et condamner sans autre forme de procès dès lors que des intérêts d'argent sont en jeu comme si la prospérité matérielle devait être suspectée d'emblée et de manière systématique.
(*) dénigrer, une façon comme une autre de se mettre soi-même sur un piédestal ou de se parer de qualités ... imaginaires ! comme le rappelait avec humour Josy Eisenberg (vidéo hommage à la suite de son décès le 8 décembre 2017).
Honneur soit fait ici à une femme, le docteur Catherine Kousmine, qui en des temps troublés, a non seulement redécouvert des richesses du passé mais encore élargi nos connaissances afin de les appliquer à des situations dramatiques telles que le fléau des maladies chroniques et/ou dégénératives. Le mieux est ici de lui laisser la parole en transcrivant quelques éléments remarquables de sa préface au livre "La méthode Kousmine" rédigé par quelques-uns de ses élèves réunis au sein de l'Association Médicale Kousmine" :
"Ce qui feront l'historique de l'évolution de la santé dans la deuxième moitié du XXème siècle, ne pourront pas ne pas être frappés par le schisme qui s'est produit à cette époque dans les sciences de la santé.
Dès la première moitié de ce siècle, la médecine s'est de plus en plus désintéressée de la nutrition, jugeant que l'essentiel était connu de tous, enseigné dans les écoles secondaires, donc sans intérêt au niveau universitaire. Elle eut tort. Elle ne s'aperçut pas que l'industrie prenait de plus en plus en main l'approvisionnement public et modifiait non seulement les habitudes nutritionnelles mais encore la structure chimique de certains aliments.
Si, notamment sur le plan économique, il en résulta d'indéniables avantages matériels, l'état de santé de la population se détériora : les maladies dégénératives se multiplièrent et se manifestèrent chez des êtres de plus en plus jeunes. Les cas de stérilité et de malformation deviennent plus fréquents."
et dont quelques extraits sont proposés ici.
Parmi ces esprits forts ou en alerte, disparus ou encore visibles en ce monde, nous pourrions citer : Maria Treben, (exemple d'article à propos de prostate), le docteur Alfred Vogel, l'abbé Sebastian Kneipp, Norman Walker, Romolo Mantovani, Raymond Dextreit, Andreas Moritz, le docteur Andrew Weil, Daniel Kieffer, France Guillain, Désiré Mérien, François Couplan, Dominique Guyaux (voir en particulier son mémoire à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes), Grégoire Jauvais, Bernard Clavière, Henri Montfort, Jérôme Ravenet, Gabriel Lesquoy, Alyna Rouelle, Marie-Sophie L (L'instant cru), Robert Morse, Gwenola Le Dref et tant d'autres.
Chacun d'entre eux a mis l'accent sur des points fondamentaux, selon ses talents et son propre charisme, tantôt pour résoudre d'abord des problèmes personnels, parfois d'une extrême gravité, tantôt afin de venir en aide à d'autres jusqu'au développement, pour certains, d'un commerce plus ou moins fructueux. Cette dimension marchande et, surtout, le souci des affaires de ce monde expliquent, pour plusieurs d'entre eux, des partis pris douteux et même des erreurs possibles.
Il convient d'accueillir ces imperfections sans tomber soi-même dans l'excès inverse consistant à dénigrer (*), a priori, sans avoir fait l'effort de bien comprendre ce qui était en jeu ; sans avoir aussi pris le temps de s'informer davantage ; sans s'être dépouillé d'une tendance fort répandue en France : accabler et condamner sans autre forme de procès dès lors que des intérêts d'argent sont en jeu comme si la prospérité matérielle devait être suspectée d'emblée et de manière systématique.
(*) dénigrer, une façon comme une autre de se mettre soi-même sur un piédestal ou de se parer de qualités ... imaginaires ! comme le rappelait avec humour Josy Eisenberg (vidéo hommage à la suite de son décès le 8 décembre 2017).
Honneur soit fait ici à une femme, le docteur Catherine Kousmine, qui en des temps troublés, a non seulement redécouvert des richesses du passé mais encore élargi nos connaissances afin de les appliquer à des situations dramatiques telles que le fléau des maladies chroniques et/ou dégénératives. Le mieux est ici de lui laisser la parole en transcrivant quelques éléments remarquables de sa préface au livre "La méthode Kousmine" rédigé par quelques-uns de ses élèves réunis au sein de l'Association Médicale Kousmine" :
"Ce qui feront l'historique de l'évolution de la santé dans la deuxième moitié du XXème siècle, ne pourront pas ne pas être frappés par le schisme qui s'est produit à cette époque dans les sciences de la santé.
Dès la première moitié de ce siècle, la médecine s'est de plus en plus désintéressée de la nutrition, jugeant que l'essentiel était connu de tous, enseigné dans les écoles secondaires, donc sans intérêt au niveau universitaire. Elle eut tort. Elle ne s'aperçut pas que l'industrie prenait de plus en plus en main l'approvisionnement public et modifiait non seulement les habitudes nutritionnelles mais encore la structure chimique de certains aliments.
Si, notamment sur le plan économique, il en résulta d'indéniables avantages matériels, l'état de santé de la population se détériora : les maladies dégénératives se multiplièrent et se manifestèrent chez des êtres de plus en plus jeunes. Les cas de stérilité et de malformation deviennent plus fréquents."
et dont quelques extraits sont proposés ici.
Il est clair que, quant à elles, les nourritures spirituelles déjà abordées dans le cours du projet France2022 à propos des faims humaines, revêtent aujourd'hui une importance tout à fait cruciale tant nous sommes submergés par un flot d'informations dont le décryptage demande de plus en plus de vigilance et de discernement. Envahi et environné de toutes parts par un flux continu de nouvelles, j'ai besoin d'exercer mon regard et mon oreille afin de discerner ce qu'elles m'apportent de vraiment substantiel et de neuf, de voir quelle part mérite d'être gardée, approfondie, partagée avec d'autres ; quelle autre part doit être aussi rejetée, évitée et désertée. Discernement d'autant plus requis que nous n'avons pas à nous battre contre des êtres de chair et de sang mais contre des puissances spirituelles dont le canal prioritaire d'influence passe par l'insinuation, l'illusion, le mensonge et le truchement d'une parole prolixe, d'un déluge d'images et de mots, aux allures séduisantes et trompeuses ainsi que nous en avertit encore St Paul dans sa lettre aux Ephésiens :
Éphésiens 6
« …11Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir ferme contre les ruses du diable. 12Car nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes. 13C'est pourquoi, prenez toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir résister dans le mauvais jour, et tenir ferme après avoir tout surmonté ... »
Sur la Toile et en librairie, nous trouvons une quantité faramineuse d'informations qui ont trait à la nutrition du corps humain et, bien souvent, en lien avec les questions de santé. Que vais-je retenir de tout cela qui me soit profitable ? Comment pourrais-je échapper aux racontars et aux balivernes d'une publicité mensongère ou d'un discours frelaté ? A des intérêts qui n'ont cure de l'humain, cet homme superflu, que certains rêvent de sélectionner en vue d'une perfection grotesque ou d'un rendement infernal. Une analyse d'un extrait de l'oeuvre d'Hannah Arendt est très éclairante à ce sujet.
Signalons ici quelques données qui valent la peine d'être connues sans que soient adulés ou encensés ceux qui les transmettent car elles ne sont pas indemnes de critiques, tantôt sur la forme, tantôt sur le fond. Il est en effet important de garder l'esprit ouvert et d'éviter de plonger corps et âme dans une voie unique qui risquerait d'être nuisible pour nous ou pour les nôtres.
Nous trouvons par exemple toutes les vidéos de Thierry Casasnovas qui fait part de son expérience personnelle, ses pratiques et ses rencontres, avec générosité et force, au point d'attirer l'attention de la Miviludes selon le Nouvel Observateur qui a cependant publié un droit de réponse sur le site Rue89. Tout ce matériau librement et gratuitement disponible sur la Toile est à rapprocher d'un livre instructif "La naturopathie foudroyée" de Robert Masson qui a rédigé une mise au point très précise sur les dangers de certaines fausses croyances en matière de nutrition. Il permet à chacun de ne pas verser dans trop d'excès. Marion Kaplan propose un extrait de son livre ici.
Ces deux contributeurs, Thierry Casasnovas et Robert Masson, appartiennent à deux générations différentes. Le premier est un amateur éclairé, le second un professionnel aguerri. Chacun emploie des moyens différents pour rejoindre un public affamé de conseils et qui a l'impression d'avoir été abandonné par une médecine officielle à la dérive quant aux soins élémentaires tandis qu'il lui arrive d'exceller dans des domaines de pointe tels cette prouesse récente du professeur Alexandre Carpentier en matière de tumeurs cérébrales. L'un et l'autre se rejoignent sur un point de vigilance primordial : ne pas appliquer des règles toutes faites sans en avoir compris les tenants et les aboutissants. Faire la part du vrai et du faux, dans un contexte donné, et bien prendre en compte la situation de chacun. Agir progressivement ou radicalement selon le cas mais en veillant toujours à se garder du sectarisme, à ne pas entrer dans une démarche extrême et potentiellement dangereuse.
L'un et l'autre ne sont évidemment pas infaillibles et il conviendra toujours de croiser les informations, les avis, les expériences personnelles, les données issues de plans d'expérimentation sérieux, d'études épidémiologiques sans détours, pour tenter de se frayer un passage dans la jungle de la nutrition où se mêlent intérêts mercantiles, intuitions géniales, erreurs monumentales, affirmations péremptoires, croyances stupéfiantes, dérives hallucinantes, dérapages dangereux ...
A propos de nutrition corporelle, nous terminerons par la citation de l'excellent "Traité de miamologie" par la revue culinaire 180° pour honorer toutes les mamans, toutes les grand-mères, tous les hommes aussi ! qui, depuis des générations, ont donné beaucoup de leur temps et parfois sans recevoir une reconnaissance digne de ce nom, en vue de bien nourrir les autres. Remarquons que ce traité s'inscrit dans une tradition occidentale plus que millénaire qui ne considère par le cru comme un horizon idéal : le cuit garde toute sa noblesse, son intérêt vital et, parfois incontournable ainsi que l'indique aussi une tradition orientale comme la médecine ayurvédique. Voir à ce propos : "Crudivorisme, info ou intox ?".
Une façon de ne pas oublier, qu'en matière de nutrition, nous entrons à la fois dans les ressources incommensurables d'un univers qui nous dépasse et dans un palais des saveurs dont la connaissance épuise les capacités de l'homme isolé : pour apprendre à bien se nourrir, l'humanité a mis des siècles, des millénaires et elle n'a pas fini d'apprendre. Qui peut prétendre avoir fait le tour de ces questions qui agitent l'esprit humain et ses mandibules depuis des lustres ?
Une façon enfin de ne pas oublier la dimension festive, le plaisir, le bonheur, la joie d'être ensemble pour savourer des préparations culinaires élaborées dans la bonne humeur et avec beaucoup d'amour, avec une science prodigieuse de l'art gastronomique ou de l'économie quand ce n'est pas dans les douleurs d'actes par trop répétitifs qui ont perdu tout élan, douleurs de celle ou de celui qui, se retrouvant seul(e), est désormais privé(e) d'une communion vitale ; douleurs de celui ou de celle qui accomplit des gestes quotidiens privés de sens ou de reconnaissance.
La multiplication des contributions plus ou moins autorisées, plus ou moins fondées, sur le sujet de la nutrition comme sur une multitude d'autres thèmes, est favorisée aujourd'hui par le déploiement de l'informatique et de nouvelles possibilités d'interaction, de diffusion et de collaboration. Cette multiplication pose des questions sur le rôle des autorités politiques : peuvent-elles se contenter, comme trop souvent encore, de naviguer à vue, sans plan, sans carte et sans boussole, à force d'avoir laissé de côté les sujets les plus préoccupants, à force d'avoir favorisé l'anéantissement d'un principe élémentaire comme le : "Tu ne tueras pas" ?
Combien de temps seront-elles capables de maintenir la cohésion de territoires traversés par des forces de plus en plus actives et rayonnantes sans se donner les moyens d'y voir plus clair ? Sont-elles en mesure d'assurer la paix et la sécurité des personnes menacées de toutes parts, non seulement physiquement mais nerveusement et psychiquement ? Vont-elles le faire par un usage raisonné de la force comme en témoigne en mai 2016 le sang froid de Kevin Philippy et sans abuser du ressort de la peur ou de l'intimidation ?
Questions également posées aux autorités de référence (conseils, agences, académies, ordres ...) qui se trouvent de plus en plus bousculées par des amateurs éclairés, passionnés par un domaine dans lequel leurs expériences osent de plus en plus se manifester à ciel ouvert et s'offrir gratuitement, provoquant jalousies, admirations, méfiances, jugements hâtifs ou abrupts, colères saintes ou imbéciles ...
Le projet France2022 prévoit une modification en profondeur des rôles politiques pour tenir compte des évolutions majeures qui bouleversent de fond en comble les structures et les fonctions au sein d'une société civile de plus en plus fébrile : légitimement inquiète pour l'avenir, elle tend à devenir de plus en plus exigeante à l'égard d'un monde politique qui lui paraît dépassé par les événements voire déconnecté des réalités les plus prosaïques. Contrôler sans brider stupidement, réguler sans dérégler maladroitement sont devenus des enjeux vitaux pour nos sociétés de plus en plus complexes.
Tôt ou tard, le pouvoir national, mieux préparé à l'exercice de mandats de plus en plus exigeants, n'agira plus comme il le faisait autrefois et comme il le fait encore en 2016. Il prendra le temps d'observer, de solliciter davantage les citoyens, d'analyser, de comprendre, ... (enfin ! ) avant de lancer tel ou tel chantier. Il deviendra capable de faire le tri entre tout ce qui émane de la société civile, d'institutions solides mais discrètes voire trop effacée comme de quelques cercles vacillants mais influents jusqu'au tapage et à la propagande, afin de promouvoir ensuite ce qui a le plus de chance d'être bénéfique pour le corps tout entier de la nation.
Une tribune complémentaire du projet France2022 montrera comment les différents pouvoirs actuels seront peu à peu transformés par la volonté de citoyens fortement engagés pour répondre beaucoup mieux qu'ils ne le font aujourd'hui aux défis posés par les courants anciens et nouveaux qui traversent notre monde.
Cette évolution plus que souhaitable passera nécessairement en France par la modification du cadre constitutionnel établi lors de l'institution de la Vème république : conçu par un chef militaire d'envergure en des circonstances qui ne sont plus d'actualité et qui commandaient un certain mode de gouvernement, il paraît à l'évidence mal taillé pour des civils qui n'ont pas connu l'épreuve du feu et qui se comportent en pompiers pyromanes. Au lieu de redouter l'incendie comme la peste, ils jouent avec le feu et ne connaissent d'autres sanctions que l'échec électoral, ce qui est trop peu pour les décourager et ce qui, au contraire, les stimule alors qu'ils ont été tout juste fouettés dans leur orgueil malsain où ne compte que l'image donnée et plus du tout les conséquences de décisions parfois désastreuses.
Les citoyens de France, réellement dépossédés d'une partie essentielle de leurs prérogatives ou ayant le sentiment de l'avoir été, assistent en spectateurs désabusés, médusés, exaspérés ou révoltés à des joutes d'estrade aussi amusantes et désopilantes qu'inutiles : derrière les rivalités de façade se cachent des connivences et des convergences d'intérêts qui incitent les acteurs politiques, même les plus extrémistes, à maintenir un système obsolète tout en feignant de le critiquer ou de le réformer, en profondeur et dans le sens de l'intérêt général, tandis qu'ils ne font que conforter ce qui les arrange ou sert avantageusement les appuis qui partagent leur vision du monde et les soutiennent plus ou moins en secret.
Ces pouvoirs devront désormais encourager, avec beaucoup plus de vivacité, d'entrain et de discernement, chaque citoyen à se tourner vers ce qui lui permettra d'être un véritable acteur politique et non un individu isolé cherchant à profiter au mieux d'un Etat providence qui est devenu au fil du temps terriblement injuste. Un citoyen, acteur politique, soucieux de progresser et de contribuer au bien de ceux qui l'entourent, qu'ils soient à deux pas de chez lui ou à l'autre bout du monde. Attitude fondamentale qui dépasse l'interprétation au raz des pâquerettes de la notion de démocratie :
"pouvoir du peuple" confisqué quand elle vire à la démocratie populaire, c'est-à-dire à la dictature d'un parti unique, inique, criminel, sanguinaire, ... ;
ou "pouvoir du peuple" détourné quand elle devient le prétexte d'une inertie alarmante sur l'essentiel et d'un activisme insensé à propos de l'accessoire, inertie et activisme savamment entretenus par une classe politique aux ordres des lobbies les plus influents ou de quelques puissances mondaines et qui n'a pas d'autres préoccupations que de maintenir ses fiefs électoraux, de contenter des faiseurs d'opinion ou d'arroser des pourvoyeurs de fonds secrets. Ce ronron pseudo démocratique, propre à la France et à l'Europe, a favorisé le développement excessif des positions extrêmes et la désertion des urnes, soit deux catégories d'électeurs, actifs ou passifs, lassés par l'atonie d'une "élite" (politique ou autre) recroquevillée sur elle-même et vivant en vase clos, telle un agrégat de courtisans, de gens fréquentables quand d'autres ne le seraient pas ...
Pour sortir de ces deux ersatz de démocratie, il est nécessaire que les différents pouvoirs exécutifs deviennent capables de maîtriser les flux d'informations, non pas dans le sens d'une censure imbécile et contre-productive mais de manière à en améliorer les qualités et, par dessus tout, d'en extraire la substantifique moelle, non en vue d'alimenter une usine à slogans au service d'une propagande de bazar mais dans le but de nourrir sainement les personnes, les corps intermédiaires et les acteurs de premier plan, c'est-à-dire avec l'intention ferme d'accroître en eux les qualités de coeur d'une charité inventive au service de tous. Question abordée dans la tribune : "le moine et le politique". Il est nécessaire aussi que ces pouvoirs se risquent à la participation effective des citoyens.
Geste n° 2 : bien lire et bien écrire
Une autre catégorie de geste politique, individuel voire collectif, a trait à la LECTURE et à l'ECRITURE, deux domaines où s'exprime le génie de l'humanité et sans lesquels le développement des civilisations butte sur un mur infranchissable ; deux domaines où celles-ci risquent aussi de se noyer faute d'avoir maintenu un lien assez solide entre les faits et le langage (voir à ce propos : "Abus de langage, abus de pouvoir" de Josef Pieper).
Lire et écrire, deux gestes essentiels dont l'exercice manifeste la liberté de citoyens non soumis à une dictature qui cherche à les entraver et à les asservir ou à des courants délétères qui espèrent les confiner dans un espace si étroit que toute la place disponible se trouve occupée par des activités annexes de moindre portée : se gaver de spectacles stupides, dilapider son temps et ses biens, s'abrutir, s'étourdir, s'émanciper faussement, se libérer de carcans imaginaires pour se laisser enchaîner par ailleurs, se divertir de l'essentiel pour s'attacher à l'accessoire ...
Deux gestes qui libèrent aussi l'esprit et le corps d'asservissements nuisibles pour eux : tout le temps que je passe à lire ou à écrire sainement me rend de plus en plus libre des modes sans intérêts, des doctrines erronées, des théories fumeuses, des partis pris sans fondement, des jugements hâtifs, ... Deux gestes que tout projet politique ambitieux se doit d'encourager sans relâche. Deux gestes condamnés jusqu'au bûcher par les régimes ou les instances qui redoutent la libre pensée comme la peste.
Il y a cependant un abîme entre l'injonction de lire : "il faut lire ... tu dois lire ... " assénée aux enfants ou aux adolescents et l'acte de lire, librement choisi et consenti, car si cet acte entretient et fortifie la vitalité de l'esprit quand il s'accomplit de manière intelligente et harmonieuse, il devient un obstacle à son épanouissement lorsqu'il s'impose pour lui-même et détaché de tout but supérieur. Placer l'acte de lire comme seul but obligatoire, c'est idolâtrer un moyen. De même, séparer lecture et questionnement, lecture et partage, lecture et construction de soi, revient à ingurgiter sans assimiler, à recevoir sans offrir, à empiler sans projet. Séparation qui se prolonge en une coupure de soi d'avec le reste du monde par laquelle lire n'engendre plus la communion mais la misanthropie, la suffisance, l'illusion de savoir ou de connaître, l'orgueil d'une pensée repliée sur elle-même : jonglant avec les mots, elle en vient à méconnaître le réel, à le parer de qualités ou de défauts qu'il n'a pas ; refusant de s'interroger davantage, elle reste à la surface des choses ; oubliant l'intention ou le but, elle se noie dans une flaque d'eau.
Lire et écrire, deux gestes qui génèrent nombre de malentendus et d'incompréhensions si bien qu'il est urgent d'y revenir à une époque où ils sont d'une part chahutés, remis en cause et menacés par des "progrès" qui les rendent marginaux dans la vie de bon nombre de citoyens tandis qu'ils deviennent d'autre part deux moyens prépondérants de rester en lien avec tous les contributeurs de la Toile. Prendre connaissance de ce qui est publié, faire le tri, s'abreuver aux meilleures sources pour soi réclament d'être un lecteur aguerri et participer aux "débats" demandent une maîtrise suffisante de l'écrit pour être entendu même lorsque je choisis de m'exprimer de vive voix, en images ou par des vidéos.
Si lire n'est pas seulement promener son regard sur une suite de lettres mais engage (ou devrait engager) l'être en profondeur alors beaucoup de nos "lectures" contemporaines sont loin d'être aussi nourrissantes que nous le croyons et, par suite, ne donnent pas les fruits de paix, de justice et de joie que de saines et solides lectures sont capables de produire. Sans compter sur d'autres fruits comme le détachement à l'égard des modes, des données immédiates de l'actualité qu'il s'agisse de la relation brute des faits ou de leurs innombrables commentaires beaucoup trop impatients ; la saine distance qui évite de coller à l'immédiateté de quelques réductions minuscules d'un présent bien plus riche que les caricatures faites pour exciter, alarmer, tromper ... un public devenu friand de sensations fortes après avoir été dépossédé des moyens de se réjouir de l'ordinaire, du dépouillé, du multiple et de l'inaccessible au regard superficiel ou à l'écoute distraite.
Lire, comme adorer, engage le véritable lecteur et l'adorateur guéri de l'idolâtrie à produire lui-même les images que le texte suggère sans en imposer les contours, la succession et la fréquence ou la durée d'exposition de sorte qu'ils demeurent libres de voyager selon leur propre rythme, d'arrêter leur course quand bon leur semble, de se reposer s'ils le désirent, de s'évader s'ils en éprouvent le besoin, de se détacher : l'effort requis pour lire (ou prier ou adorer) porte en lui le remède à toute addiction. Il accroît la liberté de celui qui s'y adonne tandis que d'autres pratiques ne font que la restreindre ou l'étouffer. "Liber", le livre en latin, qui nous rend libres et la librairie dont les enseignes encore tenues jusqu'à l'héroïsme par des personnes soucieuses d'offrir à d'autres ce bonheur d'une plongée en eaux vives, tour à tour calmes et tumultueuses. Tous ces livres exposés comme autant de mets de choix selon ce beau titre : "Manger le livre" de Gérard Haddad chez Grasset.
Lire comme un acte vital pour une lecture qui « m'a sauvé la vie » ainsi qu'en témoigne Louis Chedid sur France Info. Lire et écrire, deux actes intimement liés qui donnent à qui veut bien faire l'effort de les travailler la force de rester libre contre tout ceux qui ont intérêt à le réduire en esclavage ou à l'anéantir.
Lire des textes mais aussi des partitions, des dessins, des tableaux, des objets, des ensembles architecturaux, ... c'est-à-dire déchiffrer, décrypter, analyser, aller au-delà des signes tangibles pour aller jusqu'aux significations profondes, passer de l'esthétique à l'éthique, du style aux différents sens possibles du message. Continuer d'apprendre à lire à tout âge.
Lire et plus encore relire comme le recommandait le Père Jérôme de l'abbaye de Septfons. Attitude fondamentale pour vraiment se nourrir de la substantifique moelle de textes dont la pleine signification ne se révèle que lentement et dont les effets peuvent se prolonger plusieurs années durant dès lors que j'y reviens amoureusement. Les lecteurs intéressés pourront se reporter à cette tribune antérieure du projet France2022 : "Le moine et le politique" et à "L'art d'être disciple" du Père Jérôme.
Geste n°3 : bien respirer
Parmi nos gestes automatiques, celui de bien respirer nous permet de vivre avec cette aisance que rien ne vient troubler : dès que nous respirons en plein accord avec ce que nous sommes en train de faire, nos mouvements et nos pensées sont d'une qualité bien supérieure à celle qui résulte d'une respiration incohérente ou inadéquate. L'une des façons simples d'en prendre conscience est de chanter puis de danser (voir à ce propos "La danse libre" d'Anne-Marie Bruyant selon les principes de François Malkovsky inspirés par la liberté d'Isadora Duncan). Apparaît au grand jour pour l'oreille exercée toute distorsion, toute gêne, toute mauvaise synchronisation ... qui perturbe l'émission sonore. Devient manifeste pour l'oeil exercé que le corps a perdu ses libertés de mouvement.
C'est avec juste raison que les disciplines corporelles telles que le yoga (voir notamment les enseignements remarquables d'André van Lisebeth) ou les arts martiaux insistent tant sur la bonne conduite du souffle : celui qui s'est exercé à bien respirer acquiert une force tranquille qui lui donne d'être davantage à ce qu'il fait, plus vigilant et plus réceptif tout en décuplant ses capacités d'action.
Il n'est pas rare que des personnes, pensant bien faire, recommandent une façon de respirer qui serait valable en toutes circonstances : "respirez par le ventre" disent-elles par exemple or il existe d'innombrables manières de respirer et chacune d'elles apporte un bénéfice dès lors qu'elle est en adéquation avec l'intention recherchée et qu'elle accompagne son expression physique pour la rendre optimale : fluide, harmonieuse, pertinente, juste, vivifiante ...
Toute personne intéressée par ce thème pourra se pencher sur les recherches et les découvertes passionnantes de Moshe Feldenkrais et ouvrir ainsi des horizons nouveaux dans sa vie quotidienne sur de multiples plans : gestuelle, parole, chant, marche, ... en obtenant par la loi du moindre effort des résultats inatteignables par la crispation, la tension ou le déploiement d'une débauche d'énergie désordonnée. Quand tout s'ordonne au contraire, mental et corps, en vue d'un objectif clair, le mouvement s'accomplit avec aisance et force, sans à-coup, sans brutalité, ainsi que l'explique et l'illustre admirablement sur son site, Alain Garnier.
En mettant davantage de conscience et de présence au coeur d'un processus spontané, nos perceptions s'affinent et notre sens proprioceptif s'aiguise si bien qu'une fois rendus à leur liberté foncière, nos mouvements automatiques tels que ceux qui accompagnent notre respiration deviennent plus efficaces et plus reposants. Notre sommeil s'améliore et nous (re)trouvons peu à peu l'énergie qui nous faisait défaut, manque cruel qui nous pousse trop souvent à noircir les circonstances et à espérer en vain que survienne de l'extérieur un changement en notre faveur alors que nous disposons dans l'éventail de notre jeu de plusieurs atouts dormants.
Apprendre à bien respirer est la clef d'une profonde libération intérieure. S'ouvre un espace insoupçonné par une dilatation de l'être qui est l'exacte antithèse du gonflement d'orgueil, cette réaction sotte mais tellement compréhensible au sentiment de vivre à l'étroit : trop souvent, nous restons dans l'ignorance des possibilités, notamment corporelles, qui s'offrent à nous et, au lieu de puiser dans les trésors d'une tradition bien établie, nous préférons nous gonfler et nous emplir de vanités tandis qu'il faudrait bien au contraire commencer par nous vider de tout ce qui nous encombre, expirer sereinement sans craindre de manquer, mourir à ce qui nous retient prisonnier, lâcher prise enfin. Apprendre à rester vide un moment durant ces quelques instants précieux où le corps immobile se régénère.
Respiration fractionnée, respiration carrée (une des variantes de la respiration rythmique), respiration alternée, marche afghane ... respiration engageant plus ou moins telle ou telle partie du corps, ... autant de manières d'inspirer et d'expirer pour agir volontairement sur un processus qui gardera ensuite l'empreinte du travail effectué et produira d'emblée des effets perceptibles. Pour découvrir l'ampleur des possibilités respiratoires du corps humain et, en particulier, la mise en jeu de ses différents diaphragmes, le lecteur intéressé pourra regarder sur la Toile les explications données par Roger Fiammetti dont l'ouvrage "Bonjour mon corps" (vidéo ici) offre un panorama très complet pour qui veut respecter sa monture au quotidien, du lever au coucher.
Geste n°4 : bien travailler
Geste essentiel qui mérite un développement très long puisque nous sommes avec lui à la croisée de l'individuel et du collectif, en un carrefour éminemment politique. Le lecteur intéressé pourra se reporter à une tribune antérieure du projet France 2022 : le travail humain.
Geste n°5 : pardonner jusqu'à 77 fois 7 fois
En l'absence de pardon, maintes situations virent au cauchemar tandis que d'autres s'enlisent lamentablement : celui qui retient la miséricorde qu'il pourrait accorder en vient à chuter gravement jusqu'au jour où il pourra enfin prendre conscience qu'une victime n'a aucun intérêt à se placer au-dessus de ses bourreaux, à se prévaloir de son statut de victime pour juger de tout, à tort et à travers, pour condamner sans preuve, pour imposer à autrui des peines de revanche par projection ou par transfert, au gré d'une fort mauvaise économie de substitution en laquelle l'innocent finit par payer pour le coupable.
Pardonner risque trop souvent de passer pour une faiblesse alors qu'il s'agit là d'une manière d'être héroïque et sainte. Comment pardonner si l'on n'a pas soi-même assez de lucidité pour se savoir pécheur, bien plus débiteur à l'égard d'une multitude et bien plus redevable de multiples bienfaits qu'il n'y paraît ?
Geste n° 6 : bien ranger
"Au fil du temps, l'espace intérieur de mon domicile en est venu à se rétrécir, encombré de souvenirs pesants et d'objets devenus inutiles et, pire encore, facteurs de tristesse et de lourdeur, au point que j'étouffe et me sens prisonnier d'un carcan insupportable". Voilà, à la première personne, ce que beaucoup d'entre nous risquent de se dire à force d'accumuler sans trier, éliminer et donner.
Bien ranger est un art qui peut s'apprendre mais qui est rarement enseigné ! Le jour où je me décide à prendre le taureau par les cornes, une bonne fois pour toutes, ma vie se transforme en profondeur : mes pensées sont nettement plus claires, mes décisions beaucoup plus judicieuses et beaucoup plus fermes.
Ma vie quotidienne s'allège soudain du poids de toutes ces années passées à remettre au lendemain ce qu'il était pourtant très urgent d'accomplir : ranger avec soin ce qui m'est le plus cher et ne garder que les objets qui me rendent sensiblement joyeux, c'est-à-dire ceux qui, au toucher, me donnent une vraie sensation de bonheur, technique simple et puissamment efficace que Marie Kondo conseille d'appliquer lors d'un rangement exceptionnel, cet événement spécial et unique qui rend le quotidien infiniment plus plaisant : il suffit alors de remettre à sa place tout objet déplacé par son usage dans un lieu où ne subsistent que l'utile et l'agréable, où le superflu n'occupe plus l'espace vital.
Geste n° 7 : prier sans cesse
Geste ultime, au commencement, en chemin et pour conclure. Geste indispensable à la vie de l'âme, de l'esprit, du coeur et du corps. Geste sans lequel tout s'effondre et rien ne subsiste.
Une tribune à part lui est consacrée : Prières.
Bien subjectif et bien objectif
Pour de nombreux gestes explicités ci-avant, la question du bien-faire se pose de façon cruciale. Qu'est-ce que "bien" faire ? "bien" agir ? "bien" prier ? Comment être certain d'être sur la bonne voie ? Peut-on même l'être ? Qui le dira ?
Un préalable s'impose dans cette tribune éminemment politique et il est tout à fait d'actualité : en cette période (2016-2017) où divers candidats briguaient la présidence de la république en France, la tentation fut grande pour certains d'appuyer violemment sur le ressort moral pour discréditer leurs adversaires. Mauvais choix, très mauvais choix car qui peut se prétendre totalement sans reproches ? Qui peut en conscience lancer la première pierre d'une lapidation ?
L'intransigeance sur le bien finit toujours par être le prétexte de maux encore plus graves que ce que l'on prétendait dénoncer. Arguer du passé judiciaire ou de l'inconduite notoire (voire cachée) d'un candidat pour tenter de le mettre hors course c'est jouer d'un boomerang qui vous reviendra très vite en pleine figure. Boomerang qui fut en effet fatal à l'un d'entre eux.
L'une des difficultés majeures pour la faculté de juger réside dans l'impossibilité d'être son propre juge : ce qui me paraît bien à un moment donné peut me sembler tout à fait critiquable quelques temps après et ce que je juge en mal peut tout au contraire se trouver paré de qualités par un autre. Cette difficulté personnelle s'étend à tout groupe humain : plusieurs personnes, même parfaitement d'accord, sont incapables de juger à la perfection d'une affaire, d'une situation, d'une expérience, d'un protocole, d'une attitude, d'un geste, d'une parole, d'une pensée ... Atteindre la perfection ou tendre vers elle suppose en effet de s'ouvrir à une transcendance qui déborde les limites d'une personne ou d'un groupe.
L'accès à des ressources transcendantes pose la question délicate des sources et de leur fiabilité ; de leur choix, de leur constitution, conservation, transmission et de leur critique. Question d'une brûlante actualité puisqu'elle vient mettre en cause toute laïcité imbécile et ses prétentions d'affranchissement stérile à l'égard d'un passé dont les enseignements religieux, spirituels et de sagesse continuent d'irriguer le monde contemporain. Cette question porte un coup fatal à l'orgueil de tous ceux qui prétendent pouvoir se passer d'acquis antérieurs et qui se croient capables d'élaborer par eux-mêmes des lignes de conduite totalement originales.
Le pire n'est pas loin quand cet orgueil en arrive à juger les autres d'après des critères confectionnés à la hâte par un individu isolé dont les intérêts immédiats seront justement servis par ses condamnations à l'emporte pièce, ses caricatures et son ostracisme.
Le danger n'est pas moins grand lorsqu'une personne de bonne foi mais quelque peu naïve s'imagine être en mesure d'édifier un code de bonne conduite totalement indépendant des enseignements magistraux les plus solides. Tôt ou tard, il lui arrivera de défendre l'indéfendable, de prôner l'absurde et de s'accommoder de remèdes qui sont en réalité des poisons. Ainsi en va-t-il depuis plus de quarante ans d'une solution présentée comme incontournable alors qu'elle contribue plus qu'aucune autre à détériorer les remparts d'une France attaquée de toutes parts et d'une Europe que des peuples jaloux, des groupuscules déchaînés ou des individus mal habités tentent de détruire. La tribune "Abolition de la peine de mort pour les tout-petits en gestion" vise au contraire à restaurer et à développer le rempart le plus sûr : celui qui évite de partir en guerre contre de mauvaises raisons et de chercher en vain de fausses solutions.
Titres de cette tribune dans d'autres langues :
Political gestures within the reach of all of us
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