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mercredi 8 janvier 2020

France2022 : Lettre ouverte aux parlementaires LREM, députés et sénateurs


Le succès c'est d'aller d'échec en échec 
sans perdre son enthousiasme"

Winston Churchill



Chers élus de la nation française,


0. Cette lettre vous est en priorité destinée. Vous savez qu'elle ne s'adresse pas seulement à vous puisqu'elle est ouverte : nul ne doit se sentir oublié, notamment vos pairs de l'Assemblée Nationale ou du Sénat. 

1. Vous êtes, nous dit-on, de plus en troublés par la tournure  que prennent les événements dans notre pays. Plusieurs d'entre vous se demandent comment ils ont pu s'engager sur un chemin qui semble conduire vers une déroute, une impasse ou même un désastre. Vous êtes inquiets. On le serait à moins.

2. Que la peur du lendemain ne soit pourtant pas votre muse ou votre aiguillon. Redoutez plutôt d'en devenir de piètres artisans en perdant un temps précieux à vous tourmenter car s'il y a urgence à sortir du guêpier où la majorité de l'Assemblée Nationale s'est embourbée, il y a, par-dessus tout, nécessité de comprendre les raisons d'un échec patent et de ne jamais perdre de vue qu'un salut est possible, qu'une sortie de crise est à notre portée.

3. L'une des premières raisons de l'actuel bourbier tient à l'impréparation manifeste des réformes en cours, à l'amateurisme de mauvais aloi de certaines têtes mal-pensantes et au manque évident de réflexion des fausses élites sur les véritables défis et enjeux du temps présent. Trop souvent vous êtes sommés de vous pencher sur l'accessoire au détriment de l'essentiel ; de vous escrimer à propos du dérisoire au lieu de placer votre énergie dans ce qui en vaut la peine. 

4. En prenant un tant soit peu de recul et de hauteur, il est aisé de comprendre pourquoi certains d'entre vous ont l'impression lancinante ou le sentiment très vif d'être complètement déboussolés, désorientés, méprisés et même perdus. Comment un tel gâchis a-t-il pu voir le jour ? Comment des promesses de renouveau ont-elles pu fondre comme neige au soleil ?

5. Il faudrait citer d'innombrables raisons afin qu'un lit de critiques peu amènes ne soit creusé par la lie des commentaires douteux si prompts à voir le jour en cette période troublée. Vous n'êtes pas les seuls à vous sentir embourbés ou à la dérive. Nombre de nos compatriotes ne comprennent plus ce qui est en train d'arriver. Comment se fait-il que le paquebot France prenne l'eau de toutes parts ?

6. Chaque jour, vous êtes requis pour écoper et vous pouvez constater que le navire s'enfonce de plus en plus. Comme nos pompiers qui ne manquent pas d'être caillassés tandis qu'ils tentent de sauver des vies, vous êtes vous aussi la cible d'attaques scandaleuses. Comment faire face avec sang-froid, intelligence et détermination, sans passer pour un personnage imbu de lui-même, trop sûr de lui, indifférent voire méprisant ?

7. L'une des clefs majeurs trop oubliée par démagogie, manque de courage, ignorance, prise de recul ... c'est que nous vivons en France, depuis 1975, non plus seulement sous la cinquième république mais en régime hérodien. Qu'est-ce à dire ? 

8. Pour bien saisir ce qualificatif, sa signification et toute sa portée, il suffit de se replonger dans les Evangiles et de relire la péricope qui relate comment Hérode fit assassiner tous les enfants en bas âge de la région de Bethléem lorsqu'il se rendit compte que les mages avaient pris un autre chemin pour rentrer chez eux.

9. Un pouvoir hérodien est une instance qui a plusieurs caractéristiques évidentes : régime de terreur sanglante,  veulerie, pusillanimité, corruption, longue durée d'exercice, apparences trompeuses, hédonisme, luxe et débauche, inégalités criantes, vassalité et asservissement, esclavages de toutes sortes ... 

10. Les plus ignorants de nos compatriotes et même beaucoup de ceux qui paraissent instruits sont dans l'aveuglement : les caractéristiques d'un pouvoir hérodien, malgré leur évidence, ne leur sautent pas aux yeux. Ils continuent de croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

11. Le plus grave n'est pas dans la cécité de ceux-là mais dans le refus de voir du plus grand nombre, de tous ceux qui sentent que nous sommes au bord du précipice mais qui refusent obstinément d'en rechercher les causes réelles ou de les admettre quand une analyse approfondie et sérieuse de la situation présente leur est proposée.

12. Espérons que vous ne serez ni de l'un ni de l'autre de ces deux partis, que vous ne serez pas ces personnes sourdes et aveugles qui passent à côté des motifs fondamentaux de la plupart des désordres de plus en plus tangibles et palpables sur le territoire de la France. 

13. Le paquebot France en perdition n'est pas d'abord ou pas seulement un secteur industriel sinistré, une multitude de commerçants désemparés, une kyrielle d'usagers pris en otage, d'innombrables familles et foyers menacés, des corps intermédiaires laminés, des millions de chômeurs, des victimes de crimes sordides ... Le paquebot France en train de couler c'est tout l'édifice du droit positif, héritier du code Romain et du socle des Evangiles, qui subit depuis 1975 les assauts d'une clique de juristes et de lobbies venimeux, destructeurs, déconstructeurs ...

14. Il vous appartient de résister à leur "zèle" absurde ou d'en être les complices, en votre âme et conscience. Sachez qu'en restant trop proches du camp de ces activistes dangereux, de ces manipulateurs sans vergogne et de ces démolisseurs, vous prenez le risque d'être les auteurs et les acteurs d'un sinistre d'une ampleur incalculable.

15. Le pouvoir hérodien dont il est question dès le paragraphe n°7 de cette lettre a pris son envol dans l'enceinte de l'Assemblée nationale française. Il est donc particulièrement intéressant de décortiquer son essor : chaque fois que vous siégez au Palais Bourbon ou au Palais du Luxembourg, vous êtes comme replongés dans l'une des plus grandes tragédies de notre histoire nationale, cette période où une figure haute en couleurs de la politique française a déployé tous ses talents pour accoucher d'une loi ordonnancée par le pire Président de notre cinquième république et par son meilleur ennemi, Premier ministre à cette époque-là.



Intermède 

(vidéo de 50 minutes)


16. Dans l'immédiat, ne perdons pas de temps à disserter sur les deux oiseaux rares évoqués au n°15, ce serait leur faire trop d'honneur et, surtout, renoncer à prendre le taureau par les cornes en cherchant vainement quelques boucs émissaires à nos déboires. Nous avons mieux à faire : analyser sérieusement ce qui cloche en France depuis au moins une cinquantaine d'années.

17. Si dans le cours ordinaire de vos charges de représentant de la Nation, vous ne trouvez plus un instant pour vous arrêter, prier, méditer, passer du temps en famille, lire/écrire à tête reposée, réfléchir, analyser, concevoir, ... dites : STOP ! Ne vous laissez jamais déborder par les injonctions d'un pouvoir à l'agonie, par les menaces à peine voilées de ceux qui vous promettent le pire si vous n'êtes pas 24h sur 24 en train d'éteindre les multiples incendies qui ravagent nos paysages physiques, artistiques, intellectuels, moraux, spirituels, ... ou qui plombent très lourdement le climat social.

18. Il en est, autour de vous, qui sont très habiles à épuiser ceux qui sont à leur merci, en leur pouvoir, à leur bottes. Par des manoeuvres sournoises ou par des comportements manifestement violents, ils font régner une sorte de terreur qui ne dit pas son nom mais qui provoque une cascade de démissions, de burn out, de dérèglements voire de suicides.

19. Quand on vous tiendra un discours alarmiste sur votre avenir en politique alors que nombre d'entre vous sont des novices en cette matière, n'allez pas vous affoler, vous mésestimer, déprimer ... Vous aviez mis tout votre coeur dans ce qui vous apparaissez comme un printemps politique et voilà que l'on vous promet un hiver glacial avant même que ne viennent l'été et l'automne.

20. Prenez vos distances à l'égard des collapsologues de tout poil, des marchands de désespoir, des cassandres et des prophètes de faux malheurs. Ces devins consument leur temps à nous pondre des oracles ridicules tout en passant à côté des véritables enjeux de l'heure. 

21. Vous entendrez les oiseaux de mauvais augure vous promettre une déconfiture aux prochaines élections. Sachant que vous êtes sur un siège éjectable et que bon nombre d'entre vous sont issus de la société civile, vous ne vous laisserez pas intimider : vous avez déjà prévu comment vous reconvertir.

22. Certes, il n'est pas évident de renoncer si vite aux projets que vous aviez pu échafauder dans l'élan de l'accession à votre siège et il vous arrivera parfois de regretter de vous être lancés en politique d'autant que certains, dans votre entourage, vous avez prévenus des risques et, peut-être même, vous avez parlé de "folie".

23. Comment surmonter cette épreuve morale ? Comment ne pas se laisser envahir par le doute ? Comment faire front et faire face aux critiques plus ou moins légitimes que vous entendrez ?

24. Chacun trouvera son propre chemin et puisera dans ses réserves de bonnes habitudes pour éviter de sombrer, pour se relever d'une épreuve censément douloureuse, pour sortir la tête haute sans pour autant faire preuve d'un orgueil déplacé.

25. D'ores et déjà, prenez le temps, comme indiqué au n°17 de cette lettre, de vous poser et, notamment d'écrire chaque jour. Le journal de vos pensées et de vos actions vous sera d'un précieux recours et secours lorsqu'il vous faudra passer le témoin, remettre votre charge à un autre, repartir vers de nouveaux horizons.

26. Les jeunes générations, aujourd'hui largement sacrifiées sur l'autel de la déraison, ont soif de relations justes d'expériences vécues. Elles ne se résoudront pas à baisser les bras même si la situation en France, en Europe et ailleurs dans le monde, paraît catastrophique. Pour relever les défis nombreux qui pointent déjà leur nez et qui vont se présenter, elles auront besoin de ne pas renoncer à investir le champ politique, en dépit de tous les discours alarmistes qui nous annoncent sa mort imminente. Vous lire leur donnera du coeur à l'ouvrage dès lors que vous aurez fait part de votre propre expérience de la vie politique sans occulter ses difficultés, ses exigences, les renoncements et les sacrifices qu'induit toute participation engagée tout en veillant à témoigner de sa grandeur.

27. Il est probable qu'en soutenant le candidat Emmanuel Macron, certains "puissants" de ce monde aient déjà perçu que son arrivée au pouvoir précipiterait la fin du politique. Ces potentats n'aspirent en effet qu'à faire régner leur loi inique sur le reste d'une population qu'il vaut mieux, selon eux, livrer aux mains de politiques pantins qu'à un pouvoir d'Etat solide. Ils préfèrent mille fois un Etat affaibli à un Etat fort et maître chez lui.

28. Il vous appartient d'être les témoins, véridiques et sans peur, que non, vraiment non, le politique n'a pas dit son dernier mot, qu'il est encore capable d'infléchir le cours des événements dans un sens favorable pour le plus grand nombre et sans jamais oublier la cause des plus fragiles. Que le politique a encore le pouvoir de s'opposer à la dictature de tous ceux qui rêvent de mettre les trésors d'un pays en coupe réglée pour le seul profit de quelques-uns.

29. La noblesse de votre tâche frappe de caducité tous les discours qui tendent à discréditer le rôle du politique en ces jours troublés où, faute de consensus large, beaucoup cherchent à tirer la couverture dans le sens qui conforte leurs intérêts tout en blessant gravement ceux d'autrui. C'est ainsi que l'on voit quantité de minorités se lever, se dresser, s'exprimer et réclamer des avantages, des droits, des privilèges à leur seul profit, sans tenir compte, le moins du monde, des conséquences de leurs revendications pour la grande majorité de la population et, notamment, sur ceux qui sont déjà à la peine.

30. Ne cédez jamais à l'air du temps, à l'appel des sirènes qui ne voient de progrès que dans la casse de l'ancien, qui ne jurent que par la transgression, la provocation, le mensonge et qui font profession d'égarer les autres, de les troubler et de fustiger leur prudence. Mieux vaut, pour vous, renoncer à légiférer que d'abattre, sans avoir longuement réfléchi, des pans entiers de dispositions prévues par ceux qui vous ont précédés car, en vérité, si vous deviez mettre à plat, en urgence, un élément juridique du droit français, c'est bien l'une des lois les plus funestes de notre histoire, celle qui autorise aujourd'hui une femme à mettre à mort le fruit de ses entrailles.

31. Qu'on le veuille ou non, cette autorisation, sous la forme originelle d'une dépénalisation, a complètement bouleversé l'édifice du droit positif, au point de rendre son développement de plus en plus problématique. Ainsi êtes-vous, la plupart du temps, non plus sollicités pour renforcer l'assise de notre droit mais pour en poursuivre la déconstruction. Le sachant, vous ne serez plus étonnés de ressentir cette sensation de vide qu'engendrent les débats houleux ou profondément ennuyeux quand ils portent sur des questions secondaires alors que des sujets d'importance capitale ne sont même pas effleurés.

32. La question primordiale, en effet, n'est pas de savoir si l'IVG, dans sa forme actuelle, est source de progrès ou non mais de comprendre et de faire savoir que son instauration a renversé l'ordre des priorités de sorte qu'en bien d'autres domaines, très peu de personnes savent aujourd'hui ce qu'il convient de faire ou de ne pas faire, de traiter ou de laisser filer, d'admettre ou d'interdire. La plus grande pagaille règne désormais dans les esprits, même parmi les plus instruits puisque, dès lors que le meurtre de l'innocent (et même du coupable) devient licite, chacun se trouve livré aux caprices d'un plus fort que lui.

33. Quand le droit du plus faible est à ce point bafoué, aucune disposition juridique ne parvient plus à endiguer la montée des violences et l'on ne s'étonnera plus de voir des forces de police complètement dépassées par l'audace, le culot et l'indécence de toutes les petites frappes qui profitent de l'impunité ouverte par la licence accordée à l'assassinat d'innombrables êtres en gestation. Quand le meurtre le plus sordide, non dans ses manifestations extérieures mais dans ses préliminaires et ses raisons, prend une ampleur démesurée, n'importe quel voyou passe pour un enfant de choeur : quand il lui arrive d'attenter à la vie d'autrui, il prend au moins le risque d'être lui-même éliminé. Et c'est ainsi que les forces de l'ordre ont encore la possibilité d'appliquer la peine de mort à des personnes dangereuses, à des preneurs d'otage ou à des assassins qui sèment la terreur. Il arrive malheureusement aussi que ces mêmes forces, tétanisées par le risque d'une menace terroriste - et qui ne le serait pas à leur place ? - n'interviennent pas assez rapidement et de manière assez forte quand l'un de nos compatriotes est attaqué, roué de coups, tué et défenestré comme Sarah Halimi le fut sauvagement en avril 2017.

34. La peine de mort dans notre pays et dans tous ceux qui se réjouissent de l'avoir abolie, si elle l'a bien été pour la plupart des criminels, sévit aujourd'hui pour une foule immense d'innocents dans le sanctuaire qui devrait au contraire les protéger : le sein de leur mère. Elle sévit aussi pour tous nos compatriotes qui ne sont pas à l'abri d'une attaque sordide dont l'auteur ne sera finalement pas reconnu condamnable parce qu'il serait atteint de troubles mentaux. Avant même de se prononcer pour ou contre l'IVG, il nous faut donc nous interroger sur la catastrophe juridique que deux hommes sans scrupules (que l'on dirait aussi "sans affects", au moins pour l'un d'eux, selon cette mode qui consiste à tout voir sous l'angle d'une psychologie clinique) ont réussi à provoquer tout en passant pour de formidables modernisateurs.

35. L'alliance du feu et de la glace que ces deux oiseaux rares formaient n'a pas duré longtemps, fort heureusement, et elle aurait échoué dans son projet le plus funeste si une femme de talent n'était venue en renfort de cet attelage pour le moins étrange et ridicule.

36. Ils eurent en effet l'idée de confier la promulgation de leur loi à une juriste qui était juge de profession. Au lieu d'être l'avocate des sans voix que les plus vulnérables étaient en droit d'attendre et d'invoquer pour leur défense, elle posa la première pierre qui devait permettre aux déconstructeurs d'actionner le levier du mensonge pour renverser tout l'édifice du droit positif.

37. Femme forte et intrépide, elle résista vaillamment aux attaques de quelques défenseurs des sans voix qui ne furent pas à la hauteur des enjeux :  au lieu de brailler, de vitupérer, d'insulter, de brocarder, ... ils auraient beaucoup mieux fait de montrer en quoi la dépénalisation de l'avortement ouvrait les vannes d'un tsunami juridique. Séquence d'autant plus regrettable que leurs cris couvrirent d'autres propos beaucoup plus judicieux et forts, ainsi ce rappel de vocabulaire de Michel Debré au sujet du mot "interruption", signature manifeste d'un mensonge grotesque, et son intervention de haute volée (*) à l'Assemblée Nationale. L'IVG n'est pas une suspension provisoire mais bien un arrêt de mort prononcé contre un innocent sans que le moindre avocat ne puisse plaider sa cause.

(*) Rien à voir avec les vols à raz de terre de nos deux oiseaux rares ... plus habitués à fouler de leurs pattes griffues le sol boueux d'une politique à la petite semaine qu'à déployer leurs ailes pour prendre des décisions justes de long terme.

38. Si ce déni de justice demeurait exceptionnel, nous parlerions d'erreur judiciaire mais la loi Veil l'a inscrit si profondément dans le marbre, que c'est aujourd'hui son contraire qui passe pour un outrage : défendre un sans voix passe pour rétrograde, attentatoire aux droits des femmes, non respectueux de nos lois ... Soit un renversement complet du droit et une atteinte même à la liberté d'expression.


39. Une fois que l'on a bien saisi l'ampleur du désastre juridique ainsi opéré, on ne s'étonne plus de devoir remuer ciel et terre pour faire entendre la voix du simple bon sens, pour défendre celle ou celui qui a été victime d'un très grave déni de justice comme l'ont été récemment les familles de Sarah Halimi ou d'Anne-Lorraine Schmitt. 

40. Le thème de l'IVG a été souvent abordé dans le projet France 2022 puisqu'il est fondamental même si trop nombreuses sont encore les personnes qui ne le perçoivent pas. Au fil des ans et dans un avenir proche, il va pourtant falloir l'aborder avec la plus grande sérénité, avec beaucoup de courage et d'audace et faire preuve d'une détermination sans faille : il en va de l'avenir de nos services publics. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, tout ce qui gravite autour de l'IVG fait l'objet d'un black out monumental : trop d'intérêts privés souhaitent que la fonction publique française s'écroule lamentablement. Pour qui voudrait aller plus loin à ce propos, nous recommandons la lecture de la tribune suivante.

41. Plusieurs d'entre vous vont démissionner ou seront exclus du parti LREM pour reprendre leur liberté, que ce soit pour défendre des idées auxquelles ils sont attachés et qui ne trouvent aucun écho au sein du parti, que ce soit pour échapper à un manque flagrant d'écoute et même de liberté de parole, ou encore pour échapper à cette lame de fond qui va renvoyer nombre des vôtres dans leur foyer d'autant que certains d'entre vous font preuve d'une incompétence crasse à l'image d'un candidat à la mairie de Paris qui vient d'être renvoyé à sa copie nullissime pour la revoir dare dare.

42. Ne perdez pas de temps à vous critiquer les uns les autres. A vous cataloguer, à vous exclure, à vous sermonner ... Laissez chacun libre de conduire sa barque comme il l'entend et réjouissez-vous de n'être pas toujours du même avis. Gardez précieusement votre liberté de parole. Tenez fermement aux principes fondamentaux qui vous animent tout en restant capables de modifier votre point de vue.

43. Par-dessus tout cela, que demeure parmi vous cet enthousiasme qui vous animait avant les législatives de 2017 et dans les premiers mois de votre mandat. Nous avons besoin de votre détermination, de votre élan pour surmonter tous les risques d'atonie et de désespoir. Que la noblesse de la politique efface en vous toute trace d'amertume : oeuvrer au bien commun de nos concitoyens est devenue une tâche extrêmement ardue. Il est donc logique que vous ressentiez parfois l'écrasante lourdeur d'une complexité qui dépasse largement vos forces naturelles, aussi brillant qu'ait été votre parcours auparavant, aussi puissantes que soient vos facultés, aussi incroyable que soient votre énergie et votre courage.

44. Plus l'humanité progresse, plus il lui est indispensable de redécouvrir l'importance du surnaturel, non pas comme un secours magique qu'il faudrait invoquer en dernier recours mais comme un levier toujours à portée de main et d'un pas en avant. Si le Christ recommande de "prier sans cesse", ce n'est pas pour que la prière occupe la dernière place, quand je n'ai rien d'autre de mieux à faire, quand je traverse une crise majeure ; non, c'est pour qu'elle irrigue en permanence mes pensées, mes analyses, mes choix, mes décisions ...

45. Qu'elles que soient vos croyances, ne vous lassez jamais de vous inspirer des trésors de sagesse du judaïsme et d'admirer leur épanouissement dans la foi chrétienne. Ainsi, ne vous laisserez-vous jamais perturber par tous les discours qui, montant en épingle tel ou tel événement, telle ou telle faute, tel ou tel défaut, ... tentent de disqualifier et de discréditer une source d'abondance toujours vive et nourrissante.

46. Que ceux d'entre vous qui doutent encore de la puissance de la Résurrection du Christ de plus en plus à l'oeuvre de nos jours, relisent Nietzsche. Ils ne rencontreront jamais d'adversaire plus passionné et passionnant du christianisme. Un adversaire marqué par un affaiblissement très net de ses dimensions sacramentelles autour de lui à son époque et, sans qu'il s'en aperçoive, fortement imprégné par la découverte de l'entropie de tous systèmes physiques fermés au XIXème siècle. Il en arrive ainsi à considérer le développement du christianisme comme un affadissement progressif du message originel délivré par Jésus de sorte que s'il s'en prend vertement aux églises, aux chrétiens, il ne s'en prend pas au Christ lui-même et reconnaît en filigrane l'idéal évangélique même s'il n'est pas d'accord avec l'ensemble de son corpus. Au fond, il est extrêmement déçu de voir qu'une si haute révélation trouve un écho si fade autour de lui. Ses désaccords avec l'Evangile s'expliquent au final par une tentative désespérée de sa part de trouver en Lui des failles qui pourraient expliquer la déperdition qu'il constate.

47. Cet homme s'est trouvé enfermé dans un espace d'observation et d'analyse beaucoup trop restreint faisant obstacle à l'expérience de tant d'autres manifestations du christianisme aux quatre coins de la planète. Ce gâchis est très fréquent même s'il n'atteint pas le paroxysme que l'on peut constater dans les écrits de Nietzsche : il guette toute personne qui s'en tient à sa propre expérience et qui regarde ensuite les phénomènes sous le seul angle que lui ouvre le prisme de ses ressentis, de ses interprétations et de ses jugements. Elle se trouve frappée d'aveuglement et devient incapable de changer de point de vue. Seule une grâce de conversion est en mesure de lui offrir d'autres perspectives.

48. "Elargir l'espace de sa tente", voilà un programme que  nous ne saurions trop longtemps différer ou négliger de remettre chaque jour en chantier sans quoi, notre esprit et notre coeur se contenteront de voler juste au-dessus des pâquerettes.

49. Les deux chambres du Parlement français courent sans cesse le risque d'en rester aux querelles de chapelle sur des sujets de moindre importance au lieu d'attaquer de front, avec courage et détermination, les sujets brûlants du moment.

50. En s'égarant sur les sentiers de la "PMA pour toutes", ces deux chambres illustrent parfaitement ce risque : filtrer le moucheron et laisser passer le chameau ; s'occuper de l'accessoire et délaisser l'essentiel ; s'occuper d'une niche en abandonnant les vastes horizons d'une politique d'envergure.

51. Les politiques de niche qui répondent au forcing de quelques groupes de pressions (lobbies) soutenus par des intérêts mercantiles sont d'autant plus regrettables qu'elles limitent le travail par ailleurs remarquable qui peut être accompli par les deux chambres du Parlement français. Pour qui en douterait, il suffit de se rendre sur le site de chacune d'elles et de consacrer un moment à regarder la hauteur de vue et l'intérêt des questions posées au Gouvernement. Par exemple ici.

52. Cependant, lorsqu'il est possible d'analyser l'ensemble des propos tenus et d'examiner le contenu de chacun d'eux, on ne peut s'empêcher d'éprouver le sentiment d'être en présence d'une machine, d'un système qui tourne à vide : deux pouvoirs, l'exécutif et le législatif, s'y affrontent, s'y jaugent, s'y montent du col sans vraiment convaincre. On a l'impression d'assister à une pièce de théâtre où les différents acteurs rivalisent d'éloquence, d'intelligence et d'à propos mais sans plus. Les uns sont rivés à leurs notes, les autres improvisent ou font preuve d'une excellente mémoire mais, au bout du compte, que reste-t-il de toutes ces paroles, de tous ces hochements de tête, de ces regards, de ces applaudissements, de ces cris et de ce tapage, parfois ?

53. Il reste le sentiment d'un formidable gâchis, d'une perte de temps phénoménale. On dira : "Le travail de l'Assemblée Nationale (par exemple) ne se réduit pas à cela !" et on aura raison. Allons donc voir ce qui se passe en commissions (elles aussi filmées) ou lors des enquêtes parlementaires. Subsiste toujours l'impression que les dés sont pipés ; que ce qui se joue là sur la scène n'est qu'un reflet d'une réalité moins présentable.

54. Comme il est aisé en effet de faire naître le soupçon, de supposer, d'élucubrer ! Qui ne sait qu'une bonne pièce de théâtre nécessite des heures et des heures de répétition durant lesquelles les masques tombent et les costumes sont bien rangés ?

55. Ne vous laissez donc jamais décourager par ceux qui vous soupçonnent et mettent en doute votre probité, votre sens de l'intérêt général et, pour la plupart d'entre vous, du bien commun.

56. Pour que le tour d'horizon soit complet, il faudrait également vous suivre dans des locaux de travail exigus, mal fichus, encombrés. Il faudrait également partir sur le terrain, dans votre circonscription et découvrir toutes ces heures à passer d'un lieu à l'autre, d'un problème à un autre, d'un dossier au suivant. Toujours courir et ne plus s'appartenir. Se vouer corps et âme au point que même ceux d'entre vous qui étaient déjà très occupés par une profession et des responsabilités prenantes avant de siéger au Parlement sont très étonnés de la somme de travail à fournir. Ainsi avons-nous vu Cédric Villani, par exemple, faire part à la fois de son enthousiasme de parlementaire frais émoulu et de sa surprise devant l'ampleur de la tâche.

57. Entrer en politique peut agir comme une drogue : difficile quand on l'a éprouvé dans sa chair, de se passer ensuite de l'adrénaline qui s'empare d'un corps soumis à un stress quasi permanent. Entrer en politique conduit aussi certains d'entre vous à user de drogues.

58. Et c'est bien l'impression qui domine en fin de compte au sein de l'hémicycle : beaucoup semblent là pour se recharger soit comme participant d'un assaut, d'un pugilat, d'une dispute ... soit comme spectateur de ces affrontements. Et quand les attaques ont été par trop violentes, il ne reste plus qu'à se réconcilier ou à se rassembler, si possible, à la buvette, au restaurant ou ailleurs ... avant de se préparer pour de nouveaux combats dans l'un des Palais de la République ou sur le plateau d'une chaîne de télévision.

59. Tout cela ne donne guère l'image d'une bonne et franche coopération entre deux pouvoirs qui paraissent se disputer un bout de gras ou un morceau de territoire d'une part et, d'autre part, entre des partis qui campent sur des positions tellement caricaturales qu'il semble impossible d'en trouver un juste milieu.

60. Vous devez votre siège à l'élan suscité par "En marche" sous la houlette d'un Président de la République assez habile pour détourner l'attention par un mouvement incessant tel un boxeur qui n'arrêterait pas de bouger, porté par un jeu de jambes exceptionnel et qui réussirait de la sorte à se tenir loin des coups les plus dangereux tout en demeurant en position de frapper soudain son adversaire là où il s'y attend le moins. 

61. Quelques commentateurs de l'actualité politique parlent de "dictature" pour qualifier le moment présent. Ils ont le don d'exaspérer celui par qui vous êtes en première ligne et revenant d'Israël, il vient de répondre à leur prose avec cette habileté et cette rouerie que nous lui connaissons. Le malheur est que son discours est exact mais incomplet. Nous ne sommes pas en effet en dictature au sens où il l'entend et il a raison de vilipender toutes les violences exercées par ceux qui veulent mettre le pays à feu et à sang, qui s'en prennent à vos permanences, aux locaux d'un syndicat, aux forces de l'ordre, aux pompiers, aux agents de l'Etat détenteurs d'une autorité morale, aux biens publics comme aux devantures et aux stocks de commerce, aux biens d'une école pour adulte voulue et soutenue par Brigitte Macron, à la liberté d'aller et venir, ... mais il oublie que toute cette violence de type yang est alimentée par une violence de type yin, soit deux faces d'une même pièce, deux versants fort bien identifiés et analysés par Olivier Clerc. (Voir son ouvrage de référence : "Le Tigre et l'Araignée").

62. Si nous voulons entrer dans le vif du sujet de la violence, nous devons penser à rechercher toutes les occurrences yin de la violence, celles-là mêmes qui sont plus difficiles à trouver puisqu'elles s'exercent dans l'ombre, le visage dissimulé et selon des modes opératoires non exubérants voire indétectables.

63. Quand on finit par les démasquer, il apparaît que nous ne sommes pas en dictature mais en régime hérodien sans qu'il soit aisé d'identifier clairement qui joue le rôle d'Hérode car les différentes caractéristiques d'un pouvoir hérodien déjà rappelées ici dans une tribune antérieure sont distribuées de telle sorte qu'il faudrait beaucoup de patience pour les attribuer, avec certitude et justesse, à tel ou tel rouage de l'Etat ou de la société civile.

64. Demeure le sentiment chez bon nombre de nos compatriotes que l'hydre hérodienne plane au-dessus de leur tête sans trop se montrer mais en étant assez présente pour qu'il soit possible d'en ressentir la fraîcheur de l'ombre et d'en éprouver dans sa chair les coups venimeux.

65. L'une des tentacules de l'hydre se nomme IVG. Cette affirmation n'étonnera guère ceux qui sont familiers des thèses sous tendant l'ensemble du projet France 2022 et ceux qui ont analysé en profondeur les principales causes de désordre en France : c'est parce que nous avons renoncé à défendre près d'un quart d'une génération montante dans le sein maternel que nous sommes témoins aujourd'hui de tous ces débordements de violence yang et tant que nous baisserons les bras, tant que nous ne prendrons pas le chemin de remédier à ce suicide collectif, nous assisterons à des scènes de plus en plus violentes, en place publique comme dans tous les lieux où des malfaisants s'attaquent toujours lâchement à des personnes ou à des biens qui ne sont pas en mesure de se défendre ou d'être défendus.

66. Enfin, il faut savoir que le régime hérodien dépasse largement les frontières de toute nation ou de tout continent. Il n'est pas français, allemand, russe, américain, arabe, indien ou chinois. Il est répandu aux quatre coins de la planète et s'exerce avec plus ou moins d'intensité selon les régions du monde.

A suivre ...

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