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mercredi 25 mars 2015

L'Islam en France et ailleurs



« Le reflux du christianisme a laissé l'islam 
face à une société laïque de plus en plus libertine, 
impudente et impudique, 
qui est vécue désormais non pas comme différente 
et compatible au moins sur l'essentiel 
mais comme radicalement "contradictoire" 
avec les valeurs de l'islam. »

Marion Duvauchel 









La tribune "Le Pape et le Président" nous invitait à plonger au coeur de multiples questions religieuses, sans crainte et avec lucidité. Mal comprises par une élite politique française souvent mal instruite des problèmes religieux de fond, les questions religieuses et de foi méritent une attention soutenue. Les élèves de nos collèges en France, grâce à un renouvellement judicieux des programmes d'histoire, en sauront bientôt plus que les politiciens qui se contentent d'une approche superficielle, sociologique et économique, des problèmes nouveaux posés par la présence de communautés musulmanes actives sur le sol français, en Europe et dans tous les pays de longue comme de récente tradition chrétienne.

Ajout en mai 2018 : L'ignorance crasse peut aller jusqu'à la sortie de ce député LREM qui opère un amalgame douteux entre prêche en arabe dans une mosquée et messe en latin ! L'imprudent et l'impertinent ne sait pas que le latin n'est pas en usage comme langue de prédication ... (ici)


La lucidité commande d'éviter l'angélisme. Les traditions islamiques, même si elles s'affrontent, puisent à une source commune : l'arianisme. Méconnaître cette origine expose à ne rien comprendre des mouvements religieux en cours et des combats acharnés que livrent des fanatiques. 

L'islam court en permanence le risque de s'opposer au coeur de la foi chrétienne : divinité de Jésus et mystère de la Trinité, mort et résurrection de Jésus-Christ car le Coran manque de clarté à propos de la crucifixion de Jésus si bien que les exégètes n'arrivent pas à s'entendre quand il s'agit d'interpréter les versets qui en parlent plus ou moins explicitement (cf. le site Jésus-Islam). 

Le savoir et en tenir compte évitent de confondre deux plans : le plan des affirmations monothéistes et celui des affirmations christologiques. 

Nous verrons que l'un des plus grands malheurs de l'islam est d'avoir pensé l'histoire religieuse antérieure au VIIème siècle après Jésus-Christ en termes d'usurpation et d'imposture. Ce biais a conduit ses partisans sur une voie semée d'embûches dont la principale est l'orgueil qui s'exprime en prétendant rectifier les erreurs, dénoncer les mensonges, redresser les torts du passé. Cette posture d'orgueil n'engendre qu'aveuglements, violences, exactions et crimes. 

Jésus-Christ lui même n'a jamais eu la prétention de tout réécrire de l'histoire religieuse des hommes. Jésus n'a jamais prétendu que la révélation progressive de Dieu aux hommes avait été falsifiée par ses prédécesseurs. Il parle d'accomplissement et s'il lui arrive de rectifier certaines affirmations, il prend bien soin de s'appuyer sur ce qui a déjà été écrit pour révéler une interprétation authentique et conforme à la Volonté de Dieu.

L'islam, comme toute religion, propose des trésors de sagesse divine et humaine mais comme opposant plus ou moins déclaré à la foi chrétienne, l'Islam obscurcit les vérités essentielles dont l'Evangile et l'Eglise sont dépositaires sur la personne de Jésus. Tout musulman qui s'approche de ces vérités christologiques par des rencontres, par des lectures, par la réflexion, par des songes, par illumination divine et par la prière, encourt le risque d'être rejeté ou mis à mort par des musulmans fanatiques qui ne supportent aucune contradiction fût-elle non violente.


La violence de certains groupes islamiques inquiète. Savoir qu'elle ne résulte pas seulement des circonstances (pauvretés, défaites, humiliations, conflits géopolitiques, scissions de l'islam en divers courants, volonté hégémonique, ...) puisqu'elle est intrinsèque à l'islam sur le plan christologique, nous conduit à adopter une attitude plus sereine. 

Bâties sur des fondements fragiles et faux  ou inexacts (évangiles apocryphes) quant à la personne de Jésus-Christ, les traditions islamiques vont devoir affronter la remise en cause grandissante de leurs affirmations christologiques. Le Coran, lui-même, ne résiste plus à la puissance de la critique textuelle et historique aussi virulents que soient ses détracteurs : les progrès théoriques et techniques de nombreux domaines scientifiques permettent désormais de passer tout document écrit au crible d'une analyse très fine qui fournit des informations aussi déterminantes que la date la plus probable de composition d'un texte, la diversité des scripteurs, la multitude des sources, les retouches apportées à un texte antérieur ... 

Passé à ce crible, le Coran en ressort dépouillé d'attributs pourtant revendiqués avec beaucoup d'imprudence : aurait-il été écrit par un seul homme ? Non, il est le fruit d'au moins une trentaine d'auteurs différents. Aurait-il été écrit sur une brève période ? Non, sa composition s'étend sur deux siècles. Bâti ex nihilo ? Non, bien au contraire, son contenu puise dans de nombreux textes anciens. 

L'imprudence, ici, est majeure car jamais dans l'histoire des hommes, une tradition religieuse n'avait prétendu provenir en quelques années d'un seul homme directement inspiré par Dieu et sans médiation humaine. Que le Coran soit une merveille linguistique, un tour de force artistique, un miracle si l'on veut, n'autorise pas la perpétuation d'un déni de réalité : comme pour toute construction humaine d'envergure, l'observation attentive de plus en plus secondée par des instruments de mesure, de calcul et de déduction affûtés permet de déceler des strates, des styles, des ajouts, des modifications, des emprunts, des incohérences, des lacunes ...


Autre motif de sérénité : les musulmans qui découvrent qu'ils ont été trompés au sujet de la personne du Christ et du Coran ne s'effondrent pas, bien contraire. Ils comprennent mieux la valeur et les limites de l'islam : en poussant jusqu'au bout les conséquences d'une hérésie chrétienne, l'islam s'est coupé d'une tradition vivante de liberté et a fini par proposer un extrait sec de l'Ancien Testament et de rares extraits de l'Evangile qui diffèrent des originaux canoniques (voir par exemple les deux récits modifiés de l'Annonciation dans les sourates 3 et 19). 




Affirmer cela avec force et sans redouter ceux qui s'autorisent à tuer des innocents ou à combattre le christianisme par les armes, à le vilipender ou à le brider en paroles et en actes sans accepter la répartie même non violente, ne doit pas conduire à mépriser les croyants d'une religion, aussi erronée soit-elle sur certains points précis. Celui qui a été trompé au sujet de la personne de Jésus-Christ peut néanmoins penser et agir comme un véritable disciple de Jésus qui a prouvé et commandé l'amour indissociable de Dieu et du prochain.


Le projet France2022 prône une attitude de fermeté et d'écoute à l'égard de l'islam et de ses différents courants : 

*  Oui à la liberté d'une pratique religieuse tolérante et respectueuse des croyants comme des non croyants ; 

* Non à une volonté hégémonique d'instaurer par la force le contraire d'une vérité christologique pourtant solidement attestée par l'émergence et le développement d'une Eglise, de plus en plus pacifique, internationale et cosmopolite, au milieu de toutes les contradictions et persécutions endurées depuis deux mille ans d'histoire ;

* Non aux prétentions de réécrire l'histoire au seul avantage de l'islam en gommant tout ce qui pourrait contredire son discours unilatéral quand il est faux ou inexact, notamment à propos de l'origine du Coran et au sujet de Jésus-Christ.

Ce dernier point serait à développer longuement car la question des sources, des traces archéologiques et de tout vestige historique ouvre un champ de contestation immense qui n'en finira pas de bousculer les affirmations christologiques ne concordant pas avec les observations et les conclusions scientifiques qu'une multitude de progrès techniques rendent désormais possibles. 

Sur le fond théologique s'opposent deux conceptions difficilement conciliables : l'une place Dieu à très grande distance de l'humanité en dehors de manifestations exceptionnelles, l'autre va jusqu'à croire en l'impensable, l'entrée de plus en plus manifeste de Dieu dans l'histoire ordinaire des hommes, jusqu'au sommet de l'Incarnation et de la Résurrection et même de l'Ascension où Jésus disparaissant aux yeux des témoins présents à ce moment-là affirme : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps. » (Matthieu 28, 20).

Croire que Dieu rejoint l'humanité à ce point conduit à accorder une très grande importance à l'étude historique des manifestations de sa présence et à une critique toujours plus fine des récits qui essaient d'en rendre compte. Au fil du temps, le Coran se trouve ainsi disséqué - comme n'importe quel autre document - et quelques affirmations tenues jusqu'ici pour intangibles courent le risque d'être infirmées par l'analyse détaillée des textes : l'unicité de l'auteur du Coran, son écriture sous la dictée de Dieu et la brièveté de son temps de rédaction. 

Tout politique responsable devrait se garder de négliger les questions religieuses et de foi (v
oir à ce propos la tribune : Politiques et religionsau motif qu'elles relèveraient de la sphère privée. Ce serait faire fi d'une donnée pourtant attestée depuis la nuit des temps : le religieux est d'abord affaire de groupe, de communauté puisqu'un seul croyant isolé est bien incapable d'élaborer la moindre théologie cohérente comme tout scientifique seul dans son coin, coupé de ses pairs, est dans l'incapacité radicale de bâtir une théorie rendant compte de tous les phénomènes physiques, historiques, sociaux, moraux, économiques, ... même dans un champ limité. 

Une laïcité réductrice s'est si bien répandue en France que beaucoup finissent par confondre respect des croyances religieuses et bannissement de leur expression dans la sphère publique. Cette attitude hostile ou frileuse finit par provoquer le contraire de ce qui est souhaitable : au lieu d'apaiser le climat social, elle engendre débordements et autres phénomènes impossibles à canaliser ou à endiguer.

Beaucoup d'esprits de l'époque contemporaine sont abusés par les progrès des sciences : ils s'imaginent que le monde avance inexorablement vers un recul du champ des croyances au profit d'un corpus de certitudes de plus en plus affirmées or ce qui est peut-être vrai (mais ne l'est pas dans tous les domaines) pour l'humanité dans son ensemble demeure faux pour chaque personne. Nous pourrions même affirmer, sans forcer le trait et sans chercher le paradoxe à tout prix, que plus la science progresse plus s'étend le champ potentiel de croyances pour chacun d'entre nous : limités par le temps, par nos moyens d'analyse, de vérification, ... nous ne sommes pas en mesure de contrôler la validité du flot d'informations qui nous abreuve en permanence et nous n'avons pas d'autres choix que de "croire" : non pas recevoir avec crédulité n'importe quelle affirmation mais faire confiance (ou ne pas faire confiance) à tel locuteur, telle institution, tel émetteur ... Au fond, tandis que l'incertitude paraît reculer pour l'humanité, elle ne fait que s'accroître pour chacun d'entre nous.


Inutile, dans ces conditions, de s'indigner de voir que certains préfèrent s'accrocher à quelques "certitudes" fondamentales fussent-elles erronées : leur réflexe de survie ressemble à celui d'un naufragé qui s'accrocherait à n'importe quel rocher pour éviter d'être emporté par une crue. Leur tort est cependant de s'arrimer mordicus à quelques croyances anciennes sous prétexte qu'elles les préserveraient d'une décadence inéluctable de l'humanité. Non seulement certaines de ces croyances sont fausses mais s'arc-bouter sur un noyau de croyances en excluant toute ouverture vers d'autres croyances qui peuvent être plus solidement fondées fait courir le risque majeur de se maintenir dans une illusion mortifère et même meurtrière pour les personnes les plus fragiles ou les plus féroces. 


C'est mal comprendre le religieux que de cantonner son rôle à l'exploration de ce qui ne relève pas des sciences expérimentales ou exactes comme s'il y avait d'un côté ce qui est le produit des savoirs indubitables (les sciences) et de l'autre des connaissances sujettes à caution (les religions) car en réalité sciences et religions produisent toujours des théories c'est-à-dire des systèmes de connaissances déduites d'un socle de suppositions.

Que le mode d'obtention des suppositions soit différent pour les sciences et pour les religions, que les modes de raisonnement et d'élaboration des "preuves" ne soient pas identiques, tout cela ne rend pas les théories des unes plus valides que celles des autres puisque la solidité et donc la vérité de ces théories sont toujours contrôlées par des hommes faillibles : ceux-ci ont beau s'organiser intelligemment en groupe d'experts (comités scientifiques ou théologiques), ils laissent subsister des erreurs ou des approximations que leurs successeurs finissent par découvrir en vue de parvenir à une connaissance plus parfaite de la marche du cosmos, de l'humanité et de tout ce qui vit ou réside dans l'univers observable.

La question de l'islam en France est donc à examiner avec beaucoup de sang-froid et de recul mais aussi d'intelligence des véritables enjeux pour bien prendre conscience de ceci : plus nous tenterons de repousser voire d'amenuiser le champ d'expression du religieux plus nous le verrons renaître avec force. Si les religions ont pu s'exprimer maladroitement sur certains sujets et subir le juste retour d'une correction scientifique, elles auront toujours un rôle éminent à jouer pour rappeler à chaque homme qu'il demeurera jusqu'à la fin des temps dans un état de grande incertitude l'obligeant le plus souvent et même de plus en plus, à faire confiance (ou à ne pas faire confiance) aux autres dans tous les domaines : des plus terre à terre aux plus spirituels.


Plus nous apprendrons aux générations montantes et plus nous redirons à celles qui ont déjà des responsabilités qu'il appartient à chacun de muscler ses capacités de croire pour être capable de s'orienter dans l'univers des croyances et de se nourrir de celles qui produisent des fruits de paix et de joie, plus nous pourrons répondre sereinement aux défis que nous lance un islam conquérant et trop sûr de lui (en apparence) alors qu'il aura de plus en plus de mal à gérer les contradictions d'un système religieux bâti, en grande partie mais pas seulement, sur une contestation malheureuse du judaïsme et du christianisme. 


Ayant cherché à lutter dès leur origine contre le culte des idoles, des courants parmi toutes les branches de l'islam :




vont encore aujourd'hui jusqu'à prendre les armes pour défendre bec et ongles l'unicité de Dieu et de ses prérogatives. Ils le font d'une façon excessive voire radicalement opposée au principe d'une adhésion de foi librement consentie alors que tout être humain doit demeurer libre de croire (d'accorder ou non sa confiance) et de prier. Le Coran le rappelle dans le verset : "Point de contrainte en religion".

L'invisibilité de Dieu est l'une des conditions fondamentales de cette liberté : revient à tout homme libre le choix d'accorder ou non à Dieu d'exister dans sa propre vie, de reconnaître son état de dépendance vis-à-vis de plus grand et de beaucoup plus humble que soi. L'affirmation : "Dieu n'existe pas" revient en effet à un : "Dieu n'existe pas pour moi" soit en définitive : "Je n'accorde pas à Dieu le droit d'exister dans ma vie". Il est de ma responsabilité d'accepter ou non de reconnaître la présence de Dieu à mes côtés. Nul n'est en droit de me l'imposer ou de me l'ôter. Me l'imposer revient à faire de Dieu un gendarme odieux. Tenter de me l'ôter est perdu d'avance puisque l'acte librement accompli ne se laisse arrêter par aucun obstacle. 

Liberté stupéfiante puisque certaines personnes vont jusqu'au refus intégral de Celui qui est par excellence. Refus qui peut avoir pour conséquence inéluctable de ne plus voir ce qui est visible jusqu'à en crever les yeux : cet homme agonisant au bord de la route dont je me détourne pour des motifs sans consistance. Refus qui peut même conduire à l'absurdité d'une élimination sanglante de celui qui ne pense pas comme moi, de celui qui me dérange ou risque de m'astreindre, de me contraindre à l'avenir, de celui ou de celle que je ne peux plus voir en peinture, de ceux qui me rappellent à bon droit que je ne suis plus dans la vérité voire que je me complais dans l'erreur, le mensonge ou l'ignorance.

La peur de reconnaître ma condition de croyant est mauvaise conseillère car une telle condition est une conséquence de mes limites ici et maintenant, limites communes à tout le genre humain : défauts d'entendement ou d'analyse, erreurs de jugement, expériences très partielles et minuscules de la réalité passée, présente et à venir, incapacités à comprendre des phénomènes complexes en dehors de mes domaines de compétence ... 

La peur d'être catalogué comme croyant risque de m'entraîner à refuser de croire une affirmation, qui revient pourtant à croire la négation de cette affirmation. Ainsi vais-je dire : "je ne crois pas en l'existence de Dieu et à sa présence active dans le monde" en sous-entendant de manière plus ou moins consciente : "je ne suis pas assez sot pour croire à de telles balivernes" alors que j'affirme seulement : "je crois à la non existence de Dieu et à son absence dans notre monde". En pensant échapper à l'état prétendument médiocre ou archaïque d'un être humain croyant à des sottises d'un autre âge, j'y replonge illico sans toujours m'en rendre compte. 

Certes, je peux encore prétendre que j'échappe à la condition de croyant en décidant de ne pas me prononcer mais lorsque je dis que telle proposition, par exemple : "Dieu existe", ne peut être infirmée ou confirmée, je choisis finalement de croire que je ne suis pas en mesure de trancher. Ce peut-être la preuve d'une grande humilité mais aussi d'une difficulté à franchir le pas d'un questionnement qui finirait par balayer bon nombre de mes croyances des plus farfelues. 

Pour moi comme pour tout mortel, la condition incontournable de croyant est assortie d'une caractéristique fondamentale : mes croyances innombrables forment un tissu à mailles serrées de sorte que tirer sur un fil entraîne tout ou partie de l'ensemble. Remettre en cause l'une de mes croyances peut bouleverser des pans entiers de mes certitudes et de mes doutes, de mes pensées, de mes plans, de mes comportements et le reste de ma vie. 

En bref, qualifier tel ou tel d'incroyant et lui faire la guerre pour qu'il se soumette en se déclarant croyant est d'une sottise monumentale quand ce n'est pas criminel et même meurtrier : nous sommes tous, sans aucune exception, des croyants en chemin et bien malin qui pourrait dire lequel d'entre nous est un bon croyant ou un mauvais croyant. Etre totalement incroyant est rigoureusement impossible pour tout être humain, pour toute créature qui ne peut que s'en remettre à autrui pour une multitude de connaissances. Quand je m'enferme dans une méfiance extrême de tous les instants, je m'isole tellement que je finis par glisser et verser dans la folie ou dans toutes sortes de croyances déraisonnables.

Dans l'acte de croire (faire confiance), qu'il soit volontaire ou involontaire, se manifeste la petitesse d'un être que l'immensité de l'univers et des informations qui le concernent dépasse de toutes parts. Le refus de croire l'affirmé pour croire sa négation, de manière plus ou moins consciente, n'est qu'une tentative désespérée pour essayer de sortir d'une contrainte qui m'est imposée par ma condition de créature inachevée et imparfaite. Dès que je m'aperçois que le fait de croire (faire confiance) n'est pas la conséquence d'une attitude infantile mais une nécessité vitale, je me libère d'un boulet qui entravait la marche de mon esprit et la dilatation de mon coeur, qui m'empêchait d'élargir l'espace de ma tente.  

Tenus de croire pour avancer, nous partageons une condition commune : celle de croire des propositions fausses d'une part et des propositions vraies d'autre part ; celle de faire confiance à des personnes qui sont crédibles ou ne le sont pas. Faire le tri est un travail de longue haleine, le labeur patient de toute une vie, que l'on se croit génial ou pas puisque l'esprit humain, dans l'obligation de naviguer en terre incertaine, trouve avec peine des appuis solides : ce qu'il tenait pour indubitable la veille lui semble soudain fragile, facilement réfutable et bientôt inutile. 

Une fois que j'ai compris qu'il est vain d'essayer de m'affranchir de la condition de croyant et de tenter seul de bâtir ex nihilo un système cohérent de croyances, je vais pouvoir consacrer mes forces à ce qui vaut la peine d'être tenté : recevoir en héritage un système de croyances, une théorie théologique ou une théorie profane, pour l'examiner, en tirer des enseignements utiles et même la développer si mes capacités sont à la hauteur d'un tel travail.

A force de nous perdre en oppositions stériles : théorie / pratique ; quantitatif / qualitatif ; ... nous négligeons de nous pencher sur le réel intérêt de chaque notion. Ainsi en est-il souvent de la notion de théorie. Beaucoup d'adultes blessés par leur parcours scolaire ou trop préoccupés de résultats visibles, finissent par avoir une piètre considération pour toute théorie sous prétexte que "rien ne vaut la pratique" or une autre caractéristique de la condition humaine est de ne pouvoir échapper au principe axiomatique bien connu en mathématiques : toute théorie est fondée sur des propositions admises (les axiomes) et se déploie par exploration de son champ d'application, d'une part, et d'autre part, grâce aux ressources de la logique.

Au bout d'un compte à jamais inachevé, toute théorie consiste en un empilement (ou un arbre si l'on préfère) de propositions fondées sur des évidences logiques et sur des affirmations premières qui n'ont pas été démontrées mais qui ont été choisies comme base de départ afin de pouvoir avancer. Par exemple en physique, toute théorie repose sur la conviction (non prouvée) que l'esprit humain est capable d'explorer, de percevoir, de saisir et de comprendre un champ du réel observable pour formuler des lois générales qui dépassent les faits particuliers ou singuliers observés. Cette conviction non prouvée n'a évidemment rien d'absurde puisque de multiples expériences du passé ont renforcé cette conviction primordiale des experts de l'humanité dans les sciences expérimentales dont les sciences religieuses !

Toute théologie - discours sur Dieu et par suite sur tout ce qui en dépend - comme toute science fonctionne en régime axiomatique : elle est construite sur des propositions admises sans preuves indubitables et se développe au cours des âges par les apports successifs de générations d'hommes qui l'enrichissent, la complètent, la dépoussièrent, la consolident, l'embellissent ... Ces travaux portent sur des faits anciens ou nouveaux, sur des lois, des méthodes, des preuves, ... et sur toute conséquence d'affirmations antérieures ... Il arrive qu'ils s'intéressent aussi aux fondations et découvrent une pierre manquante ou mal taillée comme le fit au 19ème le mathématicien allemand David Hilbert à propos de la géométrie euclidienne (décrite dans les fameux Eléments d'Euclide, ouvrage le plus édité après la Bible) pourtant explorée en long et en large par de multiples génies pendant plus de deux millénaires. 

Toute théorie s'appuie sur des fondements qui peuvent être remis en cause à tout moment. Ainsi est-il vain d'établir une hiérarchie entre les diverses sciences, qu'elles soient profanes ou religieuses : toutes sont susceptibles de produire du vrai et du faux, tout dépend de la solidité des fondations et de la manière d'en tirer des conséquences. Même les théories les plus abouties, comme les théories mathématiques, sont encore fragilisées par l'incomplétude et l'indécidabilité, deux notions mises à jour par le logicien Kurt Gödel. Encore faut-il ne pas les invoquer pour s'abstenir de faire un choix profane ou religieux.

Dès que j'ose me mettre en route, que j'accepte de ne pas camper sur des positions figées, que je prends le risque d'examiner ce que je sais, ce que je crois savoir, ce que je crois, je prends conscience du travail colossal qui m'attend. Tâche immense qui demande une très grande ouverture d'esprit et de coeur pour espérer progresser et ne pas sombrer dans la désespérance tant il est vrai qu'elle dépasse les capacités d'un homme seul, fût-il le plus grand génie de tous les temps.

L'islam en France et ailleurs sera soumis à très rude épreuve dans les années à venir : ses affirmations christologiques seront peu à peu démontées et invalidées au point de faire douter de l'ensemble du Coran, au point de placer une multitude de croyants en situation de grande vulnérabilité. Le sentiment d'avoir été trahis et trompés dominera chez ceux qui avaient mis leur foi dans ce monument et dans toutes les pratiques ou prescriptions qui en découlent. Certains seront tentés par les mirages d'un athéisme grossier tandis que la plupart comprendront qu'il n'y eut pas d'abord tromperie mais erreur de jugement et d'interprétation, qu'il y eut surtout une difficulté pour beaucoup d'anciens à croire l'inimaginable : l'entrée phénoménale du Miséricordieux dans l'histoire des hommes, au-delà même des plus folles espérances d'une humanité en proie à ses démons.

Immense défi pour le travail de nouvelle évangélisation : montrer à des frères orphelins de leur religion mère que tout n'est pas perdu dès lors que subsiste l'esprit de gratitude et de foi. Les erreurs et les égarements du passé ne sauraient nous anéantir car l'avenir montrera que les limites de l'Eglise ne sont pas celles auxquelles nous pensons d'ordinaire. Les musulmans de France et d'ailleurs sont aux portes du sanctuaire et se presseront bientôt par milliers dans le narthex : ils voudront connaître ce qui leur fut caché depuis trop longtemps. Ils désireront ardemment comprendre l'impensable.

Aucun "travail" de sape, de la déconstruction systématique des repères traditionnels aux affirmations marginales de ceux qui prétendent que le Christ n'a pas existé (ou n'est pas ressuscité), ne parviendra à endiguer le mouvement extraordinaire qui se prépare, et tout particulièrement en France. Bien loin des clichés d'une France transformée en terre d'islam, nous serons témoins d'une renaissance à peine croyable d'un christianisme capable d'embrasser d'un seul regard une multitude d'hommes et de femmes venus d'horizons divers mais unis par une même passion, celle du service désintéressé de toute personne considérée non plus comme rivale mais comme membre d'une même famille. La tradition d'hospitalité et le sens de la prière chez les musulmans feront merveille dans la nouvelle configuration qui se profile à l'horizon.

Dans les bouleversements à venir, le monachisme européen, l'orthodoxie russe et les sanctuaires mariaux auront un rôle à jouer. Voir à ce propos : le moine et le politique. 

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