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mercredi 24 avril 2019

France2022 : La France et l'Europe (4ème partie)


A l'approche des élections européennes du mois de mai de l'an 2019, il était temps de ressaisir les éléments épars publiés dans les tribunes antérieures sur le thème européen, de les compléter ou de les développer au besoin et de trouver un juste milieu (Aristote) entre les inconditionnels de la construction européenne en cours et ceux qui rêvent de la mettre à bas ou de s'en extraire. Juste milieu qui ne soit pas une position statique mais un point d'équilibre dynamique tenant compte du déroulement d'une histoire censément complexe.

Au crédit de la construction européenne, il ne fait aucun doute que nous pouvons porter cette paix qui se traduit depuis plus de sept décennies par l'absence de guerre entre les principaux acteurs européens mais il nous faut aussitôt ajouter, hélas, une contrepartie terrifiante : la multiplication des avortements, tout particulièrement en France. 

Si les hommes, les femmes et les enfants qui ont vu le jour ne souffrent plus des conflits abominables qui ont ensanglanté et ravagé l'Europe, ceux qui paient désormais le prix du confort instauré sont devenus les grand oubliés d'une histoire tragique. Alors que le continent européen peut accueillir d'innombrables personnes, comment se fait-il que nous n'ayons plus l'audace et le courage d'accorder la vie, l'existence et l'être à une foule d'enfants en puissance ? Il y a là un drame d'une ampleur telle que l'ignorer, le sous-estimer ou tenter de le justifier risque de nous réserver des réveils extrêmement douloureux. Il semble que nous ne mesurions pas encore l'étendue réelle du désastre en cours.

L'Europe par l'effet conjugué d'une dépression démographique endogène et d'une pression migratoire exogène ne sait plus vraiment à quels saints se vouer. Il suffirait pourtant de prendre en compte le poids des avortements pour comprendre ce qui est en jeu. Une terre incroyablement bien placée sur le globe terrestre n'a d'autre destin que d'abriter une multitude d'hommes et de femmes, que ceux-ci soient le fruit d'amours autochtones ou d'ailleurs. La pression abortive ne fait que renforcer le mouvement migratoire résultant par ailleurs d'innombrables facteurs. Surtout et de façon beaucoup plus problématique, cette pression abortive complique l'accueil de ceux qui ont compris que l'Europe offrait, malgré des apparences trompeuses, un formidable potentiel de développement et des perspectives trop souvent gâchées sur des continents dans lesquels une évangélisation tardive n'a pas encore contrecarré les forces centrifuges qui tendent à disperser les efforts, à dilapider les ressources, à retarder l'avènement de sociétés et de nations prospères.

Terre bénie par une Providence perspicace (les peuples barbares habitant autrefois l'Europe étaient ceux qui avaient le plus besoin d'être évangélisés), l'Europe et la France en particulier sont nécessairement un Eldorado pour tous ceux qui résident dans des contrées où le poids simultané de traditions inopérantes et de remises en cause trop brutales pèse lourdement sur le destin des générations montantes. Du moins paraissent-elles pouvoir répondre à leur soif d'émancipation mais nous savons d'expérience que toute sortie de l'esclavage tourne au cauchemar dès lors qu'elle ne se fonde pas sur la libération proposée par l'Evangile. Les Européens, nos ancêtres, n'ont pu sortir de l'esclavage de la violence que par l'accueil en profondeur d'une révolution mentale qui balayait d'un revers de main leurs prétentions conquérantes.

En dépit des analyses qui circulent ici et là à propos de la construction européenne et qui en réduisent considérablement la portée, disons d'emblée qu'elle est une manifestation remarquable d'une compréhension de l'Evangile enfin parvenue à maturité : pendant très longtemps, les peuples d'Europe sont restés sur le seuil de la Révélation. Leur intelligence opérative s'est décuplée à son contact mais leur coeur profond était resté sourd aux appels d'une grâce et d'une Miséricorde exigeant beaucoup plus : le pardon accordé aux ennemis. Il a fallu l'anéantissement des deux guerres mondiales pour qu'ils comprennent enfin qu'ils faisaient fausse route en s'entre-tuant.

Il a fallu cet anéantissement pour que les peuples d'Europe comprennent enfin tout ce que la chrétienté devait au judaïsme mais il faut aussitôt ajouter qu'une telle compréhension n'est pas seulement collective :  elle concerne chacun d'entre nous, à titre personnel. C'est un chemin de foi sur lequel aucun d'entre nous ne peut marcher à la place d'un autre : tant que je ne comprends pas, en mon for interne, les racines sémitiques de la foi et de la liturgie chrétiennes, je reste sur le seuil, empêtré, mal dégourdi, aveugle et ignorant tels les disciples d'Emmaüs qui s'éloignent de Jérusalem, abattus par ce qui vient de se passer.

Il a fallu tous ces crimes, toutes ces horreurs pour que les peuples d'Europe comprennent enfin qu'ils faisaient fausse route en accordant une confiance démesurée à la raison raisonnante, celle qui exclut de ses catégories bien pensantes le principe d'incertitude pour garder entre ses doigts crispés quelques certitudes mortes, vecteurs des barbaries les plus sanglantes. Si je perds de vue que, dans toute existence, l'inimaginable peut survenir, mettre à bas tous mes plans, bouleverser mes prévisions et chambouler mes projets, je suis comme la paille en plein vent ou au coeur d'un brasier : j'ignore que dans quelques instants je partirai en fumée ou perdrai ma place, ce lieu où je pensais bien à tort m'être installé pour longtemps.

L'Europe et la France souffrent maintenant d'innombrables crispations par exclusion de la foi ardente, celle qui ne se contente pas de croire à des vérités vraisemblables mais celle qui ose affirmer l'impensable : un homme crucifié et mis à mort s'est relevé et s'est manifesté pour que nous quittions le rivage d'un confort intellectuel qui prétend exclure l'inattendu du champ de ses possessions quitte à massacrer, pour des raisons soi-disant bien fondées, tout ce qui pourrait venir déranger ce confort et ce qui lui fait cortège : des biens périssables auxquels s'attache si fort le coeur égaré qu'il serait prêt à tuer père et mère, frères et soeurs, pour les défendre bec et ongle ; qu'il serait prêt à mettre à mort une vie naissante en son sein pour ne rien perdre de ses positions pourtant si fragiles.

Dans une Europe et une France malades, c'est-à-dire sans cesse tentées par un retour en arrière vers les barbaries les plus sombres, l'inattendu a deux visages : celui de l'enfant à naître trop souvent considéré comme un gêneur potentiel et celui du nomade en quête d'une terre promise dont l'entrée sur notre territoire nous paraît une menace. Dans l'un et l'autre cas, nous perdons de vue que nous avons plus à craindre de nos propres comportements et de nos propres égarements que d'événements millénaires : la venue d'un enfant et le déplacement de populations à la recherche d'une terre plus hospitalière.

Dès sa naissance, le Christ porte la Croix d'une existence placée sous le sceau du service d'une humanité en proie à ses démons jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir : Hérode se croyant menacé dans ses prérogatives fait assassiner tous les enfants en bas âge à la portée de ses sbires. Les avortements d'aujourd'hui sont dans la droite ligne de cette aberration : s'imaginer que la venue d'un enfant peut mettre en péril nos positions alors que son rôle est d'élaguer en nous tout le fatras des superstitions et tout le superflu qui nous encombrent. A la mise en déroute de notre moi le plus vil et de nos replis égoïstes, nous préférons trop souvent la mort réelle ou symbolique d'un innocent, qu'il soit cet enfant non prévu ; ce collègue qui risque de gêner notre carrière ou qui n'a pas la même vision que nous du métier, d'une situation ou d'un problème ; cette personne qui n'entre pas dans nos vues, nos catégories, nos schémas étroits de pensée ; cet étranger qui n'avait qu'à rester chez lui ...

Nos refus d'accueil de l'étranger ressemble à s'y méprendre à l'accouchement sur la paille en la nuit de Noël : dans nos maisons saturées d'objets inutiles et encombrants, ne reste plus la moindre place pour celui qui n'a plus de toit, de maison, de  foyer et qui doit se coucher dans la crasse, sous les néons d'un urbanisme galopant, bourré d'artifices et déshumanisant ou s'entasser avec les siens dans des quartiers devenus sordides à force d'abandon de pouvoirs, locaux ou plus lointains, vautrés dans leurs loisirs dispendieux et complètement oublieux des nécessités primaires voire vitales qui sont le quotidien de la plupart de nos concitoyens.

Tandis que le bois vert des jeunes pousses est traité selon la plus grande lâcheté, point à l'horizon une réalité des plus sordides : le sort réservé aux personnes âgées. Quoi d'étonnant à cela : si nous ne sommes plus capables d'accueillir des promesses de vie au potentiel incommensurable, comment pourrions-nous ménager le bois qui s'apprête à mourir ? Si les générations montantes sont sacrifiées sur les autels d'un consumérisme dégradant et d'un confort de repus, quoi d'étonnant à la maltraitance en maisons de retraite ou en EHPAD ? L'avortement puis l'IVG conduisent inévitablement à l'euthanasie et au cortège funèbre qui accompagne la démission du politique quand il renonce à défendre les plus fragiles contre les intérêts marchands, les spéculateurs et tous ceux qui propagent l'illusion mortelle d'un progrès illimité de la performance à tout crin, quitte à se doper et à se détruire pour atteindre des objectifs stupides et farfelus : à cette aune-là, peu de personnes peuvent résister au rouleau compresseur d'une machine à sélectionner les plus aptes et à détruire ceux qui ne répondent pas à des critères de "bienséance".

Une construction européenne qui ne nous ferait pas sortir du cycle infernal de la violence à l'égard des plus fragiles et des plus vulnérables est bel et bien morte, vouée à s'enliser et à voler en éclats. 

Ne nous y trompons pas : le dépassement des nations n'est pas un mal en soi. Bien au contraire : la résolution des deux conflits mondiaux qui ont mis l'Europe à genou en témoigne. Tandis qu'une nation s'enfonçait dans la barbarie la plus noire, d'autres surent faire front commun et dépasser leurs divergences pour stopper une folie d'essence nationaliste. Quand un peuple s'égare, l'union de plusieurs est nécessaire pour le ramener sur le droit chemin.

La construction européenne et ses inévitables faiblesses ou ratés a également cette vertu d'être en mesure de faire entendre raison aux velléités d'inspiration catastrophique. Encore faut-il qu'elle le fasse sur un mode qui respecte la souveraineté intérieure de chacune de ses composantes et qu'elle évite de s'immiscer dans des affaires qui ne la regarde pas. En un mot, qu'elle n'essaie pas de réduire les prérogatives de chacun des Etats européens  mais qu'elle favorise au contraire l'émergence de pouvoirs locaux tenant compte, de plus en plus, du monde qui les environne et, plus encore, de lois fondamentales dont le non respect engendre misère et mort.

Quand un peuple souverain décide de ne plus attenter à la vie des tout petits en gestation, une construction européenne authentique prend acte de cette volonté sans chercher à la vilipender, à la ridiculiser ou à la défaire. En l'occurrence, c'est un peuple raisonnable qui a raison contre une majorité de déprimés, de meurtriers et d'assassins !

"De par le monde, plus de 90% des bébés porteurs de la trisomie 21 sont avortés - et cela jusqu'à la veille de leur naissance. Le ventre d'une mère est devenu l'endroit le plus dangereux pour un bébé porteur de la trisomie 21". Ainsi s'exprimait Charlotte Fien lors d'une conférence internationale sur le thème de la lutte contre les discriminations, prénatales comme post-natales, dont les personnes porteuses de la trisomie 21 sont victimes ainsi que sur les moyens de favoriser leur véritable inclusion de la société. Source : "Lettre de la Fondation Jérôme Lejeune" de mai 2018.

L'avenir de la construction européenne est là. Elle ne dépend pas au premier chef d'ingrédients institutionnels : plus ou moins de fédéralisme ; plus ou moins d'intégration politique ; ... mais elle dépend de la capacité commune de ses Etats membres à faire front contre une barbarie déjà présente et fort active durant la période nazie. Période durant laquelle les "non-conformes", les handicapés et les personnes osant braver les folies d'une dictature démente ont fait les frais d'une politique criminelle et payé le prix fort pour en sortir : internements, tortures et tentatives d'éradication.

En s'organisant pour répondre de manière prépondérante aux intérêts allemands, la construction européenne suit un chemin périlleux : les autres Etats membres de l'Union ne sauraient se contenter d'un rôle de figurant ou de vassal. Ici et là, nous voyons surgir des vagues de mécontentement et de ras-le-bol : certains n'en peuvent plus d'être considérés comme des membres subalternes au service d'une puissance économique qui garde pour elle le principal et les intérêts d'une manne non pas tombée d'un ciel clément mais résultant de la mise au pas de la composante industrieuse et laborieuse. En comprimant la rémunération des travailleurs, en cherchant à maximiser les profits par déplacement des facteurs de production, en concentrant de manière excessive les foyers de production, en relançant les mines de charbon ..., les conquêtes de l'industrie allemande finissent par mettre en péril des pans entiers d'une Europe mal préparée aux jeux d'une globalisation sans foi ni loi.

Embarquée dans une guerre commerciale absurde et indigne puisqu'elle matraque un très grands nombres de pays, l'Europe se doit de réagir en proposant une autre façon de produire, de commercer et de vivre car, aujourd'hui, le plus grand nombre fait les frais de la guerre sans merci imposée par des puissances dévastatrices : les touts-petits en gestation, les corps intermédiaires et notamment les foyers, les sans grades, les handicapés, les personnes âgées, les territoires éloignés des métropoles ...

A tous les systèmes concentrationnaires, à toutes les dérives monopolistiques, à toutes les tentatives de main mise sur des éléments de rareté, l'Europe doit opposer un refus très net et une fin de non recevoir en développant des politiques de service et d'abondance où l'humain prime sur tout le reste dans le respect scrupuleux des trésors qui lui permettent d'exister.

Ainsi devons-nous revoir de fond en comble la politique agricole commune : ne plus l'envisager et ne plus la placer à la remorque d'industries nuisibles voire criminelles ; lui redonner ses lettres de noblesse en l'installant durablement selon des perspectives où domine la collaboration intelligente avec la nature et non une lutte incessante contre le vivant. Par essence, par principe et par une organisation millimétrée, la nature est généreuse. Dès lors qu'apparaissent des phénomènes de rareté sur un territoire, inutile d'aller accuser des facteurs externes à l'action de l'homme : il lui faut être assez courageux et lucide pour examiner avec soin ce qui a conduit à tel ou tel manque inédit et pour réviser ses modes d'intervention.

Il nous faut également sortir d'urgence d'une monnaie unique qui met en péril toutes les économies qui ne fonctionnent pas sur le modèle allemand de la standardisation et de très grande efficacité en instaurant des monnaies nationales de service et d'abondance qui favorisent le libre jeu d'une diversité de situations, diversité vue comme un handicap pour ceux qui ne rêvent que de normes et d'uniformité mais un atout indéniable de l'Europe dans un monde globalisé où de multiples forces tendent à raboter les singularités pour mieux imposer le rouleau compresseur de leurs standards (souvent mortifères).

Que subsiste une monnaie commune (l'euro) n'est pas mauvais en soi du moment qu'elle coexiste avec des monnaies nationales et locales abondantes. La monnaie commune assure la stabilité des taux de change avec le reste du monde pour tous les échanges commerciaux portant sur des biens rares ou peu courants mais de nombreux échanges - de service notamment - souffrent de l'absence de monnaies locales beaucoup plus souples c'est-à-dire dont l'émission s'ajuste non pas à l'émergence de telle ou telle pénurie ou à la survenue d'une crise internationale mais à l'abondance d'une main d'oeuvre et d'un cerveau d'oeuvre européens de plus en plus disponibles et qualifiés.

Aux économistes les plus fins, les plus audacieux et les moins engoncés dans le vêtement des certitudes étroites paraîtra de plus en plus probante l'émission de monnaies nationales dont les spécificités sont décrites dans la tribune : "création d'une monnaie de service et d'abondance" du projet France 2022. Monnaie qui ressemble à la livre Sterling mais entièrement dématérialisée et à l'usage strictement interne du pays émetteur. Monnaie sans valeur pour les échanges commerciaux avec l'extérieur de sorte que nul ne peut accuser l'émetteur de faire fonctionner sa planche à "billets" (plus de coupures désormais ... !) pour les besoins de son économie. Cette création de monnaie est donc particulièrement vertueuse : elle ne permet pas à l'émetteur de s'emparer indûment  de richesses extérieures et elle le contraint à développer des échanges commerciaux équilibrés avec l'extérieur s'il veut pouvoir disposer des moyens d'acquérir les biens ou les services qui lui font défaut. Cette émission de nouvelle monnaie requiert évidemment une série de garde-fous que les experts en économie se plairont à imaginer et à construire.

Ces mêmes économistes (ou d'autres : la révolution monétaire proposée demande beaucoup de matière grise !) auront également la joie de  concevoir une gamme de méthodes et donc d'algorithmes permettant d'analyser les flux de monnaie locale en vue de proposer les ajustements les plus sains, les plus judicieux et les plus intéressants pour rendre les économies européennes florissantes tout en respectant leurs caractères propres : ici, une industrie très performante ; là, des activités touristiques de premier plan ; ailleurs encore, des services à la personne de grande qualité. Partout, cela va de soi, un éventail de ces trois branches - déployées à des degrés divers selon chaque Etat membre - sans oublier des agricultures enfin rentables et non destructrices des écosystèmes ainsi que des fonctions publiques fort appréciées par des citoyens enfin conscients qu'un pays se porte bien quand il est savamment administré et non pas mis en coupe réglée par quelques intérêts privés sans Dieu ni maître aidés en cela par une oligarchie corrompue jusqu'à la moelle ...

Pour qui voudrait se détendre, s'instruire, se muscler avant de repartir de plus belle, voici un intermède bienvenu : "Utiliser le jeûne pour construire du muscle ? ? ", excellente vidéo de Thierry Casasnovas.

Il en faudra du muscle ... et du courage pour assiéger, dévisser, déboulonner et renverser, sans effets secondaires désastreux, les pouvoirs qui ne servent plus que leurs propres intérêts au mépris des conséquences néfastes qu'entraînent la sauvegarde de leurs privilèges, l'accroissement de leur fortune et le maintien de leurs positions. Mieux : celui ou celle qui désire participer à cette tâche de renversement doit s'armer de patience et ne pas compter seulement sur ses propres forces ou même sur l'union de volontés convergentes. Il suffit pour cela de se souvenir du Magnificat : "Il renverse les puissants de leur trône. Il élève les humbles". Le renversement attendu est déjà à l'oeuvre. Il est voulu par Dieu lui-même. Reste à chacun la tâche de progresser dans la connaissance de cette Volonté pour éviter les contresens et ne pas s'embarquer dans des entreprises calamiteuses dont les résultats sont finalement pires que les maux combattus.

Une piste heureusement explorée par des pionniers : se laisser instruire par les merveilles de la nature et, pour mieux dire, d'une Création pensée et voulue pour le bien des hommes en dépit de tous les courants qui prétendent prouver le contraire et qui n'envisagent la vie qu'en termes de lutte, d'élimination, d'éradication ... en oubliant les coopérations et les symbioses. Sur cette heureuse piste d'exploration, chaque pays européen est engagée selon sa propre histoire, selon les défis qu'il lui a fallu relever, sa géographie, ses traditions ... Aucun d'entre eux ne domine tous les sujets. Chacun doit faire l'effort d'apprendre de ses voisins, de s'inspirer des modèles les plus aboutis et des pratiques les plus pertinentes.

Les merveilles de la nature sont distribuées de telle sorte que chacun d'entre nous peut en prendre connaissance par une expérience personnelle, censément incomplète et donc entachée d'erreurs. L'observateur le plus attentif et le plus instruit filtre ce qu'il perçoit et son esprit lui-même dirige ses sens dans certaines directions. L'ensemble fort limité des informations qu'il collecte est ensuite interprété selon des grilles de lecture que seul un travail incessant parvient à assouplir, affiner, ajuster ... (Platon).  Chaque peuple, selon les langues dont il use, dresse d'emblée un filtre particulier et ne saurait, à lui seul, épuiser les multiples possibilités de comprendre les réalités qui l'entourent. S'il ne fait l'effort de se nourrir d'autres approches du réel, il s'enferme dans des visions partielles et donc erronées. La construction européenne (qui ne date pas de la fin de la seconde guerre mondiale ! ) n'offre donc pas seulement un espace apaisé mais des lieux de tensions, de frottements, de confrontations inévitables. Sans leur concours, nous restons emmurés croyant détenir la vérité tout entière, elle qui, pourtant, échappe à toutes nos tentatives de contrôle et de main mise.

Aurons-nous l'humilité des artistes européens de génie qui ont su voyager, mettre à l'épreuve leurs acquis et leur existence, étudier, analyser, admirer ... pour nourrir leur inspiration ? Saluons au passage le travail d'érudition d'artistes contemporains qui consacrent des années à exhumer des trésors enfouis, à  nous faire découvrir des artistes injustement oubliés. Ils le font sans aucune considération chauvine et sont prêts à s'intéresser à une mémoire qui mettra en valeur le génie d'une nation qui n'est pas la leur, certains que nous appartenons tous à des mondes qui transcendent nos patries d'origine, à des mondes qui bien loin d'anéantir nos attaches en révèlent au contraire le prix, la valeur et l'intérêt. Ainsi en va-t-il par exemple des travaux de Marie-Ange Leurent et d'Eric Lebrun, organistes français, à propos de l'oeuvre du compositeur allemand Dietrich Buxtehude.

En éclairant telle ou telle parcelle du génie européen, les uns et les autres mettent en lumière un continent aux multiples facettes, diamant précieux dont la construction en cours de l'Union européenne n'est qu'une facette parmi tant d'autres ! Il est regrettable que les difficultés rencontrées par cette construction tendent à voiler les splendeurs d'un tissu beaucoup plus riche que ne l'imagine les esprits trop superficiels : les brins qui le composent s'entremêlent d'une façon si savante que le profane en matière d'art, de sciences et de toutes cultures n'entrevoit qu'une part infime du travail accompli jusqu'ici par les générations qui nous ont précédés.

Il reste beaucoup à faire pour exposer les trésors d'une Europe de peintres, de musiciens, d'écrivains, de savants, ... et les rassembler en un tout multiforme - multilingue notamment - car il s'agit non pas seulement de dresser un inventaire mais de le rendre intelligible pour chaque génération montante afin que le plus grand nombre prenne conscience du legs reçu, y compris les ennemis irréductibles (?) d'une Europe si mal perçue par ceux qui ne comprennent pas grand-chose à la marche de l'histoire des hommes : si tant de merveilles sont nées dans le creuset européen, c'est pour illuminer toutes les âmes de bonne volonté. Un regard sain porté sur l'héritage européen permet aussi de mieux saisir l'ampleur du drame des deux guerres mondiales : un esprit manifestement démoniaque a tenté de priver l'humanité tout entière de cet héritage en dressant des nations les unes contre les autres.

Rendre intelligible l'héritage européen passe par une meilleure exposition des procédés, des tours de main, des méthodes, des inventions, des idées, des défis relevés ... qui ont rendu possible son édification sans quoi l'observateur extérieur reste à la porte, sur le seuil d'un monde de travail, de labeur et d'efforts tellement étranger à la culture de la facilité, de l'immédiateté et du caprice. Au lieu de se nourrir pleinement des oeuvres et d'entrer dans le temple d'une contemplation de grand profit, l'observateur contemporain, trop pressé, risque sans cesse de glisser bêtement et de perdre la substantifique moelle d'un travail accompli avec ce mélange de hardiesse, de sagesse et de culture qui caractérise les productions d'innombrables génies européens.

Il faut reconnaître qu'il est difficile, pour qui n'a pas vraiment dansé, dessiné, peint, joué, interprété ou composé, façonné, construit, écrit ... - en un mot, pratiqué un art assez longtemps - d'apprécier à sa juste valeur le travail accompli par un autre. Alors que se multiplient les facilités techniques et les auxiliaires permettant d'accomplir des prodiges et des prouesses, les éducateurs et les enseignants, ceux qui sont plus généralement responsables de la formation des générations montantes en Europe et ailleurs doivent faire un effort pour leur proposer des activités formatrices dans lesquelles la réduction des moyens mis en oeuvre provoque le sursaut d'intelligence qui fut l'aiguillon des générations précédentes : passer trop vite à l'usage des outils modernes sans la moindre expérience de plus anciens provoque de multiples déficits qui se répercutent ensuite dans les productions, qu'elles émanent d'amateurs ou de professionnels. On peut donner ici l'exemple manifeste de l'écriture manuscrite : beaucoup de jeunes élèves ayant appris à écrire sans la contrainte de l'encrier et de la plume deviennent incapables d'utiliser l'écrit pour apprendre. Cette invention merveilleuse de l'écriture au lieu de leur venir en aide est pour eux un calvaire : mal maîtrisée, elle ne leur est d'aucun secours pour intérioriser, comprendre, mémoriser, réfléchir ou imaginer (cinq gestes mentaux fondamentaux identifiés par Antoine de la Garanderie).

En explorant de bonne foi le patrimoine européen, toute personne de bonne volonté s'aperçoit qu'il repose essentiellement sur la propagation de l'Evangile sur un sol jonché de cadavres, victimes des barbaries les plus noires. Au lieu de chercher à minimiser les apports évangéliques, nous ferions bien d'en tirer les conséquences les plus heureuses et nous comprendrions que l'état actuel du christianisme en Europe (pour peu que l'un d'entre nous soit vraiment capable d'en connaître et d'en apprécier toutes les composantes) ne reflète pas tant les faiblesses inévitables d'une Eglise tissée d'argile grossière que le profond respect de la liberté humaine par un Dieu qui ne cherche jamais à s'imposer mais qui, tout au long de l'histoire des hommes, dispose ses bienfaits à la guise et au bon vouloir de l'humanité tout entière et de chacun. Si tant de baptisés se sont éloignés, pour diverses raisons, des dons reçus et de la grâce qui les sous-tendait, ce n'est pas d'abord en raison du manque de zèle, de vertu et de sainteté de pasteurs humains trop humains et censément pécheurs mais, surtout et avant tout, parce que chacun est rendu à sa propre liberté quand il reçoit l'Evangile. Il appartient à chacun de se prononcer en faveur du Christ et de le suivre ou bien de prendre des chemins de traverse.

Si l'Europe est à ce point jalousée et décriée, c'est aussi parce qu'elle est dépositaire (avec d'autres) de ce trésor de la liberté individuelle tellement contesté ailleurs quand il n'est pas purement et simplement bafoué. A chacun de se prononcer, en son âme et conscience, pour la personne blessée, humiliée, abandonnée, trahie ou rejetée alors qu'une majorité s'acharne contre elle. Quand la foule en délire casse, saccage, démolit, lapide, ... l'esprit européen authentique se dresse contre elle et fait front. Quand un système politique anéantit, muselle, bafoue, ... les droits des personnes, l'Europe doit rester unie et soudée, attachée aux principes évangéliques qui lui ont permis d'aller si loin dans le labyrinthe d'un univers spirituel où s'égare toute personne livrée à ses seules forces car le respect des libertés personnelles ne se fonde, en dernière instance, que sur une mise en commun de principes suffisamment robustes pour résister à toutes les tentatives de dislocation et pour dérouter les sophistes de tout poil.


Evangile de St Jean au chapitre 6


54 Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
55 En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.
56 Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui.
57 De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi.
58 Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »
59 Voilà ce que Jésus a dit, alors qu’il enseignait à la synagogue de Capharnaüm.
60 Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? »
61 Jésus savait en lui-même que ses disciples récriminaient à son sujet. Il leur dit : « Cela vous scandalise ?
62 Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant !...
63 C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie.
64 Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait.
65 Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. »
66 À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner.
67 Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »
68 Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.
69 Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »
70 Jésus leur dit : « N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous, les Douze ? Et l’un de vous est un diable ! »
71 Il parlait de Judas, fils de Simon Iscariote ; celui-ci, en effet, l’un des Douze, allait le livrer.




A la foule en délire qui s'en prend à quelque bouc émissaire facile, à la meute des enragés, aux préparatifs des malfaisants ..., l'esprit européen authentique, c'est-à-dire viscéralement, foncièrement et fondamentalement attaché au Christ, oppose un front serein, sans ombre ni trouble au visage. Aucune menace, aucun mauvais coup ne saurait lui faire perdre le cap ou le décourager d'agir en ce monde. C'est pourquoi l'Europe ne peut jamais verser tout entière dans un système qui empêcherait l'Evangile de poursuivre sa course, de rayonner et de porter les fruits de paix et de joie qui sont en germe partout où Il est semé. Cette certitude fait aujourd'hui trop souvent défaut et nous voyons d'innombrables analyses de la situation actuelle s'alarmer de périls qui ont pour nom : "le grand remplacement" ; "l'islamisation de l'Europe" ; "la fin des clercs" ; "le manque de vocation" ... Il est fort possible en effet qu'une partie de l'Europe cède du terrain aux entreprises d'occupation de son sol mais nous savons qu'elles sont vouées à l'échec. Elles l'ont été par le passé tandis que les moyens de se défendre étaient rudimentaires. Elles le seront plus encore à l'avenir dans des sociétés où la parole devient de plus en plus libre : aucune disposition coercitive ne pourra désormais empêcher chacun de s'exprimer comme bon lui semble et ce d'autant plus que ses paroles seront en accord avec le message évangélique (de nouvelles dispositions juridiques viendront sans doute enrichir l'arsenal de lutte contre les propos haineux. Aucune n'est en mesure d'endiguer la manifestation des perles de vérité). Ce qu'est venu semer le Christ se propage selon un processus néguentropique dont la force vitale s'accroît au fil du temps et toute persécution ne fait qu'accroître sa vigueur.

Certains se moquent de la vieille Europe et lui prédisent un sombre avenir. S'il est vrai qu'elle traverse une crise majeure, elle n'a pas dit son dernier mot puisque là où le péché se multiplie, la grâce surabonde. Là où tant de jeunes pousses ont été fauchées avant même de voir le jour, un réveil brutal est en train de se préparer qui surprendra les sceptiques et ceux qui ne pensent qu'au seul ressort démocratique comme s'il fallait nécessairement qu'une majorité s'entende pour que les choses bougent ! alors que toute l'histoire de l'humanité démontre que le cours des événements dépend largement de la manifestation de volontés singulières assez fortes pour ouvrir de nouveaux horizons. L'avenir de la France et de l'Europe dépend de chacun d'entre nous et non pas seulement d'orientations et de décisions gouvernementales ou parlementaires. Il nous appartient de collaborer, chacun à notre place, au travail incessant d'une grâce d'autant plus féconde que je sais la reconnaître et l'accueillir.

Dès lors que je prends conscience que la construction européenne déborde de toutes parts l'infime part des jeux de pouvoir pour s'étendre à de multiples niveaux souvent invisibles qui ne datent pas d'hier, je passe le plus clair de mon temps à incarner au quotidien ce qui fait la plus grande force de l'esprit européen : son inspiration évangélique. L'Europe n'a pas seulement des racines chrétiennes ! Elle porte au creux de ses entrailles, sur l'ensemble de son territoire et dans ses plis les plus secrets des semences impérissables. Il suffit que de nouvelles conditions favorables se présentent pour que, soudain, fleurissent ici et là les inattendus de la Providence divine, toutes ces plantes bio-indicatrices d'une configuration que l'oeil naturel ne soupçonnait pas.

L'Europe avance en effet selon deux voies dont le seul couple "foi et raison" ne rend ni l'étendue ni la portée. Mieux vaudrait distinguer la voie naturelle et la voie surnaturelle. La sauvage et la domestique. L'insoumise et l'obéissante (*). Le christianisme greffé sur la barbarie européenne est d'une puissance phénoménale en raison même de la sauvagerie des lointains habitants d'une terre bénie des dieux : l'Europe. 

(*) Liste indéfinie : la galopante et la trottante ; l'inapprivoisée et l'éduquée ; la brillante et la ravissante ; la parlante et l'écoutante ; l'incorrigible et la perfectible ; la négligeante et l'insouciante ; ...

Dans le domaine profane ou dans le domaine religieux, l'être humain chemine au gré de son imagination créatrice, en usant de facultés naturelles et surnaturelles. Sans la triple greffe des vertus théologales qui s'opère dans l'acte baptismal, ses facultés ne parviennent pas à déployer tout leur potentiel. Sans la foi, son intelligence reste sauvage. Capable naturellement d'une extrême vivacité et de prouesses, elle s'arrête au seuil du mystère si elle manque de surnaturel. Sans la lumière de la foi, la raison humaine se perd en conjectures ... Sans la vertu théologale de l'espérance, la mémoire de l'homme défaille. Elle ne sait plus que réactiver du passé pour mieux se projeter dans l'avenir. Sans la charité, son courage s'émousse. 

Perdue dans un océan matérialiste, foncièrement égoïste et mercantile, la charité européenne fait figure d'ingénue. Son souci du bien être de toute personne passe pour une fantaisie dérisoire aux yeux des peuples et des continents qui ne raisonnent qu'en termes de puissance collective. Pour ces derniers, l'individu ne compte pas. C'est un pion, une unité parmi d'autres. Remplaçable et interchangeable à souhait comme à l'envi. Il doit se soumettre, marcher ou crever. Qu'il se plaigne, conteste ou s'insurge et le voilà enfermé, fusillé, assigné à résidence.

Prenant le contre-pied de cette dictature du groupe, l'Europe verse dans d'autres excès ou ... les mêmes. Des minorités actives et dérangées y peuvent imposer leur dérèglement au plus grand nombre. Quelques individualités en position de force y sont en mesure de faire la pluie et le beau temps. Trop nombreux y sont les sujets qui n'ont pour maîtres qu'eux-mêmes et qui sombrent ainsi dans l'idiotie la plus vile. Pire : l'Europe mal assurée, se laissant vertement accusée par toutes sortes d'imprécateurs mal lunés, ne sachant plus trop comment se défendre, ... finit par adopter les comportements suicidaires des peuples qui font peu de cas de la personne humaine, de sa destinée spirituelle, de ses droits imprescriptibles. Ne faisant pas les choses à moitié, l'Europe se trouve alors percluse de contradictions et fait montre d'une faiblesse coupable sur tous les théâtres où les intérêts vitaux de ses habitants sont mis en péril par des combattants qui n'ont que faire de nos sécurités, de nos pusillanimités, de nos beaux discours et de nos préventions de vierges effarouchées. Ces adorateurs de la force brute n'ont qu'une idée en tête : faire main basse sur l'Europe et ses trésors. Pour eux, pour leurs conquêtes, tous les moyens sont bons et se valent.

Qu'attendent les pays d'Europe pour ne plus se laisser piétiner ? Qu'attendent-ils pour défendre leurs intérêts, pour sortir des politiques malthusiennes qui les conduisent à imiter les régimes les moins recommandables ? Sous couvert de démocratie, les pays d'Europe n'ont-ils pas en effet céder à la dictature des profits à court terme qui font peu de cas des personnes et qui se construisent sur le dos des plus vulnérables ?

Certains pays d'Europe vont même jusqu'à se croire en avance en permettant que la dite euthanasie, la soi-disant bonne mort, s'immisce partout où les coeurs desséchés, sous couvert de charité, expédient dans l'autre monde des personnes qui n'en demandaient pas tant. Que voulez-vous ? Ces êtres ne sont plus dans la course. Ils ne produisent rien. Ne consomment pas grand chose. Sont une charge ... Et c'est ainsi que le sens des mots finit par se corrompre. On parlera, pour Vincent Lambert, d'acharnement thérapeutique alors que le dispositif qui le maintient en vie n'a rien de curatif mais lui permet simplement de ne pas mourir de faim et de soif. Pour qu'il disparaisse, n'en déplaise aux sophistes, il "faut" donc le tuer en l'affamant comme cela a déjà été tenté mais sans succès. Et puis quoi encore  ? Que vont inventer ces nouveaux bienfaiteurs du genre humain ? N'en déplaise aux cuistres, Vincent fut capable de survivre à une tentative d'assassinat. "A quoi bon ?", disent certains. Ce n'est plus une vie que d'être alimenté de la sorte, condamné à rester allongé, ... Manque d'imagination ? Qui ne voit que le calvaire enduré par Vincent et ses proches apporte la contradiction à un monde qui court à sa perte ? Que Vincent, cloué sur son lit, participe de façon inouïe à la rédemption d'un monde qui, sans le témoignage de vie de cet homme, aurait tôt fait d'envoyer à la tombe tous ceux qui n'entrent plus dans les canons étroits, étriqués et meurtriers qui confondent l'être humain avec une machine dont on mesure les performances pour l'améliorer sans cesse et que l'on jette dès lors que changer une pièce n'est pas rentable ou dès lors qu'un modèle dernier cri la rend obsolète.

Et que dire d'un Gouvernement français qui se pourvoit en cassation, recours très rare de la part d'une telle "autorité" ?

Voir à ce sujet l'analyse remarquable de Bertrand Vergely.

A ce stade de l'analyse, il n'est pas interdit de penser et d'écrire que le ministre de la santé, Agnès Buzyn, risque de chuter lourdement pour avoir négligé l'avis du comité onusien et pour avoir tenté de le contourner. Il est possible même que l'ensemble du gouvernement soit emporté par une vague sans précédent, une lame de fond, venue des profondeurs d'une situation où le plus faible finit par renverser ceux qui se croyaient en position de force.

Le martyre de Vincent vient redire à qui veut bien l'entendre et même aux sourds que le fantasme d'une humanité améliorée n'est qu'un leurre : l'être humain a été conçu, dès l'origine, comme une entité douée de perfections suffisantes pour chaque époque. Capable de s'adapter et de se transformer, l'être humain n'a pas à viser un surcroît de perfection généralisée. Nous savons depuis le XXème siècle à quelles abominations conduit le rêve d'une humanité pure, exempte de défauts : il engendre l'élimination des personnes qui ne répondent pas à certains critères. La perfection de l'être humain réside au contraire en ceci : même blessé, mutilé, privé de plusieurs facultés, il demeure objet et sujet d'un amour qui dépasse tous les manques éventuels et qui ne s'attache qu'à la part d'humanité qui subsiste en lui, aussi infime soit-elle.

Folle Europe qui ne sait plus à quel saint se vouer, qui a perdu le sens de l'honneur et de la dignité et qui modèle son comportement sur les plus folles avancées d'apprentis sorciers, ces démiurges qui s'arrogent le pouvoir de vie et de mort pour décider du sort des sans voix : les personnes dites incurables et les innombrables jeunes pousses des générations montantes envoyées à l'échafaud pour s'être annoncées en des temps peu favorables à leur naissance. Et l'on est atterré de voir toutes ces revendications pour un monde plus écologique qui ne prennent plus la peine de défendre l'espèce humaine puisqu'elles la considèrent comme la plus nuisible !

Si la France ou tout autre pays courageux ne montre pas le chemin d'une autre Europe que celle qui est en train de se suicider, nous n'aurons bientôt plus à nous demander s'il faut rester dans l'Union Européenne ou pas : elle sera devenue un vague souvenir. Ne subsistera qu'une mosaïque de territoires traversée par des séries de crises sans remèdes. Dans l'impossibilité de résoudre des problèmes de plus en plus complexes, se trouvera toujours des personnes pour accuser tel ou tel groupe des malheurs du moment et pour inventer des dispositions calamiteuses qui ne feront qu'aggraver les tensions.

(A suivre ...)

(A venir : Europe des arts, Europe des arts de la table, Europe des arts martiaux, Europe des arts décoratifs, Europe des arts picturaux, Europe des arts musicaux, Europe des écrivains, Europe des peintres, Europe de savants, Europe des lettres, Europe des cathédrales, Europe des abbayes, Europe des sanctuaires, Europe des apparitions, Europe religieuse, Europe monacale, Europe médicale et médiévale, .... Figure du moine bâtisseur, du moine thérapeute, du moine prédicateur, du moine artisan, du moine inventeur, du moine lettré, du moine enseignant, du moine soldat, du moine législateur ... moine promoteur, inventeur, acteur de la mise en place des pouvoirs régaliens de tout Etat.)

[Lettre ouverte aux moines et moniales de France, d'Europe et d'ailleurs en projet]



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