TRANSLATE

dimanche 25 novembre 2018

France 2022 : Atouts de la France & intérêts francophones



En la solennité du Christ Roi, 25 novembre 2018


 « Tenez-vous sur vos gardes,
de crainte que votre cœur ne s’alourdisse
dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie,
et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste
    comme un filet ;
il s’abattra, en effet,
sur tous les habitants de la terre entière.
    Restez éveillés et priez en tout temps :
ainsi vous aurez la force
d’échapper à tout ce qui doit arriver,
et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »


St Luc 21, 34-36


Ajout du 6 janvier 2020 : combien de temps le Japon va-t-il encore se couvrir de ridicule ? Voilà un pays qui dispose d'innombrables atouts et qui les gâche par des comportements imbéciles. En enfermant puis en assignant Carlos Ghosn à résidence, le Japon s'en est pris à l'un des atouts maître de la France. Il s'indigne aujourd'hui de son évasion. Ne savait-il pas qu'un génie peut rivaliser d'intelligence avec le système le plus sophistiqué ? En contourner les dispositions les plus élaborées ? Au lieu de se ridiculiser, le Japon ferait bien de faire le ménage sur son territoire dans tous les recoins où grenouillent des forces obscures au service d'une conception erronée de l'être humain : la personne vue comme simple rouage d'une mécanique qui ne souffrirait d'aucune imperfection. Conception étriquée, étouffante, sclérosante qu'un homme habile était venu secouer de toute son audace et qu'il continue, par elle, à bousculer avec juste raison. Un homme peut avoir des torts sans qu'il soit possible de justifier de le traiter de façon indigne, dégradante, déshumanisante. 

Comme annoncé dans une tribune antérieure du projet France 2022, deux événements de l'automne 2018 incitent à se pencher sur les atouts de la France et sur ses intérêts : la parution de "Qu'est-ce qu'un chef ?" de Pierre de Villiers et l'arrestation de Carlos Ghosn au Japon.






Alors que l'Etat français peine à obtenir la preuve des charges avancées par Nissan contre Carlos Ghosn et la libération de l'un de ses plus brillants sujets, nous allons explorer le très vaste domaine des intérêts français et les menaces qui pèsent sur lui dans un monde où, faute de courage, d'attention et de stratégie, l'Europe et la France se laissent déposséder de leurs trésors.

Des menaces sont évidentes, d'autres demeurent cachées mais nombre de nos compatriotes sentent que nous sommes au bord d'un précipice. Pour parer à la catastrophe, rien de tel que de développer un projet d'avenir qui s'appuie largement sur les forces d'un pays et d'un continent, forces qui attendent que se lève un vrai chef pour les rassembler et partir au combat, animé non par une volonté belliqueuse, destructrice ou vengeresse mais par un esprit de noble conquête, de paix et de joie.

En la personne de Carlos Ghosn, un chef exceptionnel a été fauché en pleine ascension ou au faîte de sa gloire. L'avenir le dira. Si des autorités peu amènes n'anéantissent pas son génie du management par des pratiques d'un autre âge, nous pouvons assister à une résurrection qui clouera le bec des suffisants, de tous ceux qui, jalousant une réussite hors norme, ne songent qu'à relever les imperfections d'un homme et ses travers.

La concomitance de l'arrestation de Carlos Ghosn et de la parution du dernier opus de Pierre de Villiers est tout à fait singulière et paraît augurer d'une ère nouvelle, d'une prise de conscience salutaire : dans un monde livré à la prédation, quel chef nous protégera des coups assénés aux plus vulnérables comme aux plus en vue ? Dans une Europe qui a renoncé à défendre le fruit des entrailles d'innombrables femmes, trouvera-t-on encore des personnes qui soient à l'abri d'une condamnation abrupte, d'un déshonneur, d'une infortune, d'une calomnie, d'un meurtre ou qui trouvent en chemin un avocat assez puissant pour les tirer du filet de l'oiseleur ? 

L'arrestation de Carlos Ghosn aura des conséquences majeures sur le cours des événements à venir. Elle suscite de nombreuses interrogations sur une palette très large qui va du champ géopolitique au questions éthiques ; des politiques industrielles aux conséquences d'une mondialisation en grande partie déloyale ; des questions de rémunération aux réflexion en cours sur l'écologie intégrale ; des conflits d'intérêts aux synergies entrepreunariales ;  de la gouvernance des entreprises aux conditions de travail de tout un chacun ; du for externe au for interne ...

Il est hors de question de traiter ici l'ensemble des problèmes révélés ou amplifiés par un fait d'une telle ampleur mais nous allons insister sur quelques points qui sont abordés ça et là dans les différentes tribunes du projet France 2022 et produire ainsi une synthèse qui réponde davantage aux défis de notre époque.

Plus que jamais, l'homme contemporain apparaît dans toute sa nudité. Qu'il soit puissant ou considéré comme quantité négligeable, nul ne peut dire qu'il sera épargné par le rouleau compresseur d'une époque qui paraît tenir l'humanité pour l'ennemi à faire disparaître d'une planète qui se mourrait de la présence d'une espèce nuisible ... Tous les moyens semblent désormais utilisables et recommandables pour éliminer la moindre personne jugée, en toute hâte, indésirable, gênante ou de trop, selon des critères qui n'accordent de la valeur qu'à des canons extrêmement étroits, volatils et changeants et qui se résument à un court terme sans aucune ambition pour l'avenir et sans la moindre considération pour un passé, aussi glorieux soit-il. Il faudrait même salir toute mémoire un tant soit peu heureuse d'une époque ancienne qui n'aurait plus rien à nous dire de notre condition, de nos forces, de nos capacités à surmonter les problèmes. Ce parti pris d'une élimination massive qui se traduit, entre autres, par des politiques aberrantes en matière de natalité et par un génocide sans précédent des générations montantes ne se cache même plus. Il est devenu le nec plus ultra d'une pensée débile qui ne raisonne plus qu'en termes de pénuries, de menaces, de risques, d'insécurité, de peurs ...

En s'en prenant à Carlos Ghosn, on a cherché à atteindre ceux qui, au contraire de cette pensée débile, ne s'effraient jamais d'un challenge à relever, d'une situation périlleuse à affronter, d'un imbroglio à démêler ; ceux qui assoient leur confiance, non pas seulement sur leurs propres forces mais sur une mobilisation intelligente et générale des forces vives en présence, tout en plaçant leur espoir de reconnaissance non sur des courtisans, des mondains ou des engourdis mais sur des gens simples qui savent d'instinct où se trouve le génie et où parade l'imbécillité.

Tandis qu'un chef d'envergure est mis au banc des accusés, de petits chefs n'ont pas manqué et ne manqueront pas de se mettre en avant en l'accablant de quelques maux plus ou moins fondés et d'une ribambelle de maux imaginaires. Quand il s'agit d'abattre un homme en vue ou une jeune pousse encore dans le sein maternel, rien n'arrête les sophistes : tout est prétexte à faire admettre un geste qu'aucun argument ne saurait pourtant justifier.

Plus que jamais, sans doute, convient-il aujourd'hui de mener une réflexion de fond sur ce qui cloche et ne pas chercher en toute hâte quelque coupable facile : les dérèglements d'une région du monde, d'un Etat ou d'un corps intermédiaire ne sont pas imputables à un seul homme ou même à un groupe de personnes. Ils sont les fruits pourris d'arbres malsains dont nous n'apercevons que l'écorce : la principale source des maux visibles n'est pas évidente à première vue. Pour l'entrevoir et en saisir quelque-chose, nous ne pouvons nous affranchir d'un regard spirituel, capable de déchiffrer au-delà des apparences.

Quel chef sera en mesure, bientôt, d'ouvrir nos yeux ? Qui nous apprendra, enfin, à traverser l'écume des jours pour discerner ce qu'il convient de faire à cette heure ? Nous pourrions perdre un temps précieux à chercher ce chef car nous sommes tentés de croire qu'il se trouve parmi la foule des prétendants au trône suprême or nul candidat aux plus hautes responsabilités n'a jamais eu pour seul souci de se comporter en serviteur. Chacun vise, au contraire, à augmenter ses pouvoirs, ses privilèges et ses positions d'influence.

Ce qui vient de se passer au Japon sonne le glas, pourtant, d'une manière trop naturelle de faire où le surnaturel n'a pas la place qui lui revient. Du moins, en apparence, car ce que nos pauvres petites combines tentent d'exclure du champ de nos occupations ordinaires ne manque pas, un jour ou l'autre, de se glisser là où ne l'attendions pas. Dans l'arrestation d'un homme que nous n'aurions pas imaginée (même si d'aucuns titrent à la louche que cela était "inévitable") est venu s'inviter tout un monde invisible que nous ne percevons plus dès lors que nous oublions de nous arrêter pour apprendre à contempler des réalités qui échappent à nos regards empressés.

Il faudra bien que nous consentions cependant à voir autrement et à percevoir ce qu'un tel événement est en train de préparer.

A Tokyo, un homme déchu se prépare à déployer ses talents au-delà de nouvelles limites et si rien n'arrête sa course, il saura faire la preuve qu'un génie des affaires et de la direction des hommes ne se laisse jamais décourager en chemin. A Paris, un jeune homme qu'un heureux concours de circonstances avait propulsé à la tête d'un Etat en ruine tentera d'échapper à la montée d'une furie qui n'épargne plus personne : elle ne songe qu'à tuer, éliminer, dégager, détruire, casser, épouvanter, meurtrir, salir et faire mal. Si les chefs les plus en vue ne sont plus à l'abri, qui échappera à cette violence ?

Parmi les atouts innombrables de la France, notons au passage que la France peut se réjouir d'être le foyer d'une presse écrite de très grande qualité et qu'aucune force obscure ou déclarée n'est en mesure d'empêcher d'analyser, de comprendre, de parler et d'informer. Riche d'une diversité surprenante d'opinions que la Toile et les contributeurs non professionnels amplifient, cette presse-là donne à penser, à réfléchir et elle incite à se mettre en mouvement alors que la terreur ambiante tend à paralyser l'homme contemporain, à le tétaniser, à l'écarter de la marche du monde comme si l'inéluctable devait nécessairement advenir sans qu'il soit possible de changer le cours des choses. A tous les hommes et à toutes les femmes qui animent, avec coeur et d'une manière honnête, un espace médiatique donnant à une société, au bord de l'asphyxie, de respirer encore, le projet France 2022 prévoit d'adresser une lettre ouverte afin qu'ils gardent foi dans un métier de plus en plus indispensable à notre survie morale et intellectuelle. Sans une presse de haut vol, l'esprit d'une société s'étiole et se meurt dans un silence assourdissant ou dans un vacarme insupportable. 

Beaucoup reste à faire puisque nous voici à l'aube de changements radicaux. Des changements capables de faire mentir tous ceux qui ne raisonnent qu'en terme d'entropie et qui ne voient qu'un avenir sombre se profiler à l'horizon. Des cataclysmes se produiront. Ils sont annoncés depuis le début de l'ère chrétienne. S'y préparer à toute heure du jour nous rend profondément libres : nous savons que tous nos plans humains, strictement naturels, peuvent être bouleversés à tout instant. Rien ne sert donc d'entrer dans une programmation serrée qui ne laisse plus aucune place à l'imprévu. Depuis plus de quarante ans, le pouvoir central en France est pourtant entré, pieds et poings liés, dans ce travers des sociétés "modernes" : des emplois du temps surchargés, des programmes alambiqués, du mauvais gras à profusion ... 

Dès que je me retrouve dans un lieu où la sobriété, le silence, la lenteur sont à l'honneur, je découvre le néant de toutes les situations où dominent le bruit, les fausses abondances et cette vitesse présentée comme un idéal à poursuivre sans relâche : il faudrait tout régler à la minute sans prendre le temps de réfléchir longuement, sans peser le pour et le contre, sans même s'informer de l'historique d'un problème à résoudre. Il faudrait oublier l'essentiel pour ne s'intéresser qu'à l'accessoire. 

Oublier les atouts de la France pour ne voir que la honte déferler sur Paris ? Pour ne voir que l'écume d'une casse absurde ? Ce serait leur faire trop d'honneur !

En ces jours troublés (novembre et décembre 2018), plus que d'ordinaire, il convient,  au contraire, de se souvenir des plus beaux moments d'une histoire qui prouve les ressources d'un pays et la vaillance de ses habitants, aux antipodes de quelques barbares sans foi ni loi. Pendant que des abrutis saccagent notre patrimoine, l'outil de travail de commerçants, des biens publics ou privés, des millions de personnes accomplissent leurs devoirs ordinaires et ne s'en laissent pas détourner par des faux prophètes de malheur.

Ces habitants d'un pays hors normes qui n'a guère besoin d'un président "normal" ! disposent d'une langue vernaculaire exceptionnelle : dénuée d'obligations strictes en matière d'accent tonique, la langue française est capable de véhiculer une gamme très large d'émotions, de ressentis, de concepts, ... avec une précision redoutable et, en même temps, avec une grande latitude d'interprétation, non pas au service d'une quelconque ambiguïté  ou d'une ironie de mauvais goût mais en faveur d'une vérité aussi large que possible. D'où le rayonnement culturel de la France qui peut puiser son inspiration non seulement dans la variété des terroirs de notre pays mais qui sait aussi se nourrir de toutes les cultures sans jamais perdre sa colonne vertébrale faite de clarté, de luminosité et d'une solidité à toute épreuve. La France dispose là d'un atout majeur dans un monde multipolaire : elle a su et saura toujours être réceptive à toutes les influences tout en conservant son âme. Elle est animée d'une vibration si puissante que rien ne saurait la dénaturer ou la faire dévier de son cours : la France avance en gardant son cap et en demeurant capable de profiter du moindre zéphir pour conserver voire accroître son élan. Ce ne sont pas des politiques imbéciles menées depuis plus de quarante ans qui changeront d'un iota cette force baptismale d'un pays que nul chaos n'est en mesure d'atteindre en profondeur : ses habitants ont les pieds sur terre, le nez au vent et connaissent l'art admirable de la navigation en eaux tranquilles comme en eaux tumultueuses.

En tous les domaines, il se trouve une nation pour exceller autant que la France sinon davantage mais notre pays a su multiplier ses compétences de telle sorte qu'il existe bien peu sinon aucun pays capable de rivaliser sur tous les fronts où se déploient les trésors de savoir faire français. Cette diversité de talents est palpable à tous les niveaux : artistique, culturel, industriel, agricole, scientifique, militaire, politique, spirituel. En considérant cette palette, nous sommes bien loin d'un pessimisme et d'une morosité de mauvais aloi d'autant que dans chacun des domaines précités, le génie propre de la France ne s'est pas contenté d'être lui-même, il a su s'imprégner d'innombrables influences. Celui qui voudrait connaître l'étendue des réalisations humaines sans passer à côté des plus remarquables n'aurait qu'à sillonner la France pour partir à la découverte de l'une ou l'autre facette de cette étendue.

Se réjouir des réussites françaises n'est pas s'endormir sur ses lauriers, se croire à l'abri de tout revers de fortune, s'imaginer être supérieur ; c'est juste ne pas envisager l'avenir sous des auspices incomplètes en faisant la part trop belle aux ratés du moment présent. C'est aussi se rendre capable de hiérarchiser les problèmes et les solutions puis d'ordonner leur résolution et la mise en oeuvre de remèdes vraiment efficaces.

Dans le monde contemporain, l'humanité souffre de maux très anciens et d'autres plus récents. Les plus anciens sont inabordables sans une saine et solide anthropologie. Les plus récents appellent une analyse très fine pour distinguer ce qui tient à l'environnement de la France de ce qui vient d'une mauvaise organisation de notre pays. L'on découvre alors que les racines chrétiennes de la France (ou les fondations ou les influences ... pour ceux qui n'apprécient guère le terme de "racines") lui donne de multiples avantages qui permettent d'expliquer comment un si petit pays à l'échelle de la planète est en mesure de rayonner avec autant d'éclat ou de pauvreté. Pour l'historien qui ne rejette pas le christianisme et/ou qui ne l'accuse pas de tous les torts, il est évident que la France a été façonnée par un catholicisme viscéral qui a besoin, de nos jours, d'un aggiornamento dans le sillage de Vatican II lui permettant d'assimiler avec plus d'ardeur et de fécondité tout ce que les autres traditions chrétiennes et toutes les religions de la terre ont reçu des semences du Verbe. Aggiornamento qui ne doit pas, cependant, la conduire à négliger la solidité du catholicisme romain, seul capable tout au long de l'histoire de résister aux pires dérives comme aux accommodements douteux. Nous y reviendrons.

Tandis que des procureurs en mal de justice exemplaire tentent de condamner Carlos Ghosn, que pouvons-nous faire pour résister à cet acharnement sans nécessairement tout excuser ? Sans doute, prier en tout premier lieu. Avec confiance et détermination. Non pour céder à quelque tentation irrationnelle puisque s'imaginer que toute vérité est démontrable relève de la plus pure ... irrationnalité ! Juste afin de soutenir un homme qui combat pour son honneur et pour se défendre d'accusations qui s'apparentent à une sorte de revanche d'un orgueil très mal placé. Afin d'y voir plus clair aussi et afin d'être en mesure de faire la part des choses.

Pour découvrir enfin que les économistes vraiment honnêtes et compétents vont avoir du pain sur la planche. Il leur faudra résoudre un problème nouveau et de plus en plus envahissant au fur et à mesure que les ressources disponibles paraissent manquer ou manquent effectivement. Comment rémunérer les profils managériaux les plus extraordinaires sans léser ceux qui contribuent à l'accroissement des richesses et qui occupent des postes sans renommée ou même ingrats ? Comment éviter le chômage rampant, galopant, chronique ... sans pour autant placer des travailleurs vite considérés comme interchangeables dans des situations insupportables de précarité, de mépris et d'exploitation ?

Des éléments de réponse figurent dans la tribune du projet France 2022 : "Création d'une monnaie de service et d'abondance" qui valent non seulement pour la France mais pour tout pays qui aura pris conscience que le temps de l'homme au travail ne peut plus être rémunéré par toute monnaie censée gérer la diminution des ressources disponibles à la surface du globe ; que ce soit le dollar et le manque de fair play des Etats-Unis (pour ne pas dire plus) ou que ce soit par l'Euro sous la férule d'acier d'une Allemagne championne du bien être matériel selon une morale rigoureuse mais oublieuse des données immatérielles et surnaturelles.

Pour aller plus loin, tout lecteur intéressé prendra connaissance des analyses percutantes et lumineuses de l'un de nos plus brillants économistes, Gaël Giraud, ici interviewé sur Thinkerview et là, interviewé par Aude Ancelin sur Quatier libre.

La France, pour peu qu'elle puise vaillamment dans les trésors dont elle est dépositaire, sera capable d'offrir au monde une solution monétaire qui prenne enfin à coeur la question du travail humain tout en cherchant à résoudre les questions écologiques les plus urgentes et sans bafouer la dignité des travailleurs, sans appauvrir des millions de personnes qui n'ont plus les moyens de boucler leur fin de mois faute d'un traitement approprié des problèmes de l'heure.

Dans un pays comme le Japon qui a eu l'intelligence de conserver une unité monétaire de faible valeur, les sommes que l'on reproche à Carlos Ghosn d'avoir dissimulé s'expriment en milliards de yens. Nul doute que de tels montants paraissent là-bas exorbitants : leur valeur simplement numérique, sans tenir compte des unités en jeu, ne peut que sonner étrangement aux oreilles du commun des mortels : les milliards c'est "bon" pour dire les dettes des états ou parler de la fortune des nantis mais pas pour rémunérer une personne censée vivre de son travail ! Aux révélations qui se veulent fracassantes s'ajoute ainsi une connotation aggravante que nous pouvons avoir du mal à percevoir ici, habitués que nous sommes à entendre valser les millions d'euros dans toutes sortes de situation devenues monnaie courante : transfert de joueurs de football ; gains de jeu des grands sportifs ; dépenses somptuaires des édiles au train de vie dispendieux ; projets d'envergure mais foireux ; ...  

Quoiqu'il en soit des montants reprochés, apparaît en filigrane une drôle de bataille contre ... les intérêts français ... qui n'avaient pas besoin de cela pour être en mauvaise passe dans une jungle mondiale où les Européens se révèlent bien naïfs : tandis qu'ils tentent d'être vertueux à différents points de vue, d'autres acteurs économiques ne se privent guère des moyens les moins recommandables pour s'imposer sur des marchés où ils ont pour seul principe de décision et d'action : "à moi la part du lion, aux autres les reliefs".

Tant que nous n'aurons pas nettement distinguer la rémunération de ce qui est rare et la rémunération de ce qui est abondant par deux monnaies différentes, se multiplieront les faits d'arme douteux de quelques personnages cherchant à s'enrichir au gré de quelque pénurie réelle ou déclenchée dans un contexte où les occasions de manque vont elles-mêmes se généraliser et devenir préoccupantes : il est tentant, pour certains, de profiter d'une aubaine qui a le double avantage d'être de niveau mondial et de concerner beaucoup de personnes.

L'instauration d'une "couronne française", d'une "couronne allemande", d'une "couronne italienne", d'une "couronne anglaise", d'une "couronne espagnole", d'une "couronne polonaise", d'une "couronne hongroise", ..., monnaies nationales de service et d'abondance comme proposé dans la tribune "Création d'une monnaie de service et d'abondance" évitera en partie la prolifération des situations dans lesquelles un petit nombre abuse de ses positions dominantes pour accaparer la majeure partie des richesses produites et laisser le plus grand nombre s'appauvrir de jour en jour. Il est temps en effet que le travail humain soit rémunéré, non pas en fonction de stocks de ressources qui ne cessent de baisser, mais en fonction d'un temps humain de plus en plus disponible sans quoi nous irions droit dans le mur. 

Cette "révolution" monétaire est d'autant plus urgente et nécessaire qu'il est probable que nous soyons amenés à consacrer plus de temps à des travaux aujourd'hui soutenus par des dépenses énergétiques qui ne seront plus possibles dans l'avenir : le temps de l'homme deviendra encore plus précieux pour inventer de nouvelles façons de produire, de construire, de se loger, de se déplacer ... 

L'arrestation de Carlos Ghosn sonne l'heure d'une réflexion de grande ampleur : comment rémunérer les profils rares et les patrons de groupes internationaux sans priver le plus grand nombre de biens auxquels leur travail ne leur donne plus accès faute d'une organisation juste de sociétés au bord de l'implosion ? Sûrement pas en leur octroyant des sommes mirobolantes dans une monnaie censée gérer la pénurie comme l'euro (ou le yen). Un moindre mal consisterait à rémunérer ces managers en couronne nationale, monnaie de service et d'abondance ne donnant pas accès, ipso facto, aux ressources en voie de raréfaction à la surface du globe.

D'une façon plus générale, une rémunération en euro devrait tenir compte, avant toutes choses, des performances d'une nation membre de la zone euro : plus le solde de sa balance des paiements est positif ET plus sa dette publique extérieure est faible ET plus l'encours des dettes privées est faible, plus cette rémunération en euro peut être élevée. A l'inverse, plus le solde des paiements est déficitaire ou plus une nation est endettée, plus cette rémunération devrait être faible. De plus, les écarts en euro, entre les rémunérations les plus élevées et les plus basses devront être resserrés à l'avenir : chacun, qu'il soit "haut gradé" ou tout en bas d'une échelle de salaires, dans un pays riche ou dans un pays pauvre a droit à une part sensiblement égale de biens non renouvelables. La spécificité des fonctions qu'il exerce et du travail qu'il accomplit, en revanche, peut avoir une incidence forte (mais juste) sur sa rémunération en couronne nationale : un métier rare, de très haute technicité, dangereux, à composantes non automatisables ... est susceptible de générer un salaire plus élevé dans une monnaie indépendante du stock des ressources matérielles disponibles et destinée à financer de manière optimale le temps humain convertible en travail.

Si nous ne parvenions pas à bien séparer, par le jeu équilibré de deux monnaies radicalement différentes, la question du temps humain et celle de l'écologie matérielle (baisse des ressources non renouvelables, pollutions diverses, effondrement des ressources pourtant renouvelables - par exemple halieutiques -, menaces sur la biodiversité, ...), nous n'arriverions pas à résoudre la question de l'écologie intégrale : celle qui ne raisonne pas seulement sur l'environnement des peuplements humains mais qui sait aussi veiller à leur santé sur les plans physique, psychique et mental en garantissant, notamment, des conditions de travail plus que décentes, des conditions qui donnent à chacun de pouvoir vivre dignement d'une activité professionnelle. Aujourd'hui, cette dignité est très fortement perturbée par la gestion d'une monnaie unique en zone euro dont l'objet n'est pas d'offrir de telles garanties à ceux qui travaillent mais seulement d'assurer à ses membres étatiques une situation monétaire suffisamment stable et solide afin que chacun puisse faire valoir ses intérêts dans la grande foire prédatrice qui agite toutes les nations du monde. Le malheur est qu'un tel système monétaire renforce la prédation et facilite grandement les importations de produits à moindre coût humain APPARENT c'est-à-dire en déplaçant les centres de production là où les personnes sont le plus mal traitées. Soit finalement, en générant au contraire, une dépense humaine démesurée alors qu'une organisation bien pensée est censée diminuer cette dépense et l'orienter vers des activités hautement qualifiées.

Une conséquence majeure de l'instauration d'une double monnaie, l'une comme l'euro pour les secteurs menacés de pénurie, l'autre telle une couronne nationale pour le temps humain, serait de permettre un pilotage beaucoup plus fin et performant des rémunérations selon les besoins les plus fondamentaux des sociétés contemporaines. Pilotage d'autant plus aisé que toute couronne nationale ne serait pas émise en espèces mais seulement en écritures pouvant être tracées puisqu'un gouvernement monétaire  (distribué sur trois étages : gouvernement municipal, provincial et national au sens du projet France 2022) digne de ce nom devrait être capable de suivre les flux de monnaie et de savoir quels secteurs sont bien "irrigués" et quels secteurs le sont moins. Ce point mérite un long développement et fera l'objet d'une tribune séparée.

Carlos Ghosn en prison tandis que plusieurs personnages politiques  français continuent à parader alors qu'ils devraient être depuis longtemps sous les verrous dans une république ... digne de ce nom ! Ceux-là mêmes qui ont contribué par leur inertie ou de manière active à la ruine des finances françaises, massacrant au passage quelques atouts indéniables de notre chère patrie, vendant parfois ou laissant prendre par des intérêts étrangers et/ou privés nos bijoux de famille les plus précieux ! 

Un homme, censément imparfait, a contribué à développer l'industrie automobile française  tout en l'ouvrant à des influences bénéfiques pour maintenir son statut de fleuron. Un homme a redressé une entreprise japonaise au bord de la faillite tandis que d'autres, incapables de voir la détresse d'innombrables personnes soumises au joug d'une Europe mal gouvernée et tributaires de politiques nationales imbéciles, ne manoeuvraient que pour eux-mêmes et poursuivaient, sans scrupules, l'appauvrissement d'une France prête à imploser.

Deux poids, deux mesures donc, dans un monde où ladite "justice" humaine se montre bien incapable d'équité ou de jugement éclairé : elle poursuit le faible et le vulnérable pour des broutilles tandis qu'elle laisse courir le malfrat, sévir des politiques foncièrement malhonnêtes, détruire des casseurs "professionnels", se remplir les fouilles des proxénètes, des passeurs de drogue ou des organisations criminelles. Organisations si puissantes qu'elles ne manquent pas de tenir entre leurs mains quelques politiques véreux et même vénéneux : ceux-là mêmes qui ne veulent pas voir que des peuples éreintés en ont ras-le-bol d'être pris pour des vaches à lait, tout juste bonnes à engraisser des incapables ou des mafieux au pouvoir.

Le projet France 2022 ne prévoit pas d'abord une grande lessive des pratiques douteuses en politique et ailleurs : ces pratiques trouveront toujours quelque moyen de contournement pour prospérer sur le dos de leurs victimes. Le projet France 2022 vise avant tout une bien meilleure organisation politique de notre pays, de l'Europe et de toute contrée soucieuse d'une plus grande justice : celle qui assure à chacun une liberté ne mettant pas en péril le bien commun et qui se déploie sans léser les plus vulnérables. Une organisation politique telle aussi que toute pratique douteuse, foncièrement désordonnée et malveillante, soit finalement contenue par une prospérité, une paix, un équilibre ... qui en limitent considérablement la portée et les nuisances.

Contrairement aux projets dits "libéraux", néo ou ultra, qui prétendent que notre fonction publique à la française est trop coûteuse, qu'elle serait un frein à notre développement économique, un boulet pour tous, ... le projet France 2022 la considère comme un atout à développer, à parfaire et à protéger contre les visées pseudo-humanitaires de penseurs de la dérégulation à outrance qui s'imaginent que la maximisation des intérêts individuels conduirait ipso facto à un accroissement du bien commun. Raisonnement à courte vue qui s'affranchit à la légère d'une constante : le poids et la gravité des égoïsmes particuliers qui ne tendent qu'à la satisfaction d'un bien étroit, frileux et sans la moindre envergure.

Privatiser ce qui est aujourd'hui assuré par une fonction publique protéiforme est tout simplement devenu suicidaire dans un monde où d'innombrables biais faussent l'idéal d'une concurrence loyale et profitable au plus grand nombre. Privatiser revient, au bout du compte, à substituer aux ordres d'un pouvoir politique, certes non exempt de reproches, les diktats de forces étrangères aux intérêts du peuple français et, plus fondamentalement, aux droits élémentaires des personnes : le droit de vivre d'un travail digne ; le droit de choisir qui les gouvernent ; le droit de critiquer ; de s'exprimer ...

Il ne s'agit donc pas de tendre vers "moins d'Etat" mais vers un gouvernement qui ne livre pas les forces vives du pays au joug de puissances qui n'ont que faire des revendications individuelles, qui méprisent le faible, qui anéantissent les plus vulnérables, qui pillent les ressources de la planète, qui s'emparent en un éclair des trésors édifiés par le labeur de dizaines de générations, qui n'ont, enfin, qu'une connaissance si limitée des Evangiles qu'elles ne peuvent même pas comprendre que leur comportement finira par les auto-détruire ...

Il s'agit, pour le projet France 2022, de trouver comment transformer une fonction publique, laminée par la pression d'un monde en déroute, en une force salvifique et salutaire pour l'ensemble de la nation française. Une force qui permette à chacun de déployer le meilleur de lui-même et à chaque corps intermédiaire de pleinement jouer son rôle. Une tribune et une lettre ouverte développent ce thème.

L'un des leviers les plus puissants de cette transformation de notre fonction publique en véritable atout consistera à ne plus faire dépendre son financement d'impôts et de taxes qui plombent notre secteur marchand et qui l'empêchent d'être concurrentiel dans la jungle commerciale instaurée par la domination des valeurs d'échange sur les valeurs d'usage. Une autre tribune du projet France 2022 expose ce point révolutionnaire : sortir notre fonction publique du modèle productiviste, modèle qui tend à uniformiser ce qui devrait être, au contraire, diversifier, ciseler, broder ... de main d'hommes et de femmes, libres de penser et d'agir, non dans le but de produire toujours plus et mal mais de produire plus intelligemment et beaucoup mieux. En un mot : sans détruire le vivant mais en collaborant humblement avec ses ressorts les plus secrets et les plus subtils. En bref : en passant d'économies entropiques à des économies néguentropiques.

Les pensées libérales, néo-libérales ou ultra-libérales oublient les données brutes d'une géopolitique sans concessions : les nations européennes sont aux prises avec leurs propres démons et affrontent, en même temps, ceux qui agitent les autres nations, aux mains parfois, d'Etats voyous. Le combat qu'elles livrent dépassent largement leurs pauvres forces naturelles et si elles semblent aujourd'hui céder beaucoup de terrain, c'est parce qu'elles ont, en partie, abandonné le socle évangélique qui permet de tenir dans les épreuves les plus redoutables : les nations européennes se battent en ce moment à armes inégales et même complètement désarmées contre des puissances qui adorent un seul dieu : Mammon et qui ont pour idoles tous ces supplétifs : réussite sociale tapageuse ; exploits malhonnêtes ; trafics en tout genre ; homicides ; crimes silencieux ; esclavages honteux ; ... Les nations européennes, elles-mêmes, ne sont pas indemnes de toutes ces tentations idolâtres et prêtent ainsi le flanc aux groupes qui s'érigent en justiciers décadents d'un monde en perdition.

On aurait tort, pourtant, de chercher ici ou là des coupables visibles, identifiables à coup sûr et qu'il serait facile d'éliminer selon cette logique imbécile et à courte vue qui prévaut, trop souvent, dans des sociétés dites "avancées" mais qui, en réalité, replongent, sans même s'en rendre compte, dans les pires égarements des barbaries les plus anciennes. Non, le combat à mener n'est pas contre des hommes en chair et en os que l'on pourrait désigner à la vindicte populaire, tous pécheurs par nature corrompue et blessée, mais le combat est d'ordre spirituel et il concerne au premier chef chacun d'entre nous : tant que je n'aurai pas fait le ménage dans mes superstitions, mes idolâtries et mes étroitesses d'esprit, je chercherai en vain quelques coupables à faire tomber tandis que je marcherai en claudiquant, prêt à m'effondrer au premier obstacle sérieux rencontré en chemin.

Tant que je resterai prisonnier des carcans d'une pensée stéréotypée, sectaire, rigide, simplificatrice à outrance, ... je prétendrai toujours pouvoir réformer ce qui me dépasse, devenir un chef admiré, meneur d'une épopée glorieuse ... alors que je demeurerai incapable, au quotidien, d'avancer d'un pouce sur la voie d'un progrès personnel, modeste et pourtant essentiel. Sans la mise en oeuvre de gestes politiques à la portée de chacun d'entre nous, que puis-je espérer transformer ?

Tous ces gestes individuels ou même collectifs peuvent-ils néanmoins suffire à redonner aux atouts de la France le lustre d'antan et, même davantage, des couleurs qui illuminent notre temps d'un jour nouveau ? Quel chef d'Etat se lèvera pour rassembler les efforts épars d'un peuple angoissé et pour remplacer Jupiter, ce petit dieu dont les limites sont apparues bien vite sur le champs de ruine d'une France démolie depuis plus de quarante ans par des politiques nationales incohérentes et par les transformations d'un environnement international qui ne laissent aucune nation indemne ?

Ceux qui se disent "démocrates" redoutent comme la peste un coup d'état militaire, craignant pour leurs pauvres fantômes de liberté ! S'il est vrai qu'un gouvernement par trop militaire ne laisse guère de place à une grande diversité d'humeurs et d'opinions, sans doute aurions-nous besoin en France que des militaires de très bon niveau remettent de l'ordre dans une maison France qui semble avoir perdu les clefs d'une réussite multiforme : économique, sociale, sanitaire, éducative, spirituelle ... Nul doute qu'à l'avenir, des haut gradés tels que Pierre de Villiers, auront un rôle important à jouer. Le projet France 2022 prévoit d'allouer un budget conséquent aux opérations militaires que les pacifistes de tous bords ne comprennent pas. Il leur semble toujours que les fonds ainsi octroyés feront défaut à d'autres champs de bataille beaucoup plus essentiels à leurs yeux : éducation, transition écologique, santé ... C'est oublier qu'en créant une monnaie de service et d'abondance, nous résolvons ce dilemme : à l'avenir, nous n'aurons plus à choisir entre "défense" et "autres domaines régaliens". Chacun sera pourvu autant que les nécessités de l'heure et du long terme se feront sentir.

Coup de baguette magique de Merlin l'Enchanteur que cette monnaie de service et d'abondance ? Voire ! Plutôt le pendant indispensable d'un Euro fort décrié que nous serions mal avisés d'abandonner sans précaution ! 

Tout bien réfléchi, il apparaît qu'un BREXIT ou un FREXIT ne sont possibles qu'à la condition de tabler sur deux monnaies et nos amis anglais (hélas demeurés pour certains franchouillards d'irréductibles ennemis) seraient bien inspirés de montrer la voie que notre frilosité risque d'ajourner faute de cette audace qui sied à merveille à un peuple en mouvement ! Notons, au passage, que l'instauration d'une double monnaie telle que prônée par le projet France 2022, ôte tout intérêt à une rupture franche avec l'Europe et la zone euro : se priver aujourd'hui du bouclier continental que constitue l'Union européenne est proprement insensé. Dans la jungle du monde actuel, aucun pays n'est capable de résister seul au rouleau compresseur d'une mondialisation qui n'a pas encore saisi les conséquences de la finitude des ressources non renouvelables et qui fonce au grand galop vers le précipice d'une pénurie imminente.

Il faudrait ici s'adresser directement à sa Majesté, la reine Elizabeth II, pour lui suggérer, sans autre forme de protocole et donc sans prendre de gants bien inutiles en l'occurrence, de faire de la livre Sterling une couronne nationale, une monnaie de service et d'abondance, n'ayant cours que sur le sol du Royaume Uni et qui ne soit plus disponible en espèces, tout en conservant la possibilité pour des personnes étrangères au Royaume Uni de venir y dépenser, leur superflu ou leur nécessaire, en euros ou dans tout autre monnaie de réserve. Puisse également Theresa May ou Boris Johnson prendre connaissance de cette courte incise (et de tous les détails d'une mise en oeuvre esquissée) pour sortir la tête haute d'un imbroglio qu'un Brexit mal pensé a dressé sur sa route.

La création d'une couronne nationale concerne en effet toutes les nations : aucune n'est vraiment libre dès lors  qu'elle n'est pas en mesure d'émettre la quantité de monnaie utile à son économie. Encore faut-il que cette monnaie ne devienne pas l'instrument d'une mise en coupe réglée de pays plus faibles comme le fait aujourd'hui un dollar complètement déconnecté des réalités planétaires : raréfaction des ressources primaires, abondance du temps humain, volonté des peuples de s'affranchir d'une tutelle pesante et d'accéder à un niveau de subsistance qui ne frise pas l'indécence. Aucune nation n'est vraiment libre dès lors qu'elle est dans l'incapacité d'apporter des liquidités dans les secteurs de son économie qui en ont le plus besoin.

La France, comme de nombreuses nations, n'est plus libre de mener la politique monétaire qui convient à ses habitants, à son histoire, à ses structures, à ses atouts, à ses propres chances, à tout ce qui la distingue des autres nations. Le projet France 2022 prévoit de restaurer et d'accroître cette liberté. Sans elle, aucune renaissance n'est possible puisque la France, comme les autres nations européennes, se trouve désormais entre l'enclume d'une mondialisation échevelée et le marteau d'un euro conçu pour gérer la pénurie et pour récompenser les peuples industrieux, ceux qui ne vivent pas de l'air du temps et qui savent qu'il est impossible de vivre toujours à crédit. Tant que nos capacités d'exportation resteront bien inférieures à nos facultés d'importer, la politique monétaire de la zone euro nous poussera à l'endettement et vers la récession.

Il nous faut casser cette spirale infernale, non en sortant de la zone euro qui  nous permet d'importer à bon compte tout en pesant, hélas, sur nos capacités d'exportation (*), mais en créant un espace monétaire autonome qui permette non seulement d'alléger nos coûts de fabrication mais encore de financer des travaux qui n'ont pas à s'exécuter dans le cadre d'un modèle productiviste : lorsqu'un policier ou un militaire est en opération, lorsqu'un enseignant dresse (!), éduque et instruit des élèves ; lorsqu'un personnel médical s'occupe d'un patient ; lorsqu'un juge cherche la meilleure sanction pour un coupable ; lorsqu'un chercheur explore un domaine ...,  il n'a pas à régler ses faits et gestes selon une logique de profit immédiat, chiffrable aisément, ... il lui faut agir en conscience et avec discernement pour que son travail porte un fruit de long terme.

(*) Le projet France2022 s'affranchit de ce poids qui pénalise notre économie. Voir à ce propos la tribune : "Des causes désargentées". Cet affranchissement est obtenu de deux façons complémentaires : d'une part, en évitant que les activités censées apporter des devises ne supportent un niveau de prestations sociales (les causes désargentées) sans commune mesure avec des pays concurrents qui n'ont cure du bien être intégral de leurs habitants ; d'autre part, en réduisant l'importation de biens et de services dont une meilleure organisation de l'économie française rendrait la production à nos territoires. Il ne s'agit pas, évidemment, de baisser le niveau des prestations. Au contraire ! Il s'agit de l'élever en quantité et en qualité en le finançant par une nouvelle monnaie et non plus par des taxes, des cotisations et des impôts qui laminent nos capacités d'exportation. Sur l'autre versant, il ne s'agit pas non plus de tendre vers un repli sur soi, une autarcie maladive, qui couperait la France du reste du monde. Au contraire ! Si le développement des échanges commerciaux ne met pas en péril les ressources non renouvelables, n'est pas cause d'injustice à l'égard de pays tiers, ne génère pas davantage de chômage chez nous, ne déséquilibre pas notre balance des paiements, alors il est tout à fait possible de le poursuivre et de l'augmenter.

En retenant Carlos Ghosn contre son gré, le Japon cause un tort immédiat à l'entreprise Renault et à la France. Sans doute aussi à Nissan et à Mitsubishi, par répercussion. Plût au Ciel que ce coup de force ait finalement d'heureuses conséquences : par grâce, il est possible que cet accident de parcours nous rende non seulement un manager hors pair mais un homme revenu sain et sauf d'une épreuve que le pire ennemi ne souhaiterait à personne.

Nul doute qu'alors notre compatriote saura écrire de très belles pages à la suite d'un parcours qui, déjà, en comportait d'admirables. Familier du relèvement de défis hors normes, Carlos Ghosn est en effet capable de transformer l'épreuve douloureusement vécue en un tremplin vers de nouveaux horizons : la force brute ne saurait arrêter l'agilité, la capacité de rebond et la souplesse d'un athlète.

En ces temps troublés (automne 2018), la France a besoin d'hommes d'une trempe exceptionnelle. Managers et chefs dans l'âme mais également visionnaires car, à force de nous lamenter sur un passé qui n'est plus - un passé parfois injustement décrié -, nous finirions par oublier qu'il nous faut, avant tout, savoir regarder au loin, anticiper les événements à venir, si nous voulons avoir quelque chance et quelque latitude d'en diriger ou d'en influencer le cours. Toute l'industrie automobile française et, plus largement encore, toutes nos industries ont besoin de l'expérience, du tempérament et du caractère d'un Carlos Ghosn : là où tant d'hommes et de femmes désespèrent d'être à pied d'oeuvre, entraînés par un projet fédérateur, stimulés dans leurs efforts d'inventivité, de créativité et d'adaptation, il est nécessaire que se lèvent des personnes capables d'imiter ce qui paraît inimitable. L'épreuve du feu qu'a traversée Carlos Ghosn lui donnera, à n'en pas douter, l'art et la manière de communiquer ce qui paraît ne pouvoir l'être.

S'il advenait que des accusations tout à fait justifiées puissent être apportées à l'encontre de Carlos Ghosn et de sa gestion des deniers de l'entreprise Nissan, il ne faudrait pas que, sous prétexte de sanction exemplaire, cet homme soit voué aux gémonies et empêché d'agir : il suffirait de lui demander de réparer intelligemment les torts qu'il aurait pu commettre. Ce dont il s'acquitterait avec brio.

Dans un monde américanisé à l'excès, dans un univers où chacun finirait par avoir la gâchette facile, abattre un homme n'est jamais salutaire : vient un moment où le justicier autoproclamé découvre qu'il aurait mieux fait de réfléchir à deux fois avant de prétendre faire place nette.

Revenons aux atouts de notre douce France, menacée de toutes parts mais qui ne se rendra jamais tout entière : si un coin devait céder sous les assauts furieux d'un monde en délire, le reste tiendrait bon. Nul n'abat un chêne multiséculaire à la force du poignet et les ennemis de la France, de l'intérieur comme de l'extérieur, même armés jusqu'aux dents font piètre figure : tandis qu'ils pensent déraciner une souche malade et pourrie ils ne font qu'ancrer davantage le pouvoir intemporel d'un arbre aux multiples ramifications. Plus l'ennemi s'en prend à lui, plus il résiste et se fortifie.

France insubmersible, indomptable, ... soeur d'une Russie qui ne s'en laissera jamais conter et qui se referme immanquablement sur tout envahisseur. Voilà donc deux soeurs qu'il va bien falloir, un jour ou l'autre, rapprocher par un grand projet d'infrastructure ferroviaire, reliant au passage tout une grappe de villes qui ne manqueront pas de prospérer le long d'un axe Paris - Moscou et, si Dieu le veut, Vladivostok - Dublin ! Tout cela, en dépit des sarcasmes, des alarmes, des peurs et des coups bas que ne manqueront pas d'engendrer une telle hypothèse. Les concepteurs et défenseurs du  projet France 2022 s'y attacheront contre vents et marées comme Gustave Eiffel, en son temps, sut défendre avec son équipe sa tour contre tous les fossoyeurs de la modernité industrielle. C'est ainsi que l'on fait taire, enfin, le bruit des armes ; que l'on met à bas toutes les postures grotesques, indignes et meurtrières ; que l'on donne aux générations montantes et futures le goût de croire, d'espérer et d'aimer car la science véritable et la technique, au service d'une plénitude authentique, jamais ne s'opposent à la confiance évangélique, qualifiée "d'aveugle" par les sceptiques, mais qu'il faudrait dire simplement "audacieuse" et, surtout, hors des atteintes les plus calamiteuses.

Carlos Ghosn incarnait cet esprit d'audace. Il est alarmant qu'il fasse aujourd'hui les frais d'une guerre de succession. Ses conditions de détention détruisent ainsi l'un de nos atouts maître. Dans la partie de go très violente qui se joue avec le Japon, il n'est pas certain que nous soyons à la hauteur. Espérons que le gouvernement français et la présidence agissent au moins de manière habile et secrète puisque, hélas (mais peut-être est-ce nécessaire en l'occurrence), nous n'entendons guère parler d'une défense musclée de Carlos Ghosn. Au-delà de tout ce qui pourrait lui être reproché sur un plan financier, la France doit en effet, comme le Liban, défendre le bilan d'un patron hors norme qui, par bien des aspects, a su offrir à Nissan une sortie honorable quand ce constructeur s'était fourvoyé dans une impasse multifactorielle. A l'heure où nous écrivons ces lignes, il en va de la santé physique de Carlos Ghosn. Mis à rude épreuve, il est aujourd'hui soumis à une volonté de mise à mort symbolique (et peut-être davantage) par un pays qui n'est pas exempt de reproches (comme tous les pays) et qui ferait bien de balayer devant sa porte avant de prétendre moraliser le monde des affaires. En l'espèce, le minimum serait de démontrer, de manière convaincante, rigoureuse, honnête et juste, que celui qui est accusé aurait mis en péril les intérêts de Nissan par d'éventuelles malversations. Dans le cas contraire, il suffirait de lui demander de prendre en charge, par une contribution personnelle, tout préjudice collatéral vraiment attesté. Dans tous les cas, le traitement qui est infligé à Carlos Ghosn n'est pas digne d'un Etat de droit où les personnes sont respectées dans leur intégrité physique et où leur honneur n'est pas bafoué. Ce qui se passe là-bas est finalement très inquiétant : un pays qui passe de l'idolâtrie d'un homme à sa déchéance subite sans la moindre transition a certainement du souci à se faire pour son propre avenir. Ses réussites technologiques indéniables, ses réalisations artistiques admirables et sa puissance de feu industriel impressionnante pourraient un jour fortement pâtir de ses travers et, pour tout dire en bref, de sa façon imbécile de se rendre imperméable aux valeurs évangéliques après une résistance héroïque d'une Eglise japonaise persécutée comme peu d'autres Eglises l'ont été et ce, jusqu'au martyr d'Hiroshima et de Nagasaki. Sans préjuger du fond de l'affaire, Carlos Ghosn pourrait devenir le martyr et donc le témoin d'une cause qui dépasse largement les éléments primordiaux de l'affaire en cours : la conversion radicale d'un pays dont une partie de ses traditions s'oppose fondamentalement à l'Evangile tandis qu'une autre partie de son héritage est évidemment marqué, comme dans toute culture, par les semences de l'Esprit Saint.


Résultat de recherche d'images pour "jardin japonais PAU"


Si nous envisageons toutes choses d'un point de vue très large qui n'exclut pas les dimensions spirituelles et ne néglige aucun aspect bien tangible jusqu'aux éléments les plus terre à terre, force est de constater que l'un des atouts majeurs de la France est d'avoir su ouvrir largement son coeur aux appels de l'Evangile et si l'époque contemporaine donne à penser que notre magnifique héritage chrétien est en péril sur un sol Européen, encore marqué par le cataclysme des deux guerres mondiales, ne perdons jamais de vue que toute graine paraissant morte est capable de porter du fruit pourvu qu'elle soit plantée dans une bonne terre. Carlos Ghosn aura été, pour Nissan et pour le Japon, une semence de vie, animée d'une prodigieuse vitalité, en mesure de renverser des montagnes de problèmes, d'ignorances, de gabegies et d'errances, non pas seulement par la force d'un poignet d'une extrême solidité mais par une grâce surabondante tout à fait hors du commun. Cette grâce ne vient pas de nulle part. Elle arrive jusqu'à nous par les plaies du Christ en Croix comme nous l'a transmis l'Apôtre St Jean et par le truchement de tout homme de bonne volonté, qu'il ait été instruit des vérités de l'Evangile ou qu'il se soit laissé traversé par la lumière qui en émane depuis la nuit des temps.

Pour couvrir une étendue beaucoup plus vaste qui ne se cantonne pas aux frontières géographiques de notre pays, il était souhaitable d'inclure le projet France 2022 dans l'espace francophone et, plus largement encore, de le porter aux dimensions de la planète. Ici, nous pensons tout particulièrement à nos amis francophones du Liban, de tout le Moyen-Orient, de l'Afrique, du Canada et à ceux qui résident en Acadie ou au Québec. L'occasion nous est donnée, bien simplement, par le moyen prodigieux de la Toile, de prendre connaissance des travaux d'une très grande qualité d'une communauté d'hommes et de femmes loin du territoire de la métropole française mais si proches par le coeur de toutes les personnes de langue française. Il se trouve que Martin Latulippe vient de publier une vidéo qui entre formidablement en résonance avec ce qu'est en train de subir Carlos Ghosn. Tout lecteur sensible à l'épreuve d'un ego malmené et au séisme qui peut traverser toute vie humaine tirera un grand profit personnel de l'écoute du témoignage de Martin. 

Aucun commentaire: