Seule une société
qui accueille dignement sa jeunesse
qui accueille dignement sa jeunesse
et lui permet de se former de manière équitable
a légitimité pour conférer à ses éducateurs et formateurs
une véritable autorité : une autorité qui autorise,
une autorité qui n'hésite pas à imposer des contraintes,
mais de belles contraintes
qui permettent à chacune et à chacun
qui permettent à chacune et à chacun
de se dépasser, d'être fier de lui ou d'elle,
de s'engager et de réussir,
de s'engager et de réussir,
au lieu d'être condamné à la marginalité,
la précarité et l'exclusion.
in "L'autorité au collège"
de Guillaume Caillaud
Avant propos
de Philippe Meirieu
Tribune en cours de rédaction.
Cette tribune prolonge celle qui fut consacrée à une refonte technique de l'enseignement, de la petite section de maternelle jusqu'à la terminale : "Pour une école renouvelée en France". Elle complète aussi la tribune : "Vive la fonction publique !" et la Lettre ouverte aux fonctionnaires français.
Cette tribune entremêle plusieurs thèmes signalés, dans la rédaction finale, par un jeu de couleurs afin de faciliter la critique du texte : un lecteur s'intéressant à un point de vue précis (théologique, philosophique, sociologique, mathématique, éducatif, didactique, ...) pourra survoler les thèmes connexes.
L'une des figures de proue du projet France2022 : l'avortement et l'IVG est d'ores et déjà signalée par la couleur bleue.
Très intimement lié à l'IVG, le thème central du malthusianisme apparaît en rouge.
Un autre thème prépondérant : les mathématiques en France est mis en relief par un texte noir sur fond jaune.
Ceux qui ne comprennent pas cette façon de rédiger ou ne sont pas prêts à en tirer profit, dénonceront certains rapprochements thématiques et les moins indulgents auront beau jeu de parler "d'amalgames, de raccourcis, d'approximations ...". A force d'en travailler le texte, ils finiront par saisir l'intérêt de rapprocher des points de vue différents : la crise de l'école française est systémique ; elle ne s'explique pas seulement par une analyse du système éducatif mais par une réflexion qui va bien au-delà. Une réflexion qui tienne compte à la fois des dysfonctionnements patents et des réussites évidentes du système éducatif à la française mais aussi des pressions qu'exerce sur lui une société fort mal en point dans un monde traversé par des tumultes inouïs.
Pourquoi notre école en France va-t-elle si mal aux dires de certains ?
(Sachant que toute affirmation critique à propos d'une réalité complexe ne peut être énoncée à la va-vite ; sans préciser de quoi on parle ; quels sont les termes de la comparaison ; les données prises en compte ... Sachant aussi qu'affirmer que l'école se détériorerait ne peut s'appuyer exclusivement sur les résultats d'enquêtes internationales : les mauvais scores obtenus par les élèves français, en mathématiques notamment, ne s'expliquent pas seulement par l'inadéquation éventuelle des programmes et de leurs mises en oeuvre mais aussi par la mauvaise réception de ces programmes et encore par des difficultés externes au système scolaire, des problèmes qui traversent la société française de part en part).
Peut-on répondre à cette question sans invoquer seulement des arguments internes au système éducatif et sans caricaturer la situation mais en élargissant le propos : en considérant la société française dans son ensemble, en osant parler de ce qui est trop souvent occulté, déformé, abusivement simplifié ?
Au terme d'une première analyse à spectre large qui sort du cadre de l'Education Nationale, nous comprendrons mieux pourquoi certains choix pédagogiques ont été faits et nous serons plus à même de remédier à une situation globale dont l'école est l'un des révélateurs : réformer nos écoles sans revoir certains éléments de politique plus générale revient à donner des coups d'épée dans l'eau.
(Sachant que toute affirmation critique à propos d'une réalité complexe ne peut être énoncée à la va-vite ; sans préciser de quoi on parle ; quels sont les termes de la comparaison ; les données prises en compte ... Sachant aussi qu'affirmer que l'école se détériorerait ne peut s'appuyer exclusivement sur les résultats d'enquêtes internationales : les mauvais scores obtenus par les élèves français, en mathématiques notamment, ne s'expliquent pas seulement par l'inadéquation éventuelle des programmes et de leurs mises en oeuvre mais aussi par la mauvaise réception de ces programmes et encore par des difficultés externes au système scolaire, des problèmes qui traversent la société française de part en part).
Peut-on répondre à cette question sans invoquer seulement des arguments internes au système éducatif et sans caricaturer la situation mais en élargissant le propos : en considérant la société française dans son ensemble, en osant parler de ce qui est trop souvent occulté, déformé, abusivement simplifié ?
Au terme d'une première analyse à spectre large qui sort du cadre de l'Education Nationale, nous comprendrons mieux pourquoi certains choix pédagogiques ont été faits et nous serons plus à même de remédier à une situation globale dont l'école est l'un des révélateurs : réformer nos écoles sans revoir certains éléments de politique plus générale revient à donner des coups d'épée dans l'eau.
Ceux de nos enfants qui sont aujourd'hui scolarisés sont les rescapés d'une extermination que notre pays, que l'Europe et le monde n'avaient encore jamais connue alors même que les apparences nous font croire ou penser le contraire. Le terme "extermination" paraîtra excessif aux personnes qui préfèrent réserver son emploi à des moments précis de notre histoire. Qu'elles sachent que son usage dans le contexte de l'avortement ne vise pas un amoindrissement des horreurs du XXème siècle - guerres mondiales et génocides - mais qu'il en révèle au contraire l'ampleur : l'avortement et sa "consécration" par l'IVG se situent dans le prolongement de ces horreurs.
Beaucoup s'imaginent que le XXème siècle est indépassable en terme d'horreur, de guerres, de massacres, déportations, barbaries, ... Pourtant, ce que nous vivons depuis une quarantaine d'années prolonge ce que les générations précédentes ont connu. Tandis qu'une opulence matérielle semble combler les moindres attentes - du moins de ceux qui disposent de moyens suffisants - une sourde désespérance s'insinue partout et produit un cataclysme sans précédent.
Beaucoup s'imaginent que le XXème siècle est indépassable en terme d'horreur, de guerres, de massacres, déportations, barbaries, ... Pourtant, ce que nous vivons depuis une quarantaine d'années prolonge ce que les générations précédentes ont connu. Tandis qu'une opulence matérielle semble combler les moindres attentes - du moins de ceux qui disposent de moyens suffisants - une sourde désespérance s'insinue partout et produit un cataclysme sans précédent.
Rescapés d'un système kafkaïen, nos enfants et nos jeunes sont ensuite passés au laminoir d'une école qui prend en compte les avancées en matière de sciences de l'éducation et qui fait preuve d'un souci plus juste de toute forme de handicap mais qui, dans le même temps, envoie encore un nombre impressionnant de personnes à la casse tout au long d'une scolarité semée d'embûches, de la petite section de maternelle jusqu'au baccalauréat puis dans l'enseignement supérieur.
A l'heure actuelle, dans chaque classe de tout établissement scolaire de l'hexagone manque à l'appel un quart de l'effectif présent puisque plus d'un cinquième de toute génération montante est désormais éliminée par la multiplication des avortements. Dans une classe de trente élève manquent sept à neuf élèves. Ceux-ci ont été renvoyés dans le monde invisible comme indésirables, dès avant leur naissance. Ceux-là - ceux qui restent, ceux qui ont pu franchir l'obstacle de l'avortement - sentent confusément qu'ils sont en sursis et, sans pouvoir le formuler clairement, savent qu'ils sont là comme par effraction après avoir échappé aux coups d'une roulette russe qui s'acharne sur les plus faibles et sur les foyers ou les personnes les plus vulnérables.
Pour ceux qui ont vu le jour, le calvaire va se poursuivre dans un monde où de nombreuses "élites", effarées par la démographie mondiale qu'elles qualifient volontiers de "galopante", vont tout faire pour mettre des bâtons dans les roues des jeunes pousses. Ces "élites" détruisent pas à pas, jour après jour, les fondements d'une société qui s'était construite pour préserver toute vie humaine et la protéger de toute forme de barbarie au temps où les hommes et les femmes comptaient sur une main d'oeuvre abondante, des enfants nombreux pour mettre la main à la pâte ou à la charrue, dès que possible et sans nécessairement accorder beaucoup d'attention aux voeux, aspirations, désirs, intuitions, talents manifestes, ... des uns et des autres au temps où la mort des enfants en bas-âge et la mortalité des femmes en couches étaient perçues comme des fatalités ; où la venue d'un enfant était accueillie comme une bénédiction ; où même des parents pauvres ne songeaient pas à tuer le benjamin mais préféraient abandonner leurs enfants au bras d'une Providence toujours capable de prouver que le Petit Poucet est justement celui qui sauve tous ses frères (au prix, il est vrai, du meurtre de soeurs victimes de la méprise de l'ogre, leur père ..., crime qui annonce peut-être le choix préférentiel des garçons qui prévaut aujourd'hui là où les géniteurs ont la possibilité d'avorter prioritairement en défaveur des filles).
Il ne s'agit donc pas ici d'encenser des comportements antérieurs ou de glorifier des attitudes qui ont finalement conduit aux désastres que nous connaissons aujourd'hui : si l'Europe et la France sont embarquées dans des politiques criminelles à l'égard des jeunes pousses, nous le devons, en partie, aux mauvais plis hérités du passé et, en particulier, aux horreurs du XXème siècle mais aussi du XVIIIème qui ont plongé l'Europe dans un état dont elle peine à sortir.
Il ne s'agit pas non plus de penser ou d'affirmer que tout irait de mal en pis
(vidéo d'Olivier Roland :
bien des progrès ont été accomplis, y compris dans l'enseignement ! mais subsiste hélas et même se répand, un point de vue qui tend à faire de toute personne humaine - et ce d'autant plus qu'elle est vulnérable ou non performante - un être de trop sur une planète qui serait saturée de présence humaine (*). Point de vue qui conduit à sélectionner seulement ceux qui seraient jugés dignes de faire partie de l'humanité active, créative, productive, performante, compétitive ... et à rejeter tous les autres. Point de vue qui tend à pourchasser tel ou tel groupe humain jugé coupable des maux contemporains ou accusé de méfaits anciens. Point de vue que tout esprit objectif et honnête ne peut que constater au sein des établissements scolaires de France et de Navarre alors même que s'y déploient des tonnes de générosité dans un contexte mortifère.
(vidéo d'Olivier Roland :
Où va l'humanité ? Vivons-nous dans l'un des pires moments de l'humanité ou le meilleur ? (64/365)) :
bien des progrès ont été accomplis, y compris dans l'enseignement ! mais subsiste hélas et même se répand, un point de vue qui tend à faire de toute personne humaine - et ce d'autant plus qu'elle est vulnérable ou non performante - un être de trop sur une planète qui serait saturée de présence humaine (*). Point de vue qui conduit à sélectionner seulement ceux qui seraient jugés dignes de faire partie de l'humanité active, créative, productive, performante, compétitive ... et à rejeter tous les autres. Point de vue qui tend à pourchasser tel ou tel groupe humain jugé coupable des maux contemporains ou accusé de méfaits anciens. Point de vue que tout esprit objectif et honnête ne peut que constater au sein des établissements scolaires de France et de Navarre alors même que s'y déploient des tonnes de générosité dans un contexte mortifère.
(*) Ainsi peut-on lire cette incise hâtive et incomplète :
"Cent quarante millions de naissances chaque année dans le monde. Quasiment un Nigéria de plus tous les douze mois. L'humanité vit déjà à crédit sur les ressources d'une planète qui ne supportera pas une telle pression très longtemps. Pas besoin de lister les dangers qui nous menacent ou d'ergoter sur notre propension à l'autodestruction, il suffit de lire la presse. Nous faisons un enfant sur le Titanic." Julien Blanc-Gras, in utero, p. 108
Paragraphe court où se concentre cette forme d'esprit malthusien qui s'appuie sur une donnée exacte mais partielle pour dériver ensuite vers une conclusion alarmiste. 140.000.000 de naissances, oui mais auxquelles il faut enlever au moins 57.000.000 de décès par an.
Combien d'enseignants pourraient témoigner du désespoir qui les étreint de voir tant d'enfants et de jeunes en très grande difficulté dès le primaire puis tout au long de leur scolarité ? Tous ces enseignants qui sentent que ces élèves sont victimes d'un système complètement grippé où l'Education Nationale a sa part de torts, certes, mais dans le sillage d'une société désormais gouvernée par des principes malthusiens. Société si profondément malthusienne qu'elle n'a de cesse d'imprimer partout ses visées pusillanimes et ses principes d'économie moribonde où sont mis en avant les risques de pénurie, les menaces, les événements susceptibles d'effrayer une population mondiale placée, sans autre forme de procès, au banc des accusés et condamnée, sans appel, à faire profil bas en occultant simultanément toutes les merveilles que l'humanité a pourtant accomplies.
Une science parmi d'autres et son enseignement participent grandement au malthusianisme ambiant. Elle est devenue en quelques années un passage obligé pour d'innombrables cursus dits "supérieurs" sans qu'ait été prouvée la raison d'être d'un tel état de fait. Dès lors que nous prendrons conscience de cela, nous sortirons peu à peu d'une situation folle que nous pensons améliorer par d'innombrables mesurettes tandis qu'il faudrait revoir de fond en comble l'enseignement des mathématiques en France et la place d'une telle discipline dans le jeu de massacre qui éliminent d'innombrables jeunes pousses en usant d'arguments trompeurs (que nous prendrons le temps de disséquer ultérieurement).
Parmi ces arguments, le rang mathématique de la France dans le concert des nations, tant au niveau de l'excellence qu'au simple niveau d'évaluation des performances de nos jeunes pousses. On nous répète que nos élites mathématiques sont parmi les plus brillantes et que nos étudiants sont parmi les moins bons selon un profil en double bosse, soit des proportions supérieures au reste du monde dans deux catégories aux antipodes : les forts en maths et les nuls en maths. D'où l'on tire deux interprétations en trompe l'oeil : enseignement de haut niveau pour les meilleurs et enseignement pitoyable ou inepte pour tous ceux qui sont à la peine.
De fil en aiguille, on en vient à désigner un coupable idéal : l'enseignement primaire. Joli pirouette qui passe à côté de l'essentiel : les mathématiques sont devenues aujourd'hui le fer de lance d'une élimination sans précédent de nos jeunes pousses et la seule refonte de la formation des professeurs des écoles - notamment en mathématiques - ne changera rien à ce drame tant que nous persisterons dans l'erreur consistant à vouloir sélectionner les jeunes pousses sur de très mauvais critères de réussite et tant que les instances dirigeantes du système scolaire n'auront pas pris la mesure du calvaire que vivent de nombreux professeurs des écoles auprès d'un public déjà fortement perturbé et, par voie de conséquence, difficilement tenable en classe voire ingérable.
Combien d'enfants, de parents et d'enseignants pourraient ainsi témoigner du drame qui se noue à chaque heure du jour dans des classes où un seul élève compromet gravement l'avenir de ses condisciples par un comportement qui ne relève plus de l'instruction et de l'éducation collective mais d'une thérapie, d'un dressage ou d'une éducation individuelle des plus élémentaires ? Au nom d'une tolérance imbécile, des adultes pusillanimes en viennent à laisser pourrir des situations d'incivilités majeures et à laisser perdurer des comportements odieux qui blessent l'ensemble des élèves et qui compromettent gravement la santé des personnels de l'Education Nationale (*) ou les découragent au point de rendre leur tablier et de démissionner alors que leur vocation enseignante ne fait guère de doute.
(*) Voir à ce propos "Quand les profs craquent ... ", enquête fouillée de Maurice Tarik Maschino qui mentionne les travaux conduits sur ce thème.
Combien d'enfants, de parents et d'enseignants pourraient ainsi témoigner du drame qui se noue à chaque heure du jour dans des classes où un seul élève compromet gravement l'avenir de ses condisciples par un comportement qui ne relève plus de l'instruction et de l'éducation collective mais d'une thérapie, d'un dressage ou d'une éducation individuelle des plus élémentaires ? Au nom d'une tolérance imbécile, des adultes pusillanimes en viennent à laisser pourrir des situations d'incivilités majeures et à laisser perdurer des comportements odieux qui blessent l'ensemble des élèves et qui compromettent gravement la santé des personnels de l'Education Nationale (*) ou les découragent au point de rendre leur tablier et de démissionner alors que leur vocation enseignante ne fait guère de doute.
(*) Voir à ce propos "Quand les profs craquent ... ", enquête fouillée de Maurice Tarik Maschino qui mentionne les travaux conduits sur ce thème.
En s'intéressant à la manière dont les mathématiques sont devenues le fer de lance d'une élimination désastreuse, nous verrons que de simples réformettes ne changeront pas grand chose à la situation actuelle : tant que nous ne sortirons pas des présupposés malthusiens qui "gouvernent" aujourd'hui le monde, se maintiendront de multiples systèmes, dont celui de l'enseignement (mais aussi de nos systèmes médicaux ou agricoles et autres systèmes productifs), tendant à faire peser un poids démesuré sur les jeunes pousses humaines.
Notons à ce propos que les comportements odieux de certains élèves contribuent à augmenter ce poids démesuré : par les perturbations qu'ils engendrent, ils propagent le fond de l'esprit malthusien, celui qui consiste à éliminer le plus de monde possible en commençant par les plus faibles. Dans une classe où un seul perturbateur en pleine forme sème la pagaille, ce sont les élèves les plus en difficulté qui pâtissent le plus des tensions engendrées par celui qui n'a pas sa place dans un collectif où doivent régner un silence, un calme et un plaisir suffisants pour que tous progressent et, en particulier, les plus fragiles.
Notons à ce propos que les comportements odieux de certains élèves contribuent à augmenter ce poids démesuré : par les perturbations qu'ils engendrent, ils propagent le fond de l'esprit malthusien, celui qui consiste à éliminer le plus de monde possible en commençant par les plus faibles. Dans une classe où un seul perturbateur en pleine forme sème la pagaille, ce sont les élèves les plus en difficulté qui pâtissent le plus des tensions engendrées par celui qui n'a pas sa place dans un collectif où doivent régner un silence, un calme et un plaisir suffisants pour que tous progressent et, en particulier, les plus fragiles.
Les mathématiques participent aujourd'hui à l'entretien de l'un des mensonges de l'histoire contemporaine : la prétendue augmentation continue de l'espérance de vie. S'en tenant aux seules données visibles - les décès comptabilisés en omettant les avortements et les fausses couches - le calcul proposé à l'heure actuelle ne rend pas compte de la désespérance qui, au contraire, ne cesse de croître et de s'entretenir par l'effet d'une boucle cybernétique à rompre sans tarder : la désespérance engendre l'avortement qui, lui même, génère de l'angoisse et du désespoir. En tenant compte des avortements et des fausses couches, une statistique honnête montrerait que l'espérance de vie à la conception n'a pas fait les progrès que la seule espérance à la naissance laisse entendre : nous sommes dans un monde qui persiste dans ses erreurs, dont l'une des plus graves est de pourchasser les générations montantes, soit en les envoyant au front dans des combats atroces comme au XXème siècle, soit en les faisant disparaître avant qu'elles ne viennent menacer nos propres sécurités, notre pain, nos positions, nos jobs, nos pouvoirs ... comme au XXIème siècle quand ce n'est pas en les livrant, pour ainsi dire, au monde de la rue, aux appétits voraces d'entreprises malhonnêtes, à toutes sortes de trafic et aux jeux d'une déchéance facilitée par une gamme de plus en plus large d'artifices et de drogues des temps "modernes".
Les mathématiques méritent mieux que cette contribution au malthusianisme ambiant et à la destruction de notre jeunesse. Au lieu de servir les basses oeuvres d'une sélection parfois assumée mais le plus souvent camouflée et stupide, elles pourraient avoir un rôle décisif dans de multiples compartiments de l'enseignement puisqu'elles offrent, par leur précision théorique et leur rigueur, de très solides appuis à toute pédagogie bien pensée et bien conduite. Encore faudrait-il repenser l'exposition de leurs contenus, la façon de les faire assimiler et la manière de contrôler cette assimilation. Encore faudrait-il également ne pas les réduire à l'apprentissage de la résolution de problèmes qui n'est qu'un aspect d'un ensemble beaucoup plus vaste.
Disons d'emblée, pour commencer par ce point crucial, que le caractère scientifique des mathématiques est largement battu en brèche par une mise à l'épreuve des élèves le plus souvent inadaptée. Il n'est pas rare en effet que nos jeunes apprennent en classe à faire de la bicyclette à vitesse raisonnable, en terrain plat, avec assistance respiratoire, ... et qu'il leur soit demandé, lors d'une évaluation, de pratiquer le monocycle en pente raide, le plus vite possible, en apnée, en terrain accidenté ..., soit une mise à l'épreuve sans aucune mesure avec ce qu'ils ont appris de sorte que, bien loin de jauger un niveau mathématique, l'épreuve sanctionne des aptitudes dépassant le cadre strict de la discipline : bonne gestion du temps, esprit de décision, intelligence fluide, lucidité, goût pour l'abstraction et le langage technique, solidité émotionnelle, sang froid, dynamisme, attention, concentration, courage, ténacité, confiance en soi, habiletés connexes et diverses ... toutes qualités essentielles mais qui ne sont guère enseignées puis développées pour elles-mêmes alors qu'elles sont indispensables pour réussir dans une discipline très exigeante pour tout cerveau humain. Si exigeante qu'il est impossible pour de nombreux jeunes de résoudre un problème mathématique hors sol tant ils sont déjà envahis par les problèmes de leur entourage plus ou moins proche : familles en situation bancale ou très critique, quartier livré à des bandes, département sinistré, France en déconfiture, chômage galopant, ... et nouvelles alarmantes du monde pour ne citer que quelques champs potentiels de "distraction" et de perte d'énergie nerveuse, cérébrale, cognitive, physique ...
Nous voudrions que nos jeunes soient disponibles pour la résolution de problèmes qui ne semblent pas les concerner directement (même si l'aptitude à résoudre des problèmes scolaires conditionne grandement leur orientation et leur avenir) alors que de multiples problèmes qui les touchent de près n'ont pas trouvé de réponses satisfaisantes ; alors que de nombreux problèmes n'ont cessé de s'aggraver depuis plus de quarante ans sous l'effet d'une mondialisation en partie déloyale et de politiques criminelles ; alors que des difficultés nouvelles sont apparues.
Parmi ces problèmes de fond, nous devons à la vérité de dire que l'éradication précoce des jeunes pousses françaises est poussée à un tel degré depuis l'année funeste de l'instauration de l'IVG (17 janvier 1975) qu'elle ne peut rester sans incidence manifeste ou insidieuse sur la plupart de nos élèves. Il suffit pour cela de penser au nombre de ceux qui sont directement touchés par l'avortement de l'un des membres de leur fratrie. Croire que cela ne saurait les affecter relève de la fantaisie la plus sotte et la plus délétère tant sont reconnus le pouvoir des non dits familiaux et la nocivité des poids explicites qui dépassent les capacités d'entendement ou de réceptivité du jeune âge : comment un enfant ou un jeune qui sait ou pressent qu'il occupe une place laissée vacante peut-il vivre cela sereinement ? Certainement pas en banalisant un geste qui a mis à mort l'un des siens. Comment des aînés qui ont échappé au geste abortif peuvent-ils ressentir la mort du benjamin ? Sait-on le poids qu'ils risquent de porter et que certains portent en effet ?
Sans même invoquer ce type d'argument que d'aucuns jugeront excessifs, comment ne pas songer à toutes les femmes qui jouent un rôle auprès de notre jeunesse et qui ont cédé un jour à la tentation d'achever en elles la vie de celui ou de celle qu'elles portaient ? Combien d'enfants souffrent d'entendre dire : "Ah, si j'avais su !" lancé par une mère en colère venant à regretter de n'avoir pas eu recours, pour eux aussi, à une solution expéditive qui aurait évité les déboires du moment ?
A travers tous les drames singuliers qui touchent beaucoup d'enfants, d'adolescents et d'adultes aujourd'hui se dessine une infâme mentalité malthuso-abortive qui ne se cache même plus. Elle répand sa violence quotidienne à tous les étages d'une société complètement ébranlée dans ses fondements et qui, de fait, ne sait plus où elle va. Elle sait si peu ce qu'il convient de faire qu'elle en vient à ne plus savoir qu'enseigner à ses mômes, des mômes au demeurant si perturbés qu'ils ne savent plus écouter, faire silence quelques instants, ... et font tant de bruit qu'ils contraignent nombre d'enseignants à hurler à longueur de journée.
Que disent ces mômes ? Le mal-être d'une société qui n'en peut plus de laisser faucher une grande partie de sa jeunesse et de l'immoler sur les autels de Mammon au bénéfice d'une caste mondialisée qui regrette de n'être pas seule, entre soi, en tout petit nombre ... sur la planète pour jouir tranquillement de ses trésors. Ces mômes le disent en parole, par d'innombrables agitations, gesticulations, énervements ... qu'un rythme de vie de plus en plus coupé de la nature, de ses lois et de ses modes de régulation a le don d'amplifier jusqu'au paroxysme qui épuise les éducateurs, les enseignants, les parents, tout adulte en charge d'une jeunesse déboussolée, oppressée, menacée.
Un ancien président de la république française, sur un plateau de télévision, s'étonnait de l'apathie de la jeunesse alors qu'il avait lui-même contribué à cet état en légiférant contre elle, contre ses intérêts, non seulement en cautionnant l'IVG mais en supprimant un Service National qu'il aurait fallu transformé, patiemment et intelligemment (voir à ce sujet le témoignage de Johnny Hallyday en vidéo à partir de la minute 10).
Deux mesures éloignées dans le temps et d'un point de vue thématique mais très proches sur un plan symbolique : le renoncement d'une nation à faire corps et à s'unir pour défendre ce qui est le plus fragile en son sein. En baissant la garde de cette façon, que pouvait-il advenir de notre école ? Pouvait-elle demeurer un sanctuaire inviolable alors que les entrailles de tant de femmes allaient devenir le tombeau de la relève ? Pouvait-elle continuer à instruire alors que l'apprentissage de l'ordre de bataille devenait caduque pour une jeunesse, sans défenses et sans armes, livrée en pâture pour satisfaire les appétits des profiteurs d'un système inique ?
Aurions-nous forcer le trait ? Nos écoles seraient-elles encore à l'abri de tous ces ogres qui rêvent de réduire notre jeunesse en esclavage ? Ces matrices essentielles pour le devenir d'une nation, même quand elles sont franchement imparfaites, peuvent-elles résister aux vents de la destruction massive ? Quand les entrailles des femmes sont abandonnées aux caprices d'un monde malthusien qu'en sera-t-il du ventre de la république ? Quand le ventre mou de la république française se rêve en "président normal", qu'adviendra-t-il de nos enfants et des entrailles des femmes pauvres qui n'auront bientôt plus que le fruit d'icelles à vendre (cf. la GPA (*) : Gestion Pour Autrui) ?
[(*) A propos de GPA, il est surprenant de constater combien la gestation ordinaire, sans la moindre transaction commerciale, est mal comprise : toute gestation est déjà "pour autrui" de sorte que le la GPA existe depuis le commencement de l'humanité et même la nuit des temps ! Nulle femme n'enfante seulement pour elle-même : son enfant, en toute rigueur, ne lui appartient pas. Elle le met au monde, elle le donne à l'humanité tout entière et tous les soins qu'elle lui prodigue sont autant de cadeaux offerts à tous. De même que toutes les blessures graves infligées à l'enfant, et a fortiori les atteintes à son intégrité, avant ou après sa naissance, risquent de mutiler le corps social. Pour bien tenir compte de ce qui vient d'être exposé et pour l'exprimer avec force, le projet France 2022 prévoit la création d'une monnaie de service (et d'abondance) permettant d'allouer des sommes importantes - créées ex nihilo et donc sans prélèvement sur les fruits des autres travaux - afin de soutenir toutes les femmes enceintes, leur mari ou leur compagnon, non seulement durant la gestation mais tout au long de l'éducation de leurs enfants.
L'allure socialisante de ces allocations paraît enfreindre un rappel et une recommandation en filigrane du pape léon XIII dans son encyclique Rerum Novarum au n° 11 : "Ainsi, en substituant à la providence paternelle la providence de l'Etat, les socialistes vont contre la justice naturelle et brisent les liens de la famille" qui, dès 1891 pressentait les conséquences de tant d'erreurs de gouvernement : des situations familiales de plus en plus dégradées. Il nous faudra donc mettre en place de sérieuses garanties afin que le rôle des pères, aujourd'hui si malmené, ne fasse pas les frais d'une mesure qui ne ferait qu'aggraver les tendances actuelles.]
Dans ce monde où quelques groupes d'intérêt, quelques "penseurs" en mal d'influence et quelques politiques sans conscience "travaillent" à la perte de notre relève, à la destruction de toute innocence et à la démolition de tout rempart susceptible de protéger les femmes d'une très vaste marchandisation, nos écoles subissent de plein fouet les assauts furieux de tous ceux qui ne jurent qu'en terme de "progrès" sociétaux : il faudrait que nos écoles deviennent des lieux de rééducation, de formatage et d'endoctrinement ; des fabriques de citoyens nouveaux, affranchis d'un ordre ancien qui serait périmé, libérés de toute détermination historique, géographique, anatomique et même génétique. Et si ce projet n'aboutissait pas, nos écoles n'auraient plus qu'à disparaître ou à être reconverties en centres de profits ...
Tel un serpent qui se mord la queue, cette ambition prométhéenne se dévore elle-même et ... nos écoles vont résister après avoir beaucoup souffert et fait souffrir car la situation devient de jour en jour plus intenable : promis au désoeuvrement, au déclassement, au chômage ou à une compétition effrénée, nos jeunes finiront par se rebeller contre cet ordre malthusien qui fait disparaître une grande partie des leurs (*) au prétexte que notre planète serait saturée de présence humaine et trop étroite pour les accueillir sans trop l'affirmer, évidemment, et donc en usant d'autres tactiques : fausse libéralisation des moeurs, fausse émancipation féminine, fausse liberté de choisir les pires solutions ; vraies attaques contre l'enfance, contre le socle familial, contre ce qui est faible et sans valeur marchande ...
(*) Aberration que l'on retrouve, toutes proportions gardées, dans le désordre de nos pêches industrielles qui prélèvent dans les océans et les mers - en dehors de toute recherche volontaire (oeufs d'esturgeons par exemple pour le caviar) - les femelles qui sont pleines d'oeufs et détruisent ainsi une possibilité de perpétuation des espèces capturées pourtant vitale pour la propre survie de l'humanité.
La tâche des enseignants est devenue titanesque. Au travaux d'instruction, s'ajoute maintenant la participation à une oeuvre de longue haleine : résister à tout ce qui s'apparente, de près ou de loin, à la destruction des générations montantes. Elles entrent à l'école, amputées dès le commencement, déjà fortement perturbées et de moins en moins réceptives au rythme lent d'un apprentissage en profondeur. Il faut courir. Glisser, surfer ... Oublier à toute allure. Surtout ne pas vouloir transmettre. Juste laisser éclore une intelligence qui ne demanderait qu'à se manifester et, surtout, qui songerait, par-dessus tout, à conquérir une autonomie devenue le sésame indépassable.
Plus l'enseignant se trouve en bout de chaîne, plus le voici confronté aux conséquences catastrophiques d'un parti pris pédagogique qui, laissant trop la bride sur le cou des apprenants au prétexte de développer leur autonomie le plus tôt possible, livre chaque année des générations en difficulté d'apprentissage, non pas seulement dans une discipline donnée mais sur tout le spectre des connaissances à enseigner et, plus grave encore, sur toute l'étendue des capacités élémentaires qui sont indispensables pour progresser : maîtrise suffisante de sa langue maternelle ; écoute, attention, concentration ; mémorisation à court et à long terme ; compréhension ; intelligence procédurale, ...
Parti pris en faveur de l'autonomie précoce (qui ne fait que renforcer un orgueil de mauvais aloi et une suffisance dommageable pour la curiosité intellectuelle) dont l'absurdité est ensuite cautionnée par une validation des acquis qui laisse trop de latitude à l'insuffisance et finit par entraîner quantité d'élèves dans des impasses : rendus incapables de suivre un enseignement de trop haut niveau pour leur faibles capacités d'apprentissage, ils finissent par accumuler des lacunes que seul un travail de remédiation en profondeur réussi(rai)t à combler.
L'enseignement à la française des mathématiques, envisagé selon une optique excessivement répétitive et cumulative comme s'il s'agissait d'acquérir la maîtrise d'une langue étrangère, a le grand tort d'alimenter le moulin des lacunes : un enfant qui a décroché se trouve bien vite largué par une exposition qui revient à l'excès sur des notions mal assimilées, qui ne fait pas assez droit à la diversité des mathématiques et qui n'accorde pas une place suffisante au langage naturel. Ce phénomène, joint au statut abusif de matière sélective, contribue grandement à créer d'innombrables souffrances allant d'une mésestime profonde de soi à la plus grande défiance à l'égard de toute transmission par un tiers, soit une immense perte de crédit qui finit par générer des problèmes insolubles parce qu'infiniment plus complexes qu'une simple résolution d'équation. Quant à ceux qui traversent un tel enseignement la tête haute, il leur est difficile de comprendre pourquoi tant de personnes sont à la peine et quasi impossible de remédier à une situation ne résultant pas seulement d'une approche didactique inadéquate mais encore d'une politique qui, en dernier ressort, met en oeuvre des principes malthusiens.
Le ressort malthusien n'a guère d'état d'âme. Il fait feu de tout bois. Le réduire à une simple querelle de chiffres serait bien mal le connaître. Il ne cherche pas seulement à peser sur le nombre des vivants. Il tente aussi d'exercer une influence sur l'organisation des sociétés humaines. En concentrant le pouvoir de décision aux mains de ceux qui survivent à une mathématisation excessive et bancale, il étend son pouvoir de nuisance sans crier gare, comme à pas feutrés, tel un prédateur toujours prêt à fondre sur sa proie. Ainsi en va-t-il, par exemple, d'une médecine où la statistique règne en folle du logis et où les sciences de la généralité finissent par étouffer la singularité de chacun au profit d'une industrie qui déploie d'autant mieux ses arsenaux qu'elle peut agir en terrain uniforme, régie par une norme commune aussi large que possible.
En contribuant, malgré elles, à la disparition des médecins français qui étaient de fin lettrés, les mathématiques et surtout leur enseignement dans le secondaire rendent un très mauvais service à la fécondité de notre nation et servent hélas, en esclave docile, les intérêts d'une chevauchée malthusienne qui n'hésite pas à tuer le tout venant, l'indésirable et le vulnérable de préférence, pour satisfaire l'égoïsme de quelques-uns.
En ces temps troublés, nous assistons bien, en effet, à l'avènement d'une norme qui prétend régir toutes choses et qui, faisant abstraction des lois du vivant, s'érige en maîtresse absolue des règles de bonne conduite : ne serait désormais recevable que ce qui repousserait toujours plus loin les lois du vivant voire les transgresserait de manière ostentatoire et provocante. Non contente d'ériger en modèles les comportements et les options les plus dérangeantes quand elles ne sont pas les plus contraires à l'ordre naturel le plus évident, cette nouvelle norme balaie d'un revers de main les siècles de construction patiente et subtile d'un droit positif censé défendre les plus vulnérables contre les intérêts d'un plus fort. Ce vent de folie emprunte largement ses thèses et ses arguments à une forme de conception juridique qui ne distingue pas nettement la personne et la chose (voir à ce sujet le texte remarquable de Roberto Andorno : "La distinction juridique entre les personnes et les choses à l'épreuve des procréations artificielles").
La guérilla d'origine malthusienne trouve là un terrain propice : ces hommes qui lui semblent de trop vont enfin pouvoir perdre leur statut de créature à part et devenir de simples matériaux pour le confort des plus fortunés. Partout, à tous les niveaux d'une société pervertie par les visées malthusiennes, l'homme et l'enfant se trouvent pourchassés et anéantis par des mécanismes qui tendent à les réduire au maximum en les privant des particularités qui font d'eux des personnes et non pas de simples objets livrés au bon vouloir de quelques puissants.
L'école d'inspiration malthusienne occupe le niveau qui se situe juste après l'échafaud de l'IVG : toutes les têtes qui n'ont pu être décapitées avant leur naissance vont être soumises à un lavage de cerveau qui prend soin d'avancer masqué. Il se pare des oripeaux de la science et se dit mû par de grands idéaux alors qu'il est foncièrement scientiste, bêtement athée, déshumanisant, liberticide et abêtissant puisqu'en opposition radicale avec le sel de la vie non seulement terrienne, maritime et de grand air mais encore spirituelle au sens le plus noble de ce terme.
Cette école d'inspiration malthusienne n'est pas encore l'école de la République française : cette dernière tente de résister vaillamment, en son corps exécutif, aux dérives de toutes les instances publiques et privées qui tendent à vouloir se substituer à elle et à la transformer en courroie de transmission de leurs idées mortifères mais elle ne parvient plus hélas à tenir face aux pressions qui s'exercent sur elle, notamment de la part d'un pouvoir politique corrompu, aux ordres d'une mondialisation déloyale et sans âme qui s'accommoderait volontiers d'une population mondiale la plus décervelée possible, non pas un peuplement d'hommes et de femmes libres et responsables mais une masse informe, insatisfaite et versatile, de jouets, de pantins, d'êtres chosifiés ou réifiés, de machines programmées pour consommer et s'autodétruire. Consommer pour enrichir quelques-uns et s'autodétruire pour répondre aux impératifs malthusiens !
L'école doit en effet lutter jour après jour pour que les générations rescapées d'un massacre sans équivalent dans l'histoire de l'humanité ne deviennent pas les esclaves d'officines qui se présentent sous un jour favorable, qui se déclarent philanthropes, qui se posent en donneuses de leçon ... mais qui, sous couvert d'intentions louables, travaillent en réalité à la perte de notre jeunesse et à la destruction de toutes les structures offrant quelque stabilité. Pourquoi ces officines agissent-elles ainsi ? Tout simplement parce qu'elles ont été fondées et qu'elles sont pilotées par des esprits imbus d'eux-mêmes et de leur pouvoir d'influence. Ces esprits ne croient ni à Dieu ni à diable et prétendent savoir ce qui est bon pour l'humanité.
Ces officines font feu de tout bois et sont prêtes à renverser tout régime politique qui n'entrerait pas dans leurs vues ou qui ne serait pas disposé à favoriser leur affairisme et leur prédation. Elles ont pour ennemi toute structure étatique soucieuse de protéger les plus faibles des ravages engendrés par les prédateurs de tout poil, par ceux qui sont à l'affût de la moindre vulnérabilité pour fomenter un mauvais coup et s'enrichir sur le dos de plus petit que soi. Elles adorent les situations de pénurie et se régalent à les provoquer. Elles prétendent travailler à la paix dans le monde alors qu'elles font de la guerre le nerf de leur business et qu'elles utilisent les fortunes colossales dont elles disposent pour générer des conflits là où leurs affaires et leurs intérêts les plus déments pourront en tirer le meilleur parti.
Le combat à mener pour tenir compte à la fois des trésors du passé en matière d'instruction et des avancées récentes dans le domaine des sciences cognitives est donc titanesque : il nous faut non seulement travailler dans le champ purement scolaire mais, plus encore, batailler pour défendre les générations montantes contre toutes les forces extra scolaires qui tendent à les laminer voire à les éliminer.
Notons au passage que le XXème siècle fut particulièrement fécond en progrès d'ordre pédagogique et didactique. Alors que sévissaient des forces inouïes de destruction, de grands esprits se sont levés et penchés au chevet d'un monde en déroute pour nous offrir aujourd'hui d'innombrables chemins à explorer afin de nous rendre capables de prendre soin des générations montantes en dépit de tous les courants qui s'opposent à cette oeuvre et au-delà de toute espérance à trop courte vue.
Titre de la tribune dans d'autres langues :
Les mathématiques méritent mieux que cette contribution au malthusianisme ambiant et à la destruction de notre jeunesse. Au lieu de servir les basses oeuvres d'une sélection parfois assumée mais le plus souvent camouflée et stupide, elles pourraient avoir un rôle décisif dans de multiples compartiments de l'enseignement puisqu'elles offrent, par leur précision théorique et leur rigueur, de très solides appuis à toute pédagogie bien pensée et bien conduite. Encore faudrait-il repenser l'exposition de leurs contenus, la façon de les faire assimiler et la manière de contrôler cette assimilation. Encore faudrait-il également ne pas les réduire à l'apprentissage de la résolution de problèmes qui n'est qu'un aspect d'un ensemble beaucoup plus vaste.
Disons d'emblée, pour commencer par ce point crucial, que le caractère scientifique des mathématiques est largement battu en brèche par une mise à l'épreuve des élèves le plus souvent inadaptée. Il n'est pas rare en effet que nos jeunes apprennent en classe à faire de la bicyclette à vitesse raisonnable, en terrain plat, avec assistance respiratoire, ... et qu'il leur soit demandé, lors d'une évaluation, de pratiquer le monocycle en pente raide, le plus vite possible, en apnée, en terrain accidenté ..., soit une mise à l'épreuve sans aucune mesure avec ce qu'ils ont appris de sorte que, bien loin de jauger un niveau mathématique, l'épreuve sanctionne des aptitudes dépassant le cadre strict de la discipline : bonne gestion du temps, esprit de décision, intelligence fluide, lucidité, goût pour l'abstraction et le langage technique, solidité émotionnelle, sang froid, dynamisme, attention, concentration, courage, ténacité, confiance en soi, habiletés connexes et diverses ... toutes qualités essentielles mais qui ne sont guère enseignées puis développées pour elles-mêmes alors qu'elles sont indispensables pour réussir dans une discipline très exigeante pour tout cerveau humain. Si exigeante qu'il est impossible pour de nombreux jeunes de résoudre un problème mathématique hors sol tant ils sont déjà envahis par les problèmes de leur entourage plus ou moins proche : familles en situation bancale ou très critique, quartier livré à des bandes, département sinistré, France en déconfiture, chômage galopant, ... et nouvelles alarmantes du monde pour ne citer que quelques champs potentiels de "distraction" et de perte d'énergie nerveuse, cérébrale, cognitive, physique ...
Nous voudrions que nos jeunes soient disponibles pour la résolution de problèmes qui ne semblent pas les concerner directement (même si l'aptitude à résoudre des problèmes scolaires conditionne grandement leur orientation et leur avenir) alors que de multiples problèmes qui les touchent de près n'ont pas trouvé de réponses satisfaisantes ; alors que de nombreux problèmes n'ont cessé de s'aggraver depuis plus de quarante ans sous l'effet d'une mondialisation en partie déloyale et de politiques criminelles ; alors que des difficultés nouvelles sont apparues.
Parmi ces problèmes de fond, nous devons à la vérité de dire que l'éradication précoce des jeunes pousses françaises est poussée à un tel degré depuis l'année funeste de l'instauration de l'IVG (17 janvier 1975) qu'elle ne peut rester sans incidence manifeste ou insidieuse sur la plupart de nos élèves. Il suffit pour cela de penser au nombre de ceux qui sont directement touchés par l'avortement de l'un des membres de leur fratrie. Croire que cela ne saurait les affecter relève de la fantaisie la plus sotte et la plus délétère tant sont reconnus le pouvoir des non dits familiaux et la nocivité des poids explicites qui dépassent les capacités d'entendement ou de réceptivité du jeune âge : comment un enfant ou un jeune qui sait ou pressent qu'il occupe une place laissée vacante peut-il vivre cela sereinement ? Certainement pas en banalisant un geste qui a mis à mort l'un des siens. Comment des aînés qui ont échappé au geste abortif peuvent-ils ressentir la mort du benjamin ? Sait-on le poids qu'ils risquent de porter et que certains portent en effet ?
Sans même invoquer ce type d'argument que d'aucuns jugeront excessifs, comment ne pas songer à toutes les femmes qui jouent un rôle auprès de notre jeunesse et qui ont cédé un jour à la tentation d'achever en elles la vie de celui ou de celle qu'elles portaient ? Combien d'enfants souffrent d'entendre dire : "Ah, si j'avais su !" lancé par une mère en colère venant à regretter de n'avoir pas eu recours, pour eux aussi, à une solution expéditive qui aurait évité les déboires du moment ?
A travers tous les drames singuliers qui touchent beaucoup d'enfants, d'adolescents et d'adultes aujourd'hui se dessine une infâme mentalité malthuso-abortive qui ne se cache même plus. Elle répand sa violence quotidienne à tous les étages d'une société complètement ébranlée dans ses fondements et qui, de fait, ne sait plus où elle va. Elle sait si peu ce qu'il convient de faire qu'elle en vient à ne plus savoir qu'enseigner à ses mômes, des mômes au demeurant si perturbés qu'ils ne savent plus écouter, faire silence quelques instants, ... et font tant de bruit qu'ils contraignent nombre d'enseignants à hurler à longueur de journée.
Que disent ces mômes ? Le mal-être d'une société qui n'en peut plus de laisser faucher une grande partie de sa jeunesse et de l'immoler sur les autels de Mammon au bénéfice d'une caste mondialisée qui regrette de n'être pas seule, entre soi, en tout petit nombre ... sur la planète pour jouir tranquillement de ses trésors. Ces mômes le disent en parole, par d'innombrables agitations, gesticulations, énervements ... qu'un rythme de vie de plus en plus coupé de la nature, de ses lois et de ses modes de régulation a le don d'amplifier jusqu'au paroxysme qui épuise les éducateurs, les enseignants, les parents, tout adulte en charge d'une jeunesse déboussolée, oppressée, menacée.
Un ancien président de la république française, sur un plateau de télévision, s'étonnait de l'apathie de la jeunesse alors qu'il avait lui-même contribué à cet état en légiférant contre elle, contre ses intérêts, non seulement en cautionnant l'IVG mais en supprimant un Service National qu'il aurait fallu transformé, patiemment et intelligemment (voir à ce sujet le témoignage de Johnny Hallyday en vidéo à partir de la minute 10).
Deux mesures éloignées dans le temps et d'un point de vue thématique mais très proches sur un plan symbolique : le renoncement d'une nation à faire corps et à s'unir pour défendre ce qui est le plus fragile en son sein. En baissant la garde de cette façon, que pouvait-il advenir de notre école ? Pouvait-elle demeurer un sanctuaire inviolable alors que les entrailles de tant de femmes allaient devenir le tombeau de la relève ? Pouvait-elle continuer à instruire alors que l'apprentissage de l'ordre de bataille devenait caduque pour une jeunesse, sans défenses et sans armes, livrée en pâture pour satisfaire les appétits des profiteurs d'un système inique ?
Aurions-nous forcer le trait ? Nos écoles seraient-elles encore à l'abri de tous ces ogres qui rêvent de réduire notre jeunesse en esclavage ? Ces matrices essentielles pour le devenir d'une nation, même quand elles sont franchement imparfaites, peuvent-elles résister aux vents de la destruction massive ? Quand les entrailles des femmes sont abandonnées aux caprices d'un monde malthusien qu'en sera-t-il du ventre de la république ? Quand le ventre mou de la république française se rêve en "président normal", qu'adviendra-t-il de nos enfants et des entrailles des femmes pauvres qui n'auront bientôt plus que le fruit d'icelles à vendre (cf. la GPA (*) : Gestion Pour Autrui) ?
[(*) A propos de GPA, il est surprenant de constater combien la gestation ordinaire, sans la moindre transaction commerciale, est mal comprise : toute gestation est déjà "pour autrui" de sorte que le la GPA existe depuis le commencement de l'humanité et même la nuit des temps ! Nulle femme n'enfante seulement pour elle-même : son enfant, en toute rigueur, ne lui appartient pas. Elle le met au monde, elle le donne à l'humanité tout entière et tous les soins qu'elle lui prodigue sont autant de cadeaux offerts à tous. De même que toutes les blessures graves infligées à l'enfant, et a fortiori les atteintes à son intégrité, avant ou après sa naissance, risquent de mutiler le corps social. Pour bien tenir compte de ce qui vient d'être exposé et pour l'exprimer avec force, le projet France 2022 prévoit la création d'une monnaie de service (et d'abondance) permettant d'allouer des sommes importantes - créées ex nihilo et donc sans prélèvement sur les fruits des autres travaux - afin de soutenir toutes les femmes enceintes, leur mari ou leur compagnon, non seulement durant la gestation mais tout au long de l'éducation de leurs enfants.
L'allure socialisante de ces allocations paraît enfreindre un rappel et une recommandation en filigrane du pape léon XIII dans son encyclique Rerum Novarum au n° 11 : "Ainsi, en substituant à la providence paternelle la providence de l'Etat, les socialistes vont contre la justice naturelle et brisent les liens de la famille" qui, dès 1891 pressentait les conséquences de tant d'erreurs de gouvernement : des situations familiales de plus en plus dégradées. Il nous faudra donc mettre en place de sérieuses garanties afin que le rôle des pères, aujourd'hui si malmené, ne fasse pas les frais d'une mesure qui ne ferait qu'aggraver les tendances actuelles.]
Dans ce monde où quelques groupes d'intérêt, quelques "penseurs" en mal d'influence et quelques politiques sans conscience "travaillent" à la perte de notre relève, à la destruction de toute innocence et à la démolition de tout rempart susceptible de protéger les femmes d'une très vaste marchandisation, nos écoles subissent de plein fouet les assauts furieux de tous ceux qui ne jurent qu'en terme de "progrès" sociétaux : il faudrait que nos écoles deviennent des lieux de rééducation, de formatage et d'endoctrinement ; des fabriques de citoyens nouveaux, affranchis d'un ordre ancien qui serait périmé, libérés de toute détermination historique, géographique, anatomique et même génétique. Et si ce projet n'aboutissait pas, nos écoles n'auraient plus qu'à disparaître ou à être reconverties en centres de profits ...
Tel un serpent qui se mord la queue, cette ambition prométhéenne se dévore elle-même et ... nos écoles vont résister après avoir beaucoup souffert et fait souffrir car la situation devient de jour en jour plus intenable : promis au désoeuvrement, au déclassement, au chômage ou à une compétition effrénée, nos jeunes finiront par se rebeller contre cet ordre malthusien qui fait disparaître une grande partie des leurs (*) au prétexte que notre planète serait saturée de présence humaine et trop étroite pour les accueillir sans trop l'affirmer, évidemment, et donc en usant d'autres tactiques : fausse libéralisation des moeurs, fausse émancipation féminine, fausse liberté de choisir les pires solutions ; vraies attaques contre l'enfance, contre le socle familial, contre ce qui est faible et sans valeur marchande ...
(*) Aberration que l'on retrouve, toutes proportions gardées, dans le désordre de nos pêches industrielles qui prélèvent dans les océans et les mers - en dehors de toute recherche volontaire (oeufs d'esturgeons par exemple pour le caviar) - les femelles qui sont pleines d'oeufs et détruisent ainsi une possibilité de perpétuation des espèces capturées pourtant vitale pour la propre survie de l'humanité.
La tâche des enseignants est devenue titanesque. Au travaux d'instruction, s'ajoute maintenant la participation à une oeuvre de longue haleine : résister à tout ce qui s'apparente, de près ou de loin, à la destruction des générations montantes. Elles entrent à l'école, amputées dès le commencement, déjà fortement perturbées et de moins en moins réceptives au rythme lent d'un apprentissage en profondeur. Il faut courir. Glisser, surfer ... Oublier à toute allure. Surtout ne pas vouloir transmettre. Juste laisser éclore une intelligence qui ne demanderait qu'à se manifester et, surtout, qui songerait, par-dessus tout, à conquérir une autonomie devenue le sésame indépassable.
Plus l'enseignant se trouve en bout de chaîne, plus le voici confronté aux conséquences catastrophiques d'un parti pris pédagogique qui, laissant trop la bride sur le cou des apprenants au prétexte de développer leur autonomie le plus tôt possible, livre chaque année des générations en difficulté d'apprentissage, non pas seulement dans une discipline donnée mais sur tout le spectre des connaissances à enseigner et, plus grave encore, sur toute l'étendue des capacités élémentaires qui sont indispensables pour progresser : maîtrise suffisante de sa langue maternelle ; écoute, attention, concentration ; mémorisation à court et à long terme ; compréhension ; intelligence procédurale, ...
Parti pris en faveur de l'autonomie précoce (qui ne fait que renforcer un orgueil de mauvais aloi et une suffisance dommageable pour la curiosité intellectuelle) dont l'absurdité est ensuite cautionnée par une validation des acquis qui laisse trop de latitude à l'insuffisance et finit par entraîner quantité d'élèves dans des impasses : rendus incapables de suivre un enseignement de trop haut niveau pour leur faibles capacités d'apprentissage, ils finissent par accumuler des lacunes que seul un travail de remédiation en profondeur réussi(rai)t à combler.
L'enseignement à la française des mathématiques, envisagé selon une optique excessivement répétitive et cumulative comme s'il s'agissait d'acquérir la maîtrise d'une langue étrangère, a le grand tort d'alimenter le moulin des lacunes : un enfant qui a décroché se trouve bien vite largué par une exposition qui revient à l'excès sur des notions mal assimilées, qui ne fait pas assez droit à la diversité des mathématiques et qui n'accorde pas une place suffisante au langage naturel. Ce phénomène, joint au statut abusif de matière sélective, contribue grandement à créer d'innombrables souffrances allant d'une mésestime profonde de soi à la plus grande défiance à l'égard de toute transmission par un tiers, soit une immense perte de crédit qui finit par générer des problèmes insolubles parce qu'infiniment plus complexes qu'une simple résolution d'équation. Quant à ceux qui traversent un tel enseignement la tête haute, il leur est difficile de comprendre pourquoi tant de personnes sont à la peine et quasi impossible de remédier à une situation ne résultant pas seulement d'une approche didactique inadéquate mais encore d'une politique qui, en dernier ressort, met en oeuvre des principes malthusiens.
Le ressort malthusien n'a guère d'état d'âme. Il fait feu de tout bois. Le réduire à une simple querelle de chiffres serait bien mal le connaître. Il ne cherche pas seulement à peser sur le nombre des vivants. Il tente aussi d'exercer une influence sur l'organisation des sociétés humaines. En concentrant le pouvoir de décision aux mains de ceux qui survivent à une mathématisation excessive et bancale, il étend son pouvoir de nuisance sans crier gare, comme à pas feutrés, tel un prédateur toujours prêt à fondre sur sa proie. Ainsi en va-t-il, par exemple, d'une médecine où la statistique règne en folle du logis et où les sciences de la généralité finissent par étouffer la singularité de chacun au profit d'une industrie qui déploie d'autant mieux ses arsenaux qu'elle peut agir en terrain uniforme, régie par une norme commune aussi large que possible.
En contribuant, malgré elles, à la disparition des médecins français qui étaient de fin lettrés, les mathématiques et surtout leur enseignement dans le secondaire rendent un très mauvais service à la fécondité de notre nation et servent hélas, en esclave docile, les intérêts d'une chevauchée malthusienne qui n'hésite pas à tuer le tout venant, l'indésirable et le vulnérable de préférence, pour satisfaire l'égoïsme de quelques-uns.
En ces temps troublés, nous assistons bien, en effet, à l'avènement d'une norme qui prétend régir toutes choses et qui, faisant abstraction des lois du vivant, s'érige en maîtresse absolue des règles de bonne conduite : ne serait désormais recevable que ce qui repousserait toujours plus loin les lois du vivant voire les transgresserait de manière ostentatoire et provocante. Non contente d'ériger en modèles les comportements et les options les plus dérangeantes quand elles ne sont pas les plus contraires à l'ordre naturel le plus évident, cette nouvelle norme balaie d'un revers de main les siècles de construction patiente et subtile d'un droit positif censé défendre les plus vulnérables contre les intérêts d'un plus fort. Ce vent de folie emprunte largement ses thèses et ses arguments à une forme de conception juridique qui ne distingue pas nettement la personne et la chose (voir à ce sujet le texte remarquable de Roberto Andorno : "La distinction juridique entre les personnes et les choses à l'épreuve des procréations artificielles").
La guérilla d'origine malthusienne trouve là un terrain propice : ces hommes qui lui semblent de trop vont enfin pouvoir perdre leur statut de créature à part et devenir de simples matériaux pour le confort des plus fortunés. Partout, à tous les niveaux d'une société pervertie par les visées malthusiennes, l'homme et l'enfant se trouvent pourchassés et anéantis par des mécanismes qui tendent à les réduire au maximum en les privant des particularités qui font d'eux des personnes et non pas de simples objets livrés au bon vouloir de quelques puissants.
L'école d'inspiration malthusienne occupe le niveau qui se situe juste après l'échafaud de l'IVG : toutes les têtes qui n'ont pu être décapitées avant leur naissance vont être soumises à un lavage de cerveau qui prend soin d'avancer masqué. Il se pare des oripeaux de la science et se dit mû par de grands idéaux alors qu'il est foncièrement scientiste, bêtement athée, déshumanisant, liberticide et abêtissant puisqu'en opposition radicale avec le sel de la vie non seulement terrienne, maritime et de grand air mais encore spirituelle au sens le plus noble de ce terme.
Cette école d'inspiration malthusienne n'est pas encore l'école de la République française : cette dernière tente de résister vaillamment, en son corps exécutif, aux dérives de toutes les instances publiques et privées qui tendent à vouloir se substituer à elle et à la transformer en courroie de transmission de leurs idées mortifères mais elle ne parvient plus hélas à tenir face aux pressions qui s'exercent sur elle, notamment de la part d'un pouvoir politique corrompu, aux ordres d'une mondialisation déloyale et sans âme qui s'accommoderait volontiers d'une population mondiale la plus décervelée possible, non pas un peuplement d'hommes et de femmes libres et responsables mais une masse informe, insatisfaite et versatile, de jouets, de pantins, d'êtres chosifiés ou réifiés, de machines programmées pour consommer et s'autodétruire. Consommer pour enrichir quelques-uns et s'autodétruire pour répondre aux impératifs malthusiens !
L'école doit en effet lutter jour après jour pour que les générations rescapées d'un massacre sans équivalent dans l'histoire de l'humanité ne deviennent pas les esclaves d'officines qui se présentent sous un jour favorable, qui se déclarent philanthropes, qui se posent en donneuses de leçon ... mais qui, sous couvert d'intentions louables, travaillent en réalité à la perte de notre jeunesse et à la destruction de toutes les structures offrant quelque stabilité. Pourquoi ces officines agissent-elles ainsi ? Tout simplement parce qu'elles ont été fondées et qu'elles sont pilotées par des esprits imbus d'eux-mêmes et de leur pouvoir d'influence. Ces esprits ne croient ni à Dieu ni à diable et prétendent savoir ce qui est bon pour l'humanité.
Ces officines font feu de tout bois et sont prêtes à renverser tout régime politique qui n'entrerait pas dans leurs vues ou qui ne serait pas disposé à favoriser leur affairisme et leur prédation. Elles ont pour ennemi toute structure étatique soucieuse de protéger les plus faibles des ravages engendrés par les prédateurs de tout poil, par ceux qui sont à l'affût de la moindre vulnérabilité pour fomenter un mauvais coup et s'enrichir sur le dos de plus petit que soi. Elles adorent les situations de pénurie et se régalent à les provoquer. Elles prétendent travailler à la paix dans le monde alors qu'elles font de la guerre le nerf de leur business et qu'elles utilisent les fortunes colossales dont elles disposent pour générer des conflits là où leurs affaires et leurs intérêts les plus déments pourront en tirer le meilleur parti.
Le combat à mener pour tenir compte à la fois des trésors du passé en matière d'instruction et des avancées récentes dans le domaine des sciences cognitives est donc titanesque : il nous faut non seulement travailler dans le champ purement scolaire mais, plus encore, batailler pour défendre les générations montantes contre toutes les forces extra scolaires qui tendent à les laminer voire à les éliminer.
Notons au passage que le XXème siècle fut particulièrement fécond en progrès d'ordre pédagogique et didactique. Alors que sévissaient des forces inouïes de destruction, de grands esprits se sont levés et penchés au chevet d'un monde en déroute pour nous offrir aujourd'hui d'innombrables chemins à explorer afin de nous rendre capables de prendre soin des générations montantes en dépit de tous les courants qui s'opposent à cette oeuvre et au-delà de toute espérance à trop courte vue.
Titre de la tribune dans d'autres langues :
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