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lundi 3 février 2014

Lignes de force du projet France2022



"Ce qui est mis en péril, ce n'est pas un secteur particulier, la presse, la télévision ou la radio, mais plutôt la vie courante de l'homme qui se réalise dans le véhicule du langage. En bref, ce qui nous menace, c'est que la communication décline et que le discours public soit détaché de toute notion de vérité et de réalité."


 "Abus de langage, abus de pouvoir"







En 2014, quatre ans après le démarrage de la rédaction du projet France2022, remettre l'ouvrage sur le métier offre la possibilité d'en affermir les grandes lignes, de revenir à l'essentiel et d'établir la liste des thèmes prioritaires comme le redécoupage du territoire de la France. C'est aussi l'occasion  de mentionner les événements les plus récents à propos de ces thèmes.



1. Vie politique


Le projet France2022 prévoit un nouveau découpage administratif du territoire français bien que cela paraisse impossible à certains. La réduction du nombre de régions figure dans le rapport du comité Balladur du 5 mars 2009 qui propose de passer de 22 régions à 15 et dans les propositions Villepin pour les présidentielles de 2012 : 22 à 8 régions. En avril 2014, une réduction du nombre de régions est annoncée par le Premier Ministre, M. Valls. Le 11 avril, le journal Libération publie différentes cartes et rappelle le projet Balladur. Créer des régions plus grandes n'a cependant d'intérêt et de chance d'apporter un plus qu'à la condition impérative de diminuer fortement le nombre de municipalités en France et ce d'autant plus que le rôle des conseils généraux serait amoindri.

Ainsi le découpage adopté par l'Assemblée nationale le 17 décembre 2014 risque-t-il de poser davantage de problèmes qu'il n'en résoudra :

La nouvelle carte des régions a été adoptée par le Parlement.

Source : http://www.bfmtv.com
http://www.bfmtv.com/politique/la-loi-sur-les-regions-adoptee-definitivement-par-le-parlement-853118.html

Le projet France2022 prévoit, sans aucune surenchère minimaliste, la formation de cinq grandes provinces métropolitaines et un total de 1000 municipalités seulement, soit 200 municipalités par province. 

[Le 6 mars 2014, l'IFRAP proposait de fusionner les communes de France de moins de 10.000 habitants et indique les chiffres en vigueur chez nos voisins européens.  Plusieurs d'entre eux comme l'Allemagne ont fortement réduit le nombre de municipalités. Urbanews apporte quelques précisions supplémentaires à ce sujet pour la France.]

Ce découpage territorial et fonctionnel n'a pas pour vocation première d'armer la France en vue d'une compétition internationale où il faudrait viser une taille critique permettant de rivaliser ou d'exister en face des Länder allemands, des provinces italiennes ou espagnoles, des autorités locales en Angleterre ... 

Le projet France2022 n'exclut pas la dimension de combat, ce serait manquer de lucidité. Il n'exclut pas l'organisation rationnelle, moyen efficace de rassembler les forces communes. Il affirme simplement que la fin ultime n'est pas un combat et que les moyens sont seconds, quelle que soit leur importance. Le projet France2022 s'inscrit dans une recherche passionnée de restauration de la grandeur de la France, non pour elle-même, pour une parade indécente, mais pour un service diligent de toute personne humaine, d'où qu'elle vienne, où qu'elle soit et quelle que soit sa condition. Une grandeur qui donne à chacun l'espace suffisant pour déployer ses talents en se montrant actif tout en demeurant un être de réflexion et de contemplation au service d'une charité authentique et vraie. Une grandeur qui incite chacun d'entre nous à développer le meilleur de lui-même au service de tous, sans exclure quiconque, et dans un élan que n'arrête aucune peur, sinon celle de se croiser les bras en accusant les autres pour justifier son inaction.

Proposer une nouvelle façon de gouverner et d'administrer la France c'est tenir compte de la nécessité, à un moment donné, de déplacer les rapports de force et de modifier les conditions de l'exercice du pouvoir dans notre pays. Ce n'est pas considérer qu'une telle évolution soit impérative : si les règles du jeu politique devaient rester ce qu'elles sont, elles n'empêcheraient pas l'apparition de changements importants. Si proposer un nouveau découpage et un nouveau mode de gouvernement du territoire français entraînait des tensions trop vives, il faudrait y renoncer. 

Le but du projet France2022 n'est pas de changer les règles du jeu politique pour les changer à tout prix, parce que ce serait dans l'air du temps, parce qu'il n'y aurait pas d'autre possibilité, parce qu'il faudrait sortir de la cinquième république, ... Les modifications proposées sont là pour faciliter le déploiement d'une nouvelle façon de gouverner la France.

Ce qui reste fondamental, au delà des nouvelles pratiques, ce sont les bénéfices attendus et la prise en compte, toujours plus juste, de ce que vivent nos contemporains. 

Le projet France2022 prévoit qu'une part significative de l'action du Président de la République et du Gouvernement ne consistera plus à lancer des réformes multiples et en tous sens mais à organiser le jeu des courants réformateurs de telle sorte que les innovations les plus valables prennent le pas sur les réponses clientélistes voire nuisibles ; sur les réponses à la petite semaine ; sur les réponses qui passent à côté de l'essentiel et ne promeuvent que l'accessoire.

Le Président de la République française doit demeurer le garant d'un bien commun qui dépasse les intérêts de quelques-uns. Il lui revient de fixer un cap clair qui oriente les efforts des différents corps intermédiaires. Il doit aussi veiller à limiter le jeu des perturbations suscitées par tous ceux qui ne pensent qu'à innover pour le plaisir de provoquer, qui confondent le beau et le neuf, le nouveau et le vrai, l'étrange et le bon. 

Dans un monde sans cesse en mouvement où les jeux d'interaction se multiplient, tous les acteurs ont besoin d'éléments stables leur permettant de préparer l'avenir sans redouter un énième changement qui bouleversera leurs plans et les obligera à renoncer à des progrès pourtant prometteurs. Aujourd'hui plus qu'hier, le monde contemporain et notre planète sont sujets à des aléas assez nombreux. En ajouter par des politiques incohérentes, pensées à très court-terme et même inapplicables sur le terrain conduit nombre de nos concitoyens à désespérer d'un personnel politique qui ressemble davantage à une girouette qu'à un phare solidement planté sur le rivage. 

La première conviction qui anime le projet France2022 est celle-ci : c'est aux acteurs de terrain de susciter et de mettre en oeuvre les réformes importantes dont notre pays a un urgent besoin. Dans la nouvelle configuration proposée, ce sont les gouverneurs municipaux qui seront les principaux vecteurs des changements vitaux pour la France. Chaque gouverneur municipal sur son territoire et les gouverneurs municipaux d'une province, réunis en assemblée auront désormais la capacité d'agir sans avoir à quémander des subsides : l'impôt sera principalement prélevé à l'échelle des municipalités. Les projets de chaque province seront alors portés par les communes et les projets nationaux par les provinces. Notons à ce propos que l'impôt et la politique fiscale doivent être profondément remaniés : non plus des prélèvements déconnectés de leurs emplois mais des rémunérations bien calculées et bien calibrées de droits d'usage. Vaste programme qui fera l'objet d'une tribune séparée quand le moment sera venu de préciser les termes de cette réforme de fond. Il est temps en effet de sortir d'une fausse gratuité qui se donne les apparences de la générosité mais qui, en sous main, ruine les intérêts des plus vulnérables et conduit notre pays à un désastre économique sans précédent.

Cette nouvelle architecture des pouvoirs amplifie le rôle des gouverneurs municipaux et apporte une lisibilité plus grande à l'action publique : le projet France2022 tend à supprimer l'empilement des lieux de décision généré par une décentralisation mal conduite. Pour obtenir l'avancement de tel ou tel projet, le politique local n'aura plus à courir d'un lieu à un autre afin de tirer les ficelles les plus juteuses et n'aura plus à cumuler les mandats. Pour un projet de municipalité, il lui suffira d'être à la place pour laquelle il a été élu et pour un projet de province, chaque gouverneur municipal siègera de droit à l'assemblée provinciale.

Etablir seulement cinq grandes provinces comporte des risques : allons-nous voir surgir des féodalités qui n'ont pour préoccupation qu'elles mêmes et leurs intérêts et qui, pour cela, passeront joyeusement au-dessus de l'Etat français afin d'établir des liens directs avec des interlocuteurs internationaux de même poids ? Allons-nous vers un éclatement de la France ? Ce serait effectivement le cas si les pouvoirs principaux, ne se situaient pas en aval, au niveau des municipalités pour l'éducation, l'économie et les finances ou en amont, au niveau de l'Etat ou de l'Europe, pour la défense, les relations internationales et la justice.

Accorder aux nouveaux gouverneurs municipaux des pouvoirs plus étendus et des moyens plus généreux pour gouverner n'est pas sans risque non plus : comment éviter les décisions qui ne visent qu'à satisfaire un intérêt particulier dans le but inavoué de se maintenir en place ? Plusieurs réponses sont possibles : le contrôle par l'Etat (au niveau des départements) et par les provinces ; la mise en place de véritable document programmatique pour le développement des communes : les candidats aux élections municipales auront à présenter non pas une vague profession de foi mais un projet chiffré tenant compte des charges et des recettes de la municipalité. Enfin, il va de soi qu'aucune disposition juridique n'a le pouvoir absolu de rendre les élus honnêtes et irréprochables. Au lieu de mettre en avant tout ce qui montre que certains abusent malheureusement de leur position pour des buts peu louables, nous aurons intérêt à garder en mémoire tous les politiques qui ont agi en donnant l'exemple du dévouement et du désintéressement : "... Louis [de Castelbajac] a été sollicité, dès 1959, pour faire partie du conseil municipal du maire socialiste Pellegrin, avec qui il s'entend fort bien. Il sera lui-même maire de la commune de Sainte-Gemme entre 1965 et 1978. A la table familiale, la conversation tourne souvent autour des problèmes sociaux et agricoles du canton. Administrateur dévoué, modèle, Louis a présidé pendant des années le syndicat d'adduction d'eau de Mauvezin mais il a veillé à ce que Lauret [sa propriété] soit le dernier point à alimenter en eau ... une fois seulement que toutes les fermes du canton auront été desservies !" (cf. "Claire de Castelbajac, Dominique Marie Dauzet, Presses de la Renaissance, 2010 p. 33)

Pendant que chacun se mobilisera de plus en plus pour autrui (point que nous développons dans la seconde partie de cette tribune), il est de la plus haute importance que l'Etat français fasse preuve de discernement et d'une sagesse séculaire qui transcende les appétits mondains lesquels ne songent qu'à briller et à virevolter. A la bougeotte des partis cherchant à bousculer les traditions les plus solides et les plus sûres, l'Etat impartial doit opposer une fin de non recevoir ferme et sans compromission. Le gouvernement national de la France s'il ne devient plus porteur des réformes, initiées désormais par les pouvoirs locaux, n'en garde pas moins un rôle éminent : il lui faut veiller à la cohérence de l'ensemble dans l'espace et dans le temps. Soucieux de cohérence et de solidité et donc de vérité, l'Etat français renouvelé dans ses prérogatives et ses missions pourra garantir, beaucoup mieux qu'il ne le fait aujourd'hui, un climat serein, stable et assez prévisible pour que les plus entreprenants osent se lancer : beaucoup trop d'initiatives heureuses échouent ou ont du mal à s'épanouir aujourd'hui en raison de l'instabilité permanente qu'entretient un Etat décervelé, en mal de séduction, prompt à défaire le lendemain ce qu'il avait à peine échafaudé la veille. A l'imprévisibilité d'un monde en pleine mutation, l'Etat français a trop souvent, ces derniers temps, ajouté sa part d'aléa et d'incertitude angoissante. Le résultat des tergiversations passées est maintenant sous nos yeux : alors qu'il faudrait prendre à bras le corps le destin d'un peuple bousculé par l'avènement d'un monde nouveau, que nous ont proposé certains candidats à l'élection présidentielle de 2012 ? De basculer mollement dans l'erreur grammairienne que dénonçait Montaigne il y a déjà plus de 400 ans : "La plupart des occasions des troubles du monde sont grammairiennes ". Essai II, 12. Quand certains veulent à toute force qualifier le mariage de l'adjectif "homosexuel", ils commettent l'une de ces erreurs grammairiennes, occasion de trouble tant qu'elle n'est pas vue comme telle. Un adjectif en français, comme dans les autres langues, n'a pas le pouvoir d'étendre un ensemble d'éléments mais se contente plus modestement d'extraire une partie d'un tout en la qualifiant de manière particulière. Parmi tous les mariages, il en est qui sont heureux, d'autres qui le sont moins. Il en est des valides, d'autres qui le ne le sont pas. Parler de "mariage homosexuel" comme d'une catégorie de mariages parmi d'autres est une faute grave contre la langue d'un peuple, contre ce peuple lui-même. Quand on cherche à donner à un simple adjectif (employé à tort et à travers pour qualifier les personnes et non seulement les actes) le pouvoir de perturber le sens d'un substantif, on s'apprête à devenir complice des erreurs les plus graves, de tous les attentats contre la personne humaine et sa dignité.


2. Vie économique et sociale

Le but principal est de réduire l'inactivité, facteur de misère matérielle, morale et spirituelle. Se focaliser aujourd'hui sur le chômage des actifs est insuffisant pour remédier aux difficultés économiques et sociales : toute personne, qu'elle soit jeune ou âgée, a un pupitre à tenir. Au "Nul n'est de trop dans l'Eglise" de Benoît XVI répond en écho un "Nul ne doit être de trop en France".

Une politique de grands projets telle que l'a dessinée Michel Leclerc dès 1994 (cf. 7 mesures pour vaincre le chômage aux éditions du Rocher) peut avoir une incidence forte sur le chômage des actifs en France, en Europe, dans le bassin méditerranéen et en Afrique. C'est un premier pas, non seulement pour accroître l'emploi mais aussi pour redonner un souffle à des pays où la morosité a fini par s'installer faute d'élan et de vision à long terme. Depuis 2008, le projet de grande muraille verte est un exemple stimulant pour tous ceux qui hésiteraient encore à établir un programme ambitieux et se contenteraient de proposer aux électeurs français un programme sans âme pour les élections présidentielles de 2017.

Une politique de grands projets est un premier volet à compléter par un ensemble de mesures qui donnent à tous d'être actifs autant que leurs capacités et leurs forces le leur permettent car le poids des causes désargentées (éducation, santé, sécurité, défense ...) ne peut être porté par les seuls bénéfices des activités marchandes. Assumer les charges qu'elles requièrent doit devenir le souci de chaque citoyen. Souci familier et bénévole dans un premier temps. Souci obligatoire et rémunéré dans un second temps. Nul n'est en droit de recevoir une formation de longue durée - 15 ans de la petite section à la terminale - sans être redevable à un moment de sa vie de tout ce qu'il a reçu. Ainsi en va-t-il également des soins qu'il a reçus et de tout ce qui lui a permis et lui permet encore de vivre en France, en Europe ou ailleurs.

Se familiariser au souci des causes désargentées est l'un des piliers d'une éducation équilibrée et commence par la prise en charge dès le plus jeune âge de services charitables. En venant en aide aux plus pauvres, dans la mesure de ses possibilités, l'adolescent apprend à orienter son coeur vers ce qui en vaut la peine : non pas l'ambition d'une fortune vite acquise comme rançon de ses mérites hors du commun mais le désir et la volonté ferme d'apporter sa pierre à un édifice où tous n'ont pu encore trouver leur place et où chacun, pour des raisons diverses qui ne tiennent pas seulement à des politiques inadéquates, risque de perdre la sienne. Confronté aux drames de l'alcoolisme, de la perte d'emploi subite et de tous ces maux qu'aucune politique ne parvient à éradiquer, l'adolescent comprend vite que la part du jeu dangereux et de l'inconséquence se paie au prix fort : celui de l'irréversibilité, du déshonneur, de la déchéance ou de la grande misère. Cette sensibilité aux malheurs des autres et l'action diligente qui tente d'y porter remède a toujours eu droit de cité en France. Voici comme en témoigne Claire de Castelbajac dans une lettre à ses parents du 25 octobre 1965 : "Figurez-vous qu'aujourd'hui, l'assistante sociale du quartier de Rangueil est venue, elle nous a dit que le quartier était pauvre, elle nous a proposé de faire des équipes de six pour aller faire le ménage, garder les enfants, faire les commissions, etc. le jeudi. Je me suis inscrite." (Ibid. , p. 71-72).

La double conviction qui anime le projet à propos de l'économie est la suivante :

1. La réduction du temps de travail rémunéré n'est valablement applicable qu'aux personnes ayant des situations confortables.

2. Tous les citoyens, sans exception, ont à prendre part à des travaux aujourd'hui mal rémunérés et pourtant essentiels.

La question du temps de travail rémunéré est capitale et s'inscrit aujourd'hui dans un contexte économique caractérisé par la montée en puissance de l'Amérique du sud, de la Russie, de l'Inde, de la Chine, des pays de l'Asie du sud-est et de l'Afrique. Si nous voulons rester maîtres de nos choix, nous avons d'une part à modifier en profondeur l'emploi de tous les actifs potentiels, le facteur humain du travail, jeunes et seniors compris, et d'autre part à anticiper sur l'évolution des cours des différents facteurs non humains du travail : coûts des matières et de l'énergie. Aujourd'hui, on insiste à juste titre sur le facteur immatériel qui ne souffre d'aucune pénurie mais qui réclame une politique de recherche et d'innovation dynamique.

Pour fonder son projet économique, France2022 s'appuie sur les tendances prévisibles suivantes :

- hausse très forte des coûts des facteurs primaires essentiels : eau potable, air sain, sols fertiles, le tout non gravement pollué. En un mot, des espaces d'habitation et de production non dangereux pour l'homme ;

- hausse forte des coûts des matières premières ; 

- hausse modérée à forte (ou même baisse) des coûts énergétiques.

Le but secondaire mais pas du tout accessoire est donc de préparer et d'encourager toutes les actions qui permettront à la France, à ses voisins et au-delà, de résister aux pressions et aux dérèglements économiques qui broient l'homme pour des profits à court terme, obtenus en spéculant sur la rareté. Alors que nos appétits de consommation se sont tournés vers les biens matériels pour oublier les restrictions de la seconde guerre mondiale, nous allons devoir réorienter nos soifs vers ce qui ne s'épuise pas : le temps et la présence que nous pouvons nous offrir mutuellement, les services que nous pouvons nous rendre, les connaissances que nous pouvons transmettre avec générosité ... Cette économie nouvelle où le temps, l'intensité et la qualité de la présence prennent de plus en plus de place, ne fonctionne harmonieusement que si chacun, personne physique ou morale, y prend part en cherchant à augmenter son quotient individuel "contribution sur rétribution" et non l'inverse.

Ne pas spéculer sur la rareté ... S'il fallait garder une seule ligne directrice, nous pourrions ne retenir que celle-là. L'économie de la France sera d'autant plus forte qu'elle mettra en avant tous les principes, toutes les stratégies, tous les procédés, toutes les actions ... qui battent en brèche les discours alarmistes et les mesures qui en découlent quant au manque de ceci ou de cela. Si chacun de nous, en France, renonçait à prétendre faire fortune à la faveur de tel ou tel manque : baisse du crédit, rareté des capitaux, défaut de connaissance, pénurie de matière ou d'énergie, ... Si chacun consentait à en faire son cheval de bataille, conquérant mais pacifique, une ère vraiment nouvelle s'ouvrirait.

Dès 1947, un médecin français, Jean Laigret ouvrait une voie dans la conquête de l'indépendance énergétique. Quelques passionnés s'en sont fait l'écho récemment. Les pages qu'ils offrent sur la Toile sont un exemple parmi d'autres des feuilles d'un arbre de vie dans lequel la connaissance et la vérité, la confiance et l'équilibre, se répandent à profusion.

Chacun, à sa place, a la possibilité de contribuer au recul de la spéculation sur la rareté en rappelant à temps et à contre temps que certaines raretés sont entretenues tandis que d'autres, bien réelles, sont occultées ; en développant ses propres connaissances sur l'état du monde ou sur l'homme véritable et non pas fantasmé ; en contribuant activement au développement d'une économie d'abondance à l'image de ce que la nature offre chaque jour sous nos yeux.

Chacun d'entre nous a la capacité d'être prodigue de son temps dès lors qu'il refuse de monnayer chaque minute, dès lors qu'il oriente ses pensées et ses actions non vers ce qui rapporte le plus à brève échéance mais vers ce qui a besoin de temps pour germer, pousser, fleurir et fructifier. Au risque excitant d'un bon coup qui prendra de vitesse les autres - ces abrutis qui n'ont pas été capables d'être rapides - nous pouvons choisir le risque de la durée qui réclame notre patience et la collaboration de ces autres, pas plus idiots que soi. Ces autres sont prêts à participer à une oeuvre qui dépasse l'égoïsme individuel pourvu qu'elle soit présentée comme un but qui vaut la peine d'abandonner un confort illusoire, une possession fragile, une situation de rente ... et de se mettre en marche. 

Finalement le choix est simple : ou bien nous vivons pour exclure le plus grand nombre d'une course frénétique entre super cracks, ou bien nous avons à coeur de rassembler la caravane en acceptant de ralentir le pas quand les plus fatigués d'entre nous n'en peuvent plus.



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