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jeudi 8 octobre 2015

France2022 : Brève analyse du marasme économique en France et ailleurs









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L'une des grandes causes du marasme actuel en France est la prolongation de dispositions qui furent valables en leur temps mais qui sont devenues obsolètes voire néfastes aujourd'hui. 

En faisant en sorte que le prix des denrées alimentaires baisse fortement dans les années d'après guerre, on a permis aux autres pôles économiques de la nation française de se développer, notamment l'industrie : disposant d'un revenu supplémentaire allouable à d'autres achats que la seule nourriture, les Français ont pu améliorer le confort des habitations et acquérir des biens d'équipement dont ils manquaient parfois cruellement. 

Il serait stupide de s'en plaindre maintenant. Ces acquisitions ont libéré l'activité humaine de contraintes pénibles. Prôner un retour à un âge préindustriel serait faire fi des progrès formidables obtenus et des libérations de temps générées.

Aujourd'hui, malheureusement, cette politique de baisse des prix agricoles provoque des catastrophes en série. Le chômage dont les causes sont évidemment multifactorielles en est l'un des symptômes les plus visibles.

Pour être précis et juste, il faudrait ici développer longuement l'argument. Disons en quelques mots que nous avons fini par nous habituer à des PRIX de BIENS MATERIELS qui n'intègrent pas de façon optimale tous les coûts de production, qu'il s'agisse de la fabrication elle-même mais, aussi, de tout ce qui la rend possible : terres défendues, routes, infrastructures, financements, machines, automates, ... et encore de tout ce qui la précède : approvisionnement, savoir-faire, recherche, ... ou de tout ce qui permet d'acheminer les produits vers les lieux de consommation : infrastructures toujours ! , protégées, entretenues, améliorées, ... ; stockage sûr et suivi ;  transports multiples, rapides et garantis ; commercialisation à différentes échelles ; ajustement des prix optimal ; conditionnement ; conserverie ; chaîne du froid ; lieux multiples de vente ... Prix de biens matériels qui n'intègrent pas les coûts induits par de mauvaises pratiques : surproduction de mauvaise qualité, pollutions diverses, problèmes de santé résultant d'une consommation de biens nocifs pour le corps ou l'esprit humain. (Voir la fin de cette tribune)

D'un côté, chaque consommateur constate que les prix d'achat, notamment des denrées alimentaires, sont à la fois très variables et trop élevés au détail tandis que, de l'autre côté, à l'autre bout de la chaîne, les producteurs de biens, notamment les produits agricoles, sont mal rémunérés quand ils ne sont pas poussés à la faillite par une course en avant des normes, des règles sanitaires et même de quelques pratiques bancaires douteuses, ce dont le monde paysan a particulièrement souffert à partir des années 70.  

On pourrait dénoncer, comme on l'entend dire, non sans raisons, le poids des intermédiaires. Ce serait oublier que dans une société qui se complexifie au fil du temps, le nombre d'intermédiaires a tendance à augmenter. Les mouvements qui essaient aujourd'hui de réduire ce nombre d'intermédiaires, s'ils sont sympathiques et parfois tout à fait justifiés, ne parviendront pas à inverser la tendance de fond. Tout juste peut-on espérer que l'informatisation réussisse à diminuer les coûts des activités des intermédiaires entre le consommateur (foyers ou entreprises de transformation) et les producteurs de matières premières dont les denrées alimentaires.

Le comble est atteint quand on s'aperçoit qu'en réalité nous vivons sur l'illusion de coûts de production globaux de MATIERES (donc non seulement à la source mais tout au long de la chaîne d'approvisionnement) qui sont plus élevés que ceux que nous sommes prêts à supporter. Habitués à des prix dont l'AFFICHAGE est artificiellement maintenu assez bas pour être supportables et pour libérer des possibilités de consommation variées, le consommateur ne se rend plus compte du coût réel des biens matériels qu'il achète.

Ainsi en est-il de postes aussi sensibles pour le budget des ménages que l'alimentation, l'habillement ... mais aussi celui de l'instruction et de l'éducation (ce deuxième poste mériterait à lui seul une analyse détaillée). Si nous en restons à la seule alimentation, nous avons bien du mal à mesurer aujourd'hui que le coût global de la production de nourriture est beaucoup plus important qu'il n'y paraît.

Une politique courageuse de vérité qu'un chef de l'Etat, digne de ce nom, doit soutenir consiste à rétablir chaque fois que c'est possible la vérité des coûts et par répercussion celle des prix. De le faire, non pas ponctuellement en se contentant d'effets d'annonce sans suite mais d'y veiller tout au long de sa mandature et bien au-delà.

Sinon, nous serons témoins d'une aggravation de plus en plus alarmante de la situation économique et sociale en France selon le mécanisme suivant : le consommateur achète une denrée alimentaire en râlant - il veut se nourrir pour moins cher afin de dépenser son argent à d'autres fins - , à un prix qui lui semble trop élevé mais qui, en réalité, est inférieur ou à peine supérieur aux coûts totaux de production. La marge étant trop faible, ce sont les acteurs les plus vulnérables de la chaîne de production qui en souffrent, notamment chez nous, les agriculteurs et les éleveurs mais davantage encore, ailleurs dans le monde entier

Autre effet nuisible, le consommateur qui dispose d'un pouvoir d'achat supérieur à la moyenne a tendance à gaspiller ces denrées acquises à un prix trop faible. Habitué à se nourrir pour le moins cher possible, le consommateur croît pouvoir dépenser dans d'autres domaines et ne s'en prive pas. Y prenant goût, il se rue sur toutes les promotions qui tirent le prix de la nourriture vers le bas, qu'elle soit d'une qualité nutritive douteuse ou qu'elle ne le soit pas, espérant ainsi libérer une part de son budget pour d'autres postes de dépenses. Comme d'autres postes de dépense EN FRANCE sont élevés (énergie, logement, éducation, taxes et impôts, ...), son insatisfaction redouble : il pensait pouvoir disposer de revenus suffisants en économisant sur la nourriture mais, non, il lui reste finalement assez peu pour se divertir ou même subvenir à d'autres besoins élémentaires : se chauffer, se déplacer, se vêtir ...

Comment résoudre ces conflits ? Pourquoi ne pas tendre vers une plus grande vérité des coûts et des prix qui nous sortent d'une illusion redoutable ? 

Se nourrir comme nous le faisons coûte cher et s'il est certainement possible de se nourrir plus sainement pour un coût économique moindre (intégrant les problèmes de santé, de pollution, ...), il est dangereux de croire que l'acquisition de BIENS MATERIELS aurait un coût toujours moindre. Au contraire, se nourrir occupera toujours une place importante dans la somme des efforts que doit consentir un homme. Croire que l'on peut se nourrir ou s'habiller "pour rien" et maintenir cette illusion engendre beaucoup d'amertume et finalement de pauvretés.

Pour conclure, mieux vaudrait que le coût de l'alimentation en France soit pleinement répercuté sur UN SEUL PRIX et non pas dispersé : d'une part un prix affiché maintenu le plus bas possible en amont pour les producteurs (et si possible pour le consommateur) ; d'autre part des subventions prélevées sur les impôts ... pour maintenir un système de production agricole soit disant performant mais qui ne l'est que d'un point de vue partiel : s'il faut en effet de moins en moins d'hommes pour produire toujours davantage, les coûts annexes ont explosé : énergie, eau, engrais, pesticides, foncier, matériels agricoles, frais divers, financement, immatériel (logiciel, savoir-faire, services de fournisseurs ...) ... 

Mieux vaudrait se rendre à l'évidence : se nourrir bien coûte un travail colossal (et qui peut être passionnant pour l'homme, tant pour le producteur que pour le consommateur, quand il est perçu non comme une corvée voire une malédiction mais comme une chance et même un honneur ainsi que l'indique la Genèse) ... qu'il ne convient pas de sous estimer. Ce coût étant perçu à sa juste valeur, l'homme comprend dès lors qu'il n'a pas à espérer des revenus hors normes pour se situer au-dessus d'une troupe de gueux qui tirent le diable par la queue mais qu'il lui faut au contraire travailler intelligemment pour gagner son pain comme tout un chacun sans léser autrui et que LE RESTE de ses gains n'étant pas suffisant, par essence, pour acquérir toujours plus de biens matériels, il convient pour lui d'orienter sagement ses capacités vers l'acquisition de BIENS IMMATERIELS qui ne coûte que du temps, soit ... très peu d'argent dans une société où tout métier est considéré à sa juste valeur ! Ici se glisse aussi la nécessité d'une sagesse donnant à l'homme de comprendre que le bonheur ne résulte pas de l'accumulation de biens matériels ou immatériels mais qu'il grandit dès lors que j'ai appris à savourer ce que je possède déjà, ce qui m'est offert chaque jour.

Autrement dit : l'équation est simple. Tout homme devant travailler beaucoup pour se nourrir, nul ne peut espérer se nourrir à peu de frais et consacrer une grande part du reste de ses revenus à la consommation de biens matériels. Reste à chacun une marge de revenus (en vérité confortable dans une société bien organisée où les questions d'aménagement du territoire et donc de logements sont bien pensées) pour s'adonner à des loisirs peu coûteux mais passionnants : la lecture profonde et bien d'autres choses tout à fait stimulantes comme les échanges équilibrés et sains entre des êtres qui se respectent, savent apprécier la présence de l'autre, connaissent la joie d'être ensemble pour un partage fraternel, un travail commun, une oeuvre essentielle, une activité de détente ...

Pour aller plus loin, voir : prix du marché et juste prix.

Voir aussi (ajout de février 2016) le livre coécrit par Matthieu Ricard, Christophe André et Alexandre Jollien :

"Trois amis en quête de sagesse"



Cf. http://matthieuricard.org/books/trois-amis-en-quete-de-sagesse

Voir aussi : "Mal de dos, mal de bouffe" de Gilles Bacigalupo dont voici un extrait qui souligne avec pertinence l'inadéquation de  nos pratiques actuelles en matière de nutrition et de santé :

"En France nous sommes suralimentés mais dénutris !"

"La dégradation de la qualité de nos aliments serait compréhensible et tolérable si notre civilisation occidentale connaissait la disette et la famine ! Il n'en est rien et nous sommes presque tous suralimentés. Mais nous sommes en revanche très souvent dénutris par la pauvreté de nos aliments en micro-nutriments. Le problème alimentaire principal de nos sociétés occidentales n'est pas d'augmenter la quantité de produits mais d'améliorer la qualité. 

Confiants, nous croyons faire une bonne affaire lors de nos achats alimentaires à bon marché, pour payer ensuite les dégradations qu'entraîne notre malnutrition. Ce que nous ne payons pas en dépenses alimentaires, nous le dépensons, en double ou triple, en cotisations d'assurance maladie pour le traitement des pathologies induites par notre malbouffe. Ces dépenses de santé, tempérées par les remboursements des organismes d'assurance maladie (et des mutuelles) et la pratique de plus en plus fréquente du tiers payant, ne sont pas autant ressenties que les dépenses alimentaires que nous sortons directement chaque jour de notre porte-monnaie." (p. 26-27 Editions du Rocher 2015).

mardi 15 septembre 2015

France2022 : Apprendre à COMPARER ou bien ... à ORDONNER


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Tout lecteur intéressé par le sujet de la comparaison pourra consulter une tribune antérieure du projet France 2022 qui fournit un exemple de comparaison : le moine et le politique.

Dans un pays comme la France où l'enseignement des mathématiques en primaire et dans le secondaire occupe une place si grande pour un bénéfice en trompe-l'oeil, un grave défaut a fini par s'installer dans l'esprit du plus grand nombre - enfants et adultes - celui de confondre ORDONNER et COMPARER. D'où cela vient-il ? Pourquoi et comment y remédier ?

Si pour obtenir : "2 est inférieur à 3", on demande à des élèves de : "comparer 2 et 3", s'installe alors peu à peu dans leur esprit le réflexe de réduire la comparaison à une mise en ordre. Prenant peur, certains réagissent en refusant toute idée de comparaison tandis que d'autres, séduits par l'apparente facilité d'un tel processus, se croient autorisés à tout mettre en ordre. 

Ces trois erreurs :

           - réduire la comparaison à une mise en ordre ;
           - refuser de comparer ;
           - vouloir tout ordonner,

sont assez fréquentes pour que nous prenions la peine de les traiter dans le cadre d'un projet politique. 

Le mot "peine", en l'occurrence, ne convient pas car c'est une joie de proposer un chemin de libération fort utile au quotidien, dans les moments les plus ordinaires comme dans ceux qui le sont moins.

A la demande de "comparer 2 et 3", nous pouvons certes répondre : "2 est inférieur à 3" mais cela est pauvre puisque "comparer" ainsi que le rappelle le Littré, c'est "examiner simultanément les ressemblances et les différences". C'est donc établir un catalogue détaillé de ce qui rapproche et de ce qui distingue deux choses, deux êtres, deux situations, deux projets, deux produits, deux services, deux méthodes ... Envisager de ce point de vue large, la comparaison est un exercice passionnant qui renvoie l'esprit humain aux tout premiers jours de son développement : passer du singulier au général et inversement ; former des concepts et des mots pour les exprimer ; définir, classifier, classer, ...

Ainsi, comparer 2 et 3 révèle une multitude de ressemblances et de différences stimulantes pour l'esprit, non seulement durant leur mise à jour mais encore, in fine, à la lecture du catalogue obtenu. Nous pourrions dire que 2 et 3 se ressemblent : ce sont deux écritures de nombre, deux chiffres, deux codes, deux symboles, deux entiers naturels et relatifs, deux rationnels ... ; qu'ils s'écrivent avec un seul chiffre indien ou arabe dans le système décimal ou avec deux chiffres dans le système binaire ; qu'ils sont tous deux positifs, supérieurs à 1 et inférieurs à 10 ; qu'ils sont premiers ; avec 1 et 4, 2 et 3 sont les seuls nombres perceptibles par tout cerveau humain, non entraîné à voir davantage, en un laps de temps très court (inférieur à la seconde) lors de la projection d'un groupe de points non ordonnés (voir le livre très instructif de Pierre-Marie Portejoie nouvellement édité par SOS Education : "Fâché avec les nombres" ) ;  ... 

Toutes ces ressemblances n'empêchent pas les nombres 2 et 3 d'être différents : l'un est pair, l'autre impair ; l'un est diviseur de 8 tandis que l'autre ne l'est pas ; utilisés en tant que dénominateur de fraction, l'un ne produit que des décimaux tandis que l'autre produit aussi des rationnels qui ne sont pas décimaux ; le double de l'un est égal à son carré, cela est faux pour l'autre ; ...

Si, comparer produit autant de ressemblances et de différences pour des objets aussi simples que 2 et 3, une abondance déroutante  et stimulante résultera de la comparaison d'objets complexes, par exemple deux êtres vivants. On évitera, dès lors, la tentation de réduire cette comparaison à une querelle de quantités et de nombres. On s'abstiendra aussi de son corollaire : la tentation de vouloir obtenir à toute force une mise en ordre, but pour le moins hasardeux et source d'ennui ou de faux problèmes dès que la tentative de mise en ordre porte sur des objets à plusieurs dimensions. 

Remarquons au passage que toute comparaison qui s'en tient aux seules données chiffrées s'appuie sur une caractéristique fondamentale des nombres : quand je dois comparer deux collections distinctes d'objets en tous points semblables,  le nombre demeure un recours pour trouver au moins une différence entre ces deux collections tandis qu'à l'autre extrême, le nombre pourra constituer la seule ressemblance identifiable entre deux collections d'objets en tous points dissemblables mais qui comportent, l'une et l'autre, le même nombre d'objets. Cette puissance du concept de nombre est à manier avec prudence et avec reconnaissance : il peut rendre d'éminents services ou devenir la source de réductions stériles sinon la cause d'oublis préjudiciables à la bonne intelligence des choses, des êtres et des situations.



vendredi 22 mai 2015

France 2022 : Billet d'humeur à propos de la réforme des programmes de collège en France


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Une fois n'est pas coutume, 

le projet France2022 intègre ici une tribune de circonstance au sujet de l'éducation et de l'instruction dans les collèges de France. 

Cette incise est l'occasion de mettre en lumière des phénomènes qui dépassent largement le cadre du propos immédiat.


Il ne s'agit pas ici : 

de défendre ou d'attaquer des personnes nommément - ce qui est en cause n'est pas le fait d'une seule personne et verser dans l'accusation nominative serait céder à cet air du temps qui, faute de recul, s'en prend au premier venu, oublie le devoir de miséricorde et n'accomplit pas le travail élémentaire de réflexion consistant à rechercher les causes réelles de tel ou tel dysfonctionnement - ; 

de soutenir ou de combattre des intentions, des idées, des projets personnels, ... 

mais de souligner les travers d'une façon pitoyable de gouverner ou d'administrer la France et de proposer une réponse solide : une autre manière d'observer, de réfléchir, de concevoir, de décider et d'agir en politique.


Premier travers et non des moindres : proposer une réforme des collèges qui ne pourra être mise en oeuvre qu'au terme d'un mandat législatif et gouvernemental sans que les politiques responsables de la réforme soient au pouvoir au moment de sa mise en oeuvre.

Un sujet d'une telle envergure mérite mieux : un traitement de fond dès le début d'une législature et une mise en oeuvre précoce sous la tutelle d'un Ministre de l'Education Nationale qui reste en poste au moins pendant cinq ans.

Le projet France2022 prévoit de faire en sorte que la valse incessante des ministres de l'Education Nationale soit enfin régulée par un dispositif qui permette des actions cohérentes à long terme. Luc Ferry, ancien Ministre de l'Education nationale, témoignait en 2015 de l'échec d'une réforme pourtant essentielle à l'école primaire - celle d'un renforcement de l'apprentissage de la lecture en primaire - faute de continuité dans l'action gouvernementale alors même qu'aucun changement de majorité ne fût en cause en l'occurrence ! Voir entre autres à ce propos : un article de la Revue Civique.

Voir aussi la question des méthodes de lecture, toujours d'actualité, alors même que Gilles de Robien avait tenté de libérer un champ idéologique phagocyté par quelques illuminés ou incapables qui confondent aptitudes premières et aptitudes secondes, imposant à de tout jeunes enfants des techniques de déchiffrage bons pour des lecteurs déjà aguerris.



Deuxième travers : tenter de passer en force en moquant ou en négligeant ceux qui ne sont pas d'accord avec le contenu d'un projet hasardeux. Ce fut déjà le cas lors de l'imposition du soit disant "mariage pour tous", avec tromperie de langage comme de règle en pareille circonstance. En 1974, Michel Debré avait déjà mis en lumière le mensonge constitué par le terme "interruption" à propos de l'IVG.

Le thème crucial de la formation (et de l'orientation professionnelle) des jeunes devrait être abordé, au contraire, en veillant toujours à rassembler la nation autour des jeunes qui ont un grand besoin d'être protégés, aguerris, préparés soigneusement, formés intelligemment,  ... comme autour de tous ceux - les parents et grands-parents, les enseignants et tant d'autres - , qui participent à ce travail depuis des générations. 

Comment ne pas noter au passage la tromperie récurrente de ces générations de politiques qui s'engraissent sur le dos d'une jeunesse sacrifiée au pied de l'autel du consumérisme, du confort des repus, des manies de rentiers : quelques anciens repliés sur des acquis de fortune ont une peur bleue, une crainte viscérale de ce qui monte, de ces jeunes qui se lèvent et se tiennent debout afin de protester contre un (dés)ordre établi où l'avènement miraculeux d'une jeune pousse, d'un bébé, d'un enfant n'est plus perçu comme une chance mais comme un fardeau insupportable ? D'un côté on ouvre largement les vannes de l'assassinat de l'enfant à naître, de l'autre, on prétend faire le maximum pour les rescapés d'un génocide (1 enfant sur 4 tué avant terme, chaque année en France). La réalité est beaucoup plus sombre : quelques élites autoproclamées ne redoutent qu'une chose, que plus compétent qu'elles ne revendique un pouvoir usurpé, un service confisqué.

Le projet France2022 prévoit qu'il ne soit plus possible désormais de réformer les champs politiques sensibles par des votes au fil du rasoir, des votes obtenus par des minorités influentes, redoutablement organisées pour qu'aboutissent les projets destructeurs qu'elles fomentent et ruminent pendant des lustres. Le projet France2022 propose d'instaurer l'obligation d'une majorité parlementaire aux 3/5 voire aux 2/3 pour tout changement notable dans les domaines où le pays a intérêt à faire corps, à faire preuve d'unité afin d'éviter des divisions ou des guerres fratricides.

Quelques esprits fatigués, grincheux ou vieillissants, sectaires ou bornés, contesteront le principe d'une majorité large en invoquant l'argument d'un risque de blocage. Celui-ci ne résiste pas à l'analyse car il est tout à fait possible d'appliquer, simplement et au moins, le principe de majorité large à l'inscription des réformes dans un calendrier parlementaire. 

Depuis 2012, les politiques au pouvoir ont fait perdre un temps précieux à toute la nation en décidant de mettre en chantier des réformes inutiles, malsaines, nuisibles et même dangereuses, au grand dam de nombreux élus locaux (en particulier des partis au pouvoir. Un comble !) et en dépit d'une protestation d'envergure d'innombrables citoyens qui n'en reviennent pas de ce gâchis alors que certains d'entre eux se démènent de façon admirable afin de sauver les meubles et, bien davantage, sur les territoires dont ils assument au quotidien les grandes difficultés, qu'il s'agisse de territoires publics ou de territoires privés. Les élus de proximité constatent, effarés, qu'au niveau de responsabilité politique le plus élevé, s'accumulent depuis trois ans, des ratés et des conneries sans nom par l'incurie de quelques édiles en situation manifeste d'incompétence (cf. principe de Peter) voire d'idolâtrie.

Troisième travers : penser de manière étroite, étriquée, partielle, superficielle, ... en saucissonnant les problèmes de telle sorte que les solutions proposées négligent des aspects fondamentaux de l'équation complexe à résoudre.

Ainsi, proposer une réforme des programmes de collège sans avoir résolu les défauts criants d'une école primaire martyrisée par les destructeurs des apprentissages fondamentaux est peine perdue d'avance : les faux plis acquis dès l'enfance sont très difficiles à corriger par la suite et c'est même mission quasi impossible au sein de collèges d'enseignement général qui n'ont pas une large autonomie de recrutement des enseignants et des élèves.


Quatrième travers : raisonner en négligeant les motifs historiques d'échec et de dysfonctionnement or l'une des raisons majeures des défauts de l'enseignement général en France est liée aux prétentions récurrentes d'un pouvoir étatique qui tend à s'occuper de tout en court-circuitant les corps intermédiaires de la nation. Pour un Etat au bord de la faillite, c'est même une folle ambition.


Cinquième travers : prétendre améliorer un système complexe comme l'enseignement scolaire et la formation continue par des réformettes consistant à démolir l'ancien pour le remplacer par du nouveau sans consistance voire hasardeux, c'est-à-dire, en somme, prendre en otage les élèves et leur famille pour en faire les cobayes d'expérimentations mal pensées et mal conduites. Corollaire : le Ministère de l'Education Nationale en France se contente trop souvent de modifier les programmes scolaires de manière marginale mais coûteuse au lieu de mener un travail de fond visant à parfaire un système qui a besoin d'une révision de grande ampleur, non pas élaborée par quelques têtes mal pensantes mais construite par un groupe de travail réunissant les représentants des principaux corps intermédiaires de la nation qui sont parties prenantes de l'éducation et de l'instruction des jeunes générations comme de celles qui ont besoin d'être formées au fil de l'eau.


Sixième travers : isoler l'enseignement du reste. Par suite, interpréter les ratés de l'Education nationale comme le produit des seuls dysfonctionnements internes d'une machine vieillissante alors que nos écoles pâtissent beaucoup des erreurs de gouvernement et d'administration de toute la société : les violences, les mauvaises orientations, les échecs scolaires ... tiennent pour une large part aux dérives et aux errances d'un paquebot France dont le capitaine est ivre, le commandement erratique, l'équipage incompétent et les passagers affolés.




mercredi 8 avril 2015

Politique, un dur métier pour qui l'accomplit dans un esprit de service




Anne Hidalgo



Les Français, comme d'autres peuples, ont les politiques qu'ils méritent. Ils ont les hommes et les femmes politiques qu'ils ont choisis parmi une multitude de candidats, les uns soutenus par un parti et d'autres qui se sont affranchis d'une quelconque tutelle.

Se défausser de sa responsabilité de citoyen en pariant sur l'abstention ou en usant de l'argument des "promesses non tenues" ne trompe personne : nous sommes collectivement responsables de ce qu'il advient de notre pays. L'indigence de certains politiques ne suffit pas à expliquer les très grandes menaces qui pèsent aujourd'hui sur l'avenir de la France. Chacun de nous peut, à son échelle, contribuer à éviter un désastre.

Certes, nous confions nos intérêts à des personnes faillibles. Exposé à toutes sortes de tentations, le personnel politique risque à tout moment de faillir à ses missions. Exposé médiatiquement, il subit la pression grandissante des pouvoirs qui lui contestent sa place. Cette pression est de plus en plus forte aujourd'hui puisqu'un vent violent souffle contre toute position dominante, toute autorité, tout représentant d'un ordre aussi légitime soit-il. 

Du point de vue étroit où chacun de nous se place, certaines options politiques peuvent nous paraître médiocres et même nuisibles tandis que d'autres les qualifient d'excellentes. Sommes-nous toujours en mesure de juger ? Sur quelles données nous appuyons-nous pour apprécier telle décision, telle loi, telle disposition ? Sommes-nous sûrs d'être assez compétents pour discerner les causes, les possibles et les conséquences ? Vastes questions que tout citoyen raisonnable n'élude pas afin de ne pas s'emporter à tort. Et d'ailleurs, à quoi bon vitupérer contre tel ou tel pouvoir ? A quoi bon accuser l'un ou l'autre d'avoir failli ? Qui de nous ne s'est jamais trompé, n'a jamais fauté ?

Il est probable que tout parti au pouvoir qui se donnerait la peine de présenter un bilan honnête et non mensonger de l'action du gouvernement qu'il aurait soutenu emporterait assez aisément de nouvelles élections contre un parti d'opposition qui ne saurait rien faire d'autre que d'émettre des critiques sans présenter un projet solide et bien ajusté aux nécessités du temps présent. 

Toute l'énergie dépensée à maudire l'action d'un autre est perdue pour bâtir une réponse digne d'intérêt. Céder à l'air du temps qui prône la critique virulente, la calomnie ou la médisance, la caricature grotesque ou la dérision c'est perdre beaucoup de temps et passer à côté de propositions constructives d'autant qu'il devient de plus en plus délicat de remédier aux dysfonctionnements d'une société qui ne cesse de gagner en complexité. 





En ayant le souci de nous simplifier, de nous unifier et de nous "cultiver en complexité" comme nous y invite Gérard Gigand (voir aussi l'enregistrement "la compréhension trialectique comme géométrie de la systémique"), nous deviendrons capables de choisir des élus dont nous serons fiers et que nous aurons à coeur de soutenir dans l'exercice d'un métier pour le moins difficile quand celui qui est en charge des intérêts collectifs accomplit ses missions dans un véritable esprit de service et avec beaucoup d'humilité.

Le nombre de candidats aux élections fait parfois illusion. Il semble que beaucoup se pressent encore pour obtenir des sièges en or mais si nous laissons s'installer une pression grandissante sur nos élus, il y a fort à parier que le nombre de vocations ne cessera pas de décroître. Pire : il n'est pas certain que ceux qui braveront encore le suffrage populaire soient les hommes et les femmes dont l'espace public et le bien commun aient le plus à gagner. 

L'élection présidentielle en France concentre à elle seule de tels enjeux de pouvoir qu'au lieu d'élire des personnes vraiment aptes à présider aux destinées de la France, nous n'élisons bien souvent qu'un chef de parti qui a su défendre habilement sa place contre ses principaux rivaux et s'imposer en face d'autres chefs de parti. Cela ne donne pas hélas les qualités essentielles permettant de veiller au bien commun d'une nation.

Le projet France2022 prévoit de modifier les pouvoirs du Chef de l'Etat, des Ministres et des représentants de la nation afin que la France sorte des impasses actuelles et développe un potentiel malheureusement laissé en jachère par des pouvoirs exécutifs et législatif devenus impuissants dans un monde qui a profondément changé depuis 1958. Des pouvoirs nationaux qui, faute de courage, laissent les élus locaux gérer des situations de plus en plus inextricables.

L'une des grandes évolutions défendue par le projet France2022 consiste à donner aux maires (de municipalités plus étendues et moins nombreuses) des pouvoirs plus larges sur la conduite des affaires de la nation tout entière, non plus confondue avec un Etat stérile comme aujourd'hui dans de nombreux domaines mais subdivisée en cinq provinces ayant chacune une forte autonomie de gouvernement. 

Grosso modo mais à bien préciser, cela revient à faire de la France une fédération de cinq Etats. Le niveau national joue alors beaucoup mieux son rôle : il ne s'occupe pas de gouverner en détail mais tient lieu d'articulation aujourd'hui manquante entre le niveau de gouvernement européen et le niveau de gouvernement étatique (requalifié en gouvernement provincial). Gouvernement étatique qui englobe tous les domaines non régaliens, laissant au niveau national le soin d'organiser les pouvoirs régaliens en étroite concertation avec ses voisins, l'Europe tout entière et le reste du monde, soit déjà fort à faire ! 

Dans cette nouvelle organisation, chaque pouvoir provincial a les coudées franches pour organiser et mettre en oeuvre les pouvoirs non régaliens en tenant compte des réalités de terrain qui ne sont pas les mêmes partout et, plus encore, en respectant davantage les prérogatives des élus locaux et donc le principe fondamental de la subsidiarité défendu par le projet France2022.

mardi 7 avril 2015

Le travail humain

"Il faudrait pouvoir réinvestir le travail 
comme un problème politique. 
Les politiques ne parlent que d’emploi. 
Or la priorité est l’organisation du travail."



"Que pour chacun, son propre travail 
soit un objet de contemplation."










Le travail humain, vaste domaine dont le traitement par un projet présidentiel réclame beaucoup d'attentions : la réussite dans ce domaine conditionne une bonne partie de l'avenir de la nation. Les slogans, les incantations, la démagogie ou la faiblesse de l'analyse ne font qu'aggraver les problèmes. 

Ajout du 23 mai 2016 : ... et nous sommes aussi témoins en France et ailleurs de l'ineptie d'un traitement de ces questions en fin de mandat présidentiel, sans avoir pris le temps nécessaire en amont et en aval pour conduire une politique digne de ce nom en matière de travail. 

Il semble au contraire que le gouvernement actuel (période de 2012 à 2017) prétende réformer le travail d'une nation en bâclant le sien, non que les bonnes volontés à l'oeuvre manquent de courage, d'intelligence et d'ambition mais parce qu'elles se retrouvent prisonnières d'un espace-temps très insuffisant pour faire avancer un chantier beaucoup trop tardif dans une mandature présidentielle qui s'est d'abord préoccupée de l'accessoire pour en venir à l'essentiel quand il est déjà bien tard, manifestant ainsi le manque de recul (le fameux chapeau bleu de la méthode d'Edward de Bono) d'une classe politique orientée vers le paraître et non vers l'être, et bien pire : entretenant des mensonges permanents sur ses préoccupations. Au lieu de penser et d'agir pour améliorer la condition sociale du plus grand nombre, cette classe-là roule pour son propre compte et pour les intérêts de quelques copains au risque de provoquer un tsunami économique. L'heure est si grave aujourd'hui qu'il est fort à craindre que se déroulent des événements dramatiques au coeur même d'une France déboussolée par l'arrogance de politiques qui ont perdu de vue l'essentiel.

Voici, en ordre dispersé, les constats (le chapeau blanc d'Edward de Bono) sur lesquels se fondent l'analyse et les propositions du projet France 2022 au sujet du travail, de l'emploi et des rémunérations : 

 1. taux de chômage élevé 
     depuis de nombreuses années en France ; 

 2. entrée des jeunes 
     trop tardive sur le marché de l'emploi 
     après des années de formation 
     coupées des nécessités matérielles
     et un temps de réflexion tellement négligé
     qu'il laisse une place démesurée
     à nombre d'orientations par défaut
     ou sans issue viable ; 

 3. sortie trop précoce des seniors 
     (mais pas de tous) ; 

 4. inégalités de salaire proprement injustes et même indécentes ; 

 5. instabilité des emplois ; 

 6. distribution inadéquate 
     des emplois publics ; 

 7. répartition géographique des emplois
     déséquilibrée ;

 8. inadéquation des offres 
     et des demandes d'emplois ; 

 9. déconsidération et perte du sens du travail humain ; 

10. travailleurs lassés de la course
      au profit financier à court terme
      et qui demandent que l'on en revienne
      à la quête de sens dans le travail :
      tel produit, tel service, pour qui ? pour quoi ? ;

11. organisations du travail
      broyant l'homme et la femme
      et le corps de la famille,
      non plus seulement physiquement
      mais nerveusement et moralement
      voire les épuisant (burn out) ;

12.  orientations mercantiles des travaux,
       et parfois même criminelles (IVG)
       incitant le personnel à effectuer des actions
       qu'il réprouve intérieurement ;

13. défaut de coopération professionnelle
      au profit d'une concurrence acharnée,
      déloyale voire suicidaire ou criminelle ;

14. interactions homme-machine ou automate
      mal pensées et principalement orientées
      vers des augmentations de cadence
      au détriment de la qualité des résultats 
      et même de la productivité réelle
      et bien évidemment de la santé des personnes ;

15. contrats d'objectifs insensés
      sans que soient intelligemment évalués
      puis mis à disposition
      les moyens nécessaires pour les atteindre ;

16. prédation généralisée des grandes structures
      à l'égard des plus petites
      sans la moindre considération
      pour les trésors de savoir-faire
      qu'elles ont patiemment élaborés 
      et/ou dont elles sont dépositaires ;

17. raisonnements des instances dirigeantes
      en très grande masse (de préférence financière)
      qui ne tiennent aucun compte
      des personnes et des territoires
      impactés par les conséquences
      des décisions prises
      (délocalisations intempestives ...) 
      ni même d'ailleurs de la pérennité
      des structures et des compétences ;

18. dévalorisation dramatique 
    des métiers concrets ; ...



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comme le rappelle Pierre Rabhi dans "Convergence des consciences" au chapitre de "La main" ...

mais ... lueurs d'espoir illustrées par les récits de Laurence Decréau, qui, dans son livre : "L'élégance de la clef de 12", relate l'histoire singulière de plusieurs "cols-blancs" qui ont découvert avec bonheur la voie d'un accomplissement par un travail en prise avec la matière. (Ajout du 3 juin 2016) 

Si le chômage ne résultait que des seuls progrès de la mécanisation et de l'automatisation des travaux de telle sorte que l'on pourrait dire : "Les machines étant plus performantes que l'homme dans de nombreux domaines, nous produisons au XXIème siècle de grandes quantités de biens et de services sans qu'il faille recourir à une main d'oeuvre abondante", nous aurions simplement, du moins en apparence, à répartir la propriété de l'outil de travail et les fruits produits. Nous constatons cependant que, dans le domaine des services à la personne en France, nous manquons de bras et que dans tous les pays, y compris chez nous, de nombreuses personnes vivent dans la misère ou la précarité tandis que ceux qui ont encore les moyens de subvenir à leurs besoins ont massivement recours à des produits qui pourraient être élaborés en France mais qui proviennent de terres lointaines où s'activent des populations sous contraintes, exploitées, sacrifiées sur l'autel d'un consumérisme aveugle et sourd à la détresse de millions d'hommes et de femmes, réduits à l'état de rouages d'une machine économique mondiale qui engendre de multiples esclaves, qu'ils soient producteurs ou consommateurs : au lieu de travailler à la libération de l'être humain et au service de la personne humaine, elle semble tournée vers l'accroissement de la dépendance comme si ce qui était gagné d'un côté : diminution de l'effort physique, suppression de gestes répétitifs, gains de précision, ... devait être payé de l'autre par de nouveaux asservissements de telle sorte que l'on aboutit à un bilan mitigé : quelques-uns profitent des gains actuels jusqu'à l'indécence, tandis qu'une multitude présente (et future) engrange(ra) des pertes colossales (si nous poursuivons aux rythmes infernaux de l'époque contemporaine).

Une première réponse consiste à indexer la part dédiée aux services à la personne sur les revenus des autres activités : un pourcentage des richesses produites est affecté aux dépenses de santé, d'éducation, de sécurité .... C'est ce que nous faisons aujourd'hui en France avec quelques succès mais en rencontrant aussi des difficultés connues de tous : le revenu des autres activités tend à stagner et la production nationale ne suffit plus, ni directement (production locale) ni indirectement (exportations) par échanges commerciaux, à couvrir les besoins de la population.

Une autre réponse, celle que préconise le projet France 2022, consiste à sortir partiellement de l'équation économique par une double considération à l'allure paradoxale : "Tout travail mérite salaire" / "De nombreux services à la personne font appel au don gratuit de son temps, de sa personne et parfois même de sa vie" (comme en témoigne le 7 avril 2010 l'explosion dans une usine de Gennevilliers). C'est un premier éclairage à développer et à compléter. 

"Autre réponse" ne signifie pas qu'il faille abandonner totalement l'indexation mais que cette dernière ne peut répondre à la totalité des besoins. En sortant de l'indexation totale, on dissout - encore faut-il préciser comment - l'obsession de la croissance : il n'est pas vrai que notre seule planche de salut soit l'obtention d'une croissance plus forte même si, hélas, les montants de nos dettes publiques ou privées et la quasi impossibilité de les résorber rapidement par une relance de l'inflation semblent commander d'accomplir le maximum pour que notre croissance soit élevée. Sommes-nous prêts en France à obtenir une augmentation du taux de croissance à l'image du Royaume-Uni sous la houlette de David Cameron ou de l'Allemagne sous la férule d'Angela Merkel ? C'est-à-dire au prix de mesures drastiques ? Existe-t-il d'autres voies, d'autres possibilités pour relancer une croissance en berne ? Sujet complexe et sensible qui pose de nombreuses questions, non seulement économiques mais encore sociales, culturelles, ... Sujet de débats houleux entre des acteurs aux intérêts parfois très divergents. Sujet épineux en raison aussi d'erreurs de perspectives dues à l'utilisation d'un quotient directeur à revoir au sein de l'Europe. Voir notamment : "La véritable dette de la France".


Notons au passage que les difficultés de trésorerie de la nation française ont conduit certains analystes à proposer une sortie de crise par une taxation raisonnable du patrimoine avec suppression de l'ISF afin de contrer et de réduire les positions de rente qui sont un frein au développement des activités économiques (produisant des biens nouveaux) et à l'accroissement des revenus du travail. Cf. à ce propos un livre publié en 2014 : "L'horreur fiscale" d'Irène Inchauspé et Sylvie Hattemer.

Avant de développer le point précédent, nous préférons élargir le champ d'investigation afin de donner une vue plus complète de ce qui est envisagé dans le projet France 2022. Pour les développements ultérieurs voir la tribune : "Création d'une monnaie de service et d'abondance".

La réduction des inégalités de rémunération nous paraît être un point central à ne jamais négliger quoiqu'il puisse en coûter à ceux qui estiment qu'ils perçoivent aujourd'hui le minimum auquel ils sont en droit de prétendre, eu égard aux sacrifices divers qu'ils ont consentis ou consentent encore, en raison de leur valeur exceptionnelle, au motif qu'ils assument des responsabilités de haut vol, ... Nous contestons cette façon de voir car tout travail humain, quelles que soient les qualifications requises pour son exercice, comporte une part d'impondérable qui n'a pas de prix. Même le travail le plus humble a une valeur inestimable. 

Ceux qui défendent des rémunérations exceptionnelles ne manquent pas d'arguments pour justifier leur statut hors du commun. Les examiner un à un montre qu'il n'en est pas un qui résiste à un angle d'attaque bien choisi. 

Prenons par exemple le cas des sportifs de très haut niveau dont la cote atteint des sommets. L'excellence de leurs prestations, leur aura, la brièveté de leur carrière, les risques physiques qu'ils prennent, leur entraînement surhumain, leurs qualités admirables ... semblent donner raison à tous ceux qui sont prêts à leur accorder des monceaux d'or. (Voir à ce sujet le chapitre "Football, la démesure" du livre "La convergence des consciences" de Pierre Rabhi).

Nous pensons au contraire qu'il y a là une dérive à remettre en cause. François Jauffret, comparant la situation actuelle à celle qu'il a connue quand il était au plus haut niveau tennistique, rappelle que son salaire d'ingénieur commercial était supérieur à ses gains de jeu et que ces derniers furent environ mille fois inférieurs à ceux des plus grands champions de nos jours. Les données ont certes  changé : multiplication des compétitions, nécessité pour un joueur de s'entourer d'une équipe pluridisciplinaire de haut niveau, obligation de s'entraîner de façon très intensive et permanente, médiatisation mondiale des rencontres, ... Cela ne nous paraît pas justifier un tel écart de rémunération à trois ou quatre décennies d'intervalle. Concernant l'exemple du tennis, il est clair que le changement ne résultera pas d'une décision unilatérale d'un pays isolé. 

Pour d'excellentes raisons éthiques, la France et l'Europe avec elle, s'honoreraient de mettre les pieds dans le plat. Pourquoi ne pas proposer que dans les grandes compétitions, les gains soient moins élevés et plus équitablement répartis entre ceux qui atteignent les quarts de finale voire les huitièmes de finale ? Pourquoi ne pas tenter d'obtenir que, désormais, les cinq premiers athlètes arrivés en tête lors d'un événement sportif montent sur un podium à cinq marches ? Cela ne ternirait nullement l'éclat du vainqueur et cela aurait finalement beaucoup plus d'allure. Cette nouvelle donne aurait l'avantage supplémentaire de récompenser ceux qui, malgré un entraînement sérieux, honnête et méritoire, n'ont pas réussi à atteindre le sommet mais l'ont néanmoins approché de près. Une façon d'encourager les sportifs qui refusent d'avoir recours à des pratiques dangereuses et illicites, dont le dopage ou pire encore, ... d'encourager ces sportifs à persévérer sur un chemin où les seuls alliés de l'athlète sont la très haute technicité et les sciences, la vertu, le courage, la patience, l'amitié et la spiritualité.

Nous ne sommes pas assez naïfs pour croire que ce qui précède résoudra tous les problèmes : pour certains sportifs, seule compte la première place - "si tu es deuxième, tu n'es rien" - et la multiplication des récompenses, comme dans le Tour de France (meilleur grimpeur, classement par points) n'endigue pas la tentation de se doper.

Notons enfin que la brièveté de toute carrière sportive de très haut niveau en tant que compétiteur (sauf rares exceptions) ne justifie plus aujourd'hui que soit attribués des montants de rémunération exorbitants car le développement de l'univers sportif a été si prodigieux à l'échelle mondiale qu'il permet désormais aux sportifs d'emprunter des chemins de reconversion très lucratifs.

Deux sujets viennent d'être abordés : la question du don de soi et le problème des inégalités criantes de rémunération. Ces deux points appellent d'amples développements que nous reportons pour augmenter l'angle de vue.

Nombreux sont aujourd'hui les travailleurs menacés par les progrès de l'automatisation mais aussi par la concurrence des pays où les facteurs de production, tels les salaires, sont nettement moins élevés qu'en France. Le fait que cette concurrence soit provisoire en raison de l'élévation progressive du niveau de vie dans ces pays ne doit pas nous endormir : une fois qu'une activité a été délocalisée, elle entraîne avec elle des travaux en amont - dont le secteur vital de la recherche par exemple - et des travaux en aval. 

Une fois qu'une filière a quitté un territoire, il est illusoire d'y espérer son retour même s'il est vrai que l'on observe parfois des mouvements contraires, soit en l'état soit après des mutations technologiques, soit encore à la faveur d'une redéfinition des objectifs commerciaux (l'histoire de l'horlogerie suisse est une bonne illustration de ce genre de phénomène) ; même s'il est exact que certaines délocalisations n'entraînent pas nécessairement le départ de tout l'amont (la conception et le marketing par exemple) et de tout l'aval (la distribution par exemple). 

Les délocalisations nous privent d'emplois et ont un autre inconvénient majeur que nous devons garder à l'esprit : en resserrant l'éventail des métiers courants sur notre territoire, en diminuant le nombre d'acteurs économiques, elles provoquent par répercussion la fragilisation des entreprises. Nous savons qu'un nombre significatif de faillites est dû aux défaillances de paiement imprévisibles de clients. Ce phénomène est mécaniquement accentué par la diminution des agents économiques : quand votre activité intéresse moins de clients potentiels dans le tissu inter-entreprises (le B to B), la défaillance d'un seul client peut entraîner votre perte. Si nous ne résistons pas, les générations à venir seront privées d'une large part d'autonomie et de liberté. 

Une réponse immédiate risque de fuser : "Cette résistance est à intégrer à notre stratégie économique. Quel rapport a-t-elle avec une interrogation sur le travail humain ?". Le projet France2022 part du principe que des considérations économiques seules (compétitivité, viabilité, pérennité, ...), stratégiques pures (sécurité, liberté, ... ) ou même géopolitiques (alliances manufacturières et complémentarités européennes par exemple) ne suffisent pas à établir le choix des branches à réduire ou à maintenir sur le territoire de la France : une approche éthique et philosophique éclaire l'intelligence et la volonté des décideurs sur tous les chemins étroits où l'erreur risque d'être fatale. 

En ce qui concerne l'avenir du travail en France, nous sommes bien sur une ligne de crête. Nous pourrions nous demander : "Pourquoi avons-nous laissé les délocalisations à grande échelle se produire ? Est-ce seulement pour des raisons de coût ?". Certainement pas. Nous avons, à tort ou à raison, estimé que certains métiers méritaient moins que d'autres notre considération. Nous avons, de manière plus ou moins explicite, de façon plus ou moins consciente, accordé une supériorité aux activités en apparence non répétitives et à dominantes abstraites. Nous avons établi une hiérarchie entre les métiers et nous avons choisi de retenir ce qui nous a semblé occuper le haut du panier. 

En considérant le travail, non plus seulement de l'extérieur, dans ses manifestations sensibles, mais en tenant compte de sa valeur intégrale, nous sommes capables de renverser cette hiérarchie et d'aborder le problème du chômage, les sujets de l'éducation et de l'orientation, avec un oeil neuf.

D'une manière générale, le regard que nous portons globalement sur le travail mérite réflexion. Nous avons aussi à tenir compte des aspects sociologiques, notamment de l'évolution du travail des hommes et des femmes.

L'époque contemporaine en ce début de XXIème siècle est encore prisonnière de conceptions très anciennes. L'une d'elles fait du travail une punition ou même un châtiment. Le réflexe de tous ceux qui sont profondément influencés par cette conception est naturel et compréhensible : éviter de toutes ses forces d'être comptés parmi les galériens ; considérer ces pauvres bougres de haut et s'essayer à toutes les combines permettant de ne pas leur ressembler, combines que l'imagination fertile de l'homme ne cesse d'inventer. 



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Devenir dealer, marchand de drogues illégales, ce n'est pas seulement vouloir gagner beaucoup en peu de temps, c'est aussi penser pouvoir échapper à la condition prétendument misérable de ceux qui exercent un métier au grand jour et qui sont payés au lance pierre.

En ajoutant à ce qui précède d'autres considérations qui établissent une hiérarchie parmi les galériens, nous aurons un tableau plus noir et plus complet d'une situation dans laquelle le travail humain semble avoir totalement perdu et sa dignité et ses fonctions essentielles pour revêtir les oripeaux les plus laids et les plus repoussants. Par exemple, choisir un métier pour parader socialement, se servir au lieu de servir, s'enrichir au détriment d'autrui, tromper ou abuser plutôt que faire grandir ou éclairer l'autre ...

Quels sont les projets présidentiels pour 2017 qui oseront dépasser les clivages superficiels et les vaines querelles politiciennes pour redonner au travail humain ses lettres de noblesse ? Pour affirmer que la privation d'un travail digne est la source de maux très graves et très profonds, de ceux qu'une analyse hâtive ne parvient pas à recenser ? Celui qui est protégé par une indemnité alors qu'il est au chômage est certes mis à l'abri d'une misère extrême mais il est privé d'une pierre de fondation et reste menacé de ruine. Les demeures les plus solides ne résistent pas aux séismes dont les répliques se prolongent. Notre maison France, elle-même, n'est pas à l'abri de secousses dévastatrices.

Au risque de rester encore un moment sur sa faim quant aux prolongements à donner à chaque point évoqué jusqu'ici, nous ne pouvons pas laisser de côté une autre question tout à fait cruciale : les inégalités très grandes des parcours professionnels qui donnent aux uns d'avoir la possibilité de rester en activité quasiment jusqu'à leur dernier souffle et aux autres de quitter le monde du travail par une porte dérobée ouvrant sur un espace fantomatique. Ce que nous avons déjà évoqué plus haut pour les sportifs les plus en vue ou les plus malins.

On aura beau dire que c'est à chacun de se prendre en main, on aura beau invoquer mille autres raisons pertinentes, la cruauté de certaines destinées a de quoi alimenter la réflexion de tous ceux qui estiment préférable de ne pas se résigner à cette casse absurde et qui partagent le souci urgent d'offrir au plus grand nombre la joie de porter des fruits savoureux jusque dans leur extrême vieillesse : fruits d'une insondable diversité puisqu'ils vont de la connaissance de plus en plus fine de soi, des autres et du monde jusqu'au service le plus parfait de l'être le plus imparfait, jusqu'à la résolution des situations en apparence les plus désespérées à vue humaine ; ils s'étendent aussi du service le plus humble et en apparence le plus banal jusqu'à la production de chefs d'oeuvre où se combinent dextérité manuelle et intellectuelle, sentiment artistique et sensibilité à fleur de peau.

L'idéal serait que chaque citoyen puisse reprendre à son compte, sans aucune espèce d'amertume, de fierté ou de férocité, ce mot d'Antoine Bernheim : "Je suis comme une cuisinière qui a été renvoyée mais le plus curieux, c'est qu'à 86 ans, j'ai encore cinq ou six offres d'emploi". (cf. "Antoine Bernheim, le parrain du capitalisme français" de Pierre Gasquet).

Pour aller plus loin, voir et entendre aussi : André Gorz
et Christophe Dejours : "J'ai très mal au travail (1/12)" (vidéo de moins de 10  minutes).

L'objection de conscience municipale ou provinciale


Les lois nationales s'appliquent sur tout le territoire comme en 2015. Une municipalité comme une province a cependant la possibilité désormais, sur des questions de vie et de mort, de faire valoir un droit d'objection de conscience. 

Les conditions précises de l'exercice de ce droit restent à préciser. Au stade actuel du développement du projet France2022, voici ce que l'on peut dire : des questions d'une extrême gravité traversent aujourd'hui les sociétés démocratiques. Certains croient qu'il est toujours possible de les résoudre par une nouvelle législation adoptée à une voix de majorité au Parlement national. Le projet France2022 s'inscrit en faux contre cette croyance.

La première objection conteste le bien fondé de décisions graves - la dépénalisation de l'avortement par exemple, le suicide assisté, ... - reposant sur une poignée de voix de parlementaires au-delà de la majorité requise. Que quelques personnes, aussi honnêtes soient-elles, aussi sincères soient-elles, puissent décider, sans que le peuple tout entier soit consulté, que des millions d'innocents (ou de coupables) mourront sans que rien de simplement humain n'ait été mis en oeuvre pour les sauver, sera toujours un crime odieux aux yeux de qui a le sens de la justice la plus élémentaire.

La seconde objection conteste le principe même des solutions mortelles quand ces solutions ne visent aucun bien supérieur : si l'on peut concevoir, en tant de guerre notamment, qu'une mort se justifie pour en éviter plusieurs, il est indubitable en revanche que le meurtre de l'innocent, de la personne fragile, de celle qui est considérée pour x raisons comme un fardeau, de celle qui est jugée non conforme (à quoi diable ?), ... il est indubitable que tous ces meurtres ne visent aucun bien supérieur mais qu'ils sont perpétrés pour assurer le confort de ceux qui restent.

Une municipalité doit pouvoir interdire, sur son territoire, la pratique de l'IVG ou tout autre atteinte à la vie des plus faibles. Elle doit pouvoir également prendre des mesures de salut public visant à aider tous ceux qui sont tentés par des solutions mortelles.



vendredi 3 avril 2015

Production / consommation et nouvelle municipalité


L'Etat français en 2015 épuise les contribuables (cf. http://www.lecri.fr/) et ne parvient pas à équilibrer ses échanges commerciaux avec le reste du monde. Le déséquilibre de sa balance commerciale en sa défaveur atteint parfois des profondeurs inquiétantes. Cette situation de déficit est tout à fait anormale étant donné les ressources considérables dont dispose la France. Elle est certes naturellement déficitaire pour des matières comme l'or noir ou certains minerais mais cela devrait être largement compensé par l'abondance de l'or blanc, de l'or bleu, des terres arables, de la production de biens et de services, ... or ce n'est plus le cas aujourd'hui. Que manque-t-il pour redresser la barre ?

Le projet France2022 prévoit que le calcul des entrées-sorties marchandes ne se fasse plus seulement dans les comptes de la nation mais au niveau de chaque nouvelle municipalité : tout gouvernement municipal suit désormais les productions et les consommations de son territoire, ses importations et ses exportations. Cela n'a rien d'évident et cela paraît même impossible. Aujourd'hui plus qu'hier, il est clair qu'il ne faut pas non plus tendre vers un surcroît de contrôles tatillons, des contrôles à n'en plus finir qui ralentissent ou perturbent l'activité et la vie des corps intermédiaires. Ce qui ne signifie pas non plus qu'il faille renoncer à tout contrôle. Que serait un organisme vivant sans fonctions de contrôle et de régulation ?


Nous avons aujourd'hui un ministre de l'Agriculture et un ministre de l'Industrie. Cette scission des activités productives est justifiée au niveau national par l'ampleur de la tâche de chaque domaine. Elle ne se justifie pas au niveau municipal. Le ministre municipal de la production (des biens et des services) aura une vue complète. Cela est d'autant plus envisageable que les territoires municipaux ont le plus souvent aujourd'hui des spécificités qui les font tendre vers un champ d'activités plutôt que vers un autre. Notons ici que le projet France2022 a pour but de rééquilibrer l'éventail des productions sur chaque territoire municipal, territoire fortement agrandi le plus souvent puisqu'en prévoyant seulement 1000 municipalités pour tout le territoire métropolitain de la France, nous obtenons une moyenne de 550 kilomètres carrés par nouvelle municipalité. Voir à ce propos la taille des communes en France et territoires d'outre mer.



La première responsabilité du ministre municipal des productions est de veiller à ce que la municipalité dont il a la charge parvienne, tous comptes faits, à une position globale d'équilibre et même à une situation excédentaire si cela se justifie. Tout économiste comprendra que cette pétition de principe ne se réduit pas à une résurgence du mercantilisme


Un exemple pour illustrer cela : dans une municipalité dont le territoire subit de grandes variations de fréquentation et d'occupation en raison d'une activité touristique importante mais saisonnière, il va de soi que son territoire peut difficilement, à certaines périodes de l'année, nourrir par ses productions locales tous les personnes présentes simultanément. Il faut néanmoins que les revenus que la municipalité tire de cette activité touristique équilibrent et même dépassent ses dépenses supplémentaires de nourriture, d'entretien du patrimoine et des réseaux de son territoire, ... 


Quand une municipalité a la chance de pouvoir accueillir un grand nombre de touristes tout au long de l'année, seul un motif exceptionnel, motif géographique ou historique par exemple, est recevable pour qu'elle laisse filer les déficits en matière de biens et de services de première nécessité (voire davantage). Sinon, tout doit être mis en oeuvre pour que la municipalité soit en mesure de répondre par elle-même, soit directement par ses productions, soit indirectement par ses revenus, aux consommations qu'elle enregistre sur son territoire. Lorsque cette couverture locale des besoins n'est vraiment pas possible, la province d'appartenance de la municipalité peut être sollicitée par la municipalité. La province intervient alors en veillant à le faire au plus près du territoire concerné.