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mercredi 8 janvier 2020

France2022 : Lettre ouverte aux parlementaires LREM, députés et sénateurs


Le succès c'est d'aller d'échec en échec 
sans perdre son enthousiasme"

Winston Churchill



Chers élus de la nation française,


0. Cette lettre vous est en priorité destinée. Vous savez qu'elle ne s'adresse pas seulement à vous puisqu'elle est ouverte : nul ne doit se sentir oublié, notamment vos pairs de l'Assemblée Nationale ou du Sénat. 

1. Vous êtes, nous dit-on, de plus en troublés par la tournure  que prennent les événements dans notre pays. Plusieurs d'entre vous se demandent comment ils ont pu s'engager sur un chemin qui semble conduire vers une déroute, une impasse ou même un désastre. Vous êtes inquiets. On le serait à moins.

2. Que la peur du lendemain ne soit pourtant pas votre muse ou votre aiguillon. Redoutez plutôt d'en devenir de piètres artisans en perdant un temps précieux à vous tourmenter car s'il y a urgence à sortir du guêpier où la majorité de l'Assemblée Nationale s'est embourbée, il y a, par-dessus tout, nécessité de comprendre les raisons d'un échec patent et de ne jamais perdre de vue qu'un salut est possible, qu'une sortie de crise est à notre portée.

3. L'une des premières raisons de l'actuel bourbier tient à l'impréparation manifeste des réformes en cours, à l'amateurisme de mauvais aloi de certaines têtes mal-pensantes et au manque évident de réflexion des fausses élites sur les véritables défis et enjeux du temps présent. Trop souvent vous êtes sommés de vous pencher sur l'accessoire au détriment de l'essentiel ; de vous escrimer à propos du dérisoire au lieu de placer votre énergie dans ce qui en vaut la peine. 

4. En prenant un tant soit peu de recul et de hauteur, il est aisé de comprendre pourquoi certains d'entre vous ont l'impression lancinante ou le sentiment très vif d'être complètement déboussolés, désorientés, méprisés et même perdus. Comment un tel gâchis a-t-il pu voir le jour ? Comment des promesses de renouveau ont-elles pu fondre comme neige au soleil ?

5. Il faudrait citer d'innombrables raisons afin qu'un lit de critiques peu amènes ne soit creusé par la lie des commentaires douteux si prompts à voir le jour en cette période troublée. Vous n'êtes pas les seuls à vous sentir embourbés ou à la dérive. Nombre de nos compatriotes ne comprennent plus ce qui est en train d'arriver. Comment se fait-il que le paquebot France prenne l'eau de toutes parts ?

6. Chaque jour, vous êtes requis pour écoper et vous pouvez constater que le navire s'enfonce de plus en plus. Comme nos pompiers qui ne manquent pas d'être caillassés tandis qu'ils tentent de sauver des vies, vous êtes vous aussi la cible d'attaques scandaleuses. Comment faire face avec sang-froid, intelligence et détermination, sans passer pour un personnage imbu de lui-même, trop sûr de lui, indifférent voire méprisant ?

7. L'une des clefs majeurs trop oubliée par démagogie, manque de courage, ignorance, prise de recul ... c'est que nous vivons en France, depuis 1975, non plus seulement sous la cinquième république mais en régime hérodien. Qu'est-ce à dire ? 

8. Pour bien saisir ce qualificatif, sa signification et toute sa portée, il suffit de se replonger dans les Evangiles et de relire la péricope qui relate comment Hérode fit assassiner tous les enfants en bas âge de la région de Bethléem lorsqu'il se rendit compte que les mages avaient pris un autre chemin pour rentrer chez eux.

9. Un pouvoir hérodien est une instance qui a plusieurs caractéristiques évidentes : régime de terreur sanglante,  veulerie, pusillanimité, corruption, longue durée d'exercice, apparences trompeuses, hédonisme, luxe et débauche, inégalités criantes, vassalité et asservissement, esclavages de toutes sortes ... 

10. Les plus ignorants de nos compatriotes et même beaucoup de ceux qui paraissent instruits sont dans l'aveuglement : les caractéristiques d'un pouvoir hérodien, malgré leur évidence, ne leur sautent pas aux yeux. Ils continuent de croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

11. Le plus grave n'est pas dans la cécité de ceux-là mais dans le refus de voir du plus grand nombre, de tous ceux qui sentent que nous sommes au bord du précipice mais qui refusent obstinément d'en rechercher les causes réelles ou de les admettre quand une analyse approfondie et sérieuse de la situation présente leur est proposée.

12. Espérons que vous ne serez ni de l'un ni de l'autre de ces deux partis, que vous ne serez pas ces personnes sourdes et aveugles qui passent à côté des motifs fondamentaux de la plupart des désordres de plus en plus tangibles et palpables sur le territoire de la France. 

13. Le paquebot France en perdition n'est pas d'abord ou pas seulement un secteur industriel sinistré, une multitude de commerçants désemparés, une kyrielle d'usagers pris en otage, d'innombrables familles et foyers menacés, des corps intermédiaires laminés, des millions de chômeurs, des victimes de crimes sordides ... Le paquebot France en train de couler c'est tout l'édifice du droit positif, héritier du code Romain et du socle des Evangiles, qui subit depuis 1975 les assauts d'une clique de juristes et de lobbies venimeux, destructeurs, déconstructeurs ...

14. Il vous appartient de résister à leur "zèle" absurde ou d'en être les complices, en votre âme et conscience. Sachez qu'en restant trop proches du camp de ces activistes dangereux, de ces manipulateurs sans vergogne et de ces démolisseurs, vous prenez le risque d'être les auteurs et les acteurs d'un sinistre d'une ampleur incalculable.

15. Le pouvoir hérodien dont il est question dès le paragraphe n°7 de cette lettre a pris son envol dans l'enceinte de l'Assemblée nationale française. Il est donc particulièrement intéressant de décortiquer son essor : chaque fois que vous siégez au Palais Bourbon ou au Palais du Luxembourg, vous êtes comme replongés dans l'une des plus grandes tragédies de notre histoire nationale, cette période où une figure haute en couleurs de la politique française a déployé tous ses talents pour accoucher d'une loi ordonnancée par le pire Président de notre cinquième république et par son meilleur ennemi, Premier ministre à cette époque-là.



Intermède 

(vidéo de 50 minutes)


16. Dans l'immédiat, ne perdons pas de temps à disserter sur les deux oiseaux rares évoqués au n°15, ce serait leur faire trop d'honneur et, surtout, renoncer à prendre le taureau par les cornes en cherchant vainement quelques boucs émissaires à nos déboires. Nous avons mieux à faire : analyser sérieusement ce qui cloche en France depuis au moins une cinquantaine d'années.

17. Si dans le cours ordinaire de vos charges de représentant de la Nation, vous ne trouvez plus un instant pour vous arrêter, prier, méditer, passer du temps en famille, lire/écrire à tête reposée, réfléchir, analyser, concevoir, ... dites : STOP ! Ne vous laissez jamais déborder par les injonctions d'un pouvoir à l'agonie, par les menaces à peine voilées de ceux qui vous promettent le pire si vous n'êtes pas 24h sur 24 en train d'éteindre les multiples incendies qui ravagent nos paysages physiques, artistiques, intellectuels, moraux, spirituels, ... ou qui plombent très lourdement le climat social.

18. Il en est, autour de vous, qui sont très habiles à épuiser ceux qui sont à leur merci, en leur pouvoir, à leur bottes. Par des manoeuvres sournoises ou par des comportements manifestement violents, ils font régner une sorte de terreur qui ne dit pas son nom mais qui provoque une cascade de démissions, de burn out, de dérèglements voire de suicides.

19. Quand on vous tiendra un discours alarmiste sur votre avenir en politique alors que nombre d'entre vous sont des novices en cette matière, n'allez pas vous affoler, vous mésestimer, déprimer ... Vous aviez mis tout votre coeur dans ce qui vous apparaissez comme un printemps politique et voilà que l'on vous promet un hiver glacial avant même que ne viennent l'été et l'automne.

20. Prenez vos distances à l'égard des collapsologues de tout poil, des marchands de désespoir, des cassandres et des prophètes de faux malheurs. Ces devins consument leur temps à nous pondre des oracles ridicules tout en passant à côté des véritables enjeux de l'heure. 

21. Vous entendrez les oiseaux de mauvais augure vous promettre une déconfiture aux prochaines élections. Sachant que vous êtes sur un siège éjectable et que bon nombre d'entre vous sont issus de la société civile, vous ne vous laisserez pas intimider : vous avez déjà prévu comment vous reconvertir.

22. Certes, il n'est pas évident de renoncer si vite aux projets que vous aviez pu échafauder dans l'élan de l'accession à votre siège et il vous arrivera parfois de regretter de vous être lancés en politique d'autant que certains, dans votre entourage, vous avez prévenus des risques et, peut-être même, vous avez parlé de "folie".

23. Comment surmonter cette épreuve morale ? Comment ne pas se laisser envahir par le doute ? Comment faire front et faire face aux critiques plus ou moins légitimes que vous entendrez ?

24. Chacun trouvera son propre chemin et puisera dans ses réserves de bonnes habitudes pour éviter de sombrer, pour se relever d'une épreuve censément douloureuse, pour sortir la tête haute sans pour autant faire preuve d'un orgueil déplacé.

25. D'ores et déjà, prenez le temps, comme indiqué au n°17 de cette lettre, de vous poser et, notamment d'écrire chaque jour. Le journal de vos pensées et de vos actions vous sera d'un précieux recours et secours lorsqu'il vous faudra passer le témoin, remettre votre charge à un autre, repartir vers de nouveaux horizons.

26. Les jeunes générations, aujourd'hui largement sacrifiées sur l'autel de la déraison, ont soif de relations justes d'expériences vécues. Elles ne se résoudront pas à baisser les bras même si la situation en France, en Europe et ailleurs dans le monde, paraît catastrophique. Pour relever les défis nombreux qui pointent déjà leur nez et qui vont se présenter, elles auront besoin de ne pas renoncer à investir le champ politique, en dépit de tous les discours alarmistes qui nous annoncent sa mort imminente. Vous lire leur donnera du coeur à l'ouvrage dès lors que vous aurez fait part de votre propre expérience de la vie politique sans occulter ses difficultés, ses exigences, les renoncements et les sacrifices qu'induit toute participation engagée tout en veillant à témoigner de sa grandeur.

27. Il est probable qu'en soutenant le candidat Emmanuel Macron, certains "puissants" de ce monde aient déjà perçu que son arrivée au pouvoir précipiterait la fin du politique. Ces potentats n'aspirent en effet qu'à faire régner leur loi inique sur le reste d'une population qu'il vaut mieux, selon eux, livrer aux mains de politiques pantins qu'à un pouvoir d'Etat solide. Ils préfèrent mille fois un Etat affaibli à un Etat fort et maître chez lui.

28. Il vous appartient d'être les témoins, véridiques et sans peur, que non, vraiment non, le politique n'a pas dit son dernier mot, qu'il est encore capable d'infléchir le cours des événements dans un sens favorable pour le plus grand nombre et sans jamais oublier la cause des plus fragiles. Que le politique a encore le pouvoir de s'opposer à la dictature de tous ceux qui rêvent de mettre les trésors d'un pays en coupe réglée pour le seul profit de quelques-uns.

29. La noblesse de votre tâche frappe de caducité tous les discours qui tendent à discréditer le rôle du politique en ces jours troublés où, faute de consensus large, beaucoup cherchent à tirer la couverture dans le sens qui conforte leurs intérêts tout en blessant gravement ceux d'autrui. C'est ainsi que l'on voit quantité de minorités se lever, se dresser, s'exprimer et réclamer des avantages, des droits, des privilèges à leur seul profit, sans tenir compte, le moins du monde, des conséquences de leurs revendications pour la grande majorité de la population et, notamment, sur ceux qui sont déjà à la peine.

30. Ne cédez jamais à l'air du temps, à l'appel des sirènes qui ne voient de progrès que dans la casse de l'ancien, qui ne jurent que par la transgression, la provocation, le mensonge et qui font profession d'égarer les autres, de les troubler et de fustiger leur prudence. Mieux vaut, pour vous, renoncer à légiférer que d'abattre, sans avoir longuement réfléchi, des pans entiers de dispositions prévues par ceux qui vous ont précédés car, en vérité, si vous deviez mettre à plat, en urgence, un élément juridique du droit français, c'est bien l'une des lois les plus funestes de notre histoire, celle qui autorise aujourd'hui une femme à mettre à mort le fruit de ses entrailles.

31. Qu'on le veuille ou non, cette autorisation, sous la forme originelle d'une dépénalisation, a complètement bouleversé l'édifice du droit positif, au point de rendre son développement de plus en plus problématique. Ainsi êtes-vous, la plupart du temps, non plus sollicités pour renforcer l'assise de notre droit mais pour en poursuivre la déconstruction. Le sachant, vous ne serez plus étonnés de ressentir cette sensation de vide qu'engendrent les débats houleux ou profondément ennuyeux quand ils portent sur des questions secondaires alors que des sujets d'importance capitale ne sont même pas effleurés.

32. La question primordiale, en effet, n'est pas de savoir si l'IVG, dans sa forme actuelle, est source de progrès ou non mais de comprendre et de faire savoir que son instauration a renversé l'ordre des priorités de sorte qu'en bien d'autres domaines, très peu de personnes savent aujourd'hui ce qu'il convient de faire ou de ne pas faire, de traiter ou de laisser filer, d'admettre ou d'interdire. La plus grande pagaille règne désormais dans les esprits, même parmi les plus instruits puisque, dès lors que le meurtre de l'innocent (et même du coupable) devient licite, chacun se trouve livré aux caprices d'un plus fort que lui.

33. Quand le droit du plus faible est à ce point bafoué, aucune disposition juridique ne parvient plus à endiguer la montée des violences et l'on ne s'étonnera plus de voir des forces de police complètement dépassées par l'audace, le culot et l'indécence de toutes les petites frappes qui profitent de l'impunité ouverte par la licence accordée à l'assassinat d'innombrables êtres en gestation. Quand le meurtre le plus sordide, non dans ses manifestations extérieures mais dans ses préliminaires et ses raisons, prend une ampleur démesurée, n'importe quel voyou passe pour un enfant de choeur : quand il lui arrive d'attenter à la vie d'autrui, il prend au moins le risque d'être lui-même éliminé. Et c'est ainsi que les forces de l'ordre ont encore la possibilité d'appliquer la peine de mort à des personnes dangereuses, à des preneurs d'otage ou à des assassins qui sèment la terreur. Il arrive malheureusement aussi que ces mêmes forces, tétanisées par le risque d'une menace terroriste - et qui ne le serait pas à leur place ? - n'interviennent pas assez rapidement et de manière assez forte quand l'un de nos compatriotes est attaqué, roué de coups, tué et défenestré comme Sarah Halimi le fut sauvagement en avril 2017.

34. La peine de mort dans notre pays et dans tous ceux qui se réjouissent de l'avoir abolie, si elle l'a bien été pour la plupart des criminels, sévit aujourd'hui pour une foule immense d'innocents dans le sanctuaire qui devrait au contraire les protéger : le sein de leur mère. Elle sévit aussi pour tous nos compatriotes qui ne sont pas à l'abri d'une attaque sordide dont l'auteur ne sera finalement pas reconnu condamnable parce qu'il serait atteint de troubles mentaux. Avant même de se prononcer pour ou contre l'IVG, il nous faut donc nous interroger sur la catastrophe juridique que deux hommes sans scrupules (que l'on dirait aussi "sans affects", au moins pour l'un d'eux, selon cette mode qui consiste à tout voir sous l'angle d'une psychologie clinique) ont réussi à provoquer tout en passant pour de formidables modernisateurs.

35. L'alliance du feu et de la glace que ces deux oiseaux rares formaient n'a pas duré longtemps, fort heureusement, et elle aurait échoué dans son projet le plus funeste si une femme de talent n'était venue en renfort de cet attelage pour le moins étrange et ridicule.

36. Ils eurent en effet l'idée de confier la promulgation de leur loi à une juriste qui était juge de profession. Au lieu d'être l'avocate des sans voix que les plus vulnérables étaient en droit d'attendre et d'invoquer pour leur défense, elle posa la première pierre qui devait permettre aux déconstructeurs d'actionner le levier du mensonge pour renverser tout l'édifice du droit positif.

37. Femme forte et intrépide, elle résista vaillamment aux attaques de quelques défenseurs des sans voix qui ne furent pas à la hauteur des enjeux :  au lieu de brailler, de vitupérer, d'insulter, de brocarder, ... ils auraient beaucoup mieux fait de montrer en quoi la dépénalisation de l'avortement ouvrait les vannes d'un tsunami juridique. Séquence d'autant plus regrettable que leurs cris couvrirent d'autres propos beaucoup plus judicieux et forts, ainsi ce rappel de vocabulaire de Michel Debré au sujet du mot "interruption", signature manifeste d'un mensonge grotesque, et son intervention de haute volée (*) à l'Assemblée Nationale. L'IVG n'est pas une suspension provisoire mais bien un arrêt de mort prononcé contre un innocent sans que le moindre avocat ne puisse plaider sa cause.

(*) Rien à voir avec les vols à raz de terre de nos deux oiseaux rares ... plus habitués à fouler de leurs pattes griffues le sol boueux d'une politique à la petite semaine qu'à déployer leurs ailes pour prendre des décisions justes de long terme.

38. Si ce déni de justice demeurait exceptionnel, nous parlerions d'erreur judiciaire mais la loi Veil l'a inscrit si profondément dans le marbre, que c'est aujourd'hui son contraire qui passe pour un outrage : défendre un sans voix passe pour rétrograde, attentatoire aux droits des femmes, non respectueux de nos lois ... Soit un renversement complet du droit et une atteinte même à la liberté d'expression.


39. Une fois que l'on a bien saisi l'ampleur du désastre juridique ainsi opéré, on ne s'étonne plus de devoir remuer ciel et terre pour faire entendre la voix du simple bon sens, pour défendre celle ou celui qui a été victime d'un très grave déni de justice comme l'ont été récemment les familles de Sarah Halimi ou d'Anne-Lorraine Schmitt. 

40. Le thème de l'IVG a été souvent abordé dans le projet France 2022 puisqu'il est fondamental même si trop nombreuses sont encore les personnes qui ne le perçoivent pas. Au fil des ans et dans un avenir proche, il va pourtant falloir l'aborder avec la plus grande sérénité, avec beaucoup de courage et d'audace et faire preuve d'une détermination sans faille : il en va de l'avenir de nos services publics. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, tout ce qui gravite autour de l'IVG fait l'objet d'un black out monumental : trop d'intérêts privés souhaitent que la fonction publique française s'écroule lamentablement. Pour qui voudrait aller plus loin à ce propos, nous recommandons la lecture de la tribune suivante.

41. Plusieurs d'entre vous vont démissionner ou seront exclus du parti LREM pour reprendre leur liberté, que ce soit pour défendre des idées auxquelles ils sont attachés et qui ne trouvent aucun écho au sein du parti, que ce soit pour échapper à un manque flagrant d'écoute et même de liberté de parole, ou encore pour échapper à cette lame de fond qui va renvoyer nombre des vôtres dans leur foyer d'autant que certains d'entre vous font preuve d'une incompétence crasse à l'image d'un candidat à la mairie de Paris qui vient d'être renvoyé à sa copie nullissime pour la revoir dare dare.

42. Ne perdez pas de temps à vous critiquer les uns les autres. A vous cataloguer, à vous exclure, à vous sermonner ... Laissez chacun libre de conduire sa barque comme il l'entend et réjouissez-vous de n'être pas toujours du même avis. Gardez précieusement votre liberté de parole. Tenez fermement aux principes fondamentaux qui vous animent tout en restant capables de modifier votre point de vue.

43. Par-dessus tout cela, que demeure parmi vous cet enthousiasme qui vous animait avant les législatives de 2017 et dans les premiers mois de votre mandat. Nous avons besoin de votre détermination, de votre élan pour surmonter tous les risques d'atonie et de désespoir. Que la noblesse de la politique efface en vous toute trace d'amertume : oeuvrer au bien commun de nos concitoyens est devenue une tâche extrêmement ardue. Il est donc logique que vous ressentiez parfois l'écrasante lourdeur d'une complexité qui dépasse largement vos forces naturelles, aussi brillant qu'ait été votre parcours auparavant, aussi puissantes que soient vos facultés, aussi incroyable que soient votre énergie et votre courage.

44. Plus l'humanité progresse, plus il lui est indispensable de redécouvrir l'importance du surnaturel, non pas comme un secours magique qu'il faudrait invoquer en dernier recours mais comme un levier toujours à portée de main et d'un pas en avant. Si le Christ recommande de "prier sans cesse", ce n'est pas pour que la prière occupe la dernière place, quand je n'ai rien d'autre de mieux à faire, quand je traverse une crise majeure ; non, c'est pour qu'elle irrigue en permanence mes pensées, mes analyses, mes choix, mes décisions ...

45. Qu'elles que soient vos croyances, ne vous lassez jamais de vous inspirer des trésors de sagesse du judaïsme et d'admirer leur épanouissement dans la foi chrétienne. Ainsi, ne vous laisserez-vous jamais perturber par tous les discours qui, montant en épingle tel ou tel événement, telle ou telle faute, tel ou tel défaut, ... tentent de disqualifier et de discréditer une source d'abondance toujours vive et nourrissante.

46. Que ceux d'entre vous qui doutent encore de la puissance de la Résurrection du Christ de plus en plus à l'oeuvre de nos jours, relisent Nietzsche. Ils ne rencontreront jamais d'adversaire plus passionné et passionnant du christianisme. Un adversaire marqué par un affaiblissement très net de ses dimensions sacramentelles autour de lui à son époque et, sans qu'il s'en aperçoive, fortement imprégné par la découverte de l'entropie de tous systèmes physiques fermés au XIXème siècle. Il en arrive ainsi à considérer le développement du christianisme comme un affadissement progressif du message originel délivré par Jésus de sorte que s'il s'en prend vertement aux églises, aux chrétiens, il ne s'en prend pas au Christ lui-même et reconnaît en filigrane l'idéal évangélique même s'il n'est pas d'accord avec l'ensemble de son corpus. Au fond, il est extrêmement déçu de voir qu'une si haute révélation trouve un écho si fade autour de lui. Ses désaccords avec l'Evangile s'expliquent au final par une tentative désespérée de sa part de trouver en Lui des failles qui pourraient expliquer la déperdition qu'il constate.

47. Cet homme s'est trouvé enfermé dans un espace d'observation et d'analyse beaucoup trop restreint faisant obstacle à l'expérience de tant d'autres manifestations du christianisme aux quatre coins de la planète. Ce gâchis est très fréquent même s'il n'atteint pas le paroxysme que l'on peut constater dans les écrits de Nietzsche : il guette toute personne qui s'en tient à sa propre expérience et qui regarde ensuite les phénomènes sous le seul angle que lui ouvre le prisme de ses ressentis, de ses interprétations et de ses jugements. Elle se trouve frappée d'aveuglement et devient incapable de changer de point de vue. Seule une grâce de conversion est en mesure de lui offrir d'autres perspectives.

48. "Elargir l'espace de sa tente", voilà un programme que  nous ne saurions trop longtemps différer ou négliger de remettre chaque jour en chantier sans quoi, notre esprit et notre coeur se contenteront de voler juste au-dessus des pâquerettes.

49. Les deux chambres du Parlement français courent sans cesse le risque d'en rester aux querelles de chapelle sur des sujets de moindre importance au lieu d'attaquer de front, avec courage et détermination, les sujets brûlants du moment.

50. En s'égarant sur les sentiers de la "PMA pour toutes", ces deux chambres illustrent parfaitement ce risque : filtrer le moucheron et laisser passer le chameau ; s'occuper de l'accessoire et délaisser l'essentiel ; s'occuper d'une niche en abandonnant les vastes horizons d'une politique d'envergure.

51. Les politiques de niche qui répondent au forcing de quelques groupes de pressions (lobbies) soutenus par des intérêts mercantiles sont d'autant plus regrettables qu'elles limitent le travail par ailleurs remarquable qui peut être accompli par les deux chambres du Parlement français. Pour qui en douterait, il suffit de se rendre sur le site de chacune d'elles et de consacrer un moment à regarder la hauteur de vue et l'intérêt des questions posées au Gouvernement. Par exemple ici.

52. Cependant, lorsqu'il est possible d'analyser l'ensemble des propos tenus et d'examiner le contenu de chacun d'eux, on ne peut s'empêcher d'éprouver le sentiment d'être en présence d'une machine, d'un système qui tourne à vide : deux pouvoirs, l'exécutif et le législatif, s'y affrontent, s'y jaugent, s'y montent du col sans vraiment convaincre. On a l'impression d'assister à une pièce de théâtre où les différents acteurs rivalisent d'éloquence, d'intelligence et d'à propos mais sans plus. Les uns sont rivés à leurs notes, les autres improvisent ou font preuve d'une excellente mémoire mais, au bout du compte, que reste-t-il de toutes ces paroles, de tous ces hochements de tête, de ces regards, de ces applaudissements, de ces cris et de ce tapage, parfois ?

53. Il reste le sentiment d'un formidable gâchis, d'une perte de temps phénoménale. On dira : "Le travail de l'Assemblée Nationale (par exemple) ne se réduit pas à cela !" et on aura raison. Allons donc voir ce qui se passe en commissions (elles aussi filmées) ou lors des enquêtes parlementaires. Subsiste toujours l'impression que les dés sont pipés ; que ce qui se joue là sur la scène n'est qu'un reflet d'une réalité moins présentable.

54. Comme il est aisé en effet de faire naître le soupçon, de supposer, d'élucubrer ! Qui ne sait qu'une bonne pièce de théâtre nécessite des heures et des heures de répétition durant lesquelles les masques tombent et les costumes sont bien rangés ?

55. Ne vous laissez donc jamais décourager par ceux qui vous soupçonnent et mettent en doute votre probité, votre sens de l'intérêt général et, pour la plupart d'entre vous, du bien commun.

56. Pour que le tour d'horizon soit complet, il faudrait également vous suivre dans des locaux de travail exigus, mal fichus, encombrés. Il faudrait également partir sur le terrain, dans votre circonscription et découvrir toutes ces heures à passer d'un lieu à l'autre, d'un problème à un autre, d'un dossier au suivant. Toujours courir et ne plus s'appartenir. Se vouer corps et âme au point que même ceux d'entre vous qui étaient déjà très occupés par une profession et des responsabilités prenantes avant de siéger au Parlement sont très étonnés de la somme de travail à fournir. Ainsi avons-nous vu Cédric Villani, par exemple, faire part à la fois de son enthousiasme de parlementaire frais émoulu et de sa surprise devant l'ampleur de la tâche.

57. Entrer en politique peut agir comme une drogue : difficile quand on l'a éprouvé dans sa chair, de se passer ensuite de l'adrénaline qui s'empare d'un corps soumis à un stress quasi permanent. Entrer en politique conduit aussi certains d'entre vous à user de drogues.

58. Et c'est bien l'impression qui domine en fin de compte au sein de l'hémicycle : beaucoup semblent là pour se recharger soit comme participant d'un assaut, d'un pugilat, d'une dispute ... soit comme spectateur de ces affrontements. Et quand les attaques ont été par trop violentes, il ne reste plus qu'à se réconcilier ou à se rassembler, si possible, à la buvette, au restaurant ou ailleurs ... avant de se préparer pour de nouveaux combats dans l'un des Palais de la République ou sur le plateau d'une chaîne de télévision.

59. Tout cela ne donne guère l'image d'une bonne et franche coopération entre deux pouvoirs qui paraissent se disputer un bout de gras ou un morceau de territoire d'une part et, d'autre part, entre des partis qui campent sur des positions tellement caricaturales qu'il semble impossible d'en trouver un juste milieu.

60. Vous devez votre siège à l'élan suscité par "En marche" sous la houlette d'un Président de la République assez habile pour détourner l'attention par un mouvement incessant tel un boxeur qui n'arrêterait pas de bouger, porté par un jeu de jambes exceptionnel et qui réussirait de la sorte à se tenir loin des coups les plus dangereux tout en demeurant en position de frapper soudain son adversaire là où il s'y attend le moins. 

61. Quelques commentateurs de l'actualité politique parlent de "dictature" pour qualifier le moment présent. Ils ont le don d'exaspérer celui par qui vous êtes en première ligne et revenant d'Israël, il vient de répondre à leur prose avec cette habileté et cette rouerie que nous lui connaissons. Le malheur est que son discours est exact mais incomplet. Nous ne sommes pas en effet en dictature au sens où il l'entend et il a raison de vilipender toutes les violences exercées par ceux qui veulent mettre le pays à feu et à sang, qui s'en prennent à vos permanences, aux locaux d'un syndicat, aux forces de l'ordre, aux pompiers, aux agents de l'Etat détenteurs d'une autorité morale, aux biens publics comme aux devantures et aux stocks de commerce, aux biens d'une école pour adulte voulue et soutenue par Brigitte Macron, à la liberté d'aller et venir, ... mais il oublie que toute cette violence de type yang est alimentée par une violence de type yin, soit deux faces d'une même pièce, deux versants fort bien identifiés et analysés par Olivier Clerc. (Voir son ouvrage de référence : "Le Tigre et l'Araignée").

62. Si nous voulons entrer dans le vif du sujet de la violence, nous devons penser à rechercher toutes les occurrences yin de la violence, celles-là mêmes qui sont plus difficiles à trouver puisqu'elles s'exercent dans l'ombre, le visage dissimulé et selon des modes opératoires non exubérants voire indétectables.

63. Quand on finit par les démasquer, il apparaît que nous ne sommes pas en dictature mais en régime hérodien sans qu'il soit aisé d'identifier clairement qui joue le rôle d'Hérode car les différentes caractéristiques d'un pouvoir hérodien déjà rappelées ici dans une tribune antérieure sont distribuées de telle sorte qu'il faudrait beaucoup de patience pour les attribuer, avec certitude et justesse, à tel ou tel rouage de l'Etat ou de la société civile.

64. Demeure le sentiment chez bon nombre de nos compatriotes que l'hydre hérodienne plane au-dessus de leur tête sans trop se montrer mais en étant assez présente pour qu'il soit possible d'en ressentir la fraîcheur de l'ombre et d'en éprouver dans sa chair les coups venimeux.

65. L'une des tentacules de l'hydre se nomme IVG. Cette affirmation n'étonnera guère ceux qui sont familiers des thèses sous tendant l'ensemble du projet France 2022 et ceux qui ont analysé en profondeur les principales causes de désordre en France : c'est parce que nous avons renoncé à défendre près d'un quart d'une génération montante dans le sein maternel que nous sommes témoins aujourd'hui de tous ces débordements de violence yang et tant que nous baisserons les bras, tant que nous ne prendrons pas le chemin de remédier à ce suicide collectif, nous assisterons à des scènes de plus en plus violentes, en place publique comme dans tous les lieux où des malfaisants s'attaquent toujours lâchement à des personnes ou à des biens qui ne sont pas en mesure de se défendre ou d'être défendus.

66. Enfin, il faut savoir que le régime hérodien dépasse largement les frontières de toute nation ou de tout continent. Il n'est pas français, allemand, russe, américain, arabe, indien ou chinois. Il est répandu aux quatre coins de la planète et s'exerce avec plus ou moins d'intensité selon les régions du monde.

A suivre ...

lundi 6 janvier 2020

France2022 : Atouts de la France & intérêts francophones (2ème édition)



En la solennité du Christ Roi, 25 novembre 2018
Nouvelle publication en la fête de l'Epiphanie 2020


 « Tenez-vous sur vos gardes,
de crainte que votre cœur ne s’alourdisse
dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie,
et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste
    comme un filet ;
il s’abattra, en effet,
sur tous les habitants de la terre entière.
    Restez éveillés et priez en tout temps :
ainsi vous aurez la force
d’échapper à tout ce qui doit arriver,
et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »


St Luc 21, 34-36


Ajout du 6 janvier 2020 : combien de temps le Japon va-t-il encore se couvrir de ridicule ? Voilà un pays qui dispose d'innombrables atouts et qui les gâche par des comportements imbéciles. En enfermant puis en assignant Carlos Ghosn à résidence, le Japon s'en est pris à l'un des atouts maître de la France. Il s'indigne aujourd'hui de son évasion. Ne savait-il pas qu'un génie peut rivaliser d'intelligence avec le système de contraintes le plus sophistiqué ? En contourner les dispositions les plus élaborées ? Au lieu de se ridiculiser, le Japon ferait bien de faire le ménage sur son territoire dans tous les recoins où grenouillent des forces obscures au service d'une conception erronée de l'être humain : la personne vue comme simple rouage d'une mécanique qui ne souffrirait d'aucune imperfection. Conception étriquée, étouffante, sclérosante qu'un homme habile était venu secouer de toute son audace et qu'il continue, par elle, à bousculer avec juste raison. Un homme peut avoir des torts, même immenses, sans qu'il soit possible de justifier de le traiter de façon indigne, dégradante, déshumanisante. Et ce qui vaut pour Carlos Ghosn vaut pour n'importe lequel d'entre nous : la culpabilité, même la plus avérée, n'autorise pas à lapider le fautif en place publique, à tenter de l'affaiblir au point de lui faire avouer des fautes qu'il n'aurait pas commises ou encore à ouvrir à son encontre un procès d'avance inéquitable comme l'a rappelé l'un de ses avocats français ici. ("Il n'y avait pas de possibilités d'un procès équitable au Japon" François Zimeray).

L'incise ci-avant ne dédouane pas Carlos Ghosn d'éventuelles mauvaises actions et ne cherche pas à justifier sa propension à s'enrichir de plus en plus.

Comme annoncé dans une tribune antérieure du projet France 2022, deux événements de l'automne 2018 incitent à se pencher sur les atouts de la France et sur ses intérêts : la parution de "Qu'est-ce qu'un chef ?" de Pierre de Villiers et l'arrestation de Carlos Ghosn au Japon.

Alors que l'Etat français peine à obtenir la preuve des charges avancées par Nissan contre Carlos Ghosn et la libération de l'un de ses plus brillants sujets, nous allons explorer le très vaste domaine des intérêts français et les menaces qui pèsent sur lui dans un monde où, faute de courage, d'attention et de stratégie, l'Europe et la France se laissent déposséder de leurs trésors.

Des menaces sont évidentes, d'autres demeurent cachées mais nombre de nos compatriotes sentent que nous sommes au bord d'un précipice. Pour parer à la catastrophe, rien de tel que de développer un projet d'avenir qui s'appuie largement sur les forces d'un pays et d'un continent, forces qui attendent que se lève un vrai chef pour les rassembler et partir au combat, animé non par une volonté belliqueuse, destructrice ou vengeresse mais par un esprit de noble conquête, de paix et de joie.

En la personne de Carlos Ghosn, un chef exceptionnel a été fauché en pleine ascension ou au faîte de sa gloire. L'avenir le dira. Si des autorités peu amènes n'anéantissent pas son génie du management par des pratiques d'un autre âge, nous pouvons assister à une résurrection qui clouera le bec des suffisants, de tous ceux qui, jalousant une réussite hors norme, ne songent qu'à relever les imperfections d'un homme et ses travers.

La concomitance de l'arrestation de Carlos Ghosn et de la parution du dernier opus de Pierre de Villiers est tout à fait singulière et paraît augurer d'une ère nouvelle, d'une prise de conscience salutaire : dans un monde livré à la prédation, quel chef nous protégera des coups assénés aux plus vulnérables comme aux plus en vue ? Dans une Europe qui a renoncé à défendre le fruit des entrailles d'innombrables femmes, trouvera-t-on encore des personnes qui soient à l'abri d'une condamnation abrupte, d'un déshonneur, d'une infortune, d'une calomnie, d'un meurtre ou qui trouvent en chemin un avocat assez puissant pour les tirer du filet de l'oiseleur ? 

L'arrestation de Carlos Ghosn aura des conséquences majeures sur le cours des événements à venir. Elle suscite de nombreuses interrogations sur une palette très large qui va du champ géopolitique au questions éthiques ; des politiques industrielles aux conséquences d'une mondialisation en grande partie déloyale ; des questions de rémunération aux réflexion en cours sur l'écologie intégrale ; des conflits d'intérêts aux synergies entrepreunariales ;  de la gouvernance des entreprises aux conditions de travail de tout un chacun ; du for externe au for interne ...

Il est hors de question de traiter ici l'ensemble des problèmes révélés ou amplifiés par un fait d'une telle ampleur mais nous allons insister sur quelques points qui sont abordés ça et là dans les différentes tribunes du projet France 2022 et produire ainsi une synthèse qui réponde davantage aux défis de notre époque.

Plus que jamais, l'homme contemporain apparaît dans toute sa nudité. Qu'il soit puissant ou considéré comme quantité négligeable, nul ne peut dire qu'il sera épargné par le rouleau compresseur d'une époque qui paraît tenir l'humanité pour l'ennemi à faire disparaître d'une planète qui se mourrait de la présence d'une espèce nuisible ... Tous les moyens semblent désormais utilisables et recommandables pour éliminer la moindre personne jugée, en toute hâte, indésirable, gênante ou de trop, selon des critères qui n'accordent de la valeur qu'à des canons extrêmement étroits, volatils et changeants et qui se résument à un court terme sans aucune ambition pour l'avenir et sans la moindre considération pour un passé, aussi glorieux soit-il. Il faudrait même salir toute mémoire un tant soit peu heureuse d'une époque ancienne qui n'aurait plus rien à nous dire de notre condition, de nos forces, de nos capacités à surmonter les problèmes. Ce parti pris d'une élimination massive qui se traduit, entre autres, par des politiques aberrantes en matière de natalité et par un génocide sans précédent des générations montantes ne se cache même plus. Il est devenu le nec plus ultra d'une pensée débile qui ne raisonne plus qu'en termes de pénuries, de menaces, de risques, d'insécurité, de peurs ...

En s'en prenant à Carlos Ghosn, on a cherché à atteindre ceux qui, au contraire de cette pensée débile, ne s'effraient jamais d'un challenge à relever, d'une situation périlleuse à affronter, d'un imbroglio à démêler ; ceux qui assoient leur confiance, non pas seulement sur leurs propres forces mais sur une mobilisation intelligente et générale des forces vives en présence, tout en plaçant leur espoir de reconnaissance non sur des courtisans, des mondains ou des engourdis mais sur des gens simples qui savent d'instinct où se trouve le génie et où parade l'imbécillité.

Tandis qu'un chef d'envergure est mis au banc des accusés, de petits chefs n'ont pas manqué et ne manqueront pas de se mettre en avant en l'accablant de quelques maux plus ou moins fondés et d'une ribambelle de maux imaginaires. Quand il s'agit d'abattre un homme en vue ou une jeune pousse encore dans le sein maternel, rien n'arrête les sophistes : tout est prétexte à faire admettre un geste qu'aucun argument ne saurait pourtant justifier.

Plus que jamais, sans doute, convient-il aujourd'hui de mener une réflexion de fond sur ce qui cloche et ne pas chercher en toute hâte quelque coupable facile : les dérèglements d'une région du monde, d'un Etat ou d'un corps intermédiaire ne sont pas imputables à un seul homme ou même à un groupe de personnes. Ils sont les fruits pourris d'arbres malsains dont nous n'apercevons que l'écorce : la principale source des maux visibles n'est pas évidente à première vue. Pour l'entrevoir et en saisir quelque-chose, nous ne pouvons nous affranchir d'un regard spirituel, capable de déchiffrer au-delà des apparences.

Quel chef sera en mesure, bientôt, d'ouvrir nos yeux ? Qui nous apprendra, enfin, à traverser l'écume des jours pour discerner ce qu'il convient de faire à cette heure ? Nous pourrions perdre un temps précieux à chercher ce chef car nous sommes tentés de croire qu'il se trouve parmi la foule des prétendants au trône suprême or nul candidat aux plus hautes responsabilités n'a jamais eu pour seul souci de se comporter en serviteur. Chacun vise, au contraire, à augmenter ses pouvoirs, ses privilèges et ses positions d'influence.

Ce qui vient de se passer au Japon sonne le glas, pourtant, d'une manière trop naturelle de faire où le surnaturel n'a pas la place qui lui revient. Du moins, en apparence, car ce que nos pauvres petites combines tentent d'exclure du champ de nos occupations ordinaires ne manque pas, un jour ou l'autre, de se glisser là où ne l'attendions pas. Dans l'arrestation d'un homme que nous n'aurions pas imaginée (même si d'aucuns titrent à la louche que cela était "inévitable") est venu s'inviter tout un monde invisible que nous ne percevons plus dès lors que nous oublions de nous arrêter pour apprendre à contempler des réalités qui échappent à nos regards empressés.

Il faudra bien que nous consentions cependant à voir autrement et à percevoir ce qu'un tel événement est en train de préparer.

A Tokyo, un homme déchu se prépare à déployer ses talents au-delà de nouvelles limites et si rien n'arrête sa course, il saura faire la preuve qu'un génie des affaires et de la direction des hommes ne se laisse jamais décourager en chemin. A Paris, un jeune homme qu'un heureux concours de circonstances avait propulsé à la tête d'un Etat en ruine tentera d'échapper à la montée d'une furie qui n'épargne plus personne : elle ne songe qu'à tuer, éliminer, dégager, détruire, casser, épouvanter, meurtrir, salir et faire mal. Si les chefs les plus en vue ne sont plus à l'abri, qui échappera à cette violence ?

Parmi les atouts innombrables de la France, notons au passage que la France peut se réjouir d'être le foyer d'une presse écrite de très grande qualité et qu'aucune force obscure ou déclarée n'est en mesure d'empêcher d'analyser, de comprendre, de parler et d'informer. Riche d'une diversité surprenante d'opinions que la Toile et les contributeurs non professionnels amplifient, cette presse-là donne à penser, à réfléchir et elle incite à se mettre en mouvement alors que la terreur ambiante tend à paralyser l'homme contemporain, à le tétaniser, à l'écarter de la marche du monde comme si l'inéluctable devait nécessairement advenir sans qu'il soit possible de changer le cours des choses. A tous les hommes et à toutes les femmes qui animent, avec coeur et d'une manière honnête, un espace médiatique donnant à une société, au bord de l'asphyxie, de respirer encore, le projet France 2022 prévoit d'adresser une lettre ouverte afin qu'ils gardent foi dans un métier de plus en plus indispensable à notre survie morale et intellectuelle. Sans une presse de haut vol, l'esprit d'une société s'étiole et se meurt dans un silence assourdissant ou dans un vacarme insupportable. 

Beaucoup reste à faire puisque nous voici à l'aube de changements radicaux. Des changements capables de faire mentir tous ceux qui ne raisonnent qu'en terme d'entropie et qui ne voient qu'un avenir sombre se profiler à l'horizon. Des cataclysmes se produiront. Ils sont annoncés depuis le début de l'ère chrétienne. S'y préparer à toute heure du jour nous rend profondément libres : nous savons que tous nos plans humains, strictement naturels, peuvent être bouleversés à tout instant. Rien ne sert donc d'entrer dans une programmation serrée qui ne laisse plus aucune place à l'imprévu. Depuis plus de quarante ans, le pouvoir central en France est pourtant entré, pieds et poings liés, dans ce travers des sociétés "modernes" : des emplois du temps surchargés, des programmes alambiqués, du mauvais gras à profusion ... 

Dès que je me retrouve dans un lieu où la sobriété, le silence, la lenteur sont à l'honneur, je découvre le néant de toutes les situations où dominent le bruit, les fausses abondances et cette vitesse présentée comme un idéal à poursuivre sans relâche : il faudrait tout régler à la minute sans prendre le temps de réfléchir longuement, sans peser le pour et le contre, sans même s'informer de l'historique d'un problème à résoudre. Il faudrait oublier l'essentiel pour ne s'intéresser qu'à l'accessoire. 

Oublier les atouts de la France pour ne voir que la honte déferler sur Paris ? Pour ne voir que l'écume d'une casse absurde ? Ce serait leur faire trop d'honneur !

En ces jours troublés (novembre et décembre 2018 et rebelote en 2019 ...), plus que d'ordinaire, il convient,  au contraire, de se souvenir des plus beaux moments d'une histoire qui prouve les ressources d'un pays et la vaillance de ses habitants, aux antipodes de quelques barbares sans foi ni loi. Pendant que des abrutis saccagent notre patrimoine, l'outil de travail de commerçants, des biens publics ou privés, des millions de personnes accomplissent leurs devoirs ordinaires et ne s'en laissent pas détourner par des faux prophètes de malheur.

Ces habitants d'un pays hors normes qui n'a guère besoin d'un président "normal" ! disposent d'une langue vernaculaire exceptionnelle : dénuée d'obligations strictes en matière d'accent tonique, la langue française est capable de véhiculer une gamme très large d'émotions, de ressentis, de concepts, ... avec une précision redoutable et, en même temps, avec une grande latitude d'interprétation, non pas au service d'une quelconque ambiguïté  ou d'une ironie de mauvais goût mais en faveur d'une vérité aussi large que possible. D'où le rayonnement culturel de la France qui peut puiser son inspiration non seulement dans la variété des terroirs de notre pays mais qui sait aussi se nourrir de toutes les cultures sans jamais perdre sa colonne vertébrale faite de clarté, de luminosité et d'une solidité à toute épreuve. La France dispose là d'un atout majeur dans un monde multipolaire : elle a su et saura toujours être réceptive à toutes les influences tout en conservant son âme. Elle est animée d'une vibration si puissante que rien ne saurait la dénaturer ou la faire dévier de son cours : la France avance en gardant son cap et en demeurant capable de profiter du moindre zéphir pour conserver voire accroître son élan. Ce ne sont pas des politiques imbéciles menées depuis plus de quarante ans qui changeront d'un iota cette force baptismale d'un pays que nul chaos n'est en mesure d'atteindre en profondeur : ses habitants ont les pieds sur terre, le nez au vent et connaissent l'art admirable de la navigation en eaux tranquilles comme en eaux tumultueuses.

En tous les domaines, il se trouve une nation pour exceller autant que la France sinon davantage mais notre pays a su multiplier ses compétences de telle sorte qu'il existe bien peu sinon aucun pays capable de rivaliser sur tous les fronts où se déploient les trésors de savoir faire français. Cette diversité de talents est palpable à tous les niveaux : artistique, culturel, industriel, agricole, scientifique, militaire, politique, spirituel. En considérant cette palette, nous sommes bien loin d'un pessimisme et d'une morosité de mauvais aloi d'autant que dans chacun des domaines précités, le génie propre de la France ne s'est pas contenté d'être lui-même, il a su s'imprégner d'innombrables influences. Celui qui voudrait connaître l'étendue des réalisations humaines sans passer à côté des plus remarquables n'aurait qu'à sillonner la France pour partir à la découverte de l'une ou l'autre facette de cette étendue.

Se réjouir des réussites françaises n'est pas s'endormir sur ses lauriers, se croire à l'abri de tout revers de fortune, s'imaginer être supérieur ; c'est juste ne pas envisager l'avenir sous des auspices incomplètes en faisant la part trop belle aux ratés du moment présent. C'est aussi se rendre capable de hiérarchiser les problèmes et les solutions puis d'ordonner leur résolution et la mise en oeuvre de remèdes vraiment efficaces.

Dans le monde contemporain, l'humanité souffre de maux très anciens et d'autres plus récents. Les plus anciens sont inabordables sans une saine et solide anthropologie. Les plus récents appellent une analyse très fine pour distinguer ce qui tient à l'environnement de la France de ce qui vient d'une mauvaise organisation de notre pays. L'on découvre alors que les racines chrétiennes de la France (ou les fondations ou les influences ... pour ceux qui n'apprécient guère le terme de "racines") lui donne de multiples avantages qui permettent d'expliquer comment un si petit pays à l'échelle de la planète est en mesure de rayonner avec autant d'éclat ou de pauvreté. Pour l'historien qui ne rejette pas le christianisme et/ou qui ne l'accuse pas de tous les torts, il est évident que la France a été façonnée par un catholicisme viscéral qui a besoin, de nos jours, d'un aggiornamento dans le sillage de Vatican II lui permettant d'assimiler avec plus d'ardeur et de fécondité tout ce que les autres traditions chrétiennes et toutes les religions de la terre ont reçu des semences du Verbe. Aggiornamento qui ne doit pas, cependant, la conduire à négliger la solidité du catholicisme romain, seul capable tout au long de l'histoire de résister aux pires dérives comme aux accommodements douteux. Nous y reviendrons.

Tandis que des procureurs en mal de justice exemplaire tentent de condamner Carlos Ghosn, que pouvons-nous faire pour résister à cet acharnement sans nécessairement tout excuser ? Sans doute, prier en tout premier lieu. Avec confiance et détermination. Non pour céder à quelque tentation irrationnelle puisque s'imaginer que toute vérité est démontrable relève de la plus pure ... irrationnalité ! Juste afin de soutenir un homme qui combat pour son honneur et pour se défendre d'accusations qui s'apparentent à une sorte de revanche d'un orgueil très mal placé. Afin d'y voir plus clair aussi et afin d'être en mesure de faire la part des choses.

Pour découvrir enfin que les économistes vraiment honnêtes et compétents vont avoir du pain sur la planche. Il leur faudra résoudre un problème nouveau et de plus en plus envahissant au fur et à mesure que les ressources disponibles paraissent manquer ou manquent effectivement. Comment rémunérer les profils managériaux les plus extraordinaires sans léser ceux qui contribuent à l'accroissement des richesses et qui occupent des postes sans renommée ou même ingrats ? Comment éviter le chômage rampant, galopant, chronique ... sans pour autant placer des travailleurs vite considérés comme interchangeables dans des situations insupportables de précarité, de mépris et d'exploitation ?

Des éléments de réponse figurent dans la tribune du projet France 2022 : "Création d'une monnaie de service et d'abondance" qui valent non seulement pour la France mais pour tout pays qui aura pris conscience que le temps de l'homme au travail ne peut plus être rémunéré par toute monnaie censée gérer la diminution des ressources disponibles à la surface du globe ; que ce soit le dollar et le manque de fair play des Etats-Unis (pour ne pas dire plus) ou que ce soit par l'Euro sous la férule d'acier d'une Allemagne championne du bien être matériel selon une morale rigoureuse mais oublieuse des données immatérielles et surnaturelles.

Pour aller plus loin, tout lecteur intéressé prendra connaissance des analyses percutantes et lumineuses de l'un de nos plus brillants économistes, Gaël Giraudici interviewé sur Thinkerview et là, interviewé par Aude Ancelin sur Quatier libre.

La France, pour peu qu'elle puise vaillamment dans les trésors dont elle est dépositaire, sera capable d'offrir au monde une solution monétaire qui prenne enfin à coeur la question du travail humain tout en cherchant à résoudre les questions écologiques les plus urgentes et sans bafouer la dignité des travailleurs, sans appauvrir des millions de personnes qui n'ont plus les moyens de boucler leur fin de mois faute d'un traitement approprié des problèmes de l'heure.

Dans un pays comme le Japon qui a eu l'intelligence de conserver une unité monétaire de faible valeur, les sommes que l'on reproche à Carlos Ghosn d'avoir dissimulé s'expriment en milliards de yens. Nul doute que de tels montants paraissent là-bas exorbitants : leur valeur simplement numérique, sans tenir compte des unités en jeu, ne peut que sonner étrangement aux oreilles du commun des mortels : les milliards c'est "bon" pour dire les dettes des états ou parler de la fortune des nantis mais pas pour rémunérer une personne censée vivre de son travail ! Aux révélations qui se veulent fracassantes s'ajoute ainsi une connotation aggravante que nous pouvons avoir du mal à percevoir ici, habitués que nous sommes à entendre valser les millions d'euros dans toutes sortes de situation devenues monnaie courante : transfert de joueurs de football ; gains de jeu des grands sportifs ; dépenses somptuaires des édiles au train de vie dispendieux ; projets d'envergure mais foireux ; ...  

Quoiqu'il en soit des montants reprochés, apparaît en filigrane une drôle de bataille contre ... les intérêts français ... qui n'avaient pas besoin de cela pour être en mauvaise passe dans une jungle mondiale où les Européens se révèlent bien naïfs : tandis qu'ils tentent d'être vertueux à différents points de vue, d'autres acteurs économiques ne se privent guère des moyens les moins recommandables pour s'imposer sur des marchés où ils ont pour seul principe de décision et d'action : "à moi la part du lion, aux autres les reliefs".

Tant que nous n'aurons pas nettement distinguer la rémunération de ce qui est rare et la rémunération de ce qui est abondant par deux monnaies différentes, se multiplieront les faits d'arme douteux de quelques personnages cherchant à s'enrichir au gré de quelque pénurie réelle ou déclenchée dans un contexte où les occasions de manque vont elles-mêmes se généraliser et devenir préoccupantes : il est tentant, pour certains, de profiter d'une aubaine qui a le double avantage d'être de niveau mondial et de concerner beaucoup de personnes.

L'instauration d'une "couronne française", d'une "couronne allemande", d'une "couronne italienne", d'une "couronne anglaise", d'une "couronne espagnole", d'une "couronne polonaise", d'une "couronne hongroise", ..., monnaies nationales de service et d'abondance comme proposé dans la tribune "Création d'une monnaie de service et d'abondance" évitera en partie la prolifération des situations dans lesquelles un petit nombre abuse de ses positions dominantes pour accaparer la majeure partie des richesses produites et laisser le plus grand nombre s'appauvrir de jour en jour. Il est temps en effet que le travail humain soit rémunéré, non pas en fonction de stocks de ressources qui ne cessent de baisser, mais en fonction d'un temps humain de plus en plus disponible sans quoi nous irions droit dans le mur. 

Cette "révolution" monétaire est d'autant plus urgente et nécessaire qu'il est probable que nous soyons amenés à consacrer plus de temps à des travaux aujourd'hui soutenus par des dépenses énergétiques qui ne seront plus possibles dans l'avenir : le temps de l'homme deviendra encore plus précieux pour inventer de nouvelles façons de produire, de construire, de se loger, de se déplacer ... 

L'arrestation de Carlos Ghosn sonne l'heure d'une réflexion de grande ampleur : comment rémunérer les profils rares et les patrons de groupes internationaux sans priver le plus grand nombre de biens auxquels leur travail ne leur donne plus accès faute d'une organisation juste de sociétés au bord de l'implosion ? Sûrement pas en leur octroyant des sommes mirobolantes dans une monnaie censée gérer la pénurie comme l'euro (ou le yen). Un moindre mal consisterait à rémunérer ces managers en couronne nationale, monnaie de service et d'abondance ne donnant pas accès, ipso facto, aux ressources en voie de raréfaction à la surface du globe.

D'une façon plus générale, une rémunération en euro devrait tenir compte, avant toutes choses, des performances d'une nation membre de la zone euro : plus le solde de sa balance des paiements est positif ET plus sa dette publique extérieure est faible ET plus l'encours des dettes privées est faible, plus cette rémunération en euro peut être élevée. A l'inverse, plus le solde des paiements est déficitaire ou plus une nation est endettée, plus cette rémunération devrait être faible. De plus, les écarts en euro, entre les rémunérations les plus élevées et les plus basses devront être resserrés à l'avenir : chacun, qu'il soit "haut gradé" ou tout en bas d'une échelle de salaires, dans un pays riche ou dans un pays pauvre a droit à une part sensiblement égale de biens non renouvelables. La spécificité des fonctions qu'il exerce et du travail qu'il accomplit, en revanche, peut avoir une incidence forte (mais juste) sur sa rémunération en couronne nationale : un métier rare, de très haute technicité, dangereux, à composantes non automatisables ... est susceptible de générer un salaire plus élevé dans une monnaie indépendante du stock des ressources matérielles disponibles et destinée à financer de manière optimale le temps humain convertible en travail.

Si nous ne parvenions pas à bien séparer, par le jeu équilibré de deux monnaies radicalement différentes, la question du temps humain et celle de l'écologie matérielle (baisse des ressources non renouvelables, pollutions diverses, effondrement des ressources pourtant renouvelables - par exemple halieutiques -, menaces sur la biodiversité, ...), nous n'arriverions pas à résoudre la question de l'écologie intégrale : celle qui ne raisonne pas seulement sur l'environnement des peuplements humains mais qui sait aussi veiller à leur santé sur les plans physique, psychique et mental en garantissant, notamment, des conditions de travail plus que décentes, des conditions qui donnent à chacun de pouvoir vivre dignement d'une activité professionnelle. Aujourd'hui, cette dignité est très fortement perturbée par la gestion d'une monnaie unique en zone euro dont l'objet n'est pas d'offrir de telles garanties à ceux qui travaillent mais seulement d'assurer à ses membres étatiques une situation monétaire suffisamment stable et solide afin que chacun puisse faire valoir ses intérêts dans la grande foire prédatrice qui agite toutes les nations du monde. Le malheur est qu'un tel système monétaire renforce la prédation et facilite grandement les importations de produits à moindre coût humain APPARENT c'est-à-dire en déplaçant les centres de production là où les personnes sont le plus mal traitées. Soit finalement, en générant au contraire, une dépense humaine démesurée alors qu'une organisation bien pensée est censée diminuer cette dépense et l'orienter vers des activités hautement qualifiées.

Une conséquence majeure de l'instauration d'une double monnaie, l'une comme l'euro pour les secteurs menacés de pénurie, l'autre telle une couronne nationale pour le temps humain, serait de permettre un pilotage beaucoup plus fin et performant des rémunérations selon les besoins les plus fondamentaux des sociétés contemporaines. Pilotage d'autant plus aisé que toute couronne nationale ne serait pas émise en espèces mais seulement en écritures pouvant être tracées puisqu'un gouvernement monétaire  (distribué sur trois étages : gouvernement municipal, provincial et national au sens du projet France 2022) digne de ce nom devrait être capable de suivre les flux de monnaie et de savoir quels secteurs sont bien "irrigués" et quels secteurs le sont moins. Ce point mérite un long développement et fera l'objet d'une tribune séparée.

Carlos Ghosn en prison tandis que plusieurs personnages politiques  français continuent à parader alors qu'ils devraient être depuis longtemps sous les verrous dans une république ... digne de ce nom ! Ceux-là mêmes qui ont contribué par leur inertie ou de manière active à la ruine des finances françaises, massacrant au passage quelques atouts indéniables de notre chère patrie, vendant parfois ou laissant prendre par des intérêts étrangers et/ou privés nos bijoux de famille les plus précieux ! 

Un homme, censément imparfait, a contribué à développer l'industrie automobile française  tout en l'ouvrant à des influences bénéfiques pour maintenir son statut de fleuron. Un homme a redressé une entreprise japonaise au bord de la faillite tandis que d'autres, incapables de voir la détresse d'innombrables personnes soumises au joug d'une Europe mal gouvernée et tributaires de politiques nationales imbéciles, ne manoeuvraient que pour eux-mêmes et poursuivaient, sans scrupules, l'appauvrissement d'une France prête à imploser.

Deux poids, deux mesures donc, dans un monde où ladite "justice" humaine se montre bien incapable d'équité ou de jugement éclairé : elle poursuit le faible et le vulnérable pour des broutilles tandis qu'elle laisse courir le malfrat, sévir des politiques foncièrement malhonnêtes, détruire des casseurs "professionnels", se remplir les fouilles des proxénètes, des passeurs de drogue ou des organisations criminelles. Organisations si puissantes qu'elles ne manquent pas de tenir entre leurs mains quelques politiques véreux et même vénéneux : ceux-là mêmes qui ne veulent pas voir que des peuples éreintés en ont ras-le-bol d'être pris pour des vaches à lait, tout juste bonnes à engraisser des incapables ou des mafieux au pouvoir.

Le projet France 2022 ne prévoit pas d'abord une grande lessive des pratiques douteuses en politique et ailleurs : ces pratiques trouveront toujours quelque moyen de contournement pour prospérer sur le dos de leurs victimes. Le projet France 2022 vise avant tout une bien meilleure organisation politique de notre pays, de l'Europe et de toute contrée soucieuse d'une plus grande justice : celle qui assure à chacun une liberté ne mettant pas en péril le bien commun et qui se déploie sans léser les plus vulnérables. Une organisation politique telle aussi que toute pratique douteuse, foncièrement désordonnée et malveillante, soit finalement contenue par une prospérité, une paix, un équilibre ... qui en limitent considérablement la portée et les nuisances.

Contrairement aux projets dits "libéraux", néo ou ultra, qui prétendent que notre fonction publique à la française est trop coûteuse, qu'elle serait un frein à notre développement économique, un boulet pour tous, ... le projet France 2022 la considère comme un atout à développer, à parfaire et à protéger contre les visées pseudo-humanitaires de penseurs de la dérégulation à outrance qui s'imaginent que la maximisation des intérêts individuels conduirait ipso facto à un accroissement du bien commun. Raisonnement à courte vue qui s'affranchit à la légère d'une constante : le poids et la gravité des égoïsmes particuliers qui ne tendent qu'à la satisfaction d'un bien étroit, frileux et sans la moindre envergure.

Privatiser ce qui est aujourd'hui assuré par une fonction publique protéiforme est tout simplement devenu suicidaire dans un monde où d'innombrables biais faussent l'idéal d'une concurrence loyale et profitable au plus grand nombre. Privatiser revient, au bout du compte, à substituer aux ordres d'un pouvoir politique, certes non exempt de reproches, les diktats de forces étrangères aux intérêts du peuple français et, plus fondamentalement, aux droits élémentaires des personnes : le droit de vivre d'un travail digne ; le droit de choisir qui les gouvernent ; le droit de critiquer ; de s'exprimer ...

Il ne s'agit donc pas de tendre vers "moins d'Etat" mais vers un gouvernement qui ne livre pas les forces vives du pays au joug de puissances qui n'ont que faire des revendications individuelles, qui méprisent le faible, qui anéantissent les plus vulnérables, qui pillent les ressources de la planète, qui s'emparent en un éclair des trésors édifiés par le labeur de dizaines de générations, qui n'ont, enfin, qu'une connaissance si limitée des Evangiles qu'elles ne peuvent même pas comprendre que leur comportement finira par les auto-détruire ...

Il s'agit, pour le projet France 2022, de trouver comment transformer une fonction publique, laminée par la pression d'un monde en déroute, en une force salvifique et salutaire pour l'ensemble de la nation française. Une force qui permette à chacun de déployer le meilleur de lui-même et à chaque corps intermédiaire de pleinement jouer son rôle. Une tribune et une lettre ouverte développent ce thème.

L'un des leviers les plus puissants de cette transformation de notre fonction publique en véritable atout consistera à ne plus faire dépendre son financement d'impôts et de taxes qui plombent notre secteur marchand et qui l'empêchent d'être concurrentiel dans la jungle commerciale instaurée par la domination des valeurs d'échange sur les valeurs d'usage. Une autre tribune du projet France 2022 expose ce point révolutionnaire : sortir notre fonction publique du modèle productiviste, modèle qui tend à uniformiser ce qui devrait être, au contraire, diversifier, ciseler, broder ... de main d'hommes et de femmes, libres de penser et d'agir, non dans le but de produire toujours plus et mal mais de produire plus intelligemment et beaucoup mieux. En un mot : sans détruire le vivant mais en collaborant humblement avec ses ressorts les plus secrets et les plus subtils. En bref : en passant d'économies entropiques à des économies néguentropiques.

Les pensées libérales, néo-libérales ou ultra-libérales oublient les données brutes d'une géopolitique sans concessions : les nations européennes sont aux prises avec leurs propres démons et affrontent, en même temps, ceux qui agitent les autres nations, aux mains parfois, d'Etats voyous. Le combat qu'elles livrent dépassent largement leurs pauvres forces naturelles et si elles semblent aujourd'hui céder beaucoup de terrain, c'est parce qu'elles ont, en partie, abandonné le socle évangélique qui permet de tenir dans les épreuves les plus redoutables : les nations européennes se battent en ce moment à armes inégales et même complètement désarmées contre des puissances qui adorent un seul dieu : Mammon et qui ont pour idoles tous ces supplétifs : réussite sociale tapageuse ; exploits malhonnêtes ; trafics en tout genre ; homicides ; crimes silencieux ; esclavages honteux ; ... Les nations européennes, elles-mêmes, ne sont pas indemnes de toutes ces tentations idolâtres et prêtent ainsi le flanc aux groupes qui s'érigent en justiciers décadents d'un monde en perdition.

On aurait tort, pourtant, de chercher ici ou là des coupables visibles, identifiables à coup sûr et qu'il serait facile d'éliminer selon cette logique imbécile et à courte vue qui prévaut, trop souvent, dans des sociétés dites "avancées" mais qui, en réalité, replongent, sans même s'en rendre compte, dans les pires égarements des barbaries les plus anciennes. Non, le combat à mener n'est pas contre des hommes en chair et en os que l'on pourrait désigner à la vindicte populaire, tous pécheurs par nature corrompue et blessée, mais le combat est d'ordre spirituel et il concerne au premier chef chacun d'entre nous : tant que je n'aurai pas fait le ménage dans mes superstitions, mes idolâtries et mes étroitesses d'esprit, je chercherai en vain quelques coupables à faire tomber tandis que je marcherai en claudiquant, prêt à m'effondrer au premier obstacle sérieux rencontré en chemin.

Tant que je resterai prisonnier des carcans d'une pensée stéréotypée, sectaire, rigide, simplificatrice à outrance, ... je prétendrai toujours pouvoir réformer ce qui me dépasse, devenir un chef admiré, meneur d'une épopée glorieuse ... alors que je demeurerai incapable, au quotidien, d'avancer d'un pouce sur la voie d'un progrès personnel, modeste et pourtant essentiel. Sans la mise en oeuvre de gestes politiques à la portée de chacun d'entre nous, que puis-je espérer transformer ?

Tous ces gestes individuels ou même collectifs peuvent-ils néanmoins suffire à redonner aux atouts de la France le lustre d'antan et, même davantage, des couleurs qui illuminent notre temps d'un jour nouveau ? Quel chef d'Etat se lèvera pour rassembler les efforts épars d'un peuple angoissé et pour remplacer Jupiter, ce petit dieu dont les limites sont apparues bien vite sur le champs de ruine d'une France démolie depuis plus de quarante ans par des politiques nationales incohérentes et par les transformations d'un environnement international qui ne laissent aucune nation indemne ?

Ceux qui se disent "démocrates" redoutent comme la peste un coup d'état militaire, craignant pour leurs pauvres fantômes de liberté ! S'il est vrai qu'un gouvernement par trop militaire ne laisse guère de place à une grande diversité d'humeurs et d'opinions, sans doute aurions-nous besoin en France que des militaires de très bon niveau remettent de l'ordre dans une maison France qui semble avoir perdu les clefs d'une réussite multiforme : économique, sociale, sanitaire, éducative, spirituelle ... Nul doute qu'à l'avenir, des haut gradés tels que Pierre de Villiers, auront un rôle important à jouer. Le projet France 2022 prévoit d'allouer un budget conséquent aux opérations militaires que les pacifistes de tous bords ne comprennent pas. Il leur semble toujours que les fonds ainsi octroyés feront défaut à d'autres champs de bataille beaucoup plus essentiels à leurs yeux : éducation, transition écologique, santé ... C'est oublier qu'en créant une monnaie de service et d'abondance, nous résolvons ce dilemme : à l'avenir, nous n'aurons plus à choisir entre "défense" et "autres domaines régaliens". Chacun sera pourvu autant que les nécessités de l'heure et du long terme se feront sentir.

Coup de baguette magique de Merlin l'Enchanteur que cette monnaie de service et d'abondance ? Voire ! Plutôt le pendant indispensable d'un Euro fort décrié que nous serions mal avisés d'abandonner sans précaution ! 

Tout bien réfléchi, il apparaît qu'un BREXIT ou un FREXIT ne sont possibles qu'à la condition de tabler sur deux monnaies et nos amis anglais (hélas demeurés pour certains franchouillards d'irréductibles ennemis) seraient bien inspirés de montrer la voie que notre frilosité risque d'ajourner faute de cette audace qui sied à merveille à un peuple en mouvement ! Notons, au passage, que l'instauration d'une double monnaie telle que prônée par le projet France 2022, ôte tout intérêt à une rupture franche avec l'Europe et la zone euro : se priver aujourd'hui du bouclier continental que constitue l'Union européenne est proprement insensé. Dans la jungle du monde actuel, aucun pays n'est capable de résister seul au rouleau compresseur d'une mondialisation qui n'a pas encore saisi les conséquences de la finitude des ressources non renouvelables et qui fonce au grand galop vers le précipice d'une pénurie imminente.

Il faudrait ici s'adresser directement à sa Majesté, la reine Elizabeth II, pour lui suggérer, sans autre forme de protocole et donc sans prendre de gants bien inutiles en l'occurrence, de faire de la livre Sterling une couronne nationale, une monnaie de service et d'abondance, n'ayant cours que sur le sol du Royaume Uni et qui ne soit plus disponible en espèces, tout en conservant la possibilité pour des personnes étrangères au Royaume Uni de venir y dépenser, leur superflu ou leur nécessaire, en euros ou dans tout autre monnaie de réserve. Puisse également Theresa May ou Boris Johnson prendre connaissance de cette courte incise (et de tous les détails d'une mise en oeuvre esquissée) pour sortir la tête haute d'un imbroglio qu'un Brexit mal pensé a dressé sur sa route.

La création d'une couronne nationale concerne en effet toutes les nations : aucune n'est vraiment libre dès lors  qu'elle n'est pas en mesure d'émettre la quantité de monnaie utile à son économie. Encore faut-il que cette monnaie ne devienne pas l'instrument d'une mise en coupe réglée de pays plus faibles comme le fait aujourd'hui un dollar complètement déconnecté des réalités planétaires : raréfaction des ressources primaires, abondance du temps humain, volonté des peuples de s'affranchir d'une tutelle pesante et d'accéder à un niveau de subsistance qui ne frise pas l'indécence. Aucune nation n'est vraiment libre dès lors qu'elle est dans l'incapacité d'apporter des liquidités dans les secteurs de son économie qui en ont le plus besoin.

La France, comme de nombreuses nations, n'est plus libre de mener la politique monétaire qui convient à ses habitants, à son histoire, à ses structures, à ses atouts, à ses propres chances, à tout ce qui la distingue des autres nations. Le projet France 2022 prévoit de restaurer et d'accroître cette liberté. Sans elle, aucune renaissance n'est possible puisque la France, comme les autres nations européennes, se trouve désormais entre l'enclume d'une mondialisation échevelée et le marteau d'un euro conçu pour gérer la pénurie et pour récompenser les peuples industrieux, ceux qui ne vivent pas de l'air du temps et qui savent qu'il est impossible de vivre toujours à crédit. Tant que nos capacités d'exportation resteront bien inférieures à nos facultés d'importer, la politique monétaire de la zone euro nous poussera à l'endettement et vers la récession.

Il nous faut casser cette spirale infernale, non en sortant de la zone euro qui  nous permet d'importer à bon compte tout en pesant, hélas, sur nos capacités d'exportation (*), mais en créant un espace monétaire autonome qui permette non seulement d'alléger nos coûts de fabrication mais encore de financer des travaux qui n'ont pas à s'exécuter dans le cadre d'un modèle productiviste : lorsqu'un policier ou un militaire est en opération, lorsqu'un enseignant dresse (!), éduque et instruit des élèves ; lorsqu'un personnel médical s'occupe d'un patient ; lorsqu'un juge cherche la meilleure sanction pour un coupable ; lorsqu'un chercheur explore un domaine ...,  il n'a pas à régler ses faits et gestes selon une logique de profit immédiat, chiffrable aisément, ... il lui faut agir en conscience et avec discernement pour que son travail porte un fruit de long terme.

(*) Le projet France2022 s'affranchit de ce poids qui pénalise notre économie. Voir à ce propos la tribune : "Des causes désargentées". Cet affranchissement est obtenu de deux façons complémentaires : d'une part, en évitant que les activités censées apporter des devises ne supportent un niveau de prestations sociales (les causes désargentées) sans commune mesure avec des pays concurrents qui n'ont cure du bien être intégral de leurs habitants ; d'autre part, en réduisant l'importation de biens et de services dont une meilleure organisation de l'économie française rendrait la production à nos territoires. Il ne s'agit pas, évidemment, de baisser le niveau des prestations. Au contraire ! Il s'agit de l'élever en quantité et en qualité en le finançant par une nouvelle monnaie et non plus par des taxes, des cotisations et des impôts qui laminent nos capacités d'exportation. Sur l'autre versant, il ne s'agit pas non plus de tendre vers un repli sur soi, une autarcie maladive, qui couperait la France du reste du monde. Au contraire ! Si le développement des échanges commerciaux ne met pas en péril les ressources non renouvelables, n'est pas cause d'injustice à l'égard de pays tiers, ne génère pas davantage de chômage chez nous, ne déséquilibre pas notre balance des paiements, alors il est tout à fait possible de le poursuivre et de l'augmenter.

En retenant Carlos Ghosn contre son gré, le Japon cause un tort immédiat à l'entreprise Renault et à la France. Sans doute aussi à Nissan et à Mitsubishi, par répercussion. Plût au Ciel que ce coup de force ait finalement d'heureuses conséquences : par grâce, il est possible que cet accident de parcours nous rende non seulement un manager hors pair mais un homme revenu sain et sauf d'une épreuve que le pire ennemi ne souhaiterait à personne.

Nul doute qu'alors notre compatriote saura écrire de très belles pages à la suite d'un parcours qui, déjà, en comportait d'admirables. Familier du relèvement de défis hors normes, Carlos Ghosn est en effet capable de transformer l'épreuve douloureusement vécue en un tremplin vers de nouveaux horizons : la force brute ne saurait arrêter l'agilité, la capacité de rebond et la souplesse d'un athlète.

En ces temps troublés (automne 2018 et rebelote en 2019), la France a besoin d'hommes d'une trempe exceptionnelle. Managers et chefs dans l'âme mais également visionnaires car, à force de nous lamenter sur un passé qui n'est plus - un passé parfois injustement décrié -, nous finirions par oublier qu'il nous faut, avant tout, savoir regarder au loin, anticiper les événements à venir, si nous voulons avoir quelque chance et quelque latitude d'en diriger ou d'en influencer le cours. Toute l'industrie automobile française et, plus largement encore, toutes nos industries ont besoin de l'expérience, du tempérament et du caractère d'un Carlos Ghosn : là où tant d'hommes et de femmes désespèrent d'être à pied d'oeuvre, entraînés par un projet fédérateur, stimulés dans leurs efforts d'inventivité, de créativité et d'adaptation, il est nécessaire que se lèvent des personnes capables d'imiter ce qui paraît inimitable. L'épreuve du feu qu'a traversée Carlos Ghosn lui donnera, à n'en pas douter, l'art et la manière de communiquer ce qui paraît ne pouvoir l'être.

S'il advenait que des accusations tout à fait justifiées puissent être apportées à l'encontre de Carlos Ghosn et de sa gestion des deniers de l'entreprise Nissan, il ne faudrait pas que, sous prétexte de sanction exemplaire, cet homme soit voué aux gémonies et empêché d'agir : il suffirait de lui demander de réparer intelligemment les torts qu'il aurait pu commettre. Ce dont il s'acquitterait avec brio.

Dans un monde américanisé à l'excès, dans un univers où chacun finirait par avoir la gâchette facile, abattre un homme n'est jamais salutaire : vient un moment où le justicier autoproclamé découvre qu'il aurait mieux fait de réfléchir à deux fois avant de prétendre faire place nette.

Revenons aux atouts de notre douce France, menacée de toutes parts mais qui ne se rendra jamais tout entière : si un coin devait céder sous les assauts furieux d'un monde en délire, le reste tiendrait bon. Nul n'abat un chêne multiséculaire à la force du poignet et les ennemis de la France, de l'intérieur comme de l'extérieur, même armés jusqu'aux dents font piètre figure : tandis qu'ils pensent déraciner une souche malade et pourrie ils ne font qu'ancrer davantage le pouvoir intemporel d'un arbre aux multiples ramifications. Plus l'ennemi s'en prend à lui, plus il résiste et se fortifie.

France insubmersible, indomptable, ... soeur d'une Russie qui ne s'en laissera jamais conter et qui se referme immanquablement sur tout envahisseur. Voilà donc deux soeurs qu'il va bien falloir, un jour ou l'autre, rapprocher par un grand projet d'infrastructure ferroviaire, reliant au passage tout une grappe de villes qui ne manqueront pas de prospérer le long d'un axe Paris - Moscou et, si Dieu le veut, Vladivostok - Dublin ! Tout cela, en dépit des sarcasmes, des alarmes, des peurs et des coups bas que ne manqueront pas d'engendrer une telle hypothèse. Les concepteurs et défenseurs du  projet France 2022 s'y attacheront contre vents et marées comme Gustave Eiffel, en son temps, sut défendre avec son équipe sa tour contre tous les fossoyeurs de la modernité industrielle. C'est ainsi que l'on fait taire, enfin, le bruit des armes ; que l'on met à bas toutes les postures grotesques, indignes et meurtrières ; que l'on donne aux générations montantes et futures le goût de croire, d'espérer et d'aimer car la science véritable et la technique, au service d'une plénitude authentique, jamais ne s'opposent à la confiance évangélique, qualifiée "d'aveugle" par les sceptiques, mais qu'il faudrait dire simplement "audacieuse" et, surtout, hors des atteintes les plus calamiteuses.

Carlos Ghosn incarnait cet esprit d'audace. Il est alarmant qu'il fasse aujourd'hui les frais d'une guerre de succession. Ses conditions de détention détruisent ainsi l'un de nos atouts maître. Dans la partie de go très violente qui se joue avec le Japon, il n'est pas certain que nous soyons à la hauteur. Espérons que le gouvernement français et la présidence agissent au moins de manière habile et secrète puisque, hélas (mais peut-être est-ce nécessaire en l'occurrence), nous n'entendons guère parler d'une défense musclée de Carlos Ghosn. Au-delà de tout ce qui pourrait lui être reproché sur un plan financier, la France doit en effet, comme le Liban, défendre le bilan d'un patron hors norme qui, par bien des aspects, a su offrir à Nissan une sortie honorable quand ce constructeur s'était fourvoyé dans une impasse multifactorielle. A l'heure où nous écrivons ces lignes, il en va de la santé physique de Carlos Ghosn. Mis à rude épreuve, il est aujourd'hui soumis à une volonté de mise à mort symbolique (et peut-être davantage) par un pays qui n'est pas exempt de reproches (comme tous les pays) et qui ferait bien de balayer devant sa porte avant de prétendre moraliser le monde des affaires. En l'espèce, le minimum serait de démontrer, de manière convaincante, rigoureuse, honnête et juste, que celui qui est accusé aurait mis en péril les intérêts de Nissan par d'éventuelles malversations. Dans le cas contraire, il suffirait de lui demander de prendre en charge, par une contribution personnelle, tout préjudice collatéral vraiment attesté. Dans tous les cas, le traitement qui est infligé à Carlos Ghosn n'est pas digne d'un Etat de droit où les personnes sont respectées dans leur intégrité physique et où leur honneur n'est pas bafoué. Ce qui se passe là-bas est finalement très inquiétant : un pays qui passe de l'idolâtrie d'un homme à sa déchéance subite sans la moindre transition a certainement du souci à se faire pour son propre avenir. Ses réussites technologiques indéniables, ses réalisations artistiques admirables et sa puissance de feu industriel impressionnante pourraient un jour fortement pâtir de ses travers et, pour tout dire en bref, de sa façon imbécile de se rendre imperméable aux valeurs évangéliques après une résistance héroïque d'une Eglise japonaise persécutée comme peu d'autres Eglises l'ont été et ce, jusqu'au martyr d'Hiroshima et de Nagasaki. Sans préjuger du fond de l'affaire, Carlos Ghosn pourrait devenir le martyr et donc le témoin d'une cause qui dépasse largement les éléments primordiaux de l'affaire en cours : la conversion radicale d'un pays dont une partie de ses traditions s'oppose fondamentalement à l'Evangile tandis qu'une autre partie de son héritage est évidemment marqué, comme dans toute culture, par les semences de l'Esprit Saint.


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Si nous envisageons toutes choses d'un point de vue très large qui n'exclut pas les dimensions spirituelles et ne néglige aucun aspect bien tangible jusqu'aux éléments les plus terre à terre, force est de constater que l'un des atouts majeurs de la France est d'avoir su ouvrir largement son coeur aux appels de l'Evangile et si l'époque contemporaine donne à penser que notre magnifique héritage chrétien est en péril sur un sol Européen, encore marqué par le cataclysme des deux guerres mondiales, ne perdons jamais de vue que toute graine paraissant morte est capable de porter du fruit pourvu qu'elle soit plantée dans une bonne terre. Carlos Ghosn aura été, pour Nissan et pour le Japon, une semence de vie, animée d'une prodigieuse vitalité, en mesure de renverser des montagnes de problèmes, d'ignorances, de gabegies et d'errances, non pas seulement par la force d'un poignet d'une extrême solidité mais par une grâce surabondante tout à fait hors du commun. Cette grâce ne vient pas de nulle part. Elle arrive jusqu'à nous par les plaies du Christ en Croix comme nous l'a transmis l'Apôtre St Jean et par le truchement de tout homme de bonne volonté, qu'il ait été instruit des vérités de l'Evangile ou qu'il se soit laissé traversé par la lumière qui en émane depuis la nuit des temps.

Pour couvrir une étendue beaucoup plus vaste qui ne se cantonne pas aux frontières géographiques de notre pays, il était souhaitable d'inclure le projet France 2022 dans l'espace francophone et, plus largement encore, de le porter aux dimensions de la planète. Ici, nous pensons tout particulièrement à nos amis francophones du Liban, de tout le Moyen-Orient, de l'Afrique, du Canada et à ceux qui résident en Acadie ou au Québec. L'occasion nous est donnée, bien simplement, par le moyen prodigieux de la Toile, de prendre connaissance des travaux d'une très grande qualité d'une communauté d'hommes et de femmes loin du territoire de la métropole française mais si proches par le coeur de toutes les personnes de langue française. Il se trouve que Martin Latulippe vient de publier une vidéo qui entre formidablement en résonance avec ce qu'est en train de subir Carlos Ghosn. Tout lecteur sensible à l'épreuve d'un ego malmené et au séisme qui peut traverser toute vie humaine tirera un grand profit personnel de l'écoute du témoignage de Martin.