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mercredi 13 novembre 2019

France2022 : Prospective (réédition)



Voir entre autres : http://www.laprospective.fr/

La prospective n'a pas toujours bonne presse : tant de prévisions ont échoué ou furent dépassées. L'avenir nous réserve des surprises. La réalité dépasse la fiction ... 

Tout projet présidentiel qui ferait l'économie d'une réflexion prospective passerait pourtant à côté d'un levier puissant de mobilisation et d'action pour de nombreux citoyens : seule une vision à long terme donne à chacun d'adhérer, de se prononcer et de s'engager pleinement. 

La prospective n'élimine pas l'incertitude mais elle éclaire la route sous différents angles : en renonçant à envisager l'avenir de façon monolithique, en élaborant plusieurs scénarios d'évolution possibles et probables, elle éclaire les acteurs politiques et plus largement tous ceux qui se préoccupent du lendemain.


Avant d'imaginer et de construire, nous avons tout intérêt à observer ce qui s'est passé jusqu'à maintenant. Une prospective qui refuserait de s'inspirer des chemins parcourus et de se nourrir des leçons de l'histoire serait comme une coquille vide, belle en apparence et sans âme et sans vie. Elle se priverait de l'un des trésors de la pensée juive : "Souviens-toi Israël".

Scruter le passé ne lève certes pas toutes les inconnues mais donne des clefs de compréhension qui ouvre le regard et l'esprit. A celui qui est attentif et qui sait garder la faculté d'admirer se révèlent les grandes lignes et même tout un ensemble de détails significatifs qui lui indiquent les forces, les courants, les tendances traversant notre univers, notre planète, l'histoire des hommes. Sous l'agitation de surface lui apparaissent les mouvements lents et plus profondément encore ce qui demeure immobile.


Comment pouvons-nous espérer manoeuvrer, avancer et nous retrouver à bon port si nous ne prenons pas la peine de déceler les permanences de notre monde et d'aimer la façon dont il se transforme peu à peu ? Si cela pouvait nous éviter de tomber dans la confusion, nous aurions déjà fait un grand pas vers la libération de notre puissance créatrice et de notre faculté d'émerveillement. 

Ne voir que permanences et redites entraîne un risque d'erreur : penser que les choses se répètent sans fin et croire que rien ne changera au fond quoiqu'on fasse. Ne voir que des changements en oubliant les éléments stables génère une seconde erreur : penser que tout est voué à la disparition et à la mort. Ces deux erreurs majeures nous conduisent à penser que tout se vaudrait, à penser qu'il serait inutile d'entreprendre, qu'il serait dérisoire de s'engager, qu'il serait futile d'élaborer des projets, qu'il serait vain de vouloir aimer en vérité.


Comme "la grenouille qui ne savait pas qu'elle était cuite", une autre illusion nous menace : demeurer insensibles à des variations trop lentes pour que nous soyons en mesure de les percevoir et, par conséquent, tenir pour immuables des situations qui, en réalité, évoluent au fil des ans. Faire le tri entre permanences et changements demande un surcroît d'attention, un effort de conscience et la discipline de s'arrêter un moment afin d'être plus à même de déceler les variations infimes de notre environnement : là peuvent se cacher des indices révélateurs du monde à venir. 

Si nous nous laissons dominer par la fureur des événements les plus violents, si nous ne prenons pas la peine de discerner le bien qui germe sans bruit, nous risquons fort d'agir dans l'impatience, le ressentiment et la brutalité alors que nous avons à favoriser, en toute simplicité de coeur, ce qui est en train d'advenir de meilleur.


Un projet présidentiel pour la France sera d'autant mieux reçu, accepté et mis en oeuvre qu'il aura contribué à modifier notre regard de telle sorte que nous soyons devenus capables de repérer, à travers la multitude des phénomènes, les forces sous-jacentes qui travaillent notre société et nos coeurs. Une conscience plus claire des enjeux renforce cette capacité et nous donne la concentration suffisante pour nous attacher à ce qui en vaut vraiment la peine. Au milieu des tourbillons, de l'agitation incessante de surface, notre coeur immobile veillera à l'essentiel tandis que notre coeur en mouvement épousera les causes les meilleures. 

C'est l'une des ambitions majeures du projet France 2022 : permettre à chacun de déceler de nouveaux indices de transformation, de se réjouir de la découverte de possibles insoupçonnés jusque-là, d'oser contribuer à des changements qui semblaient irréalisables de prime abord.


Téléphone mobile, mobile-home, spéculations sur les valeurs mobilières, ... comment s'étonner que le nouvel eldorado, après l'abandon de l'or comme étalon soit devenu ... l'immobilier ? Comment ne pas pressentir que nous allons vers une nouvelle ruée vers la terre ? En contre point de la montée des mondes virtuels, allons-nous connaître une quête effrénée d'un bout d'espace tout à la fois tangible, palpable et intouchable ? Que lire dans cette frayeur qui gronde à la vue d'une planète menacée de toutes parts ? Comment pourrions-nous y voir clair, si nous nous laissions envahir par la peur, si nous nous laissions submerger par toutes les terreurs ancestrales ?


Notre environnement change, incontestablement. Nous disposons aujourd'hui de moyens que nos prédécesseurs nous envient ou nous envieraient sûrement. Sommes-nous cependant prêts à reconnaître que notre propre corps est voué à la mort, comme toujours ? Qu'il en est ainsi depuis l'aube des temps ? Que de ce point de vue, rien ne semble avoir changé ? Apprendre à mourir, apprendre à disparaître, quoi de plus difficile ? Quoi de plus terrible quand on songe à toutes les potentialités en germe ? Quoi de plus banal quand on vit dans un monde dont on n'attend plus rien ? Saurons-nous trouver le juste milieu entre l'attente émerveillée du lendemain et la certitude incontournable d'une fin prochaine ?


Depuis le commencement, notre univers est sous tension. Croire que nous vivons aujourd'hui des contradictions plus fortes qu'autrefois est source d'illusion, de passivité ou d'anxiété : chaque époque a son lot de sentiers étroits et aucun sommet n'est accessible sans passage périlleux. Voulons-nous la facilité d'une vie sans histoire ou désirons-nous affronter quelque danger ? Sommes-nous prêts à prendre des risques, à nous lancer sans pouvoir tout maîtriser ? Aurons-nous l'audace d'avancer au large en eau profonde, individuellement et collectivement ? Tous ceux qui vivent une détresse physique ou morale, trouveront-ils en France des visages exprimant le bonheur de vivre même quand la souffrance est là, jour après jour, lancinante et menaçante ? Trouveront-ils des bras accueillants et des mains au service de l'amour généreux, qui ne compte pas sa peine, que rien ne rebute, pour qui une vie ou une âme à sauver compte plus que tout l'or du monde ?


Entre la mort qui détruit, fait disparaître, anéantit et la vie, source de nouvelles naissances, de créations originales, de joies ou de souffrances, l'opposition date de la nuit des temps et traverse notre monde de part en part. 

Refuser la mort qui vient à son heure comme une délivrance, la cacher ou au contraire l'exalter, la présenter comme une panacée, voilà des attitudes qui ne portent pas remède à notre condition. Pour qu'un projet d'avenir s'établisse, rien ne vaut l'acceptation pacifiée d'une mort évidemment inéluctable et pourtant comprise comme le passage vers une vie invisible, discrète, aimante et bien présente. 

Une prospective qui négligerait d'aller aussi loin dans ses tenants et ses aboutissants risquerait fort de proposer un paradis au goût amer. L'histoire nous a montré combien la volonté farouche d'établir sur terre ce que seul le passage étroit par la mort nous révèle, combien cette volonté engendre d'atrocités.


L'exploration des potentialités en germe doit se garder d'un angélisme qui oublierait cette permanence de notre condition imparfaite et pécheresse : nous sommes tout bêtement incapables de vivre la fraternité dès lors que nous oublions la transcendance dont nous sommes issus. Quel que soit le visage que nous donnons à ce qui nous dépasse de toutes parts, le fait est là : nos propres forces ne suffisent pas à établir une paix durable, à garantir une vraie liberté. Chanter l'égalité des droits sonne tellement faux quand l'innocent est abattu au sein même du sanctuaire qui devrait le mettre à l'abri de toutes les attaques. L'un de nos hommes politiques rappelle que liberté, égalité et fraternité n'ont aucun sens quand elles sont séparées les unes des autres. Ajoutons que, même réunies, elles sont incomplètes. Ne nous étonnons pas que notre démocratie patine et que nos idéaux élevés soient encore si lointains. Ce n'est pas qu'une question d'organisation, de séparation des pouvoirs. Accéder à davantage de liberté, vivre plus fraternellement, respecter l'égale dignité de chacun ne relèvent pas seulement de la technique du droit constitutionnel, d'un équilibre parfait des pouvoirs, d'une bonne volonté des politiques. L'histoire nous apprend que subsiste un antagonisme de fond entre l'exercice du pouvoir et l'exercice de la charité et nous savons que cet antagonisme ne se résout qu'à partir du moment où le pouvoir renonce à toutes prétentions hégémoniques, où le pouvoir se conçoit et s'exerce comme service radical des personnes et des communautés de personnes. Allons plus loin : le pouvoir ne libère pleinement, le pouvoir ne construit la solidarité généreuse, le pouvoir n'instaure le respect que dans la mesure où il se situe en tant que modeste catalyseur d'un ordre qui le dépasse. Cela est vrai aussi bien pour un pouvoir politique que pour un pouvoir religieux. La séparation des pouvoirs, la laïcité à la française n'ont de sens et ne sont fécondes que si elles s'établissent sur cette conviction : tout pouvoir est un don, tout pouvoir est reçu, tout pouvoir doit se soumettre à la vérité. Non pas à l'opinion dominante ou la plus bruyante mais à la vérité.


Que serait une prospective qui s'établirait sur des fondements faux ? Une prospective qui tablerait par exemple sur un allongement soi-disant incessant de la durée de vie sur terre ? Une prospective qui se laisserait impressionner par la simple considération de la hausse de l'espérance de vie en France et qui en déduirait un peu vite que : "tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes" ? Un esprit lucide n'oubliera pas le record de consommation de tranquillisants pour constater que si la vieille dame tient encore debout, c'est qu'elle s'appuie sur une drôle de béquille. La fierté que nous portons à notre longévité n'est-elle pas l'indice que nous n'acceptons plus que notre existence terrestre ait un terme ?


"Au milieu de tant de choses qui changent, ce qui change le moins, c'est l'homme". Saurons-nous entendre ce rappel d'un homme politique et d'un philosophe parmi les plus clairvoyants ? Même un surcroît d'années en pleine santé ou dans les affres de la vieillesse ne modifient pas radicalement l'homme : son origine et sa fin demeurent. Réduire son origine à la rencontre fortuite de deux gamètes et sa fin à un petit tas de cendres, c'est bon pour les pirouettes d'humoriste mais cela manque singulièrement de souffle. Oubliez le vent et, à la première tempête, votre échafaudage le plus solide s'écroulera comme un château de cartes. Si nous désirons que nos constructions collectives résistent aux intempéries, nous devons étudier sans relâche l'un de ses maillons quasi immuables à l'échelle de nos prévisions : l'homme.


Premier pari : dans les cinquante années à venir, l'homme ne changera pas et la connaissance que nous en avons progressera sans pour autant que cette connaissance soit largement répandue. Tout homme restera encore ignorant de lui-même, non seulement dans ce qu'il a de commun avec ses semblables mais aussi dans ses particularités. Le seul exercice consistant à parfaire son savoir et son être, ses capacités et ses talents a de quoi l'occuper toute une vie et davantage. Affirmer cela n'a l'air de rien. S'en persuader apporte néanmoins une grande libération : chacun d'entre nous n'a pas d'abord à faire bien, à rechercher une perfection maladive. Chacun a la possibilité de faire du bien, quelle que soit sa condition, quel que soit l'état où il se trouve, quel que soit le chemin déjà parcouru. Faire du bien est le propre de tout être vivant, quelque chose que nous avons tous en commun. Malgré tout le bien déjà accompli, chacun reste hélas capable de fomenter le mal. Une telle présentation risque de donner l'illusion d'une symétrie entre bien et mal pourtant nous savons tous d'expérience que plusieurs différences majeures les séparent : le bien est discret tandis que le mal se vante ; le mal trouve la mort tandis que le bien cherche la vie ; le bien est en quête de vérité tandis que le mal s'appuie sur le mensonge. Poser la question : "Qu'est-ce que le bien, qu'est-ce que le mal ?!" pour tenter de s'affranchir d'un choix net ne tient pas la route longtemps.


Deuxième pari : notre condition ne changera pas. Sur terre, nous sommes du côté des noeuds, des défauts, des imperfections et ce qui ne va pas saute à nos yeux. Dans l'immensité de l'univers, chacun d'entre nous est si infime qu'il arrive aux plus sensibles d'en désespérer, de se croire complètement abandonnés. Celui qui se prend pour le plus grand d'entre nous ne peut guère s'enorgueillir : il participe comme tout un chacun au grand ouvrage, fruit de la main des vivants et l'éclat de son oeuvre se perd dans l'océan des réalisations humaines. La marée des hommes est affairée d'un côté de la toile et seul le passage par la mort donne accès à l'autre face du côté de l'invisible : là où sont effacées toute larme de tristesse mais pas celles du remord, là où disparaissent les ratés et les noeuds. Du côté de l'invisible apparaît l'ouvrage dans toute sa splendeur. Au regard des bienheureux est offert toute la beauté d'une réalisation encore inaccessible à ceux qui peinent. Même celui qui refuse d'être actif par lassitude, dépit ou colère ne peut qu'être témoin de l'avancement des travaux.


Troisième pari : certaines conditions extérieures ne vont cesser d'évoluer, à un rythme de plus en plus rapide. Qui aurait pu imaginer, il y a seulement vingt ans, toutes les facilités de conception, d'étude, de fabrication, de communication, de contrôle, d'analyse, ... dont nous disposons aujourd'hui ?


Quatrième pari : la rapidité des évolutions à venir ne nous empêche pas d'en percevoir les orientations majeures et d'anticiper leurs réalisations concrètes.


Première orientation majeure : l'impossibilité pour l'homme de se soustraire, tôt ou tard, à la vérité des faits. La multiplication des moyens d'enregistrement, la croissance exponentielle des capacités de stockage tendent vers l'accumulation des faits et gestes, des paroles et des actes. Quelques erreurs de lecture ou d'interprétation, relayées par des médias en quête de sensationnel, ne doivent pas nous abuser : monter en épingle les ratés du système ne l'empêcheront pas de se déployer et de gagner en efficacité. Nous connaissons la fin tragique de cet homme qui voulant s'en prendre aux radars automatiques n'a pas maîtrisé jusqu'au bout les armes de son ressentiment.


Seconde orientation majeure : l'accumulation de "preuves" devient insupportable dans un monde qui perd de vue l'axe principal du commandement de l'amour, le pardon. Sans le voile de la miséricorde, sans l'exercice patient et volontaire de la rémission des fautes, une société où l'accusation permanente et la dénonciation incessante tiennent le haut du pavé devient tout simplement invivable. Elle baigne dans une atmosphère irrespirable. Nos démocraties risquent moins de crever sous l'excès de prescriptions que sous l'avalanche des mises en accusation.


Si nous sommes rendus, à ce stade de l'analyse, assez loin des préoccupations habituelles d'un travail prospectif, nous avons évoqué le filet qui protège les acteurs, qu'ils soient de grands artistes ou non, d'une chute grave et même fatale. La montée des revendications en faveur d'une liberté individuelle de plus en plus affranchie de toutes contraintes sociales ou morales, le désir de plus en plus répandu de quitter les figures imposées pour laisser libre cours à la fantaisie de chacun, la recherche du sensationnel le plus vertigineux, ... toutes ces demandes ne se réalisent sans casse stupide et blessure irréversible que dans un cadre malgré tout sécurisé et prêt à parer à toute défaillance.


Il y a deux façons de percevoir le filet : le considérer comme un accessoire pour les faibles et les craintifs. C'est l'attitude de celui qui n'a jamais chuté gravement et s'estime à l'abri d'un accident. A l'inverse, il y a ceux qui ont expérimenté, réellement ou par une imagination vive, la valeur inestimable qu'il représente.


Dans notre monde de plus en plus complexe, le filet revêt des formes multiples : pouvoirs politique et administratif, lois,  décrets, magistrats, avocats, notaires, réglementations, assurances, banques, défenses militaires, systèmes de surveillance et de contrôle, police et gendarmerie, médecins, infirmiers, pompiers, secouristes, urgentistes, autorité parentale, familles, écoles, hôpitaux, dispensaires, maisons médicalisées, prisons, asiles, barrières de sécurité, entreprises publiques et privées, mutuelles, ... et encore, soutien psychologique, assistances sociales, SAMU, urgences en tous genres, bornes d'appel, conseils divers, ... et plus encore, le sacrement de la miséricorde et ses prêtres. Beaucoup de ces formes sont déjà très anciennes et les nouvelles sont venues compléter un dispositif au service d'une vie humaine qui se déploie en dépit de toutes les hostilités.


On peut rêver d'une société idéale, sans filet, où tout baigne. L'histoire ancienne ou récente nous montre que c'est une utopie : vouloir supprimer un maillon conduit tôt ou tard à en développer un autre à outrance, rompant l'équilibre et l'harmonie. Que le filet soit invisible ou pas ne change rien à l'affaire : nous avons tous besoin d'être défendus contre nous-même, contre un tiers menaçant, contre toute agression qui dépasse nos propres forces. C'est une condition de radicale faiblesse que l'on peut accepter, rejeter ou vomir. Mieux vaut pourtant l'accepter humblement et joyeusement. L'accepter est la condition d'une libération : la présence du filet n'est plus vécue comme une pesanteur mais comme une grâce. L'entretien du filet lui-même ne se vit plus comme une servitude ou comme un mal nécessaire mais comme un service indispensable de la vie de tous, qu'ils soient forts ou fragiles.


Un projet présidentiel et son accomplissement doivent cependant toujours veiller à la qualité de chaque maillon soit directement, soit indirectement en facilitant la mission des corps intermédiaires en charge de notre sécurité au sens large. Cette vigilance doit s'exercer aussi pour que nul ne soit tenté de tirer des avantages ou des bénéfices de sa position de force. Les menaces étant par essence mobiles et variables, aucun maillon ne détient le monopole de l'assurance tout risque.


La toile se tisse jour après jour grâce au filet qui la protège et cette toile, elle-même trouve sa place dans le filet de telle sorte que la volonté d'une seule personne parvient à contribuer au bonheur d'un grand nombre. A certains égards, nous vivons une époque qui dépasse l'entendement, une époque où se trouvent réunis tous les apports antérieurs. L'effet d'accumulation lui-même s'accroît de jour en jour. Celui qui aura la curiosité d'explorer ce qui lui est offert dépassera les rêves les plus fous des pionniers de la découverte de terres lointaines. Celui qui désespère de cette vie trouvera toujours une main ou une parole capable de le tirer du gouffre. 

En relisant l'histoire de l'humanité, nous prenons conscience que les moyens pour l'homme de se protéger des conditions extérieures les plus rudes ne sont pas nombreux : soit il bâtit une forteresse solide et assez autonome soit il se déplace à la recherche de conditions meilleures. Quelques millénaires se sont écoulés sans que cette alternative ne s'enrichisse de nouvelles possibilités. Au contraire, la situation s'est même appauvrie : le rêve d'autonomie et de solidité à toutes épreuves vole en éclats chaque jour qui passe et se déplacer pour un ailleurs plus sûr est devenu de plus en plus difficile. Nous retrouvons ici, sous un autre angle, la condition fragile d'un être qui ne peut s'affranchir totalement de sa faiblesse. En tous lieux, l'homme qui ne compte que sur lui-même est en danger de mort, l'homme isolé est menacé de toutes parts.


Pourquoi affirmer que "la situation s'est appauvrie" ? Autrefois, la ville fortifiée était en mesure de soutenir un siège durant plusieurs mois. Quelle métropole aujourd'hui pourrait tenir ne serait-ce qu'une semaine sur ses propres réserves ? Autrefois, l'espace mondial était ouvert et l'on pouvait voyager avec une simple carte de visite. Qui peut franchir aujourd'hui les murs qui se sont dressés pour séparer le Mexique et les Etats Unis, Israël et la Palestine, ... qui peut se rendre aisément en Europe venant d'Afrique sans passer par un circuit compliqué, administratif voire mafieux ? La situation est même devenue explosive.


Accomplir un travail prospectif valable pour décider et agir consistera non seulement à identifier les menaces qui pèsent sur notre avenir mais aussi à saisir les peurs qui traversent notre société. Nous finirons par nous apercevoir qu'il nous arrive de négliger des menaces sérieuses et de prendre peur pour des riens. Que dire quand la peur elle-même devient une menace ?


C'est un fait : la peur menace l'homme dès sa conception. En France, la peur d'avoir à faire face seule ou dans des conditions de vie jugées inappropriées conduit à l'échafaud environ 250.000 enfants par an. Ces décès intégrés dans le calcul de l'espérance de vie la font chuter de plus de vingt ans. Ce n'est certes pas une peur complètement irraisonnée : élever un enfant a un coût, "Il faut tout un village pour élever un enfant" rappelle le titre d'un ouvrage d'Hillary Clinton. C'est donc la peur d'une femme qui se sent isolée, coupée du village et qui pense ne pas pouvoir faire face toute seule. Elle a raison mais tuer l'enfant c'est retourner des siècles en arrière lorsque l'humanité pensait que les dieux réclamaient des sacrifices humains pour daigner agir en sa faveur. Le diagnostic est juste, le moyen de résoudre le problème ne l'est pas. Agir ainsi s'apparente au suicide. A un double suicide nous prévenait Mère Teresa. Là encore, il existe des maillons de solidarité pour venir en aide aux détresses qui paraissent insurmontables : 

                contact@sosbebe.org ; 



L'enfant à naître est un souci. Il reste par-dessus toutes les angoisses et les inquiétudes légitimes, une chance, un bonheur, un don à nul autre pareil. Tant que nous n'aurons pas rétabli toute la considération et tout le respect qu'appelle ce don, nous nous agiterons en vain pour sortir du gouffre où nous sommes. Dette publique abyssale, retraites bientôt insolvables, chômage officiel et caché d'une ampleur jamais atteinte ... autant de poids qui n'auraient jamais pesé avec tant de lourdeur si nous avions eu le courage de laisser vivre dix millions d'enfants qui, depuis 1975, ne demandaient qu'à voir le jour. Pourtant ce ne sont pas des considérations d'ordre économique qui ont à changer notre regard et notre attitude : il s'agit d'un choix de vie ou de mort. Ou bien nous acceptons la vie et les risques qu'elle comporte, ou bien nous préférons la mort et son calme plat. Si nous acceptons la vie pour nous, nous n'avons pas le droit de la refuser à d'autres. "Aimez-le et prenez soin de lui" écrivait déjà la jeune femme abandonnant son fils dans le Kid de Charlie Chaplin. En 2015, nous pouvons faciliter l'abandon dans les cas extrêmes, nous sommes surtout en mesure d'aider à garder son enfant toute femme qui en ferait la demande.


Faut-il d'ailleurs qu'une demande soit formulée ? Ne conviendrait-il pas d'assurer d'emblée à toute femme enceinte et à toute femme en charge d'un tout petit des conditions aussi heureuses que possible ? Alors que nous sommes parfois si fiers de nos dispositifs d'aide, d'autres pays comme l'Angleterre nous montrent la voie : quand la maman est mineure et seule, elle peut poursuivre ses études en bénéficiant d'un accueil adapté, pour elle et pour son enfant.

Pour aller plus loin : 

Abolition de la peine de mort pour les tout petits en gestation ;

Création d'une monnaie de service et d'abondance.
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jeudi 26 septembre 2019

France2022 : La bataille des Municipales à Paris et ailleurs



« À force de voir et d’entendre tellement de choses, 
la plupart des gens finissent par être saturés, blasés. 
Ils laissent glisser leur attention 
sans jamais s’arrêter nulle part, 
et rien ne s’imprime plus sur eux : 
ils regardent sans voir, ils écoutent sans entendre. 

C’est l’habitude qui gouverne leur vie 
et il n’y a rien de plus pernicieux 
que de se laisser gouverner par l’habitude : 
le cerveau se ramollit.

En réalité, la seule habitude à prendre, 
c’est de ne s’habituer à rien, 
et de toujours porter un regard neuf, 
une attention nouvelle 
sur les idées, les êtres, les objets. 
Observez-les, étudiez-les 
comme si vous les rencontriez pour la première fois : 
vous découvrirez alors les liens qui existent entre eux, 
et quelque chose de la vie de l’univers 
se révélera à vous. 

De temps à autre, 
efforcez-vous aussi de respirer 
et de manger 
comme si c’était la première fois. »

Omraam Mikhaël Aïvanhov


"By seeing and hearing so much, most people end up being saturated, jaded.They let their attention slip without ever stopping anywhere and nothing is more impressed on them: they look without seeing, they listen without hearing. It's the habit that governs their lives and there is nothing more pernicious than to let oneself be governed by habit: the brain softens. In reality, the only habit to take, it is to get used to nothing, and always look new, new attention on ideas, beings, objects. Observe them, study them as if you meet them for the first time: you will discover the links that exist between them, and something of the life of the universe will be revealed to you. Sometimes, also try to breathe and eat as if it was the first time. "

Omraam Mikhael Aivanhov



"Plus je m'exerce, plus j'ai de la chance."






En mémoire blessée et blessante de Jacques Chirac,
jeudi 26 septembre 2019


Cette tribune prépare une lettre ouverte 
qui sera adressée à tous les maires de France.


Tandis que de nombreux maires de France se demandent s'ils vont repartir au combat, notre capitale reste convoitée ! Les candidats au trône parisien se multiplient ... donnant l'illusion d'une pluralité d'opinions, d'engagements, de promesses et de projets, tandis que, déjà, certains se sont entendus en secret pour se retrouver au second tour ... sinon de bonne grâce du moins pour faire avancer leur train de réformes douteuses et continuer à mettre dans la rue de plus en plus de citoyens, à l'image de l'Assemblée Nationale et du Gouvernement en place.

De mémoire d'homme en effet, nous n'avons jamais vu un pouvoir national aussi indigent et stérile provoquer autant de mouvements de protestation sans même avoir effleuré les questions les plus brûlantes de l'heure ! 

Double record d'impopularité et d'inefficacité ! Il est probable que le gouvernement Edouard Philippe soit en train de vivre ces derniers jours : la réforme bioéthique si controversée n'emporte guère l'adhésion du peuple français, en dépit de ce qu'affirment ses promoteurs car il s'agit non seulement d'un bouleversement anthropologique grotesque et sulfureux mais encore d'une nouvelle tentative, une de trop, pour détourner l'attention des citoyens. La réforme prévue va s'enliser et entraîner des retards considérables quant au traitement des vrais enjeux du moment.

En maints lieux de France, nos édiles peinent à faire front. La marée montante des pauvretés, qui pourra l'endiguer ? Certainement pas les châteaux de sable que bâtissent des politiques complètement déboussolés par la multitude des changements en cours et des politiques sans assise solide, non seulement électorale mais économique, philosophique, scientifique, managériale, religieuse et spirituelle. Des parlementaires, députés surtout, de plus en plus nombreux en paient lourdement le prix : ils sont devenus la cible favorite de citoyens en colère qui en ont assez qu'on les prenne pour des andouilles ; qui en ont marre de voir leurs représentants élus s'occuper d'affaires secondaires tout en délaissant le plus urgent, quitte à mentir sur toute la ligne, sur le fond et sur la forme !

A Paris, deux sortes de sable coexistent : celui des travaux de construction qui circule sur la Seine et celui qui recouvre l'été les quais du fleuve. L'un pour des travaux de force et de long terme. L'autre pour la détente et pour un temps éphémère. Le citoyen ordinaire se frotte les yeux chaque matin et se demande pourquoi les élus de la Nation sont devenus des marchands de sable. Les plus avertis le savent : à force de fricoter avec le monde des paillettes et des strass, beaucoup d'élites ont pris des chemins de traverse. Elles ne songent plus qu'au spectacle à produire, qu'à user d'artifices douteux pour en mettre plein la vue or cela n'a qu'un temps : quand les travailleurs et tous les laissés pour compte d'une société à la dérive se réveillent, ils s'aperçoivent qu'on a cherché à les duper, à les amuser et à les tromper et qu'en même temps, les "artistes" et les pitres d'un milieu politico-artistico-médiatico-mégalo se sont enrichis tandis qu'ils ont appauvri les corps intermédiaires de la France.

Au pied de la Tour Eiffel et alentour, une lutte sourde complique singulièrement la gestion de la Ville lumière (?) : les uns sont de passage pour une nuit ou quelques jours ; les autres demeurent là, vivent ici, y travaillent ou profitent des nombreux attraits de la capitale. Cette division ne dessine pas deux camps bien nets car d'autres critères établissent des partages différents : d'un côté ceux qui ont le temps de s'arrêter, de l'autre ceux qui doivent courir ; d'un côté ceux qui ont les moyens de s'y loger ; de l'autre ceux qui passent deux heures et davantage dans les transports pour y venir travailler ...

Vaste chantier que cette ville de Paris ! D'une telle complexité qu'il dépasse les capacités ordinaires d'un être humain. Quel génie serait capable d'embrasser d'un seul regard la multitude des problèmes que posent l'entretien et l'embellissement, la surveillance et la défense, le développement et le rayonnement de Paris ? Quel génie serait capable de rester à l'écoute des plaintes innombrables qui s'élèvent dans Paris, des experts qui se contredisent, des conseillers plus ou moins compétents qui s'affrontent, des voix célestes, des attentes légitimes qui osent s'exprimer ou qui n'arrivent pas à se frayer un passage, des revendications régionales, nationales et  internationales, des demandes des maires d'arrondissement ...

Paris, foyer potentiel d'insurrection. Paris, chaudron toujours prêt à déborder. Paris, marmite où se mêlent le bon grain et l'ivraie. Paris où se côtoient l'élégance la plus raffinée et la saleté la plus crasse. Paris fascinant et déroutant ...

Paris qui paraît surtout loin de tous ces territoires abandonnés par une république frileuse, repliée sur elle-même, paralysée par l'ampleur des bouleversements terrestres et, comble de l'ironie, où les représentants de la Nation perdent un temps fou à filtrer le moucheron et à laisser passer le chameau ; à traiter de sujets qui concernent une infime partie bruyante de la population telle que la PMA sans père tandis qu'ils négligent les difficultés quotidiennes rencontrées par la grande majorité silencieuse des personnes vivant en France et notamment par les générations montantes, d'abord décimées par une politique abortive scandaleuse puis privées de figures paternelles ou maternelles quand ce n'est pas d'eau, d'air, de nourriture, de logement ...  de bonne qualité et, qui sait, peut-être un jour d'une retraite décente ...

Oui, la PMA envisagée prive l'enfant et de père et de mère. Le priver de père est devenu très à la mode depuis qu'une fausse émancipation est venu faire croire à de nombreuses personnes que l'absence d'un homme au foyer est préférable et finalement souhaitable : l'être masculin serait en effet le principal fauteur de trouble dans les familles et l'auteur de toutes les violences. C'est évidemment bien mal connaître la vie intime des familles et oublier, en toute hâte, les violences commises par certaines femmes, si ce n'est manu militari, du moins en paroles, par attitudes, trahison, abandon, moqueries, humiliations ... La PMA envisagée prive aussi l'enfant de mère puisqu'une femme devient mère par le jeu subtil des interactions avec son époux ou son compagnon (comme lui-même devient pleinement père par l'espace que veut bien lui accorder son épouse ou sa compagne).

L'actuelle volonté du Gouvernement et de l'Assemblée Nationale d'instaurer une PMA sans père est l'emblème par excellence d'un désordre majeur qui touche de plein fouet des élites en perdition. Elles ne savent plus qu'inventer pour éradiquer père et mère de la vue de l'enfant, pour anéantir les corps intermédiaires de la nation et elles prétendent être en mesure de résoudre les immenses problèmes de l'heure ! Elles ne savent pas ce qu'être parents - homme et femme - signifie et elles ont le culot de confier les destinées de la petite enfance à une commission d'experts après avoir mis en place une politique vaccinale, brutale et même dictatoriale, sans prendre la peine d'écouter les avis contraires, les mises en garde et les témoignages qui battent en brèche les arguments des groupes d'intérêts pharmaceutiques et des médecins à leur solde.


Vendredi 27 septembre 2019
Saint Vincent de Paul

C'est dans ce contexte délirant que s'ouvre en France la campagne des municipales de 2020. Contexte de surdité quasi généralisée où beaucoup se gargarisent du mot "communication" mais oublient d'ouvrir l'oreille pour entendre, écouter et comprendre la détresse de tous ceux qui sont fauchés par des politiques aberrantes. Dans ce contexte passablement dégradé, il ne manque pas de "beaux" esprits qui se gaussent des cris d'alarme lancés par Greta Thurnberg et qui, dans le même temps, se plaisent ou se plairont à rappeler que, dès 2002, Jacques Chirac lançait à Johannesburg : "Notre maison brûle et nous regardons ailleurs". Surdité, aveuglement. Deux mots qui, 2000 ans auparavant en Palestine, ont marqué les esprits. Le Christ les a souvent employés pour qualifier l'attitude de fermeture qui présidait à l'accueil de ses paroles et de ses gestes tant il est vrai que tout prophète risque, un jour ou l'autre, d'être la risée des bien pensants et victime de potentats dérangés dans leurs prérogatives.

Comme tout baptisé, le futur maire de Paris ne doit pas seulement être génial mais, plus encore : prêtre, prophète et roi. Trois termes qui orientent la triple mission d'un évêque : sanctifier, enseigner et gouverner. Force est de constater qu'en se cantonnant trop souvent au troisième volet de ce triptyque, la mairie centrale de Paris s'est enlisée dans des options douteuses et des choix contestables.

Le futur maire de Paris, comme tout autre maire de France, aura toujours intérêt, au contraire, à placer les questions de gouvernement en troisième position : une saine gestion des affaires municipales, le développement judicieux d'une ville, le rayonnement d'un territoire ne résultent jamais de coups de force, d'habiletés tactiques voire d'intrigues mais découlent d'une vision hautement spirituelle de l'histoire des hommes et d'une capacité hors du commun à faire partager cette vision au plus grand nombre (en démocratie authentique). C'est ici réaffirmer combien chaque maire se doit de travailler avec ardeur à accorder ses paroles et ses actes afin qu'il soit toujours en mesure de dire ce qu'il va faire et de faire ce qu'il aura dit, sans recourir aux artifices d'une communication savante mais fondamentalement trompeuse. Nous venons de voir, à ce propos comment un candidat de petite envergure à la maire de Paris vient d'être sèchement recadré par Valérie Pécresse et des élus de son propre parti ! L'imprudent a lancé une idée farfelue en complète contradiction avec un moratoire sur les travaux dans Paris qu'il défendait ; une idée fantaisiste également très mal budgétée et lancée au mépris des riverains de la gare de l'Est et des usagers des lignes vers l'est de la capitale.

Force est de constater qu'aujourd'hui le volet spirituel est en berne chez la plupart de nos édiles. Gavés d'un laïcisme étroit, imbécile et ignorant, beaucoup sont incapables de mettre en oeuvre une saine laïcité : celle qui, bien loin de vouloir effacer les manifestations du religieux dans l'espace public, les favorise et les régule. Le pouvoir séculier a pourtant tout à gagner à ouvrir le champ de l'expression religieuse et l'on sait maintenant, comme jamais dans l'histoire des hommes, combien toutes les tentatives d'éradication du religieux, aux quatre coins de la planète Terre, ont conduit et conduisent encore les pouvoirs politiques vers les pires dictatures, faute de contrepoids.

En effet, en démocratie authentique, l'équilibre des pouvoirs ne résulte pas d'abord de l'existence d'une opposition politique au pouvoir en place. Cette existence, si elle est bien évidemment nécessaire, est loin de suffire car nous savons tous combien les hommes sont habiles à mettre en scène des rivalités factices pour mieux s'entendre sur ce qui les réunit en secret, y compris des turpitudes qui plombent sérieusement leur crédibilité et qui expliquent d'innombrables catastrophes politiques, économiques et sociales en France

Dans toute saine démocratie, coexistent un pouvoir politique et un pouvoir religieux en bonne santé c'est-à-dire au moins autonomes et interdépendants comme les deux faces d'une monnaie car ce dont le citoyen a le plus besoin, ce n'est pas d'un théâtre de marionnettes où s'affrontent des protagonistes beaucoup plus complices qu'ils ne le disent mais chaque citoyen doit pouvoir respirer avec ses deux poumons (un air sain et non des produits dopants ...) : l'un qui le tourne vers les réalités terrestres, l'autre vers les réalités célestes. En d'autres termes, chaque citoyen doit pouvoir entendre, à toute heure du jour et de la nuit, à temps et à contre-temps, que tout changement extérieur s'enracine dans le sol fertile d'une conversion intérieure.

L'une des conversions les plus fécondes consiste à ne pas reléguer le religieux au rang des accessoires bons pour les esprits faibles, ceux dont le QI ne serait pas assez élevé pour être en mesure de raisonner de façon rationnelle car s'en tenir aux seules données vérifiables c'est immanquablement faire fausse route, même au XXIème siècle et, dussions-nous choquer, plus encore de nos jours puisque le champ des invérifiables ne cesse de s'étendre pour le commun des mortels ! En effet, s'il est bien clair que l'humanité, dans son ensemble, est capable de repousser les limites du savoir au point d'avoir balayé bon nombre de superstitions, il est non moins évident que chacun d'entre nous, rendu à ses seules forces, est tout à fait incapable d'appréhender la complexité d'innombrables savoirs pourtant disponibles : faute de temps, faute de compétences, chacun ne peut que s'en remettre qu'aux affirmations de plus compétent que lui dans tous les domaines où son bagage est insuffisant pour entrer avec profit dans les arcanes d'une science profane ou religieuse.

Il est plus qu'étonnant de voir combien d'esprits savants dans les sciences profanes se trouvent dans l'incapacité de reconnaître que leurs piètres connaissances catéchétiques les rendent inaptes à se prononcer au sujet des grands thèmes abordés par les sciences religieuses et stupéfiant de les voir conclure que ne subsiste qu'une seule alternative possible : l'athéisme ou l'agnosticisme ! Que dirait-on d'une personne qui, au seuil de tout édifice, prétexterait de son incapacité à vérifier la solidité d'icelui pour ne pas y pénétrer ? Que dirait-on de même de celui qui, ne sachant pas si le train le mènera à bon port, déciderait de ne jamais en user ? ... Tant il est vrai que refuser de se prononcer, refuser d'émettre un jugement quant aux questions qui se posent au cours de notre existence relève, non pas d'une sagesse bien construite mais d'un manque d'audace.

Concluant pour l'athéisme ou l'agnosticisme, ces esprits en viennent naturellement à ne rien comprendre de la vie religieuse. Elle leur semble une folie, un pari absurde ou une occupation des plus secondaires. S'ils font preuve de quelque tolérance, ils lui accorderont le droit d'exister en marge de la cité, loin des regards comme une chose aberrante, comme un abcès qu'une médecine savante saura un jour éradiquer mais qu'il convient pour le moment de ne pas ôter. Parmi ces esprits ne manquent naturellement pas de prospérer quelques lumières prêtes à s'illustrer dans des marmites rituelles où mitonnent les idées dites "républicaines" les plus fumeuses, à coup de réunions secrètes et de "fêtes" arrosées voire enfumées ...

Le croisement entre politiques et religions est un thème passionnant sur lequel il ne convient pas de s'étendre dans cette tribune (nous y reviendrons plus loin) car l'échéance des municipales relance d'autres questions qu'il nous faut maintenant aborder. Qui s'y intéresse pourra se reporter à deux tribunes antérieures du projet France 2022 : Politiques et religions et Le moine et le politique.

Première question : combien de temps la France va-t-elle encore maintenir l'émiettement des pouvoirs et, plus directement, la dispersion des commune françaises au risque, de plus en plus patent, de rendre très difficile, voire impossible, la mission de nombreux maires de France ? 

Le projet France2022 prévoit une réorganisation des pouvoirs locaux par un regroupement des communes différent de l'actuel système des communautés de communes et par une organisation en provinces largement autonomes.

Cet objectif d'autonomie est l'une des clefs d'un développement harmonieux : faire en sorte, à tous les échelons territoriaux, de mener et de favoriser des actions qui engendrent l'équilibre de la balance des paiements locale. Sur un territoire où dominent par exemple les activités touristiques, faire en sorte que les approvisionnements requis dépendent majoritairement d'une production locale et non plus voir ce suicide commercial, artisanal et industriel qui prévaut dans certains lieux de France où la plupart des souvenirs importés creusent chaque jour davantage le déficit commercial de notre pays.

Deuxième question : comment sortir de l'effondrement économique et démographique qui mine l'Europe et qui touche de nombreux territoires en France ?

Sûrement pas en proposant la voie cauchemardesque en route de l'autre côté de la Manche ! La France n'a pas besoin d'un Frexit dont les conséquences seraient encore plus nocives que le Brexit pour le Royaume Uni, sans même parler des risques accrus de divisions, d'affrontements et de conflits dangereux dont nos voisins nous offrent l'exemple depuis des mois (même si Boris Johnson vient de réussir un tour de force dont nos voisins d'outre Manche ont le secret). Non, il s'agit de trouver une issue qui rétablisse des parts de souveraineté lâchement abandonnées par certains politiques véreux, drogués, incompétents ou lâches, dans trois domaines principaux : la monnaie, l'industrie et l'agriculture.

Le domaine de la monnaie est sans doute l'un des plus cruciaux pour la France et pour tous les pays qui jouaient des instruments monétaires pour piloter une politique où le commerce des biens manufacturés occupe une place non prépondérante. Avec l'euro et la réduction des déficits publics pour seul points de mire, ces pays sont aujourd'hui complètement désemparés et désarmés. Autant le dire d'emblée : ce n'est pas sain et la gronde sociale qui ne cesse de s'amplifier aura un jour raison d'un système qui a ses vertus mais qui a aussi de grands inconvénients. 

Là encore, impossible de s'attarder ici sur ce thème passionnant d'autant que s'il concerne au premier chef les communes françaises par ses liens avec le secteur tertiaire, il est plutôt d'un niveau national. Qui voudra s'y intéresser pourra se reporter à la tribune du projet France 2022 qui s'y rapporte : création d'une monnaie de service et d'abondance.

Les deux autres domaines, agriculture et industrie, retrouveront vigueur et santé quand la monnaie de service et d'abondance sera mise en place mais aussi quand la réorganisation du territoire national aura été mise en oeuvre, notamment par la création de municipalités et de provinces d'envergure appelées à tout faire pour que la balance des paiements de chaque entité locale soit toujours équilibrée et même légèrement excédentaire.

Au final, deux grandes réformes essentielles sur la durée de deux quinquennats pour que la France retrouve des couleurs et pour que chaque maire, particulièrement exposé et aux avant-postes de la Nation, soit en mesure d'oeuvrer au bien commun dans un environnement assaini et porteur.

Troisième question : comment articuler le public et le privé sur chaque territoire ou comment équilibrer, renforcer, assainir, ... le jeu des actions étatiques, dirigistes ... et de la libre entreprise, de la concurrence ... ?

Sans doute l'une des questions les plus difficiles et les plus rugueuses en France tant les partisans de l'un ou de l'autre mode sont devenus incapables d'accorder leurs violons ; tant aussi, ces deux milieux s'imbriquent dans les faits.

Remarquons d'abord que l'un des pays les plus en pointe dans le libre échangisme mondial est aussi l'un des plus dirigistes : la Chine ne s'embarrasse guère des questions qui empoisonnent la scène politique française. Si cet empire n'a rien d'exemplaire, nous aurions tort de ne pas en prendre de la graine pour cesser de nous quereller, sans fin et en pure perte, sur les vertus de tel ou tel modèle : il devrait être clair pour tous qu'une saine concurrence ne s'établit pas seulement par mouvements browniens et/ou mutations darwiniennes mais par la mise en place d'autorités de régulation qui n'ont pas pour seul point de mire un profit à court terme par prédation généralisée. Il devrait également être clair que de telles autorités ne peuvent être seulement étatiques. Il est nécessaire qu'elles dépassent le cadre national et qu'elles ne soient pas seulement séculières car, faute de dimension religieuse authentique (et non pas de simple imitation, apparat ou imposture), elles ne manquent jamais de verser dans la tyrannie. Si la Chine, pour tirer le fil d'un exemple parmi d'autres, ne réussissait pas à intégrer cette dimension religieuse, elle finirait inéluctablement par s'enliser et par connaître un destin tragique. L'affirmation d'un pouvoir séculier fort ne peut faire l'économie d'un pouvoir religieux prospère et qui se tient à sa juste place - celle du service désintéressé de tout homme - par une connaissance vive du champ des lois spirituelles.

En d'autres termes, aucune laïcité de bon aloi ne tient la route dès lors que les pouvoirs politiques font tout ce qu'ils peuvent pour réduire au silence les pouvoirs religieux, pour les marginaliser, les ridiculiser ou les persécuter. Un pouvoir politique sain est capable de rester en dialogue permanent avec les autorités religieuses sans pour autant abonder dans le sens de ses tentations hégémoniques. Par définition, en effet, le religieux aborde tous les aspects de l'être personnel et donc de sa relation aux autres et au monde. Il a son mot à dire sur tout. Encore faut-il qu'il intervienne avec droiture et nourri d'une vie de prière qui ne se contente pas de paraître. Encore faut-il que ce pouvoir religieux ne prétende pas régir la vie des hommes et des femmes dans ses moindres détails. C'est d'ailleurs l'une des forces essentielles du judaïsme qui s'accomplit dans l'avènement du Christ : libérer tout homme de prescriptions tatillonnes qui n'ont pas lieu d'être et ce d'autant plus qu'elles couvrent de graves injustices. En guérissant des malades le jour du Sabbat, Jésus ne vient pas abolir l'ancienne loi, il vient l'accomplir pour montrer que ce jour saint n'est pas d'abord un jour d'inaction et d'interdits mais l'anniversaire d'une libération. Plus profondément, Jésus manifeste la grandeur de chaque jour, de chaque heure, de chaque instant. Non pas un temps d'esclavage à la remorque d'intérêts mercantiles mais un sabbat perpétuel en faveur de ceux qui ploient encore sous le joug d'une machine infernale, celle qui précipite dans la déchéance, le mépris et la haine. Si le jour où il convient d'interrompre le flot de nos affaires, nous avons encore à nos préoccuper de ceux qui peinent et qui souffrent, combien plus, au fil de nos occupations "ordinaires", nous revient de rester attentifs à ceux qui, autour de nous, sont prisonniers d'attaches et de liens qui entravent leur marche, les éreintent et leur font perdre de vue l'éminente dignité de tout homme, y compris la leur.

Dès lors qu'un pouvoir politique entretient de saines relations avec les pouvoirs religieux, il devient capable de choisir, pour chaque branche d'activité économique le mode le plus adéquat pour son émergence, son développement, sa croissance et ... son extinction. Notons au passage qu'il est très difficile pour les tenants d'un dirigisme intransigeant ou pour les tenants d'un libéralisme prépondérant de comprendre que le mode le plus adéquat ne se décrète pas entre partisans de la même obédience mais qu'il résulte d'un discernement de haute voltige, discernement qui ne saurait se réduire à cette alternance politique binaire : un camp privatise tandis que l'autre nationalise. Dans certains secteurs de notre économie, voire dans la très grande majorité d'entre eux, en effet, les enjeux ont une durée de vie bien supérieure à une mandature. Quand les partis au pouvoir s'empressent de défaire ce que les précédents avaient fait la veille, nous sommes certains de courir à la catastrophe. Elle est sous nos yeux et nous ne la résoudrons qu'en mettant en commun ce que chaque parti de France a de meilleur tout en ayant l'humilité d'abandonner ce qui est caduque, dépassé ou même carrément erroné. Ce travail de tri, de mise à jour et de vérité ne peut s'accomplir qu'avec des personnes profondément enracinées dans une vie de prière qui les rend aptes à mettre en veilleuse la part d'ego en quête d'un prestige fondé sur l'emploi des pires stratagèmes pour imposer ses vues étroites, bornées et désastreuses ou sur l'usage de stupéfiants qui laissent croire à des forces surhumaines, qui entraînent vers les pires excès et les turpitudes où la méchanceté s'exprime dans toute son horreur, qui poussent à prendre des décisions funestes pour nos contemporains et pour les générations montantes.



mercredi 25 septembre 2019

France2022 : Génie et sainteté en France et ailleurs (2ème édition)



"Les nations ont besoin 
  de héros et de saints
  comme la pâte a besoin de levain."

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Jeanne d'Arc


Musée des Beaux-Arts, Reims


« Depuis le sommet où il s’est perché, 
l’orgueilleux regarde toujours vers le bas, 
et, évidemment, il ne voit que des êtres 
ignorants, faibles, vicieux. 
Il les considère avec mépris 
et il se promène partout 
gonflé du sentiment de sa supériorité. 
Mais en étant toujours satisfait de lui-même, 
il n’avance pas.
Tandis que celui qui regarde vers le haut 

aperçoit des êtres 
plus évolués, plus sages, plus lumineux, 
et, là, par comparaison, 
ses défauts commencent à lui apparaître. 
Il se sent tout petit à côté ; 
il devient humble, 
et c’est cette humilité qui le grandit. 
Parce qu’en fixant son attention 
sur ces êtres, en les admirant, 
il ne reste pas sans rien faire : 
il travaille, il fait des efforts, 
il voudrait tellement devenir comme eux ! 
Et c’est ainsi qu’il avance. »

Omraam Mikhaël Aïvanhov



A la mémoire du Colonel Arnaud Beltrame 



"Quand on va à l'étranger, 

on se rend compte combien la France 
est considérée comme un grand pays, 
par son histoire et sa géographie, 
sa culture et ses réalisations. 
La France a une vocation singulière. 
Quand on rentre au pays, 
on a le sentiment inverse : 
la France a tendance à se dévaloriser, 
se culpabiliser et se lamenter. 
N'ayant pas conscience de sa grandeur, 
elle n'a pas vraiment confiance en elle. 
Pour avoir été chef d'état-major 
de la première armée européenne 
et de la seconde armée occidentale en opérations, 
je ne me lasse pas de dire 
et de redire à tous les Français 
que je rencontre : 
la grandeur du pays est là, 
à nous de nous l'approprier ! "


Pierre de Villiers
"Qu'est-ce qu'un chef ? " p. 173 - 174


Au coeur de l'été 2010, la France est sous une pluie d'automne. "Temps de Toussaint" peut-on lire à la une. Légitimement contrariés par le froid et la pluie, si nous sommes en vacances, comment allons-nous retrouver le moral dont nous aurons besoin au retour de nos congés ? 

Sortant de nos maisons et de nos prisons mentales pour aller voir ailleurs, nous découvrons la chance d'être arrosés même quand le soleil devrait être au rendez-vous. 

Dans l'aquarium de Paris, laissons-nous transporter à Gaza par les amis de la terre au Moyen-Orient pour retrouver la joie d'habiter une terre où l'eau est abondante quand ne sévit pas une période de sécheresse, où les enfants ne souffriront pas de problèmes entretenus et aggravés par un conflit apparemment sans issue ... à moins que la question de l'eau, vitale pour chaque parti, ne contraigne les hommes à s'entendre s'ils ne veulent pas périr en grand nombre.

Terre aride, altérée, sans eau ou jardin à ciel ouvert, baigné par le soleil et fécondé par des pluies généreuses ? Parmi les nations de notre planète, quelle est celle qui peut se prévaloir d'un climat aussi clément et généreux que le nôtre ? Que serait la France si elle prenait davantage au sérieux et accueillait avec plus de reconnaissance les dons du ciel qui l'abrite ? Un pays qui ne douterait plus, non pas de sa vocation universelle - quel pays n'est pas appelé à rayonner au-delà de ses frontières et jusqu'aux limites de la Terre ? - mais des chances que lui offre sa géolocalisation exceptionnelle. Nous y reviendrons car nous devons d'abord redécouvrir qu'un autre ciel n'a pas ménagé ses peines pour nous offrir aujourd'hui l'un des plus sublimes manteaux étoilés que l'on puisse imaginer et concevoir. 

C'est en portant un regard neuf, admiratif et très émerveillé, sur les plus belles heures dont la France fut le théâtre que nous retrouverons le goût et le courage d'avancer malgré les vents contraires, en dépit des crises - parfois salutaires - qui nous découragent d'agir ensemble. Si les temps difficiles que nous aimerions traverser au plus vite avaient le mérite d'orienter nos efforts vers les plus belles pages de notre histoire, nous pourrions nous réjouir d'avoir eu à les affronter : ils n'auraient pas seulement ouvert nos yeux ; ils auraient dilaté notre coeur, libéré nos esprits et nos mains pour un service passionné de tout homme, considéré non plus comme un rival ou un ennemi mais accueilli comme un frère.


Intermède

"A l'école, nous avions eu quatre classes de suite le même manuel d'histoire, nous étions censés étudier une période chaque année : d'abord l'Antiquité glorieuse, des cités phocéennes aux conquêtes d'Alexandre ; puis les Romains, les Byzantins, les Arables, les croisés, les Mamelouks ; ensuite les quatre siècles de domination ottomane ; enfin les deux guerres mondiales, le mandat français, l'indépendance ... J'étais, quant à moi, bien trop impatient pour attendre le déroulement du programme. L'histoire était ma passion. Dès les premières semaines, j'avais parcouru tout le livre, je ne me lassais pas de le lire et relire, les pages s'en étaient trouvées, l'une après l'autre, pliées, froissées, écornées, abondamment soulignées, maculées de gribouillis, de notes, d'interjections en guise de commentaires ; à la fin il ne restait plus de l'ouvrage qu'une piteuse pelote de feuilles effilochées."


Les Echelles du Levant, p. 11
Amin Maalouf

Cet été 2010, la question de l'histoire de France et de son enseignement est revenue à la une de l'actualité. A cette occasion, nous avons pu observer comment les débats prennent un tour polémique parce que les divers interlocuteurs sont devenus incapables de s'entendre sur un périmètre, sur une fonction et un but, sur une manière de faire. Certains mettent en avant les variations du territoire français au fil du temps pour démolir la notion d'histoire de France en cassant l'acception même de France ! Où l'on voit à quel point d'auto-anéantissement nous risquons de tomber quand on coupe les cheveux en quatre. Pourquoi ne pas dire que le périmètre actuel définit à rebours le périmètre qu'il convient d'étudier de manière historique : si certaines régions de la France d'aujourd'hui n'ont pas toujours fait partie de notre pays, qu'est-ce qui empêche de les inclure maintenant dans une présentation historique des événements ? 

Pour qui s'intéresse au mouvement des frontières : "Histoire de l'Europe", vidéo dans laquelle ce mouvement est présenté depuis 400 avant Jésus-Christ jusqu'à nos jours pour l'Europe et le bassin méditerranéen (son à baisser ...). Dans le même style pour le monde entier : vidéo de 16 minutes (idem pour le son !).

Ergoter sur l'espace géographique occulte une question beaucoup plus importante : quels événements prendre en compte ? On découvre alors que c'est l'enseignement de toutes les disciplines qui aurait intérêt à ne pas négliger les aspects historiques. Un seul exemple illustrera cette thèse : ce qui a dégradé l'enseignement des mathématiques en France, ce n'est pas l'introduction des mathématiques modernes dans les années 70 mais la volonté folle de faire table rase du passé en usant d'un langage parfois ridicule et censément incompréhensible pour le commun des mortels. La marche arrière opérée dans les années 80, comme un retour de manivelle, a effacé les bénéfices d'une approche moderne - essentielle aux développements techniques, notamment informatiques, et à une compréhension renouvelée des mathématiques - sans apporter d'emblée de regain significatif en faveur d'une présentation historique de cette science même si, heureusement, des efforts ont été accomplis en ce sens depuis.

En généralisant le souci d'une prise en compte des événements, les polémiques vaines touchant à l'extension du périmètre tombent d'elles-mêmes : il est évident qu'en étudiant n'importe quelle discipline d'un point de vue historique, nous sommes amenés à voir ce qui s'est passé au-delà de nos frontières. Poussant plus loin le raisonnement, nous réconcilions deux points de vue qui ont trop tendance à s'opposer : en découvrant et en apprenant des faits, des notions, des savoir-faire, ... toutes choses qui constituent une culture et un savoir, on ne perd pas de vue l'autre versant, celui qui consiste à devenir capable d'envisager toutes choses dans ses principales dimensions : historique, actuelle et future, théorique et pratique, économique et sociale, inerte et vivante, matérielle et immatérielle, naturelle et surnaturelle, corporelle et spirituelle ...

Chacune de nos mémoires est une terre qui ne demande qu'à être travaillée, ensemencée, nourrie et abreuvée pour être peuplée de souvenirs qui donneront à notre intelligence et à notre volonté d'être actives au service de tous, sans exception. Apprendre le français peut-il être encore perçu comme un pensum par celui qui comprend qu'à travers cette langue, il a désormais accès aux trésors les plus exaltants ? Aux trésors écrits par des locuteurs natifs, par des amoureux francophiles et encore par tous les traducteurs qui ont mis à notre disposition les chefs d'oeuvre du monde entier. 

Quand nous envisageons l'avenir de la France, sommes-nous assez attentifs à son insertion au sein d'un espace francophone dont la diversité est saisissante et dans lequel chaque membre apporte une contribution majeure quelle que soit sa taille, sa puissance, son degré de développement ... ? Métropole, départements et territoires d'outre-mer, Belgique, Suisse, Québec, Afrique francophone, Pays dits de l'est, Vietnam, Liban, Syrie, Moyen Orient, ...

Savons-nous, mesurons-nous la chance que nous avons d'habiter un pays largement ouvert sur l'extérieur ? Il suffit d'un seul passionné bilingue pour ouvrir la porte d'un palais à une multitude.

Palais est trop faible ! La traduction étend, devant celui qui veut bien regarder, une contrée, une région, un royaume, un continent à explorer. Incapable d'entendre et de comprendre le message venu d'ailleurs en raison de la barrière linguistique, l'explorateur se trouve soudain au contact d'autres modes de perception et de pensée. Le miracle de la traduction lui rend accessible des sommets qu'il n'aurait pu atteindre par ses seules forces. L'expérience d'une seule lecture réjouissante et profitable d'un livre traduit en français est en mesure de convaincre l'esprit le plus récalcitrant ou celui qui serait gêné par l'emphase de tels propos : "N'est-il pas exagéré d'affirmer que la traduction ouvre des horizons aussi vastes ?". 

Ouvrons "Le problème de la souffrance" de Clive Staple Lewis et lisons. Combien de lecteurs resteront insensibles à la vérité qui émanent de ces pages, au parfum enivrant de l'alliance parfaite entre intelligence, bonté et humilité ? Qui ne comprendra alors l'inanité et l'absurdité d'entretenir les divergences qui ont pu séparer les Anglais et les Français ?

En d'autres circonstances et en poussant la curiosité, le lecteur découvrira même dans les livres d'auteurs étrangers un regard original sur la littérature française qui lui ouvrira de nouveaux horizons. Ainsi en est-il par exemple de l'approche novatrice de l'écrivain croate Ivan Merz qui, lors d'un séjour à Paris, révèle en se penchant sur l'oeuvre de grands écrivains français, l'influence du culte et de la liturgie "L'influence de la liturgie sur les écrivains français de 1700 à 1923" - Cette clef de lecture venue d'ailleurs montre la fécondité des rencontres que la fascination d'une langue et d'une culture est capable d'engendrer.

Malgré les erreurs et approximations de leur traduction et publication en français, qui restera insensible aux révélations du Père Gabriele Amorth au cours d'entretiens avec Marco Tosatti parus dans un livre au titre bref : "Confessions" et sous-titré (faussement) : "Mémoires de l'exorciste officiel du Vatican", livre traduit de l'italien par Serge Filippini et publié chez Michel Lafon en 2010, (éditeur malheureusement entraîné ici par les dérives du sensationnel qui font le lit de l'incrédulité) ? Le lecteur y découvre un monde démoniaque qui tente d'agir en cachette pour passer inaperçu et faire davantage de mal.

En acceptant de concentrer ses efforts sur ce qui en vaut la peine, le citoyen, conscient de ses responsabilités, n'accédera pas seulement aux fruits des génies et saints de son pays mais aux jardins les plus exotiques et les plus éloignés de ses repères habituels. Il saisira avec plus d'acuité le drame de l'ignorance et de l'indigence qui frappe tous ceux qui, sous prétexte de conserver des richesses mangées par les vers et rongées par les mites, tentent de fermer les frontières de leur pays aux influences venues d'ailleurs. Le témoignage de Francis Collomp, otage au Nigéria, apprenant à l'un de ses geôliers âgé de 20 ans que la terre est ronde, montre à quel degré d'ignorance conduisent des positions fermées à l'extrême.
   
Au fur et à mesure qu'avance notre vie, nous prenons conscience de la valeur du temps. Parmi toutes les oeuvres qui attendent notre bonne volonté, comment choisir celles qui éveilleront notre sensibilité et transformeront notre coeur de pierre en coeur de chair ? Le génie des belles lettres et des beaux-arts, seul, est-il capable d'engendrer cette métamorphose sans laquelle nous nous agitons en vain ? 

Agir pour soi, pour son propre compte, pour défendre les intérêts de ses proches devient une tâche de plus en plus ardue dans un monde où la multiplication des mouvements et des chocs produit une élévation de la température, où le solide tend à fondre tandis que ce qui est liquide s'évapore. Le réchauffement climatique, qu'il soit accéléré par l'activité des hommes pour les uns ou qu'il ne le soit pas pour les autres, traduit en somme, sur le plan géologique, l'emballement qui gagne nos coeurs, nos esprits et nos corps, notre planète tout entière. 

Où puiserons-nous la sérénité et la tranquillité d'âme plus que jamais nécessaire pour une prise de décision qui ne tourne pas à la catastrophe ? Que dire alors, par surcroît, des décisions politiques et des discours publics qui ont un retentissement très large ? 

Ajouté le 12 juillet 2019 :

Pays de volailles colorées et si diverses, notre France compte un grand nombre de plumes talentueuses ! En guise d'intermède, voici une lettre inventée par David Brunat à l'adresse de Cédric Villani, le 11 juillet 2019, après sa défaite à l'investiture pour les élections municipales de 2020 à Paris, lettre dans laquelle Henri Poincarré félicite son confrère pour son travail en politique et se réjouit d'un retour possible de notre champion dans le giron mathématique, loin des chausse-trappes d'une politique épineuse et filandreuse.

Saurons-nous préférer ce qui ne fait pas de bruit à la fièvre médiatique ? Aurons-nous l'audace de choisir ce qui ne paye pas de mine ? Voulons-nous éprouver la joie de celui qui désire peu mais le plus haut : "Le peu de connaissance qu'on atteint touchant les connaissances les plus hautes est plus désirable qu'une science plus certaine des choses moindres. " (Saint Thomas d'Aquin).

Tout projet présidentiel et le projet France 2022 ne seraient pas complets s'ils n'incitaient pas chaque citoyen à cultiver le meilleur de ses talents. Prévoir des changements judicieux et réussir à les mettre en oeuvre ne suffit pas à donner plus de coeur à une nation, à lui rendre confiance, à l'inviter au dépassement : une telle évolution dépend aussi de la mobilisation de chacun, qu'il ait une responsabilité dans la conduite des affaires publiques ou qu'il n'en ait pas. (Tribune : Gestes politiques à la portée de chacun d'entre nous).

On ne redira jamais assez combien le monde contemporain a besoin de personnes qui s'engagent à contribuer au bien de tous plus qu'à chercher les moyens d'accroître leur rétribution, d'améliorer leur position ou leur confort. L'abnégation requise pour développer cette attitude ne se commande ni ne se décrète. Elle résulte d'une connaissance toujours plus nette des véritables enjeux de chacune de nos vies et d'une connaissance plus parfaite de Jésus-Christ qui nous conduit à l'imitation du don total de sa Personne. (Voir à ce propos le témoignage bouleversant et saisissant d'André Levet).

Comment découvrir ces enjeux sans être pris par l'orgueil ou tenté par le désespoir ? Comment joindre l'audace et l'humilité ? John Wu (lien en anglais) pense que la simplicité est la clef de cette alliance mais sans l'aide de Dieu, et plus précisément du Saint-Esprit, la simplicité ne s'acquiert pas facilement : 

"Lui seul peut réunir harmonieusement des tendances qui, normalement, devraient grincer. C'est Pierre de Bérulle qui dit de Saint Augustin : "Considérez ce grand saint : il a, par un pouvoir singulier de Jésus-Christ et de sa grâce, des bénéfices qui humainement sont incompatibles ; il est très savant et très humble, ce qui se voit rarement ; il est très spéculatif et très actif, ce qui n'est pas moins rare ; et, au lieu qu'en la plupart des docteurs, on ne rencontre que la science, on trouve en celui-ci un certain sel de sapience qui fait goûter ce qu'il dit et qui, par un privilège qui n'est pas commun, fait passer la vérité de l'esprit au coeur". Le Saint-Esprit qui élit sa demeure dans l'âme d'un saint transforme tous ses talents, savoir, intelligence et vertus en combustibles pour le brasier d'amour. Seul un feu maigre peut s'étouffer sous la recharge. Le brasier consume tout ce qu'on lui offre. Et l'âme du saint est un brasier : plus on l'alimente, plus la flamme est vive." 

(Le carmel intérieur, John Wu, Casterman 1958, p. 130).

Quelles oeuvres anciennes vont revenir à la surface de notre époque, quelles oeuvres remonteront demain ? Quelles réalisations spirituelles, caritatives, politiques, artistiques et scientifiques vont traverser les siècles et demeurer capables d'inspirer les générations à venir ? 

Alors que la numérisation des documents et le réseau Internet multiplient les possibilités de contact, nous pourrions être tentés de croire à la fin des intermédiaires, de tous ceux qui jusqu'à maintenant jouaient le rôle de témoin en étant des traits d'union entre hier et aujourd'hui. Pourtant, bientôt submergés par l'afflux de sollicitations en tous sens, capables d'accéder à une multitude d'informations, nous comprenons vite que, sans l'aide de tiers instruits, l'abondance de biens immatériels n'est qu'apparente : nous aurons besoin, de plus en plus d'amis véritables qui sauront respecter le champ de nos engagements et de nos devoirs, aussi ordinaires soient-ils, et diriger nos pas vers les sources les plus limpides et les plus sûres tant il est vrai que choisir ses lectures (Tribune de Michel Volle), choisir ses nourritures spirituelles, choisir où s'abreuver n'a rien d'immédiat.

Le politique, broyé par l'intensité de ses responsabilités, plus que d'autres, devra à un cercle d'intimes complètement désintéressés et à une multitude priante de garder les pieds sur terre et la tête au ciel pour décider, dans les moments les plus rudes, de sauvegarder l'intérêt général, le bien commun et la vie des plus humbles quand d'autres, mal intentionnés ou malheureusement dans l'erreur, auront juré d'avoir sa peau, son honneur ou ... gain de cause. 

Les décennies que nous venons de vivre et qui nous ont épargné d'autres guerres n'ont pas pour autant éloigné la violence des combats politiques. Sans perdre de vue le triomphe ultime de la Vérité et de l'Amour, nous devons rester attentifs aux luttes sourdes mais bien réelles qui se trament encore et ne manqueront pas, à chaque nouvelle échéance électorale, d'envahir le champ médiatique comme un volcan sous marin dégaze heureusement à la surface des eaux lui évitant ainsi d'exploser.

Nous fêtions le 25 août 2010 saint Louis, roi de France qui disait : "Les hommes sont étranges ; on me fait un crime de mon assiduité à la prière et on ne dirait rien si j'employais des heures plus longues à jouer aux jeux de hasard, à courir les bêtes fauves, à chasser aux oiseaux." (In Parole et Prière, août 2010, p. 249)

En 2010 et depuis longtemps, nous disposons en France de quoi alimenter notre réflexion, nourrir notre esprit aux sources les plus vives. Les âmes de bonne volonté ont cette possibilité en permanence : il ne se passe pas un jour où le soleil se couche sans qu'elles n'aient eu part à un repas spirituel qui les rassasie et leur donne l'élan pour avancer, le courage de tenir bon. 

Comment ne pas laisser résonner en son coeur un enseignement de grande qualité tel que celui-ci : "Dans la parabole des vierges sages et des vierges folles (Mt. 25,1-13) quand ces dernières manquèrent d'huile, il leur fut dit : " Allez en acheter au marché. " Mais en revenant, elles trouvèrent la porte de la chambre nuptiale close et ne purent entrer. Certains estiment que le manque d'huile chez les vierges folles symbolise l'insuffisance d'actions vertueuses faites dans le courant de leur vie. Une telle interprétation n'est pas entièrement juste. Quel manque d'actions vertueuses pouvait-il y avoir puisqu'elles étaient appelées vierges, quoique folles ? La virginité est une haute vertu [...] Moi, misérable, je pense qu'il leur manquait justement le Saint-Esprit de Dieu. Tout en pratiquant des vertus, ces vierges, spirituellement ignorantes, croyaient que la vie chrétienne consistait en ces pratiques. Nous avons agi d'une façon vertueuse, nous avons fait oeuvre pie, pensaient-elles, sans se soucier si, oui ou non, elles avaient reçu la grâce du Saint-Esprit. De ce genre de vie, basé uniquement sur la pratique des vertus morales, sans un examen minutieux pour savoir si elles nous apportent - et en quelle quantité - la grâce de l'Esprit de Dieu, il a été dit dans les livres patristiques : " Certaines voies qui paraissent bonnes au début conduisent à l'abîme infernal " (Pr 14,12) [que l'on traduit aussi : "Tel chemin paraît droit au début mais, en fin de compte, c'est le chemin de la mort"] 

dimanche 8 septembre 2019

France2022 : Dernière ligne droite pour une écologie intégrale


Nativité de Marie
8 septembre 2019



« La culture et la civilisation ne sont rien d’autre qu’un travail sur la matière. 
Les humains auront toujours quelque chose à faire avec elle, sur elle, 
mais ce travail de création ne doit pas se limiter 
à la matière physique, extérieure à eux. 

Leurs instincts, leurs désirs, leurs sentiments, leurs pensées 
sont aussi une matière qu’ils ont pour vocation de travailler 
pour la rendre plus pure, plus noble.

Le travail spirituel est donc aussi un travail sur la matière. 
Quand les humains apprendront à se servir de toutes les puissances de l’esprit 
pour agir sur la matière qui est en eux, 
tout ce qu’ils réaliseront ensuite à l’extérieur sera marqué 
du sceau de l’esprit, de sa lumière, de son amour, de sa puissance. »



Omraam Mikhaël Aïvanhov




Après dix ans de combat, par l'écriture, voici venu le temps de pénétrer dans l'arène pour défendre une nouvelle conception de la politique en France : non plus un théâtre de rivalités personnelles ou claniques finalement dirigé contre les plus vulnérables mais un jeu collectif solidement construit pour que les plus faibles et les plus petits ne pâtissent pas des luttes stupides qui dressent les nations les unes contre les autres, un camp contre un autre, une faction, un parti ... contre l'autre. 

Pour faire court, les luttes internationales contemporaines s'organisent essentiellement autour d'un malthusianisme de bazar qui ne raisonne qu'en terme de pénurie et de manque et qui, au fur et à mesure que la population mondiale augmente, se crispe puis se cramponne à des positions largement dépassées, au risque d'entraîner la planète Terre, ses habitants et ses écosystèmes vers une déroute sans précédent. Le maintien de l'autorisation et de l'utilisation des fongicides SDHI par les pouvoirs publics contre l'avis de scientifiques de renom en est l'un des exemples emblématiques.

Le projet France2022 se fonde sur une vision écologique, large et même intégrale, qui prend le contre-pied de toutes celles pour qui la race des hommes est le principal ennemi à abattre et qui, pour cette raison, se contentent de défendre tel ou tel pan fragmentaire sans prendre le soin de l'intégrer dans un tout cohérent. Ces visions partielles entraînent le plus souvent une complaisance maladive pour l'un des plus grands fléaux de l'époque contemporaine : l'élimination à très grande échelle des jeunes pousses humaines avant leur naissance (avortements dits légaux) et la mise en oeuvre de programmes d'infertilité sous couvert de progrès sanitaires.

A la pointe du combat écologique authentique et d'avenir, figurera toujours, n'en déplaise aux fossoyeurs du droit positif, l'abolition de la peine de mort pour les tout-petits en gestation car, sans elle, l'écologie demeure un mot creux et vide de sens.

Bien des luttes pour un sursaut écologique échouent faute d'embrasser et de réunir sous un même toit les éléments épars d'un dérèglement systémique dont on peut situer, pourtant, la naissance avec précision. Le jour où l'humanité a commencé à fabriquer et à utiliser des matières non recyclables par la nature, elle est entrée dans une ère problématique. Ce jour peut être daté avec précision. Auparavant, les hommes n'étaient menacés que par des phénomènes cosmiques ou telluriques. Désormais, ils le sont bien davantage par leurs propres actions d'autant qu'en agissant de travers, il leur arrive d'engendrer ou de favoriser des cataclysmes dits naturels.

Tandis que les mers et les océans permettent encore d'absorber la montagne des effluents de l'une des plus sombres tragédies qu'ait connu le globe terrestre, la multitude des hommes s'affole : combien de temps allons-nous tenir à ce rythme ? Au lieu de chercher activement comment remédier au désastre annoncé et de prendre les mesures les plus judicieuses, beaucoup de gouvernements et d'assemblées dits "démocratiques" n'ont rien trouvé de mieux que de s'en prendre aux générations montantes en autorisant l'un des crimes les plus odieux : éliminer en soi une vie naissante et cela, sous couvert de bons sentiments, de droits à conquérir, d'une émancipation factice, ... toutes choses qui finissent par se retourner contre la justice la plus élémentaire c'est-à-dire contre tous ceux que le droit est censé protégé des abus et de l'exploitation d'un plus fort.

Tandis que les forêts amazoniennes sont décimées par les flammes et que bien d'autres sols boisés subissent le même sort à la surface de la Terre, il est plus que temps de vaquer à des occupations qui ne soient pas de peu d'importance comme nous y invite Sainte Thérèse d'Avila depuis plusieurs siècles sans quoi se multiplieront les ouragans, les crises, les épidémies, les dévastations, ... auxquels nous seront incapables de faire face sinon en détruisant davantage les moyens de parer au plus urgent.

Plus que jamais, nous avons besoin que se lèvent des génies, des héros et des saints, même en petit nombre, pour tirer l'humanité d'un péril imminent et, chaque fois que nous fauchons une vie avant le terme de la gestation embryonnaire et foetale, nous prenons le risque de priver l'ensemble des êtres vivants du génie d'un Bach, de la sainteté d'une Marthe Robin ou de l'héroïsme de tous ceux dont le quotidien est de sauver ce qui paraissait perdu. C'est Mozart qu'on assassine.

Vouloir sauvegarder tel ou tel élément de nos habitats, de nos coutumes, de notre patrimoine, sans s'attaquer à la racine du génocide qui décime aujourd'hui la jeunesse du monde entier en maints endroits, est voué à l'échec : une population vieillissante ne saurait identifier et avoir le courage de mettre en oeuvre les actions novatrices à mener pour dépasser les facteurs de trouble contemporains car si l'âge peut accroître les facultés de discernement, il nous faut un ingrédient majeur : l'élan, le dynamisme d'une population rajeunie qui a l'audace de remettre en cause les conduites et les pratiques nocives. Nous avons besoin d'un sang neuf alors que, jour après jour, une hémorragie cataclysmique saigne l'Europe et tous les pays qui ont légalisé l'avortement.

Si le principal ennemi de l'écologie intégrale est bien le malthusianisme, il nous faut veiller à placer le combat non sur le théâtre d'une dénonciation vaine et lancinante mais sur tous les terrains qui chantent la prodigieuse abondance d'une nature généreuse et même prodigue pour les vivants. C'est en prenant conscience des ressorts merveilleux qui animent nos écosystèmes que nous saurons mettre en oeuvre tout ce qui est capable de nourrir l'humanité sans compromettre l'avenir de la planète et de ses habitants.

Il nous faudra, sans tarder, sortir des systèmes de culture qui s'appuient beaucoup trop sur des zones d'exploitation uniformes favorisant les attaques parasitaires et les pollutions endémiques. Si de tels systèmes paraissent d'abord simplifier le travail humain par la mise en oeuvre de procédés mécaniques et chimiques puissants, ils finissent par engendrer des problèmes insurmontables que l'on règle par des solutions d'anéantissement massif en faisant courir aux populations humaines, animales et végétales des risques majeurs et d'autant plus graves qu'il n'est pas rare que leurs conséquences néfastes se dévoilent à long terme et sur des périodes qui dépassent largement la durée de vie d'une génération.

Les générations montantes décimées par la multiplication des avortements sont aussi menacées par un dérèglement de leurs conditions d'existence en raison du non respect des lois du vivant. En maintes circonstances, les solutions hâtives de mort, d'extinction, d'élimination ou d'extermination sont préférées à celles qui demandent davantage d'analyse, d'étude et de réflexion comme si tout devait se régler à l'instant même, sans recul, sans patience, sans profondeur et sans prise en compte d'informations suffisantes. Trop souvent, nous préférons agir en surface, sur les éléments les plus visibles au lieu d'oeuvrer à long terme et sur la face cachée des phénomènes. Nous nous empressons de faire taire ou disparaître les symptômes tandis que subsiste ce qui en fut à l'origine. 

La mise en oeuvre d'une écologie intégrale réclame, avant toute chose, de poser un diagnostic aussi complet que possible sur l'état de notre planète Terre sans s'imaginer, trop vite, qu'il serait possible d'établir des conditions d'existence viable ailleurs et sans croire ou faire croire que c'est en raison de l'accroissement des populations humaines que nous sommes entrés dans une phase critique : la multiplication des cerveaux humains, des expériences humaines, ... est, au contraire, l'une des voies les plus prometteuses pour sortir des impasses actuelles. Il suffit qu'une idée de génie survienne au bon moment pour que, de fil en aiguille, se dénoue la pelote des problèmes apparemment insolubles qui inquiètent bon nombre de nos contemporains. 

Il assez probable que cette idée renversante mettra en valeur l'intérêt pour les hommes d'être aujourd'hui "aussi nombreux que les étoiles du ciel et que les grains de sable au bord de la mer" en trouvant le moyen de valoriser cette richesse plutôt qu'en essayant, par des programmes scandaleux, de réduire le nombre des personnes (campagnes de stérilisation sous couvert d'hygiène par exemple) ou de prétendre fabriquer des êtres humains exempts de défauts (transhumanisme ou fausses avancées sociétales par exemple).

L'écologie intégrale se distingue donc de nombreux courants dits "écologistes" qui ont pour principe intangible de réduire la population mondiale parce qu'ils raisonnent en faisant fi de l'intelligence humaine éclairée par une vie de prière intense. Ils raisonnent à "périmètre visible et constant" tandis qu'il faudrait toujours dépasser les données immédiates pour entrer dans le courant d'une vie qui se nourrit bien au-delà des seules données visibles et ainsi parvenir à raisonner à "périmètre invisible et variable". 

La clef de nos sorties de crise n'est pas dans ce que nous pensons percevoir mais dans ce que nous n'avons pas l'audace d'imaginer : un univers traversé de part en part par une bonté et une miséricorde inépuisables qui rendent caduques, obsolètes, inopérants ... tous les systèmes qui tentent d'expliquer les malheurs de ce temps par des chaînes causales où domine un esprit comptable tatillon de sorte que beaucoup de nos contemporains se trouvent aujourd'hui enfermés dans des croyances qui les détournent du pardon : révoltés par la souffrance de l'innocent, ils cherchent, comme dans l'évangile de l'aveugle-né guéri par le Christ, qui peut avoir fauté et ne trouvant plus de coupables faciles, ils en viennent à considérer que chacun, ici-bas, serait là pour purger son compteur, pour se purifier des fautes de vies antérieures.

L'écologie intégrale, bien loin de se cantonner au domaine matériel, vise à éclairer les intelligences humaines afin qu'elles ne se laissent plus enfermer dans des théories qui bloquent complètement leur imagination et qui finissent par alourdir leur coeur de boulets qu'une saine fréquentation de la Miséricorde divine aurait tôt fait de dissoudre car nul, en vérité, n'est en mesure de payer ses dettes spirituelles : à chaque instant, nous recevons bien plus que ce que nous sommes capables de donner.

L'écologie intégrale ne se réduit pas à des mesures, à des dispositions qui engagent nos économies vers davantage de ressources renouvelables, moins de déchets toxiques, ... Elle met en oeuvre une pédagogie qui libère les personnes de schémas mentaux les privant d'une compréhension fine des lois du vivant : alors que s'amoncellent les alarmes, les annonces de pénurie, les menaces ..., nous avons à redécouvrir les trésors d'abondance que ne manquent pas d'offrir les écosystèmes non perturbés pas des interventions visant à éliminer, détruire, supprimer ... ce qui paraît de trop à l'oeil mal exercé, à l'observateur impatient et aux gens trop pressés d'obtenir des gains immédiats.

L'écologie intégrale se nourrit d'une philosophie et d'un art de vivre dans lesquels la venue d'un enfant, quel qu'il soit, n'est jamais considéré comme un poids, un trouble, une menace, une catastrophe. Au contraire, toute naissance est une chance pour l'humanité tout entière. Celui ou celle qui vient peut la tirer, un jour, d'un mauvais pas et sauver une multitude.