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lundi 10 juin 2019

France2022 : Lettre ouverte aux partisans de l'abstention


Lettre ouverte aux partisans de l'abstention
Open letter to supporters of abstention



« Les États totalitaires sont établis 
par les partis totalitaires. 
Les partis totalitaires se forgent 
à coups d’exclusions 
pour délit d’opinion » 

(Simone Weil, L’enracinement)




Pentecôte 2019


Lettre manifeste à l'attention de tous les électeurs qui ont choisi de s'abstenir à l'une ou l'autre des différentes élections politiques organisées en France et qui souhaiteraient n'avoir pas à le faire en 2022.



1. Depuis de nombres années, vous formez la plus grande famille politique de France. "Cousins", proches ou éloignés, si chacun d'entre vous votait pour un même projet à la hauteur de ses espérances, ce projet l'emporterait haut la main. C'est le défi que nous allons relever ici : vous convaincre de choisir le projet France 2022 présenté sur ce site (alors que d'autres ont essayé de le doubler par ailleurs), sans en occulter les exigences les plus importantes.

2. Autant vous le dire d'emblée : la probabilité que l'ensemble du projet France 2022 vous agrée totalement est infime. Qu'à cela ne tienne : vous saurez dépasser les points de désaccord et vous n'en ferez pas un obstacle à votre adhésion puisque vous aurez saisi toute la nouveauté et, surtout, la vigueur et l'intérêt de ce projet. Non pas une proposition de plus sur un marché saturé mais une démarche originale qui ne vise pas le triomphe d'un parti sur les autres mais la victoire d'une haute idée de la France, de l'Europe et des autres continents sur toutes les combines qui n'ont cessé jusqu'à ce jour d'affaiblir notre pays, l'Europe et le reste du monde.

3. Alors que tant de partis politiques français rencontrent de plus en plus de difficultés de tous ordres (manques de suffrages, défections, divisions, querelles, rivalités, condamnations judiciaires ...) pour avoir tenté de se maintenir  sur des positions idéologiques étroites, vous ne serez pas étonnés que le projet France 2022 ne compte pas sur un rassemblement de partisans pour arriver en tête des prochaines élections présidentielles. Pour voir le jour, il s'est inspiré des meilleurs contributions de chaque part : la part la plus conforme à l'esprit de l'Evangile. Pour sa mise en oeuvre, il compte sur les personnes les plus intègres de chaque camp car tirer à vue sur tout le personnel politique est aussi vain, nuisible et stérile que de mettre dans un même sac toute une profession, toute une catégorie de la population, tout groupe de personnes au seul motif de son appartenance à un sous-ensemble défini. Dans chaque domaine d'activité sévissent des corrompus, des malfaisants, des êtres dangereux ... comme d'autres agissent avec honnêteté, droiture et souci quasi parfait du bien commun et du service des plus vulnérables sans mépris, sans jalousie pour les plus nantis ou les plus en vue.

4. Si vous rêvez depuis un moment qu'un projet politique solide soit mené par des hommes et des femmes de valeur vraiment libres de leur appartenance politique, assez forts et autonomes pour n'être pas aux ordres d'un parti, vous serez servis : n'intégreront l'équipe politique du projet France 2022 que les personnes qui auront fait preuve d'une grande indépendance d'esprit, qui auront été capables de mettre en cause les errances de leur propre parti, qui auront dénoncé ses positions malencontreuses, ses refus de toute controverse, ses manques d'ouverture, ses fermetures, ses verrouillages et ses pusillanimités.

5. Si vous en avez assez que la parole publique soit phagocytée par quelques-uns, souvent les mêmes ; si vous en avez marre que les poncifs et la langue de bois dominent les débats ; si vous craignez pour votre avenir et celui de vos proches ; si vous désirez sortir de plus de quarante années d'impasse politique en France ; si vous sentez que le moment est venu de vous exprimer ... le projet France 2022 est fait pour vous : il ne promet rien de mirobolant. Il s'appuie sur une analyse serrée et détaillée des causes profondes du marasme actuel. Il prône un retour aux fondamentaux de toute vie en société : la protection des jeunes pousses et des plus vulnérables. Il prévoit donc la conception et la mise en oeuvre de moyens fondés sur des principes puissants pour assurer cette protection dans tous les domaines vitaux pour notre avenir. Voilà certes une orientation trop générale pour emporter l'adhésion sans autre précision. C'est pourquoi plusieurs tribunes la développent. C'est pourquoi la suite de la présente lettre tentera de vous éclairer davantage sur les intentions, les principes et les propositions du projet France 2022.

6. Lors d'une première lecture, vous saurez ne pas vous laisser distraire par le choix de telle ou telle approche concrète : afin de parvenir au but souhaité, nous savons d'expérience qu'il faut parfois essayer plusieurs voies sans jamais se décourager. Du moins, voulons-nous ne pas nous résoudre à proférer cette pitoyable et lamentable affirmation : "Pour réduire le chômage, nous avons tout essayé" (et rien n'a fonctionné ...).

7. Il est clair que si nous considérons le chômage comme une fatalité, nous n'en sortirons pas. De même si nous ne savons pas dépasser les explications oiseuses de ce phénomène. Et a fortiori si nous en oublions la cause principale : l'assassinat des jeunes pousses françaises sous couvert de charité juridique et judiciaire, avec la complicité d'un Etat voyou et d'une caste de médecins devenus fous comme d'une trop grande part de la population française maintenue dans l'ignorance complète des ravages provoqués par l'IVG. En perdant chaque année un quart de la génération montante, la France se prépare un avenir des plus sombres et chacun peut constater, dès maintenant, sans trop savoir pourquoi, que de multiples menaces s'accumulent tandis que disparaît ce qui semblait nous prémunir contre elles.

8. Quitter le registre des peurs pour entrer sur un chemin d'espérance, telle est l'ambition du projet France 2022 car à trop se préoccuper de menaces secondaires, nous risquons d'en oublier la principale : la défaite du politique. Si nous renonçons à influer, d'une façon ou d'une autre, sur le cours des choses, nous finirons par ne plus rien maîtriser et nous serons dépossédés de ce qui nous tenait le plus à coeur. Si notre influence ne se fonde pas sur le Roc et l'Evangile, c'est en pure perte que nous agissons.

9. En brandissant le parti de l'autre comme un épouvantail, quelques renards de la vie politique française nous invitent à "voter utile" comme si le rejet d'une partie de nos compatriotes pouvait garantir d'emprunter le bon chemin ! Farce grotesque qui conduit à l'émiettement de l'électorat français et à la désertion des urnes. Ceux d'entre vous qui s'abstiennent souvent sentent bien que cette comédie n'a que trop duré et qu'il est plus que temps de rassembler les Français autour d'un projet d'envergure qui ne réponde pas seulement aux attentes des plus puissants ou des plus influents mais qui permette à chacun de déployer son potentiel au bénéfice du plus grand nombre.

10. La France et l'Europe tout entière ont besoin de projets de liberté qui ne se fondent pas sur le droit du plus fort à imposer sa loi, sur le droit de tuer en soi une vie naissante. Nous en sommes loin. L'échec relatif de l'Union européenne ne tient pas seulement à quelques dysfonctionnements institutionnels, à un trop grand élargissement, à l'établissement d'une monnaie unique ... Il relève plus fondamentalement d'une carence d'une extrême gravité : la suppression de la liberté pour beaucoup d'êtres en gestation de voir le jour.

11. Cher lecteur, chère lectrice, il est possible que vous soyez en total désaccord avec ce qui vient d'être affirmé. Rien de nouveau sous le soleil : beaucoup de nos contemporains ne comprennent pas qu'un avortement est le pire des moyens de répondre à la venue de l'enfant qui s'annonce. Si ce désaccord vous conduisait à ne pas adhérer au projet France 2022, il serait stérile de s'en lamenter : mieux vaut être clair dès le départ et ne pas se bercer d'illusion. La solidité du projet ne saurait se fonder sur un mensonge, celui qui prévaut quand un être sans défense est mis à mort pour le confort de ceux qui l'ont assassiné.

12. En s'adressant à ceux qui choisissent de s'abstenir de voter et en essayant de les convaincre de nous rejoindre, nous ne cherchons pas à les rallier à n'importe quelle condition et si leur opposition à la mise en oeuvre du projet France 2022 devait les conduire à voter pour un autre projet, nous ne pourrions que nous en réjouir : pour qu'un projet vive, se développe et prospère, il lui faut rencontrer une certaine opposition. Aucune critique, aucune contradiction ne saurait nous effrayer ni nous détourner du but à atteindre : l'abolition de la peine de mort pour tous les êtres en gestation.

13. Cette abolition d'une peine de mort, scélérate entre toutes, ne sera obtenue qu'en empruntant divers chemins, ces modalités concrètes sur lesquelles nous vous demandions au n°6 de cette lettre de ne pas prêter une trop vive attention car le risque serait grand alors de se focaliser de manière excessive sur les moyens au détriment du but à atteindre et, plus encore, au risque de faire prévaloir la discorde sur l'entente requise pour mettre un terme au fléau le plus redoutable.

14. Pour adhérer au projet France 2022, il faut d'abord être d'accord sur le fait que l'IVG est l'une des principales menaces qui pèsent sur la France et sur l'Europe. Les adversaires d'une telle affirmation auront toujours beau jeu de la ridiculiser. Eux-mêmes se rendront risibles en agitant d'autres menaces selon eux beaucoup plus terribles car ils invoqueront des causes externes au déclin de la France et de l'Europe alors que nous sommes les principaux artisans de nos défaites : défaite de la pensée, perte de sens, actions timorées, remèdes indigents, abandons de souveraineté, capitulations devant des puissances mondaines ... En renonçant à défendre l'enfant à naître contre la mère abusive, celle qui fait porter le poids de ses fautes ou d'un autre sur un être sans défense, nous avons abandonné la tâche la plus urgente et la plus essentielle : venir au secours de celui ou de celle qui est livré au pouvoir d'un plus fort que lui.

15. Faut-il s'étonner ensuite que le moindre gêneur, jugé tel par ces accusateurs, soit ensuite écarté, que chacun d'entre nous se retrouve un jour ou l'autre accusé à tort ? Quand l'innocent est condamné à mort sans autre forme de procès, chacun d'entre nous risque, à tout moment, d'être éliminé par un plus fort que lui. Et il ne se trouvera personne pour nous défendre puisque l'IVG contribue fortement à l'instauration du règne de la peur, de l'absence de courage et de la pusillanimité. Quand celui qui a le plus fort potentiel de vie, l'enfant à naître, est fauché alors qu'il est le siège d'une activité prodigieuse, qui d'entre nous peut espérer être épargné tandis qu'il se livre à des actions le plus souvent ordinaires et que son corps n'est plus animé par un essor hors du commun ?

16. Abolir la peine de mort pour les tout petits en gestation s'est non seulement sortir d'un suicide économique et démographique mais encore géopolitique : plusieurs pays à qui nous prétendons faire la morale se gaussent et se moquent allègrement de nos admonestations (pourtant légitimes eu égard aux pratiques de ces pays en matière de droit de penser et de s'exprimer sans encourir l'emprisonnement, la torture ou l'élimination). Le simple fait de rendre légal le meurtre de l'enfant à naître nous disqualifie complètement à leurs yeux, couvre de ridicule nos postures et nos propos de donneurs de leçons. Les Etats-Unis, en maintenant la possibilité pour chaque Etat de l'Union de légiférer librement sur le thème de la vie et de la mort, se donne au contraire les moyens de faire entendre leur voix et ce d'autant plus lorsque que la présidence et la vice présidence des Etats-Unis s'accordent pour que l'IVG ne devienne pas monnaie courante. La force de cette fédération ne tient pas seulement à sa puissance militaire et à ses réussites économiques. Elle vient de plus loin, d'un soubassement évangélique qui guerroie contre les tenants d'une barbarie toujours prompte à renaître.

17. Pour lutter efficacement contre l'IVG et son cortège de démissions, inutile de moraliser à outrance, inutile de vouloir inverser une tendance mortifère, inutile d'accuser un tel ou une telle. Inutile de souligner le manque de courage, d'imagination et d'audace des partis politiques. Non, il nous faut inventer, chacun à  notre tour et à notre place, des remèdes nouveaux qui donnent de ne plus désespérer de l'avenir. Dans un monde où l'espèce humaine paraît nuisible à certains, où la venue d'un enfant n'est plus accueillie à bras ouverts, nous devons tout faire pour que le temps des hommes soit considéré comme le bien le plus précieux.

18. Tel est l'objectif majeur de la création d'une monnaie de service et d'abondance dont l'émission est déconnectée de la rareté des ressources matérielles ou énergétiques et de tous les commerces qui prospèrent à l'ombre de cette rareté. Cette nouvelle monnaie vise à donner de plus en plus de poids au temps humain alors que, de toutes parts, fleurissent des systèmes et des solutions qui tendent à éliminer l'homme des circuits économiques de production pour le cantonner au rôle de consommateur, abruti d'informations contradictoires, sursaturé d'offres en tout genre et de plus en plus frustré de n'avoir pas accès à la totalité de ce qui attise sa gourmandise et ses convoitises voire ses passions les moins dignes d'éloge.

19. Pour ces détracteurs, la monnaie de service et d'abondance n'est qu'une lubie, un gadget, une vaine utopie puisqu'ils n'en comprennent pas l'intérêt, la complexité et la nécessité même. Pour eux, tout se vaut ou presque, tout est monnayable, tout peut s'acheter ou se vendre. Plus encore : n'a de valeur que le plus lucratif. Pour eux, l'un des moyens les plus sûrs de s'enrichir consiste à susciter des pénuries, à engendrer de fausses raretés et à profiter au maximum des manques incontournables. Le projet France 2022 met un coin dans cette vision triste, pantelante, pathétique et tragique de l'économie qui imprègne si fort les mentalités que seuls quelques pionniers (par exemple les pratiquants de la permaculture) ont l'audace de soutenir que la nature est généreuse par essence et que le pessimisme malthusien s'accorde bien mal avec les réalités, les ressorts, les trésors de l'univers qui nous environne : si pénurie il y a c'est avant tout parce que des groupes humains agissent de telle sorte qu'il en soit ainsi.

20. Comment renverser ce qui nous a conduit aujourd'hui à une faillite imminente sinon en instaurant un contrepoids redonnant au temps humain l'éminence intrinsèque et la dignité qu'il n'aurait jamais dû perdre ? Le temps humain, de l'argent ? Mais non, c'est beaucoup plus que cela. Il est le seul moyen par et sur lequel s'exerce mon libre arbitre : à chacun de choisir, à tout moment, ce qu'il va faire de son temps. Deux grandes options se présentent : le monnayer comme un avare et faire comme s'il m'appartenait ou bien l'offrir généreusement en sachant qu'il s'agit d'un don qui coule avec d'autant plus de fécondité à travers ma personne que je n'essaie pas d'en retenir pour moi la plus grande part. La seule question qui m'est posée, au fond, est celle-ci : veux-tu donner ta vie ou bien veux-tu essayer de la retenir ? Si je n'ai pas compris que la seconde option est vouée à l'échec, je ne cesse pas de ramer à contre courant et j'aurai beau amasser une fortune gigantesque, je partirai nu, sans armes et sans bagages comme le commun des mortels.

21. A voir s'agiter tant de monde pour amasser des "trésors" que les mites auront tôt fait de dévorer, on se demande parfois si l'enseignement des plus grands maîtres spirituels a quelque chance de pénétrer dans un coeur fermé, replié sur ses petites richesses. Sans doute pas plus qu'au chameau de passer par le trou de l'aiguille ...

22. En ce début de vingt-et-unième siècle est venu le moment de balayer toutes les prétentions qui conduisent beaucoup de nos contemporains à amasser ce qui n'a aucune valeur, c'est-à-dire tout ce qui n'a de prix qu'en raison des dysfonctionnements majeurs d'économies nationales vendues aux intérêts de quelques-uns. Est venu, en particulier, le moment de porter un coup fatal à toutes les tentatives qui visent à instaurer des situations de rareté, de manque, et de pénurie.

23. Il est en effet curieux de constater que dans de nombreux domaines, nous manquons de bras, d'intelligence, d'esprit de service, de temps humain disponible, de ressources ... alors que tant d'hommes et de femmes sont laissés sur le carreau d'économies fortement destructrices de l'environnement, génératrices de chômage, de pauvretés en tout genre et d'inquiétudes de plus en plus criantes. Comment sortir d'une situation aussi aberrante eu égard aux ressources exceptionnelles dont fut pourvue notre planète et dont elle recèle encore des miettes indispensables à une transition écologique qui ne se contente pas de surfer sur des vagues de signaux inquiétants mais qui explore les mouvements de fond pour saisir l'ampleur de la tâche qui nous attend ?

24. Nous le savons tous, plus ou moins confusément : ce sont les générations à venir qui vont le plus souffrir des multiples dérèglements qu'engendrent les folies de nos économies démentes. Deux choses, cependant, sont camouflées ou ignorées : les générations montantes sont déjà les principales victimes et elles le sont d'autant plus que s'est répandu un mensonge terrifiant. Ce mensonge le voici : puisque l'avenir s'annonce très sombre, il n'y a plus de place sur terre pour de nombreux enfants. Conséquence : limitons drastiquement le nombre des naissances. Par tous les moyens, y compris en répandant les idées les plus sottes et, pour finir, les pratiques les plus sanglantes, les remèdes les plus hémorragiques. On se croirait revenu - mais l'avions-nous vraiment quittée - à la médecine du temps de Molière : saigner le patient. Aujourd'hui ce ne sont plus les patients qui sont saignés mais des sociétés tout entières.

25. Tout projet politique qui ne tient pas compte de l'hémorragie en cours et qui n'essaie pas de l'endiguer est voué à l'échec n'en déplaise à tous ceux qui estiment que l'IVG est un progrès. Le coq gaulois est en piteux état : chaque jour il se vide un peu plus de son sang et il finira exsangue si nous continuons à nous occuper de faux problèmes et à coller des rustines sur un être vivant qui se morfond dans la cage étroite d'une mentalité essentiellement malthusienne : au lieu d'élargir l'espace de sa tente, cette mentalité ne raisonne qu'à périmètre fixe. Elle est incapable d'envisager d'autres façons de penser. Elle ne connaît qu'une ou deux dimensions géométriques. Raisonner en volume dépasse son imagination étrangement limitée.

26. Voter pour le projet France 2022, c'est refuser que le genre humain soit pris pour cible de toutes les critiques car s'il est évident qu'il contribue aux désordres qui mettent en péril sa propre survie, opter pour la mise à mort des jeunes pousses est la pire des réponses : cette élimination s'en prend directement au renouvellement du genre humain alors que toute autre action peut rester à l'état de menace pourvu que nous sachions modifier nos comportements avant qu'il ne soit trop tard. 

27. Tuer un être en gestation dans le sein de sa mère c'est exécuter d'emblée la menace qui pèse sur les générations à venir sans croire qu'il soit possible de remédier aux désordres actuels. C'est donc aussi désespérer du politique au sens large, de la faculté qu'ont les hommes de bonne volonté de s'entendre pour influer de façon positive sur le cours des événements. C'est donc enfin mettre en cause l'histoire humaine en négligeant les moments où certaines personnes ont su renverser des tendances dangereuses pour l'humanité.

28. Voter pour le projet France 2022, c'est renoncer à baisser les bras et refuser qu'une sorte de fatalité censément de plomb pèse sur notre destin comme si le pire devait advenir quoique nous fassions alors qu'en ouvrant les yeux au quotidien, nous voyons qu'il est possible, par des riens, d'engendrer un sursaut. Par expérience, nous savons aussi que des échecs apparents et à court terme ne présagent pas de l'issue d'un combat. Nos défaites ne sont pas le terme de l'histoire. A qui sait attendre, la vie d'un monde effervescent peut offrir une victoire, même au coeur du plus profond désespoir.

29. Pour contrer les teintes sombres de tant de politiques faméliques et leur noirceur, faut-il voter blanc ? C'est une possibilité à ne pas négliger même si, d'apparence, cela ne change pas grand-chose. C'est déjà faire un premier pas. Marquer son refus d'un jeu cousu de fil blanc. Sortir d'une défection qui fait dire : "A quoi bon voter ? Voter un tel ou un tel, cela ne changera rien". Ici nous proposons d'aller plus loin : voter pour une remise en cause radicale des positions figées qui nous font croire qu'en restant immobile se produira un changement automatique dans le sens d'un plus être quand de multiples occasions nous prouvent le contraire : la mise en mouvement, éventuellement précédé d'un temps d'observation et de réflexion suffisant, est capable de nous sortir d'une situation calamiteuse.

30. Le projet France 2022 invite à se mettre en quête d'informations susceptibles de déclencher un choix. Les plus pertinentes ne viendront pas d'elles-mêmes jusqu'à moi dès lors que je n'initie pas une recherche volontaire. Au jour le jour, je serai certes inondé d'un flot incessant de nouvelles qui, pour la plupart, iront dans le sens d'un malthusianisme si étroit que je finirai par en devenir misanthrope au point de dire : "l'homme est un animal de la pire espèce ! ". Tragique conclusion ... qui risque fort de conduire au : "Moi et les petits oiseaux" ou : "Après moi, le déluge".

31. La Toile offre de multiples occasions de sortir de l'étroitesse d'esprit qui porte au repli misanthrope. J'y découvre sans cesse des trésors dès lors que j'explore de manière assidue et détachée la mine intarissable des contributions d'innombrables passionnés. Sur tous les sujets, dans tous les domaines, je suis en mesure d'avoir accès à des pépites qui étaient hors de ma portée il y a seulement quelques années. Loin d'annuler les merveilles d'autrefois, ces pépites contribuent à les mettre en valeur. Elles vont, par exemple, me renvoyer vers des livres, supports irremplaçables pour un grand confort de lecture et pour un temps de plongée en eaux profondes. De nombreuses pages de la Toile proposent désormais des articles facilitant la sélection des livres qui valent la peine d'être lus dans tel ou tel domaine, en vue d'atteindre tel ou tel objectif. Nous pourrions en citer une multitude. En voici quelques-unes qui valent le détour : 

"Des livres pour changer de vie" d'Olivier Roland

"La bibliographie de l'atelier du chanteur" d'Alain Zürcher

"Lire les mathématiques" de Michel Volle ;

"Livres en lien avec la permaculture" de Permaculture Design ;

"Bibliographie théologique" des éditions Eyrolles.

(à compléter)

32. Certaines bibliographies existaient déjà sur le papier. Leur mise en ligne et l'adjonction de nouvelles bibliographies offre un confort sans pareil à celui qui cherche des informations pertinentes tandis que le renvoi vers des ouvrages passés au filtre des maisons d'édition apporte des garanties de fiabilité alors que certains reprochent aux contenus non passés à ce crible d'en manquer. Le fait de trouver sur la Toile à peu près tout et son contraire devrait nous alerter : dans un monde en effervescence, s'il est bien difficile de démêler le vrai du faux, ce travail de discernement n'en a que plus de saveur et de prix. Tandis que plus aucune autorité ne semble en mesure de contrer les débordements les plus fantaisistes, ne nous étonnons pas que l'action politique patine lamentablement : bien des hommes et des femmes aux manettes d'un pouvoir plus ou moins étendu ont un mal fou à prendre des décisions justes dès lors qu'ils ne prennent pas le temps de bien s'informer et de penser à long terme. Tétanisés par la tyrannie du court terme, ils ne savent plus faire le tri entre l'essentiel et l'accessoire, le vital et le superflu. 

33. Il est très étonnant de constater que rien de sérieux n'a été entrepris à ce jour par les différents échelons politiques français pour diffuser quotidiennement des informations qui soient en mesure de mobiliser, coordonner et fédérer les énergies de la société civile en vue d'établir des programmes d'action publique qui donne vraiment le désir à chacun de s'impliquer. Au lieu de déplorer le taux d'abstention, il est grand temps d'informer tous les électeurs, de manière intelligente et intelligible, des grands enjeux contemporains. Qui dit "manière intelligente" dit déjà "de manière non partisane". Si de nombreux électeurs se détournent des urnes c'est, pour une part non négligeable, en raison de l'incapacité des partis politiques à présenter un état objectif de la France. Et fermer les yeux sur le nombre terrifiant d'IVG ne prépare guère à établir un bilan sérieux de cet état.

34. La mise à mort de plus de 200.000 êtres en gestation chaque année en France est la plus grande catastrophe sanitaire, économique et politique que notre pays ait jamais connue puisqu'elle se solde, après plus de quarante ans d'un choix suicidaire, par une dizaine de millions de morts et par toute une série de conséquences tragiques liées à ces meurtres : chômage, pauvretés, dépressions, problèmes de santé, mensonges, incuries et débandades politiques ... Cette mise à mort signe une défaite de l'hospitalité, de la disponibilité et de la persévérance. 

35. Défaite de l'hospitalité : comme s'il n'y avait plus de place pour tous, des êtres sont éliminés avant même leur naissance. Comment s'étonner ensuite que l'arrivée sur notre sol de personnes venues d'ailleurs déclenche des phobies d'un autre âge ?

36. Défaite de la disponibilité : à ce qui advient sans calcul préalable saurons-nous accorder quelques miettes de notre temps alors qu'une pression folle s'exerce de toutes parts pour que toute notre disponibilité s'achève en profits ou en consommations ? Restera-t-il encore quelque espace pour une offrande de temps tournée vers ceux qui en ont le plus besoin : des êtres qui dépendent entièrement de notre bon vouloir ?

37. Défaite de la persévérance : restera-t-il encore demain du champ pour tout ce qui ne peut advenir d'un seul clic, pour tout ce qui demande des soins quotidiens, jour après jour et sur une longue période ?

38. Voter pour le projet France 2022 c'est refuser la fatalité des innombrables défaites qui semblent aujourd'hui dominer l'espace public comme les lieux privés. C'est affirmer qu'alors que tout semble perdu, joué d'avance, ... il est néanmoins possible d'inverser le cours des tendances suicidaires qui mènent la France, l'Europe et d'autres continents vers une faillite sans précédent.

39. Il suffit pour cela de se plonger dans les travaux anciens ou actuels de tous les pionniers qui ont perçu les risques insensés que nous courons à nous en tenir aux seules données les plus maussades. Sans faire l'effort d'aller vers ce qui est capable de vivifier et d'encourager, comment pourrais-je prendre ma part de l'effort requis pour sortir de quatre décennies de politiques à la petite semaine ? Partir, avancer, se plonger, se risquer en eaux profondes, voilà le secret !

40. Je peux partir avec l'audace de Pierre et de Myriam pour démontrer la force de la résilience d'un rescapé du Bataclan ou simplement explorer cette Toile qui fournit tant de liens vers des sommets d'où l'imagination humaine apprend à contempler pour mieux repartir et gravir de nouvelles pentes. La somme des connaissances disponibles est prodigieuse et ne concerne pas seulement ces livres qui ont parfois le tort de contenir des inepties au grand dam de Philippe Jolly à propos du piano mais une multitude d'objets (au sens le plus large qui soit) comme cette  rue Boulard dans le XIVème arrondissement de Paris où se tient l'atelier de Philippe Jolly.

41. Et je vois au passage qu'il ne me suffira pas de me plonger dans les livres mais que j'aurai intérêt à partir à la découverte de tous ces lieux où l'esprit inventif est à l'oeuvre, de toutes ces demeures de l'esprit où tant d'hommes et de femmes au contact d'une matière qui résiste aux délires d'une pensée déconnectée des chances offertes par l'incarnation prouvent, s'il en était besoin, que des êtres pétris d'argile gagnent toujours à ne pas rester les bras ballants, loin des réalités concrètes, celles qui lui apprennent à poser des gestes sûrs, précis, animés par une intention droite.

42. Les facteurs et les motifs d'abstention sont nombreux. Il en est un qui rejoint ce qu'affirme Nicolas Sarkosy à l'occasion de la sortie de son livre "Passions" : ne pas vouloir replonger dans la politique partisane. Ce refus des logiques partisanes, s'il était davantage en vigueur, encouragerait nombre de citoyens à se prononcer en faveur de personnes ou de projets qui ne cèdent pas à la tentation de l'entre-soi, ce cercle étroit où tout désaccord se transforme en pugilat et en règlement de compte voire en expulsion à l'image de celle d'Agnès Thill illustrant, à point nommé, les mots de Simone Weil placés en exergue de cette lettre.

43. L'adhésion au projet France 2022 ne requiert aucun parti pris exclusif. Il laisse chacun libre de ses appartenances politiques puisque la mise en oeuvre du projet France 2022 ne repose pas sur un alignement aux ordres d'un parti mais sur un rassemblement aussi large que possible d'acteurs politiques et de citoyens ayant compris que le temps des logiques partisanes est révolu ; qu'il nous faut désormais articuler le meilleur de chaque point de vue pour tendre vers une perspective plus large, plus heureuse et plus féconde. Une perspective qui n'a plus pour seul horizon d'éliminer toutes les personnes considérées de trop ou gênantes mais qui engage le plus grand nombre à dresser une place d'honneur en faveur de tous les laissés pour compte d'une folle course aux gains de pacotille, éphémères et sans épaisseur quand ils ne sont pas frauduleux.

44. Voter pour une personne, une équipe ou un projet ? De toutes les tribunes consacrées au projet France 2022, aucune ne mentionne les acteurs politiques en charge de son bon déroulement. Une première raison tient à son ampleur : sa mise en oeuvre s'étendra sur une durée dépassant largement la durée d'une mandature. Une seconde raison tient à son caractère universel : il ne vise pas la victoire d'une personne ou d'un parti mais un renouveau de la vie politique française qui soit au service de tous nos compatriotes. Lors de la première mandature seront donc mis en place les fondements de ce renouveau de telle sorte que les querelles de personnes ou de partis ne soient plus en mesure d'en contrecarrer l'élan.

A suivre ...

Toutes vos contributions, remarques et suggestions 
sont les bienvenues 
à l'adresse de courriel : france2022@gmail.com

mercredi 24 avril 2019

France2022 : La France et l'Europe (4ème partie)


A l'approche des élections européennes du mois de mai de l'an 2019, il était temps de ressaisir les éléments épars publiés dans les tribunes antérieures sur le thème européen, de les compléter ou de les développer au besoin et de trouver un juste milieu (Aristote) entre les inconditionnels de la construction européenne en cours et ceux qui rêvent de la mettre à bas ou de s'en extraire. Juste milieu qui ne soit pas une position statique mais un point d'équilibre dynamique tenant compte du déroulement d'une histoire censément complexe.

Au crédit de la construction européenne, il ne fait aucun doute que nous pouvons porter cette paix qui se traduit depuis plus de sept décennies par l'absence de guerre entre les principaux acteurs européens mais il nous faut aussitôt ajouter, hélas, une contrepartie terrifiante : la multiplication des avortements, tout particulièrement en France. 

Si les hommes, les femmes et les enfants qui ont vu le jour ne souffrent plus des conflits abominables qui ont ensanglanté et ravagé l'Europe, ceux qui paient désormais le prix du confort instauré sont devenus les grand oubliés d'une histoire tragique. Alors que le continent européen peut accueillir d'innombrables personnes, comment se fait-il que nous n'ayons plus l'audace et le courage d'accorder la vie, l'existence et l'être à une foule d'enfants en puissance ? Il y a là un drame d'une ampleur telle que l'ignorer, le sous-estimer ou tenter de le justifier risque de nous réserver des réveils extrêmement douloureux. Il semble que nous ne mesurions pas encore l'étendue réelle du désastre en cours.

L'Europe par l'effet conjugué d'une dépression démographique endogène et d'une pression migratoire exogène ne sait plus vraiment à quels saints se vouer. Il suffirait pourtant de prendre en compte le poids des avortements pour comprendre ce qui est en jeu. Une terre incroyablement bien placée sur le globe terrestre n'a d'autre destin que d'abriter une multitude d'hommes et de femmes, que ceux-ci soient le fruit d'amours autochtones ou d'ailleurs. La pression abortive ne fait que renforcer le mouvement migratoire résultant par ailleurs d'innombrables facteurs. Surtout et de façon beaucoup plus problématique, cette pression abortive complique l'accueil de ceux qui ont compris que l'Europe offrait, malgré des apparences trompeuses, un formidable potentiel de développement et des perspectives trop souvent gâchées sur des continents dans lesquels une évangélisation tardive n'a pas encore contrecarré les forces centrifuges qui tendent à disperser les efforts, à dilapider les ressources, à retarder l'avènement de sociétés et de nations prospères.

Terre bénie par une Providence perspicace (les peuples barbares habitant autrefois l'Europe étaient ceux qui avaient le plus besoin d'être évangélisés), l'Europe et la France en particulier sont nécessairement un Eldorado pour tous ceux qui résident dans des contrées où le poids simultané de traditions inopérantes et de remises en cause trop brutales pèse lourdement sur le destin des générations montantes. Du moins paraissent-elles pouvoir répondre à leur soif d'émancipation mais nous savons d'expérience que toute sortie de l'esclavage tourne au cauchemar dès lors qu'elle ne se fonde pas sur la libération proposée par l'Evangile. Les Européens, nos ancêtres, n'ont pu sortir de l'esclavage de la violence que par l'accueil en profondeur d'une révolution mentale qui balayait d'un revers de main leurs prétentions conquérantes.

En dépit des analyses qui circulent ici et là à propos de la construction européenne et qui en réduisent considérablement la portée, disons d'emblée qu'elle est une manifestation remarquable d'une compréhension de l'Evangile enfin parvenue à maturité : pendant très longtemps, les peuples d'Europe sont restés sur le seuil de la Révélation. Leur intelligence opérative s'est décuplée à son contact mais leur coeur profond était resté sourd aux appels d'une grâce et d'une Miséricorde exigeant beaucoup plus : le pardon accordé aux ennemis. Il a fallu l'anéantissement des deux guerres mondiales pour qu'ils comprennent enfin qu'ils faisaient fausse route en s'entre-tuant.

Il a fallu cet anéantissement pour que les peuples d'Europe comprennent enfin tout ce que la chrétienté devait au judaïsme mais il faut aussitôt ajouter qu'une telle compréhension n'est pas seulement collective :  elle concerne chacun d'entre nous, à titre personnel. C'est un chemin de foi sur lequel aucun d'entre nous ne peut marcher à la place d'un autre : tant que je ne comprends pas, en mon for interne, les racines sémitiques de la foi et de la liturgie chrétiennes, je reste sur le seuil, empêtré, mal dégourdi, aveugle et ignorant tels les disciples d'Emmaüs qui s'éloignent de Jérusalem, abattus par ce qui vient de se passer.

Il a fallu tous ces crimes, toutes ces horreurs pour que les peuples d'Europe comprennent enfin qu'ils faisaient fausse route en accordant une confiance démesurée à la raison raisonnante, celle qui exclut de ses catégories bien pensantes le principe d'incertitude pour garder entre ses doigts crispés quelques certitudes mortes, vecteurs des barbaries les plus sanglantes. Si je perds de vue que, dans toute existence, l'inimaginable peut survenir, mettre à bas tous mes plans, bouleverser mes prévisions et chambouler mes projets, je suis comme la paille en plein vent ou au coeur d'un brasier : j'ignore que dans quelques instants je partirai en fumée ou perdrai ma place, ce lieu où je pensais bien à tort m'être installé pour longtemps.

L'Europe et la France souffrent maintenant d'innombrables crispations par exclusion de la foi ardente, celle qui ne se contente pas de croire à des vérités vraisemblables mais celle qui ose affirmer l'impensable : un homme crucifié et mis à mort s'est relevé et s'est manifesté pour que nous quittions le rivage d'un confort intellectuel qui prétend exclure l'inattendu du champ de ses possessions quitte à massacrer, pour des raisons soi-disant bien fondées, tout ce qui pourrait venir déranger ce confort et ce qui lui fait cortège : des biens périssables auxquels s'attache si fort le coeur égaré qu'il serait prêt à tuer père et mère, frères et soeurs, pour les défendre bec et ongle ; qu'il serait prêt à mettre à mort une vie naissante en son sein pour ne rien perdre de ses positions pourtant si fragiles.

Dans une Europe et une France malades, c'est-à-dire sans cesse tentées par un retour en arrière vers les barbaries les plus sombres, l'inattendu a deux visages : celui de l'enfant à naître trop souvent considéré comme un gêneur potentiel et celui du nomade en quête d'une terre promise dont l'entrée sur notre territoire nous paraît une menace. Dans l'un et l'autre cas, nous perdons de vue que nous avons plus à craindre de nos propres comportements et de nos propres égarements que d'événements millénaires : la venue d'un enfant et le déplacement de populations à la recherche d'une terre plus hospitalière.

Dès sa naissance, le Christ porte la Croix d'une existence placée sous le sceau du service d'une humanité en proie à ses démons jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir : Hérode se croyant menacé dans ses prérogatives fait assassiner tous les enfants en bas âge à la portée de ses sbires. Les avortements d'aujourd'hui sont dans la droite ligne de cette aberration : s'imaginer que la venue d'un enfant peut mettre en péril nos positions alors que son rôle est d'élaguer en nous tout le fatras des superstitions et tout le superflu qui nous encombrent. A la mise en déroute de notre moi le plus vil et de nos replis égoïstes, nous préférons trop souvent la mort réelle ou symbolique d'un innocent, qu'il soit cet enfant non prévu ; ce collègue qui risque de gêner notre carrière ou qui n'a pas la même vision que nous du métier, d'une situation ou d'un problème ; cette personne qui n'entre pas dans nos vues, nos catégories, nos schémas étroits de pensée ; cet étranger qui n'avait qu'à rester chez lui ...

Nos refus d'accueil de l'étranger ressemble à s'y méprendre à l'accouchement sur la paille en la nuit de Noël : dans nos maisons saturées d'objets inutiles et encombrants, ne reste plus la moindre place pour celui qui n'a plus de toit, de maison, de  foyer et qui doit se coucher dans la crasse, sous les néons d'un urbanisme galopant, bourré d'artifices et déshumanisant ou s'entasser avec les siens dans des quartiers devenus sordides à force d'abandon de pouvoirs, locaux ou plus lointains, vautrés dans leurs loisirs dispendieux et complètement oublieux des nécessités primaires voire vitales qui sont le quotidien de la plupart de nos concitoyens.

Tandis que le bois vert des jeunes pousses est traité selon la plus grande lâcheté, point à l'horizon une réalité des plus sordides : le sort réservé aux personnes âgées. Quoi d'étonnant à cela : si nous ne sommes plus capables d'accueillir des promesses de vie au potentiel incommensurable, comment pourrions-nous ménager le bois qui s'apprête à mourir ? Si les générations montantes sont sacrifiées sur les autels d'un consumérisme dégradant et d'un confort de repus, quoi d'étonnant à la maltraitance en maisons de retraite ou en EHPAD ? L'avortement puis l'IVG conduisent inévitablement à l'euthanasie et au cortège funèbre qui accompagne la démission du politique quand il renonce à défendre les plus fragiles contre les intérêts marchands, les spéculateurs et tous ceux qui propagent l'illusion mortelle d'un progrès illimité de la performance à tout crin, quitte à se doper et à se détruire pour atteindre des objectifs stupides et farfelus : à cette aune-là, peu de personnes peuvent résister au rouleau compresseur d'une machine à sélectionner les plus aptes et à détruire ceux qui ne répondent pas à des critères de "bienséance".

Une construction européenne qui ne nous ferait pas sortir du cycle infernal de la violence à l'égard des plus fragiles et des plus vulnérables est bel et bien morte, vouée à s'enliser et à voler en éclats. 

Ne nous y trompons pas : le dépassement des nations n'est pas un mal en soi. Bien au contraire : la résolution des deux conflits mondiaux qui ont mis l'Europe à genou en témoigne. Tandis qu'une nation s'enfonçait dans la barbarie la plus noire, d'autres surent faire front commun et dépasser leurs divergences pour stopper une folie d'essence nationaliste. Quand un peuple s'égare, l'union de plusieurs est nécessaire pour le ramener sur le droit chemin.

La construction européenne et ses inévitables faiblesses ou ratés a également cette vertu d'être en mesure de faire entendre raison aux velléités d'inspiration catastrophique. Encore faut-il qu'elle le fasse sur un mode qui respecte la souveraineté intérieure de chacune de ses composantes et qu'elle évite de s'immiscer dans des affaires qui ne la regarde pas. En un mot, qu'elle n'essaie pas de réduire les prérogatives de chacun des Etats européens  mais qu'elle favorise au contraire l'émergence de pouvoirs locaux tenant compte, de plus en plus, du monde qui les environne et, plus encore, de lois fondamentales dont le non respect engendre misère et mort.

Quand un peuple souverain décide de ne plus attenter à la vie des tout petits en gestation, une construction européenne authentique prend acte de cette volonté sans chercher à la vilipender, à la ridiculiser ou à la défaire. En l'occurrence, c'est un peuple raisonnable qui a raison contre une majorité de déprimés, de meurtriers et d'assassins !

"De par le monde, plus de 90% des bébés porteurs de la trisomie 21 sont avortés - et cela jusqu'à la veille de leur naissance. Le ventre d'une mère est devenu l'endroit le plus dangereux pour un bébé porteur de la trisomie 21". Ainsi s'exprimait Charlotte Fien lors d'une conférence internationale sur le thème de la lutte contre les discriminations, prénatales comme post-natales, dont les personnes porteuses de la trisomie 21 sont victimes ainsi que sur les moyens de favoriser leur véritable inclusion de la société. Source : "Lettre de la Fondation Jérôme Lejeune" de mai 2018.

L'avenir de la construction européenne est là. Elle ne dépend pas au premier chef d'ingrédients institutionnels : plus ou moins de fédéralisme ; plus ou moins d'intégration politique ; ... mais elle dépend de la capacité commune de ses Etats membres à faire front contre une barbarie déjà présente et fort active durant la période nazie. Période durant laquelle les "non-conformes", les handicapés et les personnes osant braver les folies d'une dictature démente ont fait les frais d'une politique criminelle et payé le prix fort pour en sortir : internements, tortures et tentatives d'éradication.

En s'organisant pour répondre de manière prépondérante aux intérêts allemands, la construction européenne suit un chemin périlleux : les autres Etats membres de l'Union ne sauraient se contenter d'un rôle de figurant ou de vassal. Ici et là, nous voyons surgir des vagues de mécontentement et de ras-le-bol : certains n'en peuvent plus d'être considérés comme des membres subalternes au service d'une puissance économique qui garde pour elle le principal et les intérêts d'une manne non pas tombée d'un ciel clément mais résultant de la mise au pas de la composante industrieuse et laborieuse. En comprimant la rémunération des travailleurs, en cherchant à maximiser les profits par déplacement des facteurs de production, en concentrant de manière excessive les foyers de production, en relançant les mines de charbon ..., les conquêtes de l'industrie allemande finissent par mettre en péril des pans entiers d'une Europe mal préparée aux jeux d'une globalisation sans foi ni loi.

Embarquée dans une guerre commerciale absurde et indigne puisqu'elle matraque un très grands nombres de pays, l'Europe se doit de réagir en proposant une autre façon de produire, de commercer et de vivre car, aujourd'hui, le plus grand nombre fait les frais de la guerre sans merci imposée par des puissances dévastatrices : les touts-petits en gestation, les corps intermédiaires et notamment les foyers, les sans grades, les handicapés, les personnes âgées, les territoires éloignés des métropoles ...

A tous les systèmes concentrationnaires, à toutes les dérives monopolistiques, à toutes les tentatives de main mise sur des éléments de rareté, l'Europe doit opposer un refus très net et une fin de non recevoir en développant des politiques de service et d'abondance où l'humain prime sur tout le reste dans le respect scrupuleux des trésors qui lui permettent d'exister.

Ainsi devons-nous revoir de fond en comble la politique agricole commune : ne plus l'envisager et ne plus la placer à la remorque d'industries nuisibles voire criminelles ; lui redonner ses lettres de noblesse en l'installant durablement selon des perspectives où domine la collaboration intelligente avec la nature et non une lutte incessante contre le vivant. Par essence, par principe et par une organisation millimétrée, la nature est généreuse. Dès lors qu'apparaissent des phénomènes de rareté sur un territoire, inutile d'aller accuser des facteurs externes à l'action de l'homme : il lui faut être assez courageux et lucide pour examiner avec soin ce qui a conduit à tel ou tel manque inédit et pour réviser ses modes d'intervention.

Il nous faut également sortir d'urgence d'une monnaie unique qui met en péril toutes les économies qui ne fonctionnent pas sur le modèle allemand de la standardisation et de très grande efficacité en instaurant des monnaies nationales de service et d'abondance qui favorisent le libre jeu d'une diversité de situations, diversité vue comme un handicap pour ceux qui ne rêvent que de normes et d'uniformité mais un atout indéniable de l'Europe dans un monde globalisé où de multiples forces tendent à raboter les singularités pour mieux imposer le rouleau compresseur de leurs standards (souvent mortifères).

Que subsiste une monnaie commune (l'euro) n'est pas mauvais en soi du moment qu'elle coexiste avec des monnaies nationales et locales abondantes. La monnaie commune assure la stabilité des taux de change avec le reste du monde pour tous les échanges commerciaux portant sur des biens rares ou peu courants mais de nombreux échanges - de service notamment - souffrent de l'absence de monnaies locales beaucoup plus souples c'est-à-dire dont l'émission s'ajuste non pas à l'émergence de telle ou telle pénurie ou à la survenue d'une crise internationale mais à l'abondance d'une main d'oeuvre et d'un cerveau d'oeuvre européens de plus en plus disponibles et qualifiés.

Aux économistes les plus fins, les plus audacieux et les moins engoncés dans le vêtement des certitudes étroites paraîtra de plus en plus probante l'émission de monnaies nationales dont les spécificités sont décrites dans la tribune : "création d'une monnaie de service et d'abondance" du projet France 2022. Monnaie qui ressemble à la livre Sterling mais entièrement dématérialisée et à l'usage strictement interne du pays émetteur. Monnaie sans valeur pour les échanges commerciaux avec l'extérieur de sorte que nul ne peut accuser l'émetteur de faire fonctionner sa planche à "billets" (plus de coupures désormais ... !) pour les besoins de son économie. Cette création de monnaie est donc particulièrement vertueuse : elle ne permet pas à l'émetteur de s'emparer indûment  de richesses extérieures et elle le contraint à développer des échanges commerciaux équilibrés avec l'extérieur s'il veut pouvoir disposer des moyens d'acquérir les biens ou les services qui lui font défaut. Cette émission de nouvelle monnaie requiert évidemment une série de garde-fous que les experts en économie se plairont à imaginer et à construire.

Ces mêmes économistes (ou d'autres : la révolution monétaire proposée demande beaucoup de matière grise !) auront également la joie de  concevoir une gamme de méthodes et donc d'algorithmes permettant d'analyser les flux de monnaie locale en vue de proposer les ajustements les plus sains, les plus judicieux et les plus intéressants pour rendre les économies européennes florissantes tout en respectant leurs caractères propres : ici, une industrie très performante ; là, des activités touristiques de premier plan ; ailleurs encore, des services à la personne de grande qualité. Partout, cela va de soi, un éventail de ces trois branches - déployées à des degrés divers selon chaque Etat membre - sans oublier des agricultures enfin rentables et non destructrices des écosystèmes ainsi que des fonctions publiques fort appréciées par des citoyens enfin conscients qu'un pays se porte bien quand il est savamment administré et non pas mis en coupe réglée par quelques intérêts privés sans Dieu ni maître aidés en cela par une oligarchie corrompue jusqu'à la moelle ...

Pour qui voudrait se détendre, s'instruire, se muscler avant de repartir de plus belle, voici un intermède bienvenu : "Utiliser le jeûne pour construire du muscle ? ? ", excellente vidéo de Thierry Casasnovas.

Il en faudra du muscle ... et du courage pour assiéger, dévisser, déboulonner et renverser, sans effets secondaires désastreux, les pouvoirs qui ne servent plus que leurs propres intérêts au mépris des conséquences néfastes qu'entraînent la sauvegarde de leurs privilèges, l'accroissement de leur fortune et le maintien de leurs positions. Mieux : celui ou celle qui désire participer à cette tâche de renversement doit s'armer de patience et ne pas compter seulement sur ses propres forces ou même sur l'union de volontés convergentes. Il suffit pour cela de se souvenir du Magnificat : "Il renverse les puissants de leur trône. Il élève les humbles". Le renversement attendu est déjà à l'oeuvre. Il est voulu par Dieu lui-même. Reste à chacun la tâche de progresser dans la connaissance de cette Volonté pour éviter les contresens et ne pas s'embarquer dans des entreprises calamiteuses dont les résultats sont finalement pires que les maux combattus.

Une piste heureusement explorée par des pionniers : se laisser instruire par les merveilles de la nature et, pour mieux dire, d'une Création pensée et voulue pour le bien des hommes en dépit de tous les courants qui prétendent prouver le contraire et qui n'envisagent la vie qu'en termes de lutte, d'élimination, d'éradication ... en oubliant les coopérations et les symbioses. Sur cette heureuse piste d'exploration, chaque pays européen est engagée selon sa propre histoire, selon les défis qu'il lui a fallu relever, sa géographie, ses traditions ... Aucun d'entre eux ne domine tous les sujets. Chacun doit faire l'effort d'apprendre de ses voisins, de s'inspirer des modèles les plus aboutis et des pratiques les plus pertinentes.

Les merveilles de la nature sont distribuées de telle sorte que chacun d'entre nous peut en prendre connaissance par une expérience personnelle, censément incomplète et donc entachée d'erreurs. L'observateur le plus attentif et le plus instruit filtre ce qu'il perçoit et son esprit lui-même dirige ses sens dans certaines directions. L'ensemble fort limité des informations qu'il collecte est ensuite interprété selon des grilles de lecture que seul un travail incessant parvient à assouplir, affiner, ajuster ... (Platon).  Chaque peuple, selon les langues dont il use, dresse d'emblée un filtre particulier et ne saurait, à lui seul, épuiser les multiples possibilités de comprendre les réalités qui l'entourent. S'il ne fait l'effort de se nourrir d'autres approches du réel, il s'enferme dans des visions partielles et donc erronées. La construction européenne (qui ne date pas de la fin de la seconde guerre mondiale ! ) n'offre donc pas seulement un espace apaisé mais des lieux de tensions, de frottements, de confrontations inévitables. Sans leur concours, nous restons emmurés croyant détenir la vérité tout entière, elle qui, pourtant, échappe à toutes nos tentatives de contrôle et de main mise.

Aurons-nous l'humilité des artistes européens de génie qui ont su voyager, mettre à l'épreuve leurs acquis et leur existence, étudier, analyser, admirer ... pour nourrir leur inspiration ? Saluons au passage le travail d'érudition d'artistes contemporains qui consacrent des années à exhumer des trésors enfouis, à  nous faire découvrir des artistes injustement oubliés. Ils le font sans aucune considération chauvine et sont prêts à s'intéresser à une mémoire qui mettra en valeur le génie d'une nation qui n'est pas la leur, certains que nous appartenons tous à des mondes qui transcendent nos patries d'origine, à des mondes qui bien loin d'anéantir nos attaches en révèlent au contraire le prix, la valeur et l'intérêt. Ainsi en va-t-il par exemple des travaux de Marie-Ange Leurent et d'Eric Lebrun, organistes français, à propos de l'oeuvre du compositeur allemand Dietrich Buxtehude.

En éclairant telle ou telle parcelle du génie européen, les uns et les autres mettent en lumière un continent aux multiples facettes, diamant précieux dont la construction en cours de l'Union européenne n'est qu'une facette parmi tant d'autres ! Il est regrettable que les difficultés rencontrées par cette construction tendent à voiler les splendeurs d'un tissu beaucoup plus riche que ne l'imagine les esprits trop superficiels : les brins qui le composent s'entremêlent d'une façon si savante que le profane en matière d'art, de sciences et de toutes cultures n'entrevoit qu'une part infime du travail accompli jusqu'ici par les générations qui nous ont précédés.

Il reste beaucoup à faire pour exposer les trésors d'une Europe de peintres, de musiciens, d'écrivains, de savants, ... et les rassembler en un tout multiforme - multilingue notamment - car il s'agit non pas seulement de dresser un inventaire mais de le rendre intelligible pour chaque génération montante afin que le plus grand nombre prenne conscience du legs reçu, y compris les ennemis irréductibles (?) d'une Europe si mal perçue par ceux qui ne comprennent pas grand-chose à la marche de l'histoire des hommes : si tant de merveilles sont nées dans le creuset européen, c'est pour illuminer toutes les âmes de bonne volonté. Un regard sain porté sur l'héritage européen permet aussi de mieux saisir l'ampleur du drame des deux guerres mondiales : un esprit manifestement démoniaque a tenté de priver l'humanité tout entière de cet héritage en dressant des nations les unes contre les autres.

Rendre intelligible l'héritage européen passe par une meilleure exposition des procédés, des tours de main, des méthodes, des inventions, des idées, des défis relevés ... qui ont rendu possible son édification sans quoi l'observateur extérieur reste à la porte, sur le seuil d'un monde de travail, de labeur et d'efforts tellement étranger à la culture de la facilité, de l'immédiateté et du caprice. Au lieu de se nourrir pleinement des oeuvres et d'entrer dans le temple d'une contemplation de grand profit, l'observateur contemporain, trop pressé, risque sans cesse de glisser bêtement et de perdre la substantifique moelle d'un travail accompli avec ce mélange de hardiesse, de sagesse et de culture qui caractérise les productions d'innombrables génies européens.

Il faut reconnaître qu'il est difficile, pour qui n'a pas vraiment dansé, dessiné, peint, joué, interprété ou composé, façonné, construit, écrit ... - en un mot, pratiqué un art assez longtemps - d'apprécier à sa juste valeur le travail accompli par un autre. Alors que se multiplient les facilités techniques et les auxiliaires permettant d'accomplir des prodiges et des prouesses, les éducateurs et les enseignants, ceux qui sont plus généralement responsables de la formation des générations montantes en Europe et ailleurs doivent faire un effort pour leur proposer des activités formatrices dans lesquelles la réduction des moyens mis en oeuvre provoque le sursaut d'intelligence qui fut l'aiguillon des générations précédentes : passer trop vite à l'usage des outils modernes sans la moindre expérience de plus anciens provoque de multiples déficits qui se répercutent ensuite dans les productions, qu'elles émanent d'amateurs ou de professionnels. On peut donner ici l'exemple manifeste de l'écriture manuscrite : beaucoup de jeunes élèves ayant appris à écrire sans la contrainte de l'encrier et de la plume deviennent incapables d'utiliser l'écrit pour apprendre. Cette invention merveilleuse de l'écriture au lieu de leur venir en aide est pour eux un calvaire : mal maîtrisée, elle ne leur est d'aucun secours pour intérioriser, comprendre, mémoriser, réfléchir ou imaginer (cinq gestes mentaux fondamentaux identifiés par Antoine de la Garanderie).

En explorant de bonne foi le patrimoine européen, toute personne de bonne volonté s'aperçoit qu'il repose essentiellement sur la propagation de l'Evangile sur un sol jonché de cadavres, victimes des barbaries les plus noires. Au lieu de chercher à minimiser les apports évangéliques, nous ferions bien d'en tirer les conséquences les plus heureuses et nous comprendrions que l'état actuel du christianisme en Europe (pour peu que l'un d'entre nous soit vraiment capable d'en connaître et d'en apprécier toutes les composantes) ne reflète pas tant les faiblesses inévitables d'une Eglise tissée d'argile grossière que le profond respect de la liberté humaine par un Dieu qui ne cherche jamais à s'imposer mais qui, tout au long de l'histoire des hommes, dispose ses bienfaits à la guise et au bon vouloir de l'humanité tout entière et de chacun. Si tant de baptisés se sont éloignés, pour diverses raisons, des dons reçus et de la grâce qui les sous-tendait, ce n'est pas d'abord en raison du manque de zèle, de vertu et de sainteté de pasteurs humains trop humains et censément pécheurs mais, surtout et avant tout, parce que chacun est rendu à sa propre liberté quand il reçoit l'Evangile. Il appartient à chacun de se prononcer en faveur du Christ et de le suivre ou bien de prendre des chemins de traverse.

Si l'Europe est à ce point jalousée et décriée, c'est aussi parce qu'elle est dépositaire (avec d'autres) de ce trésor de la liberté individuelle tellement contesté ailleurs quand il n'est pas purement et simplement bafoué. A chacun de se prononcer, en son âme et conscience, pour la personne blessée, humiliée, abandonnée, trahie ou rejetée alors qu'une majorité s'acharne contre elle. Quand la foule en délire casse, saccage, démolit, lapide, ... l'esprit européen authentique se dresse contre elle et fait front. Quand un système politique anéantit, muselle, bafoue, ... les droits des personnes, l'Europe doit rester unie et soudée, attachée aux principes évangéliques qui lui ont permis d'aller si loin dans le labyrinthe d'un univers spirituel où s'égare toute personne livrée à ses seules forces car le respect des libertés personnelles ne se fonde, en dernière instance, que sur une mise en commun de principes suffisamment robustes pour résister à toutes les tentatives de dislocation et pour dérouter les sophistes de tout poil.


Evangile de St Jean au chapitre 6


54 Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
55 En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.
56 Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui.
57 De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi.
58 Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »
59 Voilà ce que Jésus a dit, alors qu’il enseignait à la synagogue de Capharnaüm.
60 Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? »
61 Jésus savait en lui-même que ses disciples récriminaient à son sujet. Il leur dit : « Cela vous scandalise ?
62 Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant !...
63 C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie.
64 Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait.
65 Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. »
66 À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner.
67 Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »
68 Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle.
69 Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »
70 Jésus leur dit : « N’est-ce pas moi qui vous ai choisis, vous, les Douze ? Et l’un de vous est un diable ! »
71 Il parlait de Judas, fils de Simon Iscariote ; celui-ci, en effet, l’un des Douze, allait le livrer.




A la foule en délire qui s'en prend à quelque bouc émissaire facile, à la meute des enragés, aux préparatifs des malfaisants ..., l'esprit européen authentique, c'est-à-dire viscéralement, foncièrement et fondamentalement attaché au Christ, oppose un front serein, sans ombre ni trouble au visage. Aucune menace, aucun mauvais coup ne saurait lui faire perdre le cap ou le décourager d'agir en ce monde. C'est pourquoi l'Europe ne peut jamais verser tout entière dans un système qui empêcherait l'Evangile de poursuivre sa course, de rayonner et de porter les fruits de paix et de joie qui sont en germe partout où Il est semé. Cette certitude fait aujourd'hui trop souvent défaut et nous voyons d'innombrables analyses de la situation actuelle s'alarmer de périls qui ont pour nom : "le grand remplacement" ; "l'islamisation de l'Europe" ; "la fin des clercs" ; "le manque de vocation" ... Il est fort possible en effet qu'une partie de l'Europe cède du terrain aux entreprises d'occupation de son sol mais nous savons qu'elles sont vouées à l'échec. Elles l'ont été par le passé tandis que les moyens de se défendre étaient rudimentaires. Elles le seront plus encore à l'avenir dans des sociétés où la parole devient de plus en plus libre : aucune disposition coercitive ne pourra désormais empêcher chacun de s'exprimer comme bon lui semble et ce d'autant plus que ses paroles seront en accord avec le message évangélique (de nouvelles dispositions juridiques viendront sans doute enrichir l'arsenal de lutte contre les propos haineux. Aucune n'est en mesure d'endiguer la manifestation des perles de vérité). Ce qu'est venu semer le Christ se propage selon un processus néguentropique dont la force vitale s'accroît au fil du temps et toute persécution ne fait qu'accroître sa vigueur.

Certains se moquent de la vieille Europe et lui prédisent un sombre avenir. S'il est vrai qu'elle traverse une crise majeure, elle n'a pas dit son dernier mot puisque là où le péché se multiplie, la grâce surabonde. Là où tant de jeunes pousses ont été fauchées avant même de voir le jour, un réveil brutal est en train de se préparer qui surprendra les sceptiques et ceux qui ne pensent qu'au seul ressort démocratique comme s'il fallait nécessairement qu'une majorité s'entende pour que les choses bougent ! alors que toute l'histoire de l'humanité démontre que le cours des événements dépend largement de la manifestation de volontés singulières assez fortes pour ouvrir de nouveaux horizons. L'avenir de la France et de l'Europe dépend de chacun d'entre nous et non pas seulement d'orientations et de décisions gouvernementales ou parlementaires. Il nous appartient de collaborer, chacun à notre place, au travail incessant d'une grâce d'autant plus féconde que je sais la reconnaître et l'accueillir.

Dès lors que je prends conscience que la construction européenne déborde de toutes parts l'infime part des jeux de pouvoir pour s'étendre à de multiples niveaux souvent invisibles qui ne datent pas d'hier, je passe le plus clair de mon temps à incarner au quotidien ce qui fait la plus grande force de l'esprit européen : son inspiration évangélique. L'Europe n'a pas seulement des racines chrétiennes ! Elle porte au creux de ses entrailles, sur l'ensemble de son territoire et dans ses plis les plus secrets des semences impérissables. Il suffit que de nouvelles conditions favorables se présentent pour que, soudain, fleurissent ici et là les inattendus de la Providence divine, toutes ces plantes bio-indicatrices d'une configuration que l'oeil naturel ne soupçonnait pas.

L'Europe avance en effet selon deux voies dont le seul couple "foi et raison" ne rend ni l'étendue ni la portée. Mieux vaudrait distinguer la voie naturelle et la voie surnaturelle. La sauvage et la domestique. L'insoumise et l'obéissante (*). Le christianisme greffé sur la barbarie européenne est d'une puissance phénoménale en raison même de la sauvagerie des lointains habitants d'une terre bénie des dieux : l'Europe. 

(*) Liste indéfinie : la galopante et la trottante ; l'inapprivoisée et l'éduquée ; la brillante et la ravissante ; la parlante et l'écoutante ; l'incorrigible et la perfectible ; la négligeante et l'insouciante ; ...

Dans le domaine profane ou dans le domaine religieux, l'être humain chemine au gré de son imagination créatrice, en usant de facultés naturelles et surnaturelles. Sans la triple greffe des vertus théologales qui s'opère dans l'acte baptismal, ses facultés ne parviennent pas à déployer tout leur potentiel. Sans la foi, son intelligence reste sauvage. Capable naturellement d'une extrême vivacité et de prouesses, elle s'arrête au seuil du mystère si elle manque de surnaturel. Sans la lumière de la foi, la raison humaine se perd en conjectures ... Sans la vertu théologale de l'espérance, la mémoire de l'homme défaille. Elle ne sait plus que réactiver du passé pour mieux se projeter dans l'avenir. Sans la charité, son courage s'émousse. 

Perdue dans un océan matérialiste, foncièrement égoïste et mercantile, la charité européenne fait figure d'ingénue. Son souci du bien être de toute personne passe pour une fantaisie dérisoire aux yeux des peuples et des continents qui ne raisonnent qu'en termes de puissance collective. Pour ces derniers, l'individu ne compte pas. C'est un pion, une unité parmi d'autres. Remplaçable et interchangeable à souhait comme à l'envi. Il doit se soumettre, marcher ou crever. Qu'il se plaigne, conteste ou s'insurge et le voilà enfermé, fusillé, assigné à résidence.

Prenant le contre-pied de cette dictature du groupe, l'Europe verse dans d'autres excès ou ... les mêmes. Des minorités actives et dérangées y peuvent imposer leur dérèglement au plus grand nombre. Quelques individualités en position de force y sont en mesure de faire la pluie et le beau temps. Trop nombreux y sont les sujets qui n'ont pour maîtres qu'eux-mêmes et qui sombrent ainsi dans l'idiotie la plus vile. Pire : l'Europe mal assurée, se laissant vertement accusée par toutes sortes d'imprécateurs mal lunés, ne sachant plus trop comment se défendre, ... finit par adopter les comportements suicidaires des peuples qui font peu de cas de la personne humaine, de sa destinée spirituelle, de ses droits imprescriptibles. Ne faisant pas les choses à moitié, l'Europe se trouve alors percluse de contradictions et fait montre d'une faiblesse coupable sur tous les théâtres où les intérêts vitaux de ses habitants sont mis en péril par des combattants qui n'ont que faire de nos sécurités, de nos pusillanimités, de nos beaux discours et de nos préventions de vierges effarouchées. Ces adorateurs de la force brute n'ont qu'une idée en tête : faire main basse sur l'Europe et ses trésors. Pour eux, pour leurs conquêtes, tous les moyens sont bons et se valent.

Qu'attendent les pays d'Europe pour ne plus se laisser piétiner ? Qu'attendent-ils pour défendre leurs intérêts, pour sortir des politiques malthusiennes qui les conduisent à imiter les régimes les moins recommandables ? Sous couvert de démocratie, les pays d'Europe n'ont-ils pas en effet céder à la dictature des profits à court terme qui font peu de cas des personnes et qui se construisent sur le dos des plus vulnérables ?

Certains pays d'Europe vont même jusqu'à se croire en avance en permettant que la dite euthanasie, la soi-disant bonne mort, s'immisce partout où les coeurs desséchés, sous couvert de charité, expédient dans l'autre monde des personnes qui n'en demandaient pas tant. Que voulez-vous ? Ces êtres ne sont plus dans la course. Ils ne produisent rien. Ne consomment pas grand chose. Sont une charge ... Et c'est ainsi que le sens des mots finit par se corrompre. On parlera, pour Vincent Lambert, d'acharnement thérapeutique alors que le dispositif qui le maintient en vie n'a rien de curatif mais lui permet simplement de ne pas mourir de faim et de soif. Pour qu'il disparaisse, n'en déplaise aux sophistes, il "faut" donc le tuer en l'affamant comme cela a déjà été tenté mais sans succès. Et puis quoi encore  ? Que vont inventer ces nouveaux bienfaiteurs du genre humain ? N'en déplaise aux cuistres, Vincent fut capable de survivre à une tentative d'assassinat. "A quoi bon ?", disent certains. Ce n'est plus une vie que d'être alimenté de la sorte, condamné à rester allongé, ... Manque d'imagination ? Qui ne voit que le calvaire enduré par Vincent et ses proches apporte la contradiction à un monde qui court à sa perte ? Que Vincent, cloué sur son lit, participe de façon inouïe à la rédemption d'un monde qui, sans le témoignage de vie de cet homme, aurait tôt fait d'envoyer à la tombe tous ceux qui n'entrent plus dans les canons étroits, étriqués et meurtriers qui confondent l'être humain avec une machine dont on mesure les performances pour l'améliorer sans cesse et que l'on jette dès lors que changer une pièce n'est pas rentable ou dès lors qu'un modèle dernier cri la rend obsolète.

Et que dire d'un Gouvernement français qui se pourvoit en cassation, recours très rare de la part d'une telle "autorité" ?

Voir à ce sujet l'analyse remarquable de Bertrand Vergely.

A ce stade de l'analyse, il n'est pas interdit de penser et d'écrire que le ministre de la santé, Agnès Buzyn, risque de chuter lourdement pour avoir négligé l'avis du comité onusien et pour avoir tenté de le contourner. Il est possible même que l'ensemble du gouvernement soit emporté par une vague sans précédent, une lame de fond, venue des profondeurs d'une situation où le plus faible finit par renverser ceux qui se croyaient en position de force.

Le martyre de Vincent vient redire à qui veut bien l'entendre et même aux sourds que le fantasme d'une humanité améliorée n'est qu'un leurre : l'être humain a été conçu, dès l'origine, comme une entité douée de perfections suffisantes pour chaque époque. Capable de s'adapter et de se transformer, l'être humain n'a pas à viser un surcroît de perfection généralisée. Nous savons depuis le XXème siècle à quelles abominations conduit le rêve d'une humanité pure, exempte de défauts : il engendre l'élimination des personnes qui ne répondent pas à certains critères. La perfection de l'être humain réside au contraire en ceci : même blessé, mutilé, privé de plusieurs facultés, il demeure objet et sujet d'un amour qui dépasse tous les manques éventuels et qui ne s'attache qu'à la part d'humanité qui subsiste en lui, aussi infime soit-elle.

Folle Europe qui ne sait plus à quel saint se vouer, qui a perdu le sens de l'honneur et de la dignité et qui modèle son comportement sur les plus folles avancées d'apprentis sorciers, ces démiurges qui s'arrogent le pouvoir de vie et de mort pour décider du sort des sans voix : les personnes dites incurables et les innombrables jeunes pousses des générations montantes envoyées à l'échafaud pour s'être annoncées en des temps peu favorables à leur naissance. Et l'on est atterré de voir toutes ces revendications pour un monde plus écologique qui ne prennent plus la peine de défendre l'espèce humaine puisqu'elles la considèrent comme la plus nuisible !

Si la France ou tout autre pays courageux ne montre pas le chemin d'une autre Europe que celle qui est en train de se suicider, nous n'aurons bientôt plus à nous demander s'il faut rester dans l'Union Européenne ou pas : elle sera devenue un vague souvenir. Ne subsistera qu'une mosaïque de territoires traversée par des séries de crises sans remèdes. Dans l'impossibilité de résoudre des problèmes de plus en plus complexes, se trouvera toujours des personnes pour accuser tel ou tel groupe des malheurs du moment et pour inventer des dispositions calamiteuses qui ne feront qu'aggraver les tensions.

(A suivre ...)

(A venir : Europe des arts, Europe des arts de la table, Europe des arts martiaux, Europe des arts décoratifs, Europe des arts picturaux, Europe des arts musicaux, Europe des écrivains, Europe des peintres, Europe de savants, Europe des lettres, Europe des cathédrales, Europe des abbayes, Europe des sanctuaires, Europe des apparitions, Europe religieuse, Europe monacale, Europe médicale et médiévale, .... Figure du moine bâtisseur, du moine thérapeute, du moine prédicateur, du moine artisan, du moine inventeur, du moine lettré, du moine enseignant, du moine soldat, du moine législateur ... moine promoteur, inventeur, acteur de la mise en place des pouvoirs régaliens de tout Etat.)

[Lettre ouverte aux moines et moniales de France, d'Europe et d'ailleurs en projet]