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lundi 6 janvier 2020

France2022 : Atouts de la France & intérêts francophones (2ème édition)



En la solennité du Christ Roi, 25 novembre 2018
Nouvelle publication en la fête de l'Epiphanie 2020


 « Tenez-vous sur vos gardes,
de crainte que votre cœur ne s’alourdisse
dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie,
et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste
    comme un filet ;
il s’abattra, en effet,
sur tous les habitants de la terre entière.
    Restez éveillés et priez en tout temps :
ainsi vous aurez la force
d’échapper à tout ce qui doit arriver,
et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »


St Luc 21, 34-36


Ajout du 6 janvier 2020 : combien de temps le Japon va-t-il encore se couvrir de ridicule ? Voilà un pays qui dispose d'innombrables atouts et qui les gâche par des comportements imbéciles. En enfermant puis en assignant Carlos Ghosn à résidence, le Japon s'en est pris à l'un des atouts maître de la France. Il s'indigne aujourd'hui de son évasion. Ne savait-il pas qu'un génie peut rivaliser d'intelligence avec le système de contraintes le plus sophistiqué ? En contourner les dispositions les plus élaborées ? Au lieu de se ridiculiser, le Japon ferait bien de faire le ménage sur son territoire dans tous les recoins où grenouillent des forces obscures au service d'une conception erronée de l'être humain : la personne vue comme simple rouage d'une mécanique qui ne souffrirait d'aucune imperfection. Conception étriquée, étouffante, sclérosante qu'un homme habile était venu secouer de toute son audace et qu'il continue, par elle, à bousculer avec juste raison. Un homme peut avoir des torts, même immenses, sans qu'il soit possible de justifier de le traiter de façon indigne, dégradante, déshumanisante. Et ce qui vaut pour Carlos Ghosn vaut pour n'importe lequel d'entre nous : la culpabilité, même la plus avérée, n'autorise pas à lapider le fautif en place publique, à tenter de l'affaiblir au point de lui faire avouer des fautes qu'il n'aurait pas commises ou encore à ouvrir à son encontre un procès d'avance inéquitable comme l'a rappelé l'un de ses avocats français ici. ("Il n'y avait pas de possibilités d'un procès équitable au Japon" François Zimeray).

L'incise ci-avant ne dédouane pas Carlos Ghosn d'éventuelles mauvaises actions et ne cherche pas à justifier sa propension à s'enrichir de plus en plus.

Comme annoncé dans une tribune antérieure du projet France 2022, deux événements de l'automne 2018 incitent à se pencher sur les atouts de la France et sur ses intérêts : la parution de "Qu'est-ce qu'un chef ?" de Pierre de Villiers et l'arrestation de Carlos Ghosn au Japon.

Alors que l'Etat français peine à obtenir la preuve des charges avancées par Nissan contre Carlos Ghosn et la libération de l'un de ses plus brillants sujets, nous allons explorer le très vaste domaine des intérêts français et les menaces qui pèsent sur lui dans un monde où, faute de courage, d'attention et de stratégie, l'Europe et la France se laissent déposséder de leurs trésors.

Des menaces sont évidentes, d'autres demeurent cachées mais nombre de nos compatriotes sentent que nous sommes au bord d'un précipice. Pour parer à la catastrophe, rien de tel que de développer un projet d'avenir qui s'appuie largement sur les forces d'un pays et d'un continent, forces qui attendent que se lève un vrai chef pour les rassembler et partir au combat, animé non par une volonté belliqueuse, destructrice ou vengeresse mais par un esprit de noble conquête, de paix et de joie.

En la personne de Carlos Ghosn, un chef exceptionnel a été fauché en pleine ascension ou au faîte de sa gloire. L'avenir le dira. Si des autorités peu amènes n'anéantissent pas son génie du management par des pratiques d'un autre âge, nous pouvons assister à une résurrection qui clouera le bec des suffisants, de tous ceux qui, jalousant une réussite hors norme, ne songent qu'à relever les imperfections d'un homme et ses travers.

La concomitance de l'arrestation de Carlos Ghosn et de la parution du dernier opus de Pierre de Villiers est tout à fait singulière et paraît augurer d'une ère nouvelle, d'une prise de conscience salutaire : dans un monde livré à la prédation, quel chef nous protégera des coups assénés aux plus vulnérables comme aux plus en vue ? Dans une Europe qui a renoncé à défendre le fruit des entrailles d'innombrables femmes, trouvera-t-on encore des personnes qui soient à l'abri d'une condamnation abrupte, d'un déshonneur, d'une infortune, d'une calomnie, d'un meurtre ou qui trouvent en chemin un avocat assez puissant pour les tirer du filet de l'oiseleur ? 

L'arrestation de Carlos Ghosn aura des conséquences majeures sur le cours des événements à venir. Elle suscite de nombreuses interrogations sur une palette très large qui va du champ géopolitique au questions éthiques ; des politiques industrielles aux conséquences d'une mondialisation en grande partie déloyale ; des questions de rémunération aux réflexion en cours sur l'écologie intégrale ; des conflits d'intérêts aux synergies entrepreunariales ;  de la gouvernance des entreprises aux conditions de travail de tout un chacun ; du for externe au for interne ...

Il est hors de question de traiter ici l'ensemble des problèmes révélés ou amplifiés par un fait d'une telle ampleur mais nous allons insister sur quelques points qui sont abordés ça et là dans les différentes tribunes du projet France 2022 et produire ainsi une synthèse qui réponde davantage aux défis de notre époque.

Plus que jamais, l'homme contemporain apparaît dans toute sa nudité. Qu'il soit puissant ou considéré comme quantité négligeable, nul ne peut dire qu'il sera épargné par le rouleau compresseur d'une époque qui paraît tenir l'humanité pour l'ennemi à faire disparaître d'une planète qui se mourrait de la présence d'une espèce nuisible ... Tous les moyens semblent désormais utilisables et recommandables pour éliminer la moindre personne jugée, en toute hâte, indésirable, gênante ou de trop, selon des critères qui n'accordent de la valeur qu'à des canons extrêmement étroits, volatils et changeants et qui se résument à un court terme sans aucune ambition pour l'avenir et sans la moindre considération pour un passé, aussi glorieux soit-il. Il faudrait même salir toute mémoire un tant soit peu heureuse d'une époque ancienne qui n'aurait plus rien à nous dire de notre condition, de nos forces, de nos capacités à surmonter les problèmes. Ce parti pris d'une élimination massive qui se traduit, entre autres, par des politiques aberrantes en matière de natalité et par un génocide sans précédent des générations montantes ne se cache même plus. Il est devenu le nec plus ultra d'une pensée débile qui ne raisonne plus qu'en termes de pénuries, de menaces, de risques, d'insécurité, de peurs ...

En s'en prenant à Carlos Ghosn, on a cherché à atteindre ceux qui, au contraire de cette pensée débile, ne s'effraient jamais d'un challenge à relever, d'une situation périlleuse à affronter, d'un imbroglio à démêler ; ceux qui assoient leur confiance, non pas seulement sur leurs propres forces mais sur une mobilisation intelligente et générale des forces vives en présence, tout en plaçant leur espoir de reconnaissance non sur des courtisans, des mondains ou des engourdis mais sur des gens simples qui savent d'instinct où se trouve le génie et où parade l'imbécillité.

Tandis qu'un chef d'envergure est mis au banc des accusés, de petits chefs n'ont pas manqué et ne manqueront pas de se mettre en avant en l'accablant de quelques maux plus ou moins fondés et d'une ribambelle de maux imaginaires. Quand il s'agit d'abattre un homme en vue ou une jeune pousse encore dans le sein maternel, rien n'arrête les sophistes : tout est prétexte à faire admettre un geste qu'aucun argument ne saurait pourtant justifier.

Plus que jamais, sans doute, convient-il aujourd'hui de mener une réflexion de fond sur ce qui cloche et ne pas chercher en toute hâte quelque coupable facile : les dérèglements d'une région du monde, d'un Etat ou d'un corps intermédiaire ne sont pas imputables à un seul homme ou même à un groupe de personnes. Ils sont les fruits pourris d'arbres malsains dont nous n'apercevons que l'écorce : la principale source des maux visibles n'est pas évidente à première vue. Pour l'entrevoir et en saisir quelque-chose, nous ne pouvons nous affranchir d'un regard spirituel, capable de déchiffrer au-delà des apparences.

Quel chef sera en mesure, bientôt, d'ouvrir nos yeux ? Qui nous apprendra, enfin, à traverser l'écume des jours pour discerner ce qu'il convient de faire à cette heure ? Nous pourrions perdre un temps précieux à chercher ce chef car nous sommes tentés de croire qu'il se trouve parmi la foule des prétendants au trône suprême or nul candidat aux plus hautes responsabilités n'a jamais eu pour seul souci de se comporter en serviteur. Chacun vise, au contraire, à augmenter ses pouvoirs, ses privilèges et ses positions d'influence.

Ce qui vient de se passer au Japon sonne le glas, pourtant, d'une manière trop naturelle de faire où le surnaturel n'a pas la place qui lui revient. Du moins, en apparence, car ce que nos pauvres petites combines tentent d'exclure du champ de nos occupations ordinaires ne manque pas, un jour ou l'autre, de se glisser là où ne l'attendions pas. Dans l'arrestation d'un homme que nous n'aurions pas imaginée (même si d'aucuns titrent à la louche que cela était "inévitable") est venu s'inviter tout un monde invisible que nous ne percevons plus dès lors que nous oublions de nous arrêter pour apprendre à contempler des réalités qui échappent à nos regards empressés.

Il faudra bien que nous consentions cependant à voir autrement et à percevoir ce qu'un tel événement est en train de préparer.

A Tokyo, un homme déchu se prépare à déployer ses talents au-delà de nouvelles limites et si rien n'arrête sa course, il saura faire la preuve qu'un génie des affaires et de la direction des hommes ne se laisse jamais décourager en chemin. A Paris, un jeune homme qu'un heureux concours de circonstances avait propulsé à la tête d'un Etat en ruine tentera d'échapper à la montée d'une furie qui n'épargne plus personne : elle ne songe qu'à tuer, éliminer, dégager, détruire, casser, épouvanter, meurtrir, salir et faire mal. Si les chefs les plus en vue ne sont plus à l'abri, qui échappera à cette violence ?

Parmi les atouts innombrables de la France, notons au passage que la France peut se réjouir d'être le foyer d'une presse écrite de très grande qualité et qu'aucune force obscure ou déclarée n'est en mesure d'empêcher d'analyser, de comprendre, de parler et d'informer. Riche d'une diversité surprenante d'opinions que la Toile et les contributeurs non professionnels amplifient, cette presse-là donne à penser, à réfléchir et elle incite à se mettre en mouvement alors que la terreur ambiante tend à paralyser l'homme contemporain, à le tétaniser, à l'écarter de la marche du monde comme si l'inéluctable devait nécessairement advenir sans qu'il soit possible de changer le cours des choses. A tous les hommes et à toutes les femmes qui animent, avec coeur et d'une manière honnête, un espace médiatique donnant à une société, au bord de l'asphyxie, de respirer encore, le projet France 2022 prévoit d'adresser une lettre ouverte afin qu'ils gardent foi dans un métier de plus en plus indispensable à notre survie morale et intellectuelle. Sans une presse de haut vol, l'esprit d'une société s'étiole et se meurt dans un silence assourdissant ou dans un vacarme insupportable. 

Beaucoup reste à faire puisque nous voici à l'aube de changements radicaux. Des changements capables de faire mentir tous ceux qui ne raisonnent qu'en terme d'entropie et qui ne voient qu'un avenir sombre se profiler à l'horizon. Des cataclysmes se produiront. Ils sont annoncés depuis le début de l'ère chrétienne. S'y préparer à toute heure du jour nous rend profondément libres : nous savons que tous nos plans humains, strictement naturels, peuvent être bouleversés à tout instant. Rien ne sert donc d'entrer dans une programmation serrée qui ne laisse plus aucune place à l'imprévu. Depuis plus de quarante ans, le pouvoir central en France est pourtant entré, pieds et poings liés, dans ce travers des sociétés "modernes" : des emplois du temps surchargés, des programmes alambiqués, du mauvais gras à profusion ... 

Dès que je me retrouve dans un lieu où la sobriété, le silence, la lenteur sont à l'honneur, je découvre le néant de toutes les situations où dominent le bruit, les fausses abondances et cette vitesse présentée comme un idéal à poursuivre sans relâche : il faudrait tout régler à la minute sans prendre le temps de réfléchir longuement, sans peser le pour et le contre, sans même s'informer de l'historique d'un problème à résoudre. Il faudrait oublier l'essentiel pour ne s'intéresser qu'à l'accessoire. 

Oublier les atouts de la France pour ne voir que la honte déferler sur Paris ? Pour ne voir que l'écume d'une casse absurde ? Ce serait leur faire trop d'honneur !

En ces jours troublés (novembre et décembre 2018 et rebelote en 2019 ...), plus que d'ordinaire, il convient,  au contraire, de se souvenir des plus beaux moments d'une histoire qui prouve les ressources d'un pays et la vaillance de ses habitants, aux antipodes de quelques barbares sans foi ni loi. Pendant que des abrutis saccagent notre patrimoine, l'outil de travail de commerçants, des biens publics ou privés, des millions de personnes accomplissent leurs devoirs ordinaires et ne s'en laissent pas détourner par des faux prophètes de malheur.

Ces habitants d'un pays hors normes qui n'a guère besoin d'un président "normal" ! disposent d'une langue vernaculaire exceptionnelle : dénuée d'obligations strictes en matière d'accent tonique, la langue française est capable de véhiculer une gamme très large d'émotions, de ressentis, de concepts, ... avec une précision redoutable et, en même temps, avec une grande latitude d'interprétation, non pas au service d'une quelconque ambiguïté  ou d'une ironie de mauvais goût mais en faveur d'une vérité aussi large que possible. D'où le rayonnement culturel de la France qui peut puiser son inspiration non seulement dans la variété des terroirs de notre pays mais qui sait aussi se nourrir de toutes les cultures sans jamais perdre sa colonne vertébrale faite de clarté, de luminosité et d'une solidité à toute épreuve. La France dispose là d'un atout majeur dans un monde multipolaire : elle a su et saura toujours être réceptive à toutes les influences tout en conservant son âme. Elle est animée d'une vibration si puissante que rien ne saurait la dénaturer ou la faire dévier de son cours : la France avance en gardant son cap et en demeurant capable de profiter du moindre zéphir pour conserver voire accroître son élan. Ce ne sont pas des politiques imbéciles menées depuis plus de quarante ans qui changeront d'un iota cette force baptismale d'un pays que nul chaos n'est en mesure d'atteindre en profondeur : ses habitants ont les pieds sur terre, le nez au vent et connaissent l'art admirable de la navigation en eaux tranquilles comme en eaux tumultueuses.

En tous les domaines, il se trouve une nation pour exceller autant que la France sinon davantage mais notre pays a su multiplier ses compétences de telle sorte qu'il existe bien peu sinon aucun pays capable de rivaliser sur tous les fronts où se déploient les trésors de savoir faire français. Cette diversité de talents est palpable à tous les niveaux : artistique, culturel, industriel, agricole, scientifique, militaire, politique, spirituel. En considérant cette palette, nous sommes bien loin d'un pessimisme et d'une morosité de mauvais aloi d'autant que dans chacun des domaines précités, le génie propre de la France ne s'est pas contenté d'être lui-même, il a su s'imprégner d'innombrables influences. Celui qui voudrait connaître l'étendue des réalisations humaines sans passer à côté des plus remarquables n'aurait qu'à sillonner la France pour partir à la découverte de l'une ou l'autre facette de cette étendue.

Se réjouir des réussites françaises n'est pas s'endormir sur ses lauriers, se croire à l'abri de tout revers de fortune, s'imaginer être supérieur ; c'est juste ne pas envisager l'avenir sous des auspices incomplètes en faisant la part trop belle aux ratés du moment présent. C'est aussi se rendre capable de hiérarchiser les problèmes et les solutions puis d'ordonner leur résolution et la mise en oeuvre de remèdes vraiment efficaces.

Dans le monde contemporain, l'humanité souffre de maux très anciens et d'autres plus récents. Les plus anciens sont inabordables sans une saine et solide anthropologie. Les plus récents appellent une analyse très fine pour distinguer ce qui tient à l'environnement de la France de ce qui vient d'une mauvaise organisation de notre pays. L'on découvre alors que les racines chrétiennes de la France (ou les fondations ou les influences ... pour ceux qui n'apprécient guère le terme de "racines") lui donne de multiples avantages qui permettent d'expliquer comment un si petit pays à l'échelle de la planète est en mesure de rayonner avec autant d'éclat ou de pauvreté. Pour l'historien qui ne rejette pas le christianisme et/ou qui ne l'accuse pas de tous les torts, il est évident que la France a été façonnée par un catholicisme viscéral qui a besoin, de nos jours, d'un aggiornamento dans le sillage de Vatican II lui permettant d'assimiler avec plus d'ardeur et de fécondité tout ce que les autres traditions chrétiennes et toutes les religions de la terre ont reçu des semences du Verbe. Aggiornamento qui ne doit pas, cependant, la conduire à négliger la solidité du catholicisme romain, seul capable tout au long de l'histoire de résister aux pires dérives comme aux accommodements douteux. Nous y reviendrons.

Tandis que des procureurs en mal de justice exemplaire tentent de condamner Carlos Ghosn, que pouvons-nous faire pour résister à cet acharnement sans nécessairement tout excuser ? Sans doute, prier en tout premier lieu. Avec confiance et détermination. Non pour céder à quelque tentation irrationnelle puisque s'imaginer que toute vérité est démontrable relève de la plus pure ... irrationnalité ! Juste afin de soutenir un homme qui combat pour son honneur et pour se défendre d'accusations qui s'apparentent à une sorte de revanche d'un orgueil très mal placé. Afin d'y voir plus clair aussi et afin d'être en mesure de faire la part des choses.

Pour découvrir enfin que les économistes vraiment honnêtes et compétents vont avoir du pain sur la planche. Il leur faudra résoudre un problème nouveau et de plus en plus envahissant au fur et à mesure que les ressources disponibles paraissent manquer ou manquent effectivement. Comment rémunérer les profils managériaux les plus extraordinaires sans léser ceux qui contribuent à l'accroissement des richesses et qui occupent des postes sans renommée ou même ingrats ? Comment éviter le chômage rampant, galopant, chronique ... sans pour autant placer des travailleurs vite considérés comme interchangeables dans des situations insupportables de précarité, de mépris et d'exploitation ?

Des éléments de réponse figurent dans la tribune du projet France 2022 : "Création d'une monnaie de service et d'abondance" qui valent non seulement pour la France mais pour tout pays qui aura pris conscience que le temps de l'homme au travail ne peut plus être rémunéré par toute monnaie censée gérer la diminution des ressources disponibles à la surface du globe ; que ce soit le dollar et le manque de fair play des Etats-Unis (pour ne pas dire plus) ou que ce soit par l'Euro sous la férule d'acier d'une Allemagne championne du bien être matériel selon une morale rigoureuse mais oublieuse des données immatérielles et surnaturelles.

Pour aller plus loin, tout lecteur intéressé prendra connaissance des analyses percutantes et lumineuses de l'un de nos plus brillants économistes, Gaël Giraudici interviewé sur Thinkerview et là, interviewé par Aude Ancelin sur Quatier libre.

La France, pour peu qu'elle puise vaillamment dans les trésors dont elle est dépositaire, sera capable d'offrir au monde une solution monétaire qui prenne enfin à coeur la question du travail humain tout en cherchant à résoudre les questions écologiques les plus urgentes et sans bafouer la dignité des travailleurs, sans appauvrir des millions de personnes qui n'ont plus les moyens de boucler leur fin de mois faute d'un traitement approprié des problèmes de l'heure.

Dans un pays comme le Japon qui a eu l'intelligence de conserver une unité monétaire de faible valeur, les sommes que l'on reproche à Carlos Ghosn d'avoir dissimulé s'expriment en milliards de yens. Nul doute que de tels montants paraissent là-bas exorbitants : leur valeur simplement numérique, sans tenir compte des unités en jeu, ne peut que sonner étrangement aux oreilles du commun des mortels : les milliards c'est "bon" pour dire les dettes des états ou parler de la fortune des nantis mais pas pour rémunérer une personne censée vivre de son travail ! Aux révélations qui se veulent fracassantes s'ajoute ainsi une connotation aggravante que nous pouvons avoir du mal à percevoir ici, habitués que nous sommes à entendre valser les millions d'euros dans toutes sortes de situation devenues monnaie courante : transfert de joueurs de football ; gains de jeu des grands sportifs ; dépenses somptuaires des édiles au train de vie dispendieux ; projets d'envergure mais foireux ; ...  

Quoiqu'il en soit des montants reprochés, apparaît en filigrane une drôle de bataille contre ... les intérêts français ... qui n'avaient pas besoin de cela pour être en mauvaise passe dans une jungle mondiale où les Européens se révèlent bien naïfs : tandis qu'ils tentent d'être vertueux à différents points de vue, d'autres acteurs économiques ne se privent guère des moyens les moins recommandables pour s'imposer sur des marchés où ils ont pour seul principe de décision et d'action : "à moi la part du lion, aux autres les reliefs".

Tant que nous n'aurons pas nettement distinguer la rémunération de ce qui est rare et la rémunération de ce qui est abondant par deux monnaies différentes, se multiplieront les faits d'arme douteux de quelques personnages cherchant à s'enrichir au gré de quelque pénurie réelle ou déclenchée dans un contexte où les occasions de manque vont elles-mêmes se généraliser et devenir préoccupantes : il est tentant, pour certains, de profiter d'une aubaine qui a le double avantage d'être de niveau mondial et de concerner beaucoup de personnes.

L'instauration d'une "couronne française", d'une "couronne allemande", d'une "couronne italienne", d'une "couronne anglaise", d'une "couronne espagnole", d'une "couronne polonaise", d'une "couronne hongroise", ..., monnaies nationales de service et d'abondance comme proposé dans la tribune "Création d'une monnaie de service et d'abondance" évitera en partie la prolifération des situations dans lesquelles un petit nombre abuse de ses positions dominantes pour accaparer la majeure partie des richesses produites et laisser le plus grand nombre s'appauvrir de jour en jour. Il est temps en effet que le travail humain soit rémunéré, non pas en fonction de stocks de ressources qui ne cessent de baisser, mais en fonction d'un temps humain de plus en plus disponible sans quoi nous irions droit dans le mur. 

Cette "révolution" monétaire est d'autant plus urgente et nécessaire qu'il est probable que nous soyons amenés à consacrer plus de temps à des travaux aujourd'hui soutenus par des dépenses énergétiques qui ne seront plus possibles dans l'avenir : le temps de l'homme deviendra encore plus précieux pour inventer de nouvelles façons de produire, de construire, de se loger, de se déplacer ... 

L'arrestation de Carlos Ghosn sonne l'heure d'une réflexion de grande ampleur : comment rémunérer les profils rares et les patrons de groupes internationaux sans priver le plus grand nombre de biens auxquels leur travail ne leur donne plus accès faute d'une organisation juste de sociétés au bord de l'implosion ? Sûrement pas en leur octroyant des sommes mirobolantes dans une monnaie censée gérer la pénurie comme l'euro (ou le yen). Un moindre mal consisterait à rémunérer ces managers en couronne nationale, monnaie de service et d'abondance ne donnant pas accès, ipso facto, aux ressources en voie de raréfaction à la surface du globe.

D'une façon plus générale, une rémunération en euro devrait tenir compte, avant toutes choses, des performances d'une nation membre de la zone euro : plus le solde de sa balance des paiements est positif ET plus sa dette publique extérieure est faible ET plus l'encours des dettes privées est faible, plus cette rémunération en euro peut être élevée. A l'inverse, plus le solde des paiements est déficitaire ou plus une nation est endettée, plus cette rémunération devrait être faible. De plus, les écarts en euro, entre les rémunérations les plus élevées et les plus basses devront être resserrés à l'avenir : chacun, qu'il soit "haut gradé" ou tout en bas d'une échelle de salaires, dans un pays riche ou dans un pays pauvre a droit à une part sensiblement égale de biens non renouvelables. La spécificité des fonctions qu'il exerce et du travail qu'il accomplit, en revanche, peut avoir une incidence forte (mais juste) sur sa rémunération en couronne nationale : un métier rare, de très haute technicité, dangereux, à composantes non automatisables ... est susceptible de générer un salaire plus élevé dans une monnaie indépendante du stock des ressources matérielles disponibles et destinée à financer de manière optimale le temps humain convertible en travail.

Si nous ne parvenions pas à bien séparer, par le jeu équilibré de deux monnaies radicalement différentes, la question du temps humain et celle de l'écologie matérielle (baisse des ressources non renouvelables, pollutions diverses, effondrement des ressources pourtant renouvelables - par exemple halieutiques -, menaces sur la biodiversité, ...), nous n'arriverions pas à résoudre la question de l'écologie intégrale : celle qui ne raisonne pas seulement sur l'environnement des peuplements humains mais qui sait aussi veiller à leur santé sur les plans physique, psychique et mental en garantissant, notamment, des conditions de travail plus que décentes, des conditions qui donnent à chacun de pouvoir vivre dignement d'une activité professionnelle. Aujourd'hui, cette dignité est très fortement perturbée par la gestion d'une monnaie unique en zone euro dont l'objet n'est pas d'offrir de telles garanties à ceux qui travaillent mais seulement d'assurer à ses membres étatiques une situation monétaire suffisamment stable et solide afin que chacun puisse faire valoir ses intérêts dans la grande foire prédatrice qui agite toutes les nations du monde. Le malheur est qu'un tel système monétaire renforce la prédation et facilite grandement les importations de produits à moindre coût humain APPARENT c'est-à-dire en déplaçant les centres de production là où les personnes sont le plus mal traitées. Soit finalement, en générant au contraire, une dépense humaine démesurée alors qu'une organisation bien pensée est censée diminuer cette dépense et l'orienter vers des activités hautement qualifiées.

Une conséquence majeure de l'instauration d'une double monnaie, l'une comme l'euro pour les secteurs menacés de pénurie, l'autre telle une couronne nationale pour le temps humain, serait de permettre un pilotage beaucoup plus fin et performant des rémunérations selon les besoins les plus fondamentaux des sociétés contemporaines. Pilotage d'autant plus aisé que toute couronne nationale ne serait pas émise en espèces mais seulement en écritures pouvant être tracées puisqu'un gouvernement monétaire  (distribué sur trois étages : gouvernement municipal, provincial et national au sens du projet France 2022) digne de ce nom devrait être capable de suivre les flux de monnaie et de savoir quels secteurs sont bien "irrigués" et quels secteurs le sont moins. Ce point mérite un long développement et fera l'objet d'une tribune séparée.

Carlos Ghosn en prison tandis que plusieurs personnages politiques  français continuent à parader alors qu'ils devraient être depuis longtemps sous les verrous dans une république ... digne de ce nom ! Ceux-là mêmes qui ont contribué par leur inertie ou de manière active à la ruine des finances françaises, massacrant au passage quelques atouts indéniables de notre chère patrie, vendant parfois ou laissant prendre par des intérêts étrangers et/ou privés nos bijoux de famille les plus précieux ! 

Un homme, censément imparfait, a contribué à développer l'industrie automobile française  tout en l'ouvrant à des influences bénéfiques pour maintenir son statut de fleuron. Un homme a redressé une entreprise japonaise au bord de la faillite tandis que d'autres, incapables de voir la détresse d'innombrables personnes soumises au joug d'une Europe mal gouvernée et tributaires de politiques nationales imbéciles, ne manoeuvraient que pour eux-mêmes et poursuivaient, sans scrupules, l'appauvrissement d'une France prête à imploser.

Deux poids, deux mesures donc, dans un monde où ladite "justice" humaine se montre bien incapable d'équité ou de jugement éclairé : elle poursuit le faible et le vulnérable pour des broutilles tandis qu'elle laisse courir le malfrat, sévir des politiques foncièrement malhonnêtes, détruire des casseurs "professionnels", se remplir les fouilles des proxénètes, des passeurs de drogue ou des organisations criminelles. Organisations si puissantes qu'elles ne manquent pas de tenir entre leurs mains quelques politiques véreux et même vénéneux : ceux-là mêmes qui ne veulent pas voir que des peuples éreintés en ont ras-le-bol d'être pris pour des vaches à lait, tout juste bonnes à engraisser des incapables ou des mafieux au pouvoir.

Le projet France 2022 ne prévoit pas d'abord une grande lessive des pratiques douteuses en politique et ailleurs : ces pratiques trouveront toujours quelque moyen de contournement pour prospérer sur le dos de leurs victimes. Le projet France 2022 vise avant tout une bien meilleure organisation politique de notre pays, de l'Europe et de toute contrée soucieuse d'une plus grande justice : celle qui assure à chacun une liberté ne mettant pas en péril le bien commun et qui se déploie sans léser les plus vulnérables. Une organisation politique telle aussi que toute pratique douteuse, foncièrement désordonnée et malveillante, soit finalement contenue par une prospérité, une paix, un équilibre ... qui en limitent considérablement la portée et les nuisances.

Contrairement aux projets dits "libéraux", néo ou ultra, qui prétendent que notre fonction publique à la française est trop coûteuse, qu'elle serait un frein à notre développement économique, un boulet pour tous, ... le projet France 2022 la considère comme un atout à développer, à parfaire et à protéger contre les visées pseudo-humanitaires de penseurs de la dérégulation à outrance qui s'imaginent que la maximisation des intérêts individuels conduirait ipso facto à un accroissement du bien commun. Raisonnement à courte vue qui s'affranchit à la légère d'une constante : le poids et la gravité des égoïsmes particuliers qui ne tendent qu'à la satisfaction d'un bien étroit, frileux et sans la moindre envergure.

Privatiser ce qui est aujourd'hui assuré par une fonction publique protéiforme est tout simplement devenu suicidaire dans un monde où d'innombrables biais faussent l'idéal d'une concurrence loyale et profitable au plus grand nombre. Privatiser revient, au bout du compte, à substituer aux ordres d'un pouvoir politique, certes non exempt de reproches, les diktats de forces étrangères aux intérêts du peuple français et, plus fondamentalement, aux droits élémentaires des personnes : le droit de vivre d'un travail digne ; le droit de choisir qui les gouvernent ; le droit de critiquer ; de s'exprimer ...

Il ne s'agit donc pas de tendre vers "moins d'Etat" mais vers un gouvernement qui ne livre pas les forces vives du pays au joug de puissances qui n'ont que faire des revendications individuelles, qui méprisent le faible, qui anéantissent les plus vulnérables, qui pillent les ressources de la planète, qui s'emparent en un éclair des trésors édifiés par le labeur de dizaines de générations, qui n'ont, enfin, qu'une connaissance si limitée des Evangiles qu'elles ne peuvent même pas comprendre que leur comportement finira par les auto-détruire ...

Il s'agit, pour le projet France 2022, de trouver comment transformer une fonction publique, laminée par la pression d'un monde en déroute, en une force salvifique et salutaire pour l'ensemble de la nation française. Une force qui permette à chacun de déployer le meilleur de lui-même et à chaque corps intermédiaire de pleinement jouer son rôle. Une tribune et une lettre ouverte développent ce thème.

L'un des leviers les plus puissants de cette transformation de notre fonction publique en véritable atout consistera à ne plus faire dépendre son financement d'impôts et de taxes qui plombent notre secteur marchand et qui l'empêchent d'être concurrentiel dans la jungle commerciale instaurée par la domination des valeurs d'échange sur les valeurs d'usage. Une autre tribune du projet France 2022 expose ce point révolutionnaire : sortir notre fonction publique du modèle productiviste, modèle qui tend à uniformiser ce qui devrait être, au contraire, diversifier, ciseler, broder ... de main d'hommes et de femmes, libres de penser et d'agir, non dans le but de produire toujours plus et mal mais de produire plus intelligemment et beaucoup mieux. En un mot : sans détruire le vivant mais en collaborant humblement avec ses ressorts les plus secrets et les plus subtils. En bref : en passant d'économies entropiques à des économies néguentropiques.

Les pensées libérales, néo-libérales ou ultra-libérales oublient les données brutes d'une géopolitique sans concessions : les nations européennes sont aux prises avec leurs propres démons et affrontent, en même temps, ceux qui agitent les autres nations, aux mains parfois, d'Etats voyous. Le combat qu'elles livrent dépassent largement leurs pauvres forces naturelles et si elles semblent aujourd'hui céder beaucoup de terrain, c'est parce qu'elles ont, en partie, abandonné le socle évangélique qui permet de tenir dans les épreuves les plus redoutables : les nations européennes se battent en ce moment à armes inégales et même complètement désarmées contre des puissances qui adorent un seul dieu : Mammon et qui ont pour idoles tous ces supplétifs : réussite sociale tapageuse ; exploits malhonnêtes ; trafics en tout genre ; homicides ; crimes silencieux ; esclavages honteux ; ... Les nations européennes, elles-mêmes, ne sont pas indemnes de toutes ces tentations idolâtres et prêtent ainsi le flanc aux groupes qui s'érigent en justiciers décadents d'un monde en perdition.

On aurait tort, pourtant, de chercher ici ou là des coupables visibles, identifiables à coup sûr et qu'il serait facile d'éliminer selon cette logique imbécile et à courte vue qui prévaut, trop souvent, dans des sociétés dites "avancées" mais qui, en réalité, replongent, sans même s'en rendre compte, dans les pires égarements des barbaries les plus anciennes. Non, le combat à mener n'est pas contre des hommes en chair et en os que l'on pourrait désigner à la vindicte populaire, tous pécheurs par nature corrompue et blessée, mais le combat est d'ordre spirituel et il concerne au premier chef chacun d'entre nous : tant que je n'aurai pas fait le ménage dans mes superstitions, mes idolâtries et mes étroitesses d'esprit, je chercherai en vain quelques coupables à faire tomber tandis que je marcherai en claudiquant, prêt à m'effondrer au premier obstacle sérieux rencontré en chemin.

Tant que je resterai prisonnier des carcans d'une pensée stéréotypée, sectaire, rigide, simplificatrice à outrance, ... je prétendrai toujours pouvoir réformer ce qui me dépasse, devenir un chef admiré, meneur d'une épopée glorieuse ... alors que je demeurerai incapable, au quotidien, d'avancer d'un pouce sur la voie d'un progrès personnel, modeste et pourtant essentiel. Sans la mise en oeuvre de gestes politiques à la portée de chacun d'entre nous, que puis-je espérer transformer ?

Tous ces gestes individuels ou même collectifs peuvent-ils néanmoins suffire à redonner aux atouts de la France le lustre d'antan et, même davantage, des couleurs qui illuminent notre temps d'un jour nouveau ? Quel chef d'Etat se lèvera pour rassembler les efforts épars d'un peuple angoissé et pour remplacer Jupiter, ce petit dieu dont les limites sont apparues bien vite sur le champs de ruine d'une France démolie depuis plus de quarante ans par des politiques nationales incohérentes et par les transformations d'un environnement international qui ne laissent aucune nation indemne ?

Ceux qui se disent "démocrates" redoutent comme la peste un coup d'état militaire, craignant pour leurs pauvres fantômes de liberté ! S'il est vrai qu'un gouvernement par trop militaire ne laisse guère de place à une grande diversité d'humeurs et d'opinions, sans doute aurions-nous besoin en France que des militaires de très bon niveau remettent de l'ordre dans une maison France qui semble avoir perdu les clefs d'une réussite multiforme : économique, sociale, sanitaire, éducative, spirituelle ... Nul doute qu'à l'avenir, des haut gradés tels que Pierre de Villiers, auront un rôle important à jouer. Le projet France 2022 prévoit d'allouer un budget conséquent aux opérations militaires que les pacifistes de tous bords ne comprennent pas. Il leur semble toujours que les fonds ainsi octroyés feront défaut à d'autres champs de bataille beaucoup plus essentiels à leurs yeux : éducation, transition écologique, santé ... C'est oublier qu'en créant une monnaie de service et d'abondance, nous résolvons ce dilemme : à l'avenir, nous n'aurons plus à choisir entre "défense" et "autres domaines régaliens". Chacun sera pourvu autant que les nécessités de l'heure et du long terme se feront sentir.

Coup de baguette magique de Merlin l'Enchanteur que cette monnaie de service et d'abondance ? Voire ! Plutôt le pendant indispensable d'un Euro fort décrié que nous serions mal avisés d'abandonner sans précaution ! 

Tout bien réfléchi, il apparaît qu'un BREXIT ou un FREXIT ne sont possibles qu'à la condition de tabler sur deux monnaies et nos amis anglais (hélas demeurés pour certains franchouillards d'irréductibles ennemis) seraient bien inspirés de montrer la voie que notre frilosité risque d'ajourner faute de cette audace qui sied à merveille à un peuple en mouvement ! Notons, au passage, que l'instauration d'une double monnaie telle que prônée par le projet France 2022, ôte tout intérêt à une rupture franche avec l'Europe et la zone euro : se priver aujourd'hui du bouclier continental que constitue l'Union européenne est proprement insensé. Dans la jungle du monde actuel, aucun pays n'est capable de résister seul au rouleau compresseur d'une mondialisation qui n'a pas encore saisi les conséquences de la finitude des ressources non renouvelables et qui fonce au grand galop vers le précipice d'une pénurie imminente.

Il faudrait ici s'adresser directement à sa Majesté, la reine Elizabeth II, pour lui suggérer, sans autre forme de protocole et donc sans prendre de gants bien inutiles en l'occurrence, de faire de la livre Sterling une couronne nationale, une monnaie de service et d'abondance, n'ayant cours que sur le sol du Royaume Uni et qui ne soit plus disponible en espèces, tout en conservant la possibilité pour des personnes étrangères au Royaume Uni de venir y dépenser, leur superflu ou leur nécessaire, en euros ou dans tout autre monnaie de réserve. Puisse également Theresa May ou Boris Johnson prendre connaissance de cette courte incise (et de tous les détails d'une mise en oeuvre esquissée) pour sortir la tête haute d'un imbroglio qu'un Brexit mal pensé a dressé sur sa route.

La création d'une couronne nationale concerne en effet toutes les nations : aucune n'est vraiment libre dès lors  qu'elle n'est pas en mesure d'émettre la quantité de monnaie utile à son économie. Encore faut-il que cette monnaie ne devienne pas l'instrument d'une mise en coupe réglée de pays plus faibles comme le fait aujourd'hui un dollar complètement déconnecté des réalités planétaires : raréfaction des ressources primaires, abondance du temps humain, volonté des peuples de s'affranchir d'une tutelle pesante et d'accéder à un niveau de subsistance qui ne frise pas l'indécence. Aucune nation n'est vraiment libre dès lors qu'elle est dans l'incapacité d'apporter des liquidités dans les secteurs de son économie qui en ont le plus besoin.

La France, comme de nombreuses nations, n'est plus libre de mener la politique monétaire qui convient à ses habitants, à son histoire, à ses structures, à ses atouts, à ses propres chances, à tout ce qui la distingue des autres nations. Le projet France 2022 prévoit de restaurer et d'accroître cette liberté. Sans elle, aucune renaissance n'est possible puisque la France, comme les autres nations européennes, se trouve désormais entre l'enclume d'une mondialisation échevelée et le marteau d'un euro conçu pour gérer la pénurie et pour récompenser les peuples industrieux, ceux qui ne vivent pas de l'air du temps et qui savent qu'il est impossible de vivre toujours à crédit. Tant que nos capacités d'exportation resteront bien inférieures à nos facultés d'importer, la politique monétaire de la zone euro nous poussera à l'endettement et vers la récession.

Il nous faut casser cette spirale infernale, non en sortant de la zone euro qui  nous permet d'importer à bon compte tout en pesant, hélas, sur nos capacités d'exportation (*), mais en créant un espace monétaire autonome qui permette non seulement d'alléger nos coûts de fabrication mais encore de financer des travaux qui n'ont pas à s'exécuter dans le cadre d'un modèle productiviste : lorsqu'un policier ou un militaire est en opération, lorsqu'un enseignant dresse (!), éduque et instruit des élèves ; lorsqu'un personnel médical s'occupe d'un patient ; lorsqu'un juge cherche la meilleure sanction pour un coupable ; lorsqu'un chercheur explore un domaine ...,  il n'a pas à régler ses faits et gestes selon une logique de profit immédiat, chiffrable aisément, ... il lui faut agir en conscience et avec discernement pour que son travail porte un fruit de long terme.

(*) Le projet France2022 s'affranchit de ce poids qui pénalise notre économie. Voir à ce propos la tribune : "Des causes désargentées". Cet affranchissement est obtenu de deux façons complémentaires : d'une part, en évitant que les activités censées apporter des devises ne supportent un niveau de prestations sociales (les causes désargentées) sans commune mesure avec des pays concurrents qui n'ont cure du bien être intégral de leurs habitants ; d'autre part, en réduisant l'importation de biens et de services dont une meilleure organisation de l'économie française rendrait la production à nos territoires. Il ne s'agit pas, évidemment, de baisser le niveau des prestations. Au contraire ! Il s'agit de l'élever en quantité et en qualité en le finançant par une nouvelle monnaie et non plus par des taxes, des cotisations et des impôts qui laminent nos capacités d'exportation. Sur l'autre versant, il ne s'agit pas non plus de tendre vers un repli sur soi, une autarcie maladive, qui couperait la France du reste du monde. Au contraire ! Si le développement des échanges commerciaux ne met pas en péril les ressources non renouvelables, n'est pas cause d'injustice à l'égard de pays tiers, ne génère pas davantage de chômage chez nous, ne déséquilibre pas notre balance des paiements, alors il est tout à fait possible de le poursuivre et de l'augmenter.

En retenant Carlos Ghosn contre son gré, le Japon cause un tort immédiat à l'entreprise Renault et à la France. Sans doute aussi à Nissan et à Mitsubishi, par répercussion. Plût au Ciel que ce coup de force ait finalement d'heureuses conséquences : par grâce, il est possible que cet accident de parcours nous rende non seulement un manager hors pair mais un homme revenu sain et sauf d'une épreuve que le pire ennemi ne souhaiterait à personne.

Nul doute qu'alors notre compatriote saura écrire de très belles pages à la suite d'un parcours qui, déjà, en comportait d'admirables. Familier du relèvement de défis hors normes, Carlos Ghosn est en effet capable de transformer l'épreuve douloureusement vécue en un tremplin vers de nouveaux horizons : la force brute ne saurait arrêter l'agilité, la capacité de rebond et la souplesse d'un athlète.

En ces temps troublés (automne 2018 et rebelote en 2019), la France a besoin d'hommes d'une trempe exceptionnelle. Managers et chefs dans l'âme mais également visionnaires car, à force de nous lamenter sur un passé qui n'est plus - un passé parfois injustement décrié -, nous finirions par oublier qu'il nous faut, avant tout, savoir regarder au loin, anticiper les événements à venir, si nous voulons avoir quelque chance et quelque latitude d'en diriger ou d'en influencer le cours. Toute l'industrie automobile française et, plus largement encore, toutes nos industries ont besoin de l'expérience, du tempérament et du caractère d'un Carlos Ghosn : là où tant d'hommes et de femmes désespèrent d'être à pied d'oeuvre, entraînés par un projet fédérateur, stimulés dans leurs efforts d'inventivité, de créativité et d'adaptation, il est nécessaire que se lèvent des personnes capables d'imiter ce qui paraît inimitable. L'épreuve du feu qu'a traversée Carlos Ghosn lui donnera, à n'en pas douter, l'art et la manière de communiquer ce qui paraît ne pouvoir l'être.

S'il advenait que des accusations tout à fait justifiées puissent être apportées à l'encontre de Carlos Ghosn et de sa gestion des deniers de l'entreprise Nissan, il ne faudrait pas que, sous prétexte de sanction exemplaire, cet homme soit voué aux gémonies et empêché d'agir : il suffirait de lui demander de réparer intelligemment les torts qu'il aurait pu commettre. Ce dont il s'acquitterait avec brio.

Dans un monde américanisé à l'excès, dans un univers où chacun finirait par avoir la gâchette facile, abattre un homme n'est jamais salutaire : vient un moment où le justicier autoproclamé découvre qu'il aurait mieux fait de réfléchir à deux fois avant de prétendre faire place nette.

Revenons aux atouts de notre douce France, menacée de toutes parts mais qui ne se rendra jamais tout entière : si un coin devait céder sous les assauts furieux d'un monde en délire, le reste tiendrait bon. Nul n'abat un chêne multiséculaire à la force du poignet et les ennemis de la France, de l'intérieur comme de l'extérieur, même armés jusqu'aux dents font piètre figure : tandis qu'ils pensent déraciner une souche malade et pourrie ils ne font qu'ancrer davantage le pouvoir intemporel d'un arbre aux multiples ramifications. Plus l'ennemi s'en prend à lui, plus il résiste et se fortifie.

France insubmersible, indomptable, ... soeur d'une Russie qui ne s'en laissera jamais conter et qui se referme immanquablement sur tout envahisseur. Voilà donc deux soeurs qu'il va bien falloir, un jour ou l'autre, rapprocher par un grand projet d'infrastructure ferroviaire, reliant au passage tout une grappe de villes qui ne manqueront pas de prospérer le long d'un axe Paris - Moscou et, si Dieu le veut, Vladivostok - Dublin ! Tout cela, en dépit des sarcasmes, des alarmes, des peurs et des coups bas que ne manqueront pas d'engendrer une telle hypothèse. Les concepteurs et défenseurs du  projet France 2022 s'y attacheront contre vents et marées comme Gustave Eiffel, en son temps, sut défendre avec son équipe sa tour contre tous les fossoyeurs de la modernité industrielle. C'est ainsi que l'on fait taire, enfin, le bruit des armes ; que l'on met à bas toutes les postures grotesques, indignes et meurtrières ; que l'on donne aux générations montantes et futures le goût de croire, d'espérer et d'aimer car la science véritable et la technique, au service d'une plénitude authentique, jamais ne s'opposent à la confiance évangélique, qualifiée "d'aveugle" par les sceptiques, mais qu'il faudrait dire simplement "audacieuse" et, surtout, hors des atteintes les plus calamiteuses.

Carlos Ghosn incarnait cet esprit d'audace. Il est alarmant qu'il fasse aujourd'hui les frais d'une guerre de succession. Ses conditions de détention détruisent ainsi l'un de nos atouts maître. Dans la partie de go très violente qui se joue avec le Japon, il n'est pas certain que nous soyons à la hauteur. Espérons que le gouvernement français et la présidence agissent au moins de manière habile et secrète puisque, hélas (mais peut-être est-ce nécessaire en l'occurrence), nous n'entendons guère parler d'une défense musclée de Carlos Ghosn. Au-delà de tout ce qui pourrait lui être reproché sur un plan financier, la France doit en effet, comme le Liban, défendre le bilan d'un patron hors norme qui, par bien des aspects, a su offrir à Nissan une sortie honorable quand ce constructeur s'était fourvoyé dans une impasse multifactorielle. A l'heure où nous écrivons ces lignes, il en va de la santé physique de Carlos Ghosn. Mis à rude épreuve, il est aujourd'hui soumis à une volonté de mise à mort symbolique (et peut-être davantage) par un pays qui n'est pas exempt de reproches (comme tous les pays) et qui ferait bien de balayer devant sa porte avant de prétendre moraliser le monde des affaires. En l'espèce, le minimum serait de démontrer, de manière convaincante, rigoureuse, honnête et juste, que celui qui est accusé aurait mis en péril les intérêts de Nissan par d'éventuelles malversations. Dans le cas contraire, il suffirait de lui demander de prendre en charge, par une contribution personnelle, tout préjudice collatéral vraiment attesté. Dans tous les cas, le traitement qui est infligé à Carlos Ghosn n'est pas digne d'un Etat de droit où les personnes sont respectées dans leur intégrité physique et où leur honneur n'est pas bafoué. Ce qui se passe là-bas est finalement très inquiétant : un pays qui passe de l'idolâtrie d'un homme à sa déchéance subite sans la moindre transition a certainement du souci à se faire pour son propre avenir. Ses réussites technologiques indéniables, ses réalisations artistiques admirables et sa puissance de feu industriel impressionnante pourraient un jour fortement pâtir de ses travers et, pour tout dire en bref, de sa façon imbécile de se rendre imperméable aux valeurs évangéliques après une résistance héroïque d'une Eglise japonaise persécutée comme peu d'autres Eglises l'ont été et ce, jusqu'au martyr d'Hiroshima et de Nagasaki. Sans préjuger du fond de l'affaire, Carlos Ghosn pourrait devenir le martyr et donc le témoin d'une cause qui dépasse largement les éléments primordiaux de l'affaire en cours : la conversion radicale d'un pays dont une partie de ses traditions s'oppose fondamentalement à l'Evangile tandis qu'une autre partie de son héritage est évidemment marqué, comme dans toute culture, par les semences de l'Esprit Saint.


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Si nous envisageons toutes choses d'un point de vue très large qui n'exclut pas les dimensions spirituelles et ne néglige aucun aspect bien tangible jusqu'aux éléments les plus terre à terre, force est de constater que l'un des atouts majeurs de la France est d'avoir su ouvrir largement son coeur aux appels de l'Evangile et si l'époque contemporaine donne à penser que notre magnifique héritage chrétien est en péril sur un sol Européen, encore marqué par le cataclysme des deux guerres mondiales, ne perdons jamais de vue que toute graine paraissant morte est capable de porter du fruit pourvu qu'elle soit plantée dans une bonne terre. Carlos Ghosn aura été, pour Nissan et pour le Japon, une semence de vie, animée d'une prodigieuse vitalité, en mesure de renverser des montagnes de problèmes, d'ignorances, de gabegies et d'errances, non pas seulement par la force d'un poignet d'une extrême solidité mais par une grâce surabondante tout à fait hors du commun. Cette grâce ne vient pas de nulle part. Elle arrive jusqu'à nous par les plaies du Christ en Croix comme nous l'a transmis l'Apôtre St Jean et par le truchement de tout homme de bonne volonté, qu'il ait été instruit des vérités de l'Evangile ou qu'il se soit laissé traversé par la lumière qui en émane depuis la nuit des temps.

Pour couvrir une étendue beaucoup plus vaste qui ne se cantonne pas aux frontières géographiques de notre pays, il était souhaitable d'inclure le projet France 2022 dans l'espace francophone et, plus largement encore, de le porter aux dimensions de la planète. Ici, nous pensons tout particulièrement à nos amis francophones du Liban, de tout le Moyen-Orient, de l'Afrique, du Canada et à ceux qui résident en Acadie ou au Québec. L'occasion nous est donnée, bien simplement, par le moyen prodigieux de la Toile, de prendre connaissance des travaux d'une très grande qualité d'une communauté d'hommes et de femmes loin du territoire de la métropole française mais si proches par le coeur de toutes les personnes de langue française. Il se trouve que Martin Latulippe vient de publier une vidéo qui entre formidablement en résonance avec ce qu'est en train de subir Carlos Ghosn. Tout lecteur sensible à l'épreuve d'un ego malmené et au séisme qui peut traverser toute vie humaine tirera un grand profit personnel de l'écoute du témoignage de Martin. 

dimanche 22 décembre 2019

France2022 : Lettre ouverte aux maires en exercice et aux futurs maires de France



  Il me faut un sauveur qui fasse honte aux superbes, 
qui fasse peur aux délicats de la terre, 
que le monde ne puisse goûter, 
que la sagesse humaine ne puisse comprendre, 
qui ne puisse être connu que des humbles de cœur. 
Il me faut un sauveur qui brave, 
pour ainsi dire, 
par sa généreuse pauvreté 
nos vanités ridicules, extravagantes. 
Le voilà, je l’ai rencontré, je le reconnais à ces signes.

Sermon sur la Nativité
Bossuet



Quel est le secret de l'île de Kitava où l'acné n'existe pas ?

Source

Projet France 2022

Lettre ouverte aux maires de France


Mes chers compatriotes, chers élus de la Nation,

1. A l'aube d'un Noël une nouvelle fois perturbé par de multiples revendications, il est plus que temps de vous écrire comme nous en formions le projet dans une tribune antérieure. Pour qui d'entre vous désirerait mieux connaître l'atmosphère nimbant cette lettre, il suffirait de se rendre  afin d'entendre l'une des versions du choral "Viens maintenant Sauveur des païens", "Nun komm, der Heiden Heiland" de Jean-Sébastien Bach, ici magnifiquement interprété à l'orgue par Ton Koopman qui ajoute à la partition plusieurs ornements du plus bel effet. 

2. C'est en effet le moment de préparer la prochaine échéance électorale : les élections municipales du printemps 2020 et, au-delà, de songer à l'élection présidentielle de 2022. A qui trouverait cela quelque peu prématuré, disons simplement que nous nous y employons depuis le 1er mars 2010 tant nous a semblé urgent et vital pour la France et tous nos compatriotes de ne pas laisser gâcher une nouvelle occasion d'apporter un souffle nouveau au coeur d'une vie politique atone faute de préparation suffisante.

3. Ouvrir d'emblée cette lettre sur le thème de l'Avent et de Noël surfe sur la toile en filigrane d'une laïcité à la française qui ne sait plus comment se tenir, qui ne sait plus à quel saint se vouer. Vous êtes aux avant-postes des questions qui tourmentent aujourd'hui tant d'esprits affaiblis par une guerre sans nom menée contre l'Eglise catholique romaine et contre l'héritage chrétien de la France comme de l'Europe. Combat perdu d'avance, s'il en est, tant est solide cette institution puisqu'elle a traversé deux millénaires de persécution sans rien perdre de sa jeunesse, de sa force et de son rayonnement, en dépit des apparences contraires que ses ennemis se plaisent à brandir ; tant l'héritage chrétien, par toutes ses composantes néguentropiques, bien loin de s'atrophier, de s'appauvrir ou de dépérir, se montre capable d'étendre ses bienfaits jusque dans les recoins les plus laïcards d'une France oublieuse de son passé.

4. Avec intelligence, lucidité et même pragmatisme, sinon avec dévotion, vous ne serez pas de cette clique qui brocarde l'Eglise comme moult personnes s'ingénient à se plaindre de leur mère, de leur père ou de leurs deux parents. Beaucoup, en effet, qui ont emprunté des chemins de traverse et se retrouvent dans la panade ne trouvent pas mieux que d'accuser leurs ascendants, proches ou lointains, de les avoir conduits dans une impasse. Et quand ils sont las de ce jeu obscène, fatigués de se poser en victimes, conscients qu'ils font fausse route en s'étant établis juges impitoyables, ils trouvent encore en votre personne un bouc émissaire idéal : si leur vie n'a pas pris le tour auquel ils aspiraient, c'est censément de la faute du maire !

5. Eh bien non, tout n'est pas de votre faute ! Vous le savez mais il est bon, de temps en temps, de le répéter et de se l'entendre dire. Des hommes et des femmes ont en effet beaucoup souffert de leurs ascendants et s'ils se tournent maintenant vers vous en ultime recours, c'est qu'ils pensent, à juste raison ou à tort, que vous êtes détenteurs de pouvoirs extraordinaires. 

6. Hélas, vous savez aussi que la réalité est souvent tout autre : si quelques maires de grandes métropoles disposent de moyens non négligeables pour exercer leur mandat, la grande majorité d'entre vous manque de temps, de bras, d'aides, de subsides, d'appuis, ... pour gouverner et développer les territoires qui relèvent de sa compétence.

7. Le fond gaulois de la France, les péripéties de son histoire, les fiertés locales, ... ont engendré un si grand nombre de communes que la France compte, à elle seule, plus de communes que tout le reste de l'Europe. C'est une chance mais aussi un grave handicap à l'heure où les territoires sont secoués dans leur fondement et où ils sont amenés à relever de multiples défis. Si vous avez eu la curiosité de lire les tribunes du projet France 2022 consacrées à ce thème, vous savez que l'un des piliers de ce projet est de prévoir une nouvelle organisation de la France en cinq provinces comptant chacune environ deux cents municipalités. Au premier abord, c'est complètement dingue. Et pour les plus critiques, cela reste fou, même après réflexion ...

8. Alors, avant d'y revenir pour les pionniers qui n'ont pas froid aux yeux, nous allons nous pencher sur un autre pilier du projet France 2022 : la création d'une monnaie de service et d'abondance. Bien qu'il s'agisse d'une tribune récente (elle date du 22 octobre 2017), c'est celle qui a été le plus souvent consultée. Si vous hésitez à vous représenter tant la situation actuelle de la France vous paraît désespérante et/ou la gestion de votre commune vous semble de plus en plus pénible, prenez un moment pour lire cette tribune. Elle vous redonnera le moral. Là aussi, l'idée a quelque chose de surréaliste. Tout bien réfléchi, vous vous apercevrez qu'elle se défend avec le plus grand calme tant elle est solide ! Elle est fondée sur une distinction subtile entre "argent" et "monnaie".

9. Tandis que l'argent permet d'acquérir des biens rares ou en voie d'extinction ou encore provenant d'autres pays, la monnaie de service et d'abondance est cette huile de bonne composition qui donne aux rouages d'une économie nationale de ne pas tourner à vide et qui permet à chacun de trouver sa juste place, à un moment donné, dans une société où quantité de besoins élémentaires ne sont pas satisfaits en raison d'une organisation déficiente dont les plus habiles arrivent à tirer parti pour se couvrir d'or au détriment du plus grand nombre.

10. Belle utopie, certes, que de vouloir une société où les plus vulnérables ne sont pas la proie de prédateurs en quête d'une fortune toujours plus indécente. Belle utopie que d'espérer qu'une nation tout entière sorte de l'appât du gain dérisoire mais qu'est-ce qu'un pays qui ne sait plus rêver, qui ne sait plus se donner des buts élevés et quasi hors d'atteinte ? 


Intermède : 


11. Bien entendu, vous ne vous laisserez pas abuser par l'argument invoqué au n°8 de cette lettre : ce n'est pas parce qu'un document est souvent consulté par les internautes que nous allons, a priori, lui attribuer quelques mérites ou quelque valeur. L'intermède proposé ci-avant est une bonne illustration de son contraire : voilà un document exceptionnel qui, un an après sa mise en ligne, ne recueillait encore qu'un nombre infime de suffrages ! A votre poste de maire, vous pouvez légitimement avoir perdu toute once de douce rêverie et de naïveté enfantine ! Que de doux rêveurs se laissent prendre au mirage d'une monnaie qui coulerait à flot pour satisfaire les besoins les plus élémentaires de chacun, soit ! Que vous-mêmes vous laissiez prendre au jeu, c'est une autre affaire !

12. Nous n'essayerons pas ici de vous convaincre en déballant une multitude d'arguments favorables à la création d'une monnaie de service et d'abondance, ce serait fastidieux et même contre-productif : l'essentiel se trouve dans la tribune signalée au n°8 de cette lettre. Qu'il suffise de dire ici que les adversaires du projet France 2022 pourront s'amuser à pilonner son volet monétaire : sans lui, c'est tout l'édifice qui s'écroule. C'est vous dire son importance et, n'en déplaise à ses détracteurs, sa robustesse ! Le jour où vous n'avez pas le moral, où vous cherchez un punching ball capable d'encaisser votre rage la plus virulente, venez donner quelques coups dans le volet monétaire du projet France 2022, vous en sortirez apaisés, emplis d'un calme olympien. 

13. Pour les plus critiques et les plus ignorants, le volet monétaire du projet France 2022 fait figure de Deus ex machina, de hochet pour enfants gâtés ou pour adolescents attardés, d'attrape-nigaud ... Laissons à ce groupe d'opposants le plaisir de se rassurer à bon compte : s'ils pensent qu'il suffit de disqualifier cette proposition majeure par quelques quolibets ou formules amusantes, pourquoi chercher à les contredire ? Ils se gaussent et ne s'en porteront pas plus mal. Quand ils sauront enfin reconnaître son grand intérêt, il ne sera pas trop tard. Ils en profiteront comme les autres car le volet monétaire défie les logiques habituelles, du moins celles qui raisonnent à périmètre constant, en parts de gâteau limité à distribuer. Il défie l'intelligence bornée par la fâcheuse tendance qui s'empare de tout possédant frileux : amasser par peur, thésauriser pour se protéger, s'entourer de biens pour se donner de l'importance ... Tendance contre laquelle l'Evangile nous met en garde de façon lapidaire mais qu'une organisation économique qui ne repose que sur une monnaie-argent entretient lamentablement chez bon nombre d'entre nous. Tendance qui s'est fortement accrue avec l'avènement de l'Euro, ce super Mark, encore plus intéressant pour l'économie allemande que le Mark lui-même et désastreux pour les économies nationales qui n'étaient pas prêtes à fonctionner sur le modèle allemand. 

14. En un mot par trop caricatural qu'il faudrait évidemment nuancer, le Mark puis l'Euro sont faits pour que s'accroisse le confort de ceux qui possèdent assez de richesses pour n'avoir d'autre souci que d'en accroître le volume, en assurer la sécurité, en garantir la prospérité. Ce sont deux monnaies pour rentiers actifs. Pour des personnes ou des clans déjà bien installés. Pour des corps intermédiaires qui cherchent à limiter la prise de risque. Pour des familles qui préfèrent une vie d'aisance à l'inconfort d'un lendemain incertain. Ce sont deux monnaies pour des peuples traumatisés par deux guerres mondiales et qui gardent encore à l'esprit comme au creux de leurs entrailles les innombrables séquelles d'un désastre sans précédent. Le mark et l'euro fonctionnent comme une assurance : si tout devait s'écrouler, il nous resterait encore le pouvoir d'acheter ce que plus personne ne serait en mesure de s'offrir.

15. Terrible illusion, certes, mais qui perdure tant que subsistent des richesses à convoiter, des places à prendre, des terrains à occuper, des parts de marché à conquérir dans l'ordre des biens marchands et tangibles : énergies fossiles, terres arables, réserves d'eau douce, mines de métaux précieux, bassins de consommation solvables, ... 

16. Tandis que chaque année, la date de l'épuisement des ressources non renouvelables avance dans le calendrier, qu'attendons-nous pour changer de logique et pour passer d'une consommation par trop matérielle à des consommations plus immatérielles ? Sans doute l'avènement d'une monnaie, entre autres changements, qui détourne notre esprit de l'appât du gain et qui nous recentre sur l'essentiel : la sanctification du temps que chacun de nous reçoit, jour après jour, non pour l'accroissement de nos richesses extérieures mais pour le déploiement de nos talents au service de nos proches et du plus grand nombre.

17. En maints lieux de France et peut-être sur le territoire de la commune dont vous êtes maire, des hommes et des femmes essaient d'être de plus en plus les témoins d'une vie où la sanctification du temps devient le principal objet de toute leur attention. Plusieurs fois par jour, ils suspendent leur activité extérieure pour se recentrer sur l'essentiel : prier, louer Dieu. Au lieu de monnayer leur temps comme des marchands qui ne seraient animés que par l'avidité, ils offrent en retour celui qu'ils savent avoir reçu gratuitement et qu'ils n'ont donc pas d'abord à vendre mais à donner, à consacrer.

18. Si vous avez le bonheur d'abriter sur la commune dont vous êtes maire un tel lieu de prière, allez-y sans vous soucier du qu'en dira-t-on. Sentez-vous libre de manifester par votre présence que d'autres réalités occupent votre esprit et votre coeur ; que la transcendance ne vous fera jamais oublier l'incarnation de votre mission ; qu'au contraire, elle la rendra plus féconde. Vous aurez l'intelligence et l'aplomb de faire savoir à qui vous demandera des comptes qu'assister pour vous à un office monastique n'est pas une forme d'allégeance à un pouvoir qui serait supérieur au vôtre mais bien plutôt la reconnaissance d'une réalité complémentaire et même indispensable au bon exercice de vos propres responsabilités. Il existe bien un pouvoir supérieur au vôtre mais celui-là ne demande pas autre chose que de se retirer dans un lieu secret où le coeur peut adorer en esprit et en vérité.

19. Une saine démocratie n'est pas seulement une organisation où les trois pouvoirs (judiciaire, législatif et exécutif) s'articulent sans confusion mais un espace où le temporel et le spirituel se fécondent mutuellement, où pouvoir séculier et pouvoir régulier savent respecter leurs prérogatives respectives, où ils font en sorte que l'autre puisse aisément déployer ses ailes pour offrir des attaches fortes à tout citoyen désireux d'oeuvrer au bien commun de ses compatriotes et, plus largement, de toute personne.

20. Où que nous tournions nos regards, nous voyons la montée inexorable de l'Esprit et tendre encore avec frénésie vers les réalités terrestres paraîtra de plus en plus grotesque aux yeux grands ouverts sur un monde en pleine effervescence. Pour autant, les êtres humains se meuvent dans un monde matériel dont vous avez chaque jour à vous préoccuper, les pieds bien ancrés sur le sol ferme et la tête au Ciel.  Que ce ne soit jamais dans la crispation, l'agitation ou l'agacement, aussi légitime fût-il : vous êtes les témoins d'une force tranquille dont nos contemporains ont si grand besoin. Soyez ces remparts contre lesquels les marées les plus furieuses ne peuvent rien. Vous saurez ne jamais prendre de décision importante pour vos administrés sous le coup d'une colère, d'une fatigue, d'un ennui ou d'une peur. Que le temps soit de plus en plus votre ami le plus fidèle. Pensez à long terme et les urgences du moment trouveront naturellement la place qui leur revient.


Intermède



21. Avant d'être "citoyen du monde", voyageant avec un minimum d'affaires et se laissant guider par des rencontres providentielles, chacun est originaire d'un quartier et, après d'éventuels déménagements, réside désormais et encore dans un quartier. Même pas une commune dans sa totalité mais quelques rues qui lui sont familières et où il passe le plus clair de son temps. S'il doit se déplacer pour son travail et rejoindre un lieu précis, il sera à cheval sur deux quartiers : le résidentiel et le professionnel.

22. Vous voici donc à la tête de divers quartiers. Chacun a sa personnalité, son histoire, ses histoires, ses atouts et ses faiblesses, ses emplois et ses misères, ... Tous ensemble, ils constituent une commune sur laquelle vous veillez en espérant que rien ne vienne troubler vos nuits, n'empoisonne votre existence et ne se révèle insoluble.

23. Ce bout de territoire s'inscrit dans un réseau d'intercommunalité qui ôte déjà du champ de vos compétences quelques éléments du puzzle de plus en plus complexe par lequel l'ensemble des actions nécessaires à la vie de votre commune irrigue, nourrit, entretient, développe ... ce qui doit l'être.

24. Que de plus en plus de choses vous échappent est dans l'ordre d'un développement protéiforme qui enrichit sans cesse l'éventail des possibilités offertes à chaque citoyen, du moins ceux qui ont les moyens d'atteindre les points de délivrance des services et des biens qu'ils recherchent. Pour le vivre au quotidien, vous savez que bon nombre de nos compatriotes n'ont pas ou même plus accès à ces points par manque de moyens, en raison d'un trop grand éloignement et par disparition progressive voire brutale du tissu qui permettait à chacun de n'avoir pas le sentiment d'être isolé.

25. Aux adresses et lieux physiques se substituent de plus en plus des relais immatériels qui ne sont accessibles confortablement au plus grand nombre qu'à la condition d'avoir équipé vos territoires des réseaux nécessaires. Vastes chantiers qu'un Etat en ruine, que des régions ou des départements endettés préfèrent confier à des intérêts privés qui, ne raisonnant pas en termes de service public, cherchent d'abord à rentabiliser au plus vite leurs investissements. Sur la diagonale du vide et en beaucoup d'autres lieux de France, vous voilà en charge de territoires qui non seulement se dépeuplent mais se retrouvent largués, abandonnés, ignorés.

26. Sentiments d'abandon, d'isolement voire de trahison seront-ils le fin mot d'une histoire de France à la ramasse ? Allez-vous renoncer après un mandat difficile ou même de nombreuses années sur la ligne de front ? Comment espérer encore tandis que montent de toutes parts les insatisfactions, les rancoeurs, les inquiétudes ? Où trouverez-vous l'énergie, le courage et l'audace de tenir, de rester à bord tandis que le navire est secoué, prend l'eau et semble perdu ? Capitaine récent ou de longue date, vous saurez garder la tête haute puisque se posent aujourd'hui plusieurs questions de vie ou de mort.

27. Beaucoup de nos compatriotes assistent, médusés, à la disparition d'une France qu'ils aimaient de leurs fibres les plus intimes. Ils se demandent comment un tel naufrage a été rendu possible et nombreux sont ceux qui tentent d'identifier un coupable. Les plus lucides d'entre eux se sentent responsables et ne perdent pas de temps à chercher un bouc émissaire parmi leurs proches ou les personnes aux affaires. Ils savent que chacun d'entre nous est capable, dans le champ de ses compétences, de provoquer un retournement de situation improbable à trop courte vue.

28. Vous êtes les gardiens d'un ordre où le long terme doit toujours primer sur les calculs à la petite semaine. Par expérience, vous avez acquis la conviction que chacune de vos décisions engagent l'avenir immédiat mais aussi un terme beaucoup plus lointain que nul, en vérité, ne peut connaître dans ses moindres détails. Quand on se souvient que la moindre virgule, la moindre omission, la moindre erreur peut avoir des conséquences incalculables et parfois très douloureuses, on ne se perd pas en conjectures douteuses : ce qui adviendra dans votre commune n'est plus inscrit dans le marbre comme aux temps des prophéties.

29. Une chose est sûre pourtant : de même que le prophète Malachie annonce la naissance du Messie à Bethléem, nous savons que toute naissance sur votre commune est à l'image de la Nativité que nous venons de célébrer. Pour qui sait prendre le temps de regarder et de contempler, pour qui ne se laisse pas abuser par les sirènes d'un malthusianisme effarant, celui ou celle qui voit le jour chez vous est le signe d'un renouveau qu'il faut prendre le temps d'accueillir comme il se doit. Non pas un événement banal et ordinaire mais la grâce d'un commencement capable d'éclairer les ténèbres d'un monde en perdition.

30. Dès que vous avez l'image, la photographie d'un nouveau-né, d'un tout petit enfant sur votre bureau, vous faites l'expérience d'une joie et d'un regain à nul autre pareil. Vous savez que chaque heure, chaque minute passée à résoudre les problèmes du quotidien, aussi morose soit-il d'apparence, aussi pénible soit-il, a un sens caché qui ne se dévoilera qu'au terme d'un combat de tous les instants. Ce que vous faites aujourd'hui touche, d'une façon ou d'une autre, la vie de ceux qui, comme cet enfant, attendent une terre généreuse et fertile où déployer tous leurs talents.

Intermède 



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A suivre ...



mardi 17 décembre 2019

France2022 : Impôts, taxes et cotisations ou l'affrontement de deux logiques (2 ème édition)


Impôts, taxes et cotisations, sujet qui fâche s'il en est. Voilà un thème qui mérite la plus grande attention. Son traitement par un projet présidentiel révèle sa marque de fabrique.

Le simple bon sens ou la démagogie conduisent les concurrents d'une élection à promettre qu'ils ne prévoient aucune augmentation des impôts, des taxes et des cotisations. S'ils parviennent à accroître la richesse du plus grand nombre, ils provoqueront la hausse de la manne prélevée ... en tenant leurs promesses. On ne saurait alors leur en vouloir.

Le projet France 2022 part du principe que les impôts, les taxes et les cotisations ne sont pas des maux en eux-mêmes. Si nous voulons agir ensemble et dépasser nos capacités individuelles, nous n'avons pas d'autres choix que de faire caisse commune. Si les parents, seuls, contribuaient au financement de notre système scolaire, beaucoup de jeunes devraient se contenter d'apprendre dans la rue.

La question du niveau des prélèvements domine les débats. Comme l'arbre qui cacherait la forêt ? La forêt des niches fiscales ?

Il est temps de se souvenir que les impôts, les taxes et les cotisations ne sont pas seulement des leviers destinés à alimenter les caisses communes mais qu'ils sont aussi des outils de régulation : une niche a pour but officiel de faciliter une action bénéfique, favoriser un secteur clef, générer un type de situation éminemment souhaitable, ... ; une taxe, une cotisation et un impôt sont levés en principe pour atteindre des objectifs connus. Nous constatons malheureusement que ce rôle de régulateur est parfois négligé quand un agent politique émet trop vite l'idée d'une suppression puis la met en oeuvre dans la précipitation. Avant de supprimer une ponction ou un allègement, il vaudrait mieux s'assurer que le malade ou le patient ne va pas en souffrir davantage.

Nous avons dit à propos du travail humain qu'un seuil de rémunération maximale en euro sera fixé mais pas nécessairement en couronne française, nouvelle monnaie créée dans le cadre du projet France 2022. Précisons ici que l'impôt n'a pas vocation à être le seul garant du non dépassement d'un tel seuil : la réduction des inégalités de revenu résultera de l'impossibilité de verser en France une rémunération au-delà du plafond légal. 

En raison de la progressivité de l'impôt sur le revenu, la limitation des hauts salaires n'a pas pour but de renflouer les caisses publiques mais d'entraîner une répartition plus juste des profits. Obtenir cette justice par des impôt élevés (choix typiquement français) sur les hauts revenus est contre-productif : les grandes fortunes trouvent toujours les moyens de contourner l'imposition sous le prétexte que son taux élevé est confiscatoire. Les plus fortunés ont assez d'influence sur les politiques pour exercer une pression qui soit favorable à leurs comptes : telle niche fiscale censée assurer une action bénéfique sur une branche d'activité sera aussi votée pour exempter quelques privilégiés d'un prélèvement qu'ils jugent d'un mauvais oeil.

Pour réduire le niveau des prélèvements qui entravent l'économie française - il reste à préciser pourquoi et comment -, une première solution consiste à accélérer le désengagement de l'Etat en privatisant des activités (même sensibles ?) ou en diminuant les dotations aux collectivités locales. Choisir cette voie n'est pas sans risque et il faut n'avoir jamais travaillé avec des agents de l'Etat pour s'imaginer qu'ils sont incompétents : les fonctionnaires qui ne sont pas à leur place ne sont ni plus ni moins nombreux en proportion que les grand patrons ou les salariés les plus modestes du privé. Là où le secteur privé a tendance à raisonner de plus en plus à court terme, l'Etat maintient vaille que vaille des perspectives plus lointaines. Ce souci du long terme engendre des attitudes et comportements professionnels que le secteur privé gagnerait à imiter.

L'Etat a des possibilités de désengagement qui ne sont pas à rejeter d'emblée comme si elles étaient marquées d'un sceau diabolique. En augmentant la part défiscalisable des dons aux oeuvres et à toutes les associations d'utilité publique, l'Etat français a ouvert plus largement le champ de l'action sociale à des organismes privés qui, s'ils sont bien gérés et s'ils sont dûment contrôlés, agissent au profit du plus grand nombre et spécialement de ceux qui sont en difficulté. Ces corps intermédiaires ont le grand avantage de mettre à contribution des bénévoles qui, en donnant de leur temps, manifestent que tout ne s'achète pas et portent secours là où nul intérêt marchand n'a l'audace ou les reins assez solides pour venir en aide, remédier, guérir, ... . Quelques militants féroces de l'athéisme le plus radical ou, ce qui revient au même, d'un Etat omnipotent dominé par un groupuscule, s'insurgeront toujours contre cette ouverture. Un projet politique n'a pas pour ambition de convertir une poignée d'irréductibles qu'un aveuglement et une surdité, endurcis par quelques raisonnements absurdes, poussent à voir le mal où il n'est pas et le bien en des lieux qu'il a désertés depuis belle lurette.

Dans une toute petite incise, et juste pour le plaisir, faisons remarquer que l'Etat a aussi recours à des bénévoles mais sans le dire. Nous laissons aux lecteurs curieux le soin de découvrir comment.

Le désengagement de l'Etat devient palpable dans le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Avant de hurler à mort contre ce type de mesures, ceux qui aboient feraient bien de mettre leurs économies en lieu sûr : à force de brailler vient toujours un temps où l'on n'a plus d'os à ronger. Nous devrions pourtant tous savoir que l'engagement de l'Etat, même quand il est fort - et cela paraît souhaitable en maints domaines - ne rime pas nécessairement avec une fonction publique pléthorique. En réalité nous le savons tous et ceux qui feignent de l'ignorer sont débordés par l'aggravation des difficultés et englués sur une piste souvent fausse : l'attribution automatique ou exclusive de cet état à "un défaut de moyens" alors qu'il faudrait mettre en cause "un défaut de gestion des moyens alloués" et même un "gaspillage de ces moyens". Ainsi en est-il d'un système scolaire en France qui, à coup de réformes inconséquentes, utilise des locaux disponibles de manière fort dispendieuse : grosso modo, 50% de sa capacité d'accueil dans l'année. Quelle entreprise soucieuse de réduire ses charges pourrait se permettre une telle gabegie ?

Pour alléger le poids des prélèvements, la réduction du train de vie de l'Etat et des collectivités locales est à poursuivre et à intensifier sans retard. Des réformes sont en cours qui font bondir les services concernés mais ceux qui rouspètent ont-ils pris conscience de la situation financière de la France ? Celle-ci menace directement le pouvoir politique entendu comme capacité d'influer sur le cours des événements. Là encore, la chance que nous avons d'être libres de choisir nos représentants court le risque de se transformer en illusion si ces derniers n'ont plus aucune marge de manoeuvre et se retrouvent dans un état de servilité à l'égard d'intérêts puissants aux yeux desquels le bien commun des citoyens compte pour moins que rien. 

La réduction du déficit public et de la dette relève d'un combat qu'il serait naïf de considérer comme une simple preuve de bonne conduite. Sans verser dans la paranoïa, qu'attendons-nous pour traiter cette question : à qui profite l'endettement de la nation française ? Nul besoin d'aller imaginer un crime, des intentions malveillantes ou une prédation savamment organisée pour s'interroger. Inutile et nuisible d'aller chercher des coupables. Réfléchissons et agissons dans le calme. 

Sommes-nous prêts, quand cela nous est possible, à renoncer à une part d'égoïsme pour redresser une situation alarmante ? Beaucoup d'entre nous, la plupart même, profitent de cet endettement tout en le payant de plus en plus cher : le seul poste du budget de la nation consacré au remboursement de la dette a de quoi nous inquiéter. Nous bénéficions aujourd'hui d'un confort énergétique qui pèse trop lourd sur les comptes de la nation : le coût d'obtention d'un KWh devrait normalement intégrer tous les frais. Opération difficile mais indispensable si nous voulons y voir plus clair. En l'occurrence, deux logiques s'opposent : une logique marchande et une logique d'économie. 

La logique marchande s'épanouit dans une production toujours plus abondante et soutient son expansion par une politique de prix qui encourage le client à consommer toujours plus. 

La logique d'économie, elle, dépasse l'intérêt particulier de chaque agent économique producteur : elle introduit la nécessité de prendre en compte l'extinction des réserves et les dégâts collatéraux. 

Contrairement à la conclusion hâtive qui affirme : privé = logique marchande et public = logique d'économie, la situation réelle n'est pas aussi tranchée. De puissants intérêts privés sont en mesure d'influer sur les politiques publiques pour les faire basculer dans une logique essentiellement marchande. Certains intérêts privés sont capables d'agir de manière responsable en prenant en compte les limites de l'environnement et des hommes. 

La logique d'économie qui s'impose d'elle-même en période de pénurie a tendance à céder du terrain à la logique marchande quand l'abondance semble prévaloir. L'effort à déployer pour renverser la dérive actuelle ne va pas de soi et les considérations sur les risques climatiques ou les menaces imminentes ne suffisent pas : la peur entretenue finit par rendre vaine toute tentative d'amélioration. Perdus pour perdus, les consommateurs préfèrent cueillir les restes plutôt que d'économiser pour un avenir qui leur est annoncé sous les auspices les plus noirs. Nous avons non seulement à changer de comportement mais aussi à développer une pensée qui soit stimulante pour toutes les bonnes volontés. 

L'honnêteté commande d'affirmer que la situation financière de notre pays est si grave que les efforts que nous accepterons de faire n'auront pas d'abord pour but d'alléger directement le poids de nos impôts mais pour premier objectif de sortir d'un endettement qui réduit la puissance publique à l'état de marionnette. Que cela amuse la galerie, que cela plaise à tous les contempteurs de l'Etat considéré comme un gêneur, que cela nous indiffère profondément, le résultat est tangible pour tous : chaque citoyen français est embarqué sur un paquebot qui prend l'eau de toutes parts. 

Au lieu de céder à la panique qui étreint les passagers sans coeur, nous pouvons simplement consentir à nous alléger. La responsabilité de l'Etat, entendu comme serviteur de l'intérêt général et du bien commun , est ici engagée : dans tous les secteurs où une consommation excessive met en péril l'équilibre de nos comptes ou de nos échanges, la puissance publique a le devoir de mettre en place des freins à la consommation. 

Une telle politique ne tend pas vers la simplification. Il faudrait n'avoir rien compris à la marche de l'histoire ou confondre "complication" et "complexité" pour s'imaginer que la régulation de nos sociétés va s'affranchir d'un surcroît de complexité. Ce surcroît n'est pas le produit d'une administration fière d'exercer ses prérogatives mais résulte de l'enchevêtrement des progrès qui traversent nos sociétés. 

La logique marchande propose à ses clients des tarifs unitaires qui décroissent quand les quantités consommées augmentent. 

La logique d'économie à mettre en place procède à l'inverse : elle assure à chacun un confort minimal mais satisfaisant quand l'abondance est là en garantissant des prix abordables pour les premières quantités consommées. En revanche, elle surtaxe les dépassements.

jeudi 12 décembre 2019

France2022 : Les nouveaux rentiers et mercenaires de tout poil


« Des personnes peuvent s’en prendre à vous
sans même savoir pourquoi,
et vous aussi vous pouvez ignorer
pourquoi vous vous en prenez à elles.
Cela s’explique par le fait
que les humains sont souvent
les instruments inconscients de forces obscures
qui se sont emparées d’eux.
Pour se protéger des humains,
il faut donc d’abord apprendre
à se protéger des esprits malfaisants
qui viennent s’installer en eux,
car derrière un ennemi physique,
c’est toujours une entité obscure qui est à l’œuvre.

Les combats que nous devons mener
pour nous défendre
sont donc d’une nature très subtile.
Nous devons laisser les ennemis tranquilles,
ne pas chercher à leur nuire
mais seulement nous exercer intérieurement,
nous renforcer,
cultiver des qualités de pureté,
de bonté, de patience,
afin d’attirer l’aide des entités lumineuses.
Quand elles viendront,
elles chasseront les entités ténébreuses
qui se servent de nos ennemis pour nous nuire
et elles s’installeront à leur place.
Alors, un jour les mêmes personnes
qui s’étaient manifestées comme des adversaires
se conduiront comme des amies. »




Descendre dans l'arène politique c'est aussi en montrer les dessous contemporains. D'apparence nouvelle, ils empruntent leurs modèles aux formes les plus anciennes : exploitations, esclavages, illusions,  jeux du cirque, idoles et mirages. La Toile, espace ouvert au pire et au meilleur, leur donne aujourd'hui une visibilité et une audience quasi indécente. Parmi ces dessous trônent avec insolence ceux que nous pouvons simplement désigner par l'expression : "Les nouveaux rentiers". S'appuyant sur les merveilles qu'offrent en abondance les progrès techniques, ils déploient sans vergogne une panoplie saisissante de miroirs aux alouettes. Ils vous promettent la lune. Ils étalent leurs plaisirs. Ils sont très contents d'eux-mêmes. Seuls ou en couples complices et prenant soin de se soutenir mutuellement, ils font feu de tout bois ...

Leur idole préférée : le profit mais non pas celui dont parle l'Evangile, celui qu'engendre une activité naturelle, saine, fondée sur les lois du vivant. Non, un profit en espèces sonnantes et ... trébuchantes, en argent massif. Celui-là même qui donne l'illusion du pouvoir et qui, en réalité, ne sert qu'à corrompre, abîmer, détruire ou éliminer plus petit que soi.

Ces nouveaux rentiers sévissent à ciel ouvert. Ils ressemblent à s'y méprendre à ceux qui grenouillaient à Londres, à Turin et en maints endroits de notre planète au XIXème siècle. En Italie du nord, il fallut le courage, l'audace et le génie d'un Don Bosco pour arracher de leurs griffes une enfance saccagée et plongée dans une misère si noire qu'à vue humaine il n'y avait plus rien à tenter. 

Aujourd'hui, le décor a changé mais c'est la même pièce qui se joue. Aux vedettes on donnerait presque le Bon Dieu sans confession tant elles ont la mine réjouie, le teint frais et l'air sympathique. Elles prennent la pose en des lieux paradisiaques, vous abreuvent de leur réussite et cherchent à vous entraîner dans leur sillage pour amasser toujours plus, si possible en moins de temps qu'il ne faut pour le dire et, cela va de soi, en travaillant 4h par semaine. Au bout du compte, quelle promesse ? Des euros et encore des euros ... alors que les ressources non renouvelables de la planète Terre vont en s'épuisant, que certaines d'entre elles comme l'eau, bien qu'en principe renouvelables, viennent également à manquer. Qui ne voit que ces monnaies "anciennes" : dollar, euro, mark, yen ...  fondées sur la rareté, conçues pour conforter des positions dominantes sur les marchés des biens menacés de pénurie ... qui ne voit que ces monnaies sont vouées elles-mêmes à se raréfier et qu'en conséquence la question cruciale des temps "modernes" qui se pose et va se poser de plus en plus : " Par quoi remplacer ou, plus exactement, épauler voire supplanter ces monnaies elles-mêmes touchées par le déclin ou la disparition du non renouvelable ? " ?

En réalité, ceux qui voient cette menace pesant sur les monnaies "anciennes", de l'âge d'or du matériel, ne sont pas encore très nombreux puisque beaucoup de nos contemporains s'imaginent que la seule réponse possible aux crises actuelles réside dans une extension quasi illimitée de la gratuité. Les mercenaires et nouveaux rentiers de l'époque contemporaine ricanent quand les échos d'une telle naïveté parviennent à leurs oreilles toujours tendues vers le doux bruit des filons les plus juteux ! Pour eux, la gratuité est un gros mot, une arme ou un tremplin pour attirer les gogos dans les filets de leurs recettes à deux balles qu'ils ont pourtant le culot de vendre à prix d'or tout en faisant croire à leur audience qu'ils sont fort généreux puisqu'ils "offrent" des bonus, des ristournes et des avantages d'allure mirobolante.

Tandis que le monde est en feu, fleurissent sur la Toile d'innombrables propositions d'allure alléchante : travailler moins, gagner plus, quitter la "rat race", sortir du lot, tirer son épingle du jeu, vivre de ses placements, ... C'est à qui sauvera sa peau, ses billes, son temps, ... d'un cataclysme quasi généralisé et inéluctable. Aux bouleversements qui s'annoncent, il faudrait répondre par un changement radical de vie professionnelle pour échapper au naufrage.

L'hameçonnage commence par faire miroiter un avenir mirobolant tout à fait différent de la morosité ambiante et promet une porte de sortie vers un monde où l'ennui a disparu pour faire place à une vie palpitante où la passion règne en maîtresse absolue, le désir en guide suprême, la rentabilité en calife omnipotent ... Le nouveau rentier omet toujours de préciser à ses proies qu'elles ne toucheront pas un centime de bénéfice après que celui-ci aura pris sa part du lion.

Le nouveau rentier mise sur des valeurs indétrônables. En ces temps pour le moins incertains, la pierre fait figure de reine : elle n'a pas son pareil pour alimenter les caisses du prédateur. La recette paraît toute simple : acheter à prix cassé un bien sous évalué dans un environnement dynamique et à l'abri des aléas prévisibles que l'investisseur découpera en tranches afin de multiplier les possibilités de gain après un rafraîchissement à coûts serrés au plus juste de telle sorte que les locataires, plus ou moins temporaires, financeront non seulement le prêt d'acquisition et les travaux mais encore la possibilité d'acheter un autre bien !

Sur le papier, la manip a tout pour plaire aux yeux des plus avides. En partant d'un petit capital et même de rien, les plus habiles arrivent à se constituer une rente à faire pâlir de jalousie tous les travailleurs qui triment à longueur de journée en se demandant, le 15 du mois et même avant, comment ils vont bien pouvoir le boucler et, d'autant plus, lorsqu'ils sont eux-mêmes prisonniers de la combine : le loyer qu'ils paient à prix exorbitant sert à engraisser les rentiers des temps "modernes". Et, pourtant c'est évident, rien de nouveau sous le soleil : de tous temps, ceux qui peinent et ploient sous le fardeau trouvent sur leur route de faux Simon de Cyrène qui, loin d'alléger leur croix, les accablent davantage.

Le jeu de Monopoly est d'autant plus lucratif de nos jours qu'on ne compte plus les foyers divisés en lesquels papa et maman, vivant sous deux toits différents, accueillent tour à tour les enfants issus d'un même lit. Et ce jeu amusant quand il est pratiqué gamin comme divertissement tourne au crime organisé quand il se déploie sur un terrain miné par un chômage sans précédent : la population active aux abois, au lieu de se répartir de manière homogène sur un territoire comme celui de la France capable d'accueillir plusieurs centaines de millions d'habitants, finit par s'agglutiner dans les grandes métropoles - où les prix de l'immobilier flambent - avec le secret espoir de retrouver rapidement un emploi en cas de licenciement ou d'accident de la vie. Une mécanique bien huilée est en marche pour broyer les corps intermédiaires et les personnes. Les nouveaux rentiers n'ont plus qu'à se placer aux lieux stratégiques en vue de se nourrir, de s'engraisser et de se gaver. Souvent nomades et sans responsabilités familiales, ils ne connaissent pas l'angoisse de ceux qui, loin de songer à se déplacer au gré du vent, pensent d'abord à s'enraciner pour que leurs enfants trouvent encore quelques repères stables dans un monde où certains voudraient tout chambouler d'un clic, d'une lubie, d'une mode, d'une idée ...

(à suivre)