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lundi 3 février 2014

Manifs pour tous

L'actualité de la fin de l'année 2013 et du début de l'année 2014 en France nous offre encore un motif sérieux de nous réjouir : alors que le sommet de l'Etat français s'entête à naviguer sans boussole, sans carte et sans âme, des milliers de citoyens courageux, paisibles et solides arpentent les rues de Paris et de nos provinces afin de protester contre une destruction massive, insidieuse et malveillante des piliers de notre société. Ils refusent pacifiquement que des éléments de stabilité vitaux pour la société française soient jetés par-dessus bord au prétexte qu'ils seraient devenus caduques. 

Quelques analystes sérieux de cet événement notent à l'occasion que des rapprochements prometteurs se sont opérés entre des citoyens que les incendiaires de tout poil prennent un malin plaisir à opposer pour attiser la haine et semer la discorde dans un pays qui aurait besoin au contraire de serrer les rangs afin de faire davantage corps, afin de rassembler ses forces et de surmonter les graves difficultés du moment. Ainsi voit-on des citoyens d'origine étrangère, de culture musulmane notamment, défendre des principes de bon sens au côté d'autres citoyens également soucieux des conséquences désastreuses de l'action d'un gouvernement qui a perdu le nord pour satisfaire les franges les plus extrêmes de ses partisans. Les commentateurs aveuglés par leur suffisance ne manqueront pas de parler d'archaïsmes et d'y trouver la preuve définitive de l'inanité d'un combat dépassé. Comment pourraient-ils voir ce qui est en train de se passer sur le terrain ? Ils ne savent faire qu'une seule chose : jongler avec des catégories de pensée qui écrasent le réel alors qu'elles devraient mettre en relief la complexité de ses innombrables dimensions. Formés à l'école d'une mathématique mal digérée, ces mauvais penseurs ne savent plus ce qu'analyser et comparer veulent dire. Parfois même, ils ne savent plus compter !

Les veilleurs et nos contemporains qui défilent sans rien casser mais en prenant le risque d'être arrêtés par une police aux ordres d'un pyromane offrent au monde entier l'image d'une France vaillante qui ne cède pas aux modes et aux mirages d'un progrès illusoire. Ce mouvement de fond balaiera, tôt ou tard, les prétentions de ceux qui, pour être dans le vent, choisissent un destin de feuilles mortes ; il engloutira aussi les velléités de ceux dont la principale occupation est d'adorer leur nombril, de vivre pour eux-mêmes, sans le moindre souci de justice le plus élémentaire.

De l'autre côté des Pyrénées, l'Espagne anticipe avec quelques années d'avance ce qu'il adviendra des dispositions suicidaires que notre gouvernement, sans pilote mais à la botte d'extrémistes dangereux, tente d'imposer à une majorité qui n'en veut pas tandis qu'elle n'en peut plus d'avoir à supporter l'incompétence de politiques parvenus au pouvoir par la manigance, la dissimulation et le mensonge. Ceux-ci sortiront bientôt de l'arène, la tête basse, les bras ballants et le coeur amer. Ils maudiront le peuple, le taxeront d'ingratitude et tenteront de se réconforter dans l'entre-soi qui seul leur convient : là, point de contradicteurs ou d'esprits libres pour les rappeler à leur devoir mais cet aréopage immonde de courtisans qui se nourrissent du sang des pauvres, vomissent sur le moindre état de faiblesse, assassinent de leur langue fourchue tous ceux qui ne pensent pas exactement comme eux.

La régence françouesque a parfois des allures de dictature policière quand elle s'en prend à des manifestants inoffensifs de manière arbitraire tandis qu'elle laisse des casseurs organisés saccager la ville de Nantes. Elle est si pitoyable qu'elle fait sourire ceux qui la servent : ils se régalent d'avoir à suivre les pantomimes d'un roi nu, à la démarche faussement assurée et pourtant imbu de lui-même. Ils savent d'avance que, plus il sera détesté, plus il aura besoin d'être rassuré. Ils attendent la moindre occasion pour lui glisser à l'oreille une idée venimeuse, un projet foireux, une intention maléfique, le tout enrobé de flatterie dégoulinante. Le malheur, apparent, est que, pendant ce temps, la France qui trime n'a pas ces loisirs de parvenus. Que valent en effet ces occupations d'apparatchiks ? Néant sans lendemain. Illusions empressées de faux actifs qui feraient mieux d'aller se ressaisir avant de recevoir le coup qui les contraindra au repos forcé, à la rumination stérile pour les plus endurcis, au réveil salutaire pour les hommes de bonne volonté.


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