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mercredi 28 décembre 2011

Massacre des Saints Innocents



"[...] Hérode, voyant que les mages l'avaient trompé, entra dans une violente fureur. Il envoya tuer tous les enfants de moins de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d'après la date qu'il s'était fait préciser par les mages.

Alors s'accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète Jérémie : Un cri s'élève dans Rama, des pleurs et une longue plainte : c'est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas qu'on la console, car ils ne sont plus. "
Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

Il est possible de retrouver chaque jour les textes de la liturgie romaine sur : http://www.levangileauquotidien.org


En ce jour (28 décembre 2011) où nous célébrons le martyre des Saints Innocents, il est certain que nous ne pouvons entendre l'Evangile sans frémir, non seulement en raison de la cruauté d'Hérode mais aussi parce que le massacre se poursuit de nos jours et qu'il a reçu, en France comme dans d'autres pays, l'aval d'une loi, l'une des plus iniques qui soit en tolérant le meurtre de l'innocent sous le bras armé d'une médecine devenue folle.

Il est non moins certain que la situation de la France ne se redressera pas, à tous points de vue, tant que nous ne placerons pas à la tête de l'Etat une personne qui prendra l'engagement solennel de rendre caduques les dispositions de ladite et mensongère Interruption Volontaire de Grossesse (IVG). Cette tolérance a profondément ébranlé le socle juridique : à partir du moment où le plus vulnérable n'est plus défendu, qui peut prétendre l'être désormais ?

Les mesures à prendre, en dépit des cris de la minorité de ses tristes partisans, sont simples : suppression du remboursement de cet acte barbare et radiation immédiate de l'ordre des médecins de tout praticien détruisant ou participant à la destruction d'un être vivant dans le sein de sa mère. Pour toute personne qui pratiquerait une IVG sur le territoire français, condamnation à verser une très lourde amende.

Que les partisans féroces de l'IVG se rassurent : un laboratoire ne tardera pas à proposer un poison encore plus dangereux que ce qui existe déjà jusqu'au jour où un prophète courageux - il n'y a pas de termes plus justes - prouvera à la face du monde que l'arme chimique distribuée à grands coups publicitaires provoque des dégâts irréparables dans l'organisme de celle qui a recours à cette arme. Ce prophète se lèvera à l'image de ceux qui, aujourd'hui et depuis plusieurs années, découvrent et soignent quotidiennement les déflagrations multiples qui atteignent les femmes marquées au fer rouge par un avortement.

Il est de notoriété publique que des femmes qui ont dépassé le délai légal de quatorze semaines en France pour la pratique de l'IVG se rendent dans des pays plus laxistes où la situation est encore plus dramatique pour les enfants à naître. Voir par exemple le scandale récent en Grande-Bretagne où l'on s'étonne que des avortements sélectifs aient lieu comme si cela était vraiment nouveau. On y découvre, horrifié, que le sexe de l'enfant est pris en compte dans la décision de tuer mais qui ignore qu'en Chine le déficit cumulé des naissances de filles a déjà dépassé les trente millions ? Finalement, renoncer à l'avortement en France ne résoudrait pas ces cas dramatiques. Ce serait un signe fort et prophétique qu'une autre voie est possible : donner une chance de vivre à chaque être humain en évitant d'imaginer que le pire est le plus probable. N'a-t-on pas décidé aujourd'hui d'accorder la chance d'un nouveau départ à des tueurs ? Pourquoi refuserait-on à l'innocent dans le sein de sa mère le droit de vivre ?

Dans le débat qui oppose partisans et détracteurs de l'avortement, il est capital pour ces derniers de ne pas renoncer sous prétexte que le meurtre de l'innocent a étendu son empire et son emprise : quand la tempête sévit à marée haute et détruit tout sur son passage, nous ne désespérons pas de voir les eaux se retirer. Des signes précurseurs du reflux apparaissent montrant qu'il est encore temps de lutter, de ne pas baisser les bras. L'Espagne, notamment, s'apprête à revenir sur les textes qui avaient étendu récemment l'arsenal abortif.

Les plus tordus des partisans de l'avortement chantent le refrain éculé du droit des femmes à disposer de leur corps. Etrange conception qui, sous couvert d'une liberté que personne en France ne conteste aux femmes, autorise l'assassinat d'un enfant par un tiers ( ... instruit ?). Cet enfant, pour être en votre sein, ne vous appartient pas et n'est pas votre corps. En demandant le meurtre de celui qu'elle porte, la femme ne dispose pas de son corps, elle le transforme en tombeau. Quand ce corps de femme qui devrait demeurer sanctuaire inviolable de la vie bascule ainsi dans la barbarie, comment s'étonner que chacun d'entre nous soit désormais à la merci de n'importe quel tueur ? Une cause minable a détruit un rempart essentiel contre la haine. Tandis que de nombreuses femmes ont en réalité perdu toute maîtrise sur leur corps, la société tout entière est devenue l'invertébré sans coquille ou sans carapace : chacun de ses membres peut être à tout moment la proie d'un plus fort que lui puisque l'édifice juridique censé protéger les plus faibles refuse désormais cette protection à ceux qui en auraient le plus besoin.

D'autres partisans de l'avortement invoquent l'incessant mouvement qui engendrerait des avancées inéluctables et porteuses d'un progrès que les générations antérieures et censément barbares n'auraient pas même imaginé. La belle affaire ! Ce qui se passe sous nos yeux a été pensé depuis belle lurette et le sacrifice des enfants ne date pas d'hier. Ce qui est nouveau et devrait nous alerter, c'est l'utilisation de la mise à mort comme remède universel à tous les problèmes. Après avoir promu la mort de l'innocent pour des cas extrêmes, on a tôt fait de l'appliquer à des situations sans gravité et l'on tente par tous les moyens de répandre maintenant l'euthanasie à l'autre extrémité du parcours de vie des êtres humains. La vérité en l'occurrence consisterait à reconnaître que nous manquons d'imagination : dès que la moindre gêne se présente, nous avons pris le pli d'identifier le "coupable" le plus inoffensif pour lui faire la peau. Cette barbarie-là date aussi du fond des âges. Quand elle gagne des nations tout entières en s'installant légalement dans les rouages de l'Etat, elle s'industrialise.


En ce jour, le 26 février 2012,
où nous avons perdu un immense artiste,
le lecteur qui a encore un peu de temps
pourra le réentendre ici :


Hommage à Maurice André

(francetv.fr)


Il nous redit à sa façon
ce que Gilbert Cesbron

(www.enfantsenjustice.fr)

nous a appris en d'autres circonstances :

"C'est Mozart qu'on assassine".

mardi 6 décembre 2011

Informations, réflexions, recherches et actions politiques


Voici,
en ordre alphabétique,
quelques sites au moyen desquels
tout lecteur intéressé
par les enjeux spirituels et corporels,
théologiques, religieux, philosophiques, 
éthiques, politiques,
culturels, sociaux, éducatifs, 
économiques, financiers, 
artistiques, 
techniques et scientifiques,
écologiques et énergétiques,
en France, en Europe 
et dans le monde,
pourra s'informer, 
se former et s'instruire,
penser, décider et agir.

La mention des sites ci-après
ne signifie pas que leur contenu intégral
soit au-dessus de toute critique
mais que chacun d'entre eux
apporte des éléments intéressants
voire passionnants
et des sujets de réflexion stimulants.
Leur apparition ici
ne signifie pas non plus
que leurs auteurs approuvent intégralement
les principes, les valeurs
les observations, les analyses
et les propositions du projet France 2022.

 La plupart des sites
figurant dans cette liste
ont été ou seront aussi mentionnés 
dans l'une ou l'autre tribune 
du projet France2022,
selon les thèmes abordés.

Cette liste n'est assortie
d'aucun commentaire ou jugement de valeur.
A chacun de se forger
son appréciation personnelle.
Tous les sites mentionnés ici
sont de grand intérêt :
inutile de vouloir établir
un classement ou un palmarès.
La palme reviendra,
pour chacun
au site qui l'aura le plus inspiré !





ADIE - Association pour le droit à l'initiative économique

(Economie - Microcrédit)

http://www.adie.org/




AFEP - Association Française d'Economie Politique

(Défense du pluralisme en économie)


http://assoeconomiepolitique.org/



L'Afrique réelle

(Politique - Economie - Développement)

http://bernardlugan.blogspot.fr/p/lafrique-reelle.html




Agora Vox

(Média citoyen)

https://www.agoravox.fr/



APA - Association pour l'amitié

(Economie - Solidarité - Logement - Rue)

http://associationpourlamitie.com/





ANRU - Agence nationale pour la Rénovation Urbaine

(Cité - Ville - Municipalité)

http://www.anru.fr


Aleteia : perspectives chrétiennes sur l'actualité

(Monde - France - Actualités)





Alimentation sensorielle

(Site de Dominique Guyaux 
Maladies dégénératives - Manger cru)

https://alimentationsensorielle.fr



Avant-garde

(Mutualisation des idées, expériences et réflexions 
en vue du redressement de la France)

http://www.lavant-garde.fr




Beauchesne Editeur

(Histoire - Religions - Philosophie - Spiritualité) 

http://www.editions-beauchesne.com/




Bethasda

(Liberté intérieure - Spiritualité, psychologie et somatologie) 

http://www.bethasda.org/index.php/fr/




Bruno Giuliani

(Philosophie de la joie JOYA - Liberté intérieure - Spiritualité) 

http://www.brunogiuliani.com/




Céline Alvarez

(Refondation de l'école - Expérience Montessori - Enseignement mutuel) 

https://lamaternelledesenfants.wordpress.com/blog/
https://www.celinealvarez.org/
 



Chevaliers de Colomb

(Monde, bienfaisance, entraide) 

http://kofc.org/fr/index.html/




Crises

(Analyses, témoignages, humour ... sur les différentes crises)

http://www.les-crises.fr/





Les Economistes Atterés

(Autres voies économiques possibles et débat citoyen)

http://www.atterres.org/



Ecosia

(Planter des arbres en surfant sur la Toile !)

https://www.ecosia.org




Emergences

(Se changer, changer le monde)

https://www.emergences.org/ https://www.emergences.org/pages/les-intervenants-des-journees-emergences




Energies pour l'Afrique

(Fonds de soutien à l'électrification 
présidé par Jean-Louis Borloo)

http://www.energiespourlafrique.org/




Ensemble pour l'Europe

(Europe et charismes)

http://www.ensemblepourleurope.fr/




Entrepreneurs solidaires

(Aide aux missionnaires et aux plus pauvres)

Lien supprimé à la demande des parties prenantes





Ergodis
 

(Ergonomie informatique 
dont promotion de la disposition bépo pour le clavier)

https://bepo.fr/wiki/Association_Ergodis





 Esprit civique
  
(La Personne au coeur de la Gauche, 
Etat société civile et entreprise)

http://www.espritcivique.org/index/



Etienne Chouard
  
(Europe - France - Principes constitutionnels - Démocratie)



Fermes d'avenir

(Agroécologie et permaculture) 

http://www.fermesdavenir.org




Fondation de service politique

(Politique et Magistère de l'Eglise) 

http://www.libertepolitique.com/



Fondation MMA des entrepreneurs du futur

(Entreprise, territoires et mutations) 

http://fondation-mma-des-entrepreneurs-du-futur.mma/


France Audace

(Politique, élections 2017, société civile, christianisme) 

http://www.france-audace.fr/



Fun MOOC

(L'excellence de l'enseignement supérieur 
pour des cours en ligne, gratuits et ouverts à tous) 




Globeco

(Statistiques mondiales) 

http://www.globeco.fr/public/index.php



Great place to work

(Entreprises où il fait bon travailler en France) 

http://www.greatplacetowork.fr/




Habitat et humanisme

(Logement solidaire) 

http://www.habitat-humanisme.org/




Henri Joyeux

(Santé - Médecine - Nutrition) 

http://www.professeur-joyeux.com/




Raphaël Perez

(Hygiène) 

http://www.hygienenaturelle-alimentation.com/




IFRAP

(Analyse des politiques publiques 
et laboratoire d'idées innovantes)

http://www.ifrap.org/


Institut de l'iconomie

(Economie et révolution informatique)

 http://www.iconomie.org/


Institut Montaigne

(Réflexions et propositions politiques)

 http://www.institutmontaigne.org


Institut Thomas More

(Réflexions et propositions politiques)

http://www.institut-thomas-more.org/


Intelligence verte

(Agriculture biologique et environnement)

http://www.intelligenceverte.org/


Institut de recherche en agriculture biologique pour l'Europe
IRABE

(Agriculture biologique et environnement)
http://www.irabe.fr/index.php


Jean-Marc Jancovici

(Climat et énergie)
http://www.manicore.com/


La France s'engage

(Récompense des projets innovants en matière
d'éducation, culture, solidarité, écologie, santé et citoyenneté)

http://lafrancesengage.fr/






Larminat

(Nombreux articles très fouillés sur divers sujets politiques)

www.larminat.fr/les2ailes/

 

Leadership vertueux

(Management et vertus cardinales)

http://hvli.org/fr/




Le Chemin de la Nature

(Botanique - Plantes sauvages comestibles)

https://www.lechemindelanature.com/




Le Pacte civique

(L'engagement personnel en politique - Société civile)

http://www.pacte-civique.org/Accueil



Les déshérités

(Philosophie. Blog de François-Xavier Bellamy)

http://lesdesherites.fr/




Les Petits culottés

(Hygiène BIO)

https://www.lespetitsculottes.com/fr/



Les veilleurs

(Résistance citoyenne et pacifique)

https://www.facebook.com/LesVeilleursOfficiel
http://lesveilleurs.tumblr.com/




L'instant cru

(Alimentation crue, citoyenne et responsable)

https://www.linstantcru.com/




Maman Blues

(Maternité - Accompagnement)

http://www.maman-blues.fr/




Marie qui défait les noeuds
(Spiritualité)

http://www.mariequidefaitlesnoeuds.com/fr/



Matthieu Ricard

(Spiritualité, biologie, écologie, politique, développement)

http://www.matthieuricard.org/




Michel Volle

(Economie, informatique, société)

http://www.volle.com/




Mon potager

(Permaculture)

http://www.monpotager.net/permaculture.htm




Nathalie MP

(Politique, libéralisme, culture, catholicisme)

https://leblogdenathaliemp.com/




Notre France

(Lieux remarquables)

http://www.notrefrance.com/




 
Observatoire Français des Think tanks

http://www.oftt.eu/

Voir aussi :

http://www.journaldunet.com/management/dossiers/040435thinktanks/annuaire/



Passion Animale et Végétale

(Faune et flore)

Chaîne Youtube



Patrice de Plunkett 

(Actualité et christianisme)

http://plunkett.hautetfort.com
Ici en interview (vidéo KTO - VIP)



 Permaraîcher

(Permaculture, maraîchage)

http://www.permaraicher.com/



 Permaterra

(Permaculture, agriculture régénérative)

http://www.permaterra.fr/


Pierre Rabhi, mouvement des colibris

(Agriculture biologique, société civile)

http://www.colibris-lemouvement.org/


Pierre Rabhi, terre et humanisme

(Agroécologie)

http://terre-humanisme.org/



Poissons roses

(Politique et Evangile)

http://www.poissonsroses.org






Pollinis

(Agriculture durable - Protection des pollinisateurs,
notamment les abeilles)

http://www.pollinis.org





PSE - Pour un sourire d'enfant

(Développement, éducation, formation, 
coopération France - Cambodge)

https://pse.ong/



Pratiques pédagogiques

(Enseignement primaire)

http://www.pratiquespedagogiques.fr/


Professeur Henri Joyeux

(Médecine, cancérologie, nutrition)

http://www.professeur-joyeux.com/





Réinformation

(Un autre regard sur les événements)

http://reinformation.tv/


Revue Civique

(Questions civiques, enjeux de société, ... )

http://revuecivique.eu/


Robin des bois

(Protection des hommes et de l'environnement)

http://www.robindesbois.org/


Saint-Siège

(Spiritualité, politique, économie, société, ... )

http://w2.vatican.va/content/vatican/fr.html



Semaines Sociales


(Politique, économie, société)

http://www.ssf-fr.org/ssf




Sergueï Toutounov

(Arts, peinture, France et Russie)

http://www.toutounov.fr/




SOL

(Agroécologie et solidarité)

https://www.sol-asso.fr/




SOS Education

(Instruction et éducation nationales)

http://www.soseducation.org



SOS Fin de vie

(Ecoute, accompagnement, fin de vie)

http://www.sosfindevie.org



SOS Tout-Petits

(Vie, avortement, IVG, contraception)

http://www.sos-tout-petits.org/



Souffrance et travail

(Guides pratiques, consultations)

http://www.souffrance-et-travail.com/




Terre de Compassion

(Culture, actualités, spiritualité)

http://terredecompassion.com/



The Shift Project

(Atténuation du changement climatique et réduction de la dépendance de l'économie aux énergies fossiles)


https://theshiftproject.org/



Thierry Casasnovas

(Ecologie, nutrition, hygiénisme, santé)

http://regenere.org/
 




Tombée du nid

(Solidarité)

http://tombeedunid.fr/




Unique et différent

(Hommes et entreprises)

http://www.uniqueetdifferent.com/



Un jardin BIO

(Blog de Gilles Dubus)

https://www.un-jardin-bio.com/


 
Xavier Fontanet 

(France, mondialisation, entreprises, stratégie)

https://xavierfontanet.wordpress.com



Yannick Bonnet

(Education, Foi, Doctrine sociale et anthropologie chrétienne) 

http://www.yannikbonnet.com/

(Site malheureusement suspendu depuis le décès de son auteur.
Une partie de ses écrits peut-être retrouvée ici :

http://www.saintjosephduweb.com/bonnetblog/)


jeudi 11 novembre 2010

France 2022 : Travaux intellectuels et travaux manuels



Le Père Jérôme, trappiste de l'Abbaye de Septfons, enseignait la philosophie et travaillait au verger du monastère, partageant son emploi du temps en deux domaines entre lesquels il est aisé d'établir des ponts. Le Père Jérôme est connu pour ses livres nourris de son expérience profonde de la prière et d'un savoir patiemment construit au fil de ses lectures. 

Dans l'homme accompli, nulle opposition entre les heures d'étude et les travaux de plein champ. Leur complémentarité est quasi évidente : quand les mains et le corps tout entier s'adonnent aux travaux manuels, l'esprit se découvre plus libre pour se pencher sur un objet de réflexion.

Combien de personnes surchargées par les multiples décisions à prendre en situation de responsabilité gagneraient à se consacrer à des tâches où leur esprit pourrait enfin se reposer, se ressourcer et penser plus librement ? L'un des objectifs du projet France 2022 est de convaincre bon nombre de dirigeants de renoncer à une part confortable de leur rémunération (en Euros) pour oser partager leurs pouvoirs et leurs responsabilités : c'est d'abord à ce niveau-là que le partage du temps de travail s'amorcera avec profit.

Convaincre ne suffira pas à créer une onde de choc assez forte pour obtenir tous les effets attendus : meilleur gouvernement des institutions et des entreprises, baisse du chômage, réduction des inégalités de traitement, ... Une deuxième phase d'incitation permettra d'amplifier les premiers bénéfices qui résulteront de l'audace des pionniers volontaires. Une troisième phase de généralisation à tous les postes de direction montrera que la morosité actuelle n'était pas sans remède.

Les emplois les moins qualifiés, qui ne disparaissent pas avec l'automatisation des tâches et même apparaissent, ne pourront pas bénéficier de réductions importantes d'horaire mais il est tout à fait possible de prévoir qu'ils soient assumés par un volant plus large de citoyens dans le cadre d'une redistribution des travaux qui n'exigent pas d'aptitude au commandement et à la direction. Il est également possible d'amplifier l'effort de formation afin que ceux qui ont rencontré des difficultés d'apprentissage à un moment donné puissent retrouver et développer la joie d'apprendre.

Il ne s'agit pas de promettre la lune en faisant miroiter une réduction générale du temps de travail : même assommée par un discours revanchard, anticapitaliste en diable, ... n'importe quelle personne qui a conservé un brin de bon sens, perçoit qu'il est insensé de réclamer toujours plus d'avantages dans un monde où tant d'hommes et de femmes sont dans la misère extrême ou bien vivent dans des conditions précaires. Cette revendication est amorale et chacun peut faire l'expérience que le désoeuvrement ne mène pas loin. 

L'esprit du projet France 2022 consiste à défendre le principe d'une redistribution nécessaire des emplois : à ceux qui ont des situations passionnantes, demander de réduire leur temps de travail et leur rémunération (en Euros) ; à ceux qui ont très peu de perspectives d'évolution, permettre de sortir d'une situation d'enlisement ou d'enfermement ; à tous, demander de prendre une part significative aux travaux requis par les causes désargentées ou, en d'autres termes, à la satisfaction des besoins non solvables.

Les plus généreux sont déjà sur plusieurs fronts : ils ont une vie professionnelle bien remplie et ils consacrent une part significative de leur temps à des activités bénévoles. D'autres hésitent à se dévouer, craignant d'être débordés. D'autres encore estiment qu'ils doivent d'abord assurer le déroulement de leur carrière. 

Plus l'avenir professionnel s'assombrit, plus les parcours deviennent chaotiques, plus l'hésitation générale grandit : comment risquer une part de son temps dans des actes gratuits alors que nul n'accepte de vous embaucher pour du pain ? Quand le chômage et l'inactivité s'installent à des niveaux aussi élevés que ceux d'aujourd'hui, il est nécessaire que les personnes les mieux loties consentent à faire des efforts qui ne se résument pas seulement à une amputation de leurs revenus : elles ont à donner de leur temps, à partager leurs pouvoirs et à réduire leurs avantages. Elles ont à le faire en direction de celles qui ont la faculté immédiate d'être à leur place. Ces dernières en agissant de même à l'égard des autres et ainsi, de proche en proche, offriront aux plus déshérités une marge nouvelle de progression. Ce renoncement général en faveur de plus pauvre que soi ne portera son fruit de justice et de paix que s'il est animé par une volonté d'accueil, et non pas d'éradication, de la pauvreté, de la faiblesse et du handicap.

Dans une société où la part de bénévolat à assumer est laissée à l'appréciation libre de chacun, on n'offre pas au plus grand nombre la possibilité de se donner davantage. En liant réduction du temps de travail et engagement bénévole, nous résolvons une équation difficile : tenir compte des avancées technologiques qui déplacent le rapport de force entre capital et travail (rémunéré) tout en veillant à satisfaire les besoins non solvables.

Quand de nombreuses tâches sont accomplies par des automates, des hommes qui n'ont pas été formés à les dépasser sur d'autres terrains ne trouvent pas d'emplois rémunérés. Ce phénomène est encore aggravé par le déplacement géographique des systèmes de production que le capital a la faculté d'installer où les coûts de mise en oeuvre sont les plus faibles. 

Une première réponse consiste à transformer intelligemment les programmes de formation pour limiter la casse du chômage. Cette réponse ne suffit pas pour plusieurs raisons : il subsiste des tâches non automatisables mais qui demandent un niveau de qualification peu élevée ; des accidents affectifs peuvent entamer la volonté d'apprendre. 

Une réponse plus solide intègre la nécessité d'une conception plus large du travail : sa finalité ultime n'est pas de produire des choses mais de traduire en acte l'amour mutuel. Sans le secours de cette vision étendue, l'homme est réduit à l'état d'une machine sophistiquée dont le développement des techniques parvient cependant à égaler ou même à surpasser la complexité, les performances et le quotient qualité/coût de revient puis qualité/prix de vente.

samedi 9 octobre 2010

France 2022 : Le Pape et le Président

Une fois n'est pas coutume, nous partirons d'un événement - la visite du président Sarkosy au pape Benoît XVI le 8 octobre 2010 - pour creuser davantage le sillon d'une nouvelle manière de concevoir et d'exercer les responsabilités politiques majeures et (en apparence) mineures dans notre pays.


Sur notre Terre, il se produit chaque jour et à toute heure, des milliards de rencontres. Nous avons connaissance de celles qui nous concernent comme acteur ou témoin direct et d'une infime partie de toutes les autres. Celles qui nous parviennent sont passées par le filtre des médias et par le tissu de nos relations sociales. Tel ou tel événement émerge du flot quotidien des rencontres, des incidents et des accidents, sans que nous sachions toujours quelle intention principale a déclenché son apparition ou son rappel à notre conscience.


Au lieu de porter son attention sur la matière même de l'événement, il peut sembler pertinent de s'interroger sur les intentions qui ont suscité sa mise en valeur. Pour peu que l'événement nous paraisse secondaire, mis sur le devant de la scène au détriment d'autres faits d'actualité beaucoup plus graves et intéressants de notre point de vue (censément étroit), nous sommes alors tentés de réagir de manière virulente, non seulement contre le vecteur de l'information et ses intentions probablement (?!) malveillantes mais aussi contre les protagonistes de l'événement lui-même. Reconnaissons qu'il y a là un manque de tempérance et une façon de se défouler à bon compte. Avant d'aller plus avant, nous ferons crédit au lecteur d'une patience et d'une curiosité de bon aloi pour éviter d'être, à notre tour, la cible d'une vindicte tout à fait déraisonnable.


Combien de commentaires acerbes tenteront de prendre toute la place ? Combien d'entre filets chercheront à camoufler l'événement lui-même ? Comment ne pas se réjouir de pouvoir accéder désormais à des enregistrements complets et fidèles ? Quel bonheur aussi de trouver ça et là des présentations équilibrées, des comptes rendus qui ne déforment pas la réalité de manière grossière. Quel repos pour l'esprit et le coeur !


La multiplication des enregistrements nous donne la possibilité de vivre ou de revivre la rencontre elle-même comme l'on revient à la source d'un texte qui, à force d'avoir été commenté, s'était retrouvé enfoui sous la cendre. Si beaucoup ont choisi de cracher le magma qui les travaille et de se mettre en éruption dès que la vie se manifeste, pourquoi ne pas rester au bord des eaux tranquilles ou tumultueuses pour admirer des trésors qui n'attendent que notre faculté d'émerveillement ? La caravane passe, les chiens aboient. Les moyens modernes nous offrent de pouvoir éliminer les bruits parasites de la bande son. Les cris et les hurlements ne représentent plus alors qu'un dérangement mineur. Ils ont même l'avantage de nous alerter dans les situations où nous aurions pu passer à côté de l'événement. Acceptant enfin de garder en nous une âme d'enfant, nous serons sensibles à des émotions qui échappent aux âmes torturées ou aux esprits chagrins.


Un homme qui aurait préféré ne pas avoir à exercer une charge écrasante rencontre un autre homme dont l'ambition a triomphé de tous les obstacles qui auraient pu le priver du siège présidentiel. En dépit de cette différence de taille, voici deux hommes assez fins pour mesurer à quel point leur charge est au-dessus de leur force. Voilà un point de convergence qui donne déjà à leur rencontre une intensité inhabituelle en permettant à chacun d'atteindre un degré de compréhension mutuelle assez rare pour être relevé : un éloge trop hâtif de la différence cache parfois l'intérêt d'être semblables en un point crucial. Une telle rencontre n'a pas simplement une dimension politique voire électoraliste : elle a des dimensions intellectuelle, affective et spirituelle. Nul besoin d'être sorcier pour saisir l'importance de telles rencontres au sommet, entre deux "grands" de ce monde.


Un homme dont un anticlérical borné pourrait demander la mise à la retraite, continue à travailler bien au-delà du cap prétendument fatidique de la soixantième année. Un homme dans la force de l'âge pour l'exercice de ses fonctions présidentielles peut témoigner à l'issue d'une telle rencontre qu'un vieil homme à l'échelle de l'économie mondiale, un poids lourds pour les comptes sociaux (?!), manifeste une présence saisissante et confirme, s'il en était besoin, que nous avons bien tort de nous priver trop vite de l'expérience et de la sagesse des plus âgés d'entre nous. Dans un monde qui a tant besoin de redécouvrir la nécessité vitale de la miséricorde, ils peuvent devenir comme dans l'évangile de la femme adultère, les grands témoins du salut apporté par l'abandon des poursuites stériles, infamantes, blessantes, avilissantes et même mortelles.

vendredi 10 septembre 2010

France 2022 : La paille et la poutre


"Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous deux dans un trou ? Le disciple n'est pas au-dessus du maître mais celui qui est bien formé sera comme son maître. Qu'as-tu à regarder la paille dans l'oeil de ton frère alors que la poutre qui est dans ton oeil à toi, tu ne la remarques pas ? [...] Esprit faux ! Enlève d'abord la poutre de ton oeil alors tu verras clair pour retirer la paille qui est dans l'oeil de ton frère."

Sans faire l'effort de se convertir en profondeur, de se montrer bienveillant et miséricordieux, comment espérer faire bouger le monde d'un iota ? Et pourtant la Terre tourne ! Elle voyage même à une vitesse prodigieuse : près de 30 km par seconde ! Il suffirait que sa vitesse varie brusquement pour que nous nous sentions très mal ...

Combien de fois n'avons-nous pas eu le sentiment de percevoir des critiques abusives voire mensongères à l'égard d'un pouvoir en place, qu'il soit parental, professionnel ou politique : une soeur pleine d'amertume contre sa mère, un fils dénigrant son père, un salarié furieux contre son patron, un citoyen qui rend le gouvernement en place responsable de tous les maux ... ? Combien de fois n'avons-nous pas cédé nous-mêmes à la critique facile ?

Aujourd'hui comme hier, la vie politique de notre pays est envenimée par des querelles de bas étage qui ne servent ni les intérêts ni la renommée de la France (voir la page "Pourquoi cette tribune"). Il suffirait d'un brin d'élégance pour que la course folle aux superlatifs injurieux, médisants ou calomnieux, soit déviée de sa trajectoire, pour qu'au lieu de broyer tel ou tel personnage en vue, elle finisse dans les poubelles de l'histoire.

Il existe une façon simple de vaincre le découragement dans l'exécution d'une tâche aussi ingrate ou difficile soit-elle : se parler, s'encourager, se dire en permanence les actions qu'il convient d'accomplir, se féliciter des progrès obtenus même quand ils sont modestes. Une telle pratique chasse la tentation de se dévaloriser, de se critiquer bêtement. Diriger son esprit vers l'action elle-même au lieu de le faire sur ses capacités, les obstacles ou les résultats prévisibles, ... ne lui laisse aucun loisir pour s'intéresser à autre chose. De même, nous savons bien qu'il est tout à fait possible d'éliminer de notre bouche les paroles malveillantes ou insultantes : avoir à coeur de bénir, de remercier, de louer aussi souvent que nous prenons la parole. Cette habitude saine ne s'acquiert pas en un jour. Elle se fortifie par une application constante qui ne s'alarme pas à la moindre défaillance et ne remet pas à demain pour se prendre au jeu. Inutile d'en être convaincu pour l'expérimenter : la joie qui ne manque pas de s'épanouir et de fleurir dans le coeur qui se met à l'ouvrage en un tel sens vaut tous les arguments, toutes les démonstrations.

lundi 16 août 2010

France 2022 : Génie et sainteté en France


"Les nations ont besoin 
  de héros et de saints
  comme la pâte a besoin de levain."





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Jeanne d'Arc


Musée des Beaux-Arts, Reims


« Depuis le sommet où il s’est perché,
l’orgueilleux regarde toujours vers le bas, 
et, évidemment, il ne voit que des êtres ignorants, faibles, vicieux. 
Il les considère avec mépris 
et il se promène partout gonflé du sentiment de sa supériorité. 
Mais en étant toujours satisfait de lui-même, 
il n’avance pas.
Tandis que celui qui regarde vers le haut 

aperçoit des êtres plus évolués, plus sages, plus lumineux, 
et, là, par comparaison, 
ses défauts commencent à lui apparaître. 
Il se sent tout petit à côté ; 
il devient humble, 
et c’est cette humilité qui le grandit. 
Parce qu’en fixant son attention sur ces êtres, 
en les admirant, 
il ne reste pas sans rien faire : 
il travaille, il fait des efforts, 
il voudrait tellement devenir comme eux ! 
Et c’est ainsi qu’il avance. »

Omraam Mikhaël Aïvanhov






A la mémoire du Colonel Arnaud Beltrame


"Quand on va à l'étranger, on se rend compte combien la France est considérée comme un grand pays, par son histoire et sa géographie, sa culture et ses réalisations. La France a une vocation singulière. Quand on rentre au pays, on a le sentiment inverse : la France a tendance à se dévaloriser, se culpabiliser et se lamenter. N'ayant pas conscience de sa grandeur, elle n'a pas vraiment confiance en elle. Pour avoir été chef d'état-major de la première armée européenne et de la seconde armée occidentale en opérations, je ne me lasse pas de dire et de redire à tous les Français que je rencontre : la grandeur du pays est là, à nous de nous l'approprier ! "



Pierre de Villiers
"Qu'est-ce qu'un chef ? " p. 173 - 174


Au coeur de l'été 2010, la France est sous une pluie d'automne. "Temps de Toussaint" peut-on lire à la une. Légitimement contrariés par le froid et la pluie, si nous sommes en vacances, comment allons-nous retrouver le moral dont nous aurons besoin au retour de nos congés ? 

Sortant de nos maisons et de nos prisons mentales pour aller voir ailleurs, nous découvrons la chance d'être arrosés même quand le soleil devrait être au rendez-vous. 

Dans l'aquarium de Paris, laissons-nous transporter à Gaza par les amis de la terre au Moyen-Orient pour retrouver la joie d'habiter une terre où l'eau est abondante quand ne sévit pas une période de sécheresse, où les enfants ne souffriront pas de problèmes entretenus et aggravés par un conflit apparemment sans issue ... à moins que la question de l'eau, vitale pour chaque parti, ne contraigne les hommes à s'entendre s'ils ne veulent pas périr en grand nombre.

Terre aride, altérée, sans eau ou jardin à ciel ouvert, baigné par le soleil et fécondé par des pluies généreuses ? Parmi les nations de notre planète, quelle est celle qui peut se prévaloir d'un climat aussi clément et généreux que le nôtre ? Que serait la France si elle prenait davantage au sérieux et accueillait avec plus de reconnaissance les dons du ciel qui l'abrite ? Un pays qui ne douterait plus, non pas de sa vocation universelle - quel pays n'est pas appelé à rayonner au-delà de ses frontières et jusqu'aux limites de la Terre ? - mais des chances que lui offre sa géolocalisation exceptionnelle. Nous y reviendrons car nous devons d'abord redécouvrir qu'un autre ciel n'a pas ménagé ses peines pour nous offrir aujourd'hui l'un des plus sublimes manteaux étoilés que l'on puisse imaginer et concevoir. 

C'est en portant un regard neuf, admiratif et très émerveillé, sur les plus belles heures dont la France fut le théâtre que nous retrouverons le goût et le courage d'avancer malgré les vents contraires, en dépit des crises - parfois salutaires - qui nous découragent d'agir ensemble. Si les temps difficiles que nous aimerions traverser au plus vite avaient le mérite d'orienter nos efforts vers les plus belles pages de notre histoire, nous pourrions nous réjouir d'avoir eu à les affronter : ils n'auraient pas seulement ouvert nos yeux ; ils auraient dilaté notre coeur, libéré nos esprits et nos mains pour un service passionné de tout homme, considéré non plus comme un rival ou un ennemi mais accueilli comme un frère.


Intermède

"A l'école, nous avions eu quatre classes de suite le même manuel d'histoire, nous étions censés étudier une période chaque année : d'abord l'Antiquité glorieuse, des cités phocéennes aux conquêtes d'Alexandre ; puis les Romains, les Byzantins, les Arables, les croisés, les Mamelouks ; ensuite les quatre siècles de domination ottomane ; enfin les deux guerres mondiales, le mandat français, l'indépendance ... J'étais, quant à moi, bien trop impatient pour attendre le déroulement du programme. L'histoire était ma passion. Dès les premières semaines, j'avais parcouru tout le livre, je ne me lassais pas de le lire et relire, les pages s'en étaient trouvées, l'une après l'autre, pliées, froissées, écornées, abondamment soulignées, maculées de gribouillis, de notes, d'interjections en guise de commentaires ; à la fin il ne restait plus de l'ouvrage qu'une piteuse pelote de feuilles effilochées."


Les Echelles du Levant, p. 11
Amin Maalouf

Cet été 2010, la question de l'histoire de France et de son enseignement est revenue à la une de l'actualité. A cette occasion, nous avons pu observer comment les débats prennent un tour polémique parce que les divers interlocuteurs sont devenus incapables de s'entendre sur un périmètre, sur une fonction et un but, sur une manière de faire. Certains mettent en avant les variations du territoire français au fil du temps pour démolir la notion d'histoire de France en cassant l'acception même de France ! Où l'on voit à quel point d'auto-anéantissement nous risquons de tomber quand on coupe les cheveux en quatre. Pourquoi ne pas dire que le périmètre actuel définit à rebours le périmètre qu'il convient d'étudier de manière historique : si certaines régions de la France d'aujourd'hui n'ont pas toujours fait partie de notre pays, qu'est-ce qui empêche de les inclure maintenant dans une présentation historique des événements ? 

Pour qui s'intéresse au mouvement des frontières : "Histoire de l'Europe", vidéo dans laquelle ce mouvement est présenté depuis 400 avant Jésus-Christ jusqu'à nos jours pour l'Europe et le bassin méditerranéen (son à baisser ...). Dans le même style pour le monde entier : vidéo de 16 minutes (idem pour le son !).

Ergoter sur l'espace géographique occulte une question beaucoup plus importante : quels événements prendre en compte ? On découvre alors que c'est l'enseignement de toutes les disciplines qui aurait intérêt à ne pas négliger les aspects historiques. Un seul exemple illustrera cette thèse : ce qui a dégradé l'enseignement des mathématiques en France, ce n'est pas l'introduction des mathématiques modernes dans les années 70 mais la volonté folle de faire table rase du passé en usant d'un langage parfois ridicule et censément incompréhensible pour le commun des mortels. La marche arrière opérée dans les années 80, comme un retour de manivelle, a effacé les bénéfices d'une approche moderne - essentielle aux développements techniques, notamment informatiques, et à une compréhension renouvelée des mathématiques - sans apporter d'emblée de regain significatif en faveur d'une présentation historique de cette science même si, heureusement, des efforts ont été accomplis en ce sens depuis.

En généralisant le souci d'une prise en compte des événements, les polémiques vaines touchant à l'extension du périmètre tombent d'elles-mêmes : il est évident qu'en étudiant n'importe quelle discipline d'un point de vue historique, nous sommes amenés à voir ce qui s'est passé au-delà de nos frontières. Poussant plus loin le raisonnement, nous réconcilions deux points de vue qui ont trop tendance à s'opposer : en découvrant et en apprenant des faits, des notions, des savoir-faire, ... toutes choses qui constituent une culture et un savoir, on ne perd pas de vue l'autre versant, celui qui consiste à devenir capable d'envisager toutes choses dans ses principales dimensions : historique, actuelle et future, théorique et pratique, économique et sociale, inerte et vivante, matérielle et immatérielle, naturelle et surnaturelle, corporelle et spirituelle ...

Chacune de nos mémoires est une terre qui ne demande qu'à être travaillée, ensemencée, nourrie et abreuvée pour être peuplée de souvenirs qui donneront à notre intelligence et à notre volonté d'être actives au service de tous, sans exception. Apprendre le français peut-il être encore perçu comme un pensum par celui qui comprend qu'à travers cette langue, il a désormais accès aux trésors les plus exaltants ? Aux trésors écrits par des locuteurs natifs, par des amoureux francophiles et encore par tous les traducteurs qui ont mis à notre disposition les chefs d'oeuvre du monde entier. 

Quand nous envisageons l'avenir de la France, sommes-nous assez attentifs à son insertion au sein d'un espace francophone dont la diversité est saisissante et dans lequel chaque membre apporte une contribution majeure quelle que soit sa taille, sa puissance, son degré de développement ... ? Métropole, départements et territoires d'outre-mer, Belgique, Suisse, Québec, Afrique francophone, Pays dits de l'est, Vietnam, Liban, Syrie, Moyen Orient, ...

Savons-nous, mesurons-nous la chance que nous avons d'habiter un pays largement ouvert sur l'extérieur ? Il suffit d'un seul passionné bilingue pour ouvrir la porte d'un palais à une multitude.

Palais est trop faible ! La traduction étend, devant celui qui veut bien regarder, une contrée, une région, un royaume, un continent à explorer. Incapable d'entendre et de comprendre le message venu d'ailleurs en raison de la barrière linguistique, l'explorateur se trouve soudain au contact d'autres modes de perception et de pensée. Le miracle de la traduction lui rend accessible des sommets qu'il n'aurait pu atteindre par ses seules forces. L'expérience d'une seule lecture réjouissante et profitable d'un livre traduit en français est en mesure de convaincre l'esprit le plus récalcitrant ou celui qui serait gêné par l'emphase de tels propos : "N'est-il pas exagéré d'affirmer que la traduction ouvre des horizons aussi vastes ?". 

Ouvrons "Le problème de la souffrance" de Clive Staple Lewis et lisons. Combien de lecteurs resteront insensibles à la vérité qui émanent de ces pages, au parfum enivrant de l'alliance parfaite entre intelligence, bonté et humilité ? Qui ne comprendra alors l'inanité et l'absurdité d'entretenir les divergences qui ont pu séparer les Anglais et les Français ?

En d'autres circonstances et en poussant la curiosité, le lecteur découvrira même dans les livres d'auteurs étrangers un regard original sur la littérature française qui lui ouvrira de nouveaux horizons. Ainsi en est-il par exemple de l'approche novatrice de l'écrivain croate Ivan Merz qui, lors d'un séjour à Paris, révèle en se penchant sur l'oeuvre de grands écrivains français, l'influence du culte et de la liturgie : "L'influence de la liturgie sur les écrivains français de 1700 à 1923"Cette clef de lecture venue d'ailleurs montre la fécondité des rencontres que la fascination d'une langue et d'une culture est capable d'engendrer.

Malgré les erreurs et approximations de leur traduction et publication en français, qui restera insensible aux révélations du Père Gabriele Amorth au cours d'entretiens avec Marco Tosatti parus dans un livre au titre bref : "Confessions" et sous-titré (faussement) : "Mémoires de l'exorciste officiel du Vatican", livre traduit de l'italien par Serge Filippini et publié chez Michel Lafon en 2010, (éditeur malheureusement entraîné ici par les dérives du sensationnel qui font le lit de l'incrédulité) ? Le lecteur y découvre un monde démoniaque qui tente d'agir en cachette pour passer inaperçu et faire davantage de mal.

En acceptant de concentrer ses efforts sur ce qui en vaut la peine, le citoyen, conscient de ses responsabilités, n'accédera pas seulement aux fruits des génies et saints de son pays mais aux jardins les plus exotiques et les plus éloignés de ses repères habituels. Il saisira avec plus d'acuité le drame de l'ignorance et de l'indigence qui frappe tous ceux qui, sous prétexte de conserver des richesses mangées par les vers et rongées par les mites, tentent de fermer les frontières de leur pays aux influences venues d'ailleurs. Le témoignage de Francis Collomp, otage au Nigéria, apprenant à l'un de ses geôliers âgé de 20 ans que la terre est ronde, montre à quel degré d'ignorance conduisent des positions fermées à l'extrême.
   
Au fur et à mesure qu'avance notre vie, nous prenons conscience de la valeur du temps. Parmi toutes les oeuvres qui attendent notre bonne volonté, comment choisir celles qui éveilleront notre sensibilité et transformeront notre coeur de pierre en coeur de chair ? Le génie des belles lettres et des beaux-arts, seul, est-il capable d'engendrer cette métamorphose sans laquelle nous nous agitons en vain ? 

Agir pour soi, pour son propre compte, pour défendre les intérêts de ses proches devient une tâche de plus en plus ardue dans un monde où la multiplication des mouvements et des chocs produit une élévation de la température, où le solide tend à fondre tandis que ce qui est liquide s'évapore. Le réchauffement climatique, qu'il soit accéléré par l'activité des hommes pour les uns ou qu'il ne le soit pas pour les autres, traduit en somme, sur le plan géologique, l'emballement qui gagne nos coeurs, nos esprits et nos corps, notre planète tout entière. 

Où puiserons-nous la sérénité et la tranquillité d'âme plus que jamais nécessaire pour une prise de décision qui ne tourne pas à la catastrophe ? Que dire alors, par surcroît, des décisions politiques et des discours publics qui ont un retentissement très large ? 

Ajouté le 12 juillet 2019 :

Pays de volailles colorées et si diverses, notre France compte un grand nombre de plumes talentueuses ! En guise d'intermède, voici une lettre inventée par David Brunat à l'adresse de Cédric Villani, le 11 juillet 2019, après sa défaite à l'investiture pour les élections municipales de 2020 à Paris, lettre dans laquelle Henri Poincarré félicite son confrère pour son travail en politique et se réjouit d'un retour possible de notre champion dans le giron mathématique, loin des chausse-trappes d'une politique épineuse et filandreuse.

Saurons-nous préférer ce qui ne fait pas de bruit à la fièvre médiatique ? Aurons-nous l'audace de choisir ce qui ne paye pas de mine ? Voulons-nous éprouver la joie de celui qui désire peu mais le plus haut : "Le peu de connaissance qu'on atteint touchant les connaissances les plus hautes est plus désirable qu'une science plus certaine des choses moindres. " (Saint Thomas d'Aquin).

Tout projet présidentiel et le projet France 2022 ne seraient pas complets s'ils n'incitaient pas chaque citoyen à cultiver le meilleur de ses talents. Prévoir des changements judicieux et réussir à les mettre en oeuvre ne suffit pas à donner plus de coeur à une nation, à lui rendre confiance, à l'inviter au dépassement : une telle évolution dépend aussi de la mobilisation de chacun, qu'il ait une responsabilité dans la conduite des affaires publiques ou qu'il n'en ait pas. (Tribune : Gestes politiques à la portée de chacun d'entre nous).

On ne redira jamais assez combien le monde contemporain a besoin de personnes qui s'engagent à contribuer au bien de tous plus qu'à chercher les moyens d'accroître leur rétribution, d'améliorer leur position ou leur confort. L'abnégation requise pour développer cette attitude ne se commande ni ne se décrète. Elle résulte d'une connaissance toujours plus nette des véritables enjeux de chacune de nos vies et d'une connaissance plus parfaite de Jésus-Christ qui nous conduit à l'imitation du don total de sa Personne. (Voir à ce propos le témoignage bouleversant et saisissant d'André Levet).

Comment découvrir ces enjeux sans être pris par l'orgueil ou tenté par le désespoir ? Comment joindre l'audace et l'humilité ? John Wu (lien en anglais) pense que la simplicité est la clef de cette alliance mais sans l'aide de Dieu, et plus précisément du Saint-Esprit, la simplicité ne s'acquiert pas facilement : 

"Lui seul peut réunir harmonieusement des tendances qui, normalement, devraient grincer. C'est Pierre de Bérulle qui dit de Saint Augustin : "Considérez ce grand saint : il a, par un pouvoir singulier de Jésus-Christ et de sa grâce, des bénéfices qui humainement sont incompatibles ; il est très savant et très humble, ce qui se voit rarement ; il est très spéculatif et très actif, ce qui n'est pas moins rare ; et, au lieu qu'en la plupart des docteurs, on ne rencontre que la science, on trouve en celui-ci un certain sel de sapience qui fait goûter ce qu'il dit et qui, par un privilège qui n'est pas commun, fait passer la vérité de l'esprit au coeur". Le Saint-Esprit qui élit sa demeure dans l'âme d'un saint transforme tous ses talents, savoir, intelligence et vertus en combustibles pour le brasier d'amour. Seul un feu maigre peut s'étouffer sous la recharge. Le brasier consume tout ce qu'on lui offre. Et l'âme du saint est un brasier : plus on l'alimente, plus la flamme est vive." 

(Le carmel intérieur, John Wu, Casterman 1958, p. 130).

Quelles oeuvres anciennes vont revenir à la surface de notre époque, quelles oeuvres remonteront demain ? Quelles réalisations spirituelles, caritatives, politiques, artistiques et scientifiques vont traverser les siècles et demeurer capables d'inspirer les générations à venir ? 

Alors que la numérisation des documents et le réseau Internet multiplient les possibilités de contact, nous pourrions être tentés de croire à la fin des intermédiaires, de tous ceux qui jusqu'à maintenant jouaient le rôle de témoin en étant des traits d'union entre hier et aujourd'hui. Pourtant, bientôt submergés par l'afflux de sollicitations en tous sens, capables d'accéder à une multitude d'informations, nous comprenons vite que, sans l'aide de tiers instruits, l'abondance de biens immatériels n'est qu'apparente : nous aurons besoin, de plus en plus d'amis véritables qui sauront respecter le champ de nos engagements et de nos devoirs, aussi ordinaires soient-ils, et diriger nos pas vers les sources les plus limpides et les plus sûres tant il est vrai que choisir ses lectures (Tribune de Michel Volle), choisir ses nourritures spirituelles, choisir où s'abreuver n'a rien d'immédiat.

Le politique, broyé par l'intensité de ses responsabilités, plus que d'autres, devra à un cercle d'intimes complètement désintéressés et à une multitude priante de garder les pieds sur terre et la tête au ciel pour décider, dans les moments les plus rudes, de sauvegarder l'intérêt général, le bien commun et la vie des plus humbles quand d'autres, mal intentionnés ou malheureusement dans l'erreur, auront juré d'avoir sa peau, son honneur ou ... gain de cause. 

Les décennies que nous venons de vivre et qui nous ont épargné d'autres guerres n'ont pas pour autant éloigné la violence des combats politiques. Sans perdre de vue le triomphe ultime de la Vérité et de l'Amour, nous devons rester attentifs aux luttes sourdes mais bien réelles qui se trament encore et ne manqueront pas, à chaque nouvelle échéance électorale, d'envahir le champ médiatique comme un volcan sous marin dégaze heureusement à la surface des eaux lui évitant ainsi d'exploser.

Nous fêtions le 25 août 2010 saint Louis, roi de France qui disait : "Les hommes sont étranges ; on me fait un crime de mon assiduité à la prière et on ne dirait rien si j'employais des heures plus longues à jouer aux jeux de hasard, à courir les bêtes fauves, à chasser aux oiseaux." (In Parole et Prière, août 2010, p. 249)

En 2010 et depuis longtemps, nous disposons en France de quoi alimenter notre réflexion, nourrir notre esprit aux sources les plus vives. Les âmes de bonne volonté ont cette possibilité en permanence : il ne se passe pas un jour où le soleil se couche sans qu'elles n'aient eu part à un repas spirituel qui les rassasie et leur donne l'élan pour avancer, le courage de tenir bon. 

Comment ne pas laisser résonner en son coeur un enseignement de grande qualité tel que celui-ci : "Dans la parabole des vierges sages et des vierges folles (Mt. 25,1-13) quand ces dernières manquèrent d'huile, il leur fut dit : " Allez en acheter au marché. " Mais en revenant, elles trouvèrent la porte de la chambre nuptiale close et ne purent entrer. Certains estiment que le manque d'huile chez les vierges folles symbolise l'insuffisance d'actions vertueuses faites dans le courant de leur vie. Une telle interprétation n'est pas entièrement juste. Quel manque d'actions vertueuses pouvait-il y avoir puisqu'elles étaient appelées vierges, quoique folles ? La virginité est une haute vertu [...] Moi, misérable, je pense qu'il leur manquait justement le Saint-Esprit de Dieu. Tout en pratiquant des vertus, ces vierges, spirituellement ignorantes, croyaient que la vie chrétienne consistait en ces pratiques. Nous avons agi d'une façon vertueuse, nous avons fait oeuvre pie, pensaient-elles, sans se soucier si, oui ou non, elles avaient reçu la grâce du Saint-Esprit. De ce genre de vie, basé uniquement sur la pratique des vertus morales, sans un examen minutieux pour savoir si elles nous apportent - et en quelle quantité - la grâce de l'Esprit de Dieu, il a été dit dans les livres patristiques : " Certaines voies qui paraissent bonnes au début conduisent à l'abîme infernal " (Pr 14,12) [que l'on traduit aussi : "Tel chemin paraît droit au début mais, en fin de compte, c'est le chemin de la mort"]